Assassin's Creed : La Prix de la Foi
Février 1756…
Synchronisation…
En ce début d’année, l’hiver ne relâchait pas son étreinte. La neige tombait sans cesse sur le domaine depuis la mi-janvier, et le froid avait gelé une bonne partie de la baie.
Certains Assassins se retrouvèrent piégés au domaine, ne pouvant embarquer sur l’Aquila, prisonnier des glaces. Ils voyaient l’hiver comme un mauvais moment, ils se retrouvaient inactifs, isolés du reste du monde, sans aucun moyen de partir, piégés par l’hiver. Mais Sean, qui passait la majeure partie de son temps au domaine, appréciait la saison. C’était comme si l’endroit changeait de visage.
Il s’amusait à aller sur la glace aux endroits les plus fragiles pour travailler son équilibre. Sean passait parfois des journées entières à faire des mouvements dans le vide avec ses poings ou son épée, à tourner sur lui-même, pour finalement s’arrêter brusquement après une botte, son épée plantée dans un adversaire invisible, la pointe parfaitement immobile. C’était lors d’une de ces matinées où il s’entraînait sur la baie qu’il reçut une visite.
Sean se cabra, fit racler son épée contre la glace avant de se jeter en avant, la pointe figée dans le vide.
- Impressionnant, surtout pour ton âge. Mais que feras-tu face à un véritable adversaire ?
Un assassin tout vêtu de gris s’était avancé sur la glace, l’épée tirée. Avec le vent et la capuche que portait l’Assassin, Sean ne parvint pas à distinguer ses traits. Mais à en juger par son accent, il devait être Irlandais.
- En garde. Fit l’inconnu en brandissant sa lame.
Sean rajusta son manteau noir, resserra les sangles blanches qui lui barraient la poitrine, enfila sa capuche et à son tour, leva son épée.
- En garde, irish bastard.
Il se jetèrent l’un sur l’autre et échangèrent quelques passes d’armes. Son adversaire avait un bon jeu de jambe et esquivait chacune des attaques de Sean plutôt que de les parer, lui permettant ainsi de contre-attaquer plus rapidement. Le jeune homme comprit que l’autre finirait tôt ou tard à faire une contre-attaque qu’il ne pourrait pas éviter, et qu’il allait devoir trouver une solution, et vite.
L’Irlandais tenta une attaque latérale, que Sean esquiva en roulant en arrière, plaçant une dizaine de pieds entre lui et son adversaire. Il se releva et se mit en garde.
Les deux combattants se jaugèrent, Sean devinait le regard impassible de l’assassin sous sa capuche.
- C’est Hope qui t’as appris à te battre comme ça ? Demanda Sean en reprenant sa respiration.
- Pourquoi ça ? Répondit l’autre en chassant la neige de son manteau.
- Tu te bats comme une brebis !
Sean lança son épée sur l’Irlandais et se jeta en avant. L’autre, surpris, dévia la lame dans un mouvement désespéré. Profitant du déséquilibre de son adversaire, le jeune homme se laissa glisser sur la glace, frappa la jambe sur laquelle l’autre était appuyé, le mettant à terre. Il n’eut plus qu’à se redresser sur son adversaire et actionner la lame cachée sous son poignet, lui touchant légèrement la gorge.
Ils restèrent dans cette position quelques instants. Sean appréciait sa victoire pendant que l’autre se remettait de sa surprise.
- Bon, on ne va pas rester plantés là comme ça dans ce froid, commenta Sean en se relevant. Il tendit sa main, que l’Irlandais saisit sans broncher. Ils enlevèrent leurs capuche. Sean révéla son catogan d’un noir de jais et ses yeux bleus pendant que l’autre dévoila sa moustache, son bouc brun et son visage amical.
- Tu es doué, je dois le reconnaître, admit-il. Mon nom est Shay Patrick Cormac. Mais tu peux m’appeler Shay.
- Sean Woods.
- Sean, hein ? Je ne t’ai jamais vu ici.
- Moi non plus. Mais je ne suis arrivé il n’y a que deux ans.
- Et déjà si doué ! C’est bien, ça veut dire que tu apprends vite.
- Que faisais-tu pendant ces deux ans ?
Shay hésita. Il prit le temps de rengainer son épée et de rajuster son manteau avant de répondre :
- J’étais... ailleurs. Achilles m’avait demandé de retrouver des artefacts en Europe.
- Pourquoi es-tu revenu ? Tu les as trouvés ?
- Oui. L’artefact se trouvait sous la cathédrale de Lisbonne. Mais j’ai provoqué un séisme qui a dévasté la ville. Beaucoup d’innocents sont morts dans le tremblement de terre.
- Provoquer un séisme ? Comment ça ?
- Je ne sais pas. Mais Achilles n’est certainement pas innocent. Je le tiens comme responsable de ce qui s’est passé à Lisbonne. Il doit reconnaître ses erreurs et agir en conséquence. J’imagine que tu dois me prendre pour un fou.
- Non. Quelqu’un m’a mis en garde contre tout le monde. « Rien n’est vrai » après tout. Ce que tu dis ne me surprend qu’à moitié.
Sean avait prononcé ces mots avec un air dur, le même qu’il avait lorsqu’il quittait Charles. Shay, comme l’ancien mentor du jeune homme, fut lui aussi touché par la maturité et la fermeté de Sean dans ses propos.
- Celui qui t’as dit cela est soit un fou, soit un sage. Se méfier de tous est impossible pour quiconque, tu te dois d’avoir des gens sur qui compter, sinon tu perdras tes combats. Tu ne peux pas être seul éternellement.
- Peut-être. Mais la confiance est la pire des faiblesses.
- Tu as peut-être raison. Quoi qu’il en soit, je dois aller voir Achilles à propos de Lisbonne. J’espère que nous nous reverrons.
- Au revoir Shay. Et bonne chance.
- Ne t’en fait pas pour ça, je créé ma propre chance. Au revoir, Sean Woods.
Sean resta seul sur la glace, réfléchissant aux derniers mots de Shay : « Je créé ma propre chance ». Ce n’est pas la chance qui apporte la victoire, songea-t-il, c’est qui nous sommes. Et ce dont nous sommes capables. Jusqu’où nous sommes prêts à aller.