Vérités secrètes
Piper respira à fond et se détacha de Chris lorsqu’un autre souvenir apparut. La scène s’était déroulée au P3. Les sœurs Halliwell et Léo le reconnurent sans mal malgré son état de ruine évidente. Ils laissèrent échapper un faible soupir en comprenant que Wyatt avait déjà fait de sérieux dégât. Or, il ne devait pas avoir vingt ans puisque le Chris du souvenir avait, apparemment, dix sept ans. L’adolescent était debout, au centre de ce qui était encore la piste de dance dans leur temps. Il ressemblait bien plus au jeune homme qu’ils connaissaient tous les quatre. Il était plus taciturne, plus tendu. Plus nerveux aussi dans ce souvenir comme en témoignaient ses allées et venues. De toutes évidences, il attendait quelqu’un.
Un regard vers le Chris réel leur appris que ce n’était pas non plus un bon souvenir pour le jeune homme. Bien qu’il soit plus animé par la colère que par la tristesse.
Un jeu de lumière, signe de l’apparition d’un être de lumières, éclaira la sombre pièce du souvenir pour quelques secondes.
Léo tressaillit de surprise, tout comme les filles, lorsqu’il eut sous les yeux son futur. Il ne pouvait pas dire qu’il était heureux de se voir. Pas après tout ce qu’il avait déjà appris sur son avenir.
Il parut évident à tous que Léo-avenir était un fondateur. Exclusivement. Il portait cette robe qui représentait ces êtres supérieurs. L’expression de colère se renforça à la fois sur le visage du Chris-souvenir et du Chris-réel lorsque le futur Léo accorda toute son attention sur le jeune Chris.
« Chris, tu as demandé à me rencontré ? »
« Oui, c’est à propos de Wyatt. »
L’expression du futur-Léo se fit ennuyée. Il croisa les bras et adopta une posture que les sœurs reconnurent. Léo n’était pas disposé à écouter les propos de son interlocuteur. D’ailleurs, celui-ci dû la reconnaitre, lui aussi, puisqu’il sembla plus irrité encore.
« Je crois que Wyatt est à l’origine de toutes les attaques de démons. En fait, j’en suis pratiquement certain. »
« Cela ne peut pas être le cas. Le destin de Wyatt est de faire le bien. Il ne peut, en aucun cas, être à la tête du mal. Tu dois chercher ailleurs. »
Le Chris-souvenir serra les poings et s’avança, avec vivacité, vers Léo sans que l’homme ne change de position.
« Je ne me trompe pas, Léo. J’ai des preuves, des témoins. Et si tu ouvrais les yeux, tu verrais la vérité, toi aussi. »
« Je vois surtout à quelle extrémité te conduit ta jalousie, Christopher. »
Léo souffla de douleur lorsque Paige et Phoebe lui donnèrent un coup en représailles à ce que son double venait de dire. Il ne se plaignit pas, cependant. Il avait l’impression de mériter ces gestes. Après tout, c’est lui qui avait dit ces mots… ou qui les dirait. Il comprenait de mieux en mieux l’hostilité de Chris à son égard. Hostilité bien mérité, se résigna-t-il à admettre.
Le jeune homme Chris encaissa les paroles de son interlocuteur en silence.
« Je sais que certains fondateurs ont des doutes. Léo, il est peut-être encore temps de résonner Wyatt. Il ne résonne plus qu’en termes de pouvoir ! Tu es le seul à pouvoir lui faire entendre raison. »
Le Léo du futur secoua la tête en déclarant qu’il ne croyait pas aux affirmations de Chris. Il ne répliqua rien, se contenta de s’éclipser.
Les spectateurs du souvenir restèrent figés en réaction de l’acte futur de Léo. Il n’avait même pas tenté d’écouter ce que le demi-être de lumières avait à dire. Léo regarda le sol, honteux de ses actes à venir. Il était clair qu’il était en partie responsable de ce qu’était le monde de Chris. Apparemment, il avait, peut-être, eu la possibilité d’améliorer, de contrer les choses mais avait choisi de nier les événements. De nier l’évidence. Il lança un regard vers le Chris-réel et préféra garder le silence. Au regard que lui lança le jeune homme, Léo sut que ses excuses seraient très mal accueillies. Avec raison.
Chris regarda sa montre, tendu. Ils y étaient presque. Il ne restait plus que quelques minutes avant que le sort prenne fin. Avec un peu de chance, il passerait cette épreuve sans que sa véritable identité, sa vraie relation avec les Halliwell, ne soit dévoilée. Un dix minutes et le sort prendrait fin. Dix minutes seulement et il pourrait sortir de là sans danger pour sa couverture.
Il perdit, toutefois, cet espoir lorsque la scène s’éclaira. Il la resitua sans mal. Malgré son jeune âge au moment de ce souvenir, Chris avait un souvenir très clair de ce souvenir. Son cinquième anniversaire n’était pas le plus heureux. Loin de là. Il regarda, avec nostalgie, le souvenir du salon décoré pour son anniversaire. Par les soins de ses tantes Paige et Phoebe. Une époque qui était encore synonyme de plaisir et d’innocence. Il tressaillit vit son jeune moi descendre les marches de l’escalier en courant, Wyatt sur ses talons.
Chris se rendit compte que les autres étaient surpris de voir que son anniversaire s’était passé chez eux. Ils ne comprenaient, sans doute, pas pourquoi son anniversaire s’était déroulé chez eux, pourquoi il n’y avait pas ses parents. Car, il n’y avait que les Halliwell dans le salon.
Les trois sœurs Halliwell se trouvaient, en effet, devant la table basse, souriante. La future-Piper s’avança, faussement sévère.
« Combien de fois vous ais-je dis ne pas courir dans les escaliers les garçons ? »
« Oh, allez, Piper ! Ne sois pas rabat joie ! Viens par là, roi de la fête. »
Les sœurs du temps présent sourire lorsque le petit garçon fila vers Phoebe et l’enlaça volontiers. Les autres sœurs firent de même avant de disparaitre vers la cuisine.
« Le dernier arrivé est un vieux démon pourri… » Clama aussitôt Wyatt en courant à la suite des trois femmes.
Le garçon d’anniversaire allait le suivre lorsqu’une feuille apparut en une éclipse. Le visage du jeune garçon s’assombrit immédiatement. De toute évidence, il savait ce que signifiait cette lettre et cela ne lui plaisait pas. Un mélange d’émotion, de la colère et du chagrin, s’installa sur son visage. Des émotions d’une intensité qu’aucun enfant de cet âge ne devrait ressentir.
Les spectateurs du souvenir regardèrent la jeune version de Chris courir vers la cuisine du manoir, le poing crispé autour de la lettre incriminée.
La grande version se crispa. Il savait, maintenant, qu'il n'y échapperait pas. Il allait voir son plus grand secret être dévoiler dans quelques minutes. Le dernier de ces saletés de souvenirs allait mettre à mal tout ce qu'il avait fait jusqu'alors pour garder le secret.
Chris croisa les bras, tendu, alors que la version-souvenir pénétrait dans la cuisine en appelant sans cesse son père sans que celui-ci n'apparaisse.
Les sœurs et Léo s'étaient crispé, indignés et chagrinés, par ce qui était arrivé à Chris en ce jour d'anniversaire.
Tout comme leurs futures versions. Elles regardèrent, attristées, l'ancienne version de Chris se tourné vers Wyatt.
« Appel le, toi !"
Le futur Wyatt hésita puis, finalement, appela « Papa »… Et là, aussitôt, Léo apparut avec le sourire.