Le réveil de Jenny Calendar
Chapitre 3 :
Les nouvelles vont vite
Deux semaines s’étaient écoulées, Jenny avait repris le travail et commençait à prendre ses marques. Willow s’était gentiment proposée de l’aider à rattraper son retard sur ses cours. Elle aimait beaucoup son professeur, la rouquine n’avait pas vraiment de figure féminine à qui s’identifier sa mère n’étant pas très présente et Mme. Calendar représentait la femme belle, intelligente, indépendante et sûre d’elle. Willow ayant une heure de trou était passée dans sa salle de classe pour lui dire bonjour mais les deux passionnées d’informatique avaient fini par discuter plus longtemps que prévu.
- J’espère que vous ne m’en voulez pas madame mais après votre… mort, finit-elle par dire. Je suis allée jeter un coup d’œil sur votre ordinateur.
- Oh non, pas du tout, ne t’inquiètes pas pour ça, au contraire cela me fait très plaisir, la rassura Jenny.
- Vraiment ? Parce que j’ai trouvé un tas de choses très intéressantes et j’ai même appris deux trois trucs.
- Oh, super ! Tu sais quoi, un de ces quatre il faudra que je t’emmène dans une petite boutique de magie dont mon oncle m’a parlé.
- Oui, ça a l’air sympa.
Jenny était très fière de son élève. Elle ne la connaissait pas depuis longtemps enfin si mais du coup pas vraiment… Cependant, elle s’était rapidement rendu compte de son grand potentiel. C’était vraiment une fille brillante, attentionnée et drôle, elle avait beaucoup d’estime pour elle.
Les deux amies furent coupées par un frappement de porte. Giles et Buffy se tenaient debout devant l’entrée des livres plein les mains.
- Salut vous deux, dirent-elles.
Ils les saluèrent en retour tandis qu’ils déposèrent leurs livres sur le bureau soulagés de leur perte.
- Eh bien, je ne me souviens peut-être plus de ces deux dernières années mais je ne pensais pas que j’étais devenue une si grande lectrice, plaisanta la techno païenne.
Les deux adolescentes gloussèrent alors que Giles ne broncha pas. Même s’il aimait l’entendre plaisanter, il n’était pas très à l’aise avec les blagues concernant sa mémoire. Giles était trop inquiet, il n’y avait eu aucun progrès pour l’instant et même si le médecin l’avait prévenu que cela pourrait prendre du temps il trouvait cela long.
- Oh, détendez-vous un peu l’anglais, tenta Jenny de le faire revenir parmi eux avec un coup de coude. Je vais bien.
Un silence s’installa. Oui, elle pouvait dire qu’elle allait bien, c’est sûr qu’en pensant qu’elle était morte il y a un peu plus d’un mois Jenny était en pleine forme. Mais Giles savait bien même si elle n’avait rien laissé transparaître qu’elle souffrait intérieurement. Buffy observait son observateur, elle savait à quoi il pensait et elle détestait le voir ainsi.
- Willow, on devrait peut-être… y aller. Je comptais un peu sur toi pour savoir où nous avions cours, dit-elle afin de briser le silence.
- Oui, tu as raison. A toute à l’heure !
Les étudiantes sortirent laissant Giles et Jenny seuls dans un silence inconfortable.
- Je vous ai apporté les livres dont tu avais besoin, dit-il timidement en pointant du doigt le bureau.
- Je croyais que c’était les enfants qui devaient passer les prendre, répondit-elle le sourire aux lèvres.
- Euh… Eh, bien… bégaya-t-il.
- Rupert ?
- J’avais envie de vous voir.
Son sourire s’agrandit. Mais malgré celui-là, elle avait l’air fatiguée, l’observateur savait qu’elle ne lui disait pas tout.
- Sincèrement, comment allez-vous ? Vous faîtes encore des cauchemars ?
Résistant à l’envie de lâcher prise elle préféra hocher la tête. Giles s’approcha d’elle, lui prit la main et entreprit de la caresser.
- C’est normal. J’en fais moi-même toujours depuis…
Il s’arrêta et la regarda dans les yeux, il n’avait pas besoin de le dire.
- Voulez-vous en parler ? continua-t-il.
- Non… En fait, si… Il y a un rêve que je fais souvent…
- Oui…
- Je me demande si ce ne serait… si ce ne serait pas… Rupert, pourquoi le rapport de police disait que la cause de ma mort était indéterminée.
Giles ne répondit pas sur le moment, cherchant quoi dire. Son médecin lui avait dit d’éviter ce type de sujet mais il ne pouvait pas non plus tout lui cacher. Jenny continua :
- Pourquoi ne dit-il pas que c’est un assassinat ?
Le bibliothécaire l’observa sous le choc. Comment le savait-elle ? En rêvait-elle ? Il sentit sa colère contre Angélus monter.
- Oui, vous savez… je n’ai pas trop d’informations à ce sujet, expliqua-t-il ce qui était vrai puisqu’il ne savait pas vraiment ni où ni comment le vampire l’avait tuée.
Jenny décida de laisser tomber pour le moment, Giles n’avait pas l’air de vouloir parler de ça, ils le feraient plus tard.
- Avez-vous trouvez un appartement ? demanda-t-il pour changer de sujet.
- Oui, justement je récupère les clefs ce soir.
- Oh, quand est-ce que vous l’avez visité ?
- Je ne l’ai pas fait.
- Hein ?
- Je ne l’ai pas visité, quel est le problème ? rétorqua-t-elle agacée.
- Mais comment avez-vous…
- Internet Rupert, internet ! Typique…
- Pardon ?!
- Mais enfin, il faut vous réveillez, nous sommes au vingtième siècle, tout n’est plus sur papier maintenant ! Oh, vous et votre techno phobie, cela ne changera donc jamais ?!
- Mais je ne vous permets pas ! Et vous devez bien admettre que le…
Giles s’arrêta de parler, il réfléchit à ce qu’elle venait de dire. Il répéta ses paroles dans sa tête puis son visage s’illumina et il la prit dans ses bras. La bohémienne ne comprenait pas cet homme, elle venait de lui crier dessus et lui semblait être aux anges.
- Qu’est-ce qu’il ne va pas avec vous, nous étions en train de nous disputer ! le repoussa-t-elle.
- Jenny, qu’avez-vous dit ?
- Que nous étions en train de nous disputer, répondit-elle sans comprendre.
- Non, avant ?
- Euh… Que cela ne changera jamais.
- Oui et quoi ?
Elle ne voyait vraiment pas où il voulait en venir.
- Votre techno phobie ?
- Exact ! Ma techno phobie ! Et comment le savez-vous ?
- Vous avez du…
Elle chercha quelque chose qui aurait pu lui faire dire qu’il craignait les ordinateurs. Elle ne l’avait pas vu en utiliser mais cela ne l’avait même pas effleurée. Le seul moyen pour qu’elle le sache était… Jenny comprit tout de suite ce que Giles insinuait et commença a sauté sur place pleine de joie imitant l’homme devant elle.
- Oh, mon Dieu ! s’exclama-t-elle.
- Oui, je sais ! Jenny, ça marche ! Vous êtes en train de retrouver la mémoire !
Les deux se jetèrent dans les bras de l’autre. Elle retrouverait la mémoire, elle se souviendrait de tout. Ce n’était qu’un petit détail pour l’instant mais c’était un gros progrès et signe d’espoir. Tout les deux riaient aux éclats, des larmes coulaient sur leurs joues. Puis, alors qu’ils étaient très proches, ils se regardèrent droit dans les yeux et se calmaient petit à petit. Elle était là, Jenny, devant lui. La bohémienne ne pouvait détacher son regard du sien. Elle connaissait cet homme depuis seulement deux semaines mais elle se sentait si proche de lui. Ses yeux descendirent jusqu’à ses lèvres et elle se sentit se rapprocher de lui, lui aussi se rapprochait. Ils allaient s’embrasser, ils le savaient, malheureusement ils furent coupés par la sonnerie qui retentit. Comme par hasard…
Pendant ce temps, dans la demeure de Spike et Drusilla, les vampires s’amusaient lorsque la fête fut interrompue par un cri de souffrance. Drusilla se tenait la tête, elle avait terriblement mal. Spike se précipita à ses côtés :
- Ma reine, qu’y a-t-il ?
- Elle… elle… elle est revenue.
Cela capta l’attention d’Angélus.
- Elle se bat… Elle veut toujours détruire notre maison mais… Ah ! gémit-elle. Quelque chose l’en empêche…
- Jenny… murmura-t-il.
- La bohémienne veut quelque chose… Elle cherche une solution… Elle est allé voir quelqu’un… le… le… le docteur Fisher.
Angélus semblait réfléchir puis un sourire se dessina sur son visage.
Il était 16h lorsque Jenny termina son dernier cours. Ses élèves vinrent un par un lui rendre leur devoir avant de quitter la salle. Cependant, l’un d’entre eux, un jeune homme blond nommé Joseph fit tomber un stylo du bureau par inadvertance. Il se pencha pour le ramasser mais remarqua un objet de couleur jaune sous la table qu’il ramassa dans la foulée, c’était une disquette. Il déposa les deux objets sur le bureau et s’en alla. La professeure étant pressée n’avait rien remarqué, elle prit ses affaires, ferma la porte à clef et se rendit à la bibliothèque.
- Vous êtes encore là ? plaisanta-t-elle trouvant la bande à Scooby au complet.
- Approchez madame, la mère de Buffy a fait imprimer des photos ! l’invita Willow.
- Oh, je crois que celle-là est ma préférée, annonça la tueuse en en attrapant une.
Elle avait été prise à la bibliothèque et montrait un Alex avachit sur un livre bavant. Ce qui fit rire tout le monde.
- Eh, ne vous moquez pas, ça arrive à tout le monde, tenta-t-il de les faire taire.
- Enfin, entre Alex qui bave et Buffy qui court sur la pelouse nue, je ne sais pas laquelle est la meilleure, déclara Cordelia.
- Quoi ?! Fais-voir ! dit Alex en lui arrachant la photo des mains. Eh ! Mais elle devait avoir cinq ans sur celle-là ! Tu n’aurais rien de plus… récent, Buffy ?
Cordelia lui infligea un coup à la tête.
- Aïe ! gémit-il.
- Alex tu ne changeras jamais.
- C’est bien pour ça que tu es avec moi. Ça et mon charme fou.
- Vous ne devriez pas être en cours vous tous ? les interrompit Giles.
- Traître en coupe ? demanda Buffy. Oh ! Etre en cours ! Ah, bah oui, vous avez raison, on file.
Les étudiants sortirent laissant derrière eux les photos sur la table. L’une d’elle capta l’attention de la bohémienne. Giles s’approcha d’elle pour voir la photo qu’elle regardait. C’était une photographie de la joyeuse bande d’étudiants, elle avait été prise devant le lycée un soir d’été.
- Ce sont de chouettes gamins, commenta le bibliothécaire.
- Oui… répondit-elle pensive.
Jenny ne regardait pas les enfants sur la photo, son attention était dirigée vers un autre détail : une inscription au fronton du bâtiment.
- Formatia transicere educatorum, lut-elle.
- Entre, toi qu… commença à traduire Giles.
- Qui veux apprendre.
L’observateur la regarda, quelque chose n’allait pas, elle semblait distraite.
- Jenny, tout va bien ?
- Oui, oui… C’est juste… une impression de déjà vu, dit-elle sans vraiment quitter ses pensées.
- Très bien, répondit-il troublé. Sinon, je me demandais si vous… si vous ne trouviez pas trop inconvenant, enfin si vous avez finit votre travail. Peut-être qu’on pourrait, je ne sais pas, allez manger quelque part ?
- Non, je ne trouve pas cela trop inconvenant, plaisanta la bohémienne.
- Oh, vraiment ! Je veux dire… cool.
Jenny ne put s’empêcher de rire puis elle se rapprocha très près de lui et répéta d’une voix sexy : cool. Giles déglutit, elle avait toujours eu ce don de le mettre au supplice.
- Oh non ! Maintenant je ne peux pas, j’avais oublié ! Je dois retrouver la propriétaire de l’appart, se souvint-elle. Il faut que j’y aille, je vais être en retard, je suis vraiment désolée Rupert, une autre fois.
Et elle se précipita vers la sortie.
- Ça ne fait rien…
Le Dr. Fisher venait de terminer son dernier rendez-vous mais il lui restait encore beaucoup de travail. Fatigué, il rejoignit son bureau afin de finir ce qu’il avait à faire. Deux heures passèrent, il faisait maintenant nuit dehors, son bureau était éclairé d’une faible lumière émanant d’une lampe de table placée à côté de lui, les couloirs étaient éteints, le neurologue était la seule personne qui se trouvait encore à cet étage. Il crut entendre un couinement, il se retourna mais ne voyant rien d’inhabituel il le mit sur le compte de la fatigue. Puis le couinement se fit entendre plus fort et cette fois il fut accompagné d’une voix féminine.
- Madame Rayon de Soleil m’a dit qu’elle était passée vous voir…
Le médecin sursauta et se tourna vers la source du bruit. Il vit une silhouette sortir de l’obscurité. Celle-ci se rapprocha encore, c’était une femme avec de longs cheveux bruns, une grande robe rouge, un manteau noir qui descendait jusqu’à ses mollets et dans ses bras un petit chien. Effrayé l’homme eut un mouvement de recul et tenta de reprendre son souffle.
- Que… que faîtes-vous ici ?
- Madame Rayon de Soleil voudrait savoir ce sur quoi vous et la professeur travaillez…
Au fur et à mesure qu’elle parlait, Drusilla s’avançait. Elle était maintenant tout près de lui.
- Je… je ne comprends pas…
La vampire l'interrompit en posant son doigt devant ses lèvres.
- Chut…
Elle regarda au plus profond de ses yeux cherchant son regard puis pointa de deux doigts les yeux du médecin qui semblait hypnotisé et les ramena au siens.
- Tu es à moi, murmura-t-elle.
L’homme ne bougeait plus, il était entièrement sous son contrôle.
- Madame Rayon de Soleil aurait voulu voir le dossier de l’une de vos patientes, c’est une vielle connaissance… Vous devriez la connaître sous le nom de Jenny Calendar.
La bohémienne se trouvait dans son nouvel appartement, elle venait de récupérer les clefs, la propriétaire était partie depuis une dizaine de minutes. Elle observait le salon et imaginait comment ce serait avec ses nouvelles affaires. Parfois elle pensait qu’elle recommençait une nouvelle vie or c’était toujours elle, Janna Kalderash. Mais la personnalité d’une personne est définit par tellement d’éléments, elle devait avoir beaucoup évolué en deux ans. Où en était-elle vraiment ? Elle se rendit dans la cuisine dans le but de vérifier les espaces de rangements mais remarqua que la propriétaire avait oublié sa veste. Au même instant, on frappa à la porte, elle sursauta. Pensant que la femme revenait récupérer ses affaires elle se précipita pour lui ouvrir.
- Entrez, entrez ! Je crois que vous avez oubl…
Son visage se glaça, la personne qui se tenait devant sa porte n’était pas celle à qui elle s’attendait.
- Merci, dit Angélus.