Partenaire

Borel voulut s'y rendre sur le champ mais le capitaine était si perdu qu'il ne bougea pas. Le lieutenant fit alors quelque chose qu'il n'aurait jamais pensé faire. Il attrapa le fauteuil et poussa le capitaine jusqu'à sa voiture. Arrivé là-bas il le chargea place passager avec un minimum d'aide de sa part avant de tâtonner un peu pour démonter le siège de Caïn en reproduisant les gestes qu'il l'avait vu faire. Puis il put enfin partir.

Nassim comprenait assez bien pourquoi Caïn n'avait pas appelé Lucie. Comme la plupart des gens présent au SRPJ la veille, il avait entendu leur dispute. Il savait très précisément de quoi il avait été question et le fait qu'ils allaient à présent Alice aux urgences aurait donné raison à Lucie de manière implacable. Nassim avait hésité à lui envoyer un message dès qu'il avait reçu l'appel mais avait décidé d'attendre de savoir quoi lui dire.

Arrivés sur le parking de l'hôpital Caïn ne bougea pas plus. Borel sortit donc, remonta le fauteuil et aida le capitaine à s'y installer. Il était dans un état complètement second. Borel le poussa jusqu'à l'accueil. On leur dit qu'Alice était bien arrivée, qu'elle était en train d'être prise en charge. Ils ne pouvaient pas la voir mais le médecin avait des questions à leur poser. Un interne les emmena à travers plusieurs couloirs. Il s'arrêta devant une porte et les laissa là. Quelques minutes plus tard un homme vint les voir, blouse blanche, masque et tempes grisonnantes.

• C'est vous qui avez appelé ?, demanda-t-il à Borel.
• Non c'est le capitaine. Je ne sais même pas ce qui s'est passé.

Ils se tournèrent vers Caïn mais celui-ci garda les yeux dans le vague.

• La patiente a été retrouvé inconsciente, au sol. Plusieurs éléments me chiffonne, les ambulanciers ont dit avoir vu près d'elle un fauteuil roulant, hors son dossier ne fait mention qu'aucun handicap. J'ai d'abord une question plus importante, cela peut-être délicat mais saviez-vous si elle se droguait ?
• Alice ? Jamais !
• Écoutez, c'est toujours ce que l'on me dit mais j'ai besoin que vous soyez objectif. Son cas a toutes les apparences d'une overdose. Alors à vrai dire ma question n'est pas de savoir si elle se droguait mais avec quoi.
• Elle ne prenait rien je vous dis. Par contre elle était sous anesthésiants depuis plus d'un mois.
• À quelle quantité ?
• Je ne sais pas. Elle va aller bien ?
• Vous êtes de la police non ? Alors vous savez aussi bien que moi que le destin des camés ne se joue pas quand ils sont chez nous.

Sur ces mots le docteur partit. Caïn et Borel restèrent là. Le capitaine avait le regard perdu alors que Borel se posait sérieusement la question de savoir s'il devait appeler Lucie ou non. Elle rappliquerait très certainement en quatrième vitesse mais, à peu près aussi sûrement elle passerait un savon à Caïn et en le voyant comme il était maintenant, Borel ne pouvait se résoudre à faire ça.

Il essaya de parler à Caïn, ou tout du moins de le faire parler, mais le meilleur qu'il obtenue fut une série de marmonnements inintelligibles. Borel réussit tout de même à saisir le nom d'Alice puisqu'il était répété de nombreuses fois. Le lieutenant commençait à se désespérer de retrouver le vrai Caïn lorsque son téléphone sonna. C'était Lucie. Il serait bientôt 6 heure et demi. Borel laissa passer deux sonneries avant de décrocher.

• Lucie ?
• Nassim, ça va peut-être te paraître étrange comme question mais as-tu vu Alice depuis hier soir ? Elle n'est pas rentrée cette nuit, je m'inquiète un peu.
• C'est-à-dire que …

Mais le médecin choisit ce moment pour venir les voir. Borel demanda prestement à Lucie de rester en ligne et cacha son téléphone derrière son dos.

• Comment va Alice ?
• Bien. Pour le moment. Je pense que vous avons besoin discuter de certaines choses mais pour l'instant vous la trouverez en chambre 103.

Borel reprit immédiatement le téléphone.

• Alice va bien. Vous nous trouverez à l'hôpital nord, chambre 103.
• À l'hôpital ? Nassim qu'est-ce qui se passe ?

Mais le lieutenant ne l'écoutait plus. À l'annonce du numéro de la chambre, Caïn avait piqué un sprint et Borel ne le remarquait que maintenant. Il avait quelques longueurs de retard. Il raccrocha et se mit à courir derrière le fauteuil. À l'autre bout du fil, Lucie resta médusée quelques instants avant de bondir dans ses chaussures.