When in Rome

Chapitre 17 : Easy rider

3578 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/10/2020 16:42

PARTIE 4 – I wish I could say the right words

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Chapitre 17 Easy rider

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 11 avril 2037

A : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Objet : petite visite


Chère Maya,

Je suis actuellement à Los Angeles où j'ai besoin de passer quelques jours pour une affaire importante. A ma prochaine visite, j'aurai un cadeau pour toi et aussi une faveur à te demander. D'ici là, botte le cul des autre mini-Tueuses pour moi.

Spike

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De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 14 avril 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : RE : petite visite


Triple idiot,

Je ne sais pas trop ce que vous vous êtes dits Maman et toi, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle ne sourit plus et que tu la fais pleurer. Maintenant qu'on sait qu'Angel t'a trouvé, elle espérait que tu reviennes pour savoir ce qu'elle avait fait de mal, et pourquoi t'étais parti brusquement à l'autre bout du monde. Où en plus t'as failli mourir. C'est nul. C'est ton cul que je vais botter si tu continues. Qu'as-tu de plus important à faire à Los Angeles ?

Maya, fâchée

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 15 avril 2037

A : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Objet : RE : RE : petite visite


Chère Maya fâchée,

Il y avait un ami (enfin presque un ami) là-bas, dans les montagnes tibétaines. Nous nous sommes battus contre des démons, dont il s'occupait seul depuis longtemps. Je crois que les démons l'ont eu et qu'on ne le reverra plus jamais. Les moines du temple où il habitait m'ont donné ses affaires. Il n'en avait pas beaucoup, mais j'ai pensé que je devais les remettre à Willow. Angel m'a dit qu'elle était à L.A. donc j'y suis allé pour lui donner. Dans le temps, ils ont été amoureux, je crois. Et avant que tu demandes, oui, c'était à Sunnydale, je crois que tu commences à connaître la chanson.

Et pendant que je suis là, j'ai entendu dire qu'il y avait une personne qui pouvait m'aider à… aller mieux. Si tu le dis à quelqu'un, ça va barder, mais les démons m'ont torturé et si je ne suis pas venu vous voir c'était parce que je ne me sentais pas terrible. Et j'aime me sentir terrible.

Spike

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De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 15 avril 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : RE : RE : RE : petite visite


Spike,

Mais nous, on veut bien t'aider ! Pourquoi tu dois aller si loin ? Pourquoi tu crois qu'on se moquera de toi si t'as été blessé ou je sais pas quoi ? Moi, je crois que t'es trop focus sur que les gens vont penser de toi. C'est bizarre parce que tu dis toujours que les gens peuvent aller se faire foutre, mais tu penses toujours à ton image de marque… Non ?

Bon, j'imagine que c'est une bonne raison d'aller voir Willow pour faire ce que t'as dit, mais c'est ça fait quand même bizarre de savoir qu'elle était amoureuse d'un homme. T'as des potins ? Parce que moi j'étais super pas au courant !

Maya, un peu moins fâchée

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 16 avril 2037

A : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Objet : RE : RE : RE : RE : petite visite


Chère Maya,

Je te confirme que je pense que les gens peuvent aller se faire foutre. Parce que je suis un anarchiste, et que j'ai toujours fait des trucs assez dingues, rien que parce que ça emmerdait le monde... Mais il t'aura sans doute échappé que vous n'êtes pas « les gens »…

Je n'ai pas beaucoup de trucs croustillants sur la vie sexuelle de ta « tante Willow ». A l'époque, j'étais surtout intéressé par ses talents de chimiste et je voulais qu'elle me fabrique une potion qui me permettrait de faire en sorte que ma maîtresse retombe amoureuse de moi : elle m'avait jeté pour un Démon Chaos. Franchement quand tu regardes leur gueule, il y de quoi être vexé.

Spike

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De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 18 avril 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : où es-tu encore ?


Spike,

J'ai loupé un épisode ? Je croyais que c'était Buffy l'amour de ta vie ? Pétard, on nous raconte vraiment n'importe quoi en cours d'Histoire des vampires célèbres…

Sinon pourquoi tu rentres pas ? Faut quand même pas tout ce temps pour donner un paquet… Est-ce que ça a à voir avec les tortures ? T'es devenu moche ? Unijambiste ? Avec un œil en moins comme oncle Alex ? Vu que tu le charries tout le temps pour ça, j'imagine bien que t'aurais bien les boules. Retour de karma, mon petit père !

J'ai envie de savoir c'est quoi mon cadeau. Rentre vite. Parce que si tu rentres pas vite, Maman va aller te chercher. Je te préviens, si elle fait ses gros yeux de maman pas contente, tu vas en prendre pour ton grade.

Maya

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 21 avril 2037

A : Maya (hermione∙wells ©onecloud. com)

Objet : RE : Où es-tu encore ? – A LOS ANGELES !


Ma tendre et douce Maya,

Si tu m'appelles encore une fois « mon petit père », je crois que je vais larguer ton cadeau dans un cratère lunaire et ça te fera les pieds. Faut que t'apprennes le respect dû aux anciens, un jour. Tueuse ou pas Tueuse.

Sinon, je ne suis pas unijambiste, et j'ai bien tout ce qui doit être en double exemplaire… en double exemplaire, de haut en bas.

Je ne doute pas que ta mère m'en veuille sûrement beaucoup. Je ne voulais pas lui faire de la peine. Mais entre lui faire un peu de peine et lui faire peut-être du mal, j'ai préféré la première option. Dans le premier cas, elle pourrait s'en remettre dans le second, je n'y survivrais probablement pas. Ni elle, ni toi n'avez vraiment conscience de ce qu'est un vampire. C'est dangereux pour vous deux. Si un jour vous êtes tuées parce que vous aurez hésité à cause de nous (je mets Angel dans le même sac)… Je ne veux pas y penser.

La personne que je vois à Los Angeles me pose des questions difficiles que j'ai du mal à démêler dans ma tête. Dis-toi que je le fais pour votre propre sécurité.

Spike

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De : Maya (hermione∙wells©onecloud. com)

Envoi : 22 avril 2037

A : Spike (hostile17©skynet. net)

Objet : RE : RE : Où es-tu encore ? – A LOS ANGELES !


Mon cher parrain que j'aime et que j'adore,

Ne jette pas mon cadeau dans un cratère parce que ce serait compliqué d'aller le chercher. Par contre, ça m'énerve que tu nous prennes pour des cruches, Maman et moi. On sait très bien qu'il y a les autres vampires et puis toi et Angel, et que vous n'êtes pas pareils.

Après, c'est vrai qu'on peut pas savoir exactement ce que ça fait d'être un vampire, je veux dire de l'intérieur.

Pour notre sécurité, ça t'intéressera peut-être de savoir que les dernière année, elles ont entraînement avec des vampibots. Moi je suis encore pas prête. Papa dit que parce que ça coute la peau des fesses, alors ils explosent pas quand on les pique devant. Mais ils sont quand même assez fortiches pour coller des bonnes raclées à toutes celles qui se la jouent. C'est Angel qui a donné les spécifications techniques, il paraît.

Aussi, j'ai oublié de dire. Il y a un nouveau truc génial, c'est que Maman vient à mes cours de soutien. C'est Faith qui me les donne. Elle est trop mignonne dans son débardeur et son legging (Maman, pas Faith). Bon, elle déborde un peu dedans car c'est serré, mais elle au moins, elle a une taille bien creusée... Depuis qu'elle vient avec moi, j'ai remarqué qu'y avait vachement plus de mecs qui ont soudainement besoin de venir chercher des haltères dans le gymnase… Ou de courir sur les tapis roulants. Ou de faire du rameur. Je crois que ça les inspire de voir les efforts qu'elle fait pour moi.

Bon faut pas t'imaginer. Maman fait des trucs faciles, hein ? Elle me tient le sac pour boxer et aussi les machins plats pour faire des coups de pieds en l'air. Des fois, elle fait du gros ballon avec moi. On a l'air ridicules, mais qu'est-ce qu'on rigole ! Au début, quand Faith a dit que Maman pouvait m'apprendre des trucs utiles, je reconnais que j'y ai pas trop cru. Bah en fait, si. Pas tellement au sport, mais quand on fait des entraînements de combat, elle se fait pas battre si vite. Elle a un style, je sais pas comment le décrire, on dirait que c'est n'importe quoi, mais en fait, ça marche. Après, Papa il est pas trop content parce qu'elle a tendance à tout dézinguer le matériel. Mais j'aime bien !

Bon, faut que j'y aille. A plus dans le bus.

Maya

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De : Spike (hostile17©skynet. net)

Envoi : 23 avril 2037

A : Maya (hermione∙wells ©onecloud. com)

Objet : RE : RE : RE : Où es-tu encore ? – A LOS ANGELES !


Maya,

J'ai un rendez-vous bientôt mais…

Quoi ? Quoi ? Ne me dit pas que les « vampibots » sont… ce que je crois qu'ils sont ?

Et pour ta mère, hum. Je ne voudrais pas casser tes touchantes illusions mais je ne crois pas que c'est sa taille fine qu'ils reluquent – bien qu'elle puisse être très inspirante – mais plutôt ce qu'il y a au-dessus et en-dessous… géographiquement parlant. Deuxième question : c'est qui, ces mecs?

Spike, qui a bien repéré ce que tu essaies de faire car il te voit venir de loin

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La Norton Commando noire s'avança jusque devant la petite cour ronde qui s'étalait devant l'entrée du bâtiment. Il releva la tête pour scruter les quelques étages qui se découpaient dans la dernière touche de roseur d'un ciel rendant déjà les armes face à la nuit conquérante. Il fallait reconnaître que le lieu avait plutôt l'air impressionnant – cette espèce d'aura qu'ont les palais en ruine et cette odeur particulière des lieux qui ont un passé. Pourtant les murs d'ocre rose avaient été manifestement remis à neuf, la végétation endiguée et les fenêtres changées. Cela avait infiniment plus de classe que le manoir d'Angel aux abords de Sunnydale, si on voulait son avis.

Spike coupa le moteur et descendit de la moto avant de la caler sur la béquille centrale. Persuadé qu'il ne franchirait pas la porte sans déclencher trois douzaines d'alarmes tonitruantes beuglant « attention vampire », il sortit son communicateur pour envoyer un message à Maya, court et efficace.

Spike

Ton cadeau et moi t'attendons devant l'entrée

D'un naturel peu patient, il sortit d'une poche un paquet de cigarettes menthol qu'il avait eu en contrebande. Elles étaient interdites depuis des années dans la plupart des pays, car elles étaient jugées addictives et dangereuses, c'était à dire, plus addictives et nocives que ne l'était le tabac normal. Et il s'en foutait royalement. Les morts ne craignent pas vraiment pour leur santé. Il tira une bouffée après l'avoir allumée, gardant en tête que peut-être « on » aurait envie de l'embrasser davantage et plus souvent, s'il n'exhalait pas le tabac froid… L'idée était présomptueuse, bien sûr. Mais sa vie n'était faite que de défis et de présomptions.

Incapable de rester tranquille, à part quand il guettait une proie, il fit quelques pas, en fourrant une main dans sa poche. Celle-ci était plus haute qu'à l'ordinaire parce qu'il portait un blouson de cuir anthracite tout neuf. De coupe droite, sans revers et une attache au col, il était entrouvert sur un pull fin de couleur crème et un jean sombre plus étroit qu'il n'en avait l'habitude… Quitter son habituel accoutrement avait suscité chez lui une certaine résistance. Il n'aurait pas dit de l'insécurité mais…

Une galopade se fit entendre derrière la lourde porte qui s'entrouvrit pour laisser passer une petite silhouette qui tentait sans doute d'accommoder dans le crépuscule. A pas d'abords prudents, Maya se rapprocha de lui. Il tira une dernière bouffée et tua son mégot sous sa botte.

— Wah la vache ! J'étais pas sûre que ce soit toi ! Qu'est ce qui est arrivé à tes fringues toutes miteuses ? demanda-t-elle en le scrutant avec ce qui avait bien l'air d'un sourire ravi. J'adore !

En confirmation, elle glissa ses bras pour entourer sa taille d'une brève accolade et puis se recula un peu pour le regarder encore avant de pincer le tissu de son jean entre le pouce et l'index.

— Ah, c'est pas du cuir… Du coton enduit ?

— Hey, t'as fini de me tripoter dans des endroits bizarres ? Va falloir que tu t'en expliques à ton père, qui est en train de rappliquer en crachant ses poumons…

Andrew qui tâchait de reprendre sa respiration à amples goulées, sembla partager l'engouement de sa fille sur la nouvelle apparence de son vis-à-vis, même s'il n'en dit rien.

— On a fait la course : il a perdu, commenta Maya avec une petite moue satisfaite.

— Spike ! Nous t'attendions plus tôt ! Tu viens… voir Dawn, je suppose ? Elle n'est pas ici.

— Non, en fait, je venais emprunter Maya. J'ai besoin qu'elle m'aide à trouver un cadeau… pas trop à côté de la plaque. Je n'ai pas l'intention de me présenter les mains vides.

Andrew pinça les lèvres avec une moue débonnaire et secoua la tête d'un air navré.

— C'est contre le règlement. Les pensionnaires ne doivent pas sortir en semaine passée l'heure du couvre-feu.

— Il est dix-huit heures, souligna Spike avec une moue impatientée. Je la ramène dans une heure, une heure et demie à tout casser.

— Oh, petit papa, dis oui, dis oui…

L'Observateur prenait un secret plaisir à se faire prier.

— Je ne peux pas contourner les règles comme ça t'arrange…

— Pourquoi ? C'est plus toi le directeur de cette taule ? A quoi bon si tu ne peux pas faire cette toute petite entorse ? argumenta Spike.

— Même si je pouvais, je suppose que tu emmènerais Maya sur cette machine outrageusement tapageuse et qui a l'air si cool… Mais elle n'a pas de casque, donc l'affaire est réglée.

Le vampire sourit en coin, avec l'air de savourer le moment qui allait suivre. Faisant quelques pas vers la moto, il défit les attaches qui retenaient un paquet cubique déposé sur le siège passager et le tendit à sa filleule. Cette dernière arracha le papier comme une sauvage pour ouvrir la boîte en carton. Nichée dans un cœur de mousse, une forme ronde reposait mystérieusement. Elle la sortit maltraitant le conteneur et le leva triomphalement en direction de son père. Il s'agissait d'un casque personnalisé où le mot « Slayer » avait été peint entouré de volutes de flammes. Son visage radieux disait assez ce qu'elle en pensait tandis que Spike se retournait vers Andrew en affichant un air roublard :

— Affaire réglée, papounet ?... Au passage, ajouta-t-il en obliquant le regard vers Maya, c'est ton cadeau.

L'adolescente poussa un petit cri strident et trépigna sur place. Les épaules d'Andrew s'affaissèrent tandis qu'il poussait un long soupir de défaite.

— Vous êtes de retour avant sept heures et quart.

— Sept heures et demie. J'anticipe la circulation, négocia placidement Spike.

— Bon, ça va !

— Et tu dis rien à maman ! le pria la petite.

— Si elle me pose des questions… je ne pourrai pas lui mentir.

La filleule et le parrain le regardèrent tous les deux du même œil narquois tandis qu'il ramassait le carton du casque. Spike enfourcha la machine et alluma le moteur et les phares. Andrew l'entendit dire « Grimpe là-dessus chouquette et tiens-moi bien » tandis qu'un sourire fleurissait sur ses lèvres. Sa fille ne se le fit pas dire deux fois. Pendant qu'il faisait manœuvre, en levant la tête vers les fenêtres du premier étage, elle vit quelques filles qui s'étaient attroupées.

— Oh, c'est parfait ! dit-elle avec enthousiasme.

— Qu'est-ce qui est parfait ? questionna-t-il en lui offrant son profil pour poser la question.

Elle leur tendit un doigt bien haut levé.

— Rien, rien, je fais juste un petit signe d'amitié aux chieuses qui me cassent les pieds tous les jours… Elles vont en baver de jalousie, expliqua-t-elle avant d'enserrer sa taille.

Spike sourit et il sortit de la courette pour regagner la route.

— Tu mets pas de casque, toi ?

— Non mais tu sais combien de temps ça m'a pris de me coiffer comme ça ? C'est pas pour raplatir tout avec un de ces machins… Et contrairement au tien, mon crane ne risque pas grand-chose…

Elle toucha ses cheveux décolorés qui formaient des petits pics ébouriffés.

— Hey, dis-voir, qu'est-ce que je t'ai déjà dit ? Tu regardes mais tu touches pas.

Ses cheveux longs dépassant de son casque et virevoltant au vent, Maya renversa la tête et poussa un cri heureux qui remplit l'air du soir.

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En réalité, Spike avait pris la moto pour la frime. Ils furent au centre-ville commerçant en moins de quinze minutes, et ça n'avait rien à voir avec la conduite du vampire qui slalomait avec aisance entre les voitures romaines (imprévisibles par nature et pas à cheval sur le code de la route).

Il s'arrêta, trop vite au goût de la petite, et lui demanda de descendre pendant qu'il parquait la moto et plaçait un antivol dessus.

Quand il avait sa vieille DeSoto, Spike était sûr que personne n'aurait eu envie de lui voler ce tas de boue crasseux dont le pare-brise et les fenêtres étaient occultés par de la peinture noire – sa propre version pas chère des « vitres teintées ». Non seulement l'état de la voiture était peu enviable, mais en plus, tout le monde savait qu'il valait mieux éviter de toucher à quoi que ce soit qui lui appartînt… Avec cette moto, payée de ses économies, c'était différent.

— Où est-ce qu'on va maintenant ? demanda-t-elle en gardant précieusement son casque sous le bras et posé sur sa hanche.

Du menton, il désigna une boutique brillamment éclairée, dont la vitrine immaculée montrait quelques rares bijoux. Leur étiquette était notablement invisible… Elle ouvrit la bouche en le regardant avec une stupéfaction joyeuse et incrédule à la fois. Elle s'efforça de suivre son pas, tandis qu'il s'avançait vers la devanture comme si l'endroit lui appartenait.

— Quoi ? Tu vas lui acheter une bague ?

Il fit la moue et la toisa en se composant une expression impassible, se contentant de pousser la porte en s'effaçant pour qu'elle puisse entrer.

— Non.

— Non ?! Bah…

— Parce que si j'en juge par ta réaction, je crois justement que ça pourrait être mal interprété. Et peut-être un peu précipité.

Maya resta plantée là, au milieu de la boutique qui scintillait de partout. Les bras ballants, elle arrondit la bouche avant de reprendre :

— Et là, je répète : bah qu'est-ce qu'on fait là ?

— Je te l'ai dit, soupira-t-il à voix basse. Tu m'aides à choisir en fonction des goûts de ta mère.

Derrière son comptoir rutilant, tiré à quatre épingles dans son costume noir à veste croisée et double boutonnage, le vendeur les considéra tous les deux d'un air à la fois suspicieux et hautain. Il ne pouvait s'empêcher de juger à la fois l'âge de la demoiselle, celui de l'homme avec elle, et les vêtements qu'ils portaient, jurant avec le standing de l'établissement… Mais il ne dit rien du tout et se contenta de sourire en demandant d'un air détaché :

— Puis-je vous aider, monsieur ?

— J'espère. Je cherche un bijou pour une femme. Quelque chose de moins « connoté » qu'une bague, ajouta-t-il pour Maya qui souriait bêtement.

— Est-ce pour une occasion spéciale ? Un anniversaire, peut-être ?

— Non. Je voudrais quelque chose qui dise que je tiens à elle. Et qui soit joli. Délicat, si vous voyez.

— Vous avez une fourchette de budget ?

Maya s'approcha des vitrines. Fascinée par les cailloux hors de prix, elle écarquillait les yeux en bavant presque autant que les chipies qui l'avaient regardée partir avec son tombeur de parrain. Lequel faillit lui rappeler le mot d'ordre de la soirée : on regarde mais on ne touche pas. Mais il laissa ce job au vendeur qui jetait des regards obliques inquiets vers sa marchandise.

— L'argent n'est pas un problème, l'éclaira Spike avec un sourire direct.

Aussitôt le vendeur changea d'attitude : moins compassé, plus impliqué. L'argent faisait toujours des miracles.

— Avez-vous déjà pensé à quelque chose ? Des boucles d'oreille ? Un bracelet ? Une parure ?

Spike regarda Maya qui articulait silencieusement « collier » en dessinant du doigt un trait près de sa clavicule.

— Un collier. Mais quelque chose qui soit spécial.

Le vendeur haussa un sourcil pour demander plus poliment qu'un peu plus tôt :

— Spécial comment ? Avec un métal particulier ? Des pierreries ?

D'un coup d'œil vers Maya, le vampire comprit l'étendue du problème. Il sourit en ayant soin de ne pas avoir l'air trop terrifiant.

— Montrez-moi tout ce que vous avez. Je saurai quand je le verrai.

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