League of Assassins

Chapitre 3 : Lumière et ténèbres

Il était tard et Starling City était déjà ensevelie par les ténèbres depuis bien des heures quand Sara arpentait ses rues désertes. Les milliers de lumières artificielles générées par les lampadaires et les immeubles étaient si étincelantes qu’en regardant le ciel, on aurait cru voir une parfaite symétrie avec le sol. Les incomptables étoiles qui animaient le firmament étaient magnifiques ce soir-là, et rien n’aurait pu gâcher ce moment magique aux yeux de la fille de l’Inspecteur Lance. Rien ne devait bouleverser ce spectacle nocturne. Pas même la silhouette menaçante qui se déplaçait vers elle, elle voulait l’ignorer, elle voulait qu’elle ne soit pas réelle. Mais seulement, est-ce que cette vision de Starling l’était ?

Bien que son regard fût plongé dans le ciel ténébreux habité par des milliards d’astres, elle savait qu’on l’observait. Elle sentait son épouvantable respiration qui lui glaçait le sang et le bruit de l’acier grinçant lorsqu’il dégaina sa lame.

-Alors, petit oiseau, comment va Oliver ? Dit une voix rocailleuse sur un ton ironique qu’elle reconnaissait que trop bien.

Instinctivement, elle posa sa main à sa ceinture, l’endroit où normalement se trouvait son arme de prédilection, mais à sa surprise, elle n’y était plus. A vrai dire elle n’avait plus aucune arme sur elle, ironique pour une tueuse. Mais les poings et les pieds pouvaient être la plus létale des armes lorsqu’ils étaient parfaitement maîtrisés, et pour cette experte de Kung Fu, c’était très probablement le cas.

Voyant qu’elle ne répondait pas, Slade brisa à nouveau ce silence en la frappant de plein fouet avec sa lame. Elle para l’arme de son adversaire à main nue, comme si sa main était elle-même faite de métal et que son bras était une épée. Deathstroke était vêtu de son habituelle tenue d’assassin : un masque noir et orange, une armure noire avec un gilet par balle ornait son tronc avec des munitions de pistolet-mitrailleur porté bandoulière. Il possédait tout un arsenal sur lui : deux épées, plusieurs pistolets, plusieurs couteaux, un AK-47 et un fusil à pompe. Une véritable arme humaine face à cette jeune femme qui se battait à main nue face à lui. Si les vêtements étaient une arme, il était vêtu du plus élégant des smokings et elle était nue. Mais les vêtements n’étaient-ils pas, comme les armes un artifice ?

Au lieu de se retrouvait en charpie, la main de Sara résista et affronta la lame de Slade.

-Te battre sans armes, aurais-tu perdu la raison fillette ? Te moquerais-tu de moi ? Tonna Slade qui redoublait d’énergie pour faire ployer Sara, en vain.

-Un vieil ami qui fut mon mentor m’a toujours apprit que la détermination était toujours la meilleure arme.

Elle empoigna l’épée de son ennemi et la brisa en deux comme si elle était une feuille de papier. Slade ne pouvait la vaincre. Depuis qu’elle avait rejoint la Ligue, elle était devenue invincible. Elle le frappa avec violence au visage. L’impact fut si brutal que le masque de Slade se fissura. Le masque bicolore disparut comme s’il était une ombre. En revoyant ce visage, Sara aurait voulu hurler.  Malgré les blessures et les plaies, ce visage, elle l’aurait reconnu entre mille. Ce n’était pas celui de Slade.

-Sache alors … Que ma détermination n’a jamais était aussi grande, siffla cette même voix derrière-elle.

Sa vision fut balayée en même temps qu’elle-même fut terrassée par Slade. Elle se réveilla allongé au sol, prise par de violents spasmes à cause de l’affreux cauchemar qu’elle venait de vivre. Prenant conscience que ceci n’était que l’objet malsain de son subconscient, elle finit par calmer sa respiration, rassurée.

Sa rolex à son poignet, offerte par Oliver pour de son dix-neuvième anniversaire, affichait une heure du matin passée. Nyssa devrait sans doute bientôt rentrer du conseil nocturne que le maître avait décidé de réunir en urgence suite à l’acte d’audace dont elle avait fait preuve. Il n’était pas exclu que cette nuit, elle, sa meilleure amie et le père de cette dernière perdent la vie. Toutefois,  il n’était pas non plus exclu que ces trois vies soient épargnés. Tout dépendait de la décision du conseil.

Elle savait que les avis de Nyssa et de Nightmare seraient en sa faveur. Son vieux maître avait autrefois entraîné lui-même Malcolm Merlyn et des liens amicaux s’étaient créés entre eux. Etant l’un des membres les plus sages, il lui pardonnerait sûrement. Et de plus, il n’avait aucune envie de voir son ancienne élève mourir. Celui du couple Cain serait le moins prévisible, Lady Shiva n’aimait pas spécialement Sara mais ne la détestait pas pour autant. Ayant eu quelques missions avec elles, elle avait apprécié la coopération de Ta-er Al-Sahfer, mais sans plus. Elle savait que David suivrait sans doute le vote de sa femme …

Un frottement métallique dans la porte surpris la jeune femme, mais elle comprit vite que c’était Nyssa. Ce n’était pas commun que les chambres aient des serrures dans la Ligue, mais Sara vivant avec un membre du conseil avait le droit de jouir de certains privilèges tandis que les autres membres dormaient dans des dortoirs. Il était aussi possible que certains agents extrêmement aguerris aient leurs propres quartiers comme ceux du conseil. C’était le cas par exemple d’un ancien membre du conseil, malgré qu’il n’ait plus aucun pouvoir sur la Ligue, il gardait certains privilèges.

Lorsque la porte fut finalement ouverte, Sara n’osa dire mot, elle avait bien trop peur de ce que pouvait lui annoncer sa compagne. La vie de trois personnes était en jeu, dont la sienne. Ce fut Nyssa qui brisa le silence en se ruant sur elle et en la plaquant contre le matelas pour l’étreindre. Elle pleurait. Mais ce n’était pas des larmes de tristesse, des larmes de bonheur et de soulagement. Sara fut aussi émue qu’elle, et malgré qu’aucune d’entre-elles ne dirent un mot ce soir, elles se comprirent. Les gestes remplaçaient la parole, des caresses pour dire « merci », des baisers pour dire « je t’aime »  et plus leurs corps se dénudait, plus leur joie et plaisir était amplifié. Leurs caresses et embrassades devinrent de plus en plus passionnées jusqu’à qu’elles s’abandonnent l’une à l’autre, laissant leur amour l’emporter sur la raison. Cette nuit-là, il n’y avait plus qu’elles et leur amour qui comptaient, pas de Talia qui hantait ses jours ou de Slade qui hantait ses nuits.

Le lendemain matin, Sara avait complètement oublié son cauchemar de la veille mais garda un très bon souvenir de ses ébats avec son amour. Elle s’étira et s’écria d’une voix douce en se retournant de l’autre côté du lit :

-Bonjour mon cœ…

Nyssa n’était plus là. Evaporé comme si cette nuit n’était qu’un rêve.

Alors qu’elle partait se doucher dans leur douche personnelle, un morceau de papier sur sa table de nuit l’intrigua.

« Je pars en mission de reconnaissance pendant quelques temps aux Etats-Unis puis ensuite je devrais aider mon père à gérer son Empire. Je ne sais pas quand je reviendrais- ou si même je reviendrais- alors d’ici là, portes-toi bien et fais attention à toi. Ne t’en fais pas pour moi et traces ta route. Tu siègeras au conseil de la Ligue à ma place et t’occuperas de l’entraînement de Thea, je sais que tu es capable de gérer ses nouvelles responsabilités. Je n’oublierai jamais la nuit dernière comme je ne t’oublierais jamais et saches que je t’aime. Nyssa. »

Sara eut les larmes aux yeux après la lecture de la lettre. Pourquoi l’abandonnait-elle comme cela ? Elle était persuadé que c’était à cause du conseil d’hier soir. Mais aux yeux du canari cela n’avait aucun sens, elle avait l’air si heureuse hier soir !  Cela ne pouvait pas être à cause du fait qu’elle avait définitivement signé son arrêt de mort !

« Ne t’en fais pour moi et traces ta route », disait-elle. Cela sous entendait fortement qu’elle ne la verra plus jamais. Elle se recroquevilla dans un coin pour pleurer.

-Pourquoi Nyssa, pourquoi ? Sanglota-t-elle.

Si la Ligue était devenu sa nouvelle famille, Nyssa s’était montré comme une mère pour elle, comme sa sœur jumelle et jamais elle n’avait imaginé de pouvoir vivre sans elle. Elle était sa lumière, elle était son salut, elle était tout pour elle. C’était elle qui la rassurait lorsqu’elle avait peur, elle qui lui avait enseigné les bases du combat et qui lui avait appris à tuer, elle qui avait soigné ses premières blessures et elle qui l’avait toujours accompagné et soutenu dans ses missions comme ses décisions. Si Nyssa n’était plus à la Ligue, elle n’avait plus aucune raison d’être-ici, autant qu’elle retourne voir une dernière fois sa famille avant qu’une balle du colt de Talia ne lui perfore le crâne. Sa vie n’avait désormais plus aucun sens. 

Elle prit finalement sa douche. Ses larmes se confondaient avec l’eau qui ruisselait sur tout le long de son corps.Elle se souvint de la jeune sœur d’Oliver récemment arrivée. Elle devait être aussi dépaysée qu’elle autrefois, ici. Comment réagirait son demi-frère si Thea mourrait, lui qui avait aussi tout perdu ? Elle devait au moins accomplir la dernière volonté de son amante, c’était à présent à elle de transmettre tout ce que Nyssa lui avait appris.

Après s’être vêtue de sa tenue de cuir noir qu’elle avait l’habitude de porter, elle ouvrit la porte de sa chambre pour se retrouver nez-à-nez avec William.

-Que fais-tu ici ? Tempêta-t-elle.  

-Je voulais te féliciter pour ta performance d’hier soir. Ra’s al ghul a annoncé lui-même que Merlyn serait épargné suite au vote du conseil nocturne d’hier soir !

-Fantastique, fit-elle sur un ton neutre en claquant la porte au visage du beau blond.

Elle attendit quelques secondes avant de décider de rouvrir la porte, William était toujours là, l’air inquiet.

-Qu’est-ce qui ne va pas, Sara ?

William était bien le dernier des membres à la nommé ainsi. Bien qu’elle se faisait appeler « Ta-er al-Sahfer », il préférait l’appeler par son nom d’origine, il le trouvait nettement moins intimidant. Elle sauta à son cou sans dire un mot, éclatant en sanglot. Il la serra alors dans ses bras en lui posant une multitude de questions. Elle avait honte de pleurer devant quelqu’un, c’était d’ailleurs certainement la première fois en cinq ans qu’elle le faisait. Les bras de son ami la rassurait, et elle finit par se rasaisir et sécher tes larmes.

-Je t’expliquerai tout ça plus tard, ça peut attendre. Où est Thea ?

-Avec son père, dans la salle commune. Je t’accompagne si tu veux. Mais promet moi d’abord de tout m’expliquer en détail plus tard ! C’est encore à cause de Talia ? Je vais me charger d’elle si c’est le cas !

Elle lui sourit en caressant sa joue. Elle le trouvait à la fois mignon et insouciant, malgré qu’il avait le même âge qu’elle, il avait l’air d’un adolescent et cela lui rappeler le Oliver d’avant-Lian Yu. Bien qu’elle faisait mine de le cacher, Sara avait compris dès leurs premières missions que William était fou amoureux d’elle. Même si elle n’avait plus Nyssa et qu’elle ne l’aurait peut-être plus, ce n’était pas pour autant qu’elle se tournerait vers lui. Ou du moins, peut-être pas maintenant, difficile de ne pas succomber à ce clone d’Oliver.

Ils sortirent de ses appartements pour aller dans l’immense salle commune de la Ligue. Ce jour-là, il y avait encore plus de monde que d’habitude. Des membres de tous les grades et de tous les âges étaient groupés autour de Merlyn tantôt pour l’injurier, tantôt pour le questionner. Elle remarqua que David Cain, vêtu de son habituelle tenue de mercenaire était dans un coin de la salle, les bras croisés. Etait-il en désaccord avec la décision prise par le conseil ? Pourtant, elle savait que Cain et Merlyn étaient de bons amis. Qu’est-ce que cela cachait ? Elle remarqua aussi que Nightmare n’était pas là.

 Quelqu’un heurta Sara dans la foule.

-Je te cherchais partout, Sara ! S’écria Thea, je te dois tout, tu sais !

-Du calme, dit-elle sur un ton ferme, et saches que je suis désormais Ta-er Al-Sahfer, Sara n’est plus mon nom.

-Et ça veut dire quoi dans notre langue ?

-Canari.

-Sérieusement ? Ils t’ont laissés prendre un nom si ridicule ! S’exclama Thea pour la taquiner.

Elle fit de son mieux pour contrôler ses émotions et répondit à sa pique par un sourire modeste. Thea l’a regarda d’un air horrifié.

-Ça ne va pas, n’est-ce pas ?

Alors qu’elle allait lui répondre, un violent coup de feu retentit dans la salle. La foule se dispersa alors pour laisser place à une situation auquel  Sara ne s’était pas entendu : Talia était face à Merlyn, son arme à la main.

Tout devenait plus clair à présent. Le départ de Nyssa, la déception de Cain, l’absence de Nightmare… Talia avait tout prévu. Mais cela voulait dire quelque chose d’encore pire : c’était elle qui dirigeait désormais la Ligue des assassins.

Merlyn était à genou, affaiblit à cause de la balle administré par Talia. Thea hurlait et voulut s’élancer sur Talia pour l’arrêter mais des agents l’immobilisèrent.

-Article n°4 du code d’honneur de la Ligue des assassins, l’unique moyen de quitter notre Ligue est la mort. Par conséquent, j’autorise  à présent à Malcolm Merlyn de la quitter.

Alors que Talia allait lui attribuer le coup fatal, il leva la main.

-Une dernière volonté ? Ironisa-t-elle.

-Je sais que je n’ai que ce que je mérite. Cette Ligue m’a ouvert les yeux et m’a appris que ce monde était rongé par la criminalité, mais en fait, de tout cela, je m’en moquais. Je ne voulais que la vengeance, je voulais annihiler la ville dans lequel ma femme a été assassinée. Mon fils est mort à cause de moi, il ne me reste que Thea, ma fille. Tu peux appuyer sur la gâchette à présent Talia, à la seule condition de bien traiter ma fille. C’est la seule chose que je te demande.

Une balle se figea dans le crâne de ce dernier quand il eut terminé de parler. Il s’effondra complètement dans son propre sang qui se mit à couler.

Sara n’osait même pas se retourner vers son amie, elle ne pouvait imaginer la tristesse et la rage qui l’animait.

Si Talia dirigeait désormais la Ligue, combien de temps restait-il à Sara à vivre puisque Nyssa ne serait plus là pour la protéger ?

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