L’Ange de Pandora

Chapitre 19 : La Voie de l’Ange, Rencontre avec Eywa

6434 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/02/2024 11:00

Résumé :

 

Michaela et ses enfants attendent de voir ce que le sort leur réserve au Château Escargot. Ils vont recevoir de la visite : amis ou ennemis ?



La Voie de l’Ange

Chapitre 19, Rencontre avec Eywa

 

a) Les rivaux :

 

« Ou suis-je ? »

 

J’étais perdue, seule, nue, sans armes, au milieu de la forêt sombre et impénétrable.

Sous mes pieds, dans l’humus en décomposition, je sentais grouiller de vers, des mille pattes, des limaces et autres créatures immondes.

Ou que j’allais la forêt se poursuivait sans limite. J’avais peur…

 

Soudain il apparut le Sauvage, le Pandorien blanc à rayures bleues que j’avais vu après avoir tué la bête.

 

Il me prit dans ses bras pour m’arracher au sol grouillant et malsain. Son corps musclé était chaud et rassurant. J’étais bien…

 

 

Mais Nova apparut peu après. Sa peau blanche comme de l’ivoire brillait. Il était immense. Il dit d’une voix grave et forte :

 

« Cette femelle est à moi. Tu n’es pas digne, Sauvage ! »

 

Le Sauvage me reposa et se précipita sur Nova qui le désintégra en levant son index vers lui.

 

Puis il dit : « Je ne laisserai personnes te toucher. Tu es à moi. Viens ! »

 

Et je me jetais dans ses bras et on fit l’amour, la sinistre forêt ayant laissé la place à une prairie baignée de soleil…

 

 

… et je réveillais en sueur dans le château. Encore une fois dans un état d’excitation avancé.

 

Dans ma tête deux males s’étaient battus pour me posséder. Si Nova avait facilement gagné, le Sauvage était quand même apparu. Et des rêves de ce type revinrent plusieurs fois.

 


b) Contact :

 

Voilà bien 20 jours que l’attaque du monstre avait eu lieue. Bien que je l’aie vaincu, je m’attendais à une nouvelle visite. Donc nous restions sur nos gardes. L’arme toujours à proximité et l’un de nous trois montait la garde dès qu’on sortait du château.

 

Bien que toujours travaillée par des songes insistants et par le stress, je m’étais endurcie. L’attaque du monstre m’avait profondément marquée.

J’avais préparé plusieurs plans pour nous défendre. J’étais déterminée à faire payer chèrement d’éventuels nouveaux agresseurs. Le problème c’est que si les vagues d’attaques devenaient trop nombreuses, les munitions seraient épuisées. Et là notre situation serait gravement compromise.

 

 

En matinée alors que l’on était en train de pécher avec Eva, Adam qui faisait le guet nous signala un groupe de 6 cavaliers Pandoriens qui s’approchait, il avait par ailleurs 4 autres montures pour le ravitaillement.

Immédiatement repli dans le château et fermeture des accès. On s’installait dans le corps de garde ou on pouvait défendre efficacement l’entrée.

 

Les cavaliers s’arrêtèrent devant le gué qui menait au château. C’était des Pandoriens bleus et ils étaient couverts de capes sans doute pour se protéger du froid.

L’un d’eux descendit et franchit le gué. Il avait un arc mais le portait sur l’épaule.

 

« Attention, les enfants ne faite aucun bruit ! Et on ne tire pas sans mon ordre ! »

 

J’avais barricadé l’entrée du château et le Pandorien s’arrêta devant. On pouvait le voir par les meurtrières, il était juste à coté. Puis il parla dans sa langue inconnue, répétant plusieurs fois la même chose.

 

- Je le reconnais, c’est celui qui j’avais déjà rencontré et que j’avais sauvé lors de l’attaque. Peut être qu’il veut prendre contact ?

 

- Maman, c’est peut être un piège !

 

- Je sais. Mais ils savent ou on est. Il pourrait revenir à l’attaque encore et encore jusqu’à épuisement de nos munitions. Je vais aller à sa rencontre, ne faites rien tant qu’il ne m’agresse pas !

 

 

Je sorti du corps de garde, j’étais séparée de lui par une porte bricolée avec du bois et du fil de fer. Je l’ouvris. J’avais ma Kalachnikov en bandoulière mais pas pointée vers lui.

 

Il me salua à la mode pandorienne. Je fis de même. Il avait l’air toujours tendu mais moins que la première fois. Il essayait de sourire malgré sa crainte. Il me parla dans sa langue inconnue mais je fis signe que je ne comprenais pas ce qu’il disait.

Alors il me montra les filaments de sa natte et me fit signe de le suivre vers le groupe de cavaliers.

 

« Les enfants, préparez les sacs de voyage et les vêtements chauds. On va partir avec lui. »

 

J’avais prévu l’éventualité d’un départ précipité et Adam et Eva savaient quoi faire.

 

Il fallut un moment pour que tout soit près et on restait là face à face. Il n’osait pas soutenir mon regard et regardait ailleurs.

 

 

Finalement quand tout était prêt, on se regroupa tout les trois face au Pandorien. On avait nos armes, de la nourriture et tous les vêtements qu’il fallait. Le reste des munitions et autres objets précieux étaient dans une cache.

Et je lui fis signe qu’on pouvait y aller.



c) La longue marche :

 

On traversa le gué pour s’approcher des cavaliers. Ils s’écartèrent largement pour laisser 4 montures, sans doute pour le Pandorien et nous trois.

 

Je n’étais pas très l’aise face à ces sortes de chevaux à six pattes qui étaient quand même bien imposants. Je fis signe qu’on préférait marcher.

 

Alors après quelques échanges avec les cinq autres cavaliers, ceux-ci prirent en charge les 4 montures et on se mit à marcher en suivant le Pandorien. Les cavaliers étaient assez loin devant.

 

 

On a marché une journée entière en silence. Le chemin choisi était le plus direct en descente pour perdre rapidement un maximum d’altitude et sortir des régions les plus froides.

 

Il y a eu une pause repas au milieu de la journée. Le Pandorien et nous trois on restait toujours à part des cinq autres. J’acceptai un peu de nourriture qu’il me tendit mais sans pour autant la donner aux enfants.

 

La nuit, on était toujours méfiants. Donc on dormait à tour de rôle. Il semble que notre physiologie était faite pour ça. La vie de nos ancêtres devait être pleine de danger et il fallait qu’ils restent en permanence sur le qui vive.

 

 

Finalement on quitta la plaine pour la forêt. La pente était plus rude, le terrain plus complexe et la marche plus lente. Et cela augmentait au fur et à mesure de la descente.

Comme il faisait de plus en plus chaud, on a du se débarrasser de nos vêtements qu’on a mis sur les montures. A la fin du trajet, on ne portait plus que des chaussures, un slip et un T-shirt.

 

La nuit ou pendant l’éclipse quotidienne on pu découvrir l’extraordinaire bioluminescence de la faune et de la flore. Elle était encore plus forte que celle environnant le lac du Château Escargot.

 

 

Pendant les pauses le Pandorien nous donna des leçons de sa langue. Ainsi il se nommait Ratlaw. Les males étaient des « Tutans », les femelles des « Tutés », les habitants de cette planète se nommaient « Na’vi ». C’est donc ainsi que je les nommais désormais.

Pendant le trajet qui a duré 8 jours on a pu ainsi apprendre plus de 200 mots ce qui permettait de mieux se comprendre.

Ratlaw devenait un peu plus familier chaque jour. Je pense qu’on était sur la bonne voie mais je restais méfiante. Peut être me tendait on un piège ? Ou alors je pouvais commettre une gaffe terrible sans même m’en rendre compte ?

 


d) La Grotte Rouge :

 

Notre expédition s’acheva devant un village de ces Na’vis.

 

Cette tribu vivait dans une grande grotte. Elle était située à proximité de l’embouchure d’un petit fleuve. La mer était très proche, on entendait le bruit des vagues.

L’eau du fleuve longeait la bouche de la grotte. Elle se poursuivait loin dans la falaise en se rétrécissant progressivement.

Les habitants vivaient dans des nids, des sortes de maisons en bois et en tissu de forme sphérique, qui étaient suspendus à la paroi de la grotte ou à sa voute. On y accédait par des passerelles et des échelles.

De nombreux et gros cristaux rouges tapissaient la roche.

 

 

Notre arrivé à semé un certain émoi. Les habitants du village avaient visiblement peur de nous et ils se retiraient au loin lors de notre passage.

Ratlaw nous conduisit immédiatement dans une des maison-nids. C’était la plus excentrée du village.

 

Dans les jours qui suivaient Ratlaw se montrait très attentionné et très disponible. De mon coté j’essayais d’apprendre le plus vite possible cette langue.

C’était la 3ème langue que j’apprenais dans ce nouveau corps après le russe et le pandorien blanc. Et j’apprenais vite, Nova n’avait pas mentit sur mes capacités mentales améliorées au maximum.

 

On passait toujours beaucoup de temps dans la maison mais au fil des jours on sortait de plus en plus mais jamais loin du village. Et on faisait des leçons pour apprendre cet environnement si riche et complexe. Mais les villageois se tenaient toujours à distance.

 

Je gardais toujours mon arme sur moi de même que mes enfants. Après tout Ratlaw conservait aussi son poignard en permanence sur lui.

De la même façon je gardais une réserve totale sur ce que j’étais et d’où je venais. Ratlaw ne me posait d’ailleurs aucune question à ce sujet.



e) La Tsahik :

 

Cela faisait bien un mois entier que j’étais maintenant chez les Na’vis de la Grotte Rouge ou Ecarlate selon les versions des traductions.

 

- Michaela tu as fait de gros progrès. Je pense que tu es maintenant prête.

 

- Merci Ratlaw mais prête pour quoi ?

 

- Tu vas rencontrer notre Tsahik, Sorewn. Elle connait les mystères d’Eywa et pourra répondre à tes préoccupations. Et tu pourras répondre à celles d’Eywa.

 

- J’ai peur que certaines choses vous troublent…

 

- Nous y sommes préparés.

 

 

Les Na’vis avaient une seule divinité qu’ils appelaient Eywa. Elle régnait sur l’équilibre du monde. C’est un peu près tout ce que je savais à ce moment.

 

Puis Sorewn se présenta. C’était une Na’vi femelle d’un âge moyen vêtue d’une façon distinctive. Je l’avais déjà remarqué au loin mais elle était restée à distance comme les autres.

 

 

Sorewn, Ratlaw, moi et mes jumeaux, on s’assit en tailleur en cercle dans la maison.

 

- Je te vois Michaela.

 

- Je te vois Sorewn. Tu veux savoir ?

 

- Oui, jeune démon, Eywa veut savoir. Qui est tu ?

 

Se faire traiter de démon n’était jamais agréable mais Ratlaw m’avait déjà averti.

Et alors fallait-il biaiser, inventer un mensonge ou dire la vérité ? Le mensonge était difficile à cacher pour mon espèce, dont j’y suis allé franco.

 

- Je ne suis pas ce que vous pensez. Vous pensez que je suis une Na’vi des montagnes. Je sais que vous n’avez pas été en bon termes avec ce peuple.

 

- Effectivement, ils ont ravagés le monde dans un lointain passé. Nous on les appelle le peuple des Cendres car ils vivaient près de volcans mais aussi par leur tendance à utiliser le feu pour vaincre leurs ennemis. Mais poursuit.

 

- En fait je viens d’un autre monde, très lointain, ou il n’y a pas Eywa. Les Na’vis des Montagnes y avaient établi une colonie après avoir traversés les cieux. Mais ils ont subis eux aussi un châtiment. Un petit nombre a survécu. Ils se sont alliés avec un clan des habitants de mon monde, les humains.

A l’origine j’étais un humain, un male et ils ont transférés mon âme dans ce corps de Na’vi femelle. Les humains ont du mal à vivre ici et en se mettant dans un corps de Na’vi, ils espèrent pouvoir mieux s’y adapter. Car ils veulent mettre la main sur le savoir de ces anciens Na’vis.

Moi j’ai été enlevé par un clan adverse et c’est eux qui m’ont fait venir ici. On est arrivé avant eux mais notre navire des cieux a été détruit, je ne sais trop comment. J’ai échappé par miracle à la mort. Mais on devait repartir, notre but n’était pas de rester ici.

Par contre les gens du clan adverse viennent d’arriver. Ils sont là, juste au dessus. Par contre je ne sais pas s’ils vont descendre ici, il y a déjà tant à faire la haut.

 

- Et bien, tu as subie un bien étrange parcours. Le voyage d’âme est un pouvoir d’Eywa, celui qui t’a fait ça est vraiment un démon puissant.

 

- Oui c’est un Na’vi blanc, il s’appelle Nova. Un grand savant. Il est très vieux mais est en fait il est immortel et à l’air toujours jeune.

 

- Tu l’aimes n’est ce pas ?

 

Ceux de mon espèce ne pouvaient cacher leur sentiment. Et la Tsahik l’avait vu. C’était tellement évident.

 

- Oui… Pourtant… C’est dur à dire…

 

Mes larmes coulaient sur mes joues…

 

- Il t’a forcé n’est ce pas ? C’est lui le père de tes enfants ? On voit à leurs rayures que ce sont des bâtards. C’est un comportement immonde chez nous mais peut être normal chez ce peuple maudit.

 

- Et vous connaissez un Na’vi male à la peau bizarre, blanche et bleue avec les cheveux noir ?

 

- Il te plait aussi ! Il s’appelle Yrr, le Sauvage. C’est un bâtard comme tes enfants, sa mère l’a abandonné à la naissance dans la forêt avant de se suicider. Son père a été exécuté par son clan pour ce crime.

 

- Il a été recueilli et élevé par un Palulukan.

 

- Un quoi ?

 

- Le terrible animal que tu as vaincu. Ce qui nous a beaucoup impressionnés.

 

- Mais vous étiez là ?

 

- Non mais le Palulukan tout comme Yrr sont des créatures d’Eywa. Ils avaient été missionnées par elle pour t’éprouver. Elle avait des doutes car tu as épargné Ratlaw lors de notre attaque sur ton navire de cieux, c’était surprenant.

Tu t’es défendue comme une furie contre la bête. Mais tu n’as pas tué Yrr alors qu’il était clairement lié au Palulukan. Tu t’es même offerte à lui et là Eywa a compris qu’elle s’était trompée sur ton compte.

 

- Offerte ?

 

- Oui tu lui as présenté ton Kuru, ta natte. C’est grossier mais sans ambigüité. Tout comme face à Ratlaw.

Tu as besoin d’être complétée, ça se voit. Sans ça Nova va te hanter jusqu’à la fin de tes jours.

 

- Complétée ?

 

- Oui avoir un compagnon.

 

C’est évident, elle avait raison. Mais l’emprise de Nova était forte, très forte. Mais je poursuivi la conversation sur un autre sujet.

 

- Qu’est il arrivé au peuple des Cendres ?

 

- Nous descendons tous des trois clans de l’ile aux Mille Pics, loin dans la mer du sud. Nous étions les derniers de notre race, nous les Na’vi des forets. Tous les autres clans avaient disparus, on a juste recueillie quelques survivants. Eywa était très faible, son cœur ne battait presque plus. On se savait pas trop ce qui se passait car on était terrifié de quitter notre ile. On voyait juste les terribles animaux volants que le peuple des Cendres avait créés.

Puis un jour le ciel s’est embrasé. Il y a eu un cataclysme, le Grand Châtiment d’Eywa, avec des bruits de tonnerre. Et plus rien, il y avait toutefois parfois encore les terribles animaux volants. Mais après quelques temps ils ont disparus aussi.

Il a fallu une génération pour qu’on ose sortir de notre ile. Et alors nous avons découvert un monde couverts de cendres. Mais Eywa reprenait le dessus. Et après trois générations, quand la forêt avait suffisamment repoussée et recouvert les cendres, nous sommes revenus repeupler le monde.

 

- Et il y a aussi des Na’vis bizarres sur une ile ?

 

- Oui c’est le peuple de la mer. Ils sont issus d’un groupe de jeunes enfants qui s’était échoué sur notre ile après le Grand Châtiment. Ils ont racontés qu’ils étaient destinés à être des esclaves du peuple des Cendres. Ils les auraient engendrés pour travailler sous la mer.

On les trouvait laid mais on a eu pitié de leur sort. Alors on leur a transmit notre langue et nos coutumes. Puis ils sont partis fonder leurs propres clans sur des iles isolées du monde.

 

 

Voilà j’avais raconté mon histoire dans les grandes lignes. Qu’allait il arriver maintenant, allaient ils me liquider ? J’avais mon arme à proximité mais je savais très bien qu’ils auraient pu empoisonner la nourriture ou me tirer une flèche dans le dos.

 

- Et maintenant, Tsahik, que va-t-il se passer ?

 

- Tu dois rencontrer Eywa. Un lien direct avec notre déesse est nécessaire. Jamais je ne pourrais rapporter tous ce qui tu as dit avec précision.

 


f) Rencontre avec une déesse :

 

Ainsi j’allais rencontrer Eywa. Ici on pouvait approcher les dieux. Mais un dieu local. A moins que cette Eywa soit liée à Dieu ? Le Dieu des humains. Tout cela était très troublant.

 

 

Pour rencontrer la déesse, on me prépara.

J’acceptai de me séparer de mon slip et de mon T-shirt qui étaient bien sals. Je me séparai aussi de mon arme.

On me lava, refit ma coiffure et me donna de nouveaux vêtements et parures de cérémonie. Dommage que je n’avais pas de miroir pour me contempler car c’était de beaux vêtements.

Les femelles qui s’occupaient de moi étaient discrètes et parlaient juste ce qu’il fallait. Je voyais bien que je les intimidais, toucher un démon leur faisait toujours peur.

 

Si je devais rester coincé sur cette planète, je me demandais si j’allais pouvoir m’intégrer à une communauté ou alors être condamnée à vivre seule comme Yrr.

 

 

Puis il fallu y aller. Les enfants restèrent avec Ratlaw au village. Moi je partais avec la Tsahik Sorewn et quatre servantes.

 

 

Eywa se trouvait au fond de la grotte, très loin de l’entrée. Après avoir traversé une longue galerie mal éclairée, nous arrivâmes dans une vaste salle dont la voute, très haute, était ouverte sur le jour. Le sol était couvert de gros blocs de roches et d’énormes concrétions calcaires qui ressemblaient à des arbres.

Un arbre qui ressemblait à un saule emplissait de sa lueur violette était au centre de la salle, sous le faible pinceau de lumière qui descendait par le trou de la voute.

 

C’était l’Arbre de la Mort des Pandoriens blancs ! Leur pire ennemi qu’il n’avait eu de cesse de combattre. C’était très intimidant et j’étais inquiète.

 

On se positionna au pied de l’arbre, sous sa frondaison. Il y avait des sortes de petites méduses lumineuses qui ondoyaient autour de nous. Je me disais qu’un arbre aussi beau ne pouvait être mauvais. C’était peut être les Pandoriens blancs qui étaient les méchants.

 

 

La Tsahik plaça l’extrémité de sa natte sur une des tiges du saule et proclama solennellement :

 

« Eywa, puissante et sage déesse de ce monde, je t’amène ici Michaela, le démon blanc. Qu’elle t’apporte le savoir pour nous protéger des périls. »

 

Puis Sorewn m’invita à faire lien avec le saule. Je m’agenouillai devant et je fis le lien en fermant les yeux…

C’était agréable. Je sentais un souffle apaisant envahir mon âme.

 

« Maintenant Michaela raconte ton histoire en songe ».

 

Alors je fis défiler ma vie. Je me rendais compte que la mémoire de ma vie humaine avait de grosses lacunes et était fade. Ma vie de clone était bien plus détaillée et plein d’émotions, bonnes ou mauvaises. La rencontre avec Nova était particulièrement forte en émotions. Mon séjour sur Pandora était aussi mouvementé mais n’atteignait pas ce niveau. Et j’arrivai aux derniers instants de ma vie.

 

Et maintenant ?

 

J’ouvris les yeux, j’étais dans un état de plénitude ou d’extase que je ne n’avais jamais connu. Plein de petites méduses s’étaient posées sur moi. Puis elles s’envolèrent toutes en même temps. Et je fus libéré de mon extase. Voilà j’avais rencontré un dieu.

 

« Michaela, tu as reçu la bénédiction d’Eywa. Tes intentions sont pures. Et tu es la clé qui permettra de vaincre Nova. Eywa connait Nova ou plutôt son aura maléfique. Elle est certaine qu’il viendra ici dans l’intention d’asservir de nouveau le monde. »

 

 

La cérémonie était finie et on repartit vers le village. J’étais silencieuse et encore toute songeuse de cette expérience.

 

Mais la Tsahik ne pu s’empêcher de me questionner :

 

- J’ai vu tous ce que tu as montrés à Eywa. C’est sidérant. Ainsi tu crois dans un Dieu qu’on ne peut voir, ni toucher ?

 

- Oui.

 

- Comment peux-tu croire en lui dans ces conditions ?

 

- J’y crois. Je n’aurais jamais échappée à autant de périls sans lui.

 


g) Une vie de Sainte Guerrière :

 

Après ma rencontre avec Eywa, j’étais passé du statut de démon bizarre à celui de sainte.

Au lieu de m’éviter en regardant ailleurs, les villageois s’inclinaient devant moi mais n’osaient pas m’adresser la parole ni même me regarder en face.

C’était mieux mais je restais toujours une créature à part. Adam et Eva étaient traités avec un peu moins de distance mais les enfants de leur âge étaient mal à l’aise avec eux. Alors mes jumeaux restaient de leur coté.

 

Des représentants des clans voisins venaient nous rendre visite et voir le « Démon bénit d’Eywa ». J’avais le doit à des démonstrations de piéter. Tous attendaient de moi de les sauver. C’était un poids extraordinaire.

 

J’étais maintenant considérée comme l’arme ultime contre le démoniaque Nova. Et pour cela on me demandait de devenir une guerrière. Je devais monter sur ces sortes de chevaux, les Palis, et sur leur dragon, les Ikrans. En plus je devais apprendre à utiliser un arc et à connaitre tous les secrets de leur forêt.

Et tout cela en formation accélérée car Nova pouvait débarquer à n’importe quel moment.

 

Enfin il fallait que je prenne un mari pour échapper à l’emprise Nova. Un mari à vie car c’est ainsi que les Na’vis fonctionnaient biologiquement.

 

 

Mais d’abord je devais prendre les vêtements locaux, un simple pagne et le reste nu. J’étais un peu gêné d’avoir les seins à l’air, même un peu camouflés avec un collier, mais j’ai fini par m’habituer. Par contre mes pieds étaient tendres et marcher pieds nus était pas évident au départ.

Ma peau blanche était un problème car on ne voyait que moi en pleine jungle. Alors on me recouvrit entièrement de peinture plus ou moins bleue. Mais elle résistait mal à la pluie.

 

Ensuite c’est Ratlaw qui me montra les Palis. Sur le papier c’est simple, je branchais ma natte sur une de leurs deux antennes et il suffisait de lui donner un ordre mental.

Au départ je trouvais que ces animaux puaient et je répugnais un peu à faire le lien avec eux.

Mais après je trouvais intéressant de me fondre dans le corps de cette créature. Et je pouvais même communiquer avec elle par des images mentales. Et à ma grande surprise je me débrouillais plutôt bien pour mener ces bêtes.

 

« Tu maitrises bien le lien Michaela. »

 

Ratlaw était satisfait de mes progrès. Il aurait plutôt du remercier Nova pour mes facultés.

 

 

Ensuite vint le temps du tir à l’arc. L’arc Na’vi était puissant mais pas facile à manier. Alors j’ai demandé à rapatrier les armes et munitions qui restaient au Château Escargot. On aurait ainsi 10 kalachnikovs avec lance grenades et lunettes de visées ainsi qu’une centaine de grenades et de chargeurs. Mais le manque de munitions interdisait de faire une formation poussée.

Mais des arcs et quelques fusils d’assauts ne feraient pas le poids face à Nova dont on pouvait s’attendre à un débarquement en force.

 

 

Et il fallu appendre un millier de trucs, les plantes de la forêt, les animaux, les poissons, les pierres, la façon de cuisiner, de tisser, de faire les arcs, tailler des pierres…

 

J’avais du mal à compter les jours terrestres, mais cela devait faire bientôt quatre mois que je devais être à la Grotte Ecarlate. Six mois que les vaisseaux américains étaient en orbite quelques parts avec normalement Nova dedans. Je finissais par penser qu’ils ne viendraient jamais. Tant pis je resterais ici.



h) Rencontre dans les bois :

 

Les Na’vis étaient obsédés par le fait de me trouver un mari. Alors j’ai eu le droit à un défilé de célibataires de la Grotte Ecarlate mais aussi des clans environnants voire même très éloignés.

Ils venaient dans leurs plus beaux vêtements, faisaient la démonstration de leur force, de leur agilité, de leur habilité aux armes mais aussi de leurs talents à la danse, à la musique ou aux chants.

Mais tous étaient intimidés, je voyais bien qu’ils se projetaient mal avec moi. En plus j’étais censée être immortelle – en 10 ans d’âge je n’avais noté aucun signe de vieillissement chez moi – et se marier avec des êtres mortels, c’était bizarre. On ne pouvait pas vieillir ensemble !

Toutefois j’essayais de m’intéresser, je prenais des notes, essayaient de faire des compliments.

 

 

J’ai eu aussi le droit à un cours d’éducation sexuel complet y compris avec démonstrations pratiques. J’ai ainsi assisté à plusieurs accouplements avec des commentaires didactiques de la Tsahik. On pouvait dire que cela faisait envi.

Pour résumé simplement la chose, le male ne pouvait avoir une érection que pendant un rêve ou avec lien. Il pouvait utiliser aussi des drogues à base de plantes mais cela était strictement réglementé et interdit pour l’accouplement.

En pratique seul le lien permettait de féconder une femelle. Mais faire le lien avec une femelle pour un male était exclusif – et inversement. Il ne pouvait le faire qu’avec une seule partenaire jusqu’à ce qu’a ce que la mort les sépare – ou une très longue absence.

Et encore le lien ne pouvait fonctionner qu’avec un partenaire compatible, sinon une vive douleur se produisait. Donc la recherche d’un partenaire était un chemin long et délicat. Il fallait écouter son cœur car c’était une affaire de « tripes » et pas de cervelle.

Après le premier accouplement, le lien entre les deux partenaires était scellé. Les deux personnalités allaient s’accorder et coopérer sans accros sérieux dans un amour sans fin.

Les enfants ne venaient pas forcément tout de suite. C’est Eywa qui décidait.

 

 

Un jour alors que je suivais une piste de je ne sais quel animal, avec deux chasseurs, Yrr, le Sauvage, apparu sur notre chemin. Les deux Na’vis qui m’accompagnaient, pourtant de solides gaillards, furent impressionnés et me laissèrent seule avec lui.

Le colosse me fixait de ses yeux profonds mais impassibles.

 

- Je te vois, Yrr. Car c’est bien ton nom ?

 

- …

 

- Tu n’es pas bavard ? Mais peut être que personne ne t’a appris à parler ?

 

Jusque là immobile, Yrr me pris une main et la posa sur son cœur. Les Na’vis avaient un cœur comme les humains, pas tout à fait au même endroit, pas tout à fait pareil mais avec la même fonction. Et celui-ci battait fort.

Puis il me prit dans ses bras et je fis de même. Et on s’est caressé ainsi pendant un long moment. Il avait amené des sortes de fruits qui pris d’une certaine façon exacerbaient les sensations.

La chaleur a monté, monté. Il savait bien s’y prendre le bougre, le plaisir était intense mais sans que nos organes sexuels soient directement sollicités. Jamais il n’a essayé de faire le lien, moi non plus. D’ailleurs je le laissais faire, m’abandonnant totalement à lui.

Qu’il était beau, fort et doux cet enfant sauvage !

 

 

Après un moment il me déposa délicatement sur le sol dans un état d’excitation intense. Et il repartit sans un mot. On pouvait appeler cela du flirt à la mode Na’vi. Nova avait de la concurrence.

 


i) Domptage de dragons :

 

« Tu as fait beaucoup de progrès Démon Béni d’Eywa ! Il est maintenant temps d’avoir ton propre Ikran. Il te permettra de déplacer rapidement sur notre monde. »

 

Les Ikrans, des sortes de gros oiseaux suffisamment gros pour porter un Na’vi, étaient très commode pour chasser et voyager. Ainsi et contrairement à la Terre jusqu’à l’ère moderne, aucun clan n’était réellement isolé. La culture Na’vi était globale, tout comme Eywa.

 

 

On m’avait de nouveau peinturluré avec des motifs signifiants ce rite initiatique que passait les Na’vis valeureux. Car dompter un Ikran, c’était difficile et dangereux. Il n’est pas rare qu’il y ait des morts. J’étais relativement confiante, après tout Dieu et Eywa veillaient sur moi.

 

 

Pour atteindre l’aire de ces animaux, il fallait monter un flan particulièrement raide du Mont Olympe – ou Montagne de Feu dans son nom local. J’étais accompagnée par deux novices et deux guides dont Ratlaw.

 

A un moment, sur le chemin raide, j’entendis un chant mystérieux dans ma tête. Et mes compagnons aussi. Ratlaw ramassa une pierre.

 

« Regardes Michaela, c’est cette pierre qui chante ! Je n’ai jamais vu ça ! »

 

Lui ne pouvait pas savoir mais moi si, c’était un débris radioactif du Leonov qui était tombé là suite à son explosion.

 

« Lâche cette pierre Ratlaw ! Jette là au loin ! Elle te rendra malade ! »

 

C’est ce qu’il fit un peu surpris de ma remarque et on continua le chemin. On tomba sur d’autres « Pierres qui Chantent ». En fait il y en avait partout à certains endroits. On devait être à l’endroit des retombés du nuage radioactif.

 

Je du leur expliquer :

 

« Ces pierres sont dangereuses. Elles proviennent de mon navire des cieux et servaient à le propulser. Elles ont été dispersées quand il a explosé. Si vous les garder trop longtemps avec vous, vous aurez des brulures terribles. Regardez, les plantes autour des pierres sont mortes. Il faudra le dire aux autres ! »

 

 

On quitta rapidement cette zone dangereuse et heureusement l’aire des Ikrans en avait été préservée. C’était une étroite plateforme à flanc d’une très haute falaise.

 

Je n’allais pas passer en premier et c’est un novice qui allait me montrer l’exemple.

 

Ce jeune ne paraissait pas très rassuré. Il fallait traverser une foule de bêtes sauvages. Ensuite on devait tomber sur un animal qui vous avait choisi – en fait qui vous tenait tête – le bâillonner avec une fronde, lui monter sur le cou, lui bloquer la tete avec les jambes et faire le lien avec lui.

 

Tout se passa bien jusqu’au moment ou l’Ikran expédia l’apprenti chasseur en l’air. Hélas il ne pu se rétablir et tomba dans le vide. Je fermais les yeux, ne voulant pas voir la suite…

Il était mort, on pouvait voir son corps inanimé – un petit point bleu – sur un rocher bien loin en contrebas. On récita une prière à Eywa pour son salut.

 

Ma confiance, déjà hésitante, en avait pris un coup :

 

- Ratlaw, tu es certains que c’est vraiment nécessaire ? Si je finis en miette en bas de la falaise, je ne pourrais pas jouer mon rôle.

 

- Michaela tu as la bénédiction d’Eywa. Tu réussiras.

 

- J’espère que ces bestioles sont au courant…

 

 

Alors il a fallu m’engager sur l’étroite plateforme ou se trouvait les volatils. Et je constatais que ces Ikrans sauvages s’écartaient ou s’envolaient tous devant moi.

 

« Ils n’aiment pas les Na’vis blancs non plus ! Ils sont tous racistes sur cette planète pensais je ! »

 

Et puis finalement un Ikran me fit face. Il était très gros, peut être le plus gros de la colonie, et il était blanc ! Avec un peu de bleu et de noir.

 

« Celui là il doit être pour moi ! Et il est aussi gros que moi je suis frêle ! J’espère que je suis en mode facile ! »

 

Et cet Ikran blanc m’attaqua brutalement. J’eu toute les peines à l’esquiver. J’échouai à le bâillonner avec ma fronde qui tomba dans le vide. Bref c’était mal parti. J’étais prête à abandonner mais pour ça il fallait lui tourner le dos ce qui était dangereux. Je réussi à lui sauter sur le dos mais il gigotait tellement que la seule chose que je pouvais faire c’était m’accrocher. Impossible de faire le lien dans ces conditions !

 

Et puis le monstre se jeta dans le vide espérant se débarrasser plus facilement de moi. Mais il avait fait une erreur car il lui était moins facile pour lui de faire des embardées dans ces conditions, sous peine de s’écraser. Je réussi à attraper une de ses antennes et à faire le lien en plein vol.

 

Et aussitôt j’étais dans son esprit. Si j’étais physiquement chétive, j’étais mentalement forte et mon esprit irrigua son corps immédiatement. C’était dans les deux sens et je pouvais sentir chacun de ses membres. Mais le lien le déstabilisa et je du lui rappeler de se rétablir.

En fait je ne commandais pas ses mouvements en détails mais je lui dictais juste ou il devait aller comme pour les Palis. Je sentais que l’animal n’était pas heureux au départ mais qu’au fur et à mesure il prenait une sorte de plaisir physique à notre union. C’est ce plaisir fort qui validait le lien.

 

 

C’était plutôt grisant de voler. En plus de voler sans efforts ! Le paysage varié de Pandora défilait à toute vitesse, la forêt, les pentes de la montagne, la mer… Et puis ça faisait bien moins de bruit qu’un hélicoptère.

 

J’en oubliais les autres lorsque qu’un autre Ikran déboucha soudainement de derrière. Il avait un Na’vi dessus, c’était Yrr !

 

Il me bouscula gentiment. On fit un bout de chemin ensemble en faisant des acrobaties aériennes qui donnaient un plaisir physique plutôt intense.

 

 

Finalement Pandora c’était plutôt sympa. Ces braves Na’vis bleus avaient réussis à faire de moi une vraie pandorienne.


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