Avant qu'Henry ne revienne
Chapitre 7 : Dependency Inversion (Inversion de dépendance)
548 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 05/12/2022 16:13
1964
Joey força sa main à arrêter de trembler et recommença à écrire. Il ne devait pas montrer que cette lettre était différente de toutes celles qu'il avait envoyées au cours des dernières années, car il était persuadé que Caym gardait un œil sur lui, même enfermé. Son cœur battait trop vite, mais son stylo glissait doucement sur le papier jaune. Comme il avait fait à chaque fois, il utilisait celui qui venait du Faux Studio. Le pouvoir du démon le contraindrait à venir, même s'il était presque sûr qu'il n'en aurait pas eu besoin.
Henry avait toujours été trop gentil pour son propre bien.
Il n'y avait aucune raison que Caym soupçonne quoi que ce soit. Joey avait continué à faire semblant de faire des expériences, même après avoir perdu espoir, et même après avoir définitivement refermé la porte. Si tout se passait bien, le démon ne verrait dans sa venue qu'un sacrifice de plus. Pourtant, l'animateur à la retraite était beaucoup plus que ça. Joey avait beau ne pas avoir atteint son but car il n'avait jamais été censé gagner, il avait quand même compris quelque-unes des règles du jeu corrompu auquel le démon l'avait fait jouer.
Il signa de son nom. Même le texte était le même, à peu de choses près. Pourtant, il n'avait jamais eu autant besoin que cela fonctionne. Il fallait qu'Henry vienne. Cela le terrifiait de devoir compter sur quelqu'un d'autre, lui qui avait toujours vécu que pour et par lui-même. Joey n'attendait rien, de personne. Il avait eu besoin d'argent, de connaissances, de moyen, oui, mais c'était les autres qui avaient besoin de lui. Henry aussi. Malgré son talent, malgré le fait qu'il semblait s'attirer la sympathie de tout le monde quand lui devait se fendre de sourires et de mots d'esprit, c'est l'animateur qui avait eu besoin de Joey au début. Sans lui, il n'aurait jamais donné corps à Bendy, personne n'aurait su son nom ni à quel point il dessinait merveilleusement.
Et il n'aurait pas pu l'aider à tuer Caym.
Rien que l'idée lui tordait le ventre. Henry n'allait même pas le faire sciemment, mais s'il réussirait... Joey serait libre de ce marché de dupes qui lui avait pris trente ans de sa vie. C'est tout ce qu'il pouvait faire, et la seule chose qui lui restait à espérer.
Il se relit, aussi calmement que possible. Le jour qui baissait jetait une lumière douce sur la lettre, mais ces derniers temps, il n'arrivait plus à apprécier quoi que ce soit. Il ferma les yeux, soudainement écrasé par l'angoisse. Il fallait que ça marche. Il fallait qu'il vienne. Joey avait tellement besoin de se débarrasser de cette peur permanente, de cet échec cuisant, mais aussi de ce constant rappel de ce qu'il avait fait. Il fallait que ça s'arrête enfin.
Ouvrant lentement les yeux pour ne pas céder à la panique, il tendit la main et attrapa une enveloppe qui semblait trop blanche par rapport au papier. Il respira profondément. Il ne fallait pas perdre pied maintenant, parce que ça allait fonctionner.
Henry viendrait et il ferait ce qu'il fallait.
Joey y veillerait.