L’Ange de Pandora
Chapitre 11 : La Voie de l’Ange, En route pour Pandora
2902 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 29/01/2024 17:50
Résumé :
Un voyage extraordinaire attend Michaela vers Pandora. Mais que va-t-elle trouver la bas ? Un monde mort ou vivant ?
La Voie de l’Ange
Chapitre 11, En route pour Pandora
a) Décollage :
« 20 minutes avant mise à feu. »
C’était le 5ème décompte, les quatre précédents avaient été annulés dans les jours précédents. Je souhaitais au fond de moi ne jamais partir.
« Tu verras Maman, le voyage dans l’Espace c’est génial ! »
Je sourirais à Adam qui était allongé à cote de moi tout comme Eva. Il savait bien que je n’étais pas très rassurée.
Autour il y avait aussi tout l’équipage composé d’une vingtaine d’hommes et de femmes dont Irina et Vladimir.
On était tous dans la salle de contrôle blindée de la fusée.
« 10 minutes avant mise à feu. »
Adam et Eva avait maintenant 8 ans mais en âge humain c’était plutôt 10 ans.
Cela faisait déjà 9 ans que j’étais aux mains des russes. Toutefois ces 4 dernières années avaient été moins « enfermées ». On m’avait construit un chalet confortable au milieu d’une forêt de sapin. J’ai pu enfin revoir le ciel et la nature. J’ai pu montrer tout cela aux enfants, y compris la neige en hiver. Bien que les hivers sibériens soient un peu rudes pour des créatures comme nous.
« 5 minutes avant mise à feu. »
Mais j’allais bientôt quitter tout cela. On m’avait dit que le voyage serait sans « trop » de risques. J’avais de gros doutes mais on ne m’avait pas trop laissé le choix finalement.
« 10, 9, 8 ,7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 – Mise à feu des boosters »
Bon et bien on avait atteint le point de non retour.
« Dieu nous sommes entre tes mains ! »
La fusée se mit à trembler de partout. Je fermais les yeux.
« Décollage »…
« Trajectoire nominale »…
« Extinction des boosters »…
« Largage des boosters »…
Bon on n’avait pas explosé au sol, c’était déjà ça.
« Passage en propulsion pulsée »…
Et « boum », un choc brutal secoua la fusée. On était plaqué dans nos sièges puis juste après éjecté vers l’avant et retenus par nos ceintures.
« Boum, boum, boum, boum… »
Les explosions se succédaient et nous secouaient dans nos sièges.
Ces explosions énormes étaient produites par de « petites » bombes atomiques qui explosaient toute les secondes derrière le bouclier de la fusée. Un mécanisme d’amortissement fait de 8 gros pistons verticaux amortissait les chocs entre le bouclier et la fusée.
C’était un concept directement issu du projet Orion, un projet américain des années 1950. C’était rustique mais on ne savait pas faire mieux pour l’instant pour les voyages longues distances. Il ne fallait pas trop penser aux retombées radioactives par contre.
« Boum, boum, boum, boum… »
Interminable… Mais à mesure qu’on s’élevait les explosions se faisaient nettement plus douces et on finissait par s’habituer.
On m’avait dit qu’il faudrait 2000 explosions pour quitter la Terre et aller vers Jupiter. Soit plus d’une demi-heure…
« Fin de la phase propulsive ».
Ouf ! Le commandant Komarov annonça fièrement :
« Camarades, tout s’est bien passé ! Le Leonov est en route pour Jupiter que nous atteindront dans 200 jours. Et au delà Pandora nous attends. Nous avons 6 mois d’avance sur les américains. Gloire à l’Union Soviétique ! »
Et tout le monde applaudit !
b) Croisière :
La fusée était grande. La partie habitable tenait dans un volume en forme d’obus de 40 m de diamètre et 40 m de haut. Au total le Leonov était un monstre d’acier de 140 m de haut avec un bouclier de 50 m de diamètre.
Il n’y avait aucun hublot dans la salle de contrôle et la première chose qu’on a faite est d’en sortir pour aller à la coupole d’observation.
On était en apesanteur, cela amusait beaucoup les enfants. Et moi aussi d’ailleurs.
La Terre était là. Et elle était loin car on avait déjà atteint l’orbite de la Lune.
« Maman on est dans l’Espace. Comme dans Star Wars. C’est trop génial ! »
Et oui j’étais dans l’Espace, en route pour une planète lointaine dans un corps d’Extraterrestre. Quelle aventure quand même ! Je pouvais bien mourir là. Mais le problème quand vous êtes potentiellement immortelle, c’est que la perspective de la mort est encore moins souhaitable.
Toutes les pièces du vaisseau avaient été dimensionnées pour des pandoriens, suivant les plans dérobés aux américains. C’était donc confortable pour nous. Adam qui faisait déjà 2 mètres 30 ne pouvait plus se satisfaire des portes à dimension humaine.
Le vaisseau comportait une vaste centrifugeuse qui assurait une gravité artificielle réduite mais convenable.
On y avait notre chambre, de 48 mètres carrés ce qui n’était pas ridicule. Mais, à la grande déception des enfants, il n’y avait aucun hublot donnant sur l’extérieur.
Le plus difficile était de s’habituer au sol courbe qui donnait l’impression de monter perpétuellement une cote.
En fait la vie dans le Leonov n’est pas très différente que celle dans le bunker ou mes enfants étaient nés et avaient vécus pendant leur quatre premières années.
Il fallait s’imposer un emploi du temps avec un certains nombre de taches à faire.
Je travaillais pendant 8 heures par jours à bidouiller différentes machines. Les enfants suivaient eux des cours auprès d’Irina. Mais ils avaient aussi des taches techniques à faire, assez accessoires toutefois.
Il fallait s’entrainer physiquement car même avec la gravité artificielle, on pouvait s’affaiblir.
Il y avait des distractions, on pouvait regarder des films dans la salle commune. La bibliothèque était bien fournie. Il y avait même des jeux vidéo directement importé du paradis capitaliste.
Les rapports avec l’équipage étaient très bons et ce malgré nos différences physiques. Le vaste volume du vaisseau permettait de ne pas être les uns sur les autres. Le plus difficile était de ne pas donner des coups de queue aux humains qu’on croisait dans les couloirs pas toujours très larges.
c) Vitesse lumière
Le voyage vers Jupiter se passa sans problème. Ca me rappelait le film « 2001: A Space Odyssey » sans ordinateur fou pour pimenter le trajet.
L’arrivé sur Jupiter était un spectacle vraiment impressionnant, cette énorme planète multicolore avec ses satellites très différents. Mais l’arrivée finale devait se faire dans la salle de contrôle blindée. Car on allait traverser la ceinture de radiation de la planète avant de faire un plongeon dans son atmosphère pour nous ralentir suffisamment pour une mise en orbite.
Encore des vibrations stressantes mais rien à coté de celles du décollage.
« Aérofreinage, effectué. En orbite de transfert ».
Bientôt on pu enfin voir notre objectif : la catapulte gravitationnelle qui devait nous conduire vers Pandora.
C’était un énorme tube de métal gris composés d’une multitude de sous éléments. Il y avait aussi des petites lumières un peu partout et une brume jaune pale entourait la structure. En fait un plasma très chaud qu’il ne fallait en aucun cas approcher.
Voici donc comment le commandant Komarov résuma la situation :
« L’utilisation n’est pas très compliquée. On se place au centre du cylindre et on est instantanément expédié vers Alpha du Centaure à 99,9% de la vitesse de la lumière.
Les américains ont eu le temps de tester l’aller et le retour avec une sonde top secrète. Cela à pris 9 ans mais elle revenue intacte.
La seule inconnue est que notre vaisseau est beaucoup plus gros.
Nous n’avons aucune idée sur son mode de fonctionnement. On pense que ce dispositif détourne le champ gravitationnel de Jupiter pour catapulter un objet. »
Le Leonov pénétra dans le cylindre. On était de nouveau dans la salle de contrôle.
« Ca y est on est parti ! Vitesse lumière ! »
J’étais étonné, on avait rien ressenti ?
- Mais commandant, on a rien ressenti ?
- C’est normal Michaela, on a été pris dans un champ gravitationnel uniforme. De toute façon, si on avait ressenti ne serait ce que 1% de l’accélération, le vaisseau aurait été totalement désintégré et nous avec.
- Ah… J’ai des progrès à faire en astrophysique.
De fait lorsqu’on retourna voir dehors on ne voyait déjà plus Jupiter. On allait tellement vite que le temps se ralentissait 20 fois. En 1 seconde prise à l’intérieur du vaisseau on parcourait 6 millions de Kms. La distance Soleil-Terre était parcourue en 25 secondes.
A cette vitesse on serait sur Pandora en 82 jours, moins de temps qu’il a fallu pour atteindre Jupiter de la Terre !
Une des grandes inquiétudes était que le Leonov percute une poussière. On avait placé le bouclier vers l’avant mais même avec cette précaution, à cette vitesse, notre vaisseau serait pulvérisé. Pourtant il n’y eu aucun incident, comme si le trajet avait été nettoyé par la catapulte gravitationnelle.
Mais à la grande déception des enfants, on ne voyait pas le tunnel d’étoiles filantes de Star Wars ni les effets psychédéliques de Space Odyssey.
d) Amour platonique
Les organisateurs du voyage avaient mis autant de femmes que d’hommes dans l’équipage mais ce ne fut sans doute pas suffisant.
Viktor était un ingénieur nucléaire mais il savait aussi très bien dessiner. Assez jeune et plutôt beau gosse, il m’avait demandé de poser pour faire des dessins de moi.
- Viktor ce portrait est remarquable ! Peut être mieux que la réalité.
- Certainement pas, ta beauté est insurpassable !
- Il faudra faire le compliment à Nova alors.
- Tu te trompes. Sans ton âme, ton corps n’aurait pas le même aspect. La façon dont tu l’habites le sublime.
- Ah ! Tu manies bien le compliment Viktor.
Viktor insista pour faire des dessins plus complets… enfin disons surtout moins habillé.
« Ok mais on regarde sans toucher ! »
Je n’étais pas naïve au point se penser que cet artiste amateur veuille s’arrêter là. Mais on n’était pas de même espèce. Toutefois il était sympathique et faisait de beaux dessins.
En fait j’étais encore hanté après toutes ces années par la mémoire de Nova. Nova si beau et si désirable. Nova qui peut faire atteindre des sommets de plaisirs mais aussi des abysses de douleur.
Je finissais par penser que si je ne m’étais pas échappée, on aurait pu se réconcilier. Que lui aussi était prisonnier des humains et devait faire des choses contre sa volonté. Que ma grossesse si abominable était ma punition pour l’avoir fuit.
Bref j’étais encore amoureuse de ce diable angélique. Et je n’arrivais pas à m’en détacher.
- Hep, Viktor, que fais ta main sur ma cuisse !
- Euh pardon, Michaela, j’ai… glissé.
- Glissé sur une étoile filante ?
- N’y a-t-il aucune chance ? Ta peau est si chaude !
- Aucune, j’en ai bien peur mon ami ! A moins qu’on trouve une machine à transformer en Pandorien à notre arrivée. La tu auras peut être une chance.
e) Pandora
Alpha Centauri A grossissait quasiment a vu d’œil. Il était temps d’entrer à nouveau dans la salle de contrôle pour l’arrivée.
On allait savoir si la catapulte gravitationnelle d’arrivée allait bien nous freiner. Dans le cas contraire on allait continuer sans jamais pouvoir s’arrêter. On avait 10 ans de réserve, ce qui nous permettrait de parcourir encore 200 années lumières, avant de mourir de faim…
« Ca y est, on est arrivé ! C’est un succès total ! »
Sur ces mots du commandant on est tous sorti regarder la vue par la coupole d’observation.
On y était ! C’était incroyable ! Devant mes yeux il y avait la planète géante multicolore que les américains avaient nommée Polyphème.
Elle correspondait tout à fait à la vision que Nova m’avait fait partager.
- Vous voyez les enfants, c’est bien la planète que je vous ai montré en rêve !
- Mais ou est Pandora ?
Ou était Pandora ?? Il y avait plusieurs lunes autour de Polyphème.
« Là, Pandora est là ! »
Et oui elle était là. Une planète moins bleue que la Terre car avec moins d’océans. Par contre il y avait bien plus de vert et bien moins de déserts. Et quasiment pas de glaces.
f) Exploration
Toutefois pas question d’aller se poser immédiatement sur Pandora.
Il fallait d’abord explorer le système, cartographier la planète.
La première chose découverte était que Polyphème comme Jupiter possédait une puissante ceinture de radiations. Et Pandora, qui orbitait autour de sa planète mère en 32 heures (qui était aussi la durée du jour), la traversait 2 fois par jour. Donc impossible de se mettre en orbite autour, le Leonov n’avait pas un blindage suffisant et on aurait fini irradié.
Toutefois on a pris une semaine pour photographier la planète sous tous les angles à une distance raisonnable. On avait une vision assez claire de sa surface.
On s’y était préparé mais on était quand même déçu. Il n’y avait plus aucune trace de civilisation. La Cité Cristal montrée par Nova – une ville énorme de 100 millions d’habitants d’après lui – n’existait plus.
A la place surtout des forets immenses avec des arbres énormes.
Il y avait quand même un très grand volcan qu’on prénomma Monts Olympe. A partir d’une certaine altitude, il possédait des hauts plateaux couverts de prairie. Ce serait un lieu idéal pour se poser. On bénéficierait aussi de la fraicheur de l’altitude car Pandora avait une température plus élevée de 7 degrés que la Terre. La même différence que j’avais sur la température corporelle humaine. Ce n’était surement pas un hasard.
On a mesuré la composition de l’atmosphère. Le taux de CO2 était particulièrement élevé et mortel pour l’Homme. Mais pas pour moi et on fit des tests un peu plus tard pour le vérifier. Nova n’avait pas menti.
Mais pourquoi se poser ? L’objectif de la mission était de recueillir des technologies, pas d’aller cueillir des fleurs.
Alors on a cherché ailleurs, sur les orbites voisines de Pandora.
Viktor avait eu l’intuition que les Pandoriens avaient du construire un relais orbital à l’écart de la ceinture de radiation de Polyphème.
On a cherché et on a trouvé. On a trouvé un immense cylindre de 800 m de diamètre sur 1600 mètres de long. Hérissé de nombreuses superstructures, surtout sur les extrémités, il tournait sur lui-même à une vitesse qui permettait de reproduire une gravité proche de celle de Pandora. C’était probablement une ville orbitale.
L’objet était toutefois sans lumières contrairement à la catapulte gravitationnelle.
Et lorsqu’on a regardé l’autre coté de l’objet, on a compris pourquoi. Un énorme trou béant déchirait la coque de la station spatiale.
- Vu comme ça, on dirait que cet objet a explosé de l’intérieur.
- Il semble totalement mort. Il n’y a aucune activité.
- Par contre il doit être rempli d’artefacts technologiques encore préservés voire qu’on pourrait remettre en marche.
Je m’immisçai dans la conversation :
- Et il doit être rempli de cadavres…
- Peut être Michaela. Mais c’est ici que l’on va avoir besoin de tes services. Prête à enfiler ta combinaison !
- Génial…