Sentiments et Ressentiments

Chapitre 4 : Chapitre 3 - Relation tendue

9555 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/03/2015 21:27

Chapitre 3 : Relation tendue

 

 

Karin était adossée contre la porte d'entrée et retenait vainement ses larmes. Il était fiancé ? À cette pensée, ses pleurs redoublèrent d'intensité. Elle courut jusqu'à sa chambre, claqua la porte et s'affala sur son lit, étouffant ses sanglots dans son oreiller pour les dissimuler à Ichigo et Orihime.

« Franchement, ma pauvre Karin tu es ridicule ! Il n'y a pas de quoi se mettre dans des états pareils ! » se moqua-t-elle amèrement. Elle sécha ses larmes tant bien que mal et se dirigea vers sa salle de bain pour se faire couler un bain moussant comme elle en rêvait. La brune ne comprenait pas la raison de ses larmes, elle ne ressentait rien pour le duc... Alors pourquoi éprouver de la tristesse à cette annonce ? Une fois le bain prêt, elle s'immergea dedans en laissant juste la tête hors de l'eau et réfléchit sur ce qu'elle éprouvait.

Qu'est-ce qu'il a de si spécial ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me sortir son visage de la tête ? T'es vraiment irrécupérable, Karin,souffla-t-elle encore plus perdue qu'avant.

Le bain à la rose la détendait peu à peu. Quand elle sortit enfin du bain une demi-heure plus tard, son corps était relaxé mais son esprit continuait toujours à se poser des questions. Décidément cet homme lui faisait trop d'effet pour son propre bien. La jeune fille enroula son corps fin dans une grande serviette mauve et se sécha les cheveux avec une autre plus petite pour tenter de penser à autre chose.

Où es-tu Yuzu ? J'aurais tellement besoin de tes conseils...

 

Dans le salon Ichigo et Orihime se regardèrent, étonnés par le comportement de Karin. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pendant qu'elle était à l'extérieur ?

Je ne suis pas sûre mais je crois qu'elle pleurait, Ichigo, soupira sa femme.

C'est ce que j'ai cru voir aussi, tu sais...

T'as une idée sur ce qui aurait pu se passer toi ?

Non aucune, marmonna le roux en se levant du fauteuil.

Orihime le fixa en se demandant ce qu'il avait l'intention de faire. Son regard déterminé ne laissait présager rien de bon et il valait mieux qu'elle s'en occupe elle-même.

Attends Ichigo, qu'est-ce que tu vas faire ?

C'est pas évident ? Je vais lui demander ce qui se passe, voyons, commença à s'impatienter son mari.

La belle-sœur de Karin lui attrapa le bras et fit signe que ce n'était pas la peine. Orihime savait que la brune ne dirait rien à son frère et qu'il allait s'énerver, donc autant qu'elle y aille elle-même. Karin se confierait peut-être plus facilement à une femme comme elle.

- Lâche-moi Orihime, j'y vais tout de suite, annonça son mari en libérant doucement son poignet.

Non Ichigo, c'est moi qui vais y aller, soupira la jeune femme. Je crois qu'elle a besoin de se confier à une autre femme et tu es un homme, mon chéri.

Non sans blague, la taquina-t-il en se tournant vers elle. Mais je suis son frère, pourquoi elle ne me dit rien ?

Elle te connaît, voilà pourquoi. Si ce qu'elle te dit ne te plaît pas, tu vas t'énerver.

N'importe quoi, bougonna le roux. Je sais rester calme.

Sa femme ne répondit pas et l'enlaça tendrement en déposant un léger baiser sur sa joue. Elle sentit les bras d'Ichigo l'entourer et la serrer contre elle. Orihime aimait cette sensation d'être toujours protégée, elle savait qu'elle ne pourrait plus s'en passer.

D'accord je te la confie, moi je monte me coucher, consentit soudain Ichigo en la relâchant.

Tu vois quand tu veux, fit-elle taquine en lui faisait un clin d’œil. Je te rejoins dans pas longtemps.

Quand son mari partit enfin se coucher, Orihime monta les escaliers et se rendit jusqu'à la porte de la chambre de Karin, en espérant qu'elle ne dormait pas encore. Elle colla son oreille à la porte pour s'en persuader et une fois qu'elle entendit un bruit, elle frappa doucement à la porte.

Dans sa chambre Karin broyait du noir sans parvenir à se changer les idées. Habituellement, l'eau parvenait à l'apaiser mais pas cette fois apparemment. Soudain elle entendit frapper deux coups légers à la porte de sa chambre. Elle se leva et partit ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise de constater la présence de la femme de son frère ! Que venait-elle faire ici à cette heure tardive ?

Je peux entrer ? dit-elle d'une voix douce.

Bien sûr, souffla Karin ne sachant que penser de cette visite nocturne. Quelque chose ne va pas ?

Orihime referma la porte derrière et alla s'asseoir sur le lit défait en invitant la jeune fille à faire de même. Celle-ci soupira, sous le regard amusé de la rousse et la rejoignit enfin sur le lit. Quelques minutes passèrent sans qu'aucune des deux femmes ne prennent la parole. Ce silence pesant était trop pour Karin qui prit la parole d'une petite voix :

Tu voulais me parler, n'est-ce pas ?

En effet, soupira Orihime, ne sachant pas trop par où commencer. Qu'est-ce qui s'est passé pendant ta promenade, Karin ?

À l'entente de cette question, la jolie brune retint sa respiration. Elle savait très bien où sa belle-sœur voulait en venir mais elle fit comme si de rien n'était pour ménager sa fierté.

De quoi tu parles ?

Ne fais pas celle qui ne sait pas de quoi je veux parler, ton frère et moi t'avons entendue rentrer et il nous a semblé percevoir des bruits de sanglots, annonça doucement la femme d'Ichigo pour ne pas la brusquer.

Oh non ! Mais quelle poisse, se dit Karin. Elle n'avait pas été assez discrète sur le moment. Mais comment faire tourner ça à son avantage sans se faire prendre ? Il fallait vraiment qu'elle trouve un moyen de faire diversion, ou du moins ne pas révéler la vraie raison de ses pleurs... Elle dirait une autre vérité moins difficile à révéler.

Je songeais à ma mère, répondit enfin Karin, des sanglots dans la voix. Si tu savais comme elle me manque...

Orihime sourit tristement sans répondre et prit la brune dans ses bras. Elle aurait dû se douter qu'il s'agissait de ça... Mais tout ce que la jeune femme pouvait faire pour elle, c'était être présente et la soutenir comme elle le pouvait.

Au bout de quelques minutes, Karin se leva et alla en direction de la fenêtre. Elle regardait tristement le ciel couvert de nuages. Il était vrai que sa mère lui manquait encore énormément et elle ne savait que faire pour combler cette cruelle absence.

Merci Orihime, chuchota-t-elle sans la regarder.

Je t'en prie, ma chérie, c'est normal, répondit la femme d'Ichigo avec un sourire. Je vais te laisser te reposer, annonça-t-elle en ouvrant la porte de la chambre. Bonne nuit et repose-toi bien.

Bonne nuit...

Alors que la jeune femme rousse fermait la porte derrière elle, Karin poussa un soupir de soulagement et de douleur mêlés. Pourquoi ce pincement au cœur quand elle avait appris le mariage imminent du duc ? Pour elle, il n'était personne mis à part son sauveur deux ans plus tôt. Mais c'était le seul lien qui les unissaient, et en plus il ne se souvenait pas d'elle. Rien d'étonnant. La jeune fille se coucha dans son lit en soupirant encore une fois et se dit qu'elle allait passer une nuit d'enfer.

 

En ouvrant les yeux le lendemain matin, Karin se sentait plus fatiguée que jamais. On aurait qu'elle n'avait quasiment pas dormi de la nuit et c'était le cas. Ses pensées avaient tourné en boucle dans sa tête pendant une bonne partie de la nuit et ce n'était qu'au petit matin qu'elle put finalement trouver le sommeil.

Tout était encore embrouillé mais la jeune fille secoua la tête et se leva pour se diriger dans sa salle de bain afin de prendre une douche qui la réveillerait définitivement. Mais avant qu'elle ne put atteindre la salle d'eau, la porte de sa chambre s'ouvrit doucement pour laisser passer Orihime rapportant un plateau.

Comment vas-tu ce matin, Karin ? s'enquit la jeune femme en le posant sur le lit.

Disons que ça peut aller...

Tiens, je te laisse ça ici, ça va te requinquer, fit la rousse en désignant le petit déjeuner qu'elle avait préparé.

Merci Orihime, déclara Karin avec un sourire.

Et surtout ne tarde pas trop, ton professeur arrive dans à peine deux heures, lui rappela sa belle-sœur avant de sortir de la chambre.

En soupirant bruyamment, la brune retourna vers son lit pour prendre son petit déjeuner, elle prendrait son bain après. Tandis qu'elle mastiquait un morceau de pain beurré, la jeune fille se mit à songer tristement que c'était le soir même que le duc était invité à dîner. Il ne fallait en aucun cas qu'elle montre avoir été affectée par la nouvelle de son mariage. « Plus facile à dire qu'à faire, n'est-ce pas Karin ? » songea-t-elle, narquoise.

Une fois son repas terminé, elle se dirigea – pour de bon, cette fois – dans la salle d'eau afin de se préparer pour son cours de danse. Sans qu'elle ne puisse l'empêcher, le beau visage froid de Toshiro Hitsugaya apparut devant ses yeux. Karin secoua violemment la tête pour faire partir cette image inopportune. Décidément, plus le temps passait et plus elle pensait à lui. Pourquoi, bon sang ? La jeune fille en avait par dessus la tête et en plus, elle ne voulait pas le voir au dîner. Que la vie était compliquée !

L'eau du bain coulait sur elle comme pour la débarrasser des choses inutiles, la chaleur réussissait à la calmer. Quelques minutes plus tard, la voilà sortie de la baignoire. Elle enfila ses vêtements le plus rapidement possible et descendit à toute vitesse dans le salon rejoindre Orihime qui devait l'attendre. Il ne fallait plus qu'elle pense aux cheveux de neige et aux yeux turquoises du duc mais heureusement, le cours de danse allait l'aider à penser à autre chose.

Tout va bien Karin ? s'inquiéta soudain Orihime en tournant la tête vers elle.

Oui, ne t'en fais pas... Le bain m'a requinquée, assurai-je en souriant.

Tant mieux alors, soupira la rousse, du soulagement dans la voix. Ne cherche pas ton frère, il est parti au château de bonne heure et reviendra ce soir en même temps que Sa Grâce, annonça-t-elle avec un petit sourire.

Orihime ne savait pas ce qui avait pu se passer pendant sa promenade nocturne mais elle pensait avec raison que quelque chose ou quelqu'un aurait pu bouleverser Karin d'une manière ou d'une autre. En tout cas, la sœur de son mari semblait en effet aller mieux que la veille au soir, même si elle sentait que ce n'était qu'une façade.

Je m'en doutais, fit la jeune fille en réprimant un soupir de résignation. Et tu sais à quelle heure ils vont arriver, Orihime ?

- En début de soirée, c'est tout ce que je sais, répondit-elle en se levant soudain du canapé. J'ai entendu du bruit, je vais voir ce que c'est...

Aussitôt dit, aussitôt fait. Karin vit sa belle-sœur aller précipitamment à l'entrée dans le but de vérifier s'il y avait quelqu'un. La brune ne fut pas surprise de remarquer la présence de son professeur de danse au côté de celle-ci lors de son retour dans le salon. Elle se leva et salua son professeur avec une révérence tandis que lui s'inclinait.

Comment va mon élève en ce si bon matin ? demanda Hisagi en se relevant.

Bien merci et vous ?

Très bien.

Il enleva son manteau et le passa à Orihime qui attendait juste à côté de lui. Une fois débarrassé de son vêtement, le professeur fit face à Karin et lui dit :

Et si nous commencions le cours ?

Volontiers !

Les politesses échangées, la jeune sœur d'Ichigo se dirigea avec Hisagi dans la grande salle réservée au cours de danse de la jeune fille. Tandis que Karin se préparait mentalement, le jeune homme se dirigea vers le petit orchestre que le couple Kurosaki avait fait appeler pour leur donner ses instructions. Sa tâche accomplie, il revint auprès de Karin pour lui expliquer ce qu'il attendait d'elle pour ce cours.

Voilà, je vous propose de revoir la valse en premier temps, vu que c'est celle que vous maîtrisez le mieux. Ça vous va ?

Bien sûr !

Alors commençons.

La musique commença à résonner dans la grande pièce. Le professeur et son élève se déplaçaient avec grâce et légèreté sur la piste de danse. On aurait dit que la brune avait fait cela toute sa vie. Au bout de quelques minutes, la musique cessa. Les deux danseurs se saluèrent et Karin attendait avec une appréhension dissimulée l'avis de son professeur.

Pour ce qui est de la valse, je crois que vous la maîtrisez à présent.

Un sourire ravi illumina le visage de l'élève qui ne croyait pas avoir réussi. On pouvait lire du soulagement dans ses prunelles sombres.

Mais il faudra tout de même continuer à la pratiquer pour ne pas perdre ce que vous avez appris, continua Hisagi d'une voix sérieuse.

Rien de mieux que la pratique !

En effet...

Le cours continua encore pendant plus d'une heure avant de faire une pause bien méritée. Au bout de ce laps de temps, les deux danseurs étaient à bout de souffle. Sur une petite table, Karin vit qu'Orihime avait apporté des rafraîchissements ainsi que des petits gâteaux. Elle avait dû penser qu'ils en auraient besoin après l'effort. La jeune fille la reconnaissait bien là et elle eut un sourire amusé.

Karin et son professeur allèrent s'asseoir sur le petit canapé et mangeaient tout en parlant. Puis tout à coup, Hisagi aborda un sujet qu'elle n'avait pas envie d'entendre.

Vous êtes sûre que vous allez bien ? À un certain moment du cours, vous m'avez parue ailleurs...

Des pensées désagréables, rien de plus, assura la jeune fille voulant en rester là.

Le jeune homme retint un soupir en entendant la réponse laconique de son élève. Il n'avait pas rêvé, il avait bien aperçu pendant un cours instant un voile de souffrance sur le visage de Karin. Mais que cachait-elle ? Que lui était-il arrivée ?

Quelle est cette souffrance que vous portez en vous ? lâcha soudain Hisagi sans détourner les yeux de son élève. Que vous est-il arrivée dans votre vie ?

La réaction de Karin ne déçut pas le brun qui s'y attendait. Elle était choquée et ne bougeait plus du tout en gardant le silence. Des larmes apparurent dans ses yeux noirs sans qu'elle ne puisse les retenir. La jeune sœur d'Ichigo ne voulait pas que son professeur les remarque mais c'était trop tard. En voyant le visage étonné de celui-ci, Karin se résolut à lui parler de sa vie sans tout lui dire évidemment.

Je suis née dans une famille pauvre et j'ai une sœur jumelle, Yuzu. Ma mère avait très peu de moyens mais nous parvenions à vivre tant bien que mal, commença-t-elle son récit.

Et votre père ? s'enquit le jeune homme.

Je ne l'ai jamais rencontré, souffla la jeune fille. Tout ce que je sais de lui, c'est mon frère qui me l'a dit. Je sais qu'il s'appelle Isshin Kurosaki, qu'il a un caractère étrange mais d'après mon demi-frère, c'est un homme bon.

Karin s'interrompit quelques secondes pour reprendre le contrôle de ses émotions qui menaçaient de déborder à tout moment. Quand cela fut fait, elle reprit son histoire :

Avec ma jumelle, nous étions très proches. Nous pouvions nous comprendre sans même avoir besoin de se parler... Puis il y a deux ans et demi de ça, elle a trouvé un travail et est partie de la maison... Ma sœur nous envoyait de l'argent pour nous aider à vivre correctement...

Pourquoi parlez-vous de votre sœur jumelle au passé ? s'étonna le brun.

J'y viens justement, annonça la jeune Kurosaki d'une voix chevrotante. Six mois après son départ de la maison, notre mère rendit l'âme dans son sommeil et je me suis retrouvée seule dans la maison où j'ai grandi...

Des larmes de tristesse coulèrent sur les joues de Karin qui n'arrivait plus à les retenir. Ce souvenir était toujours aussi douloureux pour elle, décidément. Elle qui croyait pouvoir en parler plus ou moins calmement... La brune continua son histoire malgré ses larmes :

A peine deux mois après le drame, mon frère m'a retrouvée. Jusqu'à ce moment, j'ignorais que j'avais encore de la famille mise à part ma sœur... J'ai été vraiment surprise quand je l'ai appris.

Vous ignoriez l'existence de votre frère ? Étonnant...

N'est-ce pas ? soupira la jeune fille en baissant la tête. J'avais des nouvelles de ma sœur deux fois par mois environ. Mais j'ignore pourquoi, je n'en reçois plus aucune depuis deux mois, j'ai peur qu'il ne lui soit arrivée quelque chose...

Karin n'avait pas révélé à dessein sa rencontre fortuite avec le duc Hitsugaya. Elle voulait ne plus y penser... Ce récit l'avait épuisée, elle ne pensait pas que cela la fatiguerait autant.

Son professeur quant à lui était vraiment surpris des révélations de son élève. Il n'avait pas imaginé que sa vie ait été aussi difficile. Il comprenait maintenant d'où lui venait cette souffrance. Le jeune homme se leva et avec un sourire en coin, lui dit :

On reprend ?

La brune donna son accord avec un hochement de tête.

 

Tous ces papiers finiraient par causer sa perte, le duc en était certain. Depuis le matin, son régisseur et lui ne faisaient qu'étudier les différents documents qu'il avait reçu la veille. Le jeune homme poussa un soupir de frustration et de fatigue mêlées, ce qui attira l'attention de son régisseur sur lui.

Tout va bien Votre Grâce ?

Le duc pouvait entendre une légère inquiétude dans la voix du jeune homme. Il avait vraiment besoin de changer d'air, tout cela lui tapait sur les nerfs et il ne savait plus comment se sortir de là. Et en plus, la lettre étrange qu'il avait reçu l'intriguait au plus haut point et l'empêchait de se concentrer.

Ne vous en faites pas, Kurosaki, une mauvais passe, rien de plus, mentit le jeune duc.

Très bien.

Les deux hommes se replongèrent dans les nombreux dossiers qui jonchaient le bureau ducal. Ichigo avait très bien vu que quelque chose tracassait son employeur mais jugea bon de ne rien dire pour le moment, pour ne pas l'énerver.

Je crois que nous avons terminé pour aujourd'hui, Votre Grâce, annonça le jeune homme roux en s'étirant sur son siège.

En effet, Kurosaki, acquiesça Hitsugaya, comme soulagé. Nous avons rendez-vous dans une heure chez vous, il ne faudrait pas se mettre en retard, lui rappela-t-il en tournant la tête vers lui.

Oui mais il faut dire que nous avons mis plus de temps que prévu...

N'en parlons plus, il est temps d'aller se préparer, trancha le duc.

Très bien, je vous attendrai ici alors.

Le jeune duc ne répondit pas et se dirigea vers la porte du bureau et l'ouvrit. Puis avant de sortir, il tourna son regard turquoise vers son régisseur et déclara d'une voix d'où on pouvait percevoir un peu d'amusement :

Je ne me perdrai pas, vous savez, mon ami...

- Je le sais bien.

Une fois le duc sorti de la grande pièce, Ichigo poussa un soupir de résignation. Il espérait que sa sœur cadette ne fasse pas de vague pendant le dîner. Mais il la connaissait, donc il valait mieux se montrer prudent. Le jeune homme ignorait toujours ce qui s'était passé durant sa sortie nocturne de la veille mais il avait comme un mauvais pressentiment.

Karin, que me caches-tu ? chuchota-t-il pour lui-même.

Toshiro, de son côté, attendait que son valet personnel lui sorte ses vêtements pour la soirée. Le jeune homme retint un soupir agacé, il trouvait que Tamashi mettait un temps fou pour choisir quelques pauvres vêtements. Pourquoi cette impatience soudaine ?

Il n'était pas du genre à perdre son sang-froid pour ce genre de broutilles. Était-ce le fait qu'il allait revoir la jeune Karin qui le mettait dans cet état ? Ridicule, se dit-il en secouant la tête.

Avec soulagement, le duc vit enfin Tamashi revenir de son dressing avec un pantalon noir avec sa veste assortie et une chemise d'une blancheur immaculée. Son valet déposa son fardeau sur le lit de son maître tout en lui lançant un regard oblique puis sortit sans un mot.

Le seigneur n'avait pas fait attention au regard étrange lancé par son domestique et entreprit de s'habiller rapidement afin de rejoindre son régisseur qui l'attendait encore dans son bureau pour partir chez lui.

 

Le jeune valet courut dans les cuisines où tout le monde se réunissait pour prendre le thé. En arrivant, il s'aperçut qu'il était le dernier arrivé.

Désolé, je devais m'occuper de Sa Grâce, s'excusa le jeune homme tout essoufflé.

Il reprit son souffle calmement en se dirigeant vers la chaise restante. Puis une fois installé et calmé, il reprit la parole sur un ton de conspirateur :

Vous voulez que je vous dise quelque chose de très intéressant ?

Vas-y, dis ! s'exclama Aika, impatiente.

Les autres domestiques ne cachaient pas non plus leur curiosité. Donc Tamashi se mit en devoir de répondre :

- Le duc semblait vraiment fébrile quand je l'ai quitté et je me demande ce qui a bien pu se passer...

Il est vrai que ça ne lui ressemble pas, songea Miyako à voix haute. Peut-être qu'il a fait une rencontre...

- Quel genre ? dit Shin le majordome.

La cuisinière sourit, amusée par son idée et daigna enfin répondre :

Une belle jeune fille, qui sait ?

Tous trouvèrent cette idée vraiment intéressante et avaient hâte de voir ce que cela allait donner pour leur jeune maître. Ils finirent leur thé en silence puis reprirent leurs activités avec le sourire. Oui vraiment, ils voulaient voir ce qui allait se passer dans les semaines à venir.

 

Bon, le cours est terminé pour aujourd'hui, annonça le professeur avec un léger sourire.

Karin sursauta à ces paroles car elle ne s'y attendait pas maintenant. Elle pensait encore avoir un peu de temps devant elle. Le cours était vraiment passé trop vite, soupira-t-elle intérieurement.

- D'accord, acquiesça la jeune fille.

Sur ces mots, ils se rendirent ensemble dans la salon où Orihime lisait un livre tranquillement assise sur le canapé. À leur arrivée, elle leva brusquement la tête et afficha un sourire.

Alors, tout s'est bien passé ?

Très bien même, dit Hisagi avec un soupçon de fierté dans la voix. Il est temps que je parte, maintenant. À bientôt, Mesdames !

Le jeune homme s'inclina et prit congé. Une fois seules, les deux femmes soupirèrent en chœur, ce qui les fit sourire. Karin prit place pour quelques instants aux côtés de sa belle-sœur afin de récupérer un peu d'énergie.

- Tout va bien Karin ? Tu m'as l'air ailleurs... fit remarquer la rousse en tournant la tête vers elle.

La jeune fille n'entendit pas la question, elle était complètement perdue dans ses pensées. Elle se demandait comment elle allait se comporter avec le duc, elle ne savait pas comment réagir face à lui. Le fait qu'il soit fiancé l'avait chamboulée sur le coup mais elle s'en était remise à présent – enfin elle voulait le croire.

Karin sentit soudainement un main sur son épaule qui lui fit faire un bond de surprise. Elle remarqua alors le visage inquiet d'Orihime et se sentit coupable.

Désolée, Orihime... J'étais perdue dans mes pensées, s'excusa la jeune fille en baissant la tête.

Ne t'en fais pas, la rassura la jeune femme. Je voulais juste savoir si tout allait bien.

Oui, c'est bon.

Un silence pesant s'installa entre les deux. Elles ne savaient pas quoi faire pour le dissiper. Puis Orihime se leva et prit la main de Karin pour la conduire dans sa chambre. La jeune fille suivit sans discuter, elle était épuisée par son cours de danse et par ce qui l'attendait le soir-même.

Bon il est temps de te préparer correctement pour le dîner de ce soir, on a juste assez de temps !

Quoi ? s'écria Karin. Mais je veux rester comme d'habitude !

Orihime soupira pour la forme. Elle savait très bien que la brune allait protester mais elle n'avait pas le choix.

Non, Karin, trancha la rousse. Tu ne veux pas faire honte à ton frère devant le duc, n'est-ce pas ?

La jeune fille tressaillit à ces mots. Orihime tapait là où ça faisait mal et elle la connaissait assez pour savoir comment la brune allait réagir.

Non, bien sûr que non, souffla-t-elle. Mais je pourrais quand même donner mon avis ?

Bien sûr ! Bon va prendre ton bain, il est prêt. Pendant ce temps, je choisirai deux ou trois robes que tu pourrais porter pour ce soir, fit Orihime en ouvrant les portes de l'armoire.

Sans répondre, Karin se dirigea vers la salle d'eau et ferma la porte derrière elle. Elle se dévêtit assez rapidement et entra dans le bain parfumé à la cerise, cette fois. La jeune soupira d'aise, son corps était tout courbaturé et l'eau chaude lui fit du bien.

Mais toutes les bonnes choses avaient une fin car vingt minutes plus tard, elle entendit Orihime lui dire de sortir du bain. La jeune fille obtempéra en soupirant bruyamment. Elle s'enroula dans un drap de bain vert et alla dans sa chambre rejoindre sa belle-sœur qui l'attendait avec impatience.

Pourquoi tu fais cette tête, Karin ? On dirait que tu vas à un enterrement, dit Orihime avec une lueur d'interrogation dans le regard.

C'est tout comme, murmura la brune sans la regarder. Je ne veux pas aller à ce dîner, c'est tout.

Pourquoi ? Le duc n'est pas quelqu'un de méchant, tu sais...

Ce n'est pas ça, nia Karin. C'est juste que je suis fatiguée à cause du cours intensif d'aujourd'hui.

Karin espérait que cette excuse suffirait et qu'Orihime ne poserait plus de questions aussi gênantes. Mais c'était trop en demander car elle l'entendit lui dire :

Depuis que tu es revenue de ta promenade nocturne, hier soir, tu te comportes étrangement, lui fit remarquer la rousse. Qu'a-t-il bien pu se passer pendant que tu étais dehors ?

Karin se figea instantanément. Puis pour se donner une contenance, elle but une gorgée de jus de fruit que la femme de son frère avait amené.

Rien d'important, dit Karin d'une voix sans émotion. Bon on s'y met ?

Sans attendre de réponse, la jeune fille passa en revue les deux robes sélectionnées par Orihime. La première était d'un beau bleu indigo, parsemée de paillettes dorées. Elle avait de longues manches transparentes et le dos était découvert de moitié. Le tissu de la robe était de la soie et il tombait de manière fluide et aérienne jusqu'aux chevilles. La deuxième, en revanche, était noire, en soie également et plus courte que la première. Celle-ci lui arrivait en dessous des genoux. Toute simple, elle était ornée seulement d'une fleur dorée au niveau du décolleté.

Orihime, surprise du comportement de la sœur d'Ichigo, ne disait rien. Elle paraissait réfléchir sur le comportement de Karin. La jeune femme percevait sa tristesse mais n'en comprenait pas la raison. Bon, il est vrai que sa sœur jumelle devait énormément lui manquer mais la rousse sentait qu'il y avait autre chose. Une chose qu'elle cachait au plus profond d'elle pour que personne n'y ait accès.

Décidément, Karin était vraiment une énigme... Elle était encore plus mystérieuse que son frère aîné... Elle interrompit le cours de ses pensées quand elle vit Karin avancer vers elle vêtue de la robe indigo.

Alors, qu'en penses-tu Orihime ? demanda Karin avec un brin d'appréhension.

Tu es... vraiment magnifique Karin ! s'extasia la rousse après quelques secondes de silence.

Et encore le mot était faible. La couleur de la robe rappelait celle de ses yeux et contrastait à merveille avec la blancheur de sa peau. Les paillettes faisaient penser aux étoiles brillant parfois dans les prunelles de la jeune fille. Le vêtement épousait à merveille le corps svelte de Karin.

J'en connais un qui va être surpris, fit Orihime sur un ton taquin.

Qui ? Mon frère ?

Tout à fait !

Karin esquissa un sourire amusé à cette idée. Mais en tournant son regard vers la fenêtre de sa chambre, son sourire s'évanouit aussitôt. Elle aperçut le carrosse ducal pénétrer dans la cour du manoir. Elle vit Orihime descendre et l'entendit à peine lui dire de la rejoindre dans une dizaine de minutes.

Le cœur de Karin se serra à la vue de la chevelure de neige du duc. Elle ne comprenait vraiment pas ce qui lui arrivait. Pourquoi se sentait-elle si triste et malheureuse ? Elle ne pouvait pas nier qu'il était vraiment beau mais il n'était pas dans le même monde qu'elle. Rien que ce constat la déprimait.« Quelle idiote je fais, franchement... Karin reprends-toi sérieusement » s'admonesta-t-elle.

La jeune fille soupira un bon coup et ouvrit la porte de sa chambre sans faire de bruit. Elle descendit lentement les escaliers et la première chose qu'elle vit en relevant la tête était le regard turquoise du jeune seigneur. Il paraissait vraiment surpris. Mais de quoi ? En détournant le regard, elle continua de descendre sous l’œil attentif de son frère et du duc.

À cette apparition, Toshiro retint son souffle. Il se reprit rapidement mais ne parvenait pas détourner ses yeux de la sœur de son régisseur. Son cœur tambourinait furieusement dans sa poitrine, comme sous le coup d'une émotion violente. Elle était vraiment parfaite ainsi. « Arrête ça maintenant, ce n'est pas le moment de craquer pour elle » se fustigea-t-il durement. Après tout il allait se marier dans un peu plus de deux mois.

En voyant Karin détourner le regard en rougissant légèrement, Orihime comprit ce qui se passait. Mais jamais elle n'aurait pu imaginer une chose pareille. Un léger sourire attendri naquit sur ses lèvres à cette pensée. Qui aurait pu deviner que la petite sœur de son mari craquerait sur le duc ?

Bonsoir, Mademoiselle Kurosaki, la salua Toshiro en s'inclinant légèrement. Ravi de vous revoir.

Bonsoir, Votre Grâce et ravie de vous revoir également, répondit Karin en exécutant une révérence.

Sa voix lui donna des frissons dans son dos.

Tout va bien depuis hier soir ?

La jeune fille sursauta à cette question inattendue. Elle observa du coin de l’œil le visage de son frère et sa femme et ils semblaient tous les deux étonnés.

Hier soir ?

Oui en effet, expliqua la brune à son frère. Nous nous sommes rencontrés par hasard pendant ma promenade, dit-elle en donnant le moins de détails possibles.

D'accord.

Orihime invita tout le monde à la suivre dans la salle à manger, tout en réprimant un sourire de victoire. Ainsi donc, elle avait croisé le duc pendant sa promenade nocturne, tout devenait clair à présent.

Toshiro proposa son bras à Karin qu'elle accepta en s'efforçant de ne pas le regretter. Elle sentait la chaleur de son corps à travers ses vêtements et baissa la tête pour que personne ne remarque ses rougissements. Mais malheureusement pour elle, sa belle-sœur avait remarqué sa gêne.

Le jeune seigneur, lui, sentait la douceur de la peau de la brune sous ses doigts, ce qui le troubla plus que de raison. Il l'accompagna jusqu'à sa chaise et la fit asseoir. Elle le remercia avec un sourire timide.

Orihime suivait la scène avec intérêt, n'en lâchant aucune miette. Ainsi donc, le jeune duc n'était pas insensible au charme de Karin... Tout cela allait devenir intéressant, mais la rousse se souvint rapidement que le jeune homme allait se marier dans peu de temps. Quel dommage ! Elle soupira intérieurement tandis qu'elle prit la direction de la cuisine pour aller chercher des amuses-gueules ainsi que des rafraîchissements.

Ichigo se demandait non sans peine ce qui se passait sous ses yeux. Il n'espérait pas qu'il s'agissait de ce qu'il pensait parce que si c'était le cas, sa sœur allait inévitablement souffrir. Pour se distraire de ses sombres pensées, le jeune homme roux demanda à sa sœur avec un léger sourire :

Ton cours de danse s'est bien passé aujourd'hui, Karin ?

Oui, Ichi-nii, répondit-elle en levant les yeux. Mon professeur m'a même dit que maintenant, je maîtrisais la valse parfaitement.

Bien, petite sœur.

Hitsugaya écoutait attentivement la conversation du frère et de la sœur. Il réprima un sourire amusé en entendant la fierté dans la voix de la jeune fille.

 

Un cachot. Plein de saletés et de sang séché. Une jeune femme pleurait silencieusement, des larmes coulant le long de ses joues meurtries. Tout son corps était recouvert de blessures mal soignées et certaines commençaient même à s'infecter. Enchaînée à un mur, elle sentait les chaînes lui blesser la peau des poignets.

Depuis combien de temps était-elle ici ? Elle ne savait plus, elle avait perdu la notion du temps. En effet, elle ne voyait pas la lumière du jour et était nourrie selon le bon vouloir de son geôlier, donc très peu. Ses forces l'abandonnaient de jour en jour un peu plus.

Soudain elle entendit le bruit familier de la porte de sa cellule qui s'ouvre. Un homme s'approcha d'elle, menaçant. Elle n'avait jamais vu son visage à cause de la cape qui le recouvrait entièrement. Mais sa voix, jamais elle ne pourrait l'oublier.

Comment vas-tu, ma jolie ? demanda-t-il avec un sourire dans la voix.

Qu'est-ce que ça peut vous faire ? cracha-t-elle. Je sais que ça vous amuse, tout ça...

L'homme gardait le silence mais elle pouvait deviner son sourire cruel qui étirait ses lèvres. Elle réprima un frisson d'effroi quand elle sentit sa main effleurer la peau de cou. Jamais elle ne serait faible devant lui, elle s'en était fait le serment. Il approcha son visage du sien et souffla dans son oreille :

Tu n'as pas idée, ma belle, confirma-t-il.

Son ravisseur déposa devant elle son repas de la journée composé de riz froid et il détacha une de ses mains pour qu'elle puisse manger seule.

Bientôt, tu auras de la compagnie, je te le promets, ma petite, fit-t-il en refermant sa cellule. Je reviendrai plus tard.

La jeune fille s'était figée à l'annonce de son tortionnaire.

Non ! Vous n'avez pas le droit ! Laissez-la tranquille !

Le rire machiavélique qu'elle connaissait bien à présent résonnait à ses oreilles. Ses larmes se remirent à couler, redoublant d'intensité.

Je t'en prie, fais attention à toi, petite sœur, souffla-t-elle tout bas entre deux sanglots.

Elle entama son repas, sans grande conviction. Mais elle devait rester en vie. Il le fallait. Pour elle.

 

Le dîner se passait bien, tout le monde se mêlait à la conversation. Orihime parlait avec Karin qui ébauchait de temps à autre un sourire lumineux.

Mais quand la jeune fille tourna la tête vers son frère, elle s'aperçut que le duc la fixait de ses yeux de glace. Elle ne se souvenait plus qu'il était assis juste à côté d'Ichigo. Rougissante, la jeune fille baissa la tête et Toshiro fronça les sourcils.

Pourquoi évitait-elle son regard ? Que lui avait-il fait ? Mais il s'en préoccuperait plus tard car le roux lui posa une question :

Vous allez bien, Monseigneur ?

Oui, tout va bien.

Soudain Orihime mit de la musique, une valse plus exactement. Karin battait la mesure de la tête et le duc l'avait bien remarqué. Il se leva donc et s'inclina devant elle, sous l’œil attendri d'Orihime et soupçonneux d'Ichigo.

Me feriez-vous l'honneur de m'accorder cette danse ? demanda-t-il.

Surprise par cette demande, la brune restait silencieuse pendant quelques secondes puis elle prit la parole avec de la timidité dans sa voix :

Avec plaisir, Votre Grâce.

Karin se leva et prit la main que son cavalier lui tendait et ils se dirigèrent ensemble vers la piste de danse aménagée pour l'occasion, sur l'insistance de la femme d'Ichigo.

Le couple évoluait sur la piste de danse avec grâce et souplesse. Un merveilleux spectacle pour les yeux étonnés du frère de Karin et pour ceux plein d'émotions de la rousse.

Pour la première fois depuis longtemps, le jeune seigneur se sentait bien, comme apaisé. Il avait l'impression d'être à sa place avec cette jeune fille dans ses bras. Elle virevoltait avec légèreté et elle s'imbriquait si bien contre lui. Jamais avec celle qui était sa fiancée officielle il n'avait connu pareille sensation de bien-être.

Karin se sentait comme une princesse et elle oublia tous ses mauvaises pensées. Elle ne pensait à rien d'autre que son cavalier. Elle croisa son regard turquoise et fut instantanément happée par leur intensité. Elle se retint à grand peine de rougir pour ne pas montrer sa gène. Le contact de sa main dans la sienne lui faisait parcourir des frissons le long de sa colonne vertébrale. Mais que lui arrivait-il ? Elle aurait voulu que ce moment de bonheur dure éternellement mais toutes les bonnes choses ont une fin.

À la fin de la musique, le duc s'inclina devant la jeune fille et celle-ci exécuta une révérence.

Merci pour cette danse, fit le seigneur en se relevant.

C'est moi qui vous remercie, Votre Grâce, assura-t-elle en baissant les yeux.

Votre professeur disait vrai : vous dansez la valse parfaitement à présent, la complimenta le duc.

Une lueur de fierté et de reconnaissance brillait dans les prunelles de Karin. Elle était heureuse d'avoir eu un compliment du jeune homme. Ils retournèrent tous les deux à leur place pour commencer le dessert.

Rien à dire, Karin, dit soudain Orihime. Tu ressemblais à une fée, tu étais si belle...

Merci, Orihime.

Mon ange, tu vois bien que tu la gènes, lui fit remarquer Ichigo, attendri.

Sa femme mit sa main devant sa bouche avec une expression d'excuse sur le visage. Karin ne pouvait s'empêcher de rire à cette vision.

Le rire de la jeune fille était agréable à écouter, songea le duc sans cesser de la regarder du coin de l’œil. Une musique qui appelait à la danse, voilà ce que cela lui évoquait. Et la voir si joyeuse lui donnait des papillons dans le ventre. Elle était si jolie... Stop ! Il n'avait pas le droit de penser à des choses comme cela, il était promis à quelqu'un d'autre. Il ne l'aimait pas mais ce n'était pas une raison de penser de la sorte.

Toshiro vit soudainement le visage de la jeune fille se fermer et se voiler de tristesse. Que se passait-il ? Puis il se rappela que sa sœur jumelle ne lui avait pas donné signe de vie depuis longtemps. Elle devait se sentir coupable...

Karin se leva de table et se dirigea vers la terrasse pour rester seule. Elle avait besoin de réfléchir sur elle, sa sœur et d'autres choses encore. Pourquoi se mettait-elle dans cet état lorsqu'elle frôlait le duc par accident ? Pourquoi cette peine lorsqu'elle avait appris son mariage ? Pourquoi se sentait-elle si bien à ses côtés, comme si elle était enfin entière ? Lui avait-il jeté un sort ?

La jeune fille était complètement dépassée par tout cela. Puis elle sentit une présence derrière elle, elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qu'il s'agissait du duc. Karin avait reconnu son parfum. Le jeune seigneur vint à ses côtés sans prononcer un mot. Elle-même ne savait que dire.

- Tout va bien ? chuchota Toshiro sans la regarder. Vous avez l'air ailleurs....

La brune retint un soupir sans répondre tout de suite. Elle avait envie de se confier mais elle ne s'en sentait pas le droit. Après tout, ils faisaient partie de deux mondes différents...

Oui, ne vous inquiétez pas, fit la jeune fille. Je pensais juste à ma sœur...

C'est ce que j'ai cru comprendre, lâcha-t-il en se tournant vers elle. Elle vous manque beaucoup...

Si vous saviez à quel point, confirma Karin.

Elle n'avait pas bougé mais sentait parfaitement les yeux de son interlocuteur lui brûler la joue.

Hitsugaya sentait qu'elle ne lui disait pas tout mais il n'avait pas le droit d'insister. Bien qu'il s'inquiète pour elle, la jeune fille n'était rien pour lui. Juste la sœur cadette de son employé. Mais sans en comprendre la raison, il se sentait blessé par la distance que Karin mettait entre eux. Vraiment étrange... Le duc se retourna et partit sans un mot.

Karin ne se sentait pas très bien. Elle savait que c'était de sa faute s'il était parti comme ça, sans rien dire. Cependant, elle n'arrivait pas à trouver la raison. Avait-elle fait quelque chose qui aurait pu le blesser sans le vouloir ? Des questions plein la tête, Karin retourna à l'intérieur et alla directement dans sa chambre sans prendre congé.

Que s'était-il passé pendant leur conversation ? Ichigo ne comprenait pas le comportement de sa cadette. Il voulut aller voir ce qui se passait mais sa femme posa une main sur son bras, lui faisant remarquer que ce n'était pas le moment.

Quelqu'un veut encore du dessert ? proposa la maîtresse de maison avec un sourire.

Volontiers, accepta Toshiro.

Le frère de la jeune fille se tourmentait l'esprit et ne parvenait pas à réaliser ce qui se passait. Le départ de sa sœur l'intriguait et il se demandait si son seigneur n'en était pas responsable, d'une manière ou d'une autre.

Le duc n'en menait pas large, il avait très bien remarqué le regard interrogateur de son employé. Mais il ne savait pas vraiment comment expliquer tout ceci.

Dans sa chambre, Karin réalisa qu'elle s'était mal comportée mais n'avait pas la force de rencontrer encore une fois les prunelles étranges du duc. Elle savait qu'elle allait s'effondrer si elle le faisait. Décidément elle réagissait vraiment bizarrement depuis que le duc était entré dans sa vie. Elle ne se reconnaissait plus : elle n'était pas aussi émotive auparavant. La jeune fille enfila sa tenue de nuit et s'emmitoufla dans la couverture et tenta de s'endormir.

Quelle idiote je fais, murmura-t-elle pour elle-même. Il faut vraiment que je me reprenne.

Sur cette résolution, Karin ferma ses yeux et plongea dans un sommeil peuplé de rêves troublants.

Avisant l'heure tardive, le duc se leva pour prendre congé mais Ichigo comprit son intention. Il invita alors son seigneur à dormir chez lui pour lui éviter de mauvaises rencontres.

Je vous remercie, Kurosaki mais....

Pas de mais, Votre Grâce, le coupa Orihime avec un sourire d'excuse. Vous êtes épuisé, je ne suis pas encore aveugle donc vous dormirez ici, un point c'est tout.

Toshiro esquissa à peine un sourire amusé, la femme de son régisseur était vraiment unique en son genre. Elle n'avait pas peur de lui couper la parole et savait être ferme quand il le fallait. Même avec lui.

Très bien, céda-t-il. J'accepte votre invitation.

En plus, il aurait l'occasion de s'expliquer avec la brune, le lendemain. Cela le conforta dans sa décision. Il suivit Orihime au premier étage et ouvrit une porte qui donnait sur une chambre d'ami.

Voilà, fit la jeune femme. Cela vous convient ?

C'est très bien, assura-t-il avec un léger sourire.

Bonne nuit, Votre Grâce, fit-elle en fermant la porte.

Vous de même.

Une fois seul, le jeune duc rumina ses sombres pensées. Son mariage approchait à grand pas et il ne savait pas comme l'éviter. Dieu seul savait à quel point il n'aimait pas sa fiancée. Être obligé de passer sa vie avec quelqu'un comme elle lui donnait la nausée.

Puis le beau visage de Karin lui apparut devant les yeux. Qu'avait-elle de si spécial ? Pourquoi pensait-il sans cesse à elle ? Pourquoi ses yeux étaient-t-ils si envoûtants ? Au lieu de délirer, il se dévêtit et se coucha en sachant d'avance qu'il n'allait pas encore beaucoup dormir cette nuit.

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