L'Héritage des Ombres : Le Souffle de la Résistance

Chapitre 1 : La Saga des Ombres - Scènes coupées

6601 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/03/2024 21:49

La Saga des Ombres - Scènes coupées


Tome 2 - L'Héritage des Ombres : Le Souffle de la Résistance


Scène 1 : Le Trio d'Assassins


Dans un entrepôt caché de Rome, les murs en pierre vieillis par le temps semblaient absorber la lumière des bougies disposées sur des tables en bois brut. Ces flammes timides faisaient danser des éclats de métal et de vieux cuir dans l'air épais de la pièce. C'était comme si l'histoire elle-même était tissée dans ces murs, un rappel constant des luttes et des sacrifices de ceux qui étaient venus avant eux.


Arianna, l'épée en main, exécutait une série de mouvements d'escrime avec une maîtrise qui émanait d'années d'expérience. Ses enfants, Isabella et Frédérico, étaient assis sur des caisses en bois, leurs yeux rivés sur leur mère. Chaque enchaînement, chaque parade, chaque riposte semblait se graver dans leur esprit, comme des mots dans un livre sacré.


"Votre épée, voyez-vous, doit être un prolongement naturel de votre propre bras, un outil guidé non seulement par vos muscles mais par votre volonté et votre esprit," déclara Arianna. Sa voix était posée, presque méditative. Ses mouvements, fluides et coordonnés, ressemblaient plus à une danse ritualisée qu'à un simple exercice d'escrime. "C'est une sagesse ancestrale, transmise par mon grand-père et inscrite dans notre Codex des Valentini. Si vous parvenez à l'intégrer, cela constituera notre meilleure défense contre les Templiers."


Isabella, vibrant d'une énergie impatiente, se leva d'un bond. Elle prit son couteau d'entraînement et essaya d'imiter les mouvements de sa mère. Sa tentative fut audacieuse mais maladroite, et la lame siffla dangereusement près d'un rouleau de parchemin posé sur une table voisine.


Arianna interrompit sa démonstration et se tourna vers elle, un sourire tendre mais sévère formant sur ses lèvres. "Isa, tu dois apprendre à canaliser ton ardeur. Souviens-toi que chaque erreur est une opportunité de grandir, une chance d'apprendre."


Comme si un nuage de tension venait de se lever, l'atmosphère dans la salle devint légèrement plus détendue. Les bougies semblèrent briller un peu plus fort, comme si elles reflétaient l'éclaircissement de l'ambiance. Arianna ressentit ce changement et prit cela comme le moment idéal pour laisser de côté l'aspect technique de leur entraînement.


Elle posa délicatement son épée sur une table en bois à côté d'elle, comme pour marquer une pause dans cette leçon impromptue. C'était une rupture douce mais intentionnelle dans la concentration aiguë qui avait enveloppé l'entrepôt jusqu'à maintenant. S'avançant vers ses enfants, ses yeux se posèrent alternativement sur chacun d'eux, captant leur attention comme elle avait fait tant de fois auparavant. Elle prit leurs mains dans les siennes et chercha les mots justes pour répondre aux questions non posées mais ressenties, qui chargeaient l'air déjà dense de la pièce.


"Je sais que c'est un apprentissage difficile mais nous n'avons pas vraiment le choix. Votre père et moi avons fait des choix qui nous ont menés ici, qui vous ont menés ici. Vous êtes nés dans cette lutte, dans cette guerre qui ne dit pas son nom."


Isabella, visiblement galvanisée par le discours de sa mère, hocha vigoureusement la tête, comme pour chasser les derniers doutes qui auraient pu l'assaillir. À côté d'elle, Frédérico, jusque-là silencieux, ouvrit enfin la bouche. Ses yeux rencontrèrent ceux de sa mère et sa voix se fit timide, mais déterminée.


"Maman, est-ce qu'on pourrait pas... être normaux, juste une fois ? Sans les Templiers, sans cette guerre sans fin ?"


Ces mots semblaient attendre leur tour depuis longtemps. Arianna sentit son cœur se serrer. La question de Frédérico venait briser l'élan combatif qu'elle essayait de transmettre, mais elle savait qu'il avait le droit de poser cette question, qu'il avait le droit de douter.


"Je comprends pourquoi tu poses cette question, Frédérico," répondit-elle, ses yeux se fixant sur son fils avec une intensité douce-amère. "Mais le simple fait est que nous avons des responsabilités qui vont au-delà de ce que beaucoup considéreraient comme 'normal'. Le sang des Assassins coule dans nos veines, et avec cela vient un fardeau que nous ne pouvons pas simplement choisir d'ignorer."


Dans l'obscurité tamisée de l'entrepôt, le silence s'étira, aussi dense que le cuir et le métal qui les entouraient. Les trois membres de la famille se tenaient là, liés par plus que leurs mains entrelacées. Arianna sentait les yeux de ses enfants sur elle, scrutant son visage pour des signes de doute ou de faiblesse qu'ils ne trouvaient pas.


Chacun était absorbé par la gravité des paroles d'Arianna, méditant sur les lourdes responsabilités qu'elles impliquaient. On aurait presque pu toucher l'air, si saturé du poids de leur héritage, de leur devoir envers eux-mêmes et l'un envers l'autre.


Cependant, au milieu de ce silence lourd, quelque chose changea. C'était comme si une sorte de compréhension silencieuse se formait, filant d'âme à âme. Une résolution muette, mais inébranlable, se forgea entre eux. Ce n'était pas seulement leur sang qui les liait, mais quelque chose de plus profond, une essence qui transcendait leurs choix individuels, leurs doutes, même leurs erreurs.


Ils étaient une famille, oui, mais ils étaient aussi des guerriers dans une bataille que leurs ancêtres avaient menée bien avant eux. Et dans cet instant de silence, ils acceptèrent tous, d'une manière ou d'une autre, le rôle qu'ils devaient jouer, conscient ou non des sacrifices qu'il exigerait.


Après avoir quitté l'entrepôt, Arianna pénétra dans une salle attenante qui lui servait de sanctuaire intellectuel. Des cartographies précises de Rome et ses environs ornaient les murs, tandis qu'une table de travail en chêne massif trônait au milieu de la pièce. Des documents, des instruments d'écriture et des flacons d'encre étaient soigneusement arrangés sur la surface de la table, évoquant à la fois la rigueur et un certain ésotérisme.


Se dirigeant vers un meuble discret situé dans un coin de la pièce, Arianna déverrouilla l'un de ses tiroirs avec une petite clé en argent qu'elle portait en pendentif autour de son cou. Elle en sortit une boîte en bois sombre, gravée de motifs mystérieux qui évoquaient les insignes des Assassins.


Elle inspira profondément avant de soulever le couvercle de la boîte. À l'intérieur, des éclats d'une matière presque surnaturelle brillaient, dégageant une lueur faible mais constante. Ce qu'elle tenait là étaient des fragments de la Pomme d'Éden, un secret farouchement gardé, découvert lors d'une expédition dangereuse dans les entrailles des catacombes romaines. Une aventure qu'elle avait entreprise en solitaire, à l'insu même de ses proches.


"Pour un avenir meilleur," murmura-t-elle en refermant la boîte avec une douceur respectueuse.


Son esprit dériva vers ses enfants, Isabella et Frédérico, puis vers l'Ordre des Assassins et, bien sûr, vers Ezio. La dualité de sa vie exigeait une équilibre subtil, un équilibre qu'elle avait appris à maîtriser au fil des ans. Ces fragments luminescents étaient plus qu'un héritage; ils étaient une pièce maîtresse dans l'échiquier complexe de la lutte ancestrale entre les Assassins et les Templiers.


Secouant ses pensées, elle replaça la boîte dans son tiroir et enclencha la serrure. Elle revint à son bureau, déroulant un parchemin vierge avec l'intention de s'y mettre au travail. Les tâches à accomplir étaient innombrables, et le temps précieux. Cependant, ses pensées ne purent s'empêcher de revenir à ses enfants. Pour leur futur, elle était prête à prendre tous les risques, même si cela signifiait garder des secrets d'une portée inimaginable... y compris d'eux.



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Scène 2: L'Observateur Silencieux


Les derniers rayons du soleil d'été baignaient les jardins verdoyants de la villa Auditore à Monteriggioni d'une lumière dorée. Chaque pétales des roses rouges et les clochettes violettes des lilas semblaient chanter en harmonie avec cette symphonie visuelle, libérant un parfum enivrant qui rendait hommage à la somptuosité de cette soirée d'été.


Au cœur de cette oasis florale, une autre sorte de ballet se déroulait. Arianna, vêtue d'une tenue d'entraînement en cuir souple, dirigeait ses enfants, Isabella et Frédérico, dans une danse guerrière méticuleuse. Les lames de leurs épées dessinaient des arcs brillants dans l'air, des mouvements en parfaite harmonie avec les autres, comme si la famille elle-même était une œuvre d'art en mouvement. Les gestes étaient fluides mais délibérés, un équilibre délicat entre grâce et puissance.


À distance respectueuse, Mario Auditore les observait, les bras croisés sur son large torse. Son visage, marqué par les années et les soucis, était un tableau d'émotions mêlées. La fierté qu'il éprouvait pour ces jeunes guerriers était palpable, mais il y avait aussi une touche de nostalgie qui teintait son regard. Les conflits italiens qui avaient agité la péninsule ces dernières années, les batailles à Forlì, à Florence, et même les guerres plus lointaines, tout cela resurgissait dans sa mémoire.


Il savait que leur présence ici, dans cette villa, était à la fois une réunion de famille et un camp d'entraînement impromptu. Les Auditore n'étaient pas seulement liés par le sang, mais par une cause qui exigeait de chacun une maîtrise sans faille de l'art de la guerre. Et alors que ses pensées erraient vers les défis que cette nouvelle génération aurait à affronter, son regard croisa celui d'Arianna. Un bref échange visuel, un hochement de tête subtil, mais cela suffisait. Dans ce geste silencieux, ils partageaient une compréhension muette mais profonde de la lourdeur de leur héritage et de la gravité de leur mission, une mission qui allait bien au-delà de cet été à Monteriggioni. Le regard des adultes se porta à nouveau vers les enfants. 


Les lames s'entrechoquaient dans les derniers rayons du soleil, le bruit du métal contre métal résonnant dans l'air tiède de l'été. Isabella, son épée en main, se déplaçait avec la légèreté d'une plume, tandis que Frédérico, plus jeune mais tout aussi déterminé, essayait de parer ses coups.


"Concentre-toi, Frédérico ! Garde ton épée plus haute !" conseilla Mario, son regard passant de l'adolescente à son frère cadet.


"Avec plaisir, oncle Mario," répondit Frédérico, redressant sa posture et redoublant d'efforts.


Arianna, en les observant, ne put s'empêcher de ressentir une onde de fierté. "Isabella, n'oublie pas de garder un œil sur ton environnement, même dans le feu de l'action."


Isabella, prenant compte du conseil de sa mère, lança un rapide coup d'œil autour d'elle avant de reprendre son duel avec son frère. La leçon fut immédiatement bénéfique, lui permettant d'anticiper une attaque en provenance de Frédérico.


Mario s'avança et leva une main. "Assez pour aujourd'hui. Vous avez tous les deux bien travaillé."


Frédérico, son visage rougi par l'exercice et la concentration, se tourna vers Arianna. "Maman, crois-tu que je serai aussi bon qu'Isabella un jour ?"


Arianna s'approcha et ébouriffa les cheveux de son fils. "Tu as ton propre chemin à suivre, et je ne doute pas que tu seras excellent en suivant ta propre voie."


Isabella, posant son épée, se joignit à eux. "N'oublie pas, Frédérico, nous sommes une équipe. Les Assassins sont toujours plus forts ensemble."


Mario, écoutant l'échange, sourit profondément. "Sages paroles, Isabella. La famille est notre plus grand atout et notre plus grande force. N'oubliez jamais cela."


Arianna prit une seconde pour regarder ses enfants et Mario, sentant la vérité de ces mots résonner en elle. Ici, dans ce jardin, entourée de ces personnes, elle sentait la force et l'unité qui définissaient leur héritage et leur futur.


Et pendant un bref moment, toutes les incertitudes, toutes les menaces qui pesaient sur eux semblaient disparaître, remplacées par l'amour et la force qui les liaient tous.


Dans l'ombre des colonnes de la villa, Ezio Auditore demeurait figé, une statue solennelle sculptée par le poids des ans et des erreurs. Sa tenue, bien que toujours élégante, portait les marques des combats et des kilomètres parcourus. Ses yeux, autrefois pétillants de vie, trahissaient une lassitude qu'aucun repos ne pourrait soulager.


Il regardait Arianna, la complexité de ses émotions brouillant sa vision comme un voile de brume. Elle dirigeait Isabella et Frédérico, leurs enfants, dans une séquence de mouvements qu'il avait autrefois maîtrisés avec aisance. Chaque geste, chaque parade, chaque frappe lui rappelait son propre entraînement, sa propre jeunesse. Et chaque mouvement de Frédérico, leur plus jeune, était un rappel aigu du fardeau de ses choix. Un fils né dans l'absence d'un père, un enfant dont il ne connaissait pas les rires ni les pleurs.


L'envie de faire un pas en avant le tiraillait, presque insupportable dans son intensité. Mais quelque chose le retenait; une chaîne invisible de doutes et de regrets qui le clouait sur place. Les années de guerre contre les Borgia, de vie dans les ombres, l'avaient isolé, même au sein de sa propre famille.


L'ovation chaleureuse de Mario pour une esquive habile d'Isabella resserrait le nœud dans sa gorge. Il aurait dû être celui à applaudir, à encourager, à enseigner. Les mots d'admiration et de fierté de son oncle étaient autant de rappels de sa propre défaillance. Des années gaspillées, des moments précieux irrémédiablement perdus. Il était là, mais aussi incroyablement loin, retenu par les barrières invisibles de ses incertitudes et de son insécurité émotionnelle.


Son esprit s'aventura brièvement vers Caterina. Une distraction, une consolation, mais jamais un remplacement. Son cœur appartenait toujours à la femme qui se tenait devant lui, bien qu'entourée d'une distance que des années de silence et de doutes avaient étirée en un abîme.


Finalement, Ezio tourna les talons. Ses responsabilités l'appelaient, des responsabilités qu'il avait autrefois placées au-dessus de tout le reste, y compris de ceux qu'il aimait. Mais alors qu'il s'éloignait, une nouvelle réalisation l'envahit, lourde et amère : en cherchant à sauver le monde, il s'était perdu lui-même. Et en se perdant, il avait perdu bien plus.


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La nuit enveloppa finalement Monteriggioni de son manteau étoilé, un ciel sans nuages où chaque étoile semblait briller un peu plus fort, comme pour compenser l'obscurité qui s'abattait sur la terre. Ezio restait immobile, un spectre silencieux dans l'obscurité croissante, les échos de la vie qu'il aurait pu avoir résonnant dans le silence. Ce silence, qui avait été jadis son allié, était devenu à la fois son sanctuaire et sa cage.


Là, à cet instant, dans cette pénombre qui engloutissait tout, il réalisa à quel point la nuit était un miroir de lui-même : pleine de mystères, de profondeurs insondables, et de coins reculés où même la lumière semblait craindre de pénétrer. Le poids de ses choix, le fardeau de son destin, le suivait comme une ombre inextricable, une part de lui-même qu'il ne pourrait jamais tout à fait échapper.


Sans un mot, sans un bruit, il s'éclipsa, glissant dans les ténèbres comme une ombre s'unissant à une nuit sans fin. Et alors qu'il s'éloignait, une réalité implacable le saisit : la plus grande énigme de sa vie n'était pas un complot templier ou une ancienne prophétie, mais lui-même. Il était la question sans réponse, le livre sans dernier chapitre.


Il disparut dans l'obscurité, laissant derrière lui une famille qui l'aimait mais qui ne le connaissait qu'à moitié. Ils n'avaient de lui que des fragments, des souvenirs et des illusions, et peut-être, c'était tout ce qu'il pouvait leur donner. Car la moitié d'une âme tourmentée, se dit-il en s'évanouissant dans la nuit, était peut-être tout ce qu'il avait jamais vraiment possédé.


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Arianna monta doucement les marches de la villa, chaque pas résonnant dans le corridor silencieux comme une note d'une mélodie inachevée. Elle venait de coucher Isabella et Frédérico, les regardant s'endormir avec un amour pur et inconditionnel qui comblait une partie du vide dans son âme. Elle s'arrêta devant la fenêtre du couloir, sa main effleurant délicatement le verre froid, et son regard s'attarda sur la silhouette éloignée d'un homme quittant la propriété.


Ezio.


Même dans l'obscurité, même à cette distance, elle le reconnaissait. Chaque courbe de son dos, chaque mouvement de ses épaules, c'était comme une langue qu'elle avait autrefois parlée couramment, mais dont elle avait presque oublié les mots.


Des souvenirs d'une nuit à Rome en 1479 la submergèrent, une nuit où elle avait partagé avec lui la nouvelle de sa deuxième grossesse, cherchant l'engagement et la sécurité après sa trahison avec Caterina. Il n'avait répondu que par le silence. Ce silence avait été plus bruyant que toutes les paroles qu'il aurait pu prononcer. Il avait été leur fin.


Et alors qu'elle le voyait s'éloigner, un éclat d'armure visible sous la lueur de la lune, quelque chose se serra en elle. Elle se demanda ce qu'il raconterait à leurs enfants s'il avait l'occasion de le faire. Elle se demanda s'il regretterait les années perdues, les anniversaires manqués, les premiers pas et les premiers mots qu'il n'avait pas vus. Elle se demanda si ce vide qu'il laissait dans leur vie serait toujours comblé par l'amour d'un seul parent.


Et alors qu'elle le regardait disparaître dans la nuit, elle comprit que ces questions resteraient sans réponses. Elles étaient les fils détachés de la tapisserie de leur vie, des bouts de laine que même le temps ne pouvait tisser ensemble.


Elle prit une profonde inspiration, ressentant chaque fibre de son être trembler sous le poids de l'inconnu, avant de se détourner de la fenêtre. Les enfants avaient besoin d'elle, Rome avait besoin d'elle, et elle avait besoin d'elle-même.


Alors, avec une force silencieuse qui avait été forgée par des années de solitude et de survie, Arianna Valentini, mère de deux enfants, guerrière et résistante de Rome, tourna le dos à son passé. Et cette fois, c'était elle qui choisissait le silence.


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Scène 3 : Les Confidences de Machiavelli


La bibliothèque était un sanctuaire silencieux, abritant des siècles de savoir et de sagesse. Des étagères en bois de chêne, chargées de parchemins, de cartes et de livres reliés en cuir, s'étendaient à perte de vue. Un globe terrestre sculpté avec précision reposait sur un meuble à proximité, aux côtés de divers instruments de navigation et de calcul.


Machiavelli se tenait devant une grande table en bois, penché sur un ensemble de documents éparpillés. Sa plume volait sur le papier, inscrivant des mots dont la signification échappait même à beaucoup de ses contemporains. Arianna entra, refermant doucement la porte derrière elle.


"Niccolò," dit-elle, sa voix aussi douce que le bruit d'une page tournée.


Machiavelli leva les yeux, un sourire en coin étirant ses lèvres. "Arianna, ma chère, vous arrivez à point nommé. Les mouvements des Borgia à Rome deviennent de plus en plus audacieux."


Il lui tendit un parchemin où étaient notées des informations sur des déplacements de troupes et des alliances suspectes. Arianna le parcourut rapidement, son regard s'assombrissant à chaque ligne.


"Ils ne s'arrêteront pas, n'est-ce pas?" demanda-t-elle, sa voix trahissant une lueur de fatigue.


"Ils ne connaissent pas le mot," répliqua Machiavelli, rangeant sa plume.


Dans l'atmosphère silencieuse et intellectuellement chargée de la bibliothèque, le bruit des pensées en mouvement semblait presque audible. Machiavelli s'arrêta, posant délicatement sa plume sur la table, et fixa Arianna. "Vous semblez préoccupée, au-delà des affaires de la cité."


Arianna sentit son pouls s'accélérer légèrement, la sincérité du regard de Machiavelli ébranlant ses défenses habituelles. "C'est Ezio," avoua-t-elle, l'émotion faisant légèrement trembler sa voix. "Il était de passage à Monteriggioni quand j’y étais avec les enfants. On ne se parle pas depuis des années, mais le voir, c'est comme une blessure réouverte."


Machiavelli la regarda intensément, ses yeux bruns et pénétrants comme s'ils pouvaient voir jusqu'au plus profond de son âme. "La vie ne cesse de nous mettre à l'épreuve, surtout ceux d'entre nous qui portent des fardeaux plus lourds que la plupart. Et ces fardeaux sont souvent des personnes."


Elle hocha la tête, avalant difficilement. "Les enfants ignorent presque tout de lui, Niccolò. Ils savent qu'il est leur père, mais ils ignorent l'homme qu'il est. Je ne sais pas si c'est une bénédiction que de les garder dans l'ignorance, ou une malédiction que de leur refuser la complexité de leur propre héritage."


Machiavelli laissa échapper un soupir presque inaudible. "Le temps a une façon de révéler la vérité, même les vérités les plus douloureuses. Votre douleur est celle d'une mère, mais aussi celle d'une femme qui a aimé profondément. Et cette douleur, bien que lourde, est aussi une source de force. Il vous faudra tous y faire face, tôt ou tard."


Un sourire triste se dessina sur le visage d'Arianna. "Vous êtes toujours si sage, Niccolò. C'est à la fois réconfortant et déchirant."


Machiavelli la regarda, son visage tendre. "La sagesse n'est qu'un fardeau si elle n'est pas partagée," répondit-il, son regard se fixant sur une ancienne carte de Rome posée sur la table. "Comme l'amitié, elle est plus précieuse lorsqu'elle est offerte et acceptée. Vous n'êtes pas seule dans cette lutte, Arianna."


Leurs yeux se croisèrent à nouveau, et dans ce moment, un échange silencieux mais intense eut lieu entre eux. C'était comme si leurs âmes se parlaient, partageant une compréhension que les mots seuls ne pouvaient exprimer. Arianna sentit une lueur d'apaisement la traverser, comme si une partie du poids qu'elle portait avait été allégée, même si ce n'était que de façon éphémère.


"Merci, Niccolò," dit Arianna, ses mots portant un souffle de soulagement qui lui avait échappé depuis longtemps. Elle sentit comme si un poids, aussi minime soit-il, avait été retiré de ses épaules, et ce sentiment était précieux.


"Non, merci à vous, Arianna. Pour tout," répliqua Machiavelli, ses paroles imprégnées d'un respect profond et d'une affection discrète. "Pour votre amitié, pour votre confiance et pour cette force incroyable qui inspire même les plus cyniques d'entre nous."


Leurs regards se séparèrent finalement, chacun plongeant dans les replis de ses pensées, ses plans, et ses inquiétudes personnelles. Cependant, le silence qui tomba dans la pièce n'était plus un silence tendu ou lourd de non-dits. Au contraire, c'était un silence confortable, presque apaisant, rempli du respect et de la compréhension mutuelle qu'ils partageaient.


Dans ce monde en perpétuel mouvement, où les alliances se formaient et se brisaient comme des vagues sur une plage, leur amitié était un ancrage solide. C'était ce qui les maintenait fermement au sol, donnant une forme de constance dans un univers de chaos. Même lorsque des tempêtes politiques et émotionnelles menaçaient de tout emporter, cet ancrage les stabilisait, rappelant à chacun qu'il n'était pas seul dans cette lutte inlassable contre les marées de l'histoire.


Arianna sentit une chaleur s'étendre dans son être, une lumière intérieure alimentée par la bonté et la sagesse du moment. Elle savait que les défis à venir seraient colossaux, mais cette petite oasis d'empathie et de compréhension lui offrait une recharge momentanée, une raison de croire que tout n'était pas perdu.


Et dans cette conviction silencieuse, chacun reprit son travail, les parchemins et les livres à nouveau étalés devant eux. Mais derrière chaque mot écrit et chaque stratégie discutée, il y avait maintenant une nouvelle résolution, un regain de courage puisé dans la simplicité de l'amitié véritable.


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Scène 4 : Parallèles Amoureux


Dans la grande salle de bal à Rome, chaque détail était conçu pour enchanter. Des lustres en cristal scintillaient comme des étoiles fixées au firmament, projetant des ombres douces et dorées sur le visage de l'élite romaine. Cette assemblée de l'intelligentsia et de la noblesse formait un kaléidoscope d'éclat et de raffinement, reflétant toute la splendeur de l'Italie du XVIe siècle.


Parmi ce tableau d'excellence, Arianna se distinguait naturellement. Sa robe, une merveille de la couture, moulait sa silhouette d'une manière qui équilibrait parfaitement l'élégance et la sensualité. Elle flottait plus qu'elle ne marchait, chaque pas un ballet silencieux sur les pavés de marbre. Sa beauté, ce soir-là, flirtait avec l'irréel, comme si elle avait été tirée d'une toile de maître, donnant l'impression d'être non seulement présente mais aussi d'appartenir à un autre monde.


À ses côtés, le comte Pâris incarnait le sommet de la sophistication masculine. Vêtu d'un costume aussi finement taillé que lui-même, il la menait sur la piste de danse avec la certitude que seul peut conférer le privilège de naissance. Ses mains trouvaient naturellement leur place, ni trop haut ni trop bas, le tout exécuté avec une grâce qui rendait leur connexion presque magique.


Les musiciens, cachés dans l'ombre de la salle, jouaient une symphonie envoûtante. Les violons, les flûtes et les clavecins s'entrelaçaient pour créer une musique qui semblait être le prolongement naturel de la cité elle-même, complexe et pourtant incroyablement douce, une véritable ode à la sophistication romaine.


Profitant de la douce pause mélodique, Pâris poursuivit son éloge, les yeux plongés dans ceux d'Arianna comme s'il cherchait à y découvrir des secrets encore cachés. "Votre lumière éclipse même celle des étoiles, Arianna," souffla-t-il.


Toujours dans le mouvement, Arianna lui offrit un sourire, un sourire qui disait à la fois beaucoup et peu. "Votre flatterie sait comment rendre une femme encore plus radieuse, cher Comte," répondit-elle, laissant sa main glisser subtilement le long de son bras jusqu'à rencontrer la sienne.


Avec une complicité qui reflétait des années d'intimité, il saisit délicatement sa main et l'embrassa, ses lèvres à peine touchant sa peau. Un simple effleurement, mais suffisant pour envoyer une étincelle d'électricité entre eux. "Le mérite n'est pas le mien. Vous êtes la source de cette lumière," rétorqua-t-il.


Ils reprirent leur danse, leurs pas se fondant dans la mélodie envoûtante qui emplissait la salle. Pour un instant, ils semblèrent être les seuls à exister dans cet univers étincelant, chacun étant l'unique point d'ancrage de l'autre. Alors qu'ils tournaient, les jupes de la robe d'Arianna virevoltant dans un mouvement gracieux, ses yeux tombèrent sur une tapisserie accrochée majestueusement au mur de la salle de bal.


La scène illustrait une scène de chasse, mais ce qui capta son attention fut l’aigle en plein vol, ailes déployées, prêt à fondre sur sa proie. Cet oiseau majestueux lui rappela soudainement Ezio. Elle se souvint de la fascination qu'il éprouvait pour ces créatures, les considérant comme des symboles de liberté et de force indomptable. Il aimait à croire que l'oiseau de proie était l'incarnation animale de l'Assassin par excellence, toujours à l'affût, prêt à fondre sur sa cible.


Ce détail inattendu fit surgir en elle une marée d'émotions. Elle se sentit comme si elle était emportée dans un tourbillon de nostalgie et de regret, son esprit se perdant en des lieux et des moments lointains. Pour un court instant, elle était ailleurs, ailleurs avec lui, dans une autre salle de bal, une autre vie, où les enjeux étaient tout aussi élevés mais d'une nature très différente.


Elle fut soudainement ramenée à la réalité par la pression plus forte du comte Pâris sur sa main, une subtile mais significative manifestation de sa sensibilité à ses changements d'humeur. Ses yeux cherchèrent les siens, comme pour lui demander silencieusement ce qui venait de se passer.


Arianna esquissa un sourire, tâchant de dissimuler son trouble émotionnel, mais sachant très bien que Pâris était assez perspicace pour percevoir les nuances de son état d'âme. "Pardonnez-moi, j'étais perdue dans mes pensées," dit-elle doucement, se préparant à continuer la danse.


Cependant, cet instant fugace avait laissé son empreinte, comme une ombre traversant brièvement le soleil. Elle se trouvait physiquement là, dans cette salle somptueuse, avec un homme qui l'aimait d'un amour clair et incontesté, mais une partie d'elle, une partie irréductible, planait quelque part avec le faucon, entre la nostalgie et le regret.


Pâris, sentant soudain un changement dans son énergie, la serra un peu plus près de lui, comme s'il cherchait à ramener son attention vers lui et loin de ces pensées éloignées. "Arianna, vous semblez absente. Me permettez-vous de partager ce qui vous occupe l'esprit, même si ce n'est que pour un instant ?"


Sa voix était remplie d'une tendresse et d'un souci qui dépassaient le simple désir. C'était la voix d'un homme amoureux, un homme qui voulait être plus qu'un simple divertissement dans la vie complexe et tourmentée d'Arianna.


Elle revint à la réalité, capturée par la sincérité dans les yeux de Pâris. "Je suis désolée, mon cher. Certains souvenirs ont le pouvoir de nous rappeler des choses que nous avons tenté de laisser derrière nous."


Pâris, bien que légèrement déçu, répondit avec une compréhension douce-amère. "Le cœur a ses raisons que la raison ignore, n'est-ce pas ?"


Arianna sourit, touchée par sa délicatesse, mais aussi un peu triste. "Oui, en effet," murmura-t-elle.


Et ils reprirent leur danse. Même si Pâris était tout ce qu'une femme pourrait désirer, attentionné, intelligent, et profondément amoureux d'elle. Arianna sentait que quelque chose manquait toujours. Une part d'elle restait irrévocablement liée à Ezio, à leur histoire compliquée, et à l'amour qu'ils avaient partagé.


Alors, malgré la beauté du moment, malgré la douce musique et les lumières scintillantes, Arianna ne pouvait pas s'empêcher de sentir que son cœur dansait à un rythme différent, en harmonie avec une mélodie que seul elle pouvait entendre.


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À Forlì, la splendeur ostentatoire de Rome semblait appartenir à un autre monde. Ici, l'ambiance était plus brute, mais non moins captivante. La salle de bal était un tourbillon d'énergie, chaque recoin empli des rires et des voix de ceux qui savaient apprécier les plaisirs simples de la vie. Des bannières aux couleurs vives ornaient les murs de pierre, et des torches éclairaient le lieu, leur lumière dansante se reflétant dans les yeux des convives.


La musique, portée par des violons et des luths, était une ode aux racines profondes de cette région du nord de l'Italie. Elle évoquait les montagnes majestueuses, les champs verdoyants et le riche patrimoine qui imprégnait chaque note jouée. L'air était enjoué, un peu sauvage, comme s'il avait été composé pour capturer l'essence même du lieu et des gens qui l'habitaient.


Caterina était l'incarnation parfaite de cet esprit indompté. Ses mouvements étaient fluides, son assurance indéniable. Elle était belle, oui, mais c'était sa force qui fascinait le plus. Ses yeux brillaient d'une intelligence féroce, et quand elle souriait, c'était comme si elle partageait un secret avec le monde, un secret que seuls ceux qui étaient vraiment attentifs pourraient saisir.


Ezio, bien qu'absorbé par des pensées lointaines, ne pouvait s'empêcher d'être tiré dans l'instant présent par cette femme remarquable. Il la guidait dans la danse avec une compétence acquise au fil des années, mais avec Caterina, chaque pas semblait nouveau, chaque tour une révélation. Il était conscient de la façon dont sa main s'adaptait parfaitement à la sienne, de la chaleur qui émanait de leur contact rapproché.


"Vous êtes comme un livre que l'on n'a jamais fini de lire," dit-il finalement, rompant le silence, son ton doux mais chargé d'une vérité sous-jacente.


Caterina sourit, son regard se verrouillant sur le sien. "Et vous, Ezio, êtes comme une énigme que même les plus sages ont du mal à résoudre."


Dans cette salle, loin de Rome, de ses intrigues et de ses ombres passées, Ezio se sentait presque libéré. Avec Caterina, les complications semblaient s'évanouir, remplacées par la pureté d'un moment partagé, aussi fugace soit-il. C'était une connexion qui allait au-delà des mots, une intimité qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps.


Alors que la mélodie atteignait son apogée, les musiciens introduisirent un nouvel instrument dans l'orchestration : une flûte, dont les notes aériennes apportaient une délicate nuance à la composition robuste. À l'instant où il entendit le souffle mélodieux de la flûte, Ezio fut transporté dans le temps. Cette même mélodie, ou du moins quelque chose de très similaire, avait souvent été jouée dans les jardins des Auditore à Florence, où Arianna aimait se rendre pour trouver la paix et l'inspiration.


L'image d'Arianna assise sur un banc de pierre, absorbée par un livre ou simplement perdue dans ses pensées, s'imposa à lui avec une clarté étonnante. La manière dont elle levait les yeux et souriait, comme si elle connaissait le secret le plus profond du monde, le hantait à cet instant précis.


Un frisson parcourut son échine, comme une ombre traversant une pièce ensoleillée. Ezio était soudainement conscient du fossé entre ce moment et celui-là, entre la femme à ses côtés et celle qui habitait toujours une partie reculée de son esprit.


"Est-ce que tout va bien?" demanda Caterina, sentant le changement subtil dans son attitude.


Ezio cligna des yeux, ramené à la réalité par la préoccupation dans la voix de Caterina. "Oui," répondit-il, forçant un sourire sur son visage. "Juste un souvenir éphémère, rien de plus."


Mais dans son cœur, il savait que ce n'était pas "rien de plus". C'était un fil qui le reliait à un passé qu'il ne pouvait ni ne voulait complètement oublier, un rappel silencieux que certaines choses, aussi lointaines soient-elles, demeurent à jamais ancrées dans notre âme.


"Vraiment? Un simple souvenir peut-il être si troublant?" demanda Caterina, ses yeux scrutant le visage d'Ezio avec une intensité qui ne laissait place à aucun doute sur la profondeur de ses sentiments pour lui. Elle tenait sa main un peu plus serrée, comme si elle pouvait chasser ses démons par la simple force de son amour.


Ezio, touché par la sincérité et la douceur dans le regard de Caterina, se sentit honteux d'être si distrait. Il prit une profonde inspiration et se permit un instant de se perdre dans les yeux de la femme qui se tenait devant lui. "Peut-être que certains souvenirs méritent d'être laissés dans le passé," dit-il doucement, cherchant à se convaincre autant qu'à la rassurer.


Se rendant compte du changement, Caterina sourit. Un sourire qui disait qu'elle attendrait, qu'elle comprendrait, et qu'elle serait là. "Alors laissons le passé où il est," répondit-elle. "Nous avons le présent, et c'est tout ce qui compte maintenant."


Encouragé par ses mots, Ezio la tira plus près de lui, ses mains glissant sur la courbe de sa taille comme il l'avait fait tant de fois auparavant. Ils reprirent leur danse, plus en phase cette fois, leurs corps se mouvant presque comme un seul être, emportés par la mélodie et par l'urgence de l'instant.


Le souvenir d'Arianna, bien que toujours présent dans un recoin de son esprit, s'estompa un peu plus à chaque pas qu'il faisait avec Caterina. Pour cet instant, du moins, Ezio s'autorisa à être pleinement présent, à savourer l'amour et la chaleur de la femme à ses côtés.


Et ainsi, malgré les ombres de leur passé respectif, ils trouvèrent ensemble une lumière dans le présent, une étincelle qui, même pour un bref instant, parvint à éclairer les coins les plus sombres de leur âme.


-


À Rome, les candélabres répandaient une lueur dorée sur le marbre et les fresques, créant une atmosphère presque céleste. Les invités se déplaçaient avec grâce, leurs tenues somptueuses se fondant dans un tourbillon de couleurs et de tissus. Mais pour Arianna, tout cela semblait flou, comme un tableau magnifiquement indistinct. Les mains du comte Pâris, si délicates et pleines d'affection, reposaient sur sa taille. Mais dans les méandres de son esprit, c'étaient les bras d'Ezio qui l'entouraient, forts et rassurants, comme un havre dans une tempête. Les souvenirs de leurs jours passés ensemble, des moments suspendus dans le temps, affluèrent en elle, chaque détail précis comme une note dans une partition longtemps oubliée.


À Forlì, l'atmosphère était tout aussi électrique, mais d'une manière différente. Ici, la terre et la tradition s'infiltraient dans l'air, comme si les murs eux-mêmes exhalaient des siècles d'histoire et de passion. Ezio était enveloppé dans l'aura vibrante de Caterina, sa beauté une force à part entière, ses yeux brillant comme des étoiles dans le firmament nocturne. Mais même en cet instant, alors qu'il était hypnotisé par la luminosité de Caterina, son esprit s'échappa, traversant des années et des kilomètres pour se retrouver auprès d'une autre femme, dans une autre vie. Le visage d'Arianna apparut devant ses yeux fermés, tout aussi radieux, mais d'une manière intangible, différente, complexe. Ce visage était la toile sur laquelle étaient peintes les couleurs de décisions qu'il avait prises et qui, même maintenant, se sentaient inachevées, incomplètes sans elle.


La musique prit fin simultanément dans les deux villes, comme si les mélodies elles-mêmes avaient ressenti le poids émotionnel de l'instant. Les musiciens baissèrent leurs instruments, les invités applaudirent, mais dans ces deux salles distinctes, une ombre intangible avait voilé le lustre de la soirée. Arianna et Ezio, séparés par des distances immesurables mais unis dans un espace émotionnel commun, savaient que, même si leurs bras enlaçaient actuellement d'autres personnes, leurs cœurs et leurs pensées demeuraient captifs dans le dédale complexe d'une histoire inachevée, qui refusait obstinément de se terminer.

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