Yes or No ?

Chapitre 4 : Une théorie capillaire

3451 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/01/2022 09:31


Le soir même, le Doc autorisa tout ce petit monde à sortir. Sauf Mick, bien sûr. Tous passèrent lui dire au revoir, ajoutant un petit mot d'encouragement et de bons vœux. Falcon, lui resta silencieux un moment et c'était seulement quand il avait franchi la porte pour partir qu'il dit :

- "Tu cognes fort l’Amerloque. Quand tu seras en forme, passe prendre un café ... Je te l'offre."


Ryo se contenta d'un hochement de tête, prouvant ainsi que l'essentiel avait été dit. Mick ajouta cependant :

- "Don't miss your promise, Bro'. " (N'oublie pas ta promesse, Frangin ...)


Kaori arriva sur ces entrefaits. J'avais retiré son bandage à la tête car ses points étaient parfaitement propres et je lui avais fait toutes les recommandations possibles et imaginables. Quand j'avais enfin terminé mon petit discours, elle avait alors souri avant de me prendre dans ses bras. J'avais été touchée par cette marque d'affection inattendue.


Je l'avais prévenue que Mick avait l'air fatigué, que les pansements de ses mains pouvaient être impressionnants, qu'une vague odeur de chair brûlée persistait encore dans la petite pièce, malgré tous nos efforts pour aérer et diffuser des huiles essentielles. Et surtout que voir un proche alité pouvait être émotionnellement difficile à gérer. J'avais eu beau la prévenir, je vis parfaitement qu'elle faisait tout son possible pour dissimuler son émotion. Elle était complètement chamboulée. 


Je la vis respirer profondément, serrer les poings et baisser la tête une seconde alors qu'elle se tenait debout sur le pas de la porte. Quand elle releva son visage vers Mick, elle arborait un grand sourire chaleureux et solaire et elle s'avança lentement vers son lit. Je me demandai alors comment elle faisait, où elle pouvait bien trouver cette force.

- "Kaori ..."

- "Salut Mick ... Je ..."

- "Ne t'inquiète pas, Kaori. Je vais m'en sortir. C'est pas aussi grave que ça en a l'air."

- "C'est bizarre, mais j'ai du mal à te croire ..."

- "Est-ce que je t'ai déjà menti ?"


Elle hésita un instant :

- "Non. Je ne pense pas."

- "Aller, file. Rentre chez toi."

- "Mick ... !"

- "Allez, va. Ryo t'attend."

- "Oh celui-là, il peut bien aller se faire voir ..." lâcha-t-elle, visiblement encore fâchée contre son idiot de partenaire. 


Mick eut un petit rire qui le fit tousser :

- "Mouais ... A d'autres, ma belle, à d'autres ... Ne lui en veux pas trop cette fois."

- "Je vais essayer. Et toi, remets-toi vite." ajouta-t-elle en lui serrant l'épaule.

- "Au revoir, Kaori."


Elle eut un petit mouvement de recul, certainement surprise d'être aussi vite congédiée. Elle répondit cependant d'une voix douce :

- "Au revoir, Mick."


Elle lui tourna le dos pour se diriger vers la porte et je vis qu'elle retenait ses larmes. Quand elle eut refermée la porte, nous entendîmes ses pas s'éloigner dans le couloir.

- "Haaaaaaaa ..." laissa échapper Mick dans un râle de douleur.


Je me précipitai vers lui.

- "Que se passe-t-il ?"

- "Mal ... Très mal ... J'ai l'impression que mes mains vont exploser tellement ça chauffe et ..."


Il tenta de reprendre son souffle et ajouta péniblement :

- "C'est comme si de minuscules insectes étaient en train de me ronger de l'intérieur ..."

- "J'ajoute un bolus de morphine ..." dis-je tout en manipulant la perfusion.


Quelques instants plus tard, Mick semblait apaisé. Remettant sa couverture en place, je ne pus retenir ma question. Qui n'en était pas vraiment une, c'était plus une constatation. Une constatation qui faisait naître en moi une pointe d'amertume :

- "Vous êtes amoureux d'elle, n'est-ce pas ?"


Il  me répondit, les yeux perdus dans le vague :

- "Je l'ai été ..."

- "Ohhh ... navrée."

- "Oh, ne le soyez pas. Les sentiments que j'ai pour elle m'ont redonné vie ... Et pas seulement parce que c'est sa voix qui m'a tiré du brouillard de l'angel-dust."


Je restais suspendue à ses lèvres. Sa voix était encore éraillée et il devait reprendre son souffle régulièrement.

- "Elle est la première personne que j'ai aimé depuis longtemps ... Je me suis rendu compte que, moi aussi ... je pouvais à nouveau aimer. Mais, surtout, que j'avais le droit d'être aimé en retour ... Et, malheureusement, ça, elle ne peut pas me le donner ..." 


Il se tourna vers moi. Malgré la brume de la morphine qui commençait à apparaître dans ses yeux, son regard me troubla par son intensité et sa sincérité. Je me détournai pour dissimuler mon émotion.


Il continua :

- "... Car, de toutes manières, son cœur appartient à quelqu'un d'autre ... J'espère qu'il tiendra sa promesse et qu'il la rendra heureuse, ce quelqu'un d'autre ..."

- "Oui." Acquiesçai-je, comprenant très bien de qui il parlait, avant d'ajouter en soupirant. "Et le pire, c'est que ce quelqu'un d'autre ressent la même chose mais reste coincé dans son immobilisme pathologique."


Il rit doucement.

- "Ah, vous avez remarqué, vous aussi ?"

- "Oui. Je ne sais pas comment elle fait pour supporter ça depuis si longtemps ..." continuai-je sur le ton de la conversation, tentant de satisfaire une sorte de curiosité qui me titillait.


Il se tourna à nouveau vers moi, et ses yeux me happèrent à nouveau.

- "Vous les connaissez depuis longtemps ?"


Gênée de m'être ainsi laissée aller avec un patient, je répondis par l'évasive tout en faisant semblant de régler encore et encore sa perfusion :

- "Quelques années, oui."

- "Parce qu'ils viennent souvent soigner leurs petits bobos ici ?"


Je ris. Je me sentais mal à l'aise de parler de moi ainsi mais, d'un autre côté, je me dis que, de temps en temps, j'avais bien le droit de discuter un peu. Et Mick dégageait cette aura étrange qui faisait que je m'étais tout de suite sentie à l'aise avec lui.


Je me risquai alors à lui avouer :

- "J'ai eu recours à leurs services, il y a quelques années ..."

- "J'ai été le partenaire de Ryo ... quand il était aux Etats-Unis. Vous pouvez m'en parler ... si vous voulez."


Comme je ne répondais pas, il poursuivit :

- "En tous cas, ... j'aurais été ravi de faire le boulot. Il a de la chance, cet imbécile ... De quoi s'agissait-il ? Un ex-fiancé trop envahissant ? ou un prétendant trop entreprenant."


Il me dévisagea. Voulant échapper à son regard, je me tournai vers la fenêtre ouverte.

- "Deux de mes fiancés étaient impliqués effectivement. Mais il s'agissait d'une vengeance." murmurai-je simplement et je ne pus m'empêcher de serrer les mâchoires en prononçant ce dernier mot.


Depuis que mon affaire avait été terminée, je n'en avais plus jamais parlé. A personne. Même pas au Doc. Et voilà que j'étais en train de me confier à un parfait inconnu. Je soupirai et me secouai intérieurement tout en tournant les talons pour me diriger vers la porte :

- "Deux fiancés ?" me demanda Mick, éberlué.


N'ayant aucune envie de lui expliquer que le premier était mort à cause du deuxième et que j'avais manipulé ce dernier pour me venger, je me détournai et répliquai sèchement :

- "Oui, bon, ça peut arriver à tout le monde d'avoir deux fiancés dans sa vie, non ? Allez, vous devez vous reposer. Je reviens vous voir dans six heures pour changer vos pansements."


Je refermai sans bruit derrière moi et m'adossai un moment à la porte pour prendre le temps de calmer les battements de mon cœur. Non mais qu'est-ce qui m'avait pris de parler de ça ? Pourquoi ?


C'était la première fois que ce genre de chose m'arrivait : devoir m'appuyer comme ça à quelque chose pour reprendre la maîtrise de mes émotions. Même après une intervention compliquée et stressante, je savais garder mon calme. Mais là, mes mains tremblaient, mon cœur pulsait fort dans mes oreilles et je sentais une fine sueur couvrir ma lèvre supérieure.


Et, ce n'était que le début.


La fois suivante, j'étais anxieuse quand j'entrai dans sa chambre pour faire ses soins, pensant le trouver contrarié par ma sortie peu amicale et franchement désagréable mais je le trouvai aussi enjoué et charmant, égal à lui-même. 


Une semaine plus tard, les blessures de Mick se remettaient doucement. Les plaies et les brûlures cicatrisaient plutôt bien et pour l'instant, aucun signe d'infection n'était visible. 


Par contre, nous devions petit à petit augmenter les doses de morphine et de méthadone, ce qui signifiait que Mick devenait sacrément accro aux produits de substitution et aux analgésiques. Ce n'était pas une surprise mais cela signifiait surtout que le moment de passer à la phase suivante allait arriver plus tôt que prévu.


Je prenais le temps de passer le voir tous les jours et je m'étais à chaque fois portée volontaire pour changer ses pansements toutes les six heures. Je ne m'étais pas accordé de repos depuis plus de dix jours. Mes deux collègues infirmières m'avaient une ou deux fois dévisagée, un sourire moqueur aux lèvres quand j'avais pris leur place pour entrer dans la chambre de Mick. Je leur avais alors demandé d'un ton un peu trop sec, si elles accepteraient de porter la responsabilité d'avoir transmis une infection à notre patient à cause d'un pansement stérile mal posé ou d'un geste mal exécuté. 


Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de penser, au plus profond de moi, qu'elles avaient fait mouche : j'avais envie de me charger de lui, envie de suivre l'évolution de son cas, envie d'être là pour lui. De le voir. De parler avec lui de choses et d'autres ou de juste partager un silence. Oui, j'avais tout simplement envie de le voir. D'entendre sa voix. De croiser son regard.


J'avais même eu envie de me porter volontaire pour aider mes collègues pour sa toilette mais, un signal d'alarme s'était allumé en moi : là, je n'aurais pas trouvé d'excuse. Je faisais rarement ce genre de choses et cela ne faisait pas partie de mes attributions. J'étais médecin, pas infirmière.


Donc, oui. J'avais envie de le voir. Mais le savoir était une chose ... l'admettre à d'autres personnes en était une autre. Je peux être bornée, quelques fois.


Quand je m'occupais de ses soins, nous parlions de tout et de rien. De la météo, des choses à visiter à Tokyo et au Japon, des Etats-Unis et de la côte Ouest, de vieux films hollywoodiens et de musique. Comme si de rien n'était. Comme si nous nous trouvions à la terrasse d'un café ou accoudés au comptoir d'un bar. Je n'avais jamais été aussi proche d'un patient, même de ceux qui étaient restés longtemps. Je m'étais toujours efforcée de rester le plus professionnelle possible, ne laissant rien transparaître de ma personnalité. 


A chaque fois que je sortais de sa chambre, je me faisais intérieurement la même remarque : 

-"La prochaine fois, pas de ça ... Il faut être plus déontologique ..." 


Mais ...

Mais c'était tellement agréable que, quelques heures plus tard, je me prenais au jeu et je me laissais à nouveau envoûter par sa voix grave et son accent mélodieux. 


Un jour, je venais de terminer les pansements, de retirer mes gants et mon masque et rangeais mon matériel pendant que nous parlions du dernier album des Stones, quand :

- "Vous savez que la façon dont une femme arrange ses cheveux signifie beaucoup de choses ?"

- "Sur son manque de dextérité pour faire son brushing ou sur l'incompétence de son  coiffeur ?" Répliquai-je, narquoise, sentant venir une blague sur mes cheveux qui ne ressemblaient plus à grand-chose et qui ne tenaient décidément plus derrière mon oreille droite, ce qui m'agaçait prodigieusement.

- "Non, sur ses dispositions envers les hommes."


Je me tournai vers lui, amusée :

- "Quoi ? Non mais qu'est-ce que c'est que ces histoires, encore ?"

- "Je vous assure ... Quand une femme a le visage dégagé, les cheveux tirés en arrière, c'est mort. Elle ne laissera aucun homme l'approcher. Ou alors, c'est qu'elle est déjà amoureuse."

- "Pfffffff .... N'importe quoi !"

- "Je vous assure ! Quand elle porte ses cheveux lâchés, c'est qu'elle est prête à être abordée, elle sort ses apparats ..."


J'éclatai de rire : 

- "Ses quoi ?"


Sans dénier répondre à ma question, il continua sur sa lancée :

- "Et quand elle touche ses cheveux, c'est qu'elle se fait séductrice et qu'elle accepte d'être séduite. Ne riez pas comme ça. Quoique ... Vous êtes magnifique quand vous riez ! Et maiiiiiis, arrêtez ! C'est scientifique en plus ! Bouger les cheveux active la sécrétion de certaines phéromones ..."


Je ne parvenais pas à arrêter mon rire. J'en avais mal aux côtes, j'en pleurais. ça faisait longtemps que je ne n'avais pas ri autant.

- "Kazue ... arrêtez de rire ! Je suis parfaitement sérieux."


Je repris mon souffle, essuyant des larmes de joie entre mes doigts.

- "En fait, je me permets de vous dire ça, parce que ça fait cinq fois que vous remettez votre mèche derrière votre oreille. Ce que vous ne faites qu'une seule fois habituellement."


Je repris mon sérieux d'un coup.

- "Et donc ... Vous pensez que je suis en train d'essayer de vous séduire parce que j'ai les cheveux trop longs, c'est ça ?"

- "C'est ça." affirma-t-il sans ciller avant de demander : "J'ai tort ?"

- "Oui." répliquai-je sèchement.

- "Ahhhh ... mince ... et pourtant ..."

- "Je n'ai pas le temps d'aller chez le coiffeur, c'est tout. Je fais beaucoup d'heures, ces derniers temps !" Ce qui n'était pas vraiment un mensonge, finalement.

- "Pour rester avec moi ?" Il me regardait de son air espiègle qui faisait danser de petites fourmis dans mon estomac. 


Je déglutis et pensai, à cet instant, qu'il était urgent que je me reprenne. 

- "A votre avis ?" demandai-je pour gagner du temps et trouver une pirouette pour me sortir de cette conversation qui me mettait mal à l'aise. 


Et pourtant, j'aurais pu tout simplement l'éconduire, lui dire qu'il ne m'intéressait pas, qu'il se faisait des idées. Curieusement, je ne le détrompai pas. L'idée que je puisse avoir envie de le séduire avait l'air de lui faire plaisir et ... et il n'avait pas vraiment tort. Je n'avais juste pas envie et pas le courage de le reconnaître.

 

Il revint à la charge, le regard interrogateur :

- "Et donc ?" 

- "Donc, quoi ?" demandai-je en terminant de ranger mon matériel.

- "Vos cheveux ?"

- "Vous êtes toujours aussi borné ?" 

- "Têtu, obstiné ... je dirais plutôt ..." dit-il en penchant la tête.


Je ris à nouveau :

- "Vous m'en direz tant !"

- "Alors ?"

- "Alors quoi ?" Je soupirai en fourrant les mains dans les poches de ma blouse alors que j'allais remettre à nouveau ma mèche rebelle derrière mon oreille. Horripilant. 

- "Alors vos cheveux ?"

- "Vous avez toujours raison et vous avez une théorie sur tout, n'est-ce pas ?"

- "Oui ... Enfin, avant ... Parce qu'avec vous, j'ai l'impression que je n'arrive à rien ..."

- "Comment ça ?"

- "En fait, j'essaie discrètement de savoir s'il y a un homme dans votre vie mais vous ne répondez pas du tout comme je le pensais alors ... je suis un peu perdu ..."

- "Et si vous posiez la question directement, ça serait peut-être plus simple, non ?"


Ce fut à son tour de rire.

- "C'est juste." Il se pencha alors un peu vers moi, plantant son regard de glacier dans mes yeux. "Vous avez parlé de deux fiancés l'autre jour mais j'ai vu que vous ne portiez pas de bague, d'alliance ou ce genre de chose. Comme je ne suis pas très au fait des coutumes de votre pays en la matière, je ne voudrais pas commettre un impair, parce que d'habitude, c'est plutôt ce qui me motive, hum hum hum, mais certaines choses doivent changer et je n'ai pas envie de refaire les mêmes erreurs qu'avant ... Alors ... Y-a-t-il un homme dans votre vie, Kazue ? Ou deux ? "


Je sentis mes mains devenir moites, mon cœur battre plus fort et c'est sans reconnaître ma propre voix que je prononçai :

- "Non, vous ne commettriez pas d'impair. Il n'y a plus d'homme dans ma vie." 


Je me retournai pour me diriger vers la porte, remettant à nouveau ma mèche derrière mon oreille droite avant d'ajouter en ouvrant la porte : 

- "Et ne vous méprenez pas. Je dois aller chez le coiffeur."


Quand je fus dans le couloir, je ne pus pas m'adosser à la porte fermée cette fois-ci, et pourtant j'en aurais bien eu besoin. En effet, le Doc était justement là, debout dans le couloir, comme s'il était venu à ma rencontre.

- "Vous me cherchiez ?" demandai-je, tentant de reprendre contenance et de calmer les battements de mon cœur.

- "Effectivement. Et je dois dire que tu n'es pas difficile à trouver, ces derniers temps." dit-il en me regardant par-dessus ses petites lunettes rondes.


Ne sachant pas comment répliquer, je préférai passer sur un autre sujet : 

- "Que se passe-t-il ?"

- "J'aimerais que tu valides certaines choses concernant la mise en place de ton projet de consultation. Mais ça peut attendre si tu as quelque chose de plus important à faire ...."

- "Non, non, c'est bon ... allons-y" et je lui emboîtai le pas en silence, restant plongée dans mes pensées.


Quand nous fûmes arrivés au bout du couloir, le Doc s'arrêta brusquement et me fit face :

- "Depuis quand n'as-tu pas pris de jour de repos, ma petite ?"

- "Heuuu, je ne sais pas ... Huit ou neuf jours ... Pourquoi ?"

- "Parce que je viens de poser une question sur ton projet et tu ne m'as même pas entendu..."

- "Oh, mille excuses, Doc, j'avais la tête ailleurs ..."

- "Oui, c'est bien ce que je dis ... Si tu n'arrives pas à te concentrer sur la mise en place de ta consultation de gyné ... ta consultation destinée aux femmes, c'est sans aucun doute que tu es épuisée."


Je ne savais pas quoi lui répondre d'autre que :

- "Vous avez raison."


En fait, ce n'était pas la fatigue qui avait retenu mon esprit loin de ce que mon mentor était en train de me dire. Non. Je repensais à ma discussion avec Mick et à ce qu'il avait sous-entendu. Je m'étais aussi soudain rappelée ce que Ryo m'avait dit de lui : "un coureur de jupons ..." 


Je commençai à prendre conscience de ce qui était en train de se jouer dans cette chambre de la Clinique et j'en fus horrifiée. Non seulement j'étais en train de m'enticher d'un dragueur, d'un beau parleur mais en plus, j'en perdais ma concentration. Quelle honte !!!

- "Vous avez raison. " Répétai-je. "Accepteriez-vous que je rentre chez moi maintenant ?"


Le Doc me regarda, surpris.

- "Bien sûr."


Je m'inclinai légèrement en murmurant :

- "Merci."


Je partis d'un pas décidé vers mon bureau pour me débarrasser de ma blouse et récupérer mes affaires quand j'entendis derrière moi :

- "Depuis quand est-ce que tu n'es pas allée chez le coiffeur ?"


Je me retournai en levant les bras au ciel :

- "Mais qu'est-ce que vous avez tous, avec mes cheveux aujourd'hui ?"

- "Rien, c'est juste que tu n'arrêtes pas de les tripoter et de les remettre derrière ton oreille, alors que ce n'est pas nécessaire. Alors, profites-en pour prendre rendez-vous ..."

- "Doc !"


Il me tourna le dos, se dirigeant à nouveau vers les chambres des patients tout en me demandant joyeusement :

- "Tu sais ce qu'on dit des femmes qui jouent avec leurs cheveux ?"


Piquée par cette remarque, je répliquai :

- "Finalement, vous avez raison, je vais même prendre deux jours ..."


Et je tournai les talons pour m'enfuir, loin de la Clinique et de Mick et de toutes ces émotions nouvelles qui me transformaient peu à peu en une personne que j'avais du mal à reconnaître, tout en me demandant qui de Mick ou du Doc était à l'origine de cette théorie capillaire ...



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