L'Archer Vert
Selene avait vu Oliver arrivé au loin. Même à l'autre bout du trottoir, il dégageait une aura de folie. Il se déplaçait tel un prédateur, se préparant à se jeter sur sa proie. Elle ne voulait pas du tout être placardée sur son tableau de chasse. Elle sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine. Pour sa propre sécurité, elle avait préféré prendre ses distances. A peine tourné le coin de la rue, elle entendit un bruit de dérapage. Des portières claquèrent. Son instinct se réveilla instantanément. Elle fit demi-tour et vit trois hommes masqués, charger les corps d'Oliver et Tommy. Elle se maudit d'avoir enfilé des talons aiguilles avant de sortir. Mais, elle n'avait pas prévu de combat dans son agenda aujourd'hui. Elle s'était rendue dans ce quartier pour rencontrer Laurel. Elle voulait que la jeune femme lui parle d'Adam Hunt. Ce dernier serait le premier à payer pour les crimes qu'il avait commis. Mais là, elle se retrouvait face à un kidnapping. Deux milliardaires enlevés en pleine rue. En pleine journée. Elle ne pouvait pas détourner les yeux. Elle retira ses talons et les jeta à une femme qui faisait la manche près d'elle. Elle se mit à courir aussi vite qu'elle le put à la poursuite de la camionnette. Elle n'avait ni ses couteaux. Ni son katana flambant neuf. Elle allait devoir improviser et faire ça à l'ancienne. Elle sauta par-dessus une clôture grillagée tout en essayant de ne pas perdre de vue la camionnette. Elle allait avoir enfin de l'action. Elle aimait sentir la poussée d'adrénaline parcourir ses veines. Elle prit appui d'un pied sur un muret pour atteindre le toit. Elle s'y hissa. Elle prenait de la hauteur pour mieux suivre le véhicule. Elle sauta de toit en toit en restant accroupie au maximum. Elle devait être discrète. En plein jour, les Glades avait des yeux partout. Il serait dommage d'être découverte aussi vite. Elle vit la camionnette arrêtée devant un grand bâtiment abandonné. Elle se faufila sans bruit à l'intérieur et se tapie dans l'obscurité. Elle devait attendre avant d'intervenir.
- Monsieur Queen, on se réveille.
Une décharge fit ouvrir les yeux d'Oliver instantanément. Il regarda autour de lui et vit Tommy inconscient, allongé sur le sol. Il regarda tout autour de lui. Il devait se trouver dans un entrepôt désaffecté. L'homme au masque rouge lui faisait face. A la main, il tenait un taser qu'il mit en marche d'une pression. Le masque vert se trouvait derrière lui et surveillait la porte pendant que le bleu, armé d'un fusil à pompe, faisait les cent pas derrière Oliver.
- Monsieur Queen, est-ce que votre père est toujours en vie ?
N'ayant aucune réponse, le rouge se mit en colère et balança une nouvelle décharge à Oliver qui l'encaissa sans broncher.
- Il était avec vous sur l'île ? Que vous a-t-il dit ?
- Il m'a dit de vous tuer.
L'homme rouge se mit à rire suivi de ces comparses. Oliver jeta un autre regard à Tommy, toujours inconscient.
- Comment vous vous voulez nous tuer? Vous êtes menottés à cette chaise.
Oliver avait réussi à se libérer des menottes. Il leur montra ses mains libres. Il attrapa sa chaise et la fracassa sur l'homme rouge. Il empoigna le bleu et l'étrangla d'une seule main. Il se servit du rouge comme d'un bouclier. Le vert sortit une mitraillette et tira plusieurs rafales dans le corps de son collègue avant de prendre la fuite. Oliver repoussa le corps sans vie et se jeta à genoux à côté de Tommy. Il prit rapidement son pouls pour vérifier si son ami était toujours vivant. Ce dernier ouvrit brièvement les yeux avant de replonger dans l'inconscience. Oliver se mit à la poursuite du fuyard. Voyant qu'il était suivi, le vert tira une nouvelle rafale de balles. Oliver sauta en se cramponnant à un tuyau au plafond. Il courait dans un long couloir, en se retournant, de temps en temps, pour voir où en était le jeune homme. Il ouvrit une porte à la volée qui donnait sur une petite ruelle déserte. Oliver apparut dans un fracas de verre brisée. Il était passé par une lucarne sur le toit. Il sauta pour atterrir au plus près du fugitif. Ce dernier le mit en joue et tira une nouvelle fois. Oliver sauta de toit en toit tout en évitant les balles. Le vert se remit à courir et entra, de nouveau, dans le bâtiment. Il tirait maintenant sans se retourner, le doigt appuyé sur la gâchette. Oliver le talonnait. Il longea les tuyaux et s'agrippa à une chaîne qui pendait du plafond. Oliver lui donna un grand coup de pied qui le fit chuter lourdement au sol. Il l'empoigna brutalement et lui bloqua la tête sous son bras.
- Tu n'aurais pas dû tuer cet homme maintenant je n'ai pas le choix. Personne ne doit connaître mon secret, dit-il, en lui brisant la nuque d'un coup sec.
De sa cachette, Selene avait suivi la scène du combat. Elle n'en revenait pas. Oliver maîtrisait parfaitement la situation. Il n'avait rien à voir avec le milliardaire dépeint par les journalistes. Il devenait beaucoup plus intéressant. Elle le vit partir à la poursuite du dernier homme encore en vie. Elle en profita pour se rapprocher de Tommy. Il avait les yeux grands ouverts mais n'était pas vraiment conscient de ce qu'il se passait autour de lui. Au moins, il était vivant. Elle se redressa en entendant les pas d'Oliver revenir dans la pièce. Elle se faufila jusqu'à la fenêtre, en ne prenant pas garde que le jeune homme l'avait repéré. Il reconnut la silhouette vu un peu plus tôt. Selene Brown. Il devait en découvrir un peu plus sur cette jeune femme.
- C'est ta version des faits, demanda Quentin Lance. Un homme avec une capuche vous a sauvé tous les deux de trois criminels armés jusqu'aux dents.
Oliver regardait le portrait robot qu'il avait aidé à dresser au poste de police un peu plus tôt dans la journée. Tommy était assis à côté de lui dans le canapé, encore sonné par leur mésaventure. Moïra faisait les cent pas devant la fenêtre, suivie par Walter qui tentait de la calmer. Quentin, debout face à Oliver, avait beaucoup de mal à croire en cette histoire. Il n'avait pas une grande confiance dans le jeune homme. Il avait même certaines bonnes raisons de le haïr. Il lui avait enlevé sa fille cadette et avait brisé le cœur de son aînée. Alors, son histoire de justicier masqué il n'y croyait absolument pas.
- Pourquoi il vous aurait sauvé ?
- Je ne sais pas Lieutenant. Demandez-lui quand vous l'aurez attrapé ?
Quentin se tourna vers Tommy, silencieux. Il ne supportait pas le ton condescendant d'Oliver. Il aurait été seul avec lui, il lui aurait fait ravaler tout son mépris.
- Tout était flou. J'étais complètement dans le coltard, s'exclama Tommy.
- Vingt quatre heures que tu es revenu et déjà quelqu’un veut ta peau. Tu es toujours aussi populaire.
Walter intervint dans la discussion qui prenait un tour assez déplaisant.
- Vous avez trouvé quelque chose sur ces individus ?
- Rien du tout. Ils utilisaient des armes intraçables et leurs empreintes n'étaient pas répertoriées. De vrais pros. Ils voulaient sûrement demander une rançon à la prestigieuse famille Queen.
Walter s'approcha en lui indiquant où se trouvait la sortie. Quentin se redressa et toisa le jeune homme en passant.
- La chance ne t'abandonne jamais.
De retour chez elle, Selene trouva Thea, assise devant sa porte. Elles s'étaient amies depuis quatre ans.
- Tu peux me dire pourquoi tu es pieds nus ?
Selene baissa la tête et se rendit compte qu'effectivement, elle n'avait pas de chaussures. Elle se mit à repenser à sa course-poursuite effrénée et à ce qu'elle avait découvert sur Oliver.
- Que voulez-vous, Mademoiselle Queen, j'adore tellement le contact de la nature, rit-elle. Que je marche nus pieds dans la rue.
Selene pénétra dans son appartement, suivie de Thea, qui alla directement s'affaler dans le canapé. Elle observa la jeune fille qui n'avait pas l'air dans son assiette. Elle l'avait connu beaucoup plus enjouée. Surtout depuis l'annonce du retour de son frère.
- Je ne comprends pas toutes ces nanas qui s'intéressent à Oliver. Il est insupportable, taciturne et macho au possible. Amber voudrait que j'essaie de lui arranger un rendez-vous avec lui. Non mais qu'est-ce qu'elles ont toutes avec lui. Il n'a rien de vraiment exceptionnel.
Thea rejeta sa tête en arrière, en se cachant sous un coussin. C'était donc cela le fond du problème de ce soir. Son frère. Elle avait été tellement heureuse d'apprendre qu'il était bel et vivant. Sa joie avait été de courte durée.
- Et qu'à fait ce frère pour te mettre tant en colère ? demanda Selene, en s'installant à coté d'elle.
- Tout. Absolument tout.
Thea vit le regard amusé de son amie.
- Tu es sûre ? Il est responsable de tout ? Thea, ton frère vient de rentrer de cinq ans d'absence. Ca peut être compliqué pour lui ce retour à la normal. Il a vécu seul pendant tout ce temps sur une île déserte. Toutes les filles ne sont pas intéressées par lui, regarde-moi, ce n'est pas le cas, rit-elle.
- Tu n'es pas une fille comme les autres, toi. Et, tu ne le connais pas encore. Attends de le rencontrer et tu craqueras pour lui aussi.
Thea ne se trompait pas beaucoup en disant cela. Selene était loin de ressembler à toutes ces nanas se pâmant devant un homme qu'elles ne connaissaient à peine. L'argent ne lui faisait pas tourner la tête. Un physique séduisant non plus. A vingt-et-un ans, elle savait parfaitement ce qu'elle voulait chez un homme. Elle voulait être aimée pour qui elle était. Elle n'avait pas encore rencontré le spécimen qui répondrait à ses attentes. Mais après avoir vu, Oliver en action ce soir, elle le voyait sous un jour différent. Un texto la fit sortir de ses pensées.
- Tommy organise une fête pour mon frère demain soir. Une soirée masquée. Ca va être trop fun.
Une page internet était ouverte montrant un article sur Adam Hunt. Oliver caressait des doigts une photo de lui et de Laurel. Le jour de leurs fiançailles. Laurel souriait à l'objectif, tellement heureuse. Lui avait ses bras autour de sa taille. Il n'était pas du tout prêt à un tel engagement. Il pensait plus à sa dernière soirée en tant que célibataire et à toutes les strip-teaseuses qui pourraient profiter de son lit durant cette sauterie. Il ouvrit un tiroir de son bureau, rangea la photo et en sortit un petit carnet marron. Il le feuilleta jusqu'à la page qui l’intéressait. Le nom d'Adam Hunt apparaissait en troisième position. A l’extérieur de la maison, il tomba sur sa mère qui discutait avec un homme.
- Ah Oliver, tu tombes bien. Je voulais te présenter ton garde du corps. Avec ce qui t'es arrivé tout à l'heure, je me sentirai mieux si il venait avec toi dans tes déplacements.
Il jeta un bref coup d’œil à l'homme que sa mère avait recruté. Il était grand et assez bien bâti. A la raideur de sa silhouette, il pensa immédiatement à un ancien militaire. Il fit signe à sa mère qu'il acceptait et monta dans la voiture. L'homme se mit au volant.
- Comment je dois vous appeler ? lui demanda Oliver.
- Diggle me paraît très bien. Dig si vous le souhaitez.
- Vous êtes un ancien militaire ?
- Oui dans la division 105 de l'armée de l'air. Je suis à la retraite et je travaille dans le privé depuis environ
quatre ans. Pour éviter toute confusion, mon souci d'assurer votre protection l'emportera sur votre confort. Est-ce que nous sommes bien d'accord sur ce point ?
N'ayant aucune réponse, il se retourna et à sa plus grande stupéfaction Oliver n'était plus assis à l'arrière de la voiture. Il avait dû sauter de la voiture en cours de route. Diggle tapa sur le volant en se maudissant. Sa mission de protection commençait décidément très mal. Comment allait-il annoncer à Madame Queen qu'au bout de seulement vingt minutes il avait déjà perdu son fils ?
Noham se tenait face à son père. Il devait avoir une discussion avec lui. Il avait retardé cela depuis bien trop longtemps. Ra's al Ghul le regardait, en souriant. Il était heureux de voir son fils unique. La chair de sa chair.
- Noham, je pense savoir pourquoi tu es venu ?
Sa voix masculine était légèrement rauque. Il se déplaçait sans bruit sur le parquet. Il fit signe à son fils de s'installer pour une tasse de thé à la menthe. Il prit la théière et versa le liquide ambré doucement, tout en ne quittant pas son fils des yeux.
- Je ne vais pas tourner au tour du pot, père. Je ne veux pas que tu t'approches de Selene. Elle a eu du mal à remonter la pente après le décès de ses parents.
- Je le sais, fils. Mais toi, tu sais que sa place est dans la ligue. Mais je ne la forcerais pas à nous rejoindre sans ton consentement. Je ne veux plus de disputes entre nous. Je vieillis et tu vas devoir reprendre les rênes.
- Je ne suis pas prêt pour ça. J'aime ma vie.
Le regard de Ra's al Ghul se changea en rouge sang et la tasse qu'il tenait dans sa main, éclata en mille morceaux.
- Ta vie est à Nanda Parbat. Tu es mon héritier. Nyssa t'attend depuis bien trop longtemps. Dois-je te rappeler qui est Nyssa ?
- Non, père.
Noham baissa la tête. Il était venu parler de Selene et son père avait retourné la situation. Le visage de Nyssa apparut dans l'esprit du jeune homme. Il en était amoureux depuis le premier jour de leur rencontre. Ils se voyaient en secret depuis. Elle venait parfois en ville pour affaires. Elle faisait partie de la garde rapprochée de Ra's al Ghul avec sa sœur, Thalia. Elles avaient pris la place du couple Brown à leur décès.
- Fils, elle ne pourra pas t'attendre éternellement. Elle est jeune. Belle. Je repars à la fin de semaine. Si tu ne me rejoins pas, je ferais en sorte que Nyssa et toi ne vous revoyez plus. Je laisse tranquille Selene à l'unique condition que tu rentres.
Oliver avait couru jusqu'à l'ancienne usine de son père. Il s'arrêta devant la grille un instant pour regarder l'établissement délabré. Il l'escalada avec agilité et retomba de l'autre côté sans un bruit. Il pénétra à l'intérieur. Des prospectus jonchaient le sol. Il en ramassa un. C'était le dernier rapport annuel de l'entreprise avant sa fermeture. Il le balança au loin. Son kidnapping avait fait avancer son plan. Il avait dit la vérité à Quentin Lance. L'homme à la capuche était bien présent dans l'entrepôt et il avait mis les trois hommes hors d'état de nuire. Ce n'était que le début de son plan. Il descendit l'escalier qui conduisait au sous-sol. Son énorme caisse en bois ancien se trouvait au milieu de la pièce. Il avait du pain sur la planche afin que son repaire prenne enfin forme. Il s'était fait livrer du matériel haut de gamme. Tout un réseau informatique. De l'équipement pour créer ses propres flèches et pour son entraînement personnel, un escalier métallique pour les tractions. Il sortit son ordinateur portable de sa besace et ouvrit le navigateur internet, en entrant le nom d'Adam Hunt. Il cliqua sur le premier lien qui avait été posté deux heures auparavant.
- Les charges pesant sur Adam Hunt portent sur des actes de fraude et de vol sur les classes défavorisées, déclara le journaliste.
Les crimes de Hunt étaient beaucoup plus graves que ces histoires de fraude. Il était capable de tyranniser, voir de tuer quiconque se mettrait en travers de son chemin. Oliver ouvrit la caisse et en sortit une tenue verte sombre, un magnifique arc noir et un carquois de flèches.
- Il va pouvoir enfin me rencontrer, dit-il en s'équipant.
Adam Hunt marchait dans un parking souterrain suivi de son avocat et de ses gardes du corps. Il lisait la première page du journal qu'il jeta au sol.
- Cette avocate Laurel Lance n'a plus rien contre moi maintenant. Mais ça serait quand même bénéfique de ne plus la voir traîner dans nos pattes. Appelez Greg il me doit un service vu que c'est grâce à moi qu'il a été réélu. Qu'est-ce que vous faites encore là, vous ? cracha-t-il, avec mépris à son avocat.
L'homme de loi partit pratiquement ventre à terre. Hunt lui donnait la chair de poule. Un couteau atterrit en plein dans les appliques suspendues au plafond. Des étincelles grésillèrent. Hunt et ses sbires se retournèrent. Un autre atterrit en pleine poitrine d'un des gardes du corps. Ils se ruèrent comme un seul homme vers la voiture. Ils lui ouvrirent la portière et le jetèrent sur le siège arrière. Hunt se coucha sur la banquette. Il entendit des rafales de mitraillettes. Les cris d'agonie de ses hommes. La sueur coulait sur son front. La porte s'ouvrit sur un des hommes morts. Il se redressa en hurlant. Une main l'attrapa par la veste et l'extirpa de la voiture. Il se retrouva couché sur le sol. Selene, habillée tout en noir et armée d'un sabre, s'accroupit sur lui. Elle fit glisser sa lame le long de son cou. Il leva les mains en signe de reddition. Il ne voulait pas finir comme ça. Dans un parking souterrain. Il méritait mieux. Une flèche fit lâcher le sabre à la jeune femme. Une homme, en tenue verte, se tenait derrière elle. Selene ramassa son arme et se tourna pour faire face au jeune homme. Il avait encoché une flèche et la visait. Elle savait qui se dressait devant elle : Oliver Queen. Elle n'avait pas prévu que leur combat pourrait porter sur la même cible. Elle se redressa et vit la corde de l'arc se tendre.
- J'ai comme l'impression que nous en avons après le même type, dit-elle. Je te le laisse pour cette fois.
Elle partit dans une cabriole sur le toit d'une voiture, tout en étant suivi par l'arc d'Oliver. Il regarda autour de lui l'étendu des dégâts que la femme avait causé. Lorsqu'il était arrivé, elle était en plein combat avec les sbires. Elle s'en était sortie haut la main. Elle était incroyable. Il était intervenu car il avait pensé qu'elle allait tuer Hunt. Et ça, il ne pouvait pas l'accepter. Il avait un compte à régler avec lui avant.
- Que... Que me voulez-vous ? articula Hunt, toujours au sol.
Oliver le redressa et le plaqua contre un pilier en béton. Hunt essaya de distinguer son visage mais la capuche était trop sombre et trop profonde.
- Vous allez transférer quarante millions de dollars sur un compte de la banque national. Compte 11441 avant demain soir vingt-trois heures.
- Et si je refuse.
- Je le ferais moi-même et je ne vous dis pas comment.
Les premiers rayons du soleil la réveillèrent. Elle avait complètement oublié de fermer les rideaux lorsqu'elle était rentrée hier soir. Elle rabattit la couette sur sa tête et tenta de se rendormir. Peine perdue, elle était bel et bien réveillée. Elle attrapa la télécommande, alluma la télévision et se cala avec un oreiller contre le mur. Aux informations, le journaliste parlait de l'agression qu'avait subi Adam Hunt.
- Il ne l'a donc pas tué, sourit-elle.
Elle se leva pour se préparer un café tout en suivant les informations. Thea avait passé la nuit chez elle. La jeune fille dormait tranquillement dans une des chambres d'amis. Elle poussa la porte doucement pour ne pas la réveiller. Noham était installé au comptoir, la tête entre les mains.
- Je ne t'ai pas vu hier soir ? dit-elle.
- Quand je suis rentré, tu n'étais pas là. Thea dormait. C'est toi l'agression de cet Hunt ?
- Oui et non.
- C'est soit oui. Soit non.
- Alors, je vais dire que j'ai commencé mais qu'un autre a pris le relais.
Il plongea ses yeux mordorés dans le regard gris. Il essayait de suivre ce que la jeune femme lui racontait. Mais les paroles de son père retentissaient dans sa tête. Fin de semaine.
- Quelque chose ne vas pas, Noham ?
- Rien, ne t'inquiète pas.
Il se leva et lui déposa un baiser sur le front. Il enfila sa veste de costume.
- Evite les ennuis, veux-tu ? Je dois me rendre à Gotham. Je serais de retour dans deux jours.
- Tu diras bonjour à Oncle Bruce pour moi. J'aurais tellement aimé aller le voir.
- Tu as une fête ce soir. C'est important pour Thea que tu y assistes.
Il attrapa ses clés de voiture, lui fit un petit signe de la main et claqua la porte derrière lui. Selene se retrouvait seule dans la cuisine. Elle avait complètement oublié cette fête pour le retour d'Oliver. Elle avait pensé l'esquiver pour surveiller Adam Hunt. Mais Noham avait raison, Thea avait besoin de son amie. Elle ne pouvait pas se défiler mais elle appréhendait légèrement de se retrouver face à ce grand frère.
- C'est exactement ce que je vous dis. Une femme, armé d'un sabre, a tué tous mes hommes. Elle est partie quand l'homme habillé en vert avec un arc et des flèches s'est interposé, hurla Adam.
Hunt faisait les cent pas dans son bureau devant les yeux rieurs de Quentin Lance.
- Vous croyez vraiment que je peux mentir là-dessus. Tous mes hommes sont morts bon sang. Des hommes entraînés.
- Je vois, Monsieur Hunt. Nous allons émettre un mandat d'arrêt contre Ninja Girl et Robin des Bois.
- Vous vous rendez compte à qui vous parlez, Inspecteur. Vous croyez que je suis qui. Une vulgaire victime. Je suis Adam Hunt. Je ne suis pas un épicier qui se fait braquer son tiroir caisse. Ce type veut que je fasse un virement de quarante millions. C'est sûr que ce n'est pas avec votre salaire que vous pourrez atteindre une telle somme. Il sera de retour ce soir à vingt-trois heures. Tâchez d'être présent.
Quentin et son collègue quittèrent le bureau. Ils montèrent dans l'ascenseur.
- J'ai comme l’impression que Queen n'a pas menti.
- Ça serait bien la première fois. Si ce type à capuche et sa copine sont venus chercher les emmerdes et bien ils vont les trouver.
Oliver avait passé la journée dans l'ancienne usine. Son repaire prenait forme petit à petit. Il avait procédé à des recherches sur Selene. La jeune femme l'intriguait depuis qu'il l'avait aperçu avec Tommy. Il se doutait même que c'était elle qui se battait contre les hommes de Hunt. La morphologie correspondait bien. La démarche féline aussi. Il avait découvert qu'elle était la fille de Connor et Kate Brown, un couple de milliardaire de Metropolis. Ils étaient décédés il y a quatre ans dans un accident de voiture. Sur elle, il n'y avait pas grand chose. Vingt ans. Célibataire. Il doutait fortement du dernier point. La jeune femme était bien trop séduisante. Sa vie personnelle ne filtrait tout simplement pas. Elle n'apparaissait sur aucun réseau social. Il parcourut les photos et tiqua quand il la vit sourire à l'objectif avec Thea près d'elle. Elle connaissait donc sa sœur. Il se souvint que Tommy l'avait vaguement mentionné. Cela devenait intéressant, il allait forcément la croiser à un moment donné. Il espérait juste que ça serait à sa fête. Il jeta un œil à sa montre. Il devait rentrer pour se préparer. Arrivé chez lui, il enfila un costume et se dirigea vers la voiture qui l'attendait. En ouvrant la portière, il fut surpris de découvrir Diggle, assis sur le siège arrière.
- Attachez votre ceinture, Monsieur. Je ne voudrais pas que vous manquiez votre soirée.
Oliver avait réussi à lui échapper toute la journée mais Diggle ne s'avouait pas vaincu si facilement. Il s'installa à côté de son garde du corps, avec un léger sourire. Ils roulèrent sans un mot jusqu'au lieu de la fête. Tommy avait réservé la salle de réception du grand hôtel Waldorf. Un lieu magnifique avec des immenses baies vitrées sur toute la longueur. La voiture stoppa devant l'entrée.
- Je vous rejoins à l'intérieur, Monsieur, lui dit-il.
- Vous n'avez pas peur que je vous fasse faux bond encore une fois.
- Vous ne rateriez pas votre soirée de retour.
Si il savait qu'il n'était plus cet homme là, il ne l'aurait pas laissé sans surveillance. Mais, il devait faire bonne figure même si ça lui coûtait beaucoup. Il n'avait plus le goût à toutes ces fêtes fastueuses et hors de prix. Il prit une grande respiration, se força à sourire et ouvrit la porte de l'hôtel. Il se dirigea vers le grand escalier qui permettait d'accéder à la salle de réception. Il s'arrêta en haut des marches. La salle était bondée de monde. Tommy n'avait pas lésiné sur les invités. La fête battait son plein. Les lumières alternaient les couleurs, passant du bleu au rouge. Un disc-jockey avait été recruté spécialement pour l'occasion. Oliver sortit son téléphone portable de sa poche et y regarda l'heure. Il avait une heure et demi devant lui pour tenter de s'amuser un minimum. Il descendit les marches tout en souriant. Tommy l'aperçut et vint le rejoindre au milieu des marches. Il fit un léger signe au disc-jockey de couper la musique.
- Je tenais à tous vous remercier d'être ici ce soir pour fêter le retour de l'homme du moment.
Des femmes, en tenues très courtes, se trouvaient au premier rang et levèrent leurs verre en hurlant à l'intention d'Oliver. Elles avaient été pour la plupart ses conquêtes d'un soir. Oliver descendit le restant des marches et se dirigea vers l'estrade où se trouvait son ami. Des femmes lui glissèrent leurs numéros dans sa poche sur son passage.
- Merci à vous tous, cria-t-il en buvant le verre de vodka que lui tendait Tommy. C'est bon d'être là.