L'Ombre de Florence: Les mémoires cachées d'Arianna Valentini
Les images de sa famille assassinée avaient assailli son esprit. Sa mère, son père, son grand-père, tous disparus dans un bain de sang et de feu. Une boule dans la gorge, Arianna avait failli trébucher, ses jambes flageolantes sous le poids de la réalité brutale. Mais elle avait entendu la voix de son grand-père dans sa tête, exhortant sa petite-fille à se ressaisir, à porter haut l'héritage des Valentini. "Tu es forte, Arianna. Tu dois survivre."
Elle avait repris sa course, ses pieds foulant la terre humide de la Provence, frappée par la beauté cruelle de la campagne qui défilait autour d'elle. Des champs de lavande aux vignobles, chaque paysage était comme un poème, une célébration de la vie qui contrastait violemment avec la mort et la destruction qu'elle venait de quitter. Arianna avait senti son coeur se serrer, mais elle avait puisé dans ses réserves de courage pour avancer.
Vêtue de ses simples habits de lin, sa besace en cuir renfermait tout ce qui lui restait : le Codex relié de cuir, les lettres et documents de sa famille, et surtout, la lame secrète de son grand-père, maintenant fixée à son bras. Chacun de ces objets était une responsabilité, un fardeau qui pesait beaucoup plus que leur simple masse physique.
Le trajet jusqu'à Florence serait long et dangereux. À quatorze ans, même avec sept années d'entraînement, elle ne faisait pas le poids contre des soldats adultes, et encore moins contre des Templiers. Mais elle avait l'élément de surprise, et une volonté d'acier. Elle avait suivi des routes détournées, évitant les patrouilles et se nourrissant de petites baies et de ce que la nature pouvait lui offrir. Les nuits étaient les plus dures, où elle se blottissait contre elle-même pour se réchauffer, cherchant un abri dans des grottes ou sous de grands arbres.
Quand elle avait traversé les Alpes, le froid avait été presque insupportable, mais le souvenir du feu qui avait consumé sa maison la réchauffait, lui rappelant ce qui était en jeu. Elle avait finalement atteint la frontière italienne, chaque pas la rapprochant de Florence, de Giovanni Auditore, et peut-être, de réponses.
Mais chaque pas l'éloignait aussi de son ancienne vie, de sa famille. C'était un exil autant qu'un pèlerinage. Alors qu'elle approchait de son but, elle avait compris que sa quête ne faisait que commencer. Il ne s'agissait pas seulement de survivre, mais de vivre, de perpétuer l'héritage de sa famille, d'honorer leur sacrifice, et peut-être, un jour, d'obtenir justice.
Tant de kilomètres, tant de pensées, tant de peurs et d'espoirs. Mais à chaque étape, Arianna Valentini devenait moins une enfant perdue et plus une Maître Assassin. La lame secrète à son bras n'était pas seulement une arme; c'était un rappel de qui elle était, de ce qu'elle pouvait devenir. Et pendant qu'elle marchait, le soleil commençant à décliner dans le ciel toscan, elle avait su qu'elle ne serait jamais seule. Le poids dans sa besace, le cri guerrier de son grand-père résonnant dans son âme, étaient des témoignages vivants de cela. La route devant elle était longue, mais elle était prête.
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Après un mois de voyage épuisant, marqué par des nuits sans sommeil et des jours d'incertitude, Arianna parvint enfin à voir les remparts majestueux de Florence se dresser devant elle. Son corps était une masse de douleurs, son visage crotté et ses vêtements déchirés par des épines, des rochers et des embûches inattendues le long de son périple. Les muscles de ses jambes tremblaient sous le poids de la fatigue, trahissant une fragilité qu'elle ne pouvait se permettre de montrer. Cependant, chaque pas, chaque foulée douloureuse, la rapprochait de ce qui pourrait bien être sa seule chance de survie : un homme nommé Giovanni Auditore.
Le crépuscule était tombé sur la cité toscane quand elle y pénétra, ses portes encore ouvertes pour laisser passer les marchands retardataires et les paysans fatigués. Elle se sentait comme un prédateur discret et invisible parmi une mer d'innocents, sa lame secrète astucieusement dissimulée sous les manches déchiquetées de son manteau. Ses yeux, aiguisés par des semaines de vigilance, scrutaient chaque visage, chaque geste, à la recherche de la moindre menace. La méfiance était sa compagne constante, un voile invisible qui la séparait de ce monde apparemment pacifique mais potentiellement perfide.
La première étape du défi qui se présentait à elle était de localiser Giovanni Auditore. Elle ne savait ni à quoi il ressemblait, ni où il pourrait se trouver dans cette labyrinthe urbain. Cependant, elle avait appris que la meilleure façon d'extraire des informations était souvent d'aller là où les langues se déliaient le plus facilement : les tavernes. Ainsi, elle se dirigea vers les quartiers populaires, où l'air était chargé des effluves de vin bon marché et de viande grillée, et où les rires et les chants se mêlaient aux ombres de la nuit. Postée dans un coin sombre, elle écouta attentivement les conversations alentour. Son attente fut récompensée lorsqu'un groupe d'artisans, visiblement éméchés, évoqua un certain Giovanni Auditore, un marchand fortuné dont la maison se situait non loin de la Piazza della Signoria.
Armée de cette précieuse information, Arianna consacra les jours suivants à une surveillance prudente de la demeure des Auditore. Elle observa les mouvements des gardes, notant qu'ils semblaient être de simples serviteurs plutôt que des mercenaires à la solde des Templiers. Elle scruta également les visiteurs qui arrivaient et partaient à des heures indues, à la recherche de signes de trahison ou de danger. Pourtant, après plusieurs jours, rien ne sembla suspect. La demeure des Auditore avait tout l'air d'un foyer paisible appartenant à une famille prospère.
Néanmoins, un voile de doute persistait dans son esprit. La méfiance, cette vieille amie fidèle qu'elle avait acquise au prix de sa naïveté perdue et des vies de ceux qu'elle aimait, lui murmurait de prendre toutes les précautions possibles. Plutôt que de faire une approche directe, elle opta pour un plan plus prudent : suivre Giovanni Auditore, comprendre ses habitudes quotidiennes, ses fréquentations, et, surtout, vérifier s'il était vraiment l'allié qu'il prétendait être.
Après trois jours d'observation minutieuse, elle accumula assez de preuves pour étayer la conclusion que Giovanni Auditore était probablement sincère dans ses intentions. Mais dans le monde dangereux qu'était devenu le sien, les certitudes étaient un luxe qu'elle ne pouvait guère se permettre. Les amis étaient aussi rares que les aiguilles dans une botte de foin, et la confiance était une monnaie qu'elle n'était pas prête à dépenser à la légère. Après une longue réflexion, elle prit une profonde inspiration et se décida enfin à faire le premier pas. Ce serait un pari, mais un pari qu'elle était prête à prendre. Le chemin devant elle était encore long et incertain, mais pour la première fois depuis le massacre de sa famille, elle sentait une lueur d'espoir percer l'obscurité.
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Giovanni Auditore, un assassin aguerri avec des années d'expérience, avait bien sûr remarqué qu'il était suivi. Son instinct lui disait qu'il n'était pas observé par un novice, mais plutôt par quelqu'un qui savait comment se déplacer en silence et se fondre dans les ombres. Il décida qu'il était temps de découvrir qui se cachait derrière ce masque d'invisibilité.
C'est ainsi qu'un soir, Giovanni choisit d'emprunter une ruelle sombre et étroite, une impasse en apparence parfaite pour un traquenard. Il s'arrêta soudainement, faisant semblant d'examiner une lettre qu'il avait préalablement préparée à cet effet. Le moment était venu.
Arianna avait senti une certaine tension chez Giovanni ce soir-là. Son pas avait été plus rapide, son regard plus méfiant. Elle avait un mauvais pressentiment, mais elle ne pouvait pas faire marche arrière maintenant. Alors qu'elle suivait Giovanni dans la ruelle sombre, elle sentit soudain une présence derrière elle. Elle se retourna à peine à temps pour esquiver la lame qui fonçait vers elle.
Les deux assassins se faisaient face, leurs yeux se croisant dans une reconnaissance mutuelle de compétence et de méfiance. Arianna était méconnaissable : son visage sale, ses vêtements en lambeaux, ses cheveux ébouriffés. Elle ressemblait plus à une vagabonde qu'à une menace, mais Giovanni savait mieux que de sous-estimer quelqu'un en se basant sur son apparence.
Ils s'affrontèrent avec une précision et une vitesse étonnantes, leurs lames se croisant dans un ballet mortel. Finalement, Arianna, rapide comme l'éclair, déploya sa lame secrète, l'arme distinctive des Assassins. Ce fut le moment qui fit comprendre à Giovanni qu'il ne pouvait pas simplement la tuer.
Tout en restant sur ses gardes, Giovanni fit un pas en arrière. "Qui êtes-vous et pourquoi me suivez-vous ?" demanda-t-il, sa voix trahissant un mélange de curiosité et de prudence.
Arianna le regarda fixement, son visage marqué par la fatigue, la méfiance et une certaine résolution. "Je suis Arianna. J'avais l'espoir que vous pourriez m'aider, Giovanni Auditore. Mais comme vous pouvez le voir, je suis prudente."
Giovanni, toujours méfiant mais intrigué, tendit la main en signe de paix apparente. "Dans ce cas, nous devrions parler. Mais pas ici."
Arianna serra la main de Giovanni, ses yeux ne quittant pas les siens. Alors qu'ils se serraient la main, Giovanni retourna discrètement le brassard d'Arianna, exposant les armoiries des Assassins et surtout, la marque sur son annulaire, un symbole de son appartenance à la Confrérie.
"Suivez-moi. Il semble que nous ayons beaucoup à discuter, loin des oreilles indiscrètes," dit Giovanni, sa méfiance diminuant légèrement, mais jamais complètement dissipée.
Arianna, aussi méfiante que jamais mais consciente qu'elle venait de franchir la première barrière vers une potentielle alliance, suivit Giovanni. Son apparence était misérable, comme celle de quelqu'un qui avait été traîné à travers l'enfer, mais dans ses yeux brûlait la flamme indomptable de la détermination et de l'espoir.
Ils se dirigèrent ensemble vers un lieu plus sûr, chaque pas les rapprochant d'une destinée dont ni l'un ni l'autre ne pouvait encore mesurer l'ampleur.
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Installés dans un bureau à l'écart, aux murs garnis de livres et de cartes, Giovanni Auditore et Arianna se faisaient face. La pièce était éclairée par quelques chandelles, et une aura de gravité semblait y régner.
Giovanni, son visage sérieux éclairé par la lueur vacillante, prit la parole. "Bien, nous sommes à l'abri ici. Vous pouvez parler."
Arianna prit une profonde inspiration, semblant rassembler les morceaux éparpillés de son passé récent. Elle dévoila ensuite tout : la chute de sa famille, une ancienne lignée d'Assassins ; la mort de son mentor et grand-père Lucio, qui était un allié proche de Giovanni ; et la manière dont elle avait survécu, seule et pourchassée. Ses mots étaient choisis avec soin, mais le poids de chaque syllabe était comme un coup de poignard dans l'air tendu de la pièce.
À la fin de son récit, Giovanni était silencieux. La nouvelle de la perte d'un vieil ami et allié comme Lucio le frappa profondément. Puis, ses yeux se fixèrent sur Arianna. "Cela signifie que vous êtes tout ce qui reste. Un petit chat sauvage que le destin a jeté à mes pieds."
Arianna le regarda, ses yeux un mélange de détermination et d'incertitude. "Que va-t-il se passer maintenant ?"
Giovanni se leva, marchant lentement autour du bureau. "Premièrement, votre arrivée doit passer inaperçue. Officiellement, vous deviendrez notre pupille. Une jeune fille de la campagne qui vient vivre en ville. Vous serez présentée comme une cousine de mon épouse Maria."
Arianna acquiesça, voyant la sagesse dans ses paroles.
"Deuxièmement," poursuivit Giovanni, "le secret absolu est essentiel. Mes fils et ma fille doivent rester dans l'ignorance de l'Ordre. Mon fils aîné, Frederico, est le seul un peu au courant ; il a été initié récemment. Mais pour les autres, vous êtes une simple cousine, rien de plus."
"Je comprends," répondit Arianna. "Le secret est une seconde nature pour moi, Giovanni."
Giovanni retourna à son siège et la regarda intensément. "Je suppose qu'il va maintenant me falloir prendre soin de vous, petit chat sauvage. Non seulement pour honorer la mémoire de Lucio et de votre famille, mais aussi parce que notre Ordre a besoin de chaque allié qu'il peut trouver."
"Je suis prête à suivre vos règles, Giovanni," dit Arianna, sa voix pleine de gratitude mais aussi de résolution. "Mais ne vous méprenez pas, je ne suis à la charge de personne. Je suis ici parce que j'ai une mission à accomplir, des ennemis à abattre."
Giovanni sourit légèrement, admirant son esprit combatif. "Je n'en attendais pas moins de vous. Bienvenue dans la famille, Arianna."
La jeune femme sentit un poids se lever, comme si une petite parcelle d'ordre avait été restaurée dans son monde chaotique. Et pour la première fois depuis longtemps, elle se permit de croire qu'elle avait peut-être trouvé un lieu où elle pourrait à nouveau appeler "maison".
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Le lendemain matin, Arianna se leva à l'aube, encore perdue dans les replis du sommeil léger qui caractérisent ceux qui ont trop longtemps vécu dans l'inconfort et la peur. Dans la chambre où elle avait été installée, un luxe inconnu pour elle depuis longtemps, elle s'habilla avec les vêtements que Maria avait placés sur une chaise la veille. Des habits de lin et de laine, de qualité simple mais indubitable, conçus pour s'intégrer parmi les classes moyennes de la cité.
Devant le miroir aux contours de bois finement sculpté, elle étudia son reflet comme si elle rencontrait une vieille amie longtemps perdue. Ses traits étaient durs, marqués par des semaines de privations, son corps maigre trahissant les rigueurs du voyage. Mais ses yeux... Ils brûlaient toujours de cette même flamme intérieure, le même feu qui avait attiré l'attention de Giovanni. Elle ajusta la robe, puis se rappela les mots de Giovanni sur la nécessité de l'anonymat, du devoir envers un Ordre plus grand qu'elle-même. "C'est un rôle que je dois jouer," se dit-elle, "pour le bien de tous ceux qui comptent."
Dans la salle à manger, la famille Auditore était déjà assemblée autour de la table en bois massif, couverte d'une nappe de lin propre et de divers aliments : fruits, pain, fromage et charcuterie. Giovanni se tenait à la tête de la table, sa présence rayonnant comme le soleil matinal à travers les fenêtres. Frederico, lui ressemblant étrangement avec ses cheveux noirs et sa posture digne, était à sa droite. Puis venaient Ezio et Claudia, les plus jeunes, leurs visages tournés vers Arianna avec une curiosité non dissimulée.
"Ma famille, je vous présente Arianna, une cousine éloignée de Maria, qui sera désormais notre pupille," annonça Giovanni d'une voix forte, attirant l'attention de tous. "Elle vient de la campagne et aspire à un avenir meilleur dans notre grande cité de Florence."
Frederico se leva, son sourire chaleureux rempli d'une assurance tranquille. "Enchanté, Arianna," déclara-t-il, offrant sa main. Son regard était perspicace, évaluant, mais respectueux.
Ezio et Claudia offrirent des salutations plus réservées, leurs jeunes yeux cherchant à percer le mystère de cette nouvelle arrivante. "Salve, Arianna," murmura Ezio, un soupçon d'intrigue dans sa voix. Claudia hocha simplement la tête, ses yeux la scrutant discrètement.
Maria, dans sa grâce maternelle, s'approcha et enlaça Arianna dans une étreinte courte mais sincère. "Bienvenue dans notre demeure, Arianna. Puisses-tu la considérer comme la tienne."
Après le repas, Frederico se proposa de lui faire visiter leur maison. Ils parcoururent les corridors, dont les murs étaient ornés de tapisseries et de peintures, une démonstration silencieuse de la richesse et du statut des Auditore. Chaque pas résonnait sur les dalles de pierre, chaque écho lui rappelant l'absence du bruit familier de sa propre demeure, désormais réduite en cendres.
"Tu sembles perdue dans tes pensées," dit Frederico, brisant le silence. Ses yeux la scrutèrent, cherchant à déceler la cause de sa mélancolie.
"Je m'adapte encore," répondit Arianna, sa voix neutre, consciente que chaque mot pourrait peser lourd dans cette maison de secrets.
"C'est bien normal," assura Frederico. "Après tout, Rome n'a pas été construite en un jour."
Ce commentaire, léger mais sincère, fit naître un sourire sur les lèvres d'Arianna. Oui, elle avait tout perdu : sa maison, sa famille, sa vie d'avant. Mais elle était ici maintenant, une pièce dans un puzzle beaucoup plus vaste, et elle avait un rôle à jouer. Un rôle qui, elle l'espérait, redonnerait un jour un sens à toutes les choses perdues.
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Les premiers jours pour Arianna au sein de la maison Auditore furent une tornade d'émotions et de nouvelles expériences, ébranlant les fondements de son identité. Chaque matin, elle se levait dans sa nouvelle chambre, richement décorée de tapisseries et de meubles élaborés, un contraste frappant avec la simplicité rustique de sa maison en cendres. C'était Maria, la douce mais autoritaire matriarche, qui endossait le rôle de mentor en matière d'étiquette et de conduite.
"Les apparences sont importantes, Arianna. Dans notre monde, un faux pas peut être aussi dangereux qu'une dague dans l'ombre," Maria lui disait souvent. Ses leçons comprenaient tout, depuis l'art subtil de tenir une fourchette et un couteau jusqu'à la manière de négocier les eaux troubles de la conversation polie. Maria la regardait attentivement, corrigeant son port et sa démarche pendant qu'elle marchait, un livre équilibré sur sa tête. "Le poids des bijoux et des jupons ne doit pas t'incommoder; il doit te rappeler la gravité de ta position," ajoutait Maria, tout en ajustant le corsage d'Arianna avec des doigts habiles.
Mais tandis que Maria se concentrait sur la façade qu'Arianna devait présenter au monde, Giovanni, le patriarche et Assassin confirmé, se chargeait de façonner sa force intérieure et ses compétences. À la tombée de la nuit, le manoir se transformait. Les murs sculptés et les sols en marbre devenaient des obstacles à surmonter, des terrains d'entraînement pour l'art de l'Assassinat. "Ton corps est une arme, mais ton esprit est ton bouclier," Giovanni murmurait pendant leurs séances d'entraînement nocturnes. Il la testait continuellement, lui donnant des missions d'espionnage où elle devait recueillir des informations sur des individus soupçonnés d'être des ennemis de l'Ordre.
Tout en traversant la Florence nocturne, les yeux d'Arianna s'habituaient à voir le monde différemment. Les toits n'étaient plus simplement des toits, mais des chemins à parcourir; les ombres n'étaient plus seulement des ombres, mais des alliées. Giovanni était un mentor exigeant, insistant pour qu'elle pratique la discrétion, l'observation, et surtout, la maîtrise de soi. "Un Assassin doit être comme l'eau, capable de s'adapter à toutes les situations," instruisait-il.
Coincée entre ces deux univers distincts, Arianna sentait souvent l'étau de la dualité se resserrer autour d'elle. Les rares moments où elle pouvait se permettre d'être simplement elle-même étaient souvent passés avec Frederico, le fils aîné de Giovanni et Maria. Bien qu'initié aux mystères des Assassins, Federico n'avait pas encore pris le dernier pas vers un engagement total envers l'Ordre. "Il est difficile de servir deux maîtres," lui avait-il dit un soir, alors qu'ils étaient perchés sur un toit, les yeux rivés sur le coucher de soleil qui noyait Florence dans une mer d'or et de rouge.
Arianna l'avait regardé, un masque de détermination recouvrant ses traits. "Je sers un seul maître, l'Ordre. Tout le reste n'est que camouflage," avait-elle rétorqué.
"Même le camouflage, Arianna, a une façon de s'intégrer à la peau, de devenir une part indélébile de qui nous sommes," avait répliqué Frederico, sa main trouvant doucement son épaule.
Ces mots résonnèrent en Arianna, ébranlant les murs qu'elle avait construits autour d'elle. Elle était une Assassin, certes, mais elle était aussi une Auditore à présent, et chacun de ces rôles venait avec ses propres fardeaux et responsabilités. Et tandis qu'elle se tenait là, à côté de Federico, surplombant la ville qui était maintenant son nouveau chez-elle, elle prit conscience que ces deux mondes étaient désormais intrinsèquement liés, chacun tissant les fils du grand tapis de sa nouvelle identité.
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Au fil des semaines, la relation entre Arianna et Frederico évolua d'une curiosité mutuelle à une complicité réelle, une alchimie silencieuse mais tangible. Frederico était énigmatiquement attiré par cette "cousine" tombée du ciel, ses yeux bruns scrutant toujours l'horizon comme s'ils cherchaient à percer les secrets de l'univers. Arianna, de son côté, voyait en Frederico un portail vers une existence plus normale, un repère dans un monde étranger, loin des austères responsabilités de l'Ordre des Assassins.
Ils devinrent inséparables dans leurs escapades à travers les rues labyrinthiques de Florence, se faufilant à travers des marchés bondés, humant l'arôme des étals de nourriture et d'épices, et même, en quelques occasions audacieuses, dérobant des pommes d'un étalage pour savourer le frisson de l'illégalité. Ces moments étaient des parenthèses enchantées qui les détachaient des chaînes des attentes familiales et des codes rigides de l'Ordre.
"Florence est un livre ouvert, Arianna, et chaque page nous offre une nouvelle histoire," disait Frederico en l'entraînant dans une aventure improvisée, son rire résonnant comme une mélodie dans l'air.
Pourtant, c'était pendant les moments les plus silencieux, lorsque le soleil cédait sa place à la lueur tamisée des lanternes, que leur relation prenait une tournure plus profonde. Frederico avait ce talent inouï pour éveiller des éclats de rire chez Arianna, pour l'extraire de son cocon d'apprentie Assassin et lui rappeler qu'elle était aussi une jeune fille, avide de la simplicité et de la joie que la vie avait à offrir.
De son côté, Frederico trouvait en Arianna une gravité et une maturité rares pour son jeune âge de 14 ans. Elle semblait avoir vécu plusieurs vies en une, et cette profondeur émotionnelle devenait son ancre, le rappel constant de la grande portée de leurs actions et de leurs responsabilités.
"Tu es la boussole morale qui me guide, Arianna. Tu me rappelles pourquoi nous luttons, pourquoi tout cela ne peut être vain," murmurait Frederico pendant qu'ils étaient assis sur un toit de tuiles, leurs yeux levés vers le vaste ciel nocturne, comme s'ils pouvaient décoder les mystères de l'existence dans les motifs des étoiles.
Et il y avait, bien sûr, les séances d'entraînement presque rituelles. Frederico était un spectateur régulier lors des sessions rigoureuses dirigées par Giovanni, et ses yeux ne pouvaient s'empêcher de briller lorsqu'il observait les compétences grandissantes d'Arianna. Leurs duels, bien que simulés, prenaient des allures de danses harmonieuses, chaque offensive et parade renforçant leur connexion, créant un lien d'âme que seuls ceux qui ont goûté au frisson du danger peuvent vraiment comprendre.
Graduellement, les murs que Arianna avait érigés autour d'elle commencèrent à s'effriter. Elle partagea avec Frederico des fragments de sa vie antérieure, les douleurs d'une famille qui n'était plus. Frederico, en retour, lui ouvrait les portes de son monde complexe, un monde où la fraternité était sacrée, où l'amour avait sa place même dans les coins les plus sombres, et où l'engagement à une cause transcendait toutes les peurs et les doutes.
Ils étaient peut-être encore jeunes, leurs cœurs frappés par les aléas de la vie et de l'amour, mais la complicité qui se tissait entre eux portait la profondeur des âmes qui ont vu les abîmes de l'obscurité, mais choisissent, encore et toujours, de marcher vers la lumière.
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Ezio, du haut de ses 13 ans, était perplexe et à la fois intrigué. Il se tenait un peu à l'écart, derrière un pilier du salon familial, où la lumière du soleil couchant filtrait à travers les fenêtres, jetant des ombres douces sur les visages des personnes présentes. Arianna, c'était son nom. Une "cousine" venue de la campagne, selon les mots de son père Giovanni. Mais les yeux d'Ezio étaient affûtés, et il y avait dans le regard d'Arianna une gravité, une profondeur presque en contradiction avec son jeune âge, qui le laissaient perplexe.
Ezio ne pouvait s'empêcher de l'observer discrètement, fasciné par cette énigme sur pattes. Ses cheveux brun foncé encadraient un visage marqué par la maturité, une maturité qui semblait presque en décalage avec son adolescence. Ses yeux captivaient Ezio. Ils étaient comme deux puits d'encre sombre, à la fois mystérieux et séduisants.
Ce qui le perturbait encore plus, c'était la complicité naissante entre Arianna et Frederico. Son frère aîné, qu'il idolâtrait sans condition, riait et échangeait avec elle comme s'ils étaient amis de longue date. Frederico lui parlait de choses qu'Ezio n'entendait pas, mais dont il brûlait d'entendre les détails. Cela éveillait en lui une jalousie confuse, mêlée à un intérêt presque compulsif.
Et il y avait autre chose. Quelque chose de nouveau, une sensation étrangère qui s'éveillait en lui à la vue d'Arianna. Une chaleur, un trouble qu'il ne pouvait expliquer, qui le faisait rougir et regarder ailleurs chaque fois que leurs yeux se croisaient. Ce fut pour lui un éveil déconcertant, l'orée d'un territoire émotionnel qu'il n'avait pas encore exploré. Était-ce cela, l'attraction ?
Mais Arianna, elle, paraissait complètement indifférente à son égard. Chaque fois qu'il tentait d'entrer dans son champ de vision, de capter son attention, il se sentait presque transparent. Elle déplaçait subtilement son regard ou changeait de sujet, comme si elle le considérait tout au plus comme une distraction mineure. Cela ne faisait qu'accentuer la frustration d'Ezio, attisant la flamme de sa curiosité.
"Ezio, arrête de te cacher comme une souris ! Viens ici !" appela Frederico soudainement, brisant la bulle de réflexions du jeune homme.
Forcé de sortir de sa cachette, Ezio s'avança avec une démarche étudiée, faisant tout pour paraître nonchalant et détaché. Il ne voulait pas que Frederico détecte l'ouragan d'émotions qui le traversait.
"Tu as fait la connaissance d'Arianna, n'est-ce pas ?" demanda Frederico, un sourire en coin, comme s'il avait lu dans les pensées de son frère.
"Oui, en quelque sorte," répondit Ezio, mal à l'aise, en évitant le regard perçant de Federico.
Federico éclata de rire avant de lui donner une tape amicale sur l'épaule. "Ah, ne t'en fais pas, petit frère. Le temps viendra où tu pourras tisser des liens, des vrais."
Ezio offrit un sourire timide en retour, mais ses yeux se portèrent de nouveau sur Arianna. Il se dit que, oui, il aurait tout le temps du monde pour la connaître. Mais une part de lui, cette part qui évoluait et grandissait, savait que la jeune fille recelait des secrets et des profondeurs qu'il était probablement trop immature pour sonder.
Cela ne faisait qu'intensifier son désir de découvrir qui elle était vraiment, derrière ces barrières qu'elle érigeait. Et c'était peut-être là le plus grand mystère d'Arianna : une énigme qui provoquait en Ezio une soif de connaissance, de compréhension, une soif qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.
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Dans l'enceinte de la majestueuse demeure des Auditore, la grande salle aux boiseries finement ouvragées résonnait du cliquetis de la vaisselle et des voix des convives. Le dîner venait de se terminer, et la famille s'était dispersée, certains retournant à leurs affaires, d'autres restant pour converser. Ezio se tenait à côté d'une bibliothèque remplie d'ouvrages, les yeux toujours fixés sur Arianna, qui discutait avec Frederico près de la fenêtre.
Frederico se tourna soudainement vers Ezio. "Petit frère, approche. Arianna et moi parlions justement de l'art de l'escrime. Viens nous donner ton avis."
Un peu pris au dépourvu, mais néanmoins ravi de l'invitation, Ezio s'avança. "Je n'ai pas encore l'expertise de Frederico," dit-il en souriant, "mais j'apprends vite."
Arianna se tourna vers lui, et pour la première fois de la soirée, leurs regards se croisèrent. "Ah, Ezio. Frederico m'a dit que tu étais un élève assidu."
Ezio se sentit rougir légèrement. "Je fais de mon mieux, mademoiselle."
Elle esquissa un sourire, mais il était difficile de lire ses émotions. "C'est tout ce que l'on peut demander, n'est-ce pas ?"
Un silence un peu maladroit s'installa. Frederico, sentant la tension, intervint. "Ezio, pourquoi ne nous montres-tu pas quelques-unes de tes passes d'armes ? Arianna est une excellente escrimeuse, elle pourrait te donner quelques conseils."
Ezio était partagé entre l'envie d'impressionner Arianna et la crainte de paraître ridicule. Mais son orgueil prit le dessus. "Bien sûr," dit-il, prenant une position de garde imaginaire, faute d'épée à portée de main.
Il effectua une série de mouvements fluides, imitant les gestes qu'il avait vu Frederico exécuter lors de leurs entraînements. Arianna le regardait attentivement, ses yeux ne laissant rien paraître de son jugement.
Finalement, elle parla. "Pas mal. Mais tu dois apprendre à mieux équilibrer ton poids pendant les attaques. Sinon, un adversaire expérimenté pourrait facilement te déséquilibrer."
Ezio, un peu piqué dans son orgueil mais néanmoins reconnaissant du conseil, acquiesça. "Je vais y travailler, merci."
"Rappelez-vous, la maîtrise de l'épée ne vient pas seulement de la force, mais de la compréhension de chaque mouvement et du bon moment pour les exécuter," ajouta Arianna, son ton suggérant qu'elle parlait autant de l'escrime que de la vie en général.
Ezio sentit une connexion subtile dans ses mots. Comme si Arianna, malgré son apparente distance, avait saisi une partie de lui, une partie qu'il commençait à peine à comprendre lui-même. C'était à la fois intimidant et fascinant.
Ferderico brisa le moment. "Très bien, assez de leçons pour ce soir. Ezio, ne prends pas trop à cœur les paroles d'Arianna. Après tout, elle est une Auditore. Nous avons tous une tendance à être un peu... sévères."
Arianna rit doucement. "Peut-être, mais la sévérité forge la compétence."
Alors que la conversation se poursuivait, Ezio se sentit légèrement en dehors, mais pour la première fois, pas complètement écarté. Il y avait entre eux, pensa-t-il, une étincelle d'entente, une ouverture, si minime soit-elle. Et dans ce fragile instant, il eut l'impression que le mystère nommé Arianna s'était un peu dévoilé, offrant un bref aperçu de la profondeur de son caractère.
Ezio retourna à sa place près de la bibliothèque, les mots d'Arianna résonnant encore en lui. Il se sentait à la fois humble et inspiré, ses émotions adolescentes tourbillonnant dans un mélange complexe de fascination, d'intimidation, et d'un début de compréhension. Le monde, il le sentait, devenait de plus en plus compliqué, mais aussi incroyablement plus intéressant.
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La cour intérieure de la maison des Auditore était un lieu de calme et de réflexion, avec ses colonnes de marbre, son jardin luxuriant et sa petite fontaine. C'était un refuge contre les rigueurs de la vie extérieure, et ce soir-là, la lueur des torches dans la cour créait une atmosphère presque magique.
Ezio, assis sur un banc en pierre, griffonnait des esquisses sur un carnet. Il avait trouvé récemment une nouvelle passion pour le dessin, encouragé en cela par Leonardo da Vinci, l'ami de la famille. Mais ce soir, son esprit était ailleurs, et son crayon ne parvenait pas à capturer les formes qu'il voyait dans son imagination.
Il leva les yeux de son carnet quand il entendit des pas légers sur les pavés de la cour. C'était Arianna, vêtue d'une robe simple mais élégante qui mettait en valeur sa silhouette gracieuse. Elle portait un panier à la main et semblait être en route pour le jardin, probablement pour cueillir des herbes ou des fleurs.
Pris d'une impulsion soudaine, Ezio se leva et s'approcha d'elle. "Bonsoir, Arianna. Puis-je aider avec ce panier ?"
Elle le regarda un instant, ses yeux scrutant les siens comme si elle cherchait à y lire quelque chose. Puis elle détourna le regard. "Merci, mais ce n'est pas nécessaire."
Le ton distant d'Arianna aurait dû décourager Ezio, mais il ne pouvait pas s'empêcher de persister. "Tu vas cueillir des herbes pour ma mère ?"
Arianna posa le panier sur une petite table en pierre près du jardin. "Non, ces herbes sont pour moi. J'étudie les propriétés médicinales de certaines plantes."
"Vraiment ? Cela semble fascinant," dit Ezio, essayant de paraître aussi mature et intéressé que possible.
Elle hocha la tête, ouvrant la bouche comme pour dire quelque chose, puis semblant changer d'avis. Finalement, elle dit : "C'est un domaine d'étude utile. Surtout en ces temps incertains."
Une fois encore, le ton d'Arianna était froid, presque mécanique. Comme si elle se forçait à être polie, mais n'avait aucun désir de s'engager dans une conversation. Ezio sentit une légère déception l'envahir, mais aussi une détermination croissante. Il voulait comprendre cette fille énigmatique, voulait être la personne qui ferait tomber ses barrières.
"Arianna, si tu as le temps un jour, j'aimerais beaucoup en apprendre davantage sur les plantes médicinales," dit-il, ses yeux rencontrant les siens dans un instant de vulnérabilité délibérée.
Cette fois, elle sembla un peu prise au dépourvu. "Peut-être," dit-elle finalement, "mais pas maintenant. J'ai des choses à faire."
Sans attendre de réponse, elle ramassa son panier et se dirigea vers le jardin, ses pas légers mais déterminés.
Ezio resta là, regardant Arianna s'éloigner dans l'obscurité du jardin. Il se sentait un peu comme un navigateur regardant une terre mystérieuse s'éloigner à l'horizon. Le désir de découvrir cette terre inexplorée, de percer ses secrets, était à la fois excitant et terrifiant.
Et tandis qu'il retournait à son banc, son carnet et son crayon en main, Ezio réalisait que son désir de comprendre Arianna était devenu une sorte de quête personnelle. Une quête qui était peut-être vouée à l'échec, mais qui, il en était sûr, valait la peine d'être poursuivie.
Pour la première fois, il se demanda si cette fille, si indifférente en apparence, pouvait un jour lui ouvrir les portes de son monde secret. Et bien que la réponse demeurât incertaine, cette simple possibilité remplissait le jeune Ezio d'un mélange d'appréhension et d'espoir, exacerbant les turbulences émotionnelles de son jeune cœur.
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La soirée était déjà bien entamée quand Ezio trouva son frère Frederico et Arianna assis sur le toit de leur demeure à Florence, contemplant le ciel étoilé. Les deux semblaient si à l'aise, si proches, partageant des rires et des conversations en toute simplicité. Frederico, toujours l'âme sociable, était particulièrement loquace ce soir, ses gestes expressifs et son rire contagieux créant une ambiance chaleureuse.
Ezio se tenait un peu à l'écart, dans l'ombre, le regard fixé sur les deux silhouettes à la lueur vacillante de quelques torches posées aux alentours. Un pincement lui tordit le cœur. Était-ce de la jalousie qu'il ressentait ? Peut-être même de la possessivité envers Frederico, son grand frère et modèle, avec qui il avait toujours partagé une complicité exclusive ?
Il n'arrivait pas à chasser de son esprit la façon dont Arianna souriait à Frederico, comme si elle partageait avec lui un secret que Ezio n'était pas digne de connaître. C'était un sentiment étrange, quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti auparavant, et cela le mettait mal à l'aise. Le jeune Ezio, du haut de ses 13 ans, était confronté à une complexité émotionnelle qu'il ne savait comment gérer.
Et puis il y avait cette nouvelle sensation, cette attirance inexpliquée envers Arianna. Elle était belle, certes, mais ce n'était pas juste une beauté physique. Il y avait une profondeur en elle, un mystère qui rendait la jeune fille fascinante aux yeux du jeune Auditore.
Prenant une grande inspiration pour rassembler son courage, Ezio décida de se joindre à eux.
"Frederico, Arianna, puis-je me joindre à vous ?" demanda-t-il, essayant de cacher l'hésitation dans sa voix.
Federico leva les yeux et sourit, toujours accueillant. "Bien sûr, petit frère. Viens, il y a assez de place pour nous trois."
Ezio s'assit à côté de son frère, en face d'Arianna. La proximité était à la fois excitante et déstabilisante. Il pouvait presque sentir la fragrance légère qui émanait d'elle, un mélange enivrant de lavande et de quelque chose d'autre qu'il ne pouvait identifier.
"Arianna nous parlait justement de sa vie avant de venir à Florence," dit Frederico, donnant à Ezio un regard complice, comme s'il l'invitait à se joindre à la conversation.
"Oh, vraiment ?" répondit Ezio, se tournant vers Arianna. "Et comment était-ce ?"
Arianna le regarda, ses yeux marron sondant les siens pendant un moment qui lui parut durer une éternité. "C'était différent," dit-elle finalement, ses mots mesurés, presque soigneusement choisis. "J'ai dû faire des choix difficiles, mais ils ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui."
Ezio acquiesça, fasciné mais également intimidé par sa maturité. Comment une fille d'à peine 14 ans pouvait-elle avoir une telle prestance, une telle profondeur ? Frederico, qui semblait être sur la même longueur d'onde qu'Arianna, sourit et posa sa main sur son épaule dans un geste affectueux.
Ezio ressentit une nouvelle vague de jalousie, plus intense cette fois. Ce fut comme si un éclair traversait son jeune cœur. Il réalisa que ses sentiments envers Arianna étaient plus forts qu'il ne l'avait cru, et cela l'effraya. Pour la première fois, il se demanda si son frère, qu'il avait toujours considéré comme son plus grand allié, pouvait aussi être un rival dans cette nouvelle émotion confuse qu'était l'amour.
Cependant, il garda ces pensées pour lui, souriant à Frederico et à Arianna même si son cœur était en tumulte. Il était trop jeune pour comprendre pleinement ces émotions contradictoires, mais assez vieux pour savoir qu'il venait d'entrer dans un territoire inconnu et déroutant, un passage vers l'âge adulte qu'il ne pouvait ni éviter ni retarder.
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La demeure des Auditore était en effervescence. Une fête en l'honneur d'un vieil ami de la famille était en préparation et tout le monde, de la mère d'Ezio aux domestiques, s'affairait à rendre les lieux impeccables. C'était une soirée sophistiquée, pleine de dignitaires et de nobles de la ville, l'occasion idéale pour les jeunes gens de la maison de briller en société.
Frederico, déjà à l'aise parmi les adultes, conversait et riait, son charisme naturel le rendant le centre d'attention. Ezio, lui, était un peu en retrait, toujours hanté par l'image de son frère et Arianna sur le toit, leur complicité apparente le mettant mal à l'aise. Il observa Arianna de loin, elle était radieuse ce soir, vêtue d'une robe somptueuse qui accentuait son élégance naturelle. Elle parlait avec une certaine aisance aux invités, y compris aux hommes beaucoup plus âgés qu'elle. C'était cette maturité, cette aisance qui le fascinaient et l'intimidaient en même temps.
"Tu sembles perdu dans tes pensées, Ezio," dit une voix derrière lui, le tirant de sa contemplation.
Il se retourna pour trouver son père, Giovanni Auditore, qui l'observait avec un sourire compréhensif.
"Je réfléchis, c'est tout," répondit Ezio, son ton plus défensif qu'il ne l'aurait souhaité.
"Ah, à propos de cette jeune fille, peut-être ?" dit Giovanni, suivant le regard de son fils jusqu'à Arianna.
Ezio rougit, pris sur le fait. "Peut-être," admit-il finalement.
Son père sourit et posa une main rassurante sur son épaule. "Tu sais, Ezio, la vie est une suite de leçons. Si tu veux gagner l'affection de quelqu'un comme Arianna, tu dois être prêt à grandir, à mûrir."
"Comment ?" demanda Ezio, avide de conseils.
"Apprends à connaître le monde, les gens. Ne reste pas enfermé dans ta coquille. Approche-toi d'autres jeunes filles, fais-toi des amis, gagne en expérience et en compétence en matière de relations," suggéra Giovanni.
Quelque chose dans les paroles de son père résonna en Ezio. Oui, il devait grandir, mûrir, non seulement pour Arianna mais aussi pour lui-même. Pour la première fois, il prit la décision consciente de sortir de sa zone de confort.
Au cours de la soirée, Ezio fit un effort pour socialiser. Il s'approcha de différentes jeunes filles, engageant des conversations, partageant des rires et même quelques danses. Il sentit sa confiance augmenter à mesure que la soirée avançait. Ce n'était pas Arianna, certes, mais chaque interaction lui enseignait quelque chose de nouveau sur lui-même et sur ce qu'il voulait.
À un moment donné, les regards d'Ezio et d'Arianna se croisèrent. Il n'y avait pas de jalousie cette fois, pas de sentiment d'infériorité. Juste une nouvelle détermination qui brillait dans les yeux du jeune Auditore. Arianna le remarqua, un léger sourire sur ses lèvres, comme si elle avait lu en lui, approuvant silencieusement son désir de croissance.
Ezio savait qu'il avait encore un long chemin à parcourir, mais pour la première fois, il se sentait prêt à l'affronter. Avec chaque nouvelle expérience, il devenait de plus en plus l'homme qu'il devait être, pas seulement pour Arianna, mais pour lui-même. Et cela, il le savait, était la première étape pour conquérir non seulement le cœur d'une fille mais aussi son propre avenir.
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Frederico était un observateur attentif, surtout quand il s'agissait de son jeune frère, Ezio. Depuis la soirée où leur père avait reçu des dignitaires et des nobles de la ville, il avait remarqué un changement chez Ezio. Son petit frère semblait soudain plus sûr de lui, plus centré, comme s'il avait découvert un secret ou une source intérieure de confiance.
"Tu sembles différent, petit frère," taquina Frederico un après-midi alors qu'ils se trouvaient dans la cour, s'exerçant à l'escrime. "Serait-ce l'amour qui te donne des ailes ?"
Ezio sourit, esquivant adroitement l'attaque de Frederico. "Je grandis, c'est tout. Je commence à comprendre certaines choses."
Frederico leva un sourcil, impressionné. "Oh, vraiment ? Comprendre quoi ?"
"Le monde ne tourne pas autour de moi," répondit Ezio, bloquant une autre attaque. "Si je veux quelque chose, ou quelqu'un, je dois travailler pour ça."
Le visage de Frederico s'éclaira d'un sourire satisfait. "Je suis heureux de l'entendre, Ezio. Tu commences enfin à mûrir."
Ce que Frederico ne réalisait pas, c'est que ses propres sentiments pour Arianna commençaient à prendre une tournure plus sérieuse. Alors qu'il avait initialement vu en elle une amie et une compagne, il avait commencé à ressentir une certaine chaleur chaque fois qu'elle entrait dans la pièce, une nervosité qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps. L'intimité qu'il partageait avec elle sur le toit, les conversations profondes et les rires légers avaient commencé à laisser une empreinte sur son propre cœur.
Alors que les frères terminaient leur entraînement, Arianna apparut à l'entrée de la cour. Frederico sentit son pouls s'accélérer un peu, une réaction qu'il choisit d'ignorer pour le moment.
"Eh bien, regardez qui voilà," dit-il, pointant Arianna du doigt.
Ezio suivit son regard et son visage s'illumina. "Ah, Arianna," murmura-t-il, son ton révélant clairement son affection.
Frederico sourit à la vue de l'enthousiasme de son frère, mais son sourire fut teinté d'une légère amertume. Le changement qu'il avait remarqué chez Ezio était en partie dû à Arianna, c'était évident. Et bien qu'il se réjouisse de la croissance de son frère, il ne pouvait s'empêcher de se demander où cela le laissait, lui, avec ses propres sentiments naissants pour elle.
"Arianna ! Viens nous rejoindre !" appela Frederico, son sourire toujours en place.
Alors qu'elle s'approchait, Frederico sentit un mélange de joie et de confusion tourner dans son esprit. Ezio grandissait, et lui aussi, à sa manière, devait faire face à de nouvelles réalités émotionnelles.
Comme Arianna les rejoignait, Frederico se rendit compte que les jours à venir seraient pleins de leçons pour eux tous, des leçons sur l'amour, la maturité et les complexités des sentiments humains. Et il savait qu'il devait lui-même naviguer dans ces eaux troubles avec autant de grâce et de sagesse que possible, pour le bien de son frère, pour Arianna, et plus étrangement, pour lui-même.
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Arianna se tenait dans l'ombre du couloir, observant les deux frères s'entraîner dans la cour. Leurs épées s'entrechoquaient dans un ballet de mouvements rapides et calculés. Ils étaient fascinants à regarder, chacun à sa manière. Frederico, l'aîné, avec sa confiance naturelle et son charisme, était une force avec laquelle il fallait compter. Et puis il y avait Ezio, le plus jeune, avec sa fougue et son désir palpable de prouver sa valeur. Deux frères, si différents et pourtant unis par un lien indéfectible.
Elle savait qu'Ezio l'observait, qu'il cherchait sa place dans un monde qui le dépassait encore. Elle avait vu la façon dont il la regardait, avec une combinaison de curiosité et de désir maladroit, les émotions débordantes d'un garçon entrant dans l'âge adulte. Elle le trouvait attachant, bien sûr, mais il y avait une innocence en lui qui la faisait hésiter. Le monde dans lequel elle avait grandi était loin d'être innocent, et elle savait les prix à payer pour les erreurs de jeunesse.
Quant à Frederico, elle sentait un changement dans la dynamique entre eux. Ils avaient toujours été proches, partageant des confidences et des rires, mais ces derniers temps, elle avait remarqué une tension nouvelle dans son regard, une hésitation dans sa voix. Était-ce sa propre imagination, ou Frederico ressentait-il aussi ce frisson étrange qui parcourait l'air entre eux ?
"Arianna ! Viens nous rejoindre !" l'appela Frederico, la tirant de ses pensées.
Elle avança vers eux, le cœur un peu plus lourd que d'habitude. Alors qu'elle s'approchait, les frères mirent fin à leur entraînement, essuyant la sueur de leur front avec leurs manches. Federico la salua avec un sourire charmant, tandis qu'Ezio la regardait avec une admiration à peine voilée.
"Alors, qui est le champion aujourd'hui ?" demanda-t-elle, essayant de garder la légèreté dans sa voix.
"Nous sommes tous les deux des maîtres en devenir," répondit Frederico, échangeant un regard complice avec Ezio. "N'est-ce pas, petit frère ?"
Ezio hocha la tête, les yeux toujours fixés sur Arianna. "Oui, mais il me reste encore beaucoup à apprendre."
Arianna sourit, touchée par son humilité. "C'est un signe de sagesse de reconnaître que l'apprentissage ne se termine jamais."
Tandis qu'ils parlaient, Arianna se sentit prise dans un tiraillement d'émotions. D'un côté, il y avait Ezio, avec sa jeunesse et son ardeur, représentant un monde de possibilités et de découvertes. De l'autre, il y avait Frederico, son ami, dont les regards et les sourires récents évoquaient des sentiments plus complexes.
Alors qu'elle se tenait là, aux côtés des deux frères, Arianna se rendit compte que, quel que soit le chemin qu'elle choisirait, il serait semé d'incertitudes et de défis. Mais ce n'était pas une raison pour reculer. Après tout, la vie elle-même était une série de choix difficiles, et elle était prête à faire face à chacun d'eux avec courage et détermination.