La Pierre Philosophale
CHAPITRE 8
Le Détective, le Maître d'Armes et le Médecin
Le lendemain matin, Francis se leva à tête reposée. Il observa l'heure qu'il était sur l'horloge murale. 9H00. Il n'était pas encore trop tard, mais le Maître d'Armes se hâta pour se préparer afin de ne pas perdre leur éventuelle avance sur les Assassins. L'expert templier avait réfléchi une bonne partie de la nuit à ses prochains mouvements. La confiance qui régnait dans son groupe restait fragile, malgré les épreuves qu'ils avaient déjà traversées ensemble jusque-là. Il suffisait d'un rien pour la renforcer, ou, au contraire pour la briser à jamais. Et, malgré son manque de réelle considération pour ses collègues Templiers, Francis savait bien que la réussite viendrait uniquement si la confiance était présente, et ainsi il aurait l'occasion de mener la danse. Ainsi, il avait décidé de parler à ses associés de ses recherches de Londres. Mais il n'était pas obligé de tout leur raconter, si.. ?
Alors qu'il pénétra dans la chambre de ses acolytes, Francis remarqua que Maz était déjà réveillé et qu'il l'attendait, mais Sora manquait à l'appel.
« Où est-il passé ?
-Bonjour, mon cher Francis. Tu parles du Médecin ? Je l'ai étranglé dans son sommeil, il ronflait trop. Puis je l'ai jeté aux ordures, on ne devrait pas trop s'attarder , si tu veux mon avis, lui répondit Maz d'un air sombre.
Puis le Détective ricana grassement.
-Non, je rigole bien sûr. Je ne sais pas, je dois être réveillé depuis une bonne demie-heure, il était déjà parti à mon réveil.
Quelques instants plus tard, l'intéressé se tenait dans l’entrebâillement de la porte.
https://www.youtube.com/watch?v=W9cfcDiufNc
-J'avais besoin d'aller faire un tour, commença le Médecin, en effet j'ai…
-J'ai réfléchi à ce qu'on pouvait faire pour commencer, le coupa Francis. Tout d'abord, il faut que je sois honnête avec vous… Vous vous rappelez, cette affaire que j'avais dû régler lors de l'attaque d'Abstergo ? Et bien, je ne vous ai pas vraiment dit la vérité à proprement parler. En effet, cette petite excursion n'a pas été bredouille, mais le fait est que je n'ai réellement trouvé que quelques bibelots qui semblaient jusqu'alors sans importance. Et révéler ceci alors que le QG venait de se faire attaquer me semblait peu envisageable, vous en conviendrez, avoua le Maître d'Armes avant de marquer une pause. Cependant, au vu des événements récents, j'ai tendance à penser que certaines choses sont liées. Et tout ceci m'amène également à croire que nous devrions nous diriger vers le temple pour commencer, au vu des possibilités, c'est ici que mes connaissances pourraient m'être le plus utile, finit le maître Templier fier de son discours rempli de demi-vérités.
-Et bien, ça a le mérite d'être honnête, lui répondit Maz. Mais à vrai dire, j'aurais préféré me diriger vers la vieille ville. C'est vrai qu'on avancerait plus à tâtons mais j'ai tendance à croire qu'on découvrirait plus de choses là-bas…
Sora s'assit sur une chaise disposée au coin de la chambre, et croisa les jambes, un rictus aux lèvres, avant de déclarer :
-Suis-je le seul ici qui prenne cette mission au sérieux ? Franchement les gars, on avancera pas grâce à des spéculations… Je disais donc, je suis parti faire un tour ce matin, après m'être levé très tôt. Avant toute chose, je me suis dirigé vers les archives de la bibliothèque pour faire quelques recherches.
-Et qu'as-tu trouvé ? Interrogea Francis, un peu agacé par le ton condescendant du Médecin.
- Des choses et d'autres… Pour commencer, ton temple c'est une ruine. Malgré de nombreuses expéditions, les archéologues n'ont jamais rien réussi à trouver de concluant. Les recherches les ont amené à penser que le bâtiment pouvait cacher une galerie secrète, mais ils ne l'ont jamais découverte. Sans matériel, je doute qu'on ait plus de chance qu'eux. De plus, je me suis également renseigné sur les anciens mythes de la région. Il y a longtemps, c'était le royaume de Saba qui se tenait là où se situe le Yémen actuel. La capitale était Marib, une cité perdue dans le désert actuellement, mais de nombreuses cités ont été bâties à l'époque, et elles ont pour la plupart subi les effets du temps… à l'exception de Sanaa. La vieille ville de Sanaa est un vestige de cette époque. Mais ça ne s'arrête pas là. En effet, des témoignages écrit racontent qu'à cette époque, une divinité régnait sur le royaume, la reine de Saba. Son règne s'est fini dans le sang, mais les traces de son règne me laissent à penser qu'il pourrait bien s'agir d'un membre de la Première Civilisation.
Plutôt ennuyé jusque là, le Détective détourna alors toute son attention vers son collègue qui continua.
-Plus intéressant encore, de nombreux monuments ont été érigées à la gloire de cette reine, dont un ici, à Sanaa...situé dans la vieille ville, donc je pencherai plus du côté du Détective pour ce coup-là. Pour obtenir plus d'informations, je me suis ensuite dirigé vers la Mairie. La communication a été assez compliquée, mais j'ai finalement obtenu ce que je voulais. Ainsi, j'ai pu constater que le monument à la gloire de la Reine de Saba est inintéressant sur le papier, et que très peu de fouilles avaient été effectuées dans le coin, ce qui pourrait expliquer que personne n'ait rien trouvé jusque là. Surtout que depuis des siècles, la rumeur voudrait que l'endroit est hanté. De plus, j'ai demandé à voir le réseau de distribution des eaux de la ville, afin de voir la topographie des lieux. Et le fait est que le sous-sol de Sanaa est rempli de galeries souterraines plus ou moins grande, mais quelque chose a attiré mon attention. En regardant la carte de ces galeries de plus près,leur organisation générale n'était pas logique, c'est comme s'il manquait quelque chose, même si je ne suis pas un expert bien sûr… Mais tenez-vous bien, l'organisation de ces galeries serait beaucoup plus régulière si on avait une galerie qui reliait le temple où Francis voudrait aller et le monument dans la vieille ville. Si vous voulez mon avis, on pourrait trouver quelque chose, et c'est donc là qu'il faut commencer les recherches, déclara le Médecin en recherche d'approbation auprès de ses collègues.
Maz semblait naturellement acquis à la cause du docteur, étant donné que c'était de toute façon l'endroit où il souhaitait aller en premier lieu. De plus, en temps normal, Francis aurait pris ceci comme une insulte de se faire damer le pion de telle sorte, mais pour le moment, il ne pouvait qu'être estomaqué par le professionnalisme dont Sora avait fait preuve.
-Je suis des vôtres » finit par ajouter ce dernier.
Sur ces mots, le Maître d'Armes retourna dans sa chambre, tandis que Sora et Maz empaquetèrent leurs affaires. Le Médecin avait bien fait son travail en effet… C'était une mission où les Templiers devaient garder la plus grande discrétion, et comme ils ne savaient pas à quoi s'attendre, étudier le terrain en premier lui semblait essentiel. C'est de là que lui était venu l'idée d'aller consulter les archives disponibles en ville, à la mairie et la bibliothèque. En soit, enquêter, mais pas n'importe comment, ni à tâtons. Outre les problèmes de communication avec les locaux qui maitrisaient mal l'anglais de toute évidence, ces précautions lui avaient permis de précieuses informations.
En plus de cela, Sora devait composer avec ses soupçons d'un éventuel traître dans l'équipe. Mais pour le moment, il garda ses soupçons pour lui, il n'avait pas assez confiance en Maz ou en Francis pour les partager avec eux. Maz devenait même presque dangereux pour la mission, étant donné son état mental. Et, bien que Sora ne voyait pas réellement d'inconvénient à travailler avec lui, cela restait tout de même un risque, dont la perspective ne plaisait pas particulièrement à Sora. Après les événements de Londres, il savait qu'il n'avait plus droit à l'erreur, et travailler avec un psychotique pourrait les mener tout droit dans le mur. Pour ce qui était de Francis, le docteur ne voulait pas que ce dernier le considère à sa botte, son but était avant tout de récupérer les honneurs de la mission.
(coupez la musique)
Maz, quant à lui, était plutôt content de la tournure des événements. En effet, son groupe irait investiguer là où il en avait le plus envie, et il lui sembla qu'une certaine confiance s'installait dans le groupe. Francis qui partageait plus d'informations sur son enquête de Londres, Sora qui s'investissait à fond dans la mission… Il ne pouvait rêver mieux. Et si tout se passait bien, il réussirait à tirer son épingle du jeu le moment venu, pourquoi pas pour mettre la main sur l'artéfact lui-même. Malgré les recherches de Sora, leurs informations restaient plutôt mince.
Quelques minutes plus tard, une vieille comtoise sonna 9h30 dans la chambre des deux Templiers lorsque ceux-ci se dirigèrent vers la sortie. A l'accueil, le dernier de leur groupe était déjà là, et les trois associés se hâtèrent d'aller quérir un taxi. Alors que le Détective était déjà à l'extérieur, Sora tira le Maître d'Armes par le bras pour le prendre à parti :
« Ecoute, je ne vais rien t'apprendre, tu as bien dû remarquer quelques changements dans le comportement de Maz depuis hier… Ce type est malade.
-Oui, j'avais remarqué, rétorqua Francis. Où est-ce que tu veux en venir ?
-Maz est psychotique. A tel point que, de ce que je puisse en juger, ça pourrait compromettre la mission, si tu veux mon avis.
-Et qu'est-ce que tu suggères ?
-Ce que je veux dire, c'est que s'il commence à trop délirer, il faudra l'écarter par tous les moyens. Y compris lui coller une balle entre les deux yeux », déclara le Médecin de l'air le plus sérieux du monde avant d'aller rejoindre le Détective à l'extérieur.
Les trois Templiers se dirigèrent dans un taxi qui les emmena tout droit vers le vieux Quartier. Sora avait emmené une carte des lieux qu'il avait récupéré lors de ses recherches pour faciliter leur enquête. Hélas, la voiture ne put pas les mener à leur destination, mais les déposa à l'abord d'une rue piétonne. Le vieux quartier était assez vaste, et les rues étaient pour la plupart étroites et sinueuses, et les bâtiments très rapprochés, parfois reliés par des porches en vieille pierre. Mais ici et là, il y avait tout de même quelques places publiques que les gens utilisaient surtout pour établir des marchés et vendre toutes sortes de marchandises.
C'est d'ailleurs au niveau d'une de ces places que se trouvait le monument qu'ils cherchaient. Après quelques minutes de marche, s'enfonçant dans les entrailles de la ville, les Templiers arrivèrent finalement à ce niveau. Malgré l'heure matinale, il y avait déjà du monde et un marchand de tapis ne tarda pas à venir accoster le Détective et à tenter d'engager des négociations avec lui alors que ce dernier fouilla l'endroit du regard pour trouver le bâtiment dont Sora leur avait parlé. Les trois Templiers le repérèrent facilement grâce à sa devanture ornée de sculptures à l'effigie de la divinité.
Alors que ses deux compères marchèrent dans la direction du bâtiment et que le Détective s'apprêtait à les suivre, le marchand qui commençait sérieusement à l'agacer l'attrapa par le bras et lui fit son sourire le plus commercial possible. Il avait osé le toucher ? Maz était dégoûté rien que par l'aspect de cet individu, alors le toucher était sans doute la pire erreur qu'il pouvait faire. Le Détective attrapa le marchand par le col et le projeta vers son étal, l'assommant du même coup. Ce qui aurait sans doute sonné leur perte dans un endroit moins bondé de monde, passa tout simplement inaperçu à cause du bruit et du désordre général inhérent à ce genre de lieux.
Il rejoint alors ses compères et eut tout juste le temps d'entendre le Médecin , sans vraiment y prêter attention, glisser « Je te l'avais bien dit » à Francis. Le monument était ouvert au public,mais il n'y avait personne à cette heure-ci… Comme Sora l'avait vu, l'endroit n'était pas d'un grand intérêt pour les touristes apparemment. A l'intérieur du bâtiment, une grande salle aux murs rouges entourée de piliers composaient le monument. Au centre de la salle, un gros cube de pierre était surmonté d'une statue de ce qui semblait être la reine de Saba, et d'un côté de ce cube se trouvait une stèle avec des inscriptions.
« Fouillons un peu, lança le Médecin, il doit y avoir quelque chose. »
Les trois Templiers se mirent à l'ouvrage, ratissant la pièce à la recherche d'indices. Alors que ses deux collègues observaient les piliers et tentaient de trouver un sens aux ornementations, le Maître d'Armes entreprit d'observer le cube central. Ce dernier devait mesurer deux mètres cinquante de haut et était parfaitement régulier et lisse, à l'exception de la stèle bien sûr. Il tâta alors les bors du cube à la recherche d'une éventuelle imperfection. Mais alors qu'il faisait le tour de la structure sans trop comprendre, un symbole au sol retint son attention. Il y avait 16 petites dalles, qui ressemblaient à des interrupteurs, disposées en un carré de quatre par quatre, et entouré par un cercle rouge. Celui-ci retint l'attention de Francis tant il lui rappelait un des symboles qu'il avait aperçu dans l'atelier de Londres. Il tenta de se remémorer l'aspect qu'il avait sur ce mur de Londres, et comprit vite qu'il devrait sans doute appuyer sur les bons boutons. Lesquels étaient-ce, sur ce dessin déjà… ? Il fouilla dans sa mémoire, puis appuya sur 5 des petits boutons. L'effet ne se fit pas attendre : la stele s'enfonça verticalement dans le sol, laissant place à l'entrée d'une galerie qui s'enfonçait sous terre.
Les deux autres Templiers se rapprochèrent pour admirer le passage nouvellement ouvert. Alors que le Maître d'Armes se dirigea vers la porte d'entrée pour la bloquer, Sora prit une torche qui se trouvait à l'entrée du passage, et entreprit avec succès de l'allumer. Francis revint vers ses collègues et déclara : « Je crois que tu avais raison Sora, on pourrait bien trouver quelque chose ici. »
Et à ces mots, les Templiers s'enfoncèrent dans les entrailles de la terre.
Le Professeur et L'Etudiante
Jayden ne savait pas trop par où commencer. Après être allé changer sa monnaie, il décida tout de même de se diriger vers la Vieille ville pour fouiner à la recherche d'indices. En effet, aller au musée ou à l'office du tourisme alors qu'il ne savait même pas ce qu'il cherchait réellement serait au final une perte de temps. Alors qu'en se dirigeant vers le vieux quartier, il pourrait découvrir les rumeurs qui courent sur la ville, et peut-être obtenir des indices sur ce qu'il devait chercher. D'après un plan qui se trouvait là pour les touristes, leur destination se trouvait à quelques minutes à pied.
Après avoir fait part de ses intentions à Jett, les deux amis se mirent en route. Il était assez tôt, 9h30 d'après les horloges de l'aéroport et pourtant le soleil tapait déjà fort. L'Etudiante était gênée de ne pas pouvoir aider le Professeur plus que ça mais faisait également confiance à l'expérience de terrain de ce dernier, la raison pour laquelle elle ne protesta aucunement à la proposition du Professeur. Et puis, dans le pire des cas, ils avaient sans doute un peu de temps devant eux : s'ils rentraient bredouilles de leur petite escapade en ville, le Professeur et elle n'auraient qu'à chercher ailleurs.
Quelques minutes de marche plus tard, Jett et Jayden arrivèrent au niveau de la vieille ville, et le surent immédiatement tant la césure entre le vieux quartier et le reste était visible. En effet, les bâtiments de la ville étaient pour la plupart assez récents, datant au moins du XXe siècle alors que les bâtiments du centre ville étaient tous des très vieux bâtiments à peine rénovés depuis des siècles, mais qui tenaient toujours debout malgré tout. Sans doute une volonté de garder intact cet endroit qui demeurait au patrimoine mondial de l'Unesco, pensa le Professeur.
Les rues étaient assez labyrinthiques et même assez vides, mais à mesure que Jett et le Professeur marchait, ils semblaient se rapprocher d'une clameur de plus en plus bruyante. La place de marché où ils débouchèrent bientôt était bondée de monde et les marchands jouaient à celui qui crierait le plus fort, de telle sorte que leurs paroles en devenaient incompréhensibles, mais cela expliquait le bruit. A cet endroit la foule était dense et Jett se rapprocha de Jayden et lui attrapa le bras pour ne pas le perdre de vue. Il aurait suffi d'un instant d'inattention pour qu'ils soient séparés, alors autant ne pas prendre de risque.
C'était l'endroit idéal pour commencer les recherches. Demander aux locaux quelques histoires sur les lieux, écouter les bruits de couloir… Jayden n'aurait pu mieux rêver. Le Professeur, alerte et regardant un peu partout autour de lui à la recherche de quelque chose qui sortirait de l'ordinaire, voulut se diriger vers un premier étal mais c'est à ce moment où qu'il le vit au loin. Son visage avait changé, où en tout cas ce qui le dissimulait, mais Jayden, très physionomiste, aurait reconnu cette veste rouge et cette silhouette entre mille.
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A une dizaine de mètres de lui se tenait l'inconnu de Londres. Celui grâce à qui l'enseignant avait était mis sur cette expédition. Il était donc déjà là lui aussi ? Et il n'avait pas l'air seul, cela compliquerait sans doute les choses. Ou peut-être Jayden pourrait-il se servir de cet homme pour atteindre son objectif ? Il n'y comptait pas réellement, à vrai dire.
Jett, se tenant au côté du Professeur, tenta de comprendre pourquoi il s'était figé de cette manière en regardant dans la même direction que ce dernier lorsqu'elle se cacha immédiatement. L'inconnu de Londres était là. Oui, celui qui l'avait observé dans la limousine alors qu'elle tentait de fuir. Etait-ce une coïncidence s'il se trouvait ici ? Etait-il seulement à sa recherche ? Elle n'attendit pas de le savoir pour se cacher de sa vue. Mais elle ne comprenait toujours pas…
« Qu'est-ce que vous regardez ainsi ? finit par demander Jett à son mentor.
-Hmmm, excuse-moi, lui répondit-il comme tiré hors de ses pensées. Je viens d'apercevoir l'homme qui est venu me rendre visite à Londres, tu sais, pendant que tu écoutais aux portes ? Je ne m'attendais pas à le voir ici de si tôt. Pourquoi donc ?
Le visage de Jett se tordit d'incompréhension. Ce ne pouvait pas être une coïncidence si ces deux hommes étaient au même endroit au même moment. Pour Jett, cela ne signifiait qu'une seule chose : les deux inconnus étaient liés. Encore fallait-il déterminer la nature de ce lien, car rien ne les rapprochait de prime abord. Mais si l'homme de la limousine était à sa recherche… Etait-ce possible que les individus qu'ils venaient d'apercevoir étaient tous deux des Templiers ? Elle ne pouvait l'affirmer, mais ce n'était vraiment pas impossible. Et des Templiers lancés à la recherche de la même chose qu'eux, probablement vu la visite qu'avait reçue le Professeur dans son appartement. Alors que Jett se croyait pour le moins en sécurité, cela rendait les choses beaucoup plus dangereuses tout à coup.
-Professeur, honnêtement, que pensez-vous des Templiers ?
-L'ordre du Temple ? Ils ont disparu depuis des siècles, non ? Du peu que j'en sais, c'est le roi français Philippe IV le Bel qui a fait éradiquer leur organisation au début du 14e siècle, pour mettre la main sur leur prétendu trésor. Mais le fait est qu'ils ont disparu depuis cet époque, et leur pactole légendaire avec eux.
-Et s'ils existaient toujours ?
-C'est très peu probable. Où est-ce que tu es partie chercher cette idée ?
Jett se rappela alors qu'elle n'avait pas parlé des messages de son sauveur à Jayden, jugeant que ce n'était pas nécessaire. Peut-être était-ce finalement le moment.. ? Plutôt que de l'ennuyer avec ça, Jett inventa un mensonge qui lui sembla crédible sur le moment.
-Oh, ça vient d'une rumeur que j'ai trouvée sur Internet, qui dirait que les Templiers seraient toujours d'actualité et qu'ils agiraient sous l'égide d'Abstergo, qui serait finalement une organisation malfaisante. Et avec les événements récents, je me disais que.. Laissez tomber, je dois devenir parano, tenta-t-elle finalement en souriant. Mais je dois vous avouer quelque chose… A Londres, j'ai remarqué lors de notre échappée en voiture qu'un homme me regardait avec insistance. Ce n'est pas un crime en soi, mais on aurait vraiment dit qu'il en avait après moi et… il est avec votre homme.
-Pourquoi ne m'en as tu pas parlé plus tôt ? En effet, c'est troublant… Tu penses donc sérieusement que ces individus pourraient être des « Templiers modernes » ?
-Ça m'a traversé l'esprit, oui, déclara l'Etudiante avec assurance. N'y accordez pas trop d'importance , mais...juste faisons preuve de méfiance à partir de maintenant, d'accord ? »
(coupez la musique)
Le Professeur hocha la tête, avant de reporter de nouveau son attention sur le groupe, qui venait de se mettre en mouvement. Quel groupe atypique… L'inconnu qui lui avait rendu visite, l'agent d'Abstergo et un troisième homme. Jayden tenta tant bien que mal de les suivre son regard, lorsqu'il constata quelques instants plus tard qu'ils allaient entrer dans un bâtiment… bien particulier. Qu'est-ce que c'était que ça ? Le bâtiment dans lequel les pseudo-Templiers venaient d'entrer semblait encore plus vieux que tout le reste, et était densément ornementé.
Jett était agrippée à son bras, et le suivit naturellement lorsqu'il décida de prendre le groupe en filature. L'important était de ne pas se faire repérer, et tout se passerait bien. Même si la discrétion n'était pas son domaine de prédilection, le coup était à tenter, peut-être que ces hommes en savaient plus que lui-même. Après quelques minutes durant lesquelles il dut combattre la foule pour se frayer un passage, Jayden arriva à hauteur du monument, Jett à ses talons. Devant l'entrée, une plaque mentionnait en anglais « Temple de la reine de Saba » et l'enseignant commença la lecture de la description du monument, avant de comprendre que c'était en effet le type d'endroit adapté pour commencer les recherches. La porte d'entrée était ouverte, et les deux explorateurs n'eurent aucun mal à entrer mais alors qu'ils venaient de traverser un couloir, une nouvelle porte devant eux était bloquée. Pas verrouillée non… Mais véritablement bloquée par quelque chose à l'intérieur. Le Professeur tendit l'oreille, mais n'entendait rien à l'intérieur. Comme enivré par sa soif de découverte, Jayden força la porte en l'enfonçant d'un coup d'épaule, ce qui fit un vacarme assourdissant. La pièce qu'ils découvrirent était une grande salle, avec une nouvelle statue en son centre, et sous celle-ci, un passage qui semblait s'enfoncer sous terre.
« Ils doivent être partis par là », indiqua le Professeur à Jett, déterminé à les suivre étant donné le ton de sa voix.
Cette dernière ne savait que penser. Depuis qu'elle avait revu l'homme de Londres, cela lui avait fait repenser à l'angoisse qu'elle avait ressenti lors de son évasion de l'hôpital et… sa peur de mourir. Elle avait bien entendu envie d'aider le Professeur dans sa quête, mais n'était pas sûr d'être prête à risquer sa vie pour avancer. Devant elle se tenait le chemin de la gloire… ou alors le plus direct vers une mort certaine.
L'Artificier, la Voleuse et l'Ingénieur
Rami se tenait debout devant la porte d'entrée du bâtiment des Assassins, à l'extérieur. Sans faire le moindre bruit, il ouvrit cette dernière et pénétra à l'intérieur. Dans l'entrée, Violet l'attendait.
« Qu'est-ce que tu faisais dehors ? Lui demanda-t-elle.
-Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Grogna l'Artificier. J'avais besoin de faire un tour, pour m'éclaircir les idées.
Rami ne l'avait pas vraiment remarqué la veille, mais la jeune Assassine avait un certain charme.
-Rien, en fait. Tant que tu ne permets à personne d'entrer ici. Mais, attends un peu, ajouta-t-elle en souriant. Ne me dis pas que tu étais parti en avance pour t'accorder tout le mérite, mais que tu t'es dégonflé en route ?
-Non. Non. J'avais juste besoin de réfléchir. Je sais bien que je ne pourrai pas réussir cette mission toute seule. C'est juste que… je sais qu'on doit être une équipe soudée, mais quoiqu'il arrive, j'ai beau faire il n'y en a toujours que pour elle. Et puis, je sais même pas pourquoi je te raconte ça, tu ne me connais pas.
-Moi non plus. Mais si tu veux mon avis, tu devrais pas t'en faire. Qu'est-ce qui compte le plus, ta gloire personnelle, ou ce que ta sœur pense de toi ? » finit-elle avant de s'éclipser.
L'Assassine n'avait pas tort. Même si l'artefact lui aurait définitivement permis de faire ses preuves, il préférait faire ça bien, quitte à consolider l'équipe. Pour une fois, Rami savait que la bonne chose à faire, c'était rester uni, et malgré ses différends avec l'Ingénieur, il acceptait de mettre sa rogne de côté pour faire équipe avec lui. Il ne lui ferait pas entièrement confiance jusqu'à ce qu'il ait prouvé sa valeur, mais il se résignerait à ne pas lui tourner le dos durant la mission. Ç’aurait été totalement contre-productif, et même dangereux s'ils avaient besoin de se serrer les coudes à un moment donné.
Rami remonta à l'étage pour constater que sa sœur et l'Ingénieur s'étaient levés à leur tour, et étaient déjà prêts à partir. Bien, les Assassins ne perdraient pas davantage de temps. David semblait de mauvaise humeur. Les trois compagnons se retrouvèrent dans l'entrée du bâtiment, et partirent sans plus attendre. Le bâtiment dont les Assassins locaux leur avaient parlé était un vieux temple à l'extérieur de la ville. Les trois Assassins montèrent donc à l'intérieur d'une voiture procurée par les locaux, une vieille Ford Anglia bleue, et l'Artificier prit le volant.
Durant le trajet, David regardait sa photo avec mélancolie. La circulation sur les routes était assez chaotique : il n'y avait pas réellement de code de la route à proprement parler dans cette région du monde, ou en tout cas, pas grand monde pour le faire respecter. Quoiqu'il en soit, grâce aux compétences de l'Artificier, qui n'hésita pas à insulter quelques automobilistes sur le trajet, et grâce aux indications de Violet et Karl, le trio arriva rapidement à destination. Ce temple était bien plus vieux que la ville elle-même, et datait de l'époque du royaume sabéen d'après les rumeurs : c'était d'ailleurs ceci qui avait piqué la curiosité des Assassins yéménites, mais ces derniers n'avaient rien trouvé sur place.
Cependant, les trois compagnons avaient un atout de taille : la Voleuse possédait la Vision d'aigle. Cette capacité extrasensorielle mystérieuse s'était dévoilée dès son plus jeune âge, et permettait à Supa de voir des choses que les gens ordinaires ne voyaient pas. Elle lui permettait de ressentir de façon intuitive le monde qui l’entourait et de discerner presque instantanément ses alliés de ses ennemis, rien qu'en les observant. De plus, elle lui permettait également de voir des indices effacés, comme des empreintes digitales ou de vieilles empreintes de pas.
Les trois Assassins descendirent de la voiture et observèrent les environs. L'endroit était en périphérie de la ville, et il n'y avait aucun bâtiment à moins de cinq kilomètres, aussi l'endroit était comme désert. D'ailleurs, si on ne voyait pas la ville a l'ouest de là, on aurait pu croire que le lieu se trouvait en plein milieu du désert, tant le soleil était puissant et que des étendues de sable se dressaient à perte de vue. Vu l'état du temple en général, ce n'était pas étonnant que les précédents essais pour trouver un quelconque secret eûssent été vains. L'endroit était littéralement en ruine : toute la partie supérieure du bâtiment était effondrée, et il ne restait pas grand-chose de la partie inférieure, constituée de vieille pierre en majorité.
Cependant, les Assassins avancèrent discrètement avant de remarquer sans se faire voir qu'un agent rodait à l'extérieur et effectuait une ronde, sûrement pour surveiller les lieux et empêcher tout acte de vandalisme. La Voleuse indiqua à ses deux compagnons d'aller se cacher derrière la voiture, puis ouvrit son décolleté et tenta d'aborder l'homme.
« Bonjour, commença-t-elle. Je suis perdu et ma voiture est tombée en panne, pourriez-vous venir m'aider ? » demanda-t-elle à son interlocuteur en mimant du mieux qu'elle pouvait pour s'assurer que ce dernier comprenne bien.
L'agent de sécurité, dont le regard était attiré par la poitrine de Supa, acquiesça et suivit la Voleuse. Celle-ci accompagna l'homme jusqu'à la voiture, et ouvrit le capot avant de lui laisser le champ libre pour inspecter un éventuel problème. L'homme commença alors à vérifier le moteur puis d'autres paramètres telles que les liquides et les différents contacts, puis regarda la Voleuse avec un air déçu.
« Je suis très désolé, je n'ai vu pas de problème, déclara-t-il dans un anglais approximatif. Peut-être pourriez vous… » commença l'agent avant de se prendre un coup bien placé derrière la tête par l'Artificier.
Il s'effondra, et l'Ingénieur commença alors à le ligoter avant de le placer à l'intérieur de la voiture, tandis que Rami fouillait le sac de l'agent où il trouva une bouteille d'eau ainsi qu'un portable et un pistolet, principalement. L'Artificier prit soin de détruire l'appareil mobile, et de vider le chargeur de l'arme qu'il jeta au loin, mais laissa la bouteille d'eau au pauvre bougre qui était attaché à l'intérieur.
Débarrassés de ce petit contretemps, les Assassins purent inspecter les environs. Ils ne trouvèrent rien de bien intéressant à l'extérieur, mais la salle principale de la bâtisse était toujours intacte, et les Assassins pénétrèrent à l'intérieur après avoir traversé une porte en bois fracturée. La salle n'était pas très haute de plafond pour un endroit de ce type, peut-être 3 mètres 50, et la lumière du soleil passait à travers certains orifices causés par le temps. Le sable du désert s'était introduit et recouvrait une grande partie des murs de pierre, ce qui ne leur faciliterait sans doute pas la tâche. De plus, un autel en pierre se dressait au fond de la pièce, assorti de plats à offrandes en bronze, et une statue qui devait se trouver là autrefois avait été rongée par le temps.
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L'Artificier demanda à sa sœur si elle voyait quelque chose. Cette dernière regardait autour d'elle mais ne voyait que des ruines ensablées. Elle ferma alors les yeux, se concentra puis les rouvrit et constata que tout avait changé. Sa vue était troublée, mais lui dévoilait plus de choses paradoxalement. Elle remarqua sans surprise que son frère ni l'Ingénieur ne lui était hostile, puis nota la présence d'inscriptions sur les murs, invisibles à l’œil nu.
« Je sens que nous sommes sur une bonne piste, déclara-t-elle, ce qui provoqua un sourire chez l'Ingénieur qui avait, malgré les faits, du mal à croire à l'existence de tels êtres extralucides.
-Qu'est-ce que tu vois ? Demanda l'Artificier à sa sœur.
-Des écritures, sur les murs, dans une langue inconnue. Ca semble très vieux cependant. Je vais continuer à chercher. »
La Voleuse regarda tout autour d'elle, et plus précisément en direction de l'autel. Ce n'était pas l'autel en lui-même qui attira son attention, mais un amas de pierre à sa gauche. Les gravats étaient trop gros pour être déplacés à mains nues, mais elle voyait que ces ruines cachaient quelque chose. Peut-être un passage.. ?
L'Ingénieur tâta l'arme qui était dans sa poche. Depuis son arrivée à l'aéroport, il avait l'étrange impression d'être suivi, ce qui n'annonçait rien de bon. Il n'avait remarqué personne, mais c'était plus un instinct primaire qui lui disait de se méfier, surtout ici. David aurait voulu éviter les pertes inutiles si possible, et il s'y connaissait dans ce domaine, étant donné ce qu'il avait traversé. Cette pensée lui traversant l'esprit le remplit à nouveau de rage envers les Templiers.
Il décida alors de remettre son col en place lorsqu'il remarqua un petit dispositif placé là. Il s'en saisit et l'observa alors entre son pouce et son index. Le dispositif était à peine plus grand qu'une tête d'allumette. Le technicien s'y connaissait en technologie de pointe, et le petit appareil qu'il avait entre les doigts ressemblaient à un émetteur... Merde ! Ce n'était donc pas qu'une impression, quelqu'un les avait tracés ! Et encore une fois, c'était finalement lui qui avait merdé. En regardant ses deux collègues, il se demanda s'ils devaient leur en parler ou non. Déjà que Rami ne lui faisait pas confiance… L'ingénieur écrasa alors l'émetteur entre ses deux doigts, il ne pourrait rien en tirer de toute façon.
Mais alors qu'il regarda en direction de ses deux collègues, il remarqua que l'Artificier était en train de faire ce qu'il savait faire de mieux : il disposait plusieurs petits explosifs au milieu d'un tas de gravats. Après avoir reculé de quelques pas et prévenu ses camarades de boucher leurs oreilles, il enclencha alors un interrupteur qui eut pour effet de réduire le tas de gravas en cendres dans un fracas assourdissant.
Le tas de ruines laissa alors la place à… rien du tout en fait. Il n'y avait rien de dissimulé derrière. Toutefois, la Voleuse ne perdit pas de sa détermination. Elle demanda à ses deux compères de soulever une dalle qui se trouvait au sol, de 2 mètres sur 3. Après s'y être repris à plusieurs fois, Rami et David y parvinrent finalement et découvrirent sous celle-ci un escalier qui s'enfonçait dans le sol. Rien ne leur assurait que c'était ce que les Assassins recherchaient, mais ça semblait être une bonne piste pour commencer, et c'était mieux que ce qu'ils avaient jusqu'à maintenant.
« Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Lança l'Ingénieur.
-Ca mon cher David, c'est notre passeport vers la gloire, j'en suis sûr, lui répondit l'Artificier.
-Ne t'enflamme pas trop vite, frérot, on doit d'abord déterminer vers où ça mène. Allons-y. »
Les trois Assassins, dirigés par la Voleuse qui avait sorti une lampe torche, s'engagèrent dans la galerie qui venait d'être dévoilée. L'endroit était exigu et dans une telle galerie, on n'y voyait pas grand-chose malgré la lampe torche. La Voleuse voyait de nombreuses écritures inconnues danser sur les murs, ce qui était bon signe d'un certain point de vue.
Après avoir marché quelques kilomètres sans rien rencontrer, Rami, Supa et David débouchèrent sur une grande salle circulaire, qui s'éclaira d'une lueur bleue dès que les Assassins pénétrèrent à l'intérieur. Les trois Assassins observèrent alors la pièce et remarquèrent deux issues : une qui menait vers une autre galerie, et une autre qui plus grande qui menait vers d'autres salles. Mais alors que l'Artificier se retourna vers la voie par laquelle ils étaient arrivés, Rami remarqua des écritures sur le mur, et celles-ci étaient dans une langue bien connue : l'Anglais. Quelqu'un avait inscrit à même la pierre message énigmatique : « J'ai retourné la pierre philosophale là où elle était. Elle est bien trop puissante pour les humains, j'ai tenté de canaliser son pouvoir, mais c'est trop dangereux. Ne tentez pas de la retrouver. NF »
Les trois Assassins avaient du mal à comprendre. Un peu sceptique, l'Artificier demanda à sa sœur :
« Tu es sûre qu'on est au bon endroit ?
-D'après la configuration des lieux, oui, j'aurai tendance à affirmer que c'est un vestige de la Première Civilisation.
-Donc c'est ça l'artefact qu'on recherche ? Demanda l'Inspecteur. La pierre philosophale ?
- Ce n'est pas impossible, reprit la Voleuse. Et cette signature, NF… Nicolas Flamel, ça ne serait pas incohérent. Continuons. Cherchons des indices. »
Supa regarda ses deux compagnons. Étrange. Alors qu'elle discernait très bien l'Ingénieur comme un allié auparavant, désormais ses intentions étaient...incertaines à ses yeux.
L'Agent Secret
Piko venait de passer une nuit horrible. Son rêve de la nuit précédente avait pris une tournure très étrange. Alors qu'il venait de se détourner de la jeune femme qui l'appelait et qu'il s'apprêtait à partir dans la direction opposée, cette dernière se transforma en un monstre gigantesque qui se mit à courir vers lui. Après quelques secondes, ce dernier avait atteint son niveau et l'avait avalé tout cru. Mais ce n'était que le début. Ensuite, une suite d'images incompréhensibles s'était déroulée sous ses yeux. D'abord, il atterrit dans un entrepôt où il dut se battre avec un homme, combat qu'il gagna haut la main. Ensuite, Piko se retrouva devant un écran d'ordinateur, le sien, où défilait un message : « Votre combat n'est pas perdu. La lutte n'est pas terminée. Acceptez l'aide de la Première Civilisation. Les dunes du Rub-al-Khali guideront votre chemin. Pour la trouver...vous devrez vous y perdre ».Il tapota ensuite sur son clavier, puis le monstre qui l'avait avalé ressurgit derrière lui. Ce dernier lui asséna un grand coup sur la tête, puis il se réveilla en sursaut.
5H30 du matin. Piko était encore fatigué, mais il savait bien ce qui allait se passer : il ne réussirait pas à se rendormir avant l'aube. Il observa alors son écran d'ordinateur. Son émetteur était toujours en place, et fixe pour le moment. Ç’aurait été étonnant que les Assassins soient partis de si bon matin, de toute façon. Il s'allongea dans son lit, et contempla le plafond en se prenant la tête entre ses mains. Il ne comprenait pas vraiment très bien ses rêves de cette nuit, mais c'était son subconscient après tout : il n'y avait pas grand-chose à comprendre.
Quelques heures plus tard, le point sur son écran se mit à bouger. Bien, l'Assassin n'avait pas encore remarqué le traceur. Mais Piko n'était pas pressé. Il n'était pas obligé de suivre les Assassins de prêt et prendre le risque de se faire repérer. Non, il pouvait bien sûr les suivre à distance, ni vu, ni connu. Quelques minutes après le départ des Assassins, Piko se mit en route. L'agent Secret emporta son arme, au cas où la situation l'exigeait, puis sortit de son hôtel. A court de moyen de transport, Piko enfourna une moto qui était garée derrière l'hôtel en ayant pris le soin de vérifier que personne n'observait, et réussit à la faire démarrer.
Sur son petit dispositif, Piko pouvait suivre les déplacements de Rami, Supa et leur compagnon. Les trois Assassins avaient pris une route en direction de l'Est de la ville. Quelques minutes plus tard , ces derniers arrêtèrent le véhicule sur le bord de la route en plein milieu du désert puis… Piko perdit le signal. Merde, ça ne marchait plus ? Non non, son émetteur devait avoir été détruit, c'est à dire que le troisième Assassin avait repéré sa supercherie. Bien heureusement, il pouvait toujours savoir la dernière position des Assassins, mais ces derniers seraient davantage sur leur garde, et il devrait les suivre de plus près maintenant.
Lorsque l'Agent Secret arriva finalement sur place, il remarqua que les Assassins s'étaient arrêtés près d'un bâtiment en ruine, puis ensuite, une grosse détonation se fit entendre, et de la fumée commença à s'échapper du bâtiment. Alors c'était ça leur plan, faire exploser un bâtiment ? Pourquoi ? Piko se rapprocha davantage afin de voir ce qu'il se passait, et jeta un coup d’œil avant d'entrer dans le bâtiment. Les Assassins avaient disparu, mais merde, où est-ce qu'ils avaient pu passer ? L'endroit était fermé et il ne semblait pas y avoir d'autre issue que celle où Piko se trouvait donc ils n'avaient pas pu s'échapper.
L'espion entra finalement dans la salle principale, et observa les environs. Rien de bien particulier, à part un autel situé dans le fond et beaucoup, beaucoup de sable. Mais en observant de plus près, Piko remarqua que c'était d'un tas de gravats près de l'autel que s'échappait la fumée. L'Agent s'approcha de plus près pour noter la présence d'un trou dans le sol qui semblait mener vers une autre galerie. C'était donc ça… L'Agent Secret savait qu'à partir de maintenant, les choses deviendraient beaucoup plus intéressantes. Sans attendre, il s'engagea dans la galerie à la poursuite de ses suspects.
Le Justicier
Sun s'essuya le nez et retira toute trace de poudre qui aurait pu subsister sur son visage. Encore une fois, les tremblements cessèrent. Pour le moment du moins. En rentrant dans la chambre, le Justicier tenta de se vider l'esprit. Pour la suite, il devait se concentrer sur les Assassins. Ils finiraient bien par le conduire aux Templiers, et ensuite, il pourrait régler son compte avec l'homme au masque. Cela faisait presque deux jours qu'il avait perdu le contact avec ce criminel, mais cela n'avait pas entaillé sa détermination. Il devait le retrouver coûte que coûte : maintenant qu'il était ici, de toute façon, autant l'empêcher de nuire.
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Sun observa son lit et surtout ce qu'il s'y trouvait : son costume de Justicier. Cela représentait-il encore quelque chose ici ? Ce symbole… Il avait passé tant de temps à combattre le crime et s'étonnait de ne pas encore être découragé. En tout cas, s'il y avait bien quelque chose de sûr avec la drogue, c'est qu'elle embrumait l'esprit et qu'elle y amenait de drôles de pensées. Mais quoiqu'il en soit, ses gadgets ne seraient peut-être pas de trop dans cette région du monde. Sun enfila son costume de justicier, mais évita la cape pour ne pas attirer l'attention. En se regardant dans la glace, il se fit remarquer à lui-même qu'il devrait passer incognito : sa capuche noire dissimulait son visage, et les plaques de protection de son costume étaient dissimulées par ses vêtements de civils, un jean bleu et une veste en cuir marron. Sous sa capuche, son visage était effrayant, mais ça c'était plus à cause de l'effet de la drogue, ses yeux étant injectés de sang.
Sun descendit à l'accueil de l'hôtel et, dès qu'il sortit, appela un taxi. Il sortit une liasse de billets largement au dessus du prix d'un chauffeur normal pour pas mal de kilomètres, et demanda justement au chauffeur de l'emmener là où il voulait sans poser de questions. D'abord, il lui demanda de se rendre devant le bâtiment où les Assassins s'étaient reposés pour la nuit, en espérant qu'ils n'étaient pas déjà partis, mais étant donné l'heure, ça l'aurait vraiment étonné. Et, malgré une attente de plus d'une demie heure qui fit pester plusieurs fois le chauffeur, les Assassins finirent par quitter le bâtiment, ce que le Justicier put immédiatement vérifier malgré la distance grâce à ses lunettes qui disposaient d'un logiciel de reconnaissance de visage.
Ensuite, il insuffla au chauffeur de suivre la voiture des Assassins, et que c'était la moindre des choses étant donné le prix qu'il l'avait rémunéré. En restant à distance respectable du véhicule qu'ils poursuivaient, le taxi du Justicier suivit leur voiture sur plus de cinq kilomètres à l'intérieur de la ville, et environ la même distance à l'extérieur, avant de voir que sa cible ralentissait à l'approche d'un bâtiment en ruine. Sun demanda donc au chauffeur de s'arrêter quelques centaines de mètres avant et de le laisser là. Le Justicier finit le trajet à pied, afin de ne pas se faire repérer. Cependant, juste avant d'arriver à portée du bâtiment, il aperçut un motard qui se dirigeait également vers ladite bâtisse. Furtivement, Sun s'approcha un peu plus afin de découvrir de quoi il retournait. Apparemment, l'inconnu ne voulait pas non plus qu'on le remarque, et il savait plutôt bien s'y prendre de ce que Sun pouvait en voir. Mais alors, lui aussi était à la poursuite des Assassins..? Sun s'approcha davantage.
Toutefois, d'un seul coup, le Justicier fut pris d'une violente nausée qui l'obligea à s'appuyer contre un mur, alors que l'individu mystérieux était déjà entré à l'intérieur de ce qui tenait encore debout du bâtiment. Sun passa sa main sur son visage, mais se rendit compte que son nez commençait à saigner. La drogue ne pouvait pas avoir que de bons effets… Ce n'est pas ça qui l'arrêterait, Sun jeta un œil à l'intérieur, avant de voir l'individu en question disparaître dans un passage à même le sol. Cependant, juste avant qu'il ne disparaisse, Sun put apercevoir son visage. Le logiciel de ses lunettes ne put établir aucune comparaison avec la base de données. Mais les lunettes effectuaient également des sauvegardes temporaires des derniers visages analysés et, quelques instants après, son appareil le notifia d'un fait assez étrange qui eut comme l'effet d'un choc pour Sun : le visage de l'individu correspondait parfaitement avec le visage du braqueur de l'entrepôt.