Addiction

Chapitre 13

1055 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/04/2020 20:02

Caïn s'était levé aux aurores et était en train de préparer le petit-déjeuner quand quelqu'un frappa à la porte. Il n'attendait personne. Par réflexe il attrapa son arme avant de se diriger vers l'entrée. Derrière la porte on frappa encore. Visiblement son visiteur s'impatientait vite. Dès que Caïn abaissa la poignée, le silence se fit et quand il découvrit Aimé Legrand sur le perron, il eut du mal à cacher son hésitation à ranger son arme.

- Je veux voir Lucie.

- Alors généralement on commence par dire bonjour capitaine. Et il me semble que pour trouver Lucie le mieux serait d'aller chez elle.

- Elle n'y est pas.

- Êtes-vous sûr d'avoir bien regardé sous votre oreiller ?

- Je ne suis pas venu ici pour jouer Caïn, laissez-moi entrer.

- Non, je ne crois pas.

- Et pourquoi ?

- Parce que je n'aime pas qu'on débarque chez moi à 6 heure du mat' pour exiger l'entrée sous un prétexte quelconque.

- Je sais qu'elle est ici. Lucie ! Lucie !

- Taisez-vous ou j'appelle la police pour nuisances sonores.

- Vous ne feriez pas ça.

- Vous voulez tester, demanda Caïn sur un air de défi.

Legrand semblait perdu. Il n'avait apparemment pas prévu que Caïn ne le laisse même pas rentrer. Le capitaine le vit cogiter pendant quelques secondes avant de prendre son téléphone. Il ne s'occupait même plus de Caïn, de son côté ce dernier réfléchissait à où il avait posé le portable de Lucie. Avant même qu'il n'ait trouvé la réponse l’engin sonna en plein milieu du salon.

- Vous allez toujours me dire que vous ne savez pas où est cachée Lucie ?

Caïn aurait bien giflé son expression satisfaite mais son lieutenant était trop grand. Il se contenta donc de ne rien répondre. Legrand fit un pas en avant mais le capitaine se décala pour lui bloquer le passage.

- Le téléphone n'est pas un passe-droit.

- Je pourrais forcer le passage.

- Et vous en prendre à un handicapé ? Vous êtes sans cœur.

La remarque du capitaine sembla passer bien au dessus de son lieutenant. Ce dernier était focalisé sur son seul objectif. Caïn ne voyait pas bien comment il pourrait parvenir à se débarrasser de lui. S'il fermait la porte, Legrand se contenterait d'attendre de l'autre côté jusqu'à ce qu'ils sortent. Alors que Caïn était encore en pleine réflexion, Legrand s'agita. Il ne s'occupait plus du tout du capitaine mais regardait plutôt derrière celui-ci.

Tout en faisant attention à ne pas libérer le passage, Caïn pivota sur ses roues. Sans surprise Lucie était là, à demi cachée par le chambranle de la porte.

- Lucie ! Je …

- S'il te plaît, vas-t-en.

Legrand fut comme stoppé net dans son élan. Sous le choc ou la surprise, il balbutia comme un enfant.

- Mais … Pa …pardon ?

- La demoiselle t'a demandé de partir. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ?

Caïn avait saisi l'occasion pour pousser Legrand hors de chez lui et loin de Lucie qui était visiblement apeurée à l'idée d'un entretient seul à seul avec lui. Legrand n'avait fait aucune remarque sur son crâne rasé mais il n'avait pas non plus réussi à regarder Lucie dans les yeux.

Après le choc de s'être fait rejeté par celle-là même qu'il était venu voir, Legrand n'émit plus aucune objection et s'en fut dépité. Caïn vit le soulagement de Lucie dès qu'il eut refermé la porte. Il savait qu'il aurait à négocier pour la faire retourner au SRPJ aujourd'hui. Et effectivement dès qu'il lui parla du commissariat elle commença à trembler. Avant même qu'il ne termine sa phrase, elle était recroquevillée sur le sol, les paumes sur les oreilles et les doigts agités de spasmes incontrôlables.

Caïn s'approcha, le plus près possible de Lucie, et passa ses bras autour d'elle. Il savait qu'ainsi au moins symboliquement il la protégeait du monde extérieur. Cela sembla fonctionner puisque les tremblements de la concernée se dissipèrent peu à peu. Malgré cela elle continuait à ne bouger pas plus que si elle était endormie.

Le capitaine se mit alors à lui parler et il lui murmura ainsi à l'oreille jusqu'à ce que 8 heure sonne et que, par une sorte de réflexe miracle, Lucie se lève, s'habille et se présente à la porte. Tout cela en moins 5 minutes. Caïn avait eu du mal à suivre ce qui venait d'arriver mais accompagna sans mal le mouvement. En sevrage les sauts d'humeur n'étaient pas rares et ce qui les causaient était parfois aussi obscure qu'aléatoire.

Une fois sur place, la soudaine énergie de Lucie évapora mais Caïn l'aida et la seconda toute la journée en n'omettant pas de la protéger. Durant le reste de la semaine Lucie se familiarisa avec ce rythme, d'autant plus que Legrand semblait avoir pris la décision de les ignorer. Lorsqu'il fallait aller sur le terrain Caïn y envoyait ses lieutenants, ou si ce n'était qu'une routine, prenait Lucie avec lui.

Puis peu à peu Lucie reprit plus de responsabilités. Lorsqu'elle était absorbée par son travail Caïn s’éclipsait. Dans le mois qui suivit, il s'organisa pour lui rendre doucement son autonomie. Outre son rôle de commandante, c'est son retour chez elle que Caïn eut le plus mal à négocier. En plus d'avoir l'impression de la chasser, Lucie évitait le sujet à chaque fois que Caïn l'évoquait.

Finalement ils optèrent d'abord pour une solution de transition, c'est-à-dire que le capitaine restait avec elle mais ils dormaient chez Lucie. Caïn en fut satisfait car même si ce n'était qu'une solution de compromis, elle les changeait drastiquement des habitudes qu'ils avaient établies. Lucie s'était rapidement réadaptée, même si elle feignait, mal, le contraire. Le capitaine avait cherché une explication à ce comportement et avait conclu qu'elle faisait cela uniquement dans le but d'éloigner la suite des événements.


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