L'Héritage des Ombres : Le Souffle de la Résistance
L'église était bondée. De simples fidèles aux personnalités les plus influentes de Rome, tous s'étaient rassemblés pour écouter les paroles du pape. L'encens flottait dans l'air, mêlé aux murmures révérencieux et aux cliquetis occasionnels des armures des gardes. Bien que l'atmosphère fût solennelle, une tension palpable y régnait, perceptible seulement par un petit groupe disséminé dans l'assemblée.
Ezio et Arianna s'étaient glissés parmi la foule, déguisés en simples fidèles. Vêtus de tuniques modestes, ils étaient assis sur des bancs de bois, leurs dos droits comme ceux des autres fidèles, mais leurs yeux étaient tout sauf pieux. Leurs regards scrutateurs balayaient chaque recoin de la nef, chaque ombre qui se dessinait sur les murs de pierre, chaque visage qui ne leur semblait pas tout à fait à sa place.
Dans l'obscurité apaisante de l'église, Ezio était un amas de contradictions internes. L'impatience le travaillait, chaque fibre de son être conscient de l'importance de la mission. Son poing se refermait de manière presque réflexive autour de la dague cachée dans sa manche, comme si la lame pouvait contenir l'énergie nerveuse qui le traversait. Chaque instant de silence, chaque absence de signal ou de mouvement suspect exacerbait sa préoccupation. Le temps, inexorable, s'égrenait, et chaque minute qui passait augmentait les risques.
À ses côtés, Arianna paraissait tout aussi alerte, ses yeux fouillant sans relâche la foule rassemblée. Pourtant, son visage était marqué d'une fatigue subtile, comme si chaque battement de cœur lui coûtait davantage qu'il n'aurait dû. Chaque respiration semblait une tâche ardue, chaque souffle une dépense d'énergie soigneusement mesurée. Elle attribua cette soudaine lassitude à la tension palpable qui saturait l'air.
Ezio percevait cet écart subtil dans le comportement d'Arianna, une nuance qu'il ne pouvait pas immédiatement comprendre. Son attention, toutefois, était focalisée sur les enjeux immédiats de leur mission dangereuse.
Dans cet espace sacré, où la lumière des chandelles jouait sur les icônes dorées et les vitraux colorés, ils étaient deux loups parmi les brebis, prêts à bondir. Et tandis que le chœur entonnait un hymne et que le pape se levait pour parler, chacun savait que le moment était proche, le moment où la tension palpable céderait la place à une action décisive.
L'église tout entière semblait retenir son souffle, inconsciente du drame silencieux qui était sur le point de se jouer en son sein.
Les minutes s'écoulaient comme du sable dans un sablier, chaque grain augmentant le niveau de tension dans la pièce. Ezio sentait l'impatience lui ronger les nerfs. Arianna, de son côté, luttait pour maintenir sa concentration, son cœur battant un rythme irrégulier qu'elle attribuait à l'anxiété.
Et alors, dans ce silence tendu, le premier signe se manifesta : un mouvement rapide dans la périphérie de leur vision, presque indiscernable. Un frisson parcourut le dos d'Ezio tandis qu'Arianna sentait son cœur s'accélérer. Ce moment déclenchait la transition de la surveillance à l'action, dans un monde où chaque décision pouvait être fatale. Ils échangèrent un regard bref mais lourd de sens, tous deux conscients que la phase suivante de leur mission venait de commencer.
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Répartis à des postes stratégiques le long du chemin que le pape emprunterait après la messe, Isabella et son équipe d'élite de maîtres assassins attendaient, immergés dans les ombres. Leurs silhouettes se fondaient si parfaitement dans le décor que même un observateur aguerri aurait eu du mal à les repérer. Leur mission était d'une importance cruciale : désactiver les pièges mortels posés par les Borgia et éliminer leurs hommes de main, le tout sans éveiller le moindre soupçon.
Isabella se tenait près d'une alcôve discrète, son regard aiguisé balayant le terrain devant elle. Ses sens étaient en alerte maximale ; elle pouvait presque sentir les pulsations de la tension dans l'air, chaque fibre de son être concentrée sur les moindres détails. Ses mains se portaient instinctivement aux poignards dissimulés dans son corsage, prête à agir au moindre signe d'anomalie.
Ses coéquipiers, des maîtres assassins formés dans les mêmes arts mortels qu'elle, étaient tout aussi prêts. Chacun savait exactement quel rôle il devait jouer, ayant répété le plan dans ses moindres détails. Les pièges avaient été étudiés, leurs mécanismes disséqués mentalement, et les parcours des gardes anticipés.
L'attente était lourde, le silence profond. On aurait pu croire que le temps lui-même avait retenu son souffle, conscient de l'enjeu qui se jouait. Mais dans cette attente, Isabella ressentait autre chose, une pression invisible mais omniprésente sur ses épaules. Elle avait vu les horreurs que les Borgia et leurs alliés étaient capables de perpétrer; elle portait le poids de cette connaissance, et la résolution d'empêcher un nouveau drame.
Enfin, le moment tant attendu arriva. Un moineau, libéré par un des assassins postés plus loin, s'éleva dans les airs, ses petites ailes battant vigoureusement contre le vent. Le petit oiseau traversa le ciel, semblant presque ralentir le temps avec son envol, avant de disparaître au loin. C'était le signal, une communication aussi subtile qu'ingénieuse.
Isabella prit une grande inspiration, son souffle tremblant sous la tension accumulée. Elle se sentait comme un arc tendu, prêt à libérer sa flèche. En exhalant doucement, elle sembla relâcher un poids invisible de ses épaules, éteignant momentanément le feu de l'urgence qui brûlait en elle. Ses yeux rencontrèrent ceux de ses compagnons, et un signe discret de sa main libéra un flot d'actions préparées et planifiées à la perfection.
À cet instant précis, chaque membre de l'équipe se propulsa hors de sa cachette, déclenchant un ballet silencieux et meurtrier. Ils agirent avec la précision et l'efficacité de chirurgiens, leurs mouvements coordonnés dans une danse mortelle. Pièges à lames dissimulés dans le sol furent désactivés, leurs mécanismes délicatement mis hors service. Des cordes, tendues pour déclencher des avalanches de pierres, furent tranchées en un éclair, rendant les pièges inoffensifs.
Des gardes, vêtus en soldats de la maison Borgia, furent neutralisés un à un, éliminés par des lames discrètes et fatales. Ils tombèrent sans comprendre ce qui leur arrivait, leurs vies éteintes avant même qu'un cri ne puisse franchir leurs lèvres. Dans l'obscurité, les assassins étaient comme des fantômes, leurs actions si rapides et discrètes qu'elles semblaient n'avoir jamais eu lieu. Aucune trace de leur passage n'était visible, aucun son ne résonnait dans l'air, comme si leur existence avait été brièvement mais complètement effacée du tissu du monde réel.
Ce n'était pas simplement une mission ; c'était une démonstration du pouvoir de l'ombre et du silence, un rappel que, même dans une époque marquée par la grandeur et le bruit, il y avait toujours de la place pour les murmures discrets du destin.
Au cœur de cette chorégraphie d'ombres et de lames, Isabella se tenait en retrait, ses yeux d'un ambre profond scrutant les environs avec une concentration extrême. Ses pensées firent un détour involontaire vers Cesare Borgia, un souvenir amer qu'elle chassa rapidement. Elle avait sacrifié sa vertu pour obtenir les informations cruciales de cette mission, et chaque mouvement qu'elle ferait aujourd'hui servirait à justifier ce choix déchirant.
Elle repéra un soldat des Borgia, vêtu d'une armure étincelante, qui s'approchait dangereusement d'un des pièges qu'ils avaient désactivés. Le temps pressait.
Avec une élégance discrète, elle dégaina une petite dague de sa ceinture. Elle prit une profonde inspiration, se rappelant brièvement les enseignements de sa mère, Arianna, et de son père, Ezio, puis lança la dague. La lame s'enfonça dans la nuque du soldat avec une précision mortelle. Il s'effondra sans un cri, et le bruit de son armure heurtant les pavés fut le seul écho de sa fin.
Isabella s'approcha silencieusement, extraya sa dague et essuya la lame sur sa cape avant de la ranger. Chaque goutte de sang effacée était comme une petite victoire, une pierre sur le chemin de la rédemption qu'elle cherchait.
Elle se fondit à nouveau dans l'obscurité, son visage impassible masquant la tempête d'émotions à l'intérieur. Elle rejoignit ses compagnons dans leur danse de mort silencieuse, mais pour elle, chaque mouvement était aussi un pas de plus vers la réparation, vers la justification du sacrifice qu'elle avait fait. Et dans ce monde d'ombres et de lames, ce fut sa propre lumière intérieure, voilée mais indomptable, qui la guidait.
Alors qu'ils exécutaient leur mission, Isabella ne pouvait s'empêcher de penser à ses parents, Ezio et Arianna, engagés dans leur propre lutte à l'intérieur de l'église. Elle sentait dans ses os que les fils du destin étaient en train de se tisser, chaque action et chaque décision s'imbriquant dans une toile plus grande que tous ne pouvaient percevoir. Le temps de la surveillance était terminé ; celui de l'action, du courage et, peut-être, du sacrifice, venait de commencer.
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Dans une pièce discrète mais fonctionnelle, éclairée seulement par le scintillement de quelques chandelles et l'incandescence d'un brasero, Niccolò Machiavelli scrutait une table en bois sur laquelle étaient étalées des cartes de Rome, des ordres de mission manuscrits et diverses pièces d'équipement.
Son regard sérieux se posa sur chacun de ses hommes, tous vêtus avec la sobriété que requérait leur métier. Un de ses agents, portant une cape et une capuche qui dissimulaient la plupart de ses traits, déroulait un long parchemin sur lequel étaient annotées les positions des différentes équipes.
"Nous devons être les yeux et les oreilles de chaque Assassin aujourd'hui," déclara Machiavelli, son timbre bas mais empli d'une gravité qu'aucun de ses hommes n'oserait ignorer. "Nos frères et sœurs sont en train de risquer leur vie à chaque instant; nous ne pouvons pas nous permettre la moindre erreur."
Un homme s'approcha de la table, déposant délicatement une série de petites fioles remplies de divers liquides. "Les poisons et les antidotes, Messer Machiavelli. Ils sont prêts à être distribués."
"Excellent. Assurez-vous que nos équipes les reçoivent immédiatement. Et que rien ne tombe entre de mauvaises mains," ordonna Machiavelli.
Soudain, un de ses agents entra dans la pièce, visiblement essoufflé, son visage marqué par l'urgence. "Messer Machiavelli, nous avons reçu le signal. La messe est sur le point de se terminer."
Machiavelli hocha la tête et se tourna vers un dispositif étrange posé sur un petit piédestal en bois. C'était une invention de Leonardo da Vinci, une sorte de messager mécanique capable de transmettre des messages codés à distance.
Il actionna le mécanisme, envoyant un message codé à Ezio et Arianna pour les informer que la phase de surveillance était terminée. Une autre série de signaux furent envoyés aux équipes de maîtres assassins positionnées le long de la route papale, y compris Isabella.
Tout semblait être en ordre, mais dans ce métier où chaque seconde pouvait être l'instant décisif entre la vie et la mort, Machiavelli savait qu'ils ne pouvaient se permettre le moindre relâchement. Chaque décision qu'il prenait dans cette pièce éloignée avait des répercussions immédiates et inévitables dans les rues et les églises de Rome, une réalité qui pesait lourdement sur ses épaules mais qu'il portait avec la dignité et la détermination d'un vrai maître dans l'art de la guerre et de la stratégie.
À l'intérieur de l'église, Arianna sentit le regard insistant d'un jeune garçon vêtu en moine qui se tenait près de la porte. Il avait l'air tout à fait banal, mais il tenait un rosaire avec une croix qui avait une particularité que seul un Assassin saurait reconnaître. Le garçon fit un léger signe de tête en direction d'Arianna et Ezio, un geste presque indiscernable mais suffisamment clair pour ceux qui savaient à quoi faire attention.
Ezio, ayant capté le signal, hocha imperceptiblement la tête. Le message était clair : il était temps de passer à l'action.
Dehors, Isabella, postée à une fenêtre surplombant la route que le pape emprunterait, vit un pigeon s'envoler depuis une petite chapelle non loin. C'était un signe convenu, simple mais efficace. Elle fit un geste discret à ses compagnons, qui se dispersèrent immédiatement pour exécuter leur mission.
La tension était à son comble. Chacun savait ce qu'il avait à faire, et le poids de la mission reposait sur leurs épaules. L'air était chargé d'une gravité silencieuse, tous conscients que les prochains moments pourraient changer le cours de l'histoire.
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Dans la pénombre sacrée de l'église, sous l'éclat des chandelles et la révérence d'icônes dorées, l'atmosphère était électrique, presque insoutenable. Des centaines de fidèles étaient venus écouter le pape, leur foi exprimée dans chaque regard levé vers l'autel, chaque chapelet égrené. Mais au milieu de cette dévotion publique, deux ombres déguisées en fidèles se glissaient, des loups parmi les agneaux.
Ezio, homme d'action impulsif mais toujours vigilant, ne pouvait s'empêcher de se sentir comme une corde de luth tendue à son extrême, prête à céder ou à libérer une note perçante. Ses yeux de faucon, accentués par sa Vision d’Aigle, scrutèrent la foule, passant des visages en prière aux ombres qui se jouaient dans les recoins de la nef. Puis, son regard s'arrêta sur un homme, caché dans l'ombre d'une colonne massive. Ce dernier avait l'apparence d'un fidèle, mais quelque chose clochait. Sa posture, la façon dont ses yeux fuyants semblaient chercher plutôt qu'adorer, l'agitation presque imperceptible de ses mains sous sa cape.
Il échangea un regard long et pénétrant avec Arianna, et ils se comprirent immédiatement. Pas un mot n'avait besoin d'être dit. Un signe de tête si discret qu'il aurait pu être confondu avec un tic nerveux. C'était le signal silencieux, convenu entre eux. Le plan se mettrait bientôt en marche, que le ciel les aide ou non.
Arianna, pour sa part, était engagée dans une bataille intérieure tout aussi intense. La fatigue qu'elle ressentait s'accumulait, sourde et implacable, comme les couches de poussière sur une fresque oubliée. Chaque battement de son cœur résonnait comme un tambour lointain, lent mais lourd, et son ventre la tirait dans un malaise presque cruel. Ce n'était pas simplement la fatigue d'une mission longue et dangereuse; c'était comme si son corps tout entier tirait la sonnette d'alarme.
Mais elle n'avait pas le luxe du doute ou de la faiblesse. Pas ici, pas maintenant. Elle toucha son estomac discrètement, une main légère qui se voulait rassurante. Elle repoussa la fatigue et la douleur, les enfermant dans une chambre secrète de son esprit. Arianna savait que chaque instant qui passait, chaque seconde où elle demeurait assise aux côtés d'Ezio, les rapprochait d'un point de non-retour, d'un moment où leurs vies et celles de centaines d'autres pourraient basculer dans le chaos. Elle rassembla ses forces, sa volonté se durcissant comme l'acier d'une lame. Elle était prête, aussi prête qu'on peut l'être quand on danse au bord de l'abysse.
L'enjeu était colossal, la tension presque insupportable, mais pour Ezio et Arianna, c'était une autre mission dans une longue lignée de batailles et de sacrifices. Un autre moment où le destin les appelait à agir, non pas en tant qu'individus, mais en tant que maillons d'une chaîne qui s'étirait à travers les âges. À Rome, en ce jour fatidique, sous la voûte écrasante de cette église ancienne, ils étaient la dernière ligne de défense entre la paix et l'anarchie, la lumière et les ténèbres. Et ils n'avaient pas l'intention de faillir.
La tension s'était épaissie jusqu'à prendre une qualité presque tactile, chaque âme dans l'église semblant retenir son souffle. La lumière des chandelles vacillait, comme si même les flammes ressentaient l'urgence du moment. Au milieu de cette atmosphère lourde, Ezio prit une décision rapide, trop rapide peut-être, dictée par son impulsivité légendaire et l'agitation qui grondait en lui.
Son poing se serra fermement autour de la dague dissimulée dans sa manche. Ses muscles se tendirent comme des câbles d'acier. Il ne pouvait plus attendre. Ses instincts, forgés au cours de nombreuses années de luttes et de survie, lui hurlaient de neutraliser la menace qui se cachait à l'ombre de la colonne. Sans un mot, sans même un regard de plus vers Arianna, il se leva et commença à se frayer un chemin à travers la foule, chaque pas mesuré mais résolu.
Arianna, qui percevait la scène comme à travers un brouillard de fatigue et de douleur croissante, ne pouvait qu'être étonnée par la rapidité avec laquelle tout se déroulait. Un moment d'hésitation effleura son esprit, une fraction de seconde où elle pesait les risques et les conséquences. Mais le choix était en réalité déjà fait, sculpté dans le marbre de leur relation compliquée et de leur dévouement mutuel à la cause. Elle se leva aussi, grimaçant légèrement alors que des crampes parcouraient son bas-ventre, et suivit Ezio dans la foule.
Alors qu'ils avançaient, leurs silhouettes se fondaient dans l'obscurité, chaque pas les rapprochant de leur cible et de l'incertitude. Les murmures de prières s'estompaient dans un murmure inintelligible, chaque mot sacré se transformant en un simple écho de l'urgence qui les poussait en avant. Les visages autour d'eux semblaient flous, dénués d'importance, des ombres dans une pièce où se jouait une pièce bien plus grande.
À quelques pas de l'homme suspect, Ezio sentit la montée d'adrénaline, ce feu sacré qui avait toujours été son compagnon dans les moments de danger. Son regard croisa celui de l'homme, un échange silencieux mais lourd de sens. L'homme le sentit, le danger imminent, et commença à reculer, sa main se glissant vers une arme cachée.
Dans un mouvement presque synchronisé, Ezio et Arianna jaillirent. Lui, rapide comme un serpent frappant, sa dague trouvant sa cible avec une précision mortelle. Elle, malgré sa faiblesse, suivait de près, son poignard prêt à parer toute contre-attaque.
L'homme s'effondra dans un silence presque irréel, un murmure de surprise s'élevant de la foule. Des gardes commençaient déjà à converger vers eux, leurs épées dégainées, leur visage marqué par la confusion et la tension.
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Isabella sentit un mélange de soulagement et de tension s'évacuer de ses épaules alors qu'elle désactivait habilement le dernier piège qui menaçait le passage du pape. Ses doigts agiles tordirent un fil de fer, évitant un déclenchement fatal. Autour d'elle, ses camarades assassins terminaient leurs propres tâches avec une efficacité similaire, chacun dans son rôle, invisibles mais essentiels.
Alors qu'elle se redressait, un frisson parcourut sa colonne vertébrale. Et maintenant, elle attendait, l'adrénaline pulsant à travers ses veines, pour savoir si cela en valait la peine.
À cet instant précis, un pigeon voyageur vint se poser près d'elle, portant un petit rouleau de papier attaché à sa patte. Reconnaissant le sceau de Machiavel, elle ouvrit rapidement le message et déchiffra les mots cryptés. "Eagle et Swan sont passés à l'action", y était-il écrit en code.
Un sentiment complexe envahit Isabella. Soulagement, inquiétude, fierté et anxiété s'entremêlaient dans un tourbillon d'émotions. Ses parents, Ezio et Arianna, avaient agi. Elle connaissait leurs compétences, leur dévouement à la cause, mais aussi la complexité de leur relation et les risques inhérents à une telle mission. L'idée que ses actions ici à l'extérieur étaient liées de manière si intrinsèque à celles de ses parents à l'intérieur de cette église lui donnait une sensation d'unité et de crainte tout à la fois.
Sans perdre un instant, elle replia le message et le brûla avec une mèche allumée, regardant les cendres se disperser dans le vent romain. Puis, se tournant vers ses camarades, elle fit un signe discret mais clair. C'était le moment d'agir, de jouer leur rôle dans cette pièce dangereuse et changeante. Ses yeux scrutèrent les alentours, son esprit passant rapidement aux prochaines étapes de leur plan.
Pour Isabella, la balance entre le devoir et le désir de protéger ceux qu'elle aimait était une lutte constante, rendue encore plus aiguë par le message qu'elle venait de recevoir. Mais une chose était certaine : quel que soit le coût, quelles que soient les conséquences, ils étaient une famille d'Assassins, unis dans un but commun.
Et elle serait là jusqu'au bout, quoi qu'il en coûte.
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L'homme s'effondra dans un silence presque irréel, un murmure de surprise s'élevant de la foule. Des gardes commençaient déjà à converger vers eux, leurs épées dégainées, leur visage marqué par la confusion et la tension. Ezio, les yeux fixés sur l'homme qu'il avait neutralisé, sentait un mélange de soulagement et de triomphe. Le public, choqué, murmurait déjà, mais à cet instant, tout ce qui comptait pour lui était la sécurité des personnes qu'il aimait. Il pensait avoir neutralisé la menace, avoir sauvé la situation. C'est alors qu'une vague d'intuition, puissante comme un éclair en pleine nuit, traversa son esprit.
Quelque chose n'allait pas.
Ce fut la manière dont l'homme au sol le regarda, ses yeux dépourvus de toute émotion, comme si sa mission n'était pas de tuer, mais de détourner l'attention. Un éclair de compréhension traversa les yeux d'Ezio. Il avait été joué. Il se retourna brusquement, son cœur battant à tout rompre, mais la réalité fut plus rapide que son intuition. Un autre assassin surgit de l'obscurité d'un recoin de l'église, une ombre presque indiscernable dans la pénombre ambiante. Même le regard acéré d'Ezio, formé pour détecter ce genre de menace, n'avait pas vu venir ce nouvel adversaire. Le poignard de l'assassin étincela un bref instant sous la lueur vacillante des chandelles, un éclair d'acier qui fendit l'air dans un mouvement presque poétique.
Tout semblait s'être suspendu dans le temps. La lame s'enfonça dans le dos du pape, transperçant le tissu de sa chasuble avant de disparaître dans sa chair. Un cri d'horreur s'éleva de la foule, une vague de voix humaines en proie à la terreur. Mais pour Ezio, ce cri fut comme un murmure lointain, absorbé par les murs épais de la basilique, noyé dans l'épaisseur de ses propres pensées.
"Arianna!" Sa voix éclata dans l'air lourd de l'église, son cri un rugissement de désespoir plutôt qu'un appel à l'aide. Dans ce cri, il y avait toute la détresse d'un homme qui réalisait trop tard ses erreurs. Des gardes armés surgirent de partout, leurs épées dégainées et leurs visages tendus dans un mélange de confusion et de menace.
L'assassin, satisfait d'avoir accompli la première phase de son ignoble plan, pivota avec une précision mortelle vers Ezio. Les rayons du soleil qui filtraient à travers les vitraux de l'église se reflétaient sur le métal de son poignard, son bras reculant pour un lancer aussi précis que fatal. C'était un professionnel, son visage vide de toute émotion, ses yeux calculateurs.
À ce moment précis, Arianna, déjà drainée par une fatigue qu'elle ne pouvait expliquer et des maux de ventre lancinants, sentit comme une décharge électrique lui traverser le corps. Il s'agissait d'une énergie qu'elle ne savait pas posséder, une force venue du plus profond de son être, née de son amour pour Ezio et de l'urgence de la situation. Ignorant les protestations de son corps, elle se jeta en avant dans un geste qui dépassait la raison, repoussant Ezio avec une force inattendue hors de la trajectoire mortelle du poignard.
L'effort fut colossal, et ce mouvement héroïque lui coûta le peu de ressources qu'elle avait encore en réserve. Son champ de vision se rétrécit soudainement, comme si quelqu'un tirait un rideau noir devant ses yeux. Ses jambes tremblantes ne purent plus la soutenir et elle s'effondra sur le sol de marbre froid et impitoyable de la basilique. En tombant, une douleur insupportable, semblable à une lame enflammée, lui transperça le ventre. Presque instantanément, elle ressentit une humidité inquiétante entre ses jambes.
Un coup d'œil paniqué vers le bas confirma ses pires craintes : le sol de marbre s'imbibait de son sang, une tache écarlate s'étendant rapidement autour d'elle. Chaque goutte perdue semblait lui ôter un peu plus de sa vie, de son énergie, et elle comprit que la situation était grave, très grave. Le temps ralentit, ses pensées se brouillèrent, mais dans ce chaos, une réalité terrifiante s'imposa : elle était gravement blessée, et le danger était loin d'être écarté.
Arianna sentait les ténèbres l'envahir, ses paupières devenant de plus en plus lourdes. Son regard croisa celui d'Ezio une dernière fois, un regard qui contenait une multitude de mots qu'ils n'avaient jamais l'occasion de se dire. Et dans ce silence poignant, elle s'évanouit, laissant son monde se noircir complètement.
Pour Ezio, cet instant fut comme un coup de poignard à son propre cœur. Il voyait Arianna, pâle et inanimée sur le sol de marbre, baignant dans son propre sang, et il comprenait ce qui venait de se passer. Elle l'avait sauvé. Dans son esprit, tout se bousculait, le temps reprenant brusquement son cours. Des cris de confusion et d'horreur résonnaient dans l'église, la foule se dispersait dans un mouvement chaotique. Des gardes, attirés par le tumulte, commençaient à encercler la zone. L'assassin, profitant de la confusion, s'éclipsait déjà dans l'ombre, se glissant entre les colonnes comme un fantôme.
Ezio savait qu'il était à un carrefour, un moment décisif qui déterminerait non seulement son sort mais celui de la femme qu'il avait aimée, qu'il aimait toujours. Son regard balaya rapidement les alentours, évaluant les risques, calculant ses options. Mais lorsque ses yeux se posèrent à nouveau sur Arianna, il sut que le choix avait déjà été fait.
Avec un élan d'adrénaline et une force qu'il ne savait pas posséder, il se baissa pour soulever Arianna dans ses bras, aussi délicatement que possible, mais avec une rapidité imposée par l'urgence de la situation. Ses muscles se contractaient sous l'effort, chaque fibre de son être concentrée sur la tâche vitale qui lui incombait : sortir Arianna de cet enfer.
Le cœur d'Ezio palpitait dans sa poitrine comme un tambour de guerre, chaque battement synchronisé avec les pas désespérés qu'il faisait à travers la foule hystérique. Arianna était dans ses bras, inconsciente, vulnérable. Chaque seconde passée dans cette basilique était une seconde de trop, une seconde qui les rapprochait du désastre. Des gardes armés jusqu'aux dents faisaient irruption dans l'église, sabres dégainés, des yeux froids et calculateurs cherchant leurs cibles dans le chaos.
Ezio zigzaguait entre les colonnes, ses sens en alerte maximale. Il sentait le regard perçant des gardes, entendait leurs bottes résonner sur le sol de pierre, leur souffle court et leurs ordres étouffés. Et puis il y avait Arianna, chaque souffle qu'elle prenait de plus en plus faible, chaque instant qui s'écoulait, réduisant ses chances. La tension était à son comble, presque insoutenable.
Soudain, une flèche fila dans l'air, sifflant à leurs oreilles avant de se ficher dans le torse d'un garde qui était sur le point de les intercepter. Le garde s'effondra, un cri étouffé mourant dans sa gorge. Du coin de l'œil, Ezio aperçut une silhouette familière s'élançant des ombres. Isabella, leur fille, son carquois presque vide et son visage marqué par l'urgence.
"Va, Père! Je couvre vos arrières!" cria-t-elle, encochant une autre flèche.
Encouragé par l'arrivée de sa fille, redoublant d'énergie par la charge émotionnelle de l'instant, Ezio accéléra. Ses jambes étaient lourdes, ses bras engourdis par le poids d'Arianna, mais il ne pouvait pas, il ne voulait pas s'arrêter. Isabella suivait, tirant une flèche après l'autre, chacune trouvant sa cible avec une précision mortelle, freinant l'avancée des gardes.
Après un éternel ballet d'angoisse et de tension, ils atteignirent enfin une porte dérobée menant à une ruelle sombre et étroite. Sans un mot, Ezio traversa le seuil, Isabella le suivant de près, refermant soigneusement la porte derrière eux. Loin des cris et du tumulte, ils étaient plongés dans une obscurité presque totale, mais ce n'était pas le moment de se relâcher.
Ezio regarda Isabella, ses yeux remplis de gratitude et d'inquiétude, et ils échangèrent un regard qui valait tous les mots du monde. Il n'y avait pas de temps à perdre. Ils devaient ramener Arianna au QG, ils devaient la sauver. C'est alors que Ezio réalisa, plus que jamais, que dans ce monde imprévisible et dangereux, la famille était la seule certitude. Et il était prêt à tout pour protéger cette certitude, jusqu'à son dernier souffle.
Leur avenir était incertain, plein de dangers et de défis insurmontables, mais en cet instant, rien de tout cela n'importait. Tout ce qui comptait, c'était qu'il tenait Arianna dans ses bras, et qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour la sauver. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit animé d'une détermination sans faille, d'un amour indomptable, et il sut qu'ensemble, ils feraient face à ce qui les attendait.
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Isabella se tenait à l'extérieur de la basilique, l'arc à la main, les yeux balayant la foule dense et indisciplinée qui s'étendait devant elle. Elle et son équipe étaient là pour une raison précise : éliminer toute menace potentielle sur le chemin du Pape. Chaque mouvement suspect, chaque frémissement dans la foule était analysé, évalué, jugé. Mais malgré toute cette vigilance, un sentiment d'angoisse profonde s'était insinué en elle. Quelque chose n'allait pas.
Ce fut le changement d'atmosphère qui la frappa en premier, une sorte de charge électrique dans l'air, un murmure collectif montant d'un ton. Puis, le cri déchirant d'une femme à l'intérieur de la basilique, suivi d'une cacophonie de voix, de bruits de pas et de métal entrechoqué. Le visage d'Isabella pâlit, une terrible réalisation s'emparant d'elle. Son père, Ezio, était à l'intérieur avec Arianna, et elle savait, elle savait qu'il avait fait une erreur.
Abandonnant toute prudence, elle ordonna à ses hommes de rester en place et s'élança vers l'entrée de la basilique. Son cœur battait la chamade, sa respiration devenait de plus en plus laborieuse, mais elle ne pouvait pas, ne voulait pas s'arrêter. Elle poussa la porte lourde, son arc prêt à décocher, ses yeux s'ajustant à la pénombre de l'intérieur.
Et là, elle le vit. Son père, portant le corps inerte d'Arianna dans ses bras, se frayant un chemin parmi la foule en panique et les gardes armés. Elle comprit immédiatement qu'elle était arrivée trop tard pour empêcher le pire.
Son ventre se serra, une boule d'émotion l'étouffant presque, mais ce n'était pas le moment pour les larmes ou les regrets. Elle encocha une flèche, visa et tira, éliminant un garde qui se dirigeait vers eux. "Va, Père! Je couvre vos arrières!" cria-t-elle, sa voix chargée d'un mélange de soulagement et de désespoir.
Alors qu'ils quittaient l'église, Isabella jetait des regards furtifs vers son père et Arianna, son cœur se brisant un peu plus à chaque pas. Elle avait échoué dans sa mission première de protéger sa famille, et ce constat la hanterait longtemps. Mais pour le moment, il y avait une vie à sauver, et elle ferait tout en son pouvoir pour y parvenir, quel que soit le coût.