La Pierre Philosophale
CHAPITRE 4
Le Professeur et l'Etudiante
https://www.youtube.com/watch?v=ihkjgy9FbPY&index=46&list=PL54DB870D10722767
Le policier ne cessait de frapper à la porte. La situation était on ne peut plus pressante pour le Professeur. Ce serait tellement plus facile pour Jayden de livrer la petite et de s'en aller. Mais ce n'était pas son genre. Non, non, puisqu'il avait décidé de l'aider, autant s'y employer jusqu'au bout. Pour ce qui était de la laisser l'accompagner, c'était une autre histoire. D'un côté, cela pourrait s'avérer très compliqué de la faire quitter le territoire, d'autant plus que l'Angleterre était un pays qui surveillait de près ses frontières. Mais d'autre part, le Professeur avait comme l'intuition que tout ceci était lié. Cet homme masqué, Abstergo, sa découverte récente…. Peut-être bien qu'il pourrait faire d'une pierre deux coups.
Ces pensées lui traversèrent l'esprit une fraction de seconde, avant qu'il ne soit ramené à la réalité par le regard implorant de Jett et les coups insistants à la porte. Il prit l'Etudiante par le bras et la mena vers une fenêtre au fond de l'appartement.
« Saute !
-Quoi ? Vous êtes devenu fou ?
-Mais non, voyons, il y a l'escalier de secours, il faut faire vite ! »
Malgré tout, il prit les devants, et ouvrit la fenêtre avant de sortir. Cette fenêtre donnait sur l'escalier de secours, comme il avait expliqué à l'Etudiante, ce dernier donnant dans la ruelle située entre son immeuble et celui d'à côté. Comme il le craignait, deux voitures de police leur barraient la route devant l'entrée du bâtiment. Mais ils pouvaient s'en sortir, s'ils prenaient par l'autre côté. Il pressa l'étudiante, lui intima la direction à prendre en lui disant qu'il la rejoindrait rapidement.
De retour à l'intérieur, Jayden prit le nécessaire et le fourra dans un sac à dos : de l'argent et quelques affaires personnelles. Il allait rejoindre Jett lorsqu'il entendit le policier s'écrier « Si vous n'avez pas ouvert dans 5 secondes, je défonce la porte ! 1... ». Maintenant qu'il était au pied du mur, il se demanda s'il pourrait réellement revenir un jour. Serait-il considéré comme un fugitif, si les autorités ne le trouvaient pas chez lui ? Mais l'heure n'était plus à penser à ça, c'était trop tard : il devait se dépêcher, et il sortit en prenant soin de fermer la fenêtre coulissante derrière lui.
L'Etudiante l'attendait en bas de l'escalier de secours, mais encore trois mètres les séparaient du sol et la jeune fille semblait tétanisée. S'il devait vraiment l'emmener avec lui, ne serait-elle pas un boulet qui l'empêcherait de progresser ? Non, il ne devait pas penser comme ça, elle pourrait sûrement s'avérer utile et l'aiderait en temps voulu.
« Qu'est-ce que tu attends ? Saute, ce n'est qu'une question de minute pour qu'ils fouillent les alentours.
-Ca fait deux fois que vous m'ordonnez de sauter en deux minutes… » ironisa-t-elle afin de cacher grossièrement son anxiété qu'on pouvait ressentir dans sa voix. Puis elle s'exécuta sans plus attendre.
Le bruit assourdissant des sirènes de police couvrait celui de leur fuite, et la ruelle était assez sombre pour les cacher de la lumière. Le Professeur suivit Jett mais l'atterrissage fut plus douloureux que prévu. Il avait mal réceptionné sa chute et l'avait bien senti sur le moment, mais ce n'était rien de grave à première vue.
Discrètement, les deux camarades de fortune se dirigèrent de l'autre côté de la ruelle. Si ils se débrouillaient bien, les policiers pourraient ne même pas se rendre compte de leur fuite. De ce côté, la rue était déserte, hormis deux trois passants. Le quartier où vivait le Professeur était un quartier assez tranquille, et cela lui convenait très bien comme ça. Il arriva devant sa voiture, mais était-ce judicieux d'emprunter ce véhicule pour s'enfuir ? De toute façon, le temps que la police ne se rende compte de quoi que ce soit, il serait déjà loin. Le Yémen…
Jayden démarra la voiture en trombe, et demanda promptement à Jett :
« Jett, tu sais, j'aurais besoin d'appeler un ami, mais je ne préfère pas utiliser mon téléphone qui pourrait être tracé. Tu n'aurais pas une idée ?
-Oh, euh, tenez, j'ai un portable à carte prépayée, ils ne devraient pas être capables de tracer ça.
-Merci, ça pourrait être très utile. Comment as-tu pensé à ça ?
La réponse à cette question ne l'intéressait pas réellement. Il prit le téléphone et entra un numéro, qu'il avait l'air de connaître par coeur.
-Appelle, et répète exactement ce que je te dis. C'est un vieil ami, dis lui simplement que tu appelles en mon nom pour commencer.
Elle appuya sur la touche d'appel, et entendit que la ligne sonnait. Le matin se levait tout juste, ça n'aurait pas été très étonnant que personne ne réponde, notamment à un numéro inconnu. Malgré tout, quelques secondes plus tard, quelqu'un décrocha.
-Allô ? Qui est-ce ? S'exclama une voix d'homme.
-Bonjour, excusez-moi de vous déranger de si bon matin. Je vous appelle au nom de votre ami le Professeur, Jayden. C'est pour une urgence… commença-t-elle en laissant sa phrase en suspens.
-Jayden ? De quoi s'agit-il ?
-Demande-lui si le véhicule d'urgence est prêt.
En éloignant sa bouche du micro, Jett répliqua :
-Le véhicule d'urgence ?
-Il comprendra, c'est un truc entre nous.
-Est-ce que le véhicule d'urgence est prêt ? Demanda-t-elle au mystérieux interlocuteur.
-Le véhicule d'urgence ? Un départ discret, n'est-ce pas ? Oui, et j'ai même fait le plein dernièrement.
-Oui, il est prêt, et plein de carburant apparemment, indiqua-t-elle au Professeur.
-A l'endroit habituel ?
-A l'endroit habituel ? Répéta-telle.
-Oui, il n'a pas bougé depuis la dernière fois, et je ne sais pas ce que tu veux en faire, mais ramène-le moi en un seul morceau cette fois, lui répondit la voix fatiguée de son interlocuteur.
Cette fois, Jayden avait entendu et profita d'un feu rouge pour s'emparer du portable.
-On pourra compter sur ta discrétion ?
-Oh, salut Jayden. Bien sûr, je t'en dois toujours une, si je me rappelle bien.
-Je te recontacte plus tard. »
Le Professeur lâcha l'appareil et se concentra sur la route. L'Etudiante observait les alentours et remarqua quelque chose d'étrange. Ils étaient toujours arrêtés au feu tricolore, et une limousine arriva à droite de leur voiture et s'avança à leur niveau. Quelques instants plus tard, la vitre arrière se baissa lentement et l'Etudiante nota qu'un homme l'observa à travers la fenêtre de ce véhicule. Son visage était dérangeant et lui rappelait vaguement quelque chose. Ce visage avait une drôle d'expression, un sourire sadique et glauque à la fois. Qui pouvait-il bien être ? La voiture redémarra et Jett perdit vite la trace de la limousine qui s'engagea dans la direction opposée.
L'Etudiante s'adressa au Professeur.
« Sauf votre respect, je n'ai pas vraiment l'impression que nous nous dirigions vers l'aéroport. Et à moins de vouloir aller au Moyen-Orient en voiture…
-Tu vas un peu vite en besogne, même si je compte bien t'emmener tout bien réfléchi, je ne t'avais pas encore parlé de m'accompagner. Et puis, sauf ton respect, j'ai vaguement l'impression que tu es recherchée dans toute la région et que te diriger la tête la première dans un aéroport n'est pas l'idée du siècle. Fais-moi confiance, on va être plus malins que ça. En attendant qu'on arrive, prends le temps de te reposer ».
Jett lui faisait confiance et c'était comme un honneur d'accompagner le Professeur pour une de ses expéditions. Et puis, cela la mettrait à l'abri de l'avis de recherche pour quelque temps. Elle eut tout juste le temps d'apercevoir que la voiture se dirigeait vers la sortie de la ville avant de s'endormir. Son rêve fut des plus étranges. Elle rêva d'un homme, d'un homme qui faisait des expériences dans une sorte de laboratoire. Mais tout semblait vieux où elle se trouvait, le matériel, l'éclairage… En réalité , elle était à la place de l'homme. Après quelques manipulations, elle se dirigea vers un mur, le seul qui n'était pas recouvert de bibliothèques, et épousseta des toiles d'araignées pour laisser apparaître des inscriptions d'une langue inconnue. Mais elle reconnut les écritures qu'elle avait vues sur le bureau du Professeur…
La jeune fille se réveilla en sursaut. Elle était en sueur, toujours assise à côté du Professeur. Mais le décor avait bien changé. Leur voiture venait de pénétrer dans un port marin. Le Prof voulait vraiment aller là-bas en bateau ? Il lui avait pourtant indiquer ne vouloir partir que trois jours… Sans poser de questions, elle observa les alentours, tandis que la voiture pénétrait dans un gros bateau. Leur véhicule s'arrêta finalement dans une salle du bateau prévue à cet effet.
« On y va par la mer ?
-Tu n'as pas l'air de comprendre. Suis-moi. Le véhicule d'urgence, ce n'est pas un bateau, c'est...ça ».
Jayden ouvrit une porte qui donnait sur une grande salle du navire, comme un hangar. Au centre trônait un gros hydravion relié à de nombreuses sangles qui le tenaient suspendues au dessus d'une étendue d'eau. Le fond du hangar donnait sur l'extérieur, ce qui pouvait permettre à l'avion de décoller.
« Tu vas découvrir ce que peut t'apporter des années d'expérience... plus qu'un diplôme d'archéologie et du temps passé à la bibliothèque pour sûr. Mais avant de partir, un dernier détail à régler. Ton portable n'est pas traçable, n'est-ce pas ? »
Le Professeur se saisit du portable de Jett et composa un numéro.
« Allô ? Je suis bien au numéro d'urgence ? Oui, je crois avoir repéré la fille que vous cherchez, la folle furieuse. Elle correspond tout à fait à la description… Je me trouve actuellement à l'aéroport d'Heatrow, faites vite, je vous en prie... »
L'Artificier, L'Ingénieur et la Voleuse
« Bonjour, David, commença Rami. Tu viens nous dire au revoir ?
-Comment ça, je pensais que...que je pourrais…
-Assez, traître, tu ne nous accompagnes pas.
-Quoi? Mais je pourrais vous être d'une grande aide là-bas, tu ne réalises pas ? Je pourrais… »
L'Artificier défia l'Ingénieur du regard. Mais rapidement, sa sœur éleva la voix pour prononcer ces mots :
« Ca suffit. Il vient avec nous. On ne sait pas ce qui nous attend là-bas. Une personne ne sera pas de trop, quelle qu'elle soit. Et puis, ce qui est fait est fait. Qu'est-ce que ça nous apportera de lui faire payer un peu plus chaque jour ce qu'il a dit ? Il se rachètera bien. N'est-ce pas ? »
Rami s'apprêtait à élever la voix mais n'avait pas l'esprit à batailler avec sa sœur. Il ferait avec, comme il avait toujours fait. Même si cela ne lui paraissait pas une bonne idée. Pouvait-il encore faire confiance à l'Ingénieur ? Et surtout, pourraient-ils réellement mener leur mission à bien si la confiance ne régnait pas entièrement dans leur groupe ? Ce problème devrait être réglé rapidement s'il voulait réussir cette mission. Et si ce n'était pas un canular, leur objectif était crucial, même primordial dans leur lutte contre les Templiers. Les enjeux étaient trop gros pour tout foutre en l'air à cause de mauvais sentiments.
Alors que les trois Assassins marchaient côte à côte dans leur repaire, l'Ingénieur prit la parole.
« Alors, quel est le plan ? Il y a un avion aujourd'hui pour le Yémen.
-On prend cet avion. On part là-bas, on prend contact avec les Assassins locaux, savoir s'ils sont au courant de quoi que ce soit, et sinon, on fouine jusqu'à trouver des informations. Rien de plus simple, tenta la Voleuse pour les rassurer.
-Non, rien de plus simple, en effet. Sauf si ces chiens de Templiers nous attendent, et que tout ça n'est qu'un putain de piège. Et puis, proportionnellement à l'importance de cette mission, les moyens qu'on nous donne sont plutôt ridicules, vous ne trouvez pas ? Je ne sais pas, ils auraient bien pu nous dégotter un hélico ou quelque chose… Mais non, à la place, on à le privilège d'avoir un renégat qui vient nous donner un coup de main » grogna Rami.David soupira. Il n'avait vraiment pas voulu une telle animosité de la part de Rami. Ne pouvait-il pas comprendre ? Il savait qu'il aurait beaucoup à faire pour se racheter, mais le voulait-il vraiment ? De toute façon, tant qu'il n'avait pas trouvé ce qu'ils allaient chercher, il aurait besoin de leur aide.
Supa, quant à elle, commençait réellement à en avoir plus qu'assez de cette mésentente entre son frère et l'Ingénieur. Rami pouvait être si têtu parfois… Et si peu réfléchi.
Après quelques minutes de marche, la Voleuse entra à l'avant d'une voiture en invitant ses frères assassins à la suivre. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, elle les conduisit tous les trois à l'aéroport. Durant le trajet, les deux jumeaux en profitèrent pour faire part des détails de la mission à David, et partagèrent avec lui toutes leurs informations. L'endroit était grand, et rempli de monde. Heureusement, leur destination n'était pas une des plus prisées, et avec un peu de chance, il resterait de la place dans leur avion.
« Fait chier, le seul avion qui peut nous y conduire part dans 3h. Ca nous laisse le temps de cogiter, et Dieu sait à quel point j'aime ça.
-Je vais aller acheter les places. »
La Voleuse se dirigea vers un des guichets. L'agent d'accueil s'adressa à elle avec un sourire. « Bonjour mademoiselle. Vous venez commander des tickets ? Malheureusement, j'ai le regret de vous annoncer que l'avion de 11h en direction de Moscou a été retardé d'1h à cause de perturbations du trafic. Le reste du trafic est cependant maintenu ». Elle acheta trois places pour leur destination, et le vendeur se contenta de lui tendre les tickets et de lui prendre l'argent.
Elle revint vers ses camarades mais ne trouva que son frère seul. L'Ingénieur était parti flâner d'après lui. 3H à attendre dans un aéroport… Elle espérait ne pas faire de rencontre imprévue : leur nom était connu des Templiers maintenant. Mais avec un peu de chance, les Templiers avaient perdu leur trace.« Tu as noté quelque chose d'anormal, frérot ?
-Quelque chose d'anormal ? A part un putain d'arlequin qui se balade en plein aéroport avec un masque de carnaval, rien de spécial. Mais on ferait mieux de rester sur nos gardes.
Rami baissa d'un ton.
-Parlons de la mission maintenant. J'y ai réfléchi cette nuit, et je ne pense pas vraiment à un canular. La personne qui nous a envoyé ce message est trop documenté pour nous mentir. Enfin, je ne vois pas l'intérêt qu'elle aurait à faire ça. Et puis, c'est peu probable que ce soit les Templiers. Déjà qu'ils ne savent pas du tout où se trouve notre repaire à Londres, je ne vois pas comment ils auraient pu nous envoyer un message. Et ça n'aurait aucun sens, surtout en ce moment. Cependant, il faudra découvrir l'auteur du message plus tard.
-Tu as raison. Et aussi à propos de tout le secret qu'il y a autour de cette mission. J'ai l'impression que tout cela cache quelque chose. Ah,et j'aimerais aussi te rappeler quelque chose, petit frère. N'oublie pas les précepts de notre Confrérie. Fais en sorte que tes sentiments personnels ne mettent pas en danger la fraternité. David est ton frère autant que je suis ta sœur.-Petit frère, tu es sérieux ?
-Oh, allez Rami, on sait tous les deux que je suis sortie la première » lança-t-elle en souriant.
L'Ingénieur était parti s'asseoir à un bar non loin de là. Les informations dont lui avait fait part la Voleuse et l'Artificier étaient troublantes. Que ce soit la source de l'information ou l'info en elle-même, quelque chose clochait. Et puis, le Rub-al-Khali… c'était un des plus grands déserts au monde, on avait déjà fait plus précis comme indication. De plus, cette mission pourrait s'avérer dangereuse, avec ou sans Templier dans les parages. Mais sa curiosité l'emportait, il ferait tout ce qui est nécessaire pour mener cette mission à bien.
Il repensa à tous les événements de la veille. Commençons par le début, comment avait-il été compromis par les Templiers ? Peut-être n'avait-il pas été assez vigilant… Il s'en souviendrait, à l'avenir. Puis il repensa à cette séance de torture. Ce Templier… C'était comme s'il savait exactement où frapper pour faire mal à David. Qui était-il ? Et puis, il devait faire preuve d'un contrôle de soi impressionnant pour pouvoir infliger de telles douleurs à un homme sans flancher ni sans éprouver aucune émotion en apparence. Et la douleur, elle semblait comme ne jamais s'arrêter… La douleur psychologique autant que physique d'ailleurs. Il n'avait jamais eu l'intention de trahir Rami et Supa mais… si ça avait pu stopper sa douleur ne serait-ce qu'un seul instant, il avait pensé que… L'Ingénieur se jura que jamais plus il ne se ferait attraper comme ça ni n'éprouverait de telles douleurs.
« Vous avez fait votre choix ? Lui demanda une serveuse en l'extirpant de ses pensées.-Hmmm, un thé Earl's Grey fera l'affaire, s'il vous plaît. »
https://www.youtube.com/watch?v=Qv-GTh8iY6o
Quelques minutes plus tard, Supa était sur le point de vérifier quelque chose sur son portable, mais lorsqu'elle mit la main dans sa poche, elle remarqua que ce dernier avait chauffé à l'intérieur. Alors qu'elle ne l'avait pas utilisé depuis la veille. Comment était-ce possible ? L'Ingénieur lui avait déjà dit une fois qu'il pouvait lui-même allumer le téléphone de quelqu'un à distance et l'utiliser pour le tracer et l'espionner de cette façon. Est-ce que c'était le cas ici ? Quelqu'un était-il en train de les espionner ?
« Rami ?
-Quoi encore ?
-Donne-moi ton téléphone. »
L'Artificier s'exécuta et remarqua un détail anodin : son téléphone avait encore chauffé dans sa poche. Saleté d'appareil, ça lui faisait déjà depuis un ou deux jours. La Voleuse s'empressa de lui prendre des mains, fracassa le téléphone à terre et l'acheva d'un coup de pied, avant de faire de même avec le sien.
« Non, mais t'es malade ? Qu'est-ce qui te prend ?
Supa entraîna son frère un peu à l'écart de la foule.
-Quelqu'un nous espionnait à travers nos téléphones Rami. Je ne sais pas qui, ni depuis quand, mais il est possible qu'il connaisse tous les détails de notre mission..
-Mais de quoi tu parles ?
-Tu n'as pas remarqué que ton téléphone chauffait tout seul sans que tu n'aies à l'utiliser ces derniers jours ? David m'a déjà parlé de piratage à distance, qui provoquait ce genre de choses dans l'appareil tracé.
-Si, ça me le fait depuis deux ou trois jours, mais j'avais pensé qu'il était défectueux…
-Deux ou trois jours ? Oh mon dieu, c'est encore pire que ce que je pensais. J'avais d'abord pensé aux Templiers, mais hier matin ils ne connaissaient pas encore nos noms. Cela ne veut dire qu'une chose… Je pense que nous sommes compromis. Tu vas me prendre pour une parano, mais si ce quelqu'un nous espionne depuis deux jours, il a appris plein de choses sur notre mission, et même sur nous et les Assassins. Et merde…
-De toute façon, s'il nous suit, on finira bien par le remarquer. On s'en débarrassera, t'en fais pas.
-Mais tu te rends compte de ce que ça veut dire ? Tant qu'on n'a pas découvert qui c'est, on a des ennemis partout… Et puis je sens la présence de Templiers dans les parages.-Ca risque de nous compliquer la tâche… Mais ça pourrait être amusant, non ?
-Rami, j'ai besoin de te demander quelque chose. J'ai l'impression qu'il va se passer beaucoup de choses durant cette mission, beaucoup de choses qui pourraient nous changer à tout jamais. J'ai besoin de savoir… Promets-moi que tu ne changeras pas, que tu ne me trahiras jamais, quelles que soient les circonstances. Promets-moi Rami. »
Rami était surpris par une telle demande. Qu'entendait-elle par les changer ? Pensait-elle vraiment que Rami ferait passer l'appât du gain avant la vie de sa sœur ? Et de toute façon, est-ce qu'elle lui avait toujours été fidèle, elle ? Sa vie avait toujours été la plus facile, et leur père lui accordait toujours ses faveurs à elle plutôt qu'à lui. Mais cela n'empêchait que leur lien était très fort, il le savait, et sa sœur était la personne qui était la plus proche de lui. Et elle devait lui faire entièrement confiance pour lui demander quelque chose comme ça.
Le Détective, le Médecin et le Maître d'Armes
https://www.youtube.com/watch?v=cNxrN56FuBI
Le trajet en limousine fut l'un des plus longs auxquels fut jamais confronté Ted. Il y avait une sorte de silence gênant, ce genre de silence qui règne lors d'un premier rendez-vous, lorsque chacun des deux participants ne sait pas trop quoi dire. Et bien que le Détective ne soit pas vraiment allé à beaucoup de premiers rendez-vous, c'était quand même bien différent. Les 3 Templiers avaient des tonnes de choses à se dire, sur la préparation de la mission notamment, mais il savait pertinemment qu'il ne parlerait pas. Ni lui, ni aucun des deux autres d'ailleurs.
Après le fiasco de la veille, personne ne voulait se répandre en fausses excuses, pas plus qu'engager la discussion comme si de rien n'était. Enfin, c'était comme ça que Ted voyait les choses. Sora, quant à lui, avait l'esprit ailleurs. Littéralement. Il se sentait divaguer quelque peu. Pourtant, ce n'était pas le moment pour son cerveau de partir faire un tour. Loin de là, il devait se concentrer sur la mission. Quelle mission déjà ? En 2 missions qui lui avaient été confiées en deux jours, Sora n'en avait mené aucune des deux à bien.
Francis, quant à lui, était plus enclin à l'observation. L'observation de ses camarades pourrait lui en apprendre beaucoup sur eux. Et de ce qu'il pouvait en voir, il ne comprenait pas pourquoi Abstergo avait engagé ces gars-là sur une telle mission. Bien sûr Abstergo n'avait pas ses informations, et pour les Templiers, ce n'était qu'une banale mission de reconnaissance, mais tout de même. L'un était un médecin dont l'allégeance était sujette à débat, et l'autre un détective dont il ne savait pas grand-chose, mais dont il pouvait deviner une certaine lassitude dans tout ce qu'il entreprenait. Il restait à savoir s'ils pourraient s'avérer utile sur le terrain. Le Médecin jouait avec son scalpel alors que le Détective entrechoquait nerveusement ses doigts, dans l'expectative qu'il se passe quelque chose.
Alors que la voiture était arrêtée depuis deux ou trois minutes à un feu , soudainement le médecin regarda d'un air délirant à travers la fenêtre. « TOI... » prononça-t-il distinctement. Un rictus se dessina sur ses lèvres puis il entreprit de baisser lentement et délicatement la vitre de son côté. Le Médecin observa à travers l'orifice et les deux autres Templiers purent voir qu'il observait la voiture d'à côté. Quelques instants plus tard, la limousine redémarra, et la voiture au centre de l'attention de Sora disparut.
« Qu'est-ce que c'était que ça ? Demanda Ted.
-Une occasion loupée, de toute évidence. Vous feriez bien de prévenir Abstergo que la fille qu'ils recherchent est à bord d'un coupé bleu, de plaque d'immatriculation LNV976, ordonna Sora d'un ton presque condescendant.-Préviens-les toi-même. »
Le Maître d'Armes observait leur chamaillerie en silence. Vraiment un duo de choc…
« Oubliez Abstergo une minute. Concentrez-vous sur la mission. Avez-vous la moindre idée de ce sur quoi ils nous envoient ? Un fragment d'Eden… Si on a la chance de mettre la main dessus, ce serait l'occasion de toute une vie. Imaginez un peu… Un pouvoir infini dans le creux de votre main. C'est à ce moment-là, au moment où nous le trouverons qu'il faudra se poser la vraie question : êtes-vous fidèle à Abstergo au point de vouloir leur conférer un tel pouvoir ? Ou voudrez-vous le garder pour vous ? Quelle que soit la réponse, n'oubliez pas que je serais toujours là, derrière vous. Et surtout, qu'il vaut mieux se trouver de mon côté lorsque la situation devient… dangereuse. »
Les deux novices buvaient les paroles de Francis. L'un était surpris par tant d'assurance, tandis que l'autre était prêt à jurer que ce discours était presque une menace. Ce discours troubla d'ailleurs Ted sur le moment : Francis était-il du côté d'Abstergo pour oser dire des choses pareilles ? Mais ce qui le surprenait surtout, c'était avec quelle certitude il pensait pouvoir trouver le fragment d'Eden au bout du compte. Certes, la source semblait authentique mais pourrait tout à fait s'avérer être un canular de la part de...leurs ennemis par exemple. Après cette scène pour la moins troublante, le silence reprit de plus belle.
De longs instants plus tard, la limousine sembla ralentir et déposa les trois hommes devant un bâtiment impressionnant : en effet, l'aéroport d'Heatrow était un pôle aéroportuaire de portée internationale. Le monde grouillait déjà à l'intérieur, même de si bon matin. Les trois hommes se dirigèrent vers le tableau d'affichage des départs, dans le hall. L'avion pour le Yémen ne partait que 3 heures plus tard.
« Merde, pesta Sora.-Patience camarade, le reprit Francis. Je vous ai déjà parlé des énormes moyens que j'ai pu acquérir après de nombreuses années de travail acharné ? Et non pas comme vous qui n'avez fait que profiter des privilèges offerts par Abstergo… souffla-t-il. Et bien, parmi ceux, j'ai pu gagner suite à mes efforts un jet privé, le modèle Hawker 400 XP. Et parmi mes nombreuses compétences je peux me targuer de savoir piloter ces engins. Enfin bref, tout ça pour vous dire que l'attente ne devrait pas être si longue. J'ai juste à aller voir au service de planification des vols pour retarder un vol afin de libérer une piste, j'ai des relations. Attendez-moi là, je n'en aurai pas pour long. »
(couper la musique)
Sur ces mots, Francis s'en alla, marchant d'une allure soutenue et disparut dans la foule, son manteau flottant derrière lui. Soudain, le téléphone de Sora retentit, et ce dernier s'empressa de décrocher.
« Oui allô ?
-Bonjour, monsieur Sora. Ici Abstergo. C'était pour vous dire que vous vous étiez trompé au sujet de la fille et que le véhicule que vous nous avez indiqué ne correspondait pas.-Quoi ? Comment ça, quel véhicule ?
-Vous nous avez envoyé un message il y a quelques dizaines de minutes, signalant que vous aviez repéré la jeune fille que nous recherchions dans une berline noire immatriculée MPO567. Nous avons reçu un message d'un numéro inconnu, mais il était signé de votre part, et comme ce numéro est une ligne privée pour les agents, et que ce dossier est très secret, nous en avons déduits que...
-Vous avez apporté de la drogue au bureau ? Premièrement, je n'ai pas envoyé de message et deuxièmement…
Sora s'interrompit. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Quelqu'un qui se faisait passer pour lui ? Il avait bien demandé au Détective et au Maître d'Armes de prévenir Abstergo, mais ce n'était pas du tout ces informations qu'il avait transmises. Ainsi, quelqu'un s'amusait à se faire passer pour lui ? Le Détective, ou le Maître d'Armes ? Plus important, ce quelqu'un avait soit envie de lui causer du tort volontairement, soit envie de couvrir la fille. Mais pourquoi… ?
-Hmmm, très bien. Excusez-moi de cette erreur, je ne recommencerai plus.
Sora raccrocha. Et cet appel lui avait appris quelque chose : il y avait un traître parmi eux. Ou bien juste un petit plaisantin, et ça ne l'aurait pas étonné que Ted ait envoyé cette fausse information uniquement pour lui causer du tort. Quoiqu'il en soit, il se méfierait à l'avenir.
« J'ai réussi à nous libérer une piste pour dans une heure. En attendant, il va falloir trouver de quoi s'occuper ici. Peut-être élaborer un plan pour quand nous arriverons sur place, ou commencer à y penser.
-J'ai une meilleure idée, répliqua Sora. J'ai pas forcément envie de voir vos faces de rats pendant la prochaine heure, donc on n'a qu'à se séparer et se retrouver ici dans une heure, on fait comme ça ? »
Sans attendre de réponse de ses collègues Templiers, le Médecin avait déjà disparu dans la foule. Le Maître d'Armes le regarda avec dédain et s'éloigna dans la direction opposée, laissant Ted seul avec soi-même pour la prochaine heure. Après une escale par la boutique de souvenirs où il avait fait l'acquisition d'un bouquin qui lui sembla intéressant sur le moment, il entreprit de trouver une chaise et commença la lecture.
A vrai dire, s'il n'avait pas vraiment le choix, la solitude ne le dérangeait pas plus que ça. Il ne pouvait pas réellement encadrer le Médecin de toute façon, et le Maître d'Armes semblait avoir d'autres...intérêts. Mais alors qu'il avait commencé la lecture depuis quelques minutes, Ted leva les yeux et aperçut deux visages familiers. A quelques mètres de lui, les deux Assassins qu'il avait eu l'occasion de combattre la veille se tenait devant le tableau d'affichage des départs. Il tenta de dissimuler le bas de son visage avec son col et tourna la tête. Pourquoi les Assassins étaient-ils ici ? Eux aussi avaient obtenu la même information que les Templiers ? D'un côté, cela prouvait en quelque sorte que ce n'était pas une fausse piste des Assassins, sinon ils n'auraient pas envoyé des Agents. Mais de l'autre, le mystère autour de l'informateur et de ses intentions s'épaississait…
Sora, de son côté, avait une drôle d'envie d'uriner tout à coup. Il se dirigea vers les toilettes pour hommes, et, une fois qu'il eut fait son affaire, se lava les mains. Les toilettes pour homme étaient vides, bizarre dans un si grand aéroport. Mais alors qu'il s'apprêtait à quitter les lieux, il sentit la fraîcheur d'un canon de pistolet effleurer sa nuque. « Genoux à terre, chien de Templier » déclara une voix autoritaire. Le Médecin s'exécuta, mais put identifier la voix qui le menaçait : c'était sa victime de la veille…
Le visage caché derrière son masque, Francis était conscient que son look n'était pas réellement anodin. Si quelqu'un l'avait suivi jusqu'ici, ce quelqu'un n'aurait aucun mal à le détecter, même parmi une telle foule. Mais heureusement, il avait prévu le coup. En effet, le Maître d'Armes avait demandé à un de ses hommes de le rejoindre à l'aéroport et de lui apporter une panoplie plus discrète. Il le trouva sans mal, et ce dernier s'approcha de lui avec une mallette en cuir. Ni une ni deux, Francis s'en saisit, l'ouvrit, et troqua son masque contre un bandana qui lui recouvrait la partie inférieure de son visage, dont les balafres apparurent à l'air libre pendant quelques instants. Il compléta ce déguisement par une paire de lunettes de soleil et constata grâce à un reflets dans une vitre que cet accoutrement remplissait aussi bien son office que le masque, mais était plus adapté pour se fondre dans la foule.
« Et l'autre chose ? Vous l'avez ? Demanda Francis.
-Bien sûr,monsieur » répondit son homme de main en lui tendant une petite boîte.
Ce n'était qu'une petite précaution, bien sûr, mais pas moins utile. Le contenu de cette boîte s'ajouterait à son arsenal déjà bien fourni... Francis ouvrit le receptacle et constata que l'objet qu'il avait demandé était bien en place.
Le Justicier
https://www.youtube.com/watch?v=LUs7fzXjIeI
Grâce à l'aide de son assistante, Sun avait pu retracer le parcours de l'individu mystérieux assez facilement. Après être parti d'Abstergo, ce dernier s'était rendu à un immeuble du centre-ville, d'où il était ressorti quelques minutes plus tard. Ensuite, il s'était rendu dans un hôtel où il avait passé la nuit, avant d'embarquer dans une limousine. Cette dernière s'était rendu de nouveau à Abstergo, où le Maître d'Armes a été rejoint par deux individus, avant que la voiture ne se rende vers l'aéroport et dépose les trois hommes là-bas. C'était tout près du QG du Justicier. L'homme au masque était donc sur le départ ? Que projetait-il de faire ? Où se rendait-il comme ça ?
« Jenna ?
-Oui ?
-Où qu'aille cet individu, je pense que je vais le suivre pour découvrir ce qu'il manigance. Avant que tu ne protestes, je vais t'expliquer mes raisons. Quelqu'un de confiance m'a un jour mis en garde contre Abstergo Industries, en m'indiquant que cette entreprise était fortement lié à une organisation malfaisante. Quoi que cet homme masqué projette de faire, je pense que je dois l'arrêter au plus vite.
Jenna baissa les yeux.
-D'accord.
-Ne t'inquiète pas pour moi, ça va aller. Et puis, si tout se passe bien, je ne devrais pas être de retour dans très longtemps je t'assure. »
Il comprenait qu'elle se fasse du souci pour lui, plus qu'une assistante, c'était aussi une amie précieuse. La jeune femme blonde se jeta dans ses bras. « Sois prudent là-bas, ça pourrait être dangereux » lui murmura-t-elle à l'oreille avant de retourner à ses occupations.
Le Justicier prépara le nécessaire pour voyager, et enfourna le tout dans un sac à dos. Il emporta également quelques gadgets au cas où, et pris également son costume. Mais avant de partir à la poursuite de l'homme au masque, il prit le soin de se changer et de mettre une tenue plus décontractée : un jean bleu et un t-shirt blanc.
« Habillé comme ça, on dirait presque une personne normale » lui lança Jenna en souriant.
Sans perdre un instant, le justicier monta dans un taxi et partit en direction de l'aéroport. Il devait découvrir où se rendait le Maître d'Armes de toute urgence, en espérant qu'il n'était pas déjà trop tard. Il arriva en quelques minutes à Heatrow, qui n'était pas loin de son QG et se rendit compte que l'aéroport était déjà bondé de monde.
Il se dirigea vers un guichet et demanda au guichetier :
« Bonjour. Quels sont les prochains vols prévus ?
-Bonjour monsieur. Hmmm, voyons voir. Le vol pour Moscou de 11h ne partira finalement qu'à midi à cause d'un retard imprévu. Il y a un vol pour New York à 12h15, un vol pour Sydney à 12h30, un autre vol pour Tokyo à ce même horaire et enfin, il y a un vol pour le Yémen à 13h02.
-Retardé vous avez dit ? Pourquoi cela ?
-Perturbation du trafic aérien monsieur.-Vous pourriez être plus spécifique ?
-En réalité, non monsieur, nous ne sommes pas autorisés à dévoiler ce genre d'information au public.
-En fait je voudrais prendre cet avion et je voulais simplement savoir pourquoi il avait été retardé , voilà tout.
-Désolé monsieur. Je ne peux rien faire pour vous aider.
Sun savait qu'il n'arriverait pas à convaincre cet agent de le renseigner en parlant. Heureusement, le justicier était plein de ressources. Il sortit un billet de 200 livres sterling et le tendit au guichetier.
-Et si quelqu'un de haut placé vous demandait, que lui répondriez-vous ?
-Attendez un instant. D'après le registre, le vol a été retardé afin de libérer une piste pour permettre le décollage d'un jet privé.
-A qui appartient-il ?
-C'est bizarre, normalement le nom du propriétaire se trouve dans le registre, mais ici c'est anonyme.
-Normalement le nom s'y trouve systématiquement ?
-Oui, mais ici il n'y a que le nom de l'entreprise que le propriétaire représente : Abstergo Industries.
Sun avait trouvé son homme.
-Hmmm, très bien, et où l'avion se rend-il ?
-D'après son plan de vol, il se rend en direction du Yémen lui aussi.
-Merci pour ces renseignements précieux »
L'homme au masque était pressé, apparemment, au point de faire apprêter un avion juste pour ne pas perdre quelques heures. Le Justicier acheta une place pour l'avion de 13h et se dirigea vers un banc où il s'assit pour attendre le départ de son vol.
Mais soudain, il aperçut au loin une silhouette familière, et l'identité de cette personne se confirma dès qu'il put voir son visage. C'était une jolie femme, que Sun connaissait de longue date et qu'il n'avait pas revu depuis longtemps. Mais bon sang, qu'est-ce que Supa foutait ici ?
L'Agent Secret
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3 Assassins. Piko suivait désormais 3 Assassins. Grâce à son dispositif d'espionnage, il avait pu entendre Rami et Supa briefer une troisième personne au sujet de leur mission. Leurs paroles n'étaient pas très claires, l'une parlant de « Première Civilisation », l'autre de « fragment d'Eden ». Qu'était-ce que cela ? Des noms de code ou des choses bien réelles ? Quoi qu'il en soit, l'Agent secret était désormais assis dans sa voiture, garée à l'aéroport et continuait d'écouter la discussion des Assassins, en vue d'apprendre éventuellement quelque chose de plus sur les Assassins, leur mission ou bien les deux.
L'écoute était très difficile à cause de tout le bruit qu'il y avait dans l'aéroport et il ne pouvait percevoir que quelques bribes de conversation.
« ...message...Templiers...message...auteur…, déclara une voix d'homme.
-...secret...mission...Confrérie., répondit la voix d'une jeune femme. »
Merde, pensa Piko, il parlait encore de leur mission mais il ne pouvait pas les écouter. Et ils avaient évoqué les Templiers… Un lien avec Abstergo ? Puis le silence se fit pendant quelques minutes. Avant que Supa ne reprenne la parole.
« Rami ?
-Quoi encore ?
-Donne-moi ton téléphone. »
Suite à cela, la communication fut coupée brutalement. Les Assassins avaient-ils découvert son stratagème ? Si c'était le cas, il allait devoir redoubler de prudence maintenant, Rami et Supa allaient sûrement se méfier d'avantage s'ils savaient que quelqu'un les espionner.
Tout le mystère et le secret autour de cette affaire ne plaisait pas à Piko, et dieu savait qu'il était habitué au secret. Et cette impression, cette impression bizarre qui persistait dans son esprit et qui lui disait que ce n'était pas une banale affaire, qu'il était lui-même lié à toute cette histoire autrement que par sa mission.
Il sortit de sa voiture et entra dans l'aéroport bondé de monde. La masse humaine circulait comme le flot d'une rivière, et retrouver les Assassins ici ne seraient pas tâche aisée. Mais il n'en faisait pas vraiment une priorité, pour l'instant ses cibles n'avaient pas mis en danger qui que ce soit, si on prenait en compte que personne à Abstergo n'avait été blessé. Il retrouverait donc les Assassins dans leur avion qui ne partirait que...3h plus tard, ainsi qu'il était indiqué sur le panneau d'affichage.
Piko comptait partir acheter une place lorsqu'un brutal mal de crâne l'assaillit aussi soudainement que violemment. Il entendit une voix de femme lui parler dans son esprit.
« Les Assassins. Les Templiers. Leur conflit est dérisoire. Retrouve-moi , avant tout, retrouve-moi. Utilise-les pour me retrouver. »
Il reprit conscience quelques instants plus tard et se dit à lui-même qu'il ne boirait plus jamais de café si ce dernier avait des effets aussi étranges sur son organisme. Abstergo, les Templiers… C'était étrange que son organisation ait repéré un réseau souterrain d'Assassins mais que leur base de données ne contiennent rien sur une multinationale potentiellement malfaisante. Même si les conspirationnistes diraient que toutes les multinationales sont malfaisantes, constata avec amusement l'Agent Secret.
Ce dernier se présenta à une guichetière, et lui présenta son badge. L'agent d'accueil savait exactement ce que cela voulait dire : l'homme en face d'elle était membre d'une organisation très haut placée, et elle devrait accéder à ses requêtes le plus expressément possible.
« Vous désirez, monsieur.
-Bonjour madame, je voudrais juste un ticket pour l'avion de 13h pour le Yémen.
-Tout de suite monsieur, répondit la femme en tapotant sur son clavier, avant de lui tendre un billet d'avion. Autre chose ?
-Oui, en effet. J'aimerais éviter dans la mesure du possible une fouille par un de vos gorilles ou bien un portail électronique. Les fouilles m'importunent, et je supporte très mal les ondes électromagnétiques, si vous voyez ce que je veux dire…
-Très bien monsieur, je les préviendrais. Ceci dit, je dois vous dire que les règles dans les aéroports étrangers ne sont pas les mêmes qu'ici, et vous pourriez avoir quelques problèmes en arrivant.
-Je m'en acquitterai » répondit Piko en souriant.
Ceci fait, l'agent secret, chercha un coin où attendre le départ de son avion et se posa une question plus qu'importante. Si durant sa mission, il était nécessaire qu'il appréhende les Assassins, devrait-il se concentrer sur leur capture ou bien sur l'acquisition de l'objet ou l'arme qu'ils convoitaient tant ?