WILD GOTHAM 3 : LE SOURIRE DU FOU

Chapitre 7 : Quelques sorts

1527 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/10/2018 18:45

La vision lointaine du village suffit à Ivy pour y sentir un changement. Aucun signe de vie n’émanait de l’endroit, comme des silhouettes en mouvement ou du bruit. Même les cultures semblaient sur le déclin. Était-il encore temps ? S’il demeurait ne serait-ce qu’une mince chance de prendre sa revanche et libérer son peuple de cette emprise maudite, Ivy la saisirait. Elle pénétra dans le village ouvertement. Une attaque furtive serait contre-productive. Même si elle tuait cet esprit malfaisant, son influence néfaste perdurerait. Elle devait le battre au grand jour devant tout le monde.

    

    Il ne se trouvait sur place que les femmes et les enfants. Les regards sur son passage étaient respectueux, impressionnés, ou craintif mais rarement surpris. Ivy avait déjà accomplit tant d’exploits. Revenir du royaume des morts n’en ferait qu’un de plus. Son effet fonctionnait. Personne ne lui barrait la route. Elle se dirigea symboliquement vers la place lui revenant de droit : son tipi au centre du village. Enfin elle vit un homme. Il était étalé à l’entrée de la tente. Le visage plein de sang sans aucune marque de coupure, c’était clair. On avait usé du red hood sur lui. Son regard vide indiquait que le malheureux n’avait pas supporté la douleur, et était tombé dans un état catatonique. Et le pire est que rien chez l’indien n’indiquait un mauvais état de santé. On lui avait donc fait subir ce traitement si risqué inutilement du moins selon les critère d’Ivy.

    

    Ça ne fit que renforcer sa détermination, lorsqu’elle pénétra dans son ancien habitat. Quelqu’un avait déjà prit possession des lieux et disposé ses propres affaires. En se retournant Harley provoqua un léger trouble, tant elle avait changé. Sa robe écarlate avait été découpée juste au-dessus du genou. Sa coiffure était faite de deux longues couettes. Son visage était couvert d’une sorte de poudre blanche avec du noir au niveau des yeux. On aurait dit une sorte de poupée de porcelaine grandeur nature. Comme d’autres elle était surprise de la présence de Ivy, et également réjouit.

    

    « Ivy ! J’ai justement besoin de toi. Je ne parviens pas à recréer le red hood. »

    

    Elle lui demandait son aide ! On nageait dans le surréalisme. Ivy ne se laissa pas troubler.

    

    « Tu viens de le faire. » Dit-elle agacée en désignant l’extérieur où le pauvre indien agonisait.

    

    « Oui, mais ça ne fonctionne pas comme avec Joker. »

    

    Ainsi le coyote se nommait en réalité Joker. Ivy avait déjà prévu une approche spécifique. Toutefois la comédie de Harley lui inspira une autre voie.

    

    « Tu ne me trompes pas. J’ai compris pourquoi le coy... Joker n’a pas réagit normalement au red hood. Tu as essayé de le soigner avant. Sa transformation est la conjugaison de nos deux médecines. »

    

    « Suis-je bête ? » S’exclama Harley en se frappant le front.

    

    Qu’elle perdure dans son cinéma, si ça lui chante. Ivy n’avait pas encore fini de toute façon.

    

    « Tu es comme moi, une guérisseuse. Tu l’as forcément compris. Pourtant le pauvre homme derrière a subit uniquement les effets du red hood sans modification. »

    

    Suite à ces derniers mots Harley abandonna son numéro d’imbécile heureuse, et se fit tremblante. La nouvelle stratégie improvisée d’Ivy fonctionnait. Par conséquent elle continua.

    

    « Pourquoi as-tu fait un test, que tu savais d’avance inefficace ? »

    

    Harley préféra ne pas répondre.

    

    « En fait tu fais semblant de chercher. Mais pour qui ? Ce Joker évidemment. Et dire qu’au début, c’est lui que je considérais comme mon ennemi. Il n’est que ta créature, ton pantin. Du moins tant qu'il ignore ton mensonge. »

    

    « Tu ne peux pas me faire çà. » Cria Harley. « J’ai besoin de lui. Il est parfait. Il est mon chef-d’œuvre. »

    

    « Il n’est qu’un résidu de ta magie perverse de blanche. »

    

    Ça fonctionnait. Les mots suffiraient à démolir le véritable esprit malfaisant venu ravager son village. Sauf que celle qu’elle considérait comme une confrère c’est-à-dire une sorcière, disposait encore d’un tour en réserve. Il s’agissait même de son plus ancien. Durant son enfance le fait d’être une fille et jolie lui valaient doublement d’être classée parmi la caste des idiots. Avec le temps elle avait apprit à retourner ce préjugé à son avantage. Comme dans le cas présent où tout en jouant la menteuse maladroite, elle s’était emparée subrepticement d’un scalpel. A présent qu’Ivy se croyait en position dominante, l’occasion d’agir était venue. D’un coté une coupe vive et imprévisible. De l’autre un corps savamment entretenue par la science des plantes ni trop lourd, ni trop faible.

    

    Un bond en arrière permit à Ivy de survivre et également de sortir du tipi. Puis en se redressant elle réalisa, qu’elle saignait. Pourtant la lame l’avait à peine effleurée. D’où sortait cette arme ? Harley émergea à son tour de l’ouverture de la tente. Enfin elle présentait sa véritable nature en affichant un réel plaisir à bientôt lacérer son adversaire. Les squaws qui avaient suivi à distance Ivy, se rassemblèrent autour des deux femme-médecines. Aucune d’entre elle n’interviendrait. Cet affrontement les dépassait. Ivy eut l’impression de rejouer son combat avec le joker. A la différence que cette fois elle menait le jeu. Elle avait provoqué le combat, et même prévu une tactique. D’ailleurs le moment était venu de l’utiliser.

    

    D’un mouvement circulaire du bras elle jeta une sorte de poudre vers sa consœur. C’était trop ample pour être esquiver. Harley se contenta de se couvrir le visage tout en sachant que cela ne suffirait probablement pas. Elle se doutait aussi qu’un effet néfaste ne serait pas long à venir. Par conséquent elle attaqua. Même si elle conservait sa rapidité, ils manquaient l’effet de surprise et la technique. Ivy vit son geste trop large venir de la droite. Elle pivota et esquiva. Sentant venir le vent de la défaite, la docteur se rua de toutes ses forces en avant. Ivy se décala une fois de plus. Son absence brusque provoqua un déséquilibre. Soudain Harley se rattrapa d’une main sur le sol, comme si elle avait prévu sa chute. La feinte fonctionna. Ivy ne put éviter le véritable assaut. La lame trancha dans son flanc gauche.

    

    Même si elle n’était mortelle, la blessure demeurait grave. Harley se redressa le sourire aux lèvres. La victoire lui tendait les bras. Elle s’approcha afin d’achever l’indienne, lorsque quelque chose la retint par les chevilles. Des racines émergeant du sol grimpaient sur ses jambes. Elles continuèrent de progresser paralysant ainsi l’ensemble de son corps. Perdue au milieu de ce cauchemar Harley fixa son ennemi. Elle seule détenait l’explication. Ivy était devenue trouble. Et sa voix raisonnait de partout.

    

    « Tu vas payer pour le mal, que tu as insufflé ici. »

    

    Suite à ces paroles les racines se mirent à étrangler la docteur. Face à cette situation sans le moindre semblant de logique, n’importe qui aurait sombré. Mais pas elle. Elle ne pouvait pas mourir. Sa création comptait sur elle. Jamais elle ne l’abandonnerait. Harley expulsa toute sa rage dans un cri bestial. C’est alors que tout disparu. Plus de plantes, plus d’étranglement, plus de voix, rien que les ténèbres. Puis elle se sentit bercée. Une sorte de coup de tonnerre se fit entendre. Ensuite quelqu’un l’appela, quelqu’un d’incroyablement doux.

    

   

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