Le pilier fragmenté

Chapitre 5 : La Havane et ses Templiers

4332 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/05/2021 04:09

Juillet 1715, La Havane, Cuba.


Cela fait presque un an que j’ai foulé Cuba en compagnie de Nadia, Imrân m’a rejoint et mon père est en route pour nous rejoindre aussi. Le trajet en mer à duré 58 jours et le fait de me remémorer le temps passé dans un navire pendant presque 3 mois me donne la nausée. Je ne supporte pas de prendre la mer, mais je suis obligé malheureusement.


Je suis resté un bon moment à Cuba et je n’ai toujours pas contacté le Gouverneur. Toutefois, il connaît mon identité puisque c’est lui qui m’a autorisé à importer mon commerce ici. Je réside actuellement chez notre oncle Abbas qui est quelqu’un de très généreux et accueillant, Dieu merci. Il vit seul avec sa femme, il avait des fils mais ils sont, hélas, décédés pendant un conflit en mer avec des Pirates. Nadia est devenu ma secrétaire et travaille avec mon associé… je crois même qu’elle a le béguin pour lui vu comment elle se comporte en sa présence haha.


On pourrait aussi dire que depuis quelques temps, je suis financièrement très stable. Mon commerce de tissus a fleurie très rapidement, les clients se multiplient de jours en jours et ma réputation grandit, les tissus rares sont fortement recherchés dans les Caraïbes. Maintenant que je suis « prête » pour aider Laureano de Torres, il est temps de lui écrire une lettre.


J’oubliais, mon pouvoir a récemment fait surface, à vrai dire, il n’était pas vraiment caché mais j’ai vraiment du mal à le manipuler. Ça fait tellement du bien de se sentir… normale.


Il est tard, peut-être 2h du matin et j’ai enfin fini cette lettre après avoir écrit plusieurs brouillons. 


Cher Gouverneur,


C’est avec honneur que je vous écrit cette lettre puisque j’ai tant voulu faire votre rencontre pour s’arranger, ou peut-être même, s’allier sur un même objectif dont nous deux nous partageons : l’ordre. J’aimerais vous rencontrer pour que nous puissions un peu plus en discuter que sur un bout de papier. Je vous remercie de votre générosité pour m’avoir autorisé à commercer légalement sur votre territoire.


Mes sincères salutations,

Meryem Ibna Mohamed.


Assez lèche botte mais bon, c’est un bon moyen pour s’approcher de lui. Je n’ai plus qu’à le transmettre à un coursier et je verrai si j’aurais une réponse ou non.


Quelques jours plus tard, en faisant le tour d’un de mes entrepôts et en inspectant mes marchandises, un homme s’approche et me confis une lettre disant que c’est de la part du gouverneur. En rentrant le soir, j’ouvris la lettre et lu...


Señora Meryem,


C’est avec plaisir que j’accepte votre proposition. Vous me contactez au bon moment puisque j’organise une cérémonie ce dimanche soir, et nous avons besoin d’une personne comme vous, si vous voulez bien nous joindre. Si oui alors, j’ai hâte de vous rencontrer. 


Á très bientôt,

Laureano de Torres y Ayala.


Je rencontrerai enfin cet homme, il y’a une cérémonie ce dimanche soir et nous sommes vendredi. Torres est le grand maître des Templiers des Caraïbes, cela ne fait aucun doute, c’est une cérémonie d’intronisation dans leur Ordre. Il m’a peut-être invité pour faire de moi une Templier, mais je reste sur mes mots, je ne ferai jamais partie de leur Ordre, ni Assassin d’ailleurs. C’est un conflit sans fin, c’est inutile et je ne partage rien de leur vision. Quoi que… je suis plutôt en accord avec l’idée d’instaurer un ordre.


La routine reprend jusqu’à que nous soyons au jour J. Je confie mes tâches de cette journée à Imrân et me prépare pour me rendre chez le Gouverneur. Arrivé là bas, je croise deux hommes, qui je pense, sont invités aussi. L’un paraît austère au regard méfiant, c’est un homme aisé vêtu d’un chapeau de plumes en cuir marron et d’une cape rouge avec un torse grossièrement exposé. Et l’autre doit être un riche diplomate, vêtu de façon élégante avec une grosse balafre sur la joue. J’ignore leurs origines mais je dirais que le balafré est anglais et l’autre doit être espagnol vu son accoutrement. Il y’eut un silence jusqu’à ce que le balafré fasse le premier pas.


  • Bonjour monsieur ! Woodes Rogers, dit-il en lui serrant la main, madame. Puis me serre la main aussi en me souriant


L’homme au chapeau sortit de son austérité puis salue en retour.


  • Julien du Casse, dit-il en lâchant un léger ricanement, bonjour madame. Dit-il en me fixant droit dans les yeuxSon regard…


Ok, déjà il n’est pas du tout Espagnol, c’est un Français. Et de deux : Rogers paraît assez gentil mais celui là, je ne sais pas pourquoi, il m’intimide, et juste le fait de croiser son regard me fait froid dans le dos. Tous les deux, me font ressentir des sentiments bizarre. Côtoyer des hommes anciens et importants me fait un peu frissonner.


Bon... il se sont tous présentés, il ne reste plus que moi...


  • Bonjour messieurs, Meryem Ibna Mohamed. Enchanté. Dis-je timidement.
  • Ravi de faire votre connaissance. Dit Rogers avec une pointe de « gentlemanisme » en nous observant tous les deux.
  • Moi de même. Dit du Casse, plus détendu.


Nous entrâmes dans la demeure du Gouverneur et nous sommes guidés par les gardes Espagnols.


  • Sinon... Êtes-vous au courant de la situation des Templiers ces temps-ci ? Questionne Rogers.
  • Évidemment. Répond du Casse. Ils sont en état de faiblesse… mais je pense qu’avec notre venue, la balance se penchera de l’autre côté.


Le silence gouverne de mon côté, je ne fait qu’écouter leur conversation sans trop attirer l’attention...


  • Et vous madame, il est rare de croiser des gens de votre race dans les Caraïbes, Torres vous a t’il contacté de loin ? Me questionne Rogers.


Je déteste être au centre de l’attention alors que je souhaitais tout le contraire. Après tout, depuis le début de notre marche, je suis toujours derrière eux mais cela n’a pas évité quelques regards étranges de leur part.


  • Nous nous sommes côtoyés il y’a peu le Gouverneur et moi, je me suis installé ici il y’a presque un an. Dis-je avec prudence.


Les deux hommes se regardent avec un soupçon de compréhension qui se lit dans leurs yeux.


  • Ah je comprends maintenant, vous êtes la Maure qui fait fureur dans ce commerce de tissus... N’est-ce pas ? Dit Rogers courtoisement.


« la Maure » ? Bon... Dire mon nom n’a pas suffit pour révéler mon identité. Cela prouve que mes clients ont du mal avec... C’est accablant.


  • En effet. Dis-je avec modestie.


Du Casse se mit à ricaner légèrement tandis que Rogers semble concerné.


  • Bien évidemment la Maure a un nom, mes excuses ma chère. Dis Rogers avec sincérité en comprenant rapidement son erreur.
  • Ce n’est rien... Répondais-je avec pudeur.


Nous arrivons dans le bureau du Gouverneur, les gardes toque à la porte et le Gouverneur nous autorise à entrer... Nous entrons dans le bureau et il nous contemple avec sérénité. C’est un vieil homme qui doit avoir plus de 70 ans, il nous accueille près de son bureau en nous faisant signe de la main de nous asseoir.


  • Soyez les bienvenus mes chers futurs condisciples, j’espère que le trajet ne vous a pas été pénible... Il nous regarde attentivement ... Vous, dit-il en me pointant du doigt, vous êtes visiblement Meryem... vous devez être Julien du Casse, dit-il en parlant à Du Casse, et vous êtes enfin Woodes Rogers. Dit-il fermement.
  • C’est exact. Dit Rogers.
  • N’avez-vous pas croiser un Assassin lors de votre venu ? Nous questionne-t-il.


Nous nous contemplons avec confusion dans un silence sourd.


  • Excepté que j’en ai abattu un pendant mon trajet, je n’ai fait la rencontre d’aucun Assassin dans ses environs. Avoue Du Casse avec sarcasme.


Je l’observe discrètement, outré, il sent mes yeux portés sur lui et me jète son regard à son tour en me lâchant un sourire malsain. Cet homme est définitivement sombre.


  • Je vois, dit Torres, il nous manque une personne... Dit-il avec un regard pensant.
  • Pouvons-nous savoir qui est cette personne... ? Interroge Rogers.
  • ... Duncan Walpole, un Assassin qui est censé m’amener des objets et des informations hautement importantes sur eux... Dit-il d’un air soucieux.
  • Êtes-vous sûr que cet homme mérite votre confiance ? Demande Du Casse avec scepticisme.
  • Je pense que oui, il a fait preuve de ferveur et d’honnêteté. Conteste Torres.


Du Casse lui fournit un simple hochement de tête en réponse.


  • Il a peut-être fait face à un accident de route ?... Dit Rogers.
  • Qui sait... Tant que nous ignorons son état actuel, nous reportons la cérémonie jusqu’à sa venue. Répond Torres fermement.
  • Monsieur Torres, dis-je discrètement, je crains de ne pas participer à votre cérémonie. Je suis prête à vous apporter mon aide mais je ne désire nullement devenir Templier.


Torres retiens ce que je dis avec attention et souris légèrement en fermant ses yeux délicatement...


  • Et comment allez vous m’aider, jeune demoiselle ? Dit Torres d’un ton condescendant.


Il me prend de haut ce vieillard malgré qu’il reste poli, il est temps de le surprendre.


  • J’en sais beaucoup sur l’Observatoire. Avouais-je d’un air revanchard.


Les trois se mirent à me fixer.


  • Qu’en savez-vous exactement ? S’affole Torres.
  • Je connais son emplacement, ce qu’il y cache et bien d’autre choses... 
  • Comment sais-tu tout cela, sarrasine ? S’étonne Du Casse.
  • Eh bien… je le sais. C’est tout. Dis-je formellement en relevant un sourcil.


Torres semble satisfait.


  • Le Père de la Sagesse est réellement avec nous. Vous nous en direz plus après nos présentations.


Mes collègues paraissent aussi surpris que lui. 


  • Pardonnez mon oubli mais, vous êtes la nièce du Maure n’est-ce pas? Questionne Torres.
  • En effet. 
  • Il me semble avoir entendu que votre oncle entretenait une liaison douteuse avec les Assassins de votre continent. Dit-il d’un ton suspicieux.
  • Je peux vous assurer que non. Mon oncle est un homme très honnête qui n’a jamais été lié à des histoires sombres, exactement comme notre ancêtre qui a généreusement aidé Colomb. En réalité, il les considère comme de vils sectaires. Dis-je sans langue de bois.
  • Je me doutais bien que ce n’était que de mauvais ragots en votre encontre. Répond Torres. Bien, gentilshommes et femme, puisque cette cérémonie n’aura pas lieu aujourd’hui, faites comme chez vous le temps que Duncan fera son apparition. Nous invite Torres.


Nous aquiesçons puis nous sommes tous guidés par un des gouvernants de la demeure dans nos appartements qui sont côte à côte : Rogers est le voisin droit de Du Casse et mes appartements se trouvent juste en face d’eux.


Bonjour l’intimité, ils s’en fichent complètement de m’isoler compte tenu de mon sexe opposé. Bon, pas le temps de se plaindre, il faut juste que ce Walpole débarque et là nous serons enfin prêt pour le Sage et l’Observatoire.


La chambre est spacieuse avec une baignoire intégrée pour le bain matinal, exactement ce dont j’ai besoin à cet instant précis avec cette chaleur lourde qui rend mon corps faible et suant. Je me glisse doucement dans ce bain parfumé de fleurs exotiques et me frotte délicatement le corps en faisant le vide dans ma tête... J’y reste une bonne demi-heure et ressort aussitôt me sécher. Je plonge sur mon lit avec une simple serviette sur moi, j’entends des bruits de pas et des voix d’hommes entrain de discuter, je distingue logiquement la voix de Du Casse et Rogers qui sont déjà meilleurs amis du monde. Une fatigue m’assomme complètement, je me laisse entraîné dans ce sommeil tentant…


Je me réveille en entendant quelqu’un qui toque à ma porte.


  • Meryem ? M’appelle Du Casse.
  • Hmm... Oui ? Dis-je en français avec une voix fatiguée.


Pas de réponse. Juste un silence... Ah ! Mais il n’etait pas au courant que je parle français ! 


  • C’est l’heure de dîner. Répond-il en français et en faisant comme si de rien était.
  • J’arrive. Dis-je sans hésitation.


Je me lève de mon lit, mon Dieu, cette sieste m’a téléporté dans un univers parallèle tellement je suis dans les vapes. Je reste lente dans mes mouvements et enlève ma serviette de mon corps. En contemplant l’extérieur, il y’a un très joli coucher de soleil dont les rayons oranger tape directement à travers ma fenêtre. Cela me mets instantanément de bonne humeur, et quand je suis dans un bon mood, je chantonne sans raison. En m’habillant et en m’apprêtant, mon corps bouge en raccord avec la mélodie de ma chanson.


« Qui replantera l’oliver ?

Oú sont passés les gens que j’ai aimé ?

Qui fera le chemin de ma maison ? 

Qui m’aimera au rythme des saisons ? »


... Assez gnangnan mais la musique me plait. Après avoir dansé, chantonné puis m’être habillé en même temps, je suis enfin prête pour aller dîner. Je me dirige vers la porte et l’ouvrit, et à ma grande surprise, je vois Du Casse en face de moi entrain de sourire. Il m’a attendu, moi qui ai cru qu’il était descendu, je sens mes joues rougir, Seigneur il a tout entendu...


  • Ta voix est mielleuse ma belle hmhm. Dit-il d’un ton aguicheur.
  • Vous étiez la depuis le début et vous ne me prévenez pas ? Dis-je avec sensibilité.
  • Il faut bien que je te guide jusqu’à la salle à manger, comme tu ignores son emplacement. Répond-il avec des yeux qui percent mon âme. 
  • Alors ça me tutoie déjà ? Très bien, si c’est ce que tu souhaites. Dis-je avec aigreur.


Il se décolle du mur et s’approche soudainement vers moi, je recule avec inquiétude, son visage se noircit subitement, mon derrière touche la porte de ma chambre. Une violence émane de lui et me paralyse, il me fait peur. Il est très près de moi et son visage touche presque le miens, il m’attrape le menton et le tend vers le haut pour me regarder droit dans ses yeux bleus cristal.


  • Je te défend de jouer ce jeu avec moi, femme. Tu ne me tutoiera jamais. Me menace-t’il.


La, il a tendu le nerf qu’il ne fallait pas.


  • Qui es-tu pour oser m’adresser sur ce ton ? Dis-je sans soumission.
  • Oh, mais je pourrais être ton pire cauchemar, si c’est ce que tu cherches petite femelle. Ajoute-il avec un ton grave et sinistre.


Cet enfoiré est passé de femme à femelle. Son regard est tellement intense que j’ai l’impression qu’il va me bouffer. Mais je ne me laisserai pas intimidé, même si je le suis un peu.


  • Essayez de faire quoi que ce soit et vous direz Adieu à vos bijoux de famille. 


Le visage de Du Casse se mit à s’éclaircir peu à peu puis il sourit jusqu’à qu’il explose de rire.


  • Magnifique ! Tu es une femme tenace je le reconnais. Cependant... s’arrête-il en me tenant par la taille. Si tu comptes continuer ce manège, saches que je ne parlerai plus, j’agirai sur ton petit corps de femme fragile. Chuchote-il avec un regard charmeur.
  • Si c’est de la soumission que vous attendez de moi, figurez-vous que vous tombez sur la plus mauvaise. Dis-je en le défiant.
  • Hmhm... Il ricane en baissant la tête, me relâche puis s’éloigne de moi. C’est un plaisir de faire ta rencontre. Je ne risquerais pas de m’ennuyer avec toi. Dit-il avec amusement en me faisant signe de le suivre.


Je marche près de lui le suivant, ça se sent que c’est un homme dangereux mais comme d’un côté, cette sensation de danger m’attire un peu, je décide tout de même de le fréquenter avec insouciance.


  • Tu as un parfait français, sans accent. Dis moi ma belle, comment l’as-tu appris ? Me questionne-t’il avec réjouissance.
  • J’ai vécu mon enfance en France, à Narbonne auprès de mon autre oncle. Ma défunte mère appréciait beaucoup cette langue, elle a voulu que je la maîtrise comme si j’étais née la bas. Dis-je en me confiant à lui.


Meryem avait réellement vécu cela.


  • Je suis navré pour ta mère. Dit-il avec sincérité. J’en suis ravi.


Il a l’air d’apprécier mes confidences, il n’est pas si mauvais que ça après tout. 


  • Et vous Du Casse, oú avez vous grandit en France ? Dis-je avec douceur.


Il reste silencieux à ma question, ma question le gêne-t’il ? Je me tus face à son silence...


  • J’ai vécu à Montpellier et je me suis embarqué très tôt en mer. Avoue-t’il avec une certaine peine.


Il finit par répondre.


  • C’est un très bel endroit ! J’aimerais tellement m’y rendre un jour... Dis-je avec envie.


Du Casse m’observe comme si j’avais touché un point sensible, il a l’air partagé entre de la mélancolie et de la nostalgie, il a dû vivre quelque chose d’éprouvant...


  • Ce serait un plaisir de t’y emmener en ma compagnie mais... Hélas, j’en suis interdit. Confesse-t’il avec amertume.
  • Comment cela ce fait-il ? Demandais-je avec inquiétude.
  • J’ai déserté mon pays à mes 22 ans en refusant de le défendre. Confesse-t-il.
  • Oh... Je vois. Dis-je consterné. Pardonnez ma curiosité... Dis-je en baissant la tête.
  • Ne t’en fais pas. Répond-il sans remords.


Nous arrivons à la salle à manger, Rogers est déjà assis mais le Gouverneur n’est toujours pas présent. Ceux qui s’occupent du rangement nous ont prévu une table ronde où il n’y a que 4 place. Je décide de m’asseoir près de Rogers, du Casse nous rejoins et s’assoit à côté de moi. Je discute un peu avec mes deux voisins, les tables ont finis de ce garnir et Torres est enfin là. Nous mangeons tranquillement en bavardant, je n’ignore absolument pas le comportement taquin de Du Casse. Il me pique dans mon assiette et écarte le plus possible ses jambes pour que sa cuisse touche la mienne, c’est une manière assez provocante de draguer... mais comme cela est considéré comme « normal » dans leur temps, je ne lui en veut pas vraiment. Lorsqu’il a remarqué que ce qu’il faisait ne me plaisait guère, il eut la maturité d’y mettre terme. J’approche mon visage de son oreille pour lui chuchoter un mot, il comprit et me tendit volontiers son oreille.


  • Saviez vous que vous allez me rembourser tout ce que vous m’avez pris dans mon assiette ?


Du Casse semble rire intérieurement et un petit son de son rire sortit de son nez.


  • Ma belle, c’est tout à ton honneur. Chuchote-il dans mon oreille. Nous parlerons de ton remboursement après ce dîner. 


J’acquiesce et le souris en retour. Torres en discutant avec Rogers, jetait des coups d’œil sur nous puis se mit à nous taquiner.


  • Vous ne manquez pas de devenir de mignons tourtereaux tous les deux. Exagère Torres.


Nous rions à son commentaire timidement puis nous continuons notre discussion. Ce dîner fut agréable, ils sont tous attachants, j’en suis surprise mais néanmoins comblé.


Ces Templiers ne sont pas si sombres après tout.


Il doit être 22h, nous finissons notre dîner puis nous allons tous les trois, moi, Du Casse et Rogers nous reposer dans la terrasse près du Jardin de la résidence. 


  • J’ai mangé trop de pâtisserie, je sens mon estomac se plaindre... Plaisante Rogers.
  • Vous n’êtes pas le seul. Dis-je en m’affaissant sur la chaise. Par contre, vous Julien, vous n’êtes pas très sucré.
  • Ah je n’apprécie guère les sucreries , je l’admets. Dit-il avec déplaisance.
  • Sans vouloir être indiscrète, mais pourrais-je savoir vos âge ? Juste en guise de présentation. Je demande timidement.
  • Vous avez raison Meryem... J’ai même une bien meilleure idée, devinons nos âge. Propose Rogers avec un grand sourire.
  • Ahah ! Je commence. Dit du Casse. Hmmm... Il se mit à me contempler attentivement de la tête aux pieds en retenant chaque détail. Sans vouloir t’importuner, pourrais-tu... abaisser ton voile ? Me demande-t’il gentiment.


J’accepte sa demande, je retire mes bijoux sur ma tête et mon voile qui recouvrait mes cheveux... Je décide même d’aller plus loin. Je me lève et retire mon caftan, laissant clairement apparaître les formes de mon corps, taillé comme une véritable nord africaine de l’Ouest : buste et épaules menues et le bassin beaucoup plus « dodue ». Ces européens apprécient grandement cette différence physique. Leur réaction est hilarante. Rogers buvait de l’eau, puis lorsque je me retournais pour faire un tour complet, j’entendis une sorte d’étouffement. Ils sont complètement ébahis et cela évidemment, flatte mon égo. Je suis fière de mon corps.


  • Magnifique... Avoue Du Casse en français. Je dois admettre que ton corps me perturbe beaucoup sur ton âge, sinon... je te donnerais bien 24 ans. Dit-il en me déshabillant du regard.


Je me rassis délicatement de la chaise en souriant légèrement. Du Casse se mit à observer Rogers, il y eut quelques minutes de silence puis tous les deux eut un fou rire, l’effet de l’alcool sûrement…


  • Je dirais que vous avez environ 38-39 ans. Dit-il en tournoyant sa main.
  • Très bien, à mon tour je suppose ? Me demande Rogers.


Je hoche ma tête en guise de réponse.


  • Tout d’abord, permettez moi de vous dire que vous êtes une très charmante jeune femme. J’ignorais que les Maures étaient si belles, je pense que j’irais secrètement faire un tour un jour. Dit-il d’un air amusé.


Les deux hommes se regardent puis s’échangent des clins d’œil comme s’ils communiquaient par télépathie.


  • Je vous donne 25 et j’en suis presque certain. Et vous Julien, je dirais que vous avez 35 ans. Dit Rogers en étant sûr de lui.


Encore au centre de l’attention, les deux hommes me fixent du regard, ils paraissent très curieux de ma réponse.


  • Julien, pour moi vous avez... je le contemple intensément. 34 ans. Et vous Rogers 35 ans.
  • Tu as presque eu vrai beauté, j’en ai 32 pour l’instant, je ferais mes 33 ans en Novembre. Dit Du Casse.
  • Pareil, j’ai eu 36 ans il y’a 3 mois. Ajoute Rogers. Et vous ?
  • ... Vous vous êtes complètement trompé, j’ai 21 ans. 
  • Incroyable ! Vous êtes jeune ! S’affole Rogers.
  • Oh... Du Casse me regarde tendrement. Que tu parais plus mignonne.
  • Hm... Je parais peut-être mignonne, mais qu’allez-vous me rembourser ?
  • Tu n’as pas oublié... Dit-il en ricanant légèrement. Sais-tu manier une arme à feu ? Me demande-t’il.
  • Non... Dis-je avec confusion.
  • Alors demain, je t’apprendrais à tirer tel un expert comme moi. Dit-il avec fierté en sirotant son verre de rhum.


J’accepte sa proposition. Après tout, dans une époque pareil, j’aurais sûrement besoin de cette compétence la pour me défendre. Moi qui n’utilisais que mes pouvoirs dans le temps présent... Sans eux je suis, comme à dit Du Casse, une femme fragile.


Nous bavardons jusqu’à ce qu’il se fasse tard puis nous décidons de retourner dans nos appartements pour dormir.


En m’étant déshabillé et m’allongeant sur mon lit, je me fait un récapitulatif de la journée dans mes pensées... Et je me rends compte qu’Imran et Nadia ne sont pas au courant que je dors chez le Gouverneur. Ils doivent sûrement s’en douter. Il faudrait que je passe les voir demain soir... 


À suivre...


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