Addiction

Chapitre 10

1019 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/04/2020 19:59

Elle descendit les genoux qu'elle avait ramenés contre elle, força ses épaules à se détendre et se laissa aller. Caïn la soutint légèrement de peur qu'elle ne bascule. Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que quelqu'un frappa à la porte. Caïn laissa Lucie tenir son mouchoir et partit ouvrir. Borel était sur le seuil, une table posée à ses côtés. Le capitaine le laissa entrer.

Sous le regard surpris de Lucie, il demanda à Borel de mettre la table dans un coin de façon à pouvoir surveiller la porte d'entrée et le bureau de la commandante. Cette dernière avait à peine entrouvert les lèvres pour poser sa question que Caïn répondait.

- Je vais garder un œil sur toi 24h sur 24 et 7 jours sur 7 jusqu'à ce que tu me bottes le cul pour que je te laisse tranquille.

Alors que Borel s'attendait à une remarque, une réplique de la part de Lucie, elle se contenta d’acquiescer. Le lieutenant chercha une explication dans le regard de son capitaine mais celui-ci resta impassible. Il était évident que les questions lui brûlaient les lèvres. Il s'approcha de la sortie sans en poser aucune puis une fois la main sur la poignée, prit son courage et demanda :

- Pourquoi tu as un bonnet ?

Immédiatement Lucie se tourna vers Caïn, ce dernier haussa simplement les épaules et la laissa décider seule de ce qu'elle lui répondrait. Lucie sembla jauger Borel puis elle ôta le bonnet et dévoila son crâne complètement nu. Même si ses yeux devinrent ronds comme des billes il réussit à ne faire aucune remarque.

- J'ai froid sinon. Mais j'ai aussi une casquette pour quand il fera chaud, le rassura-t-elle en lui montrant le couvre-chef rose bonbon.

Cela rendit Borel encore plus perplexe mais il sortit sans émettre le moindre commentaire. Dès qu'il fut dehors Lucie remit son bonnet et chercha visiblement l'approbation de Caïn. Le capitaine installait ses affaires sur la table nouvellement mise en place dans le bureau. Le temps qu'il fasse cela, bien plus minutieusement qu'il n'était nécessaire, la commandante reprit une contenance et se décida à assumer ses fonctions en gardant un miroir non loin pour ne plus se faire surprendre par un saignement de nez.

Ils travaillèrent ainsi chacun de leur côté à quelques paperasses plus ou moins inutiles jusqu'à ce que Lucie se sente assez bien pour remonter ses stores et s'exposer de nouveau au monde. Une minute à peine après qu'elle eut fait cela plusieurs agents vinrent lui demander de menus renseignements. Elle répondit sur son ton habituel. Le fait que les autres policiers agissaient comme si la présence du capitaine était naturelle aidait beaucoup à l'impression de normalité. Ils le saluaient mais l'ignoraient ensuite presque totalement.

Ces quelques visites, durant lesquelles Lucie parvint à donner parfaitement le change, lui redonnèrent confiance et Caïn observait, appréciateur, comment elle faisait fi de ses tremblements pour avancer sur des dossiers plus sérieux. Plus tard un autre sergent entra pour parler à Caïn. Il agissait lui-aussi comme il l'aurait fait dans le bureau du capitaine. Caïn et Lucie leur en étaient très reconnaissants même s'ils ne disaient rien, de toute manière le reste de l'équipe n'avait pas besoin de mots pour comprendre.

Lorsque arriva 11 heure Caïn s'étonna de ne pas avoir vu Legrand. Il resta sur son sentiment jusqu'au midi où il partit manger avec Lucie et Borel sans trouver trace du deuxième lieutenant. À table, Borel évita admirablement tout sujet sensible. Il s'enquit de l'état de santé de ses supérieurs mais une fois que ceux-ci lui avaient honnêtement répondu que tout allait bien ou du moins était en passe d'aller pour le mieux, il avait changé de sujet et n'y était plus revenu.

L'après-midi fut plus dure pour Lucie. Elle recevait de plus en plus de personnes dans son bureau et le stress ne faisait qu’accroître les effets du manque. Il y eu même un moment où Caïn la surprit à se pencher sous son bureau, en deux coups de poignets il était à ses côtés et tenait fermement la main avec laquelle Lucie venait d'attraper une petite trousse des plus suspectes.

Caïn ne voulut même pas l'ouvrir, la teinte rouge qu'avait prise Lucie parlait pour elle. Il mit la trousse dans la sacoche à l'arrière de son fauteuil et s'occuperait de la faire disparaître le soir venu. Le plus important pour l'instant était de tout tenir éloigné de Lucie.

- T'en as d'autres des paquets comme ça ici ?

Sans grande surprise, la commandante resta muette. Caïn fit une fois le tour complet de son bureau avant de s'arrêter en face d'elle.

- Lucie, je suis avec toi tout le temps. Je ne te laisserais pas y toucher alors soit tu me dis dès maintenant où est-ce que tu les as mis, soit je me demande une équipe de chiens pour fouiller tout le SRPJ et il y aura des questions.

Elle se mit à trembler comme une feuille en rentrant la tête dans les épaules. Caïn n'eut aucun mal à rester ferme face à cette vision pathétique. Sous le poids de son regard inquisiteur elle finir par marmonner quelques chose si bas que le capitaine ne le comprit même pas. Au lieu de l'agresser de suite il lui donna une chance de répéter sans qu'il ait à la pousser.

- Il n'y en a qu'une autre.

- Où ça ?

- Scotché dans le premier tiroir du placard de droite.

Caïn alla voir et trouva effectivement une deuxième trousse à l'endroit indiqué. Elle subirait le même sort que la première. Après cet épisode Lucie retrouva une position plus centrée, les genoux contre son torse et enserrés par ses bras. Le capitaine ferma de nouveau les stores et les visites cessèrent.


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