Arthur: La Vraie Malédiction
Une odeur puissante et agressive de brûlé, mélangée à celle du sang... Une douleur lancinante à la tempe et la sensation d'un mince filet de sang coulant le long de sa tête... Ce fut les premières choses que Valentin sentit avant même d'ouvrir les yeux, alors que son esprit revenait lentement à lui...
En ouvrant difficilement ses paupières collantes, le jeune homme dut attendre quelques secondes le temps que sa vision floue revienne à la normale. Il était allongé sur le dos, sur une surface rocheuse et froide, sous l'immensité du ciel étoilé, indiquant qu'il n'était plus en forêt. Il voulut bouger, mais se rendit compte qu'il était totalement immobilisé sur une sorte de table en pierre, des cordages épais retenant ses poignets, son corps et ses jambes, le maintenant ne croix sur cette table. Valentin ne put émettre qu'un gémissement de surprise, ses lèvres étant compressés par le morceau de ruban adhésif qui l'empêchait de parler.
Tournant frénétiquement la tête pour essayer de voir ou il était, il remarqua la présence de ses amis. Caleb, Lucie et Sacha! Ils étaient tous là, vivants mais en piteux état, eux aussi attachés à ces tables de roche marqués de gravures étranges. Valentin remarqua aussi la présence de la maison d'Arthur non loin, réalisant qu'ils se trouvaient à présent dans le jardin derrière, sur un grand espace herbeux. Voyant que Valentin venait de se réveiller, Caleb essaya de lui parler, mais lui aussi avait été rendu muet par un ruban adhésif sur sa bouche. Valentin tenta de forcer en vain, les noeuds des cordes étant bien trop solides. Lucie et Sacha ne pouvaient pas parler non plus, mais la peur se lisait sur leurs visages. Et Valentin ne tarda pas à partager ce sentiment en constatant ce qui se tenait devant eux.
Autour d'eux, un peu partout, se tenaient ces hommes et ses femmes, tous habillés de cette manière tribale, les visages peinturlurés comme pour la guerre, des ornements de plumes, d'ossements et autres matériaux naturels. Leurs mains tenant ces lances, boucliers, poignards, arcs et flèches, et même des flambeaux... Certains étaient de race noire, d'autres blancs, mais tous montraient leur appartenance non dissimulée à cette secte ancienne originaire d'Afrique: Les Bogo Matassalai.
Des torches enflammées avaient été disposées en cercle tout autour du jardin, éclairant de leurs flammes dansantes l'ensemble du lieu. Et au milieu de ce cercle de feu, se trouvait ce trou dans la terre, bien trop régulier pour n'être qu'un simple effondrement naturel. D'un noir opaque et menaçant et d'un diamètre d'environ deux mètres de large, ce trou inquiétant ressemblait presque à un passage direct pour l'enfer. Le fusil du gardien tué et que Valentin avait ramassé était là, posé dans un coin, avec les armes de Caleb.
Lucie émit tout à coup un gémissement de crainte derrière son bâillon lorsque l'un des tarés déguisés en indigène, s'avérant être le gendarme qui avait sonné Caleb à coup de taser, s'approcha et s'amusait à filmer les quatre jeunes terrifiés avec leur propre caméra.
_ Allez, souriez, vous êtes filmés! Faites nous un beau sourire! ricanait sadiquement l'homme en tournant l'objectif ensuite vers Sacha, puis Caleb, enregistrant leurs réactions et leurs figures déformés par la peur.
Il se tourna à nouveau vers Lucie et filma sa jambe toujours blessée mais qui avait cessée de saigner.
_ Oh ma pauvre, ça va? T'as pas trop mal?! commenta l'homme, qui dans un geste de pure cruauté, s'amusa à violemment appuyer sur la blessure avec sa main.
Lucie hurla de douleur alors que Sacha, fou de rage mais impuissant face à ça, émit des grognements de colère étouffés et se débattit, pendant que l'autre taré se marrait ouvertement et continua de filmer en venant cette fois vers Valentin.
_ Ce soir, chers spectateurs, bienvenue pour ce nouvel opus du monde enchanté des Minimoys! clama le psychopathe comme s'il se prenait pour un présentateur d'un TV show. Voici ce soir nos quatre "volontaires" qui vont avoir la chance d'entrer dans ce monde magique et merveilleux! Petits veinards que vous êtes!
Valentin n'osait pas bouger, tétanisé par le regard fou à lier de cet individu qui le braquait avec la caméra et faisait des plans rapprochés de son visage.
Soudain, un autre membre de la secte, que Valentin reconnut comme étant le chef, avec cette grande coiffe de plumes rouges, vint stopper l'autre dans son délire et l’agrippa brusquement à l’épaule pour le tourner vers lui.
_ Assez! J'en ai plus qu'assez de tes petits numéros, dit le chef avec autorité. Ces prisonniers sont réservés aux maîtres, tu n'as aucun droit de les toucher, est-ce que c'est compris?!
_ Oh oui, chef, parfaitement clair, excusez moi, s'excusa l'homme, révélant également un côté assez lâche lorsqu'il se trouvait à plus grand que lui.
Le chef le renvoya immédiatement se remettre à se place, ce qu'il fit sans résister, mais pas avant d’avoir posé la caméra dans un coin mais avoir pris soin de tourner l’objectif vers les quatre jeunes, afin de continuer à les filmer. De son bâton orné de plusieurs ossements que le chef agita, il ordonna le rassemblement. Les hommes et les femmes, dans le plus grand silence et respect, vinrent se placer en grand cercle large autour du trou. Valentin, Caleb, Lucie et Sacha observaient avec frayeur, ignorant ce qui allait maintenant leur arriver. Le chef Matassalai regarda vers la lune, pleine et ronde, ces rayons argentés venant éclairer le jardin.
_ Il est temps, clama le chef avec force. Déployez le cercle sacré!
Un groupe d'individus, parmi eux se trouvant le gérant du gîte, approchèrent et déployèrent ensemble un grand drap de tissu de couleur beige, et s'avérant disposer d'un trou au centre, s'accordant parfaitement avec les contours du gouffre. Afin de tenir cette nappe en place, de grands piquets furent plantés tout autour, et des torches y furent accrochées.
_ Que le rituel de la lune de sang commence! proclama alors le chef d'un ton fanatique. Ô, grands esprits anciens et puissants des terres ancestrales, entendez notre appel!
Pendant ce temps, d'autres membres de la secte s'étaient approches des quatre prisonniers avec des seaux remplis de sang et leur tournait autour tout en les aspergeant de gouttes, comme le ferait un homme d'église avec de l'eau bénite. Tous les membres de la secte, certains faisant entendre des tambours lents et forts, se mirent à exécuter une sorte de danse rituelle autour du grand trou, tout en scandant un seul et même mot: Shetani! Shetani! Shetani!
Le chef à son tour entra dans cette même transe macabre et vociféra ce mot entre ses lèvres. Valentin et les autres étaient de plus en plus terrifiés, mais rien n'aurait pu les préparer à ce qui allait se présenter à eux.
Depuis les hautes herbes qui encerclaient le jardin, des bruissements se firent entendre. Immédiatement, la secte cessa sa danse et ses chants et tous tombèrent à genoux, la tête baissée, comme en position de soumission.
_ Ô puissants Shetani, nous ne sommes que vos humbles serviteurs ! clama le chef sans relever la tête. Voici pour vous ces quatre âmes innocentes, selon votre bon vouloir.
Valentin, Caleb, Lucie et Sacha restaient plus qu’inquiets, leurs regards fixés vers les hautes herbes mouvantes. Quelque chose s’approchait. Et après quelques secondes, ce fut le cas et dans la lueur des torches enflammées encerclant la clairière, deux formes émergèrent de la pénombre. Valentin et les autres ouvrirent des yeux ronds, choqués et figés de peur par ce qu’ils voyaient à présent.
Ces deux créatures humanoïdes… Ils les reconnaissaient comme étant des personnages du film. Sélénia et Bétamèche ! Cependant, malgré leur apparence quasi identique que dans le film, ils n’avaient rien des gentils êtres féeriques de 2 millimètres et amis d’Arthur, bien au contraire.
Ce Bétamèche, de la taille d’un mètre de haut, se déplaçait presque à quatre pattes, presque comme une sorte de Gollum bedonnant aux oreilles pointues, affichant ses yeux noirs sans fond et fous. Émettant des grognements bestiaux et montrant une dentition affreuse, carnivore, les contours de sa bouche salivante recouvert de sang séché. La Sélénia à ses côtés, mesurant environ 1mètre60, se déplaçait de manière plus humaine, mais gardant néanmoins des réflexes presque animales. Elle arborait ces mêmes yeux obscurs démoniaques, ouvrant légèrement ses lèvres pour révéler ses dents acérées et laissait entendre les sifflements stridents de sa respiration. À sa ceinture, se trouvait une épée rangée dans un fourreau en cuir usée. Valentin la reconnut alors comme la créature effrayante qui l’avait pourchassé dans la forêt quand il fuyait. Comme son congénère, elle arborait des traces de sang séché sur son visage et ses vêtements.
Valentin et les autres émirent de grands halètements de trouille à la vue de ces choses qui ne devraient normalement pas exister. Ils essayaient de forcer de plus en plus sur leurs liens, même si cela s’avérait peine perdue. Valentin aurait aimer être en plein délire à cause de sa blessure à la tête, mais ce n’était pas le cas. Ces choses étaient bien réels !
Les Bogo Matassalai quant à eux, restèrent parfaitement à leur place, restant en position de soumission et n’osant même pas poser un regard sur les créatures. Le Bétamèche et la Sélénia passèrent au milieu d’eux en les ignorant complètement, leurs regards inhumains se fixant directement sur les quatre offrandes humaines qui les attendaient sur les autels de sacrifice. Le Bétamèche devint comme fou en les voyant ainsi, attachés et couverts de sang frais. Émettant un cri bestial et aigu, il voulut se jeter sur eux mais la Sélénia sembla le rappeler à l’ordre en le retenant par les cheveux et l’envoyant violemment à terre tout en lui grognant des mots dans une langue incompréhensible. Le Bétamèche n’osa pas se révolter et recula, acceptant d’attendre et de rester à sa place.
La Sélénia s’approcha des quatre jeunes, les regardant et les scrutant un par un, les touchant et les palpant à plusieurs endroits du corps, et allant même jusqu’à les renifler, tel un prédateur. Elle saisit brutalement le visage de Valentin entre ses deux mains, approchant son visage du sien et le regardant droit dans les yeux comme pour essayer de lire en lui, mais se désintéressa de lui aussitôt pour passer au suivant. Non loin, le Bétamèche semblait s’impatienter, sautillant sur place comme un singe et laissant entendre ses ricanements monstrueux de lutin carnassier.
Finalement, la Sélénia jeta son dévolu… sur Sacha. Elle bondit avec agilité sur la table sacrificielle, se tenant maintenant au dessus d’un Sacha tétanisé de trouille. Le Bétamèche approcha à son tour calmement, rodant autour comme un animal en chasse et semblant attendre un signal. La Sélénia respirait lourdement, scrutant toujours le jeune homme du regard, l’attrapant par le menton et regardant son visage, marmonnant entre ses lèvres des mots inconnus. Lucie était morte d’inquiétude à la vue de cette créature penchée sur son petit ami. La Sélénia se redressa tout à coup, brandissant une de ses mains vers la lune comme si elle invoquait un quelconque pouvoir, grognant ses mots anarchiques de plus en plus fort. C’est alors que d’autres de ces créatures firent leur entrée dans le rituel. Marchant hors de la nuit tels des fantômes, ils étaient tous couverts de sortes d’armures et de casques hérissés de pointes les faisant ressembler à des sortes d’insectes humanoïdes géants et sombres, armés d’épées. Leur apparence était celle des sbires de Maltazard dans les films. Les Seides. Ces derniers ne firent rien, venant entourer progressivement toute la clairière et observant le déroulement du rituel.
Puis, sous les regards horrifiés des trois autres, sa main s’enfonça dans la poitrine de Sacha, la perforant avec une force physique effrayante, lui déchirant la chair et brisant sa cage thoracique avec aisance, le tout sous les hurlements étouffés mais puissants du jeune homme. Valentin et Caleb hurlèrent, mais ce fut Lucie qui émit le cri le plus fort malgré son bâillon, des larmes coulant de ses yeux et le regard en pleine souffrance de Sacha croisant le sien. Leurs mains étaient si proches, mais le bout de leurs doigts pouvaient à peine se toucher.
Dans un flot important de sang qui éclaboussa ses vêtements, ses cheveux et son visage, la Sélénia arracha le coeur encore palpitant de Sacha, laissant le sang s’écouler entre ses doigts et le brandissant comme un trophée tout en poussant un rugissement strident et puissant, tandis que le jeune homme rendait l’âme sous les regards et les pleurs de ses amis totalement réduits à l’impuissance.
Les Bogo Matassalai s’étaient redressés, ayant assistés à cette première mise à mort du rituel, et restant à genoux, continuaient de psalmodier le mot Shetani avec un fanatisme effrayant. La Sélénia approcha le coeur saignant de sa bouche et commença à le dévorer, le sang coulant en abondance et le son de la chair crue déchirée par les dents résonnant dans les oreilles de tous. Ce fut au tour du Bétamèche impatient de pouvoir enfin se mettre à table, se jetant avidement sur le cadavre encore chaud de Sacha et commençant à lui dévorer sauvagement le visage, lui arrachant une partie de la joue dans un premier croc vorace alors que la Sélénia laissait retomber le coeur dans l’herbe, en grande partie dévoré. Arrachant le bras gauche du cadavre de Sacha sans le moindre effort, elle jeta le membre vers un groupe de Seides qui se jetèrent sur le morceau de viande tels des charognards affamés et se mirent à le déchiqueter, faisant gicler encore plus de sang venant peindre l’herbe verte. Caleb et Valentin restaient en état de choc tandis que Lucie, en larmes, dut détourner le regard tant l’horreur qui se déroulait juste à côté d’elle était insurmontable et la hanterait sûrement pour le reste de sa vie. Cependant, contrairement au Bétamèche qui continuait son repas ignoble et entamait l’épaule droite de Sacha, la Sélénia sauta de l’autel sacrificielle et commença à se diriger vers l’un des trois restants, sûrement pour procéder à la même mise à mort abominable, et son attention sembla se porter vers… Valentin !