Le pilier fragmenté

Chapitre 17 : Intronisation infantile

2526 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/08/2021 05:52

Novembre 1716, La Havane, Cuba


6 mois plus tard, la ville se reconstruit peu à peu et Alexandre a bien grandi. Bien que ce soit encore un petit bébé, c’est un enfant relativement calme qui préfère plutôt dormir que jouer, ce qui nous a surpris Julien et moi, néanmoins arrangé. En parlant de Du Casse, il est complètement fou de son fils, il l’aime à en mourir. Il passe régulièrement du temps avec lui quand il est libre et cela me rend heureuse de le voir ainsi, de lui avoir permis de lui faire ce cadeau. Ses habitudes ont drôlement changés : Il exécute ses contrats pour le gouverneur plus en journée qu’en soirée, avant c’était le contraire. Il s’occupe beaucoup d’Alexandre ensuite, il joue avec lui et parfois même lui donne à manger mais il ne supporte pas de changer ses couches. Je ris à chaque instant lorsqu’il sent l’odeur de ses couches émaner dans ses narines, son visage se crispe immédiatement puis me le dépose sur le plan à langer, me demandant de le changer. Alexandre est aussi très attaché à son père, ses yeux bleus azure s’imbibent de larmes et pleure silencieusement lorsque son père s’éloigne pour finir son travail de la journée. Du Casse revient ensuite généralement la nuit vers minuit, pendant que notre fils dort. C’est le moment où « il s’occupe de moi » (plus moi qui m’occupe de lui m’enfin...). 


Et ça se répète ainsi, tous les jours. 


  • Ah... Je ne me passerais jamais de toi ma jolie. Admet-il, essoufflé.
  • Aïe ! Criais-je de douleur.
  • Que t’arrive-t-il ? 
  • J’ai mal à l’endroit où on m’a cousue. Je pense qu’elles ont un peu trop serré l’entrée de mon vagin... Je touche mon entrejambe et remarque que je saigne à cet endroit, un petit bout de chair s’est détachée.
  • Comment ce fait-il que tu ne t’ai pas blessé avant ? Je te faisais l’amour de la même manière. Dit-il en allant remplir un sceau d’eau, nue.
  • Eh bien... On m’a retiré le fil hier. Ses infirmières m’ont créé un nouvel hymen. Je saigne comme la première fois.
  • Hmhm... C’est donc pour cela que je trouvais ta chatte si bonne. Je me disais que c’était étrange... qu’elle ne ce soit pas élargie après que tu aies mis au monde Alexandre.
  • Oui.. c’est ça. Réjouissez vous pendant que je souffre.
  • Laisse moi m’en occuper. Il écarte mes jambes et trempe un linge propre dans de l’eau et nettoie ma vulve de mon sang qui s’écoule. Cela n’a pas l’air très dangereux, tu t’en remettras.
  • Et qu’en savez-vous ? Je souffre comme une chienne. Soufflais-je en pleurant de douleur.
  • Allons, allons. Tout ce que je vois, c’est une fine égratignure. Je ferais appel à une de ses infirmières demain pour qu’elle te soigne correctement.
  • Demain vous ne me toucherez point. C’est de votre faute... Vous ne vous y prenez pas doucement quand je vous le demande.
  • Oh ma chérie, tu sais bien que je n’arrive pas à canaliser cette forte passion qui m’anime. Bien... Je tâcherai de me montrer plus doux si cela apaisera tes douleurs.


Il me retourne délicatement et me caresse la joue...


  • Tu sais à quel point je t’aime, Meryem. Grâce à toi, je suis revenu à la vie et tu m’as fais don de ce cadeau. Dit-il en regardant notre fils. La beauté de la paternité est une chose merveilleuse dont je pensais que je n’allais pas en avoir le profit.
  • Julien... Dis-je tendrement en lui caressant la mâchoire.
  • Tu sais que demain soir, sera un moment important pour moi et pour lui ?
  • Je le sais...
  • J’aimerais tellement qu’il suive ce chemin... Non pas qu’il soit un mercenaire comme moi mais qu’il ait le privilège de connaître l’Ordre aussi jeune, connaître les vérités de notre monde le plus tôt possible pour en faire de lui, un futur acteur de notre gloire.
  • Et si... Ce n’est pas ce qu’il souhaite ? Et s’il ne désirait pas partager vos idéaux, comme moi, qui suis neutre ?
  • Je ne le forcerai pas. Pas comme on m’a forcé à me battre pour mon pays sachant que j’allais sûrement finir en miettes au champ de bataille. Je veux seulement lui inculquer ce savoir, libre à lui de le suivre ou non.
  • Vous avez raison...


On discute pendant un bon moment puis nous nous endormons.


Le lendemain je me fais réveillé par une infirmière peu commode. Elle est entrée dans ma chambre sans mon autorisation-


  • Non mais ça ne va pas ? Je viens de me réveiller !
  • Figurez vous que je n’ai pas le temps, j’ai d’autre patientes qui m’attendent. Écartez les jambes. M’ordonne-t-elle impatiemment.


Je ferme les yeux sur son comportement et exécute ce qu’elle me demande.


  • Hmm... En effet, on vous a un peu trop serré l’entrée mais il n’y a rien à soigner, votre vulve se cicatrisera toute seule. 
  • Ça prendra du temps ?
  • Cela dépend, les femmes n’ont pas toutes le même entrejambe donc peut être que cela prendra du temps à se réadapter. Évitez de faire l’amour pendant la cicatrisation, sinon demandez à votre mari qu’il aille moins fort.


Je remercie l’infirmière puis elle s’en va rapidement. Alexandre se réveille et m’observe avec sa bouille toute mignonne, je le prends dans mes bras et lui donne mon sein, il finit de boire et lui fait sa toilette du matin. Je le dépose dans son coin à jeu où il pourra se défouler et m’en vais prendre mon bain matinale. Je me fond dans cette eau si bienfaisante, j’ai limite envie de me rendormir dedans. À midi je descend déjeuner et lui oblige de manger sa purée de potimarron (il aime pas mais il n’a pas le choix...). Après qu’il ait bien mangé, je reste au moins une trentaine de minutes assise lui faisant son rot (évitant qu’il vomisse pendant qu’il joue) et le lâche faire sa vie.


Le soleil se couche et Du Casse emmène Alexandre au sous sol en compagnie de 4 confrères et Torres... Ils commencent son baptême dans les rîtes de l’Ordre, ils sont tous vêtu d’une cape noire sauf Julien qui porte une cape blanche : symbole de paternité. Torres le plonge délicatement dans l’eau et récite l’intronisation en latin. Un des templiers se joint et se munit d’un couteau bien aiguisé, la circoncision en faveur de leur credo se fait très rapidement et Alexandre se mit à pleurer, Du Casse le calme en l’enlaçant dans ses bras. Le grand maître lance une dernière réplique pour clôturer ce rituel « Puisse le Père de la Sagesse le guider, et nous ainsi. » . L’intronisation fut fini, Alexandre n’arrête pas de pleurer, Julien me le donne ne sachant plus quoi faire et je le calme pour de bon en mettant du miel sur le bout de mon téton, il suce directement et se calme.


  • Quelle technique efficace...
  • Il a mal... il va continuer de pleurer...
  • Calmons le, ensemble.


Il pose sa main sur lui et notre fils nous observe tout les deux pendant qu’il tète et sourit, Du Casse lui caresse le crâne et tombe progressivement dans un doux sommeil.


Le lendemain, mon père m’avait déjà annoncé qu’il comptait rentrer au pays pour son commerce en compagnie d’Imrân et ils sont finalement partit aujourd’hui en route pour traverser l’Atlantique, Nadia est donc seule chez mon oncle et vient souvent me rendre visite. J’aperçois par ma fenêtre qu’elle vient d’accéder à la demeure, sachant qu’Alexandre s’est fait circoncire.


  • Oh il dort le petit ange, bonsoir M. Du Casse.
  • Bonsoir, bon ma chérie, j’ai énormément de lettres qui m’attendent. Il se lève et dépose son chapeau sur sa tête


Nadia me vole mon fils de mes bras et part plus loin dans la pièce le déposer sur son lit...


  • Julien attendez.


Il se retourne.


  • Pendant que vous étiez absent ce matin... Je cherche dans un rangement de la commode... un coursier m’a donné cette lettre avec ce sceau français.


Il me prend l’enveloppe et l’ouvre immédiatement.


  • Qui est-ce ? Demandais-je.
  • Ma mère. Dit-il avec inquiétude. Je n’ai pas eu de nouvelles d’elle depuis l’année dernière...
  • J’espère qu’il n’y a rien de grave.


Il lit la lettre rapidement et avec attention.


  • Elle est gravement malade... Elle souhaite me voir avant l’inévitable.
  • Vous allez repartir en France ?Demandais-je surprise et inquiète.
  • Bien sûr que j’irai. Je n’ai pas le choix, je ne l’ai pas vu depuis mes 22 ans avant que je déserte, et peut-être que je ne pourrais plus la revoir...
  • Quand est-ce que vous partirez ?
  • L’hiver prochain, impossible d’y aller cette année et c’est aussi la période idéale de l’année où il y’a moins de contrôle dans les côtes françaises méditerranéennes... Tu resteras ic-
  • Non, je viendrais avec vous.
  • Meryem, c’est trop dangereux.
  • Ça m’est égal, je souhaite venir avec vous. Alexandre sera auprès de notre famille, en sécurité.
  • Tu es... sûr de vouloir venir ?
  • Oui. Certaine.
  • Bien... Je t’emmènerai avec moi, en revanche, je ne pourrais garantir notre sécurité donc tu prieras fort que nous ne serons pas menacé.


Il garde la lettre et s’éloigne...


Quant à moi je retourne dans ma chambre discuter et dormir avec ma soeur, lui racontant la situation de Du Casse avec ce qui lui reste comme famille...


2 semaines ce sont écoulées et Torres a révélé une grande information et une bonne nouvelle : le Sage a été retrouvé par une personne très secrète de source sûre, il est actuellement réfugié dans les Antilles française, plus précisément, à Haïti.


Julien est plus déterminé que jamais de le débusquer lui-même, impatient de découvrir l’Observatoire, il décide de déployer les voiles en direction de cet île sous domination de son pays... après demain. Évidemment, il n’ira pas seul je serai avec lui et en même temps... depuis mon accouchement... Je ne ressens plus du tout mon pouvoir en moi, l’ai-je perdu ? Comme avait dit John : soit mon fils meurt à la naissance soit j’éprouverai un autre sacrifice. Ce sacrifice serait-il la perte de mon pouvoir ?


Ce n’est pas encore sûr, il faudrait que je vérifie dès demain. Honnêtement... Cela a été un poids lourd à endossé dans ma vie néanmoins c’était une belle arme de défense, mais je ne vais pas changer d’opinion malgré le manque, je me sens... Normale. Enfin... Je me sens véritablement humaine et j’en serais heureuse si ce serait le cas. Ceux qui disent que je suis chanceuse n’ont sûrement pas la connaissance de ce que j’ai vécu à cause de ce pouvoir et Julien en fait partie. Il n’est pas ignorant et il sait que c’est un atout dangereux, il a eu l’amabilité de faire comme si je ne le possédais pas pour éviter de me sentir « utilisée ».


La veille de notre départ, je prépare tout nos affaires et les vêtements de mon fils pour le laisser à Nadia, Du Casse est au port réglant quelques soucis pour partir sans être déranger au retour. Pour passer inaperçu aux yeux du Sage, il a fait appel à son ancien navire « Misamor » et ancien équipage, évitant d’être exposé avec le galion « El Arca del Maestro ». 

En attendant, je suis allée me cacher dans un coin de la demeure du Gouverneur si mon pouvoir était toujours présent...


Ça ne se libère pas.


Je ne le ressens plus du tout.


J’essaye encore mais en vain. Je ne ressens plus rien. C’est fini, je suis enfin libérée ! Je saute de joie mais... je ressens tout de même un léger chagrin, je ne vais pas cracher dessus, ce pouvoir ma énormément sauvé et je me suis habitué à vivre avec. Cependant, il faut accepter que tout à une fin.


Dorénavant, je suis une nouvelle personne, simple comme tout le monde. Il faut que j’informe Julien...


  • Meryem où es-tu ?! Me cherche du Casse.
  • J’arrive ! Je m’empresse de le rejoindre, souriante.
  • Te voilà... Ça y’est ?
  • Hm. Je réponds en hochant la tête.
  • Il est temps d’y aller. Dit-il en portant ses affaires et les miennes.


On arrive au port puis on retrouve Nadia portant notre fils en face du Misamor, attendant de nous dire au revoir et embrasser chaleureusement notre petit ange. Julien, très attentionné, ne cesse de donner des directives à Nadia lui demandant de redoubler de vigilance. Il l’embrasse avec beaucoup d’amour et rejoins le navire, je fais de même (tout de même attristé car mon fils ne sera pas à mes côtés...) puis monte dans le navire et les saluent avec mon bras, mon cœur se déchire lorsqu’Alexandre semble comprendre que nous ne seront pas avec lui et se mit à nous appeler avec une voix désespérée « Mama ! Paaa ! ». Son père ne put s’empêcher de le rassurer à distance... 


  • Que c’est triste... Murmure désespérément Roseliers.
  • Tu ne sais pas à quel point cela me chagrine Thierry, de le voir ainsi en m’éloignant de lui. Admet-il en ne cessant de le contempler de loin.
  • J’imagine... Mais bon, ton filston s’en remettra sûrement. Faites en sorte de finir rapidement votre travail tous les deux. Dit-il en s’adressant à moi aussi.
  • Clairement. Dis-je.


Le trajet ne sera pas très long mais nous devons trouver ce Sage le plus vite possible et clôturer la dernière mission qui me reste. Je pourrais... directement à l’Observatoire, faire mon choix, celui de mon destin.


À suivre...

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