L'Ombre de Florence: Les mémoires cachées d'Arianna Valentini

Chapitre 12 : Monteriggioni

9026 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/11/2023 21:18

Les mois passèrent dans l'enceinte fortifiée de Monteriggioni, une période de transformations subtiles mais profondes pour chacun d'entre eux. Le manoir Auditore, bien que portant les traces d'une splendeur passée, était devenu leur refuge, leur forteresse contre un monde de plus en plus hostile.


Ezio s'était plongé dans son entraînement avec Mario, apprenant les arts et les ruses des Assassins. Chaque jour, il se levait avant l'aube, le corps encore fatigué mais l'esprit avide de connaissances. Avec Mario, il parcourait les volumes de la bibliothèque, se familiarisant avec des philosophies anciennes et des tactiques militaires. Sur le terrain d'entraînement, ils pratiquaient sans relâche le maniement de diverses armes, la furtivité et l'acrobatie. Ezio sentait ses muscles se tonifier, ses réflexes s'aiguiser, et un nouveau sens de la confiance et du but envahir son être.


Pendant ce temps, Arianna avait trouvé dans Claudia une sorte de sœur d'âme. Elles passaient des heures à discuter de la vie, de l'amour, et de la condition féminine dans un monde dominé par les hommes. Claudia, en dépit de son jeune âge, avait une maturité qui allait au-delà des années, forgée par les épreuves et la perte. Mais il était clair que ces conversations n'étaient pas la seule chose qui occupait Arianna.


Chaque nuit, elle s'éclipsait, parfois pendant plusieurs jours, pour accomplir des missions qui demeuraient un mystère pour les autres. À son retour, elle s'entraînait seule, pratiquant des mouvements complexes avec sa lame, son visage reflétant une détermination froide et une concentration intense.


Maria, elle, demeurait un pilier de silence. La matriarche, une fois pleine de vie et d'énergie, avait été réduite au silence par la tragédie. Malgré cela, sa présence avait un effet apaisant sur la maison. Elle passait le plus clair de son temps dans la chapelle, priant pour la famille perdue et celle qui restait.


Le temps passait, les saisons changeaient, et le groupe s'adaptait à leur nouvelle vie avec une détermination tranquille. Claudia se découvrait des talents pour la gestion du domaine, et son rapprochement avec Arianna se renforçait. Maria, bien que toujours silencieuse, semblait trouver une certaine paix dans la foi. Ezio évoluait, sauvant la mémoire de son père et de son frère à chaque étape de son initiation.


Et Arianna, à la fois forte et vulnérable, trouvait dans sa solitude choisie une sorte de rédemption. Elle menait ses missions avec une efficacité redoutable, mais chaque fois qu'elle revenait, elle trouvait un moment pour se tenir à l'écart, son regard se perdant dans l'horizon lointain, comme si elle cherchait des réponses à des questions qui la tourmentaient constamment.


Chacun, à sa manière, était en train de forger un nouveau chemin dans ce labyrinthe d'incertitudes, cherchant à réconcilier le passé avec ce que l'avenir semblait inévitablement apporter. La famille, dans sa nouvelle configuration, était comme une tapisserie aux fils entrelacés de douleur, de découverte et d'espoir. Le chemin était long, semé d'embûches, mais ils le parcouraient ensemble, chacun fortifié par la présence des autres.


-


Deux mois s'étaient écoulés depuis la fuite de Florence, et la demeure des Auditore semblait respirer le calme, une trêve trompeuse dans le tumulte incessant de leur lutte. C'était une soirée typique, Ezio s'entraînait seul dans la cour du manoir, ses mouvements précis et méthodiques tranchant l'air dans une danse silencieuse. Il s'arrêta, essoufflé, et leva les yeux vers le ciel étoilé, cherchant un répit dans l'immensité sereine.


Soudain, une silhouette familière traversa la limite de son champ de vision. C'était Arianna. Elle avançait avec une grâce fatiguée, chaque pas semblant peser une tonne. Son visage était un masque de concentration et d'épuisement, les marques d'une mission longue et éprouvante gravées dans ses traits. Ezio, caché dans l'ombre, la regardait, son cœur se serrant à la vue de cette femme qu'il aimait encore malgré la distance qu'il avait imposée entre eux.


Arianna ne le remarqua pas, ou du moins, fit semblant de ne pas le faire. Elle se dirigeait vers l'entrée principale du manoir, sa démarche un mélange de détermination et de lassitude. Elle portait des marques de combat récentes – une éraflure sur la joue, des vêtements maculés de poussière et de sang séché. Ezio la suivit du regard, chaque détail de sa silhouette exacerbant la lutte intérieure qu'il tentait de réprimer.


Il se rappela de leur dernière conversation, de la décision douloureuse de mettre fin à leur relation pour se concentrer sur son propre chemin. Il avait choisi de découvrir qui il était vraiment, loin des complications de l'amour et des secrets d'Arianna. Mais ce soir, voyant Arianna si épuisée, si combative, une tempête d'émotions l'assaillit. L'amour, l'inquiétude, le regret.


Ezio sentait la morsure de l'amertume à l'idée des secrets d'Arianna, de son appartenance à l'ordre des Assassins qu'elle avait cachée lorsqu'ils étaient ensemble. Cette révélation avait été un coup dur, une trahison qui avait ébranlé sa confiance et exacerbé ses doutes sur leur relation.


Il la regarda disparaître dans le manoir, son cœur lourd. Ce moment fugace avec Arianna le laissait déchiré entre le ressentiment du passé et la réalité présente de ses sentiments persistants pour elle. Cette rencontre silencieuse était un point de bascule, un rappel cruel de ce qu'ils avaient partagé et de ce qu'il avait décidé de sacrifier.


Ezio se tourna, reprenant son entraînement avec une vigueur renouvelée, mais ses pensées restaient fixées sur Arianna. Elle représentait un passé qu'il avait essayé de laisser derrière lui, mais aussi un amour qui, malgré toutes ses tentatives, refusait de s'éteindre. Cette nuit, sous le voile d'un ciel étoilé, Ezio Auditore se trouvait à un carrefour, tiraillé entre le devoir et le désir, entre le chemin qu'il avait choisi et le cœur qu'il ne pouvait ignorer.


Dans les jours qui suivirent, Ezio se trouva piégé dans un labyrinthe de pensées et d'émotions contradictoires. Il observait Arianna à distance, chaque geste, chaque expression, essayant de percer le mystère qui l'entourait. Il la voyait s'entraîner dans la cour, ses mouvements fluides et précis trahissant une force et une grâce rares. Elle était une énigme, un puzzle qu'Ezio voulait désespérément résoudre.


Le regard d'Ezio la suivait, capturant des fragments de son être. Il se rappelait des moments qu'ils avaient partagés, des rires, des confidences, avant que les révélations et les secrets ne viennent ébranler leur monde. L'amour qu'il ressentait pour elle était fort, un feu qui ne s'était jamais éteint, mais il était désormais teinté de douleur et d'incompréhension.


Les questions tournaient sans cesse dans son esprit. Pourquoi Arianna lui avait-elle caché sa véritable identité ? Quels secrets gardait-elle encore ? Qui était-elle vraiment ? Ezio luttait pour trouver un sens à ces interrogations, pour comprendre la femme qu'il aimait au-delà des mensonges et des omissions.


Chaque nuit, il se retrouvait seul avec ses pensées, la silhouette d'Arianna hantant ses rêves. Il imaginait des conversations, des explications, des réconciliations, mais le matin, il se réveillait avec le même sentiment de vide. Son cœur était un champ de bataille où l'amour et la rancœur se disputaient chaque pouce de terrain.


Finalement, incapable de trouver la paix, Ezio se décida à chercher des réponses. Il se dirigea vers la bibliothèque où Mario passait la plupart de son temps, espérant que son oncle pourrait éclairer les zones d'ombre qui entouraient Arianna.


Ezio entra dans la bibliothèque, le cœur lourd et l'esprit en tourment. Les murs étaient bordés de livres anciens, témoins silencieux des siècles passés, mais l'histoire qui le préoccupait était celle, bien plus récente et personnelle, d'Arianna. Mario était là, penché sur un ouvrage, sa silhouette robuste éclairée par la lueur douce d'une chandelle. À l'entrée d'Ezio, il leva les yeux, ses traits marqués par l'expérience et la sagesse.


"Mario," commença Ezio d'une voix rauque, "il y a des choses que je dois savoir, des réponses que j'ai besoin de trouver."


Mario posa doucement son livre et le regarda attentivement, discernant la tourmente dans les yeux de son neveu. "Parle, Ezio. Je t'écoute."


Ezio s'approcha, son regard fixé sur les mains veinées de son oncle, mains qui avaient tenu tant d'épées et de plumes au cours d'une vie de lutte et de connaissance. "C'est Arianna. Elle... elle est un mystère pour moi. J'ai besoin de comprendre, Mario. Qui est-elle ? Pourquoi a-t-elle gardé sa véritable nature secrète ?"


Mario l'invita à s'asseoir, son expression grave. "Assieds-toi, Ezio. Les réponses que tu cherches sont lourdes de sens et de conséquences."


Ils s'assirent en face à face, la tension palpable dans l'air. Mario prit une profonde inspiration, ses yeux plongeant dans ceux d'Ezio. "Arianna a été marquée par une tragédie indicible, Ezio. Sa famille, tout comme la nôtre, était ancrée dans la Confrérie. Mais alors qu'elle n'était qu'une enfant, elle a tout perdu. Ses parents, ses proches, tous fauchés par les Templiers."


Ezio sentit un frisson lui parcourir l'échine. Chaque mot de Mario était un coup porté à l'édifice de ses certitudes.


"Arianna a survécu seule. Elle a été élevée dans l'ombre de sa perte, formée à devenir une Assassine, une guerrière. Ton père, Giovanni, a croisé son chemin peu après. Il a vu en elle une âme sœur dans le deuil, un potentiel immense. Mais il lui a aussi demandé de rester dans l'ombre, de garder le secret de sa véritable nature, pour te protéger, toi et ta famille."


Les émotions se bousculaient dans le cœur d'Ezio – la trahison, la compréhension, une pitié amère. "Mais pourquoi, Mario ? Pourquoi tout cela a-t-il dû rester caché, même lorsque tout s'est effondré autour de nous ?"


Mario posa une main sur l'épaule d'Ezio, son regard empli de compassion. "La peur, Ezio. La peur de perdre encore ce qu'elle aimait. Et Giovanni, ton père, a cru qu'en gardant ce secret, il vous protégeait. C'était son fardeau, un choix douloureux."


Ezio baissa les yeux, absorbant les mots, les sentiments s'entremêlant en lui. La colère qu'il avait ressentie envers Arianna se mêlait maintenant à une compréhension douloureuse. Son amour pour elle, un amour qu'il avait essayé de refouler, se frayait à nouveau un chemin à travers les fissures de son cœur brisé.


Mario continua, sa voix plus douce, presque un murmure. "Arianna a vécu entre deux mondes, Ezio. Entre l'amour qu'elle te porte et le devoir envers la Confrérie. Elle a été tiraillée, déchirée entre ces deux forces."


Les yeux d'Ezio se remplirent de larmes, un mélange de tristesse et de regret inondant son âme. "J'aurais voulu savoir, Mario... J'aurais pu..."


Mario interrompit doucement. "Tu sais maintenant, Ezio. Et avec cette connaissance vient le choix. Le chemin que tu choisis de maintenant, influencera non seulement ton destin, mais aussi le sien."


Ezio resta silencieux, son esprit en ébullition. La révélation de Mario avait ouvert une porte vers une compréhension plus profonde, non seulement d'Arianna, mais aussi de lui-même. Il se leva, les yeux encore humides, mais avec une résolution nouvelle dans son regard. "Merci, Mario. Je... j'ai des choses à réfléchir."


Alors qu'il quittait la pièce, Mario le regarda partir, un mélange de fierté et d'inquiétude dans ses yeux. Ezio, maintenant armé de vérité et d'une compréhension renouvelée, se trouvait à la croisée des chemins, son cœur et son esprit en conflit, mais guidés par une lumière nouvelle, celle de la vérité et de l'amour.


Après avoir quitté la bibliothèque, Ezio se dirigea vers les jardins du manoir, perdus dans la douceur nocturne. Les étoiles brillaient comme des témoins silencieux de ses tourments intérieurs. Il marcha lentement, chaque pas rythmé par les battements de son cœur, désormais lourd de révélations et de compréhension nouvelle.


Seul sous le voile de la nuit, Ezio s'assit sur un banc de pierre, son regard perdu dans les profondeurs du ciel. Les mots de Mario résonnaient encore dans son esprit, ébranlant les fondations de tout ce qu'il avait cru savoir sur Arianna, et sur lui-même. Elle n'était pas simplement la femme qu'il avait aimée; elle était une survivante, une guerrière, marquée par la même tragédie et la même lutte qui avaient façonné sa propre vie.


La trahison qu'il avait ressentie auparavant en apprenant ses secrets se transformait maintenant en un mélange complexe de compréhension et de regret. Il comprenait la peur et la prudence qui l'avaient poussée à garder ses distances, à cacher sa véritable identité. Mais il y avait aussi une douleur lancinante, celle de ne pas avoir été dans la confidence, de ne pas avoir partagé son fardeau.


Ezio ferma les yeux, cherchant à apaiser le tumulte de ses pensées. Il se rappela les moments passés avec Arianna, les regards échangés, les mots non dits. Chaque souvenir prenait maintenant une nouvelle signification, teinté d'une couleur différente à la lumière des révélations de Mario. Il se demanda comment il avait pu être aveugle à la douleur cachée derrière ses yeux, à la force contenue dans ses silences.


Ouvrant les yeux, Ezio regarda ses mains, des mains d'assassin, formées pour le combat et la survie. Il réalisa qu'Arianna aussi portait ce même fardeau, cette même destinée. Leur amour avait été un havre, mais aussi un champ de mines, chaque pas rapprochant ou éloignant de la vérité.


Il se leva, décidé. Il ne pouvait plus fuir les sentiments qui l'habitaient, ni ignorer la complexité d'Arianna. Il devait la confronter, chercher la vérité non seulement dans ses mots, mais aussi dans le langage silencieux de son cœur.


Ezio savait que le chemin devant lui était semé d'incertitudes, mais une chose était claire : son amour pour Arianna n'était pas un simple caprice du destin. C'était un lien forgé dans le feu de la tragédie et de la lutte commune, un amour qui, malgré la douleur et les secrets, refusait de s'éteindre.


Dans le calme de la nuit, Ezio Auditore se promit de chercher Arianna le lendemain, de faire face à leur passé partagé et de trouver un chemin vers un avenir où la vérité et l'amour pourraient coexister, même dans un monde aussi implacable que le leur.


-


Dans les lueurs incertaines des matins qui suivirent leur fuite de Florence, Arianna se réfugiait dans une solitude où se mêlaient douleur et détermination. La séparation d'avec Ezio était un coup qui résonnait encore dans son cœur, une blessure profonde exacerbée par l'intimité brisée qu'ils avaient partagée juste avant leur départ précipité. Chaque jour, elle se levait avec le poids de ce chagrin, un fardeau qui s'ajoutait à la perte déjà cuisante de ses proches.


Arianna trouvait un semblant de réconfort dans la routine et la discipline que lui imposaient l'Ordre et ses missions. L'entraînement était son salut, un exutoire pour ses émotions tumultueuses. Chaque mouvement, chaque coup porté contre le mannequin d'entraînement, était à la fois une libération de sa frustration et un rappel de sa force. Les lames qu'elle maniait avec tant d'adresse étaient ses alliées, les seules compagnes qui ne la trahiraient jamais.


Cependant, malgré cette rigueur, Arianna ne pouvait échapper aux moments de faiblesse où son esprit dérivait vers Ezio. Elle le voyait parfois de loin, une figure hantée par ses propres démons, et son cœur se serrait. Elle l'aimait toujours, profondément, mais savait que leur amour était une toile complexe d'émotions et de devoirs entremêlés.


Dans le manoir, elle trouvait une famille de substitution. Mario était devenu une sorte de père d'adoption, un tuteur dont la sagesse et la bienveillance étaient une ancre dans la tempête de ses émotions. Claudia, qu'elle considérait comme une sœur, était un rappel constant de l'humanité et de la normalité, une bouffée d'air frais dans un monde autrement étouffant. Maria, malgré son silence, était une présence rassurante, un pilier de force et de dignité.


Certains matins, elle se levait avec une sensation étrange, un malaise difficile à définir, qu'elle attribuait à la fatigue ou au stress. Ses pensées étaient souvent troublées, son corps réagissant de manière imprévue à l'environnement autour d'elle.


Les journées d'Arianna étaient un mélange de moments de force et de vulnérabilité. Ses interactions avec les membres de la Confrérie, ses conversations avec Mario, les regards échangés avec Ezio – chacun était un rappel de ce qu'elle avait perdu et de ce qui restait à gagner. Elle portait en elle non seulement les secrets de son passé et de son affiliation à l'Ordre, mais aussi les espoirs et les craintes d'un avenir incertain.


Alors que les semaines passaient, Arianna se battait non seulement contre les ennemis de la Confrérie, mais aussi contre ses propres doutes et craintes. Elle s'interrogeait sur son avenir, sur le rôle qu'elle était destinée à jouer dans ce monde tumultueux. Son cœur portait les cicatrices de la perte et de la trahison, mais aussi l'espoir tenace d'une rédemption et d'un amour retrouvé.


Dans ce tumulte d'émotions et de devoirs, Arianna continuait d'avancer, une guerrière en quête de paix, une femme en quête de compréhension, et une âme en quête de guérison. Sa vie était un puzzle complexe, et chaque pièce qui se mettait en place révélait un peu plus le tableau de son existence, à la fois magnifique et tragique.


-


Un après-midi ordinaire au manoir des Auditore, Arianna et Claudia s'étaient retrouvées dans la cuisine, un lieu où les fragrances des herbes fraîches et des pains tout juste sortis du four se mêlaient, créant une ambiance chaleureuse et accueillante. Claudia s'affairait à la préparation d'un gâteau aux amandes, tandis qu'Arianna, assise sur un tabouret près du comptoir, lui racontait les dernières nouvelles de ses missions.


"Et puis il a failli m'échapper, mais j'ai réussi à le coincer juste à temps," racontait Arianna, ses yeux pétillants de l'excitation du récit.


Claudia, tout en mélangeant sa pâte, écoutait attentivement, mais une part d'elle observait Arianna avec une inquiétude croissante. Elle remarqua que, malgré les histoires animées, Arianna paraissait plus pâle qu'à l'ordinaire et avait des cernes marqués sous les yeux.


"Arianna," interrompit Claudia doucement, posant sa cuillère. "Tu es sûre que ça va ? Tu as l'air... fatiguée ces derniers temps."


Arianna esquissa un sourire fatigué. "Oh, je suppose que les missions s'enchaînent et que je ne récupère pas aussi vite qu'avant. Rien d'inquiétant."


Claudia n'était pas convaincue. Elle s'approcha d'Arianna, posant une main sur son front. "Tu n'as pas de fièvre, mais tu es chaude. Et tu as refusé le vin hier soir, ce qui n'est pas dans tes habitudes."


Arianna rit légèrement. "Peut-être que je commence à apprécier une vie plus sobre. Avec tout ce qui se passe, il vaut mieux rester alerte."


Mais Claudia n'était pas dupe. Elle connaissait bien les signes, ayant vu d'autres femmes de la maison les manifester. "Arianna, quand as-tu eu tes dernières règles ?"


La question sembla prendre Arianna au dépourvu. Elle fronça les sourcils, tentant de se rappeler. "Je... je ne sais pas. Avec tout ce qui se passe, j'ai perdu le fil."


Claudia posa doucement sa main sur celle d'Arianna. "Je pense que tu devrais voir un médecin. Il y a des signes qui ne trompent pas, et je me demande si..."


Arianna la regarda, une expression d'interrogation dans les yeux. "Si quoi, Claudia ?"


"Si tu n'es pas enceinte, Arianna," dit Claudia avec douceur. "Tu présentes certains symptômes, et cela expliquerait beaucoup de choses."


Arianna resta un moment silencieuse, absorbant les mots de Claudia. L'idée lui semblait tellement étrangère, si lointaine de son quotidien d'Assassine et de combattante. Pourtant, au fond d'elle, une partie d'elle-même savait que Claudia pourrait avoir raison.


Dans la cuisine baignée de lumière, Claudia observait Arianna avec une inquiétude grandissante. "Je pense vraiment que tu devrais voir un médecin, Arianna," insista-t-elle doucement.


Arianna secoua la tête, une expression de terreur voilée dans ses yeux. "Non, Claudia, je... l'idée même d'une grossesse me terrifie. Avec tout ce qui se passe avec Ezio... je ne peux pas."


Claudia, qui jusqu'alors n'avait pas pleinement saisi le degré d'intimité partagé entre Arianna et son frère, sentit un voile se lever. "Arianna, quand avez-vous... enfin, toi et Ezio, avez-vous été... prudents ?"


Le silence d'Arianna était éloquent. Elle baissa les yeux, ses mains se tordant nerveusement. "Nous connaissons tous les deux les herbes, les méthodes... Mais la dernière fois, c'était si précipité, si brutal. Nous n'avons pas pensé à la prudence."


Claudia, comprenant la gravité de la situation, prit une profonde inspiration. "D'accord, si tu ne veux pas voir un médecin, il y a d'autres façons de confirmer une grossesse. Je connais des signes, des symptômes... Je peux t'aider à en être sûre."


Arianna hocha la tête, la peur dans son regard se mélangeant à un sentiment de reconnaissance envers Claudia. "Merci, Claudia. J'ai peur de ce que cela signifie, de ce que les autres diront. Une femme célibataire, enceinte... dans notre monde, c'est une honte."


Claudia s'approcha d'Arianna et la prit dans ses bras. "Peu importe ce que les gens disent, Arianna. Tu es forte, et tu n'es pas seule. Nous sommes là pour toi, moi, Mario, et même Ezio, une fois qu'il saura."


Les deux femmes se mirent à parler des symptômes, Claudia écoutant attentivement chaque détail que Arianna lui donnait sur ses derniers cycles, ses nausées matinales, et ses changements d'humeur. Plus elles parlaient, plus il devenait évident que la possibilité d'une grossesse n'était pas seulement une crainte, mais une réalité probable.


Arianna se sentait submergée par une marée d'émotions – la peur, l'incertitude, mais aussi une étrange forme d'excitation. La perspective d'avoir un enfant, bien que terrifiante dans les circonstances actuelles, lui apportait un sentiment inattendu de connexion et de continuité.


"Que vais-je faire, Claudia ?" demanda Arianna, ses yeux remplis de larmes.


Claudia lui serra la main. "Nous allons y réfléchir ensemble. Peu importe ta décision, je te soutiendrai. Et nous devrons parler à Ezio, il a le droit de savoir."


Alors que Claudia évoquait la nécessité de parler à Ezio, le visage d'Arianna se ferma, un mur invisible s'élevant entre elle et le monde extérieur. "Non, Claudia, personne ne doit savoir. Pas pour l'instant. J'ai besoin de temps pour comprendre... pour prendre une décision."


Claudia la regarda, une lutte intérieure se lisant dans ses yeux. C'était son frère dont elles parlaient, et l'idée de lui cacher quelque chose d'aussi crucial lui pesait lourdement. Pourtant, voyant la détresse évidente d'Arianna, elle acquiesça avec réticence. "D'accord, Arianna. Je respecterai ton choix. Mais tu ne peux pas garder cela pour toi éternellement."


Arianna acquiesça silencieusement, ses yeux reflétant le tumulte de ses pensées. L'idée de partager cette nouvelle avec Ezio, surtout dans le contexte fragile de leur relation actuelle, lui semblait insurmontable. Elle était tiraillée entre la loyauté envers l'homme qu'elle aimait et la peur de l'inconnu, de l'impact que cette nouvelle pourrait avoir sur leur avenir déjà incertain.


Claudia, de son côté, se sentait partagée. Elle comprenait la peur et l'incertitude d'Arianna, mais en tant que sœur, elle se sentait obligée de partager cette information avec Ezio. La rétention d'un tel secret était un poids sur sa conscience, mais elle reconnaissait l'importance de respecter la décision d'Arianna dans un moment aussi délicat.


Le silence qui s'installa entre elles était lourd de non-dits et d'émotions retenues. Claudia voulait aider Arianna du mieux qu'elle pouvait, mais elle se sentait impuissante face à l'ampleur des défis qui attendaient sa quasi-sœur. Elle savait que les jours à venir seraient une épreuve pour Arianna, une épreuve qu'elle devrait affronter avec une force qu'elle peinait à rassembler.


Arianna, quant à elle, se débattait avec ses propres démons intérieurs. La perspective d'une grossesse dans une époque où une femme célibataire enceinte était souvent stigmatisée la terrifiait. Elle craignait les jugements, la perte de son autonomie, et le changement irréversible que cela apporterait dans sa vie déjà tumultueuse.


Dans le cocon de la cuisine, les deux femmes trouvaient un semblant de paix, mais au-dehors, la réalité de leur situation les attendait. Arianna devait faire face à un choix difficile, tandis que Claudia devait porter le fardeau d'un secret qui n'était pas le sien. Leurs cœurs étaient lourds, mais la solidarité et l'amour fraternel qui les unissaient leur donnait la force de supporter l'incertitude du futur.


Dans les jours qui suivirent, Arianna semblait marcher comme dans un brouillard, ses pensées constamment tournées vers la tourmente intérieure qu'elle vivait. Chaque matin, au réveil, elle était accueillie par une vague de nausée et une fatigue persistante, des rappels constants de la vie qui grandissait en elle. Elle observait son reflet dans le miroir, cherchant des changements, se demandant comment et quand le monde commencerait à voir les signes de sa grossesse.


L'entraînement, qui avait toujours été sa source de force et de clarté, était maintenant empreint d'une difficulté nouvelle. Ses mouvements, autrefois fluides et assurés, étaient désormais entravés par la crainte et la distraction. Lorsqu'elle maniait ses lames, son esprit n'était plus concentré sur la précision de ses coups, mais se perdait dans les méandres de ses craintes et de ses doutes.


La peur était son compagnon constant. Arianna, élevée pour être une assassine, n'avait jamais envisagé la maternité dans son avenir. L'idée d'être mère lui semblait aussi étrangère que déroutante. Comment pourrait-elle concilier son identité d'assassine avec les responsabilités de la maternité ? La peur de l'inconnu, du jugement et de la vulnérabilité l'envahissait, menaçant de submerger son esprit autrefois si résolu.


Son interaction avec les autres membres du manoir était teintée de réserve et de secret. Claudia, bien qu'elle fût un pilier de soutien, ne pouvait alléger le poids de sa solitude intérieure. Même en sa présence, Arianna se sentait souvent isolée, prisonnière de ses propres pensées.


Les nuits étaient particulièrement difficiles. Allongée dans son lit, Arianna fixait le plafond, son esprit inondé de questions sans réponse. Comment Ezio réagirait-il à cette nouvelle ? Pouvait-elle vraiment élever un enfant dans un monde aussi rempli de danger et de chaos ? La peur de l'avenir, de l'échec, de ne pas être à la hauteur, la tenaillait.


Elle se rappelait leur amour, la passion qui l'unissait à Ezio, et se demandait si cet amour pouvait survivre à une telle révélation. Le souvenir de leurs derniers moments ensemble, si intenses et pourtant si brusquement interrompus, était une douleur aiguë dans son cœur.


Le rôle d'Arianna au sein de l'Ordre, autrefois sa plus grande fierté et source d'identité, était maintenant une source de conflit. Pouvait-elle continuer à servir la Confrérie tout en portant un enfant ? Chaque mission, chaque obligation semblait maintenant teintée d'une culpabilité et d'une angoisse accrues.


Dans ces moments de doute et de peur, Arianna se retrouvait souvent dans le jardin, cherchant un semblant de paix parmi les fleurs et les herbes. Mais même la beauté tranquille du jardin ne pouvait apaiser entièrement le tumulte de son âme. Elle était prise dans un tourbillon de sentiments contradictoires, luttant pour trouver un chemin à travers le labyrinthe de son avenir incertain.


-


Ezio se réveillait tôt ce matin-là, son esprit empreint de détermination. Les premiers rayons du soleil se glissaient à travers les fenêtres de la demeure des Auditore, à Monteriggioni, illuminant les corridors d'une lumière douce et paisible. Le jeune Assassin, vêtu simplement, quitta sa chambre, laissant derrière lui les draps froissés, témoins des nuits agitées qu'il avait passées, tourmenté par ses pensées et par le poids de ses récents choix.


Il marchait silencieusement à travers les couloirs de la maison, ses pas résonnant légèrement sur le sol en pierre. En passant devant les portes des autres chambres, il s'arrêtait un instant, écoutant les respirations paisibles de ses proches, endormis. 


En sortant dans les jardins, Ezio fut accueilli par la fraîcheur matinale, l'air embaumé de l'odeur des fleurs et des herbes aromatiques. Il avança lentement, ses yeux balayant les alentours, cherchant une silhouette familière. Et là, sous l'ombre d'un grand chêne, il la trouva. Claudia, sa sœur, assise sur un banc de pierre, perdue dans ses pensées.


Ezio s'approcha doucement, son cœur battant un peu plus fort. Claudia leva les yeux vers lui, un sourire timide apparaissant sur ses lèvres. "Tu es debout tôt", remarqua-t-elle.


Ezio s'assit aux côtés de Claudia, un soupir s'échappant de ses lèvres. "Il y a quelque chose dont j'ai besoin de te parler, Claudia", commença-t-il, sa voix trahissant une légère hésitation.


"À propos d'Arianna ?", devina Claudia, son intuition de sœur lui permettant de voir au-delà des mots.


Ezio hocha la tête. "Tu sais, notre relation a commencé quand j'avais 13 ans. C'était un coup de cœur. Puis, à 17 ans, après sa rupture avec Federico, on s'est vraiment mis ensemble."


Claudia écoutait attentivement, ses yeux exprimant une compréhension profonde. "Je me doutais qu'il y avait quelque chose entre vous. Mais pourquoi as-tu décidé de te séparer d'elle ?"


"C'est compliqué," soupira Ezio. "Après mon premier assassinat, j'ai réalisé que je devais mettre notre relation en pause pour mieux comprendre le chemin que je devais emprunter."


Il s'arrêta un instant, regardant au loin, comme pour rassembler ses pensées. Puis, Ezio se tourna de nouveau vers sa sœur, son regard se teintant d'une vulnérabilité rare. "Claudia, il y a des choses que tu ignores sur Arianna et moi... des choses que personne ne sait."


Il marqua une pause, cherchant ses mots. "Nous avons été... intimes, Claudia. Plus intimes que ce que la bienséance permet avant le mariage." Sa voix était basse, presque un murmure, comme s'il craignait que les murs eux-mêmes puissent entendre ses confessions.


Claudia l'écoutait, son visage impassible, mais ses yeux trahissaient une connaissance préalable. Elle était au courant, Ezio le comprit bien plus tard, mais dans l'instant, il était trop pris par son récit pour le remarquer.


"Je sais que cela peut paraître choquant, surtout à notre époque, mais notre amour était tel que nous ne pouvions nous en empêcher. Elle est devenue une part de moi, Claudia. Et cette séparation... elle me déchire."


Ses mots s'évanouissaient dans l'air frais du matin, et Ezio baissa la tête, pris de remords et de nostalgie. "Je l'aime toujours, profondément. Et je sens que je dois renouer avec elle, mais après tout ce qui s'est passé, je ne sais pas comment."


Ezio leva les yeux vers Claudia, cherchant du réconfort et des conseils dans son regard. Cependant, au lieu de la sérénité et de la compréhension qu'il espérait y trouver, il vit quelque chose qui le fit tiquer. Il y avait une lueur inhabituelle dans le regard de Claudia, une sorte de tumulte émotionnel qu'il n'avait pas souvent vu chez sa sœur cadette. Ezio la connaissait trop bien pour ne pas remarquer ce changement subtil.


"Que devrais-je faire, selon toi ?" répéta-t-il, mais cette fois avec un ton légèrement différent, marqué par une pointe de curiosité et d'inquiétude.


Claudia, surprise par le changement dans la voix de son frère, leva les yeux pour le rencontrer. Elle tenta de masquer son trouble, mais Ezio était trop perspicace. "Claudia, qu'y a-t-il ? Tu sembles... préoccupée."


Claudia hésita, son regard se détournant un instant, comme si elle cherchait les mots justes. "Ezio, il n'y a rien, je t'assure," dit-elle, sa voix trahissant une légère fébrilité.


Mais Ezio n'était pas dupe. "Claudia, je te connais. Il y a quelque chose que tu me caches. Quelque chose à propos d'Arianna, n'est-ce pas ?"


Le regard de Claudia se figea, et un silence pesant s'installa entre eux. Ezio, son instinct d'Assassin pleinement éveillé, savait qu'il touchait à quelque chose d'important. Il se pencha vers elle, sa voix devenant plus douce, mais insistant. "Claudia, si tu sais quelque chose sur Arianna, je t'en prie, dis-le moi. C'est important."


Le visage de Claudia se contracta légèrement, un signe évident d'une lutte intérieure intense. Après un moment de tension palpable, elle céda sous le poids de sa propre culpabilité et de la confiance qu'elle portait à son frère. "Ezio, je... je ne devrais pas te dire ça, mais... Arianna est enceinte," révéla-t-elle doucement.


Ces mots frappèrent Ezio comme un coup de tonnerre, résonnant dans son esprit avec une force impitoyable. Il se figea sur place, son cœur s'emballant dans sa poitrine. "Enceinte ?" murmura-t-il, sa voix ne reflétant qu'un faible écho de sa tempête intérieure. "Notre enfant ?"


Ezio sentit le sol se dérober sous ses pieds. Le monde autour de lui semblait s'être arrêté, les oiseaux dans le jardin ne chantaient plus, et même l'air semblait suspendu. Ses pensées se bousculaient, se heurtant les unes aux autres dans un chaos indescriptible. La nouvelle de la grossesse d'Arianna bouleversait tout.


Des images de moments passés avec Arianna défilèrent devant ses yeux. Leurs rires, leurs regards partagés, leurs étreintes passionnées, tous ces souvenirs prenaient soudainement un nouveau sens. Il se revoyait auprès d'elle, dans l'intimité de leurs moments volés, ne se doutant pas des conséquences de leur amour.


Le sentiment d'être père, cette réalité soudaine, frappa Ezio de plein fouet. Une vague de responsabilité l'envahit, mêlée à une peur presque paralysante. Mais, alors qu'il absorbait cette information bouleversante, une autre réalisation le percuta avec une force encore plus grande – c'était Claudia qui lui annonçait la nouvelle, et non Arianna.


Une étincelle de colère s'alluma dans les yeux d'Ezio, chassant le voile de choc et d'incrédulité. "Pourquoi Arianna ne me l'a-t-elle pas dit elle-même ?" Sa voix, d'abord incertaine, se durcit, chaque mot prononcé avec une intensité croissante. "Elle m'a caché un secret aussi essentiel ?"


Les souvenirs de leurs moments intimes, autrefois doux et chaleureux dans son esprit, se teintaient maintenant d'une ombre de trahison et de secrets non partagés. La confiance qu'il avait en Arianna, déjà ébranlée par leur séparation et les événements récents, semblait maintenant se fissurer sous le poids de cette dissimulation.


Claudia, voyant la transformation de son frère, tenta de l'apaiser. "Ezio, elle avait ses raisons, je suis sûre..."


Mais Ezio l'interrompit, sa voix vibrante de colère contenue. "Quelles raisons pourraient justifier de me cacher la venue de mon propre enfant ?" Son regard, autrefois perdu dans les méandres de l'amour et de la nostalgie, brûlait maintenant d'un feu de rage et de frustration.


Il se leva brusquement, son corps tendu comme une corde prête à rompre. Marchant de long en large dans le jardin, Ezio était une tempête d'émotions en ébullition. Il se sentait trahi, blessé, et débordant d'une rage impuissante.


La nouvelle de la grossesse d'Arianna aurait dû être un moment de joie, un lien renforcé entre eux. Mais maintenant, cela semblait n'être qu'un autre chapitre dans la longue série de mensonges et de cachotteries qui semblaient définir leur relation.


La colère d'Ezio n'était pas seulement dirigée vers Arianna, mais aussi vers lui-même. Comment n'avait-il pas vu les signes ? Comment avait-il pu être si aveugle ? Sa propre incapacité à percevoir la vérité lui pesait autant que la dissimulation d'Arianna.


Finalement, il s'arrêta, son regard fixé sur l'horizon où les premières lueurs du jour s'étendaient, promettant un nouveau départ, mais pour Ezio, c'était un jour qui commençait avec plus de questions que de réponses, et un cœur lourd de trahison.


-


Ezio, emporté par une marée de colère et de trahison, quitta Claudia sans un mot de plus. Chaque pas qu'il faisait résonnait de sa frustration et de son désarroi. Il traversa les couloirs de la demeure des Auditore, sa démarche rapide et déterminée, se dirigeant vers les appartements d'Arianna.


Dans sa chambre, Arianna se préparait à la nouvelle journée, inconsciente de la tempête qui se préparait. Elle ajustait sa robe, son reflet dans le miroir montrant un visage serein, un doux sourire aux lèvres. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés, et elle appliquait une légère touche de parfum, un rituel matinal qui lui apportait un moment de paix.


Cependant, cette tranquillité allait être brisée. La porte de sa chambre s'ouvrit brusquement, révélant la silhouette imposante d'Ezio, dont l'expression était sombre, les yeux emplis d'un orage émotionnel.


Arianna se retourna, surprise par l'entrée soudaine. "Ezio ? Que se passe-t-il ?" demanda-t-elle, un frisson d'inquiétude traversant sa voix.


Ezio la fixa, la colère et la confusion se battant pour la suprématie dans son esprit. "Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu étais enceinte ?" Sa voix, habituellement calme et contrôlée, tremblait sous le poids de l'émotion.


Arianna pâlit, ses mains se portant instinctivement à son ventre. "Ezio, je... je voulais te le dire, mais..."


"Mais quoi, Arianna ? Tu ne pensais pas que j'avais le droit de savoir ?" L'accusation dans sa voix était claire, et chaque mot semblait alourdir l'atmosphère déjà tendue.


La chambre, autrefois un havre de paix et d'intimité, était maintenant le théâtre d'un affrontement émotionnel, les non-dits et les secrets exposés à la lumière cruelle du jour. Arianna cherchait désespérément les mots pour expliquer, pour apaiser la tempête, mais elle se rendit compte que les mots seuls ne pourraient pas réparer les fissures qui s'étaient formées dans leur relation.


Ezio attendait, son regard fixe sur Arianna, cherchant des réponses, cherchant à comprendre comment leur amour avait pu les mener à un tel point de rupture.


"Ezio, je ne savais pas comment te l'annoncer," commença Arianna, sa voix tremblante. "Avec tout ce qui s'est passé entre nous, j'étais perdue... confuse."


"Perdue ? Confuse ?" Ezio répéta ces mots avec amertume. "Tu ne trouvais pas le moment pour me dire que nous allions avoir un enfant ?"


Arianna baissa les yeux, incapable de soutenir le regard accusateur d'Ezio. "Après notre rupture, je ne savais plus où nous en étions. Tu étais si distant, si concentré sur ta mission..."


"Ma mission ?" Ezio s'avança, son ton montant d'un cran. "Tu parles de la mission que j'ai entreprise pour protéger ce que nous aimons ? Pour protéger notre famille, notre avenir ? Et toi, tu gardes un secret aussi fondamental que notre enfant ?"


"Je voulais juste du temps, Ezio, du temps pour comprendre ce que cela signifiait pour nous, pour moi..." Les mots d'Arianna étaient presque un murmure, un aveu de son incertitude.


"Du temps ?" La colère d'Ezio s'intensifiait, chaque mot jaillissant de lui comme une lame tranchante. "Et pendant ce temps, que devais-je faire ? Continuer à me battre dans l'ignorance ?"


Arianna leva les yeux, les larmes commençant à perler. "Je te demande pardon, Ezio. Je ne savais pas comment gérer cela toute seule."


"Toute seule ?" Ezio rit amèrement. "C'est cela, notre relation pour toi ? Une série de décisions prises seule, sans me considérer comme ton partenaire, comme le père de ton enfant ?"


Leurs échanges étaient un ouragan de reproches et de regrets, chaque mot révélant des fissures profondes dans leur relation. Arianna essayait désespérément de se justifier, tandis qu'Ezio luttait pour contenir sa colère, son sentiment de trahison.


"Tu ne comprends pas, Ezio," implora Arianna, "j'ai peur. Peur de ce que cela signifie pour nous en tant qu'Assassin, pour notre enfant dans ce monde dangereux."


"Et tu crois que je n'ai pas peur ?" La voix d'Ezio était un mélange de douleur et de frustration. "J'ai peur chaque jour, mais je croyais que nous affronterions ces peurs ensemble, Arianna."


La colère qui bouillonnait en Ezio atteignait un point de rupture. Chaque mot échangé avec Arianna semblait alimenter davantage cette tempête intérieure, une tempête de trahison, de douleur et d'incompréhension. Face à la détresse d'Arianna et à ses tentatives de justification, Ezio sentait qu'il était sur le point de perdre tout contrôle.


"Je pensais que nous partagions tout, Arianna," dit-il, sa voix tremblante de rage contenue. "Mais tu as choisi de me cacher quelque chose d'aussi essentiel. Comment pourrais-je te faire confiance maintenant ? Comment pourrais-je rester ici sans... sans te blesser davantage ?"


Arianna le regardait, les larmes coulant le long de ses joues, cherchant désespérément un moyen de réparer ce qui avait été brisé. "Ezio, je t'en supplie, ne pars pas comme ça. Nous pouvons en parler, nous pouvons trouver une solution..."


Mais Ezio secoua la tête, la douleur et la colère se lisant clairement dans ses yeux. "Non, Arianna. Il n'y a rien à dire pour l'instant. J'ai besoin de temps... de temps pour réfléchir, pour comprendre ce que tout cela signifie."


Il se dirigea vers la porte, chaque pas lourd de la gravité de la situation. Avant de sortir, il se tourna une dernière fois vers elle. "Je t'aime, Arianna. Mais cela... cela change tout."


Sans attendre sa réponse, Ezio quitta la chambre, laissant Arianna seule, submergée par le chagrin et la confusion. Il traversa les couloirs de la demeure des Auditore, son esprit tourmenté par un tourbillon d'émotions contradictoires. L'amour qu'il portait à Arianna était indéniable, mais la révélation de sa grossesse et le secret qu'elle avait gardé avaient créé une faille profonde entre eux.


Ezio sortit dans les jardins, aspirant à l'air frais pour calmer l'orage qui faisait rage en lui. La décision d'Arianna de lui cacher sa grossesse le laissait déchiré entre son amour pour elle et son sentiment de trahison. Le chemin à parcourir pour reconstruire la confiance semblait soudainement long et incertain.


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Ezio déambulait lentement à travers les rues pavées de Monteriggioni, son esprit englouti dans un tourbillon de pensées tumultueuses. La révélation de la grossesse d'Arianna avait initialement déclenché en lui une tempête de colère et de trahison, une réaction brute à un secret si longtemps gardé. Mais au fur et à mesure qu'il errait sans but précis, perdant presque conscience de son environnement, un changement subtil s'opérait dans son esprit.


La colère qui l'avait initialement envahi commençait lentement à s'estomper, cédant la place à une introspection profonde et tourmentée. Ses pas, résonnant sur les pavés anciens, semblaient rythmer le flux de ses pensées. Il se remémorait les moments qu'il avait partagés avec Arianna - les rires, les disputes, les regards chargés de passion et d'intimité. Chaque souvenir, autrefois source de bonheur ou de frustration, semblait maintenant chargé d'une signification nouvelle et plus profonde. La grossesse d'Arianna n'était plus seulement un secret révélé ; elle était la preuve tangible de leur amour, un amour qui avait survécu et prospéré malgré les obstacles et les défis qu'ils avaient rencontrés.


Ezio s'arrêta, son regard se perdant dans l'immensité de l'horizon. Il réfléchissait à l'enfant à venir, son enfant. Cette pensée, qui dans d'autres circonstances aurait pu le terrifier, lui apportait ici un sentiment inattendu de clarté et de détermination. Il allait devenir père, un rôle qu'il n'avait jamais envisagé dans le tourbillon de sa vie d'Assassin.


Dans son esprit, les images d'une vie future avec cet enfant prenaient forme. Il se voyait lui enseigner les arts de l'Assassin, lui raconter les histoires de leur famille, partager avec lui les leçons précieuses de la vie et de la survie. Mais il y avait aussi des craintes et des incertitudes. Comment protégerait-il cet enfant dans un monde plein de dangers et de conflits ? Comment assurerait-il sa sécurité et son bien-être dans une réalité aussi impitoyable ?


Ezio prit conscience des responsabilités qui l'attendaient, non seulement en tant qu'Assassin, mais aussi en tant que père. Cette réalisation lui pesait, tout en lui insufflant un nouveau sens de but. Il savait que pour assurer la sécurité et le bien-être de son enfant, il devait prendre des mesures drastiques et immédiates.


Réfléchissant à leur époque, Ezio était bien conscient que les conventions et les normes sociales jouaient un rôle crucial. Une femme seule avec un enfant serait confrontée à des jugements sévères et à de nombreux défis, et il ne pouvait pas laisser Arianna et son enfant à naître subir un tel sort. Il devait agir, non seulement en tant qu'Assassin, mais aussi en tant que protecteur de sa famille.


La solution était évidente, bien que loin d'être simple : il devait épouser Arianna. Cette décision n'était pas dictée uniquement par l'amour, mais aussi par la raison et le sens de la responsabilité. Un mariage offrirait à leur enfant la légitimité et la sécurité nécessaires dans leur société. C'était une décision pratique, mais aussi un engagement profond envers Arianna et leur enfant à naître. C'était un choix difficile, mêlant amour, devoir, et une acceptation de la réalité de leur époque.


Ezio savait que cette décision ne serait pas sans conséquences. Elle demanderait du courage, de la résolution, et peut-être même un sacrifice personnel. Mais pour l'avenir de son enfant et le bien-être d'Arianna, il était prêt à faire ce qui devait être fait. Avec un cœur lourd mais résolu, Ezio fit demi-tour, marchant vers la demeure des Auditore, il était profondément tourmenté. La perspective de forcer Arianna à se marier avec lui, même s'il s'agissait d'une solution pratique et traditionnelle à leur époque, le mettait mal à l'aise. Il aimait Arianna, sincèrement et profondément, et l'idée de l'obliger à quelque chose contre sa volonté lui pesait sur le cœur.


Mais en même temps, les sentiments de trahison et de frustration qui l'avaient submergé en apprenant le secret d'Arianna étaient encore vifs. Il se sentait trahi, non seulement par le secret qu'elle avait gardé, mais aussi par son silence. Ce sentiment alimentait son besoin de prendre des décisions fermes, de protéger non seulement leur futur enfant, mais aussi Arianna elle-même, malgré la complexité de leurs sentiments.


Ezio était un homme de son temps, un temps où les conventions et les responsabilités familiales prévalaient souvent sur les désirs individuels. En tant que tuteur légal d'Arianna, Mario Auditore avait le pouvoir de consentir au mariage en son nom. Cette réalité, bien que brutale aux yeux modernes, était une norme acceptée dans leur société. Ezio se retrouvait tiraillé entre cette tradition et son désir de respecter les sentiments d'Arianna.


Avec un cœur lourd, Ezio se dirigea vers la demeure, résolu à prendre les mesures nécessaires pour l'avenir de leur enfant. Il se préparait à une conversation avec Mario, sachant que la décision qu'il s'apprêtait à prendre pourrait changer le cours de leurs vies. Il était temps pour lui de faire face à son avenir, non seulement en tant qu'Assassin, mais aussi en tant que père et protecteur de sa nouvelle famille. La décision était difficile, mais Ezio était prêt à assumer la responsabilité de ses choix, pour le bien de tous ceux qu'il aimait.


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Ezio, le cœur battant d'une détermination pesante, se dirigea vers les appartements de Mario Auditore. Chaque pas résonnait avec la gravité de la situation à laquelle il était confronté. La conversation qui l'attendait, il le savait, serait l'une des plus difficiles de sa vie. Mario, qui avait adopté Arianna comme sa fille et agissait en tant que son tuteur légal, était un homme de principes et de sagesse. Affronter Mario ne signifiait pas seulement convaincre un oncle bien-aimé, mais aussi présenter un cas convaincant au protecteur d'Arianna.


En pénétrant dans la pièce, Ezio trouva Mario plongé dans ses papiers, la lueur d'une chandelle éclairant son visage concentré. À l'entrée d'Ezio, Mario leva les yeux, son visage se transformant en une expression d'interrogation à la vue du trouble évident de son neveu.


"Ezio, que se passe-t-il ? Tu sembles préoccupé," dit Mario, posant sa plume et se concentrant entièrement sur Ezio.


Ezio prit une profonde inspiration, rassemblant son courage. "Oncle, il y a quelque chose que vous devez savoir... à propos d'Arianna. Elle est enceinte." Sa voix était ferme, mais les battements de son cœur trahissaient son anxiété.


Mario se figea, le choc évident sur son visage. Il avait toujours considéré Arianna comme sa propre fille depuis son adoption, et la nouvelle de sa grossesse le frappa profondément. "Enceinte ?" répéta-t-il, sa voix teintée d'une inquiétude paternelle. "Et c'est ton enfant, Ezio ?"


Ezio acquiesça, soutenant le regard de Mario. "Oui, oncle. C'est pourquoi je suis venu vous parler. Je souhaite prendre la responsabilité, pour Arianna et pour l'enfant."


Mario, visiblement bouleversé par la nouvelle, se leva de son bureau, faisant les cent pas dans la pièce. "Ezio, comprends-tu la gravité de ce que tu me dis ? Arianna est comme ma fille, et toi, mon neveu. Cette situation... elle est loin d'être simple."


Ezio le regarda, la détermination claire dans ses yeux. "Je comprends, oncle. C'est pourquoi je propose de l'épouser. C'est la seule façon d'assurer la sécurité et la légitimité de l'enfant."


Ezio se tenait devant Mario, une tension palpable dans l'air. Mario, les sourcils froncés, posa une question cruciale : "Et Arianna ? Est-elle au courant de ta proposition ?" Sa voix trahissait sa préoccupation pour sa fille adoptive, mettant en lumière la complexité de la situation.


Ezio baissa la tête, un mélange de résolution et de regret se lisant dans ses yeux. "Non, oncle. Elle n'est pas au courant. Mais la situation est délicate. Arianna a gardé le secret de sa grossesse, et j'ai pris la décision de me séparer d'elle à Florence, sans connaître toute l'histoire."


Mario, absorbé par la révélation, posa une question supplémentaire. "Depuis combien de temps est-elle enceinte ?"


Ezio ferma les yeux, se remémorant leurs derniers moments intimes à Florence, juste avant leur départ tumultueux. "Je pense que cela remonte à un peu plus de deux mois," dit-il doucement. "Ni elle ni moi n'avons pris de précautions à ce moment-là."


Le silence s'installa, tandis que Mario digérait les informations. "Et tu crois qu'Arianna refuserait ta proposition de mariage si elle en avait connaissance ?" demanda-t-il avec un soupçon de tristesse dans la voix.


Ezio hocha la tête. "Son caractère indépendant, sa volonté d'être libre... je crains qu'elle ne voie cela comme une contrainte. Mais je pense à elle, à l'enfant. C'est la meilleure solution pour leur avenir."


Mario regarda Ezio, non pas comme son neveu, mais avec les yeux d'un homme évaluant le futur mari de sa fille adoptive. "Ezio, peux-tu me promettre de prendre soin d'elle, de les protéger tous les deux ?"


Ezio releva la tête, son regard empli d'une détermination ferme. "Je vous le promets, oncle. Je prendrai soin d'Arianna et de notre enfant. Je serai là pour eux, quoi qu'il arrive."


Satisfait mais toujours préoccupé, Mario acquiesça lentement. "Dans ce cas, en tant que tuteur légal d'Arianna, j'accepte cette union. Nous établirons un contrat pour formaliser l'accord."


Les deux hommes travaillèrent ensemble pour mettre en place les détails du mariage. Il fut décidé que la cérémonie aurait lieu dans une dizaine de jours, compte tenu de l'avancée de la grossesse d'Arianna.


Ezio quitta la pièce, conscient de l'ampleur des engagements qu'il venait de prendre. Les jours à venir seraient cruciaux, marquant non seulement son rôle en tant qu'Assassin, mais aussi en tant que futur mari et père. La décision était lourde, mais Ezio était résolu à faire face à ses responsabilités pour le bien de sa nouvelle famille.


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