Addiction

Caïn avait barricadé toutes les fenêtres de la maison et fermé la porte à clé. Lucie était libre dans la maison mais si elle voulait sortir Cain les menotteraient l'un à l'autre. Le début de la journée fut relativement simple mais dès midi le capiraine observa de légers tremblements chez Lucie.

- Ça va ?

- C'était souvent aux heures du repas que je …

Elle prit une profonde inspiration et souffla tout l'air de ses poumons. Caïn la laissait faire. Il savait que de toute façon elle ne pourrait pas avoir sa dose ici et il était encore trop tôt pour la considérer comme instable au point de devoir l'immobiliser. Pour l'instant il ne pouvait que regarder et soutenir.

Au fil de l'après-midi il la vit se défaire, se replier un peu plus sur elle-même. Ses mouvements devenaient plus saccadés parfois spasmodiques. À plusieurs endroits de la maison Caïn avait préparé des chaines avec menotte pour pouvoir contenir Lucie si nécessaire sans l'enfermer. Pour aller prendre sa douche et par simple mesure de sécurité, il l'avait attaché près du canapé.

Quand il revint elle était roulée en boule dans un coin du sofa, en sous vêtement. Elle était couverte de sueur et tremblait comme une feuille. Caïn se pressa à ses côtés. Elle sursauta quand il lui posa une main dans le dos. Quand elle se tourna vers lui il ne vit que ces yeux de bête apeurée. Elle avait les larmes aux yeux et une fois qu'elle prit conscience de qui lui faisait face elle se jeta sur lui pour l'étreindre comme si sa vie en dépendait.

- Je n'y arriverais jamais. Je n'y arriverai jamais.

- Bien sûr que si. Je crois en toi. Tout est dans le mental alors je ne veux plus t'entendre dire que tu n'y arriveras pas.

- Les autres vont se rendre compte que je me cache.

- Tu ne vas pas te cacher. On va retourner au SRPJ dès lundi.

- Mais …

- Les autres on s'en fout. Pour l'instant il n'y a même que toi qui compte. Rien d'autre. D'accord ? Réparer les pots cassés auprès de Legrand et Borel on verra ça plus tard. Allez maintenant viens prendre ta douche.

Lucie le suivit sans se débattre mais sans aucune volonté non plus. Elle paraissait comblée de pouvoir se laisser aller au bon vouloir d'un autre. Une fois dans la salle de bain elle se laissa déshabiller par Caïn avant que celui-ci ne la mette sous le jet d'eau chaude. Il la regarda se détendre avec la chaleur sans bouger. Malgré ses plusieurs remarques elle ne fit aucun geste pour se laver.

Caïn la savonna doucement avant de la rincer et de la sécher. Il l'aida ensuite à enfiler la deuxième tenue qu'il avait pris chez elle. Caïn l'emmena avec lui dans la chambre et se sentit presque coupable de lui enfermer le poignet dans les menottes. Il allait la laisser quand elle l'appela.

- Fred ?

- Mmh ?

- Tu peux rester avec moi ?

- Lucie, je …

- S'il te plaît.

Le capitaine se laissa convaincre simplement car il voyait qu'elle en avait vraiment besoin. Il mit son siège de l'autre côté du lit, serra ses freins et se transféra dans les draps. Le lit était assez large pour qu'il s'y installe sans être sur Lucie. Il s'était passé tant de choses entre eux dans cette simple journée que s'allonger à côté d'elle n'était même pas étrange.

- Je n'aurais jamais imaginé que ça serait comme ça de coucher avec toi.

- Et encore tu n'as rien vu.

Habituellement ce genre d'humour était l'appanage du capitaine si bien qu'il avait été surpris lorsque c'est Lucie qui fit cette remarque qui lui avait, évidement, effleurée l'esprit. Il répondit sur le même ton mais quand elle sembla vouloir ajouter encore quelque chose il l'arrêta.

- Tu ferais mieux de dormir.

Lucie ne se débattit pas beaucoup. Elle lui sourit, ferma les yeux et sembla s'endormir aussitôt. Caïn observa longtemps son visage paisible avant de lui-même sombrer dans le sommeil.