Juste amis ou plus

Chapitre 3 : Correspondance

3288 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/11/2024 16:18

     La sentence était tombée ce qui laissa Cameron et Chiyako sans voix. Ni l’un ni l’autre n’avait pensé que leur fille veuille carrément quitter le pays mais ils avaient uniquement envisagé qu’elle déménage dans une autre ville. Le silence dura quelques minutes tandis que Sanae attendit avec patience le temps que ses parents assimilent pleinement l’information. Cameron sortit soudainement de sa torpeur et entra dans une colère noire ce qui fit sursauter sa femme mais cela n’étonna pas l’ex-petite amie de Tsubasa.

Cameron, hors de lui : Non… Non… NON ! IL N’EN EST PAS QUESTION !!! IL N’Y A PERSONNE QU’ON CONNAÎT LÀ-BAS !!! JE REFUSE CATÉGORIQUEMENT !!!

Chiyako : Le voilà qui fait son complexe de père très protecteur considérant Sanae comme une petite fille de trois ans. Je savais bien qu’il allait dire ça sans tenir compte des sentiments de notre fille… Il ne pense pas à son bonheur ni à son bien… Je vais devoir inter…

Sanae, calme et décidée : Je t’en prie papa, arrête de me prendre pour une petite fille de trois ans. J’ai vingt ans et j’ai suffisamment l’âge de vivre seule. Il est temps que tu t’en aperçoives.

Cameron, sidéré : …

Chiyako : C’est peut être dur à admettre mais notre fille a bien grandi. Mais pourquoi l’Allemagne ?

Sanae : Maman… Tu ne vas pas t’y mettre aussi… Si je reste au Japon, je verrai constamment Tsubasa avec cette fille et ce n’est pas comme ça que je vais parvenir à panser mes états d’âme. Je ne serai de toute façon pas seule en Allemagne car il y a Genzô Wakabayashi qui vit actuellement à Hambourg.

Cameron, ahuri : Wakabayashi ? Le talentueux gardien de but dont on parle si souvent ?

Sanae confirma : Lui-même.

Chiyako : Et quand vas-tu partir ?

Sanae : Je ne sais pas encore mais je reste le temps que je prévienne Wakabayashi et que je prépare mon prochain voyage… Ou plutôt mon prochain déménagement… Je vais démissionner de mon poste de manager à Nankatsu.

Cameron, rassuré : Ça me laisse largement le temps de m’y faire à cette idée…

Chiyako, moqueuse : C’est ce que tu dis mais je te connais ! Tu ne penses qu’à toi ! Egoïste !

Cameron protesta : Mais…

Sanae : Maman a raison, papa. As-tu envie de me ramasser à la petite cuillère et de me voir sombrer dans le désespoir ?

Cameron, penaud : Non mais…

Sanae, ferme : Il n’y a pas de « mais » qui tienne, papa. Je ne suis pas capable de pardonner à Tsubasa le mal qu’il vient de me faire donc j’ai besoin de ce grand changement à compter d’aujourd’hui. Il n’y a pas d’autres solutions.

 

         Pour une fois, Cameron était à court d’arguments pour retenir sa fille au Japon et il était sidéré qu’il n’ait pas remarqué que sa petite fille fût maintenant une belle jeune femme de vingt ans. Il se sentit si vieux à cet instant qu’il ne put se lever du canapé. Chiyako émit un petit sourire moqueur pour son mari et jeta un regard de fierté à sa fille.

Sanae : Tu devrais savoir que ça allait arriver papa.

Cameron soupira : Oui mais si loin du Japon…

Sanae : Que je sois au Brésil, en Allemagne, en Italie ne changera rien. Je dois penser à moi maintenant.

 

OoO

 

         Au cours de l’entraînement collectif de la Nankatsu, Sanae déposa sa lettre de démission du poste de manager sous les yeux ahuris de toute l’équipe, de Yukari et de Kumi. Tsubasa, lui, se sentit mal d’être responsable de son départ et il voulut se racheter…

Tsubasa : Tu n’as pas besoin de faire ça, Sanae… C’est moi qui vais quitter l’équipe…

Sanae, froide : Hors de question ! C’est ma décision et elle est irrévocable !

Yukari : Mais Sanae…

Sanae : Je n’ai rien à faire avec vous tous ! Vous m’avez tous mentie !

 

         Sur ce, la jeune femme quitta le terrain sans un regard en arrière. La Nankatsu était anéantie par ces dernières paroles de Sanae. Tout le monde se retourna vers Tsubasa…

Ryo : Tu es le seul responsable dans cette histoire. Nous avons appris ta liaison avec cette fille par nos propres moyens mais nous n’avions pas eu le courage de dire la vérité à Sanae.

Kumi, furieuse : Quitte cette fille !

Tsubasa : C’est impossible ! Anastasia est enceinte de moi.

Yukari pinça ses lèvres : Très bien. Nous avons besoin de temps pour digérer ce qui vient de passer surtout ces trois dernières années de mensonges. Nous ne t’adressons la parole que professionnellement sur le terrain mais pas plus.

 

         Tsubasa n’eut d’autre choix que de respecter leur demande même si ce serait très dur à supporter. Il l’avait bien cherché.

 

OoO

 

         Trois semaines plus tard, Genzô allait partir au stade rejoindre son équipe quand un facteur passa afin de lui remettre en main propre une lettre du Japon. Le jeune portier japonais était surpris car ce n’était pas l’écriture de Tsubasa Ohzora. N’ayant pas le temps de lire son courrier, il la rangea dans son sac car il était à la bourre pour son entraînement.

 

         Une fois arrivé sur le terrain, il dût encore patienter la pause pour pouvoir la lire car l’entraîneur les faisait travailler sans relâche. Trois heures plus tard toute l’équipe put enfin souffler. Pendant que les autres discutaient par petit groupe de tout et de rien, Karl Heinz et Hermann virent Genzô sortir une enveloppe de son sac :

Hermann, moqueur, en allemand : Tiens une lettre d’admiratrice ?

Genzô, en allemand : Même pas vrai !

Karl Heinz, en allemand : Hum ! Vu le tampon sur l’enveloppe, ça vient du Japon. C’est Tsubasa Ohzora ?

Genzô, en allemand, en ouvrant son courrier et se mit ensuite à lire : Schneider ! Ce n’est pas ton problème !

Hermann l’embêta, en allemand : Allez Gen ! Dis-nous !

Karl Heinz, en allemand : Kartz, laisse-le. Il nous le dira le moment voulu.

Hermann, en allemand : Imagine que ce ne soit pas ce Tsubasa Ohzora qui lui écrit mais cette fille dont il est amoureux ?

Karl Heinz, en allemand : Sanae Nakazawa ?

Hermann, en allemand : Oui

Karl Heinz, en allemand : Écoute, Kartz, on ne peut pas savoir car il a quand même beaucoup d’amis au Japon.

Hermann, en allemand : On parie ?

Karl Heinz fronça les sourcils, en allemand : Parier quoi ?

Hermann, en allemand : Bah pour savoir l’auteur de la lettre de Wakabayashi !

Karl Heinz, en allemand : Et qu’est-ce qu’on gagne ?

Hermann, en allemand : Le perdant devra…

Genzô venait de terminer sa lecture et tenait la lettre dépliée : QUOI ?!

 

         Karl Heinz, Hermann et même les autres joueurs y compris le coach sursautèrent à cause du cri du portier japonais qui avait le visage déformé par la fureur. Aucun ne l’avait vu jusqu’à aujourd’hui dans cet état car c’était pire que quand il ratait un ballon ou quand il perdait un match important.

Bringer, en allemand : Hé ! Qu’est-ce qu’il t’arrive, Wakabayashi ?

Klaus, en allemand : C’est pas la peine de crier de cette façon !

Genzô, furieux, en allemand : Ce n’est pas vos affaires !!!

 

         Karl Heinz et Hermann se demandèrent ce qui se passait vraiment dans cette lettre venant du Japon mais ils se doutaient que ce n’était pas Tsubasa Ohzora ni une très bonne nouvelle. Karl Heinz s’arrangea avec le coach pour qu’il éloigne les autres joueurs pour que Genzô puisse parler en privé. Le coach accepta ce qui fit râler l’équipe qui obéissait quand même aux ordres de leur capitaine. Seul, Hermann pouvait rester formant ainsi le trio de Hambourg.

Karl Heinz, en allemand : Inutile de nous mentir, Wakabayashi. Nous savons que ce n’est pas Tsubasa Ohozora mais cette Sanae Nakazawa, n’est-ce pas ?

 

         Genzô était tellement sidéré, choqué et surtout furieux par ce qu’il venait de lire car il n’aurait jamais cru que son meilleur ami ferait un tel coup à Sanae.

Genzô jura : Le salaud !!!

Karl Heinz, en allemand : Wakabayashi !!!

Genzô tiré de ses pensées, en allemand : Hum ? Quoi ?

Karl Heinz, en allemand : C’est à toi de nous dire !

Hermann, en allemand : Oui car on dirait que tu parles tout seul !

Genzô durcit son visage, en allemand : Mon meilleur ami trompe sa petite amie depuis trois ans avec une autre.

Hermann, en allemand : C’est une bonne nouvelle.

Karl Heinz s’énerva, en allemand : Mais t’es pas bien de dire ça ?! Tu ne penses pas à ce que ressent Nakazawa !

Hermann, en allemand : Idiot ! Wakabayashi pourra enfin lui dire ses sentiments !

Karl Heinz, en allemand : Hé bien ce n’est pas à ça il pense en ce moment mais à tabasser cet Ohzora pour avoir fait pleurer Nakazawa !

Genzô serra les dents, en allemand : Schneider a raison, Kartz. Ce n’est pas le moment !

 

         Le maître d’œuvre était un peu honteux d’avoir pensé à une telle chose alors que la japonaise était en pleine rupture.

Karl Heinz, en allemand : Explique-moi ce qui se passe.

Genzô, en allemand : Je vais te traduire la lettre car elle est en japonais.

 

 

« Bonjour Wakabayashi,

 

Désolée de ne pas passer au rituel habituel d’une lettre avec des « Comment vas-tu ? Moi ça va. », car ce que je vais te dire te choquera et même te mettra dans une colère noire si je me trompe pas.

 

Tu dois être au courant comme tous les autres que je suis amoureuse de Tsubasa Ohzora depuis si longtemps, lorsqu’on avait onze ans alors que nos écoles Shûtetsu et Nankatsu étaient encore en conflit.

 

Après ton départ en Allemagne, Tsubasa devrait normalement partir au Brésil avec Roberto Hongo mais ce dernier ne l’avait pas emmené avec lui. Tsubasa était donc resté trois ans au Japon à mon grand bonheur. Grâce à Munemasa Katagiri qui avait insisté auprès de Roberto Hongo de le former au Brésil, Tsubasa qui devait le rejoindre m’avait déclaré son amour pour moi.

 

Je l’ai attendu pendant toutes ces années où il était au Brésil. À son retour, on sortait enfin ensemble mais notre relation avait une lacune car elle était si platonique. Je me suis demandée ce qu’il se passait après plusieurs rendez-vous annulés de dernière minute alors que je faisais une telle joie… Tout était parti en fumée, me brisant le cœur à plusieurs reprises.

 

Pendant ces trois dernières années, Tsubasa mentait à tout le monde y compris à moi en particulier à part sa famille tout en cachant son plus grand secret. À toi et à Misaki, je ne sais pas s’il vous avait mis au courant de ses « écarts » au cours de vos correspondances.

 

Cette année, j’ai décidé en ce 28 juillet de faire une surprise à Tsubasa car j’étais lasse de pleurer sans cesse pour lui, lasse de ses mensonges, lasse de ses excuses bidon. C’est en allant chez lui que j’ai découvert le pot aux roses. C’est comme ça que j’ai compris qu’il sortait avec deux filles en même temps en quatre ans. Ce qui m’a fait bien plus mal, c’est que j’ai appris de la bouche de Tsubasa que cette fille était enceinte de lui mais je ne sais combien de mois… La porte d’entrée étant mal fermé, j’étais entrée chez lui pour lui faire cette surprise qui me tenait à cœur mais j’avais entendu des sons étranges venant du salon. J’y suis allée et c’est comme ça que je l’ai surpris à faire l’amour à cette fille !! Je ne sais pas qui elle est mais pour moi, c’est une pétasse et une voleuse.

 

Le pire aussi, c’est que tout le monde était au courant ! Ils m’ont trahie puisqu’ils n’avaient même pas pris la peine de m’avertir ! Ils ont dû bien rigoler de moi pendant toutes ces années !

 

Si j’écris tout ça dans cette lettre, c’est pour ensuite te demander un service que tu devras en parler à ta petite amie si tu en a une.

 

Je vais venir habiter en Allemagne où je dois surtout savoir parler la langue dans ta ville seule mais ce qui m’ennuie, je ne connais personne à part toi. Peux-tu m’héberger le temps que je trouve un travail et un appartement ?

 

En espérant que j’ai une réponse rapidement, je suis en pleine démarche pour préparer mon prochain déménagement.

 

Je t’embrasse et à bientôt

 

Sanae Nakazawa »

 

 

         À la fin de cette lettre, Karl Heinz et Hermann étaient outrés du comportement de Tsubasa envers Sanae bien qu’ils ne connaissaient ni d’Eve ni d’Adam. Ils avaient souvent entendu parler par leur ami sans plus.

Karl Heinz serra les dents, en allemand : C’est ignoble ce que Tsubasa Ohzora a fait à Sanae Nakazawa !

Hermann, en allemand : Surtout qu’ils étaient ensemble avant qu’Il parte au Brésil !

Karl Heinz, en allemand : N’empêche que je trouve bizarre que les autres ne lui avaient rien dit, surtout que ce n’était pas leur rôle de lui dire, car j’ai la sensation que ce n’est pas vraiment comme ça que ça s’était passé pour les amis.

Genzô réfléchit, en allemand : Oui c’est vrai, Sanae est très bouleversée dans cette lettre.

 

         Grâce à ses amis, Genzô irait téléphoner à un de ses amis qui était à Shûtetsu avant d’être à Nankatsu pour avoir le fin mot de l’histoire après son entraînement.

Genzô : Je vais te faire venir près de moi et plus jamais tu ne connaîtras cette souffrance, Sanae… Je te jure que je ferai payer très cher à Tsubasa pour ce qu’il t’a fait ! Je m’étais effacé une fois mais ça ne se reproduira plus !

 

OoO

 

         Six semaines s’étaient écroulées au Japon. Sanae était toujours en froid avec ses amis et ignorait totalement Tsubasa. Ses parents étaient attristés car les larmes de leur fille n’avaient pas cessé de couler.

La voir se détruire ainsi leur était insupportable.

 

         Chiyako recevait quelques fois la visite de Yukari et de Kumi mais elle les renvoyait chez elles sachant parfaitement que sa fille refusait de les voir. Cependant elle connaissait la vérité sur elles et sur l’équipe de Nankatsu ainsi sur ceux des autres écoles qui étaient au courant à propos de la découverte du secret de Tsubasa.

 

         Ce matin-là, Sanae reçut une lettre de Genzô qu’elle s’empressa de lire :

 

 

« Bonjour Anego,

 

Comme tu l’as précisé dans ta correspondance, il est inutile de passer au rituel habituel d’une lettre comme si tout allait bien.

 

Pour commencer, je suis à la fois surpris et heureux d’avoir tes nouvelles même si elles ne sont pas bonnes d’après ce que j’ai lu.

 

Ensuite, je suis bien sûr au courant que tu sois amoureuse de Tsubasa comme tous les autres pendant toutes ces années car cela se voit très bien sur ton visage.

 

D’après ce que tu dis dans ta missive, Tsubasa t’avait déclaré son amour juste avant de partir au Brésil mais pendant ces trois dernières années, il t’avait mentie jusqu’à que tu découvres le pot aux roses il n’y a pas longtemps à cause d’une fille alors que tu faisais une telle joie de sortir avec lui. Je suis sidéré, choqué et surtout furieux qu’il t’ait fait un tel coup foireux car ni Misaki ni moi n’étions au courant de ses « écarts » ! Il ne parlait que de foot dans ses courriers.

 

Pour nos amis, je préfère attendre un peu pour t’en parler car suivant l’instinct d’une tierce personne qui est en fait un de mes amis allemands, je ne suis pas sûr qu’ils t’aient vraiment trahie. Avant de te fâcher, il faut que tu comprennes que sous le choc que tu viens de subir, tu es incapable de raisonner calmement.

 

Ne t’en fais pas pour la langue, on t’aidera tous. Je t’attends avec impatience car je sais que tu ne pourras jamais panser tes blessures au Japon avec la présence de Tsubasa accompagnée de cette fille.

 

Je t’embrasse et à bientôt

 

Genzô Wakabayashi »

 

 

         La jeune femme était soulagée que Genzô et Tarô ne soient pas au courant de la tromperie de Tsubasa mais quelques questions germaient déjà dans sa tête. Si elle voulait avoir des réponses, elle sut ce qu’elle devait maintenant faire.

Cette fois-ci, c’était définitif.

Elle rejoindrait son ami Genzô.

Pour elle, son objectif était de s’éloigner le plus loin possible de Tsubasa Ohzora et de l’oublier.

Sanae : À force de n’avoir des yeux que pour Tsubasa pendant toutes ces années, j’avais carrément ignoré les autres garçons qui étaient sans doute amoureux de moi… Comment ai-je pu être si stupide et aveugle à ce point ? Mon premier amour n’existe plus….

 


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