L'Archer Vert
Selene se préparait un café tout en tressant ses longs cheveux noirs. Elle portait un jeans slim noir avec un crop top jaune pâle qui montrait un ventre plat et ferme. Elle vit du coin de l’œil, Noham entrer dans la cuisine. Son garde du corps personnel. Depuis la mort de ses parents, quatre ans auparavant, il veillait sur elle. Très séduisant trentenaire, un teint hâlé faisant ressortir ses yeux mordorés. Une silhouette grande et musclée que son costume Armani gris perle avantageait à la perfection.
- Thea doit être heureuse que son grand frère soit de retour, dit-il, en essayant de nouer sa cravate.
- Oui, répondit-elle, simplement.
Elle s'approcha de lui et l'aida. Elle la noua rapidement tout en jetant un œil sur la télévision. Elle prit son café et s'assit sur le tabouret du comptoir, tout en remuant la cuillère dans la tasse. Noham s'installa près d'elle avec son bol de chocolat et ses éternelles céréales.
- Oliver Queen est vivant, répétait inlassablement le journaliste. Originaire de Starling City, le jeune homme, connu pour ses frasques et ses démêlés avec la justice, a été retrouvé par des pêcheur, il y a cinq jours, sur une île au nord de la mer de Chine. Cinq années de disparition suite à un accident en mer qui avait causé la destruction du yacht de la famille Queen, le Queen's Gambit. Oliver Queen est le fils de Robert Queen qui était également à bord du Queen's Gambit et dont le décès a été officiellement annoncé...
Elle éteignit la télé. Cinq jours que les journalistes rabâchaient tous les jours la même chose. Du matin au soir. Sur toutes les chaînes. Sur toutes les stations de radio. Le milliardaire présumé mort depuis cinq ans était bel et bien vivant. Elle était heureuse pour son amie. Elle lui en avait tellement parlé de ce grand frère. Thea n'avait jamais cru qu'Oliver était mort. Selene avait emménagé avec ses parents quelques jours après sa disparition. Ils avaient vécu dans la maison voisine des Queen pendant un an. Puis au décès de ses parents, dans un accident de voiture, elle avait décidé de déménager dans un loft en ville. La demeure familiale lui rappelait beaucoup trop de souvenirs. Elle but son café tout en tapotant des doigts sur le comptoir. Elle vit le journal ouvert devant elle. En première page, une photo d'Oliver avant sa disparition. Beau brun aux yeux bleus acier. Typiquement le genre d'homme qu'elle ne supportait pas. L'arrogance à l'état pur.
Starling City. Sa ville. Oliver la regardait s'étaler devant ses yeux par la fenêtre de sa chambre d'hôpital. Il avait tellement attendu ce jour. Son retour à une vie normale. Pas qu'il voulait reprendre sa vie d'avant. Celle-ci était insignifiante dorénavant. Il n'était plus cet homme. Il ne voulait plus être ce milliardaire imbu de lui-même. Cet homme enchaînant les conneries pour se rendre intéressant. Mais il devrait donner le change pour ne pas éveiller les soupçons auprès de ses proches sur ce qu'il était devenu aujourd'hui. Des bruits de talons aiguilles sur le carrelage du couloir le fit sortir de ses pensées. Ils se dirigeaient vers sa chambre. Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que sa mère et le médecin le regardaient par la vitre de la porte de sa chambre. Il se crispa légèrement.
- Son corps est recouvert à 20 % de tissus cicatriciels suite à des brûlures de second degré sur le dos et les bras. Les radios montrent pas moins de douze fractures qui ne sont pas entièrement guéries, expliqua le docteur à Moïra. J'aimerais que vous vous prépariez. Le Oliver que vous avez perdu n'est peut-être pas celui que vous avez retrouvé. Il a subi énormément de sévices. De tortures. Et Dieu sait quoi d'autre encore.
Elle remercia brièvement le médecin, en entrant dans la chambre, hésitante. Les larmes brillaient dans ses yeux bleus. Son fils lui tournait le dos. Elle voyait à travers la blouse de l'hôpital, les plaies dont lui avaient parlé le médecin précédemment. Elle porta la main à sa bouche pour refouler ses larmes.
- Oliver... dit-elle tout doucement.
Il se retourna. Ses yeux bleus étaient glacials quand il les posa sur sa mère. Il sourit faiblement et son regard s'adoucit un tant soit peu.
- Maman.
- Mon petit garçon, murmura-t-elle entre deux sanglots. Mon beau garçon.
Selene marchait, seule, dans les ruelles des Glades. Ce quartier de Starling City était le plus mal fréquenté. Le repaire de la pauvreté. Le repaire de tous les trafics. Elle s'arrêta devant un immeuble et regarda les fenêtres du dernier étage. Elle monta les marches usées du perron et appuya sur un des boutons de l'interphone. Un grésillement se fit entendre et une voix masculine répondit.
- Je vous ouvre, dit-il.
La porte du hall se déverrouilla dans un bruit strident. Elle la poussa et grimpa deux à deux les marches jusqu'au dernier étage. La porte de l'appartement du fond était entrouverte, elle la poussa légèrement. Une douce odeur d'encens embaumait les lieux. Le logement était spacieux et décoré avec beaucoup de goût. Un homme d'une cinquantaine d'années était accroupi devant une table basse et lui fit signe de s'installer.
- Je suis très heureux de vous revoir, Mademoiselle Brown.
- Le plaisir est partagé, Monsieur Fahim.
Elle prit place, agenouillée, sur le parquet devant la table basse. Elle le regarda verser du thé dans les deux tasses. Il rajouta une cuillerée de sucre dans l'une d'elle avant de la lui tendre. Elle y trempa ses lèvres. Le thé à la fleur d'oranger était un de ses préférés. L'homme la regardait, en souriant.
- J'ai ce que vous vouliez, Mademoiselle Brown.
Il but une gorgée de son breuvage et sortit un paquet de sous son futon. Il le tendit à la jeune fille qui déroula le tissu délicatement. Un katana reposait dans son fourreau. Elle l'ouvrit délicatement et la lame noire apparut. Elle le brandit au-dessus de sa tête et fendit l'air d'un coup sec. Il était aussi léger qu'une plume.
- Il est tout simplement splendide, murmura-t-elle.
Il sortit un deuxième paquet beaucoup plus petit de sa cachette.
- Je vous ai ramené un autre petit cadeau qui devrait, j'en suis sûr, vous plaire.
Il avait toujours cette étincelle de malice au fond de ses yeux verts. Elle ouvrit le paquet et en sortit deux couteaux de lancer gravés. Elle passa un doigt sur les symboles arabes.
- Courage. Droiture, chuchota-t-elle. Merci, Monsieur Fahim. Ils sont magnifiques.
- Merci à vous, Mademoiselle Brown. Sans vous, mon fils Noham serait une âme errante. Le décès de vos parents l'a énormément touché. Vous lui avez redonné une raison de vivre.
- Il m'a également beaucoup apporté. Sans lui, je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui. Il m'a redonné le goût de vivre.
- Vos parents étaient des personnes incroyables. Et, je sens en vous cet esprit de guerrière qui coulait en eux.
- Je vous arrête tout de suite, Monsieur Fahim, je ne suis pas intéressée pour rejoindre les rang de la Ligue des Assassins, dit-elle, en souriant. Je sais que mes parents en faisait partie. Mais, je ne suis pas comme eux. Je veux livrer mes propres batailles.
L'homme, en face d'elle, avait perdu son sourire un bref moment. Il se mit à éclater de rire d'un coup.
- Je vois que vous êtes bien renseignée, jeune fille. Je ne vous cacherais pas ma déception que vous ne souhaitiez pas nous rejoindre. Mais mon fils ne me le pardonnerait jamais si je vous obligeais à faire partie de la Ligue. Sachez toutefois qu'une personne telle que vous à sa place à nos côtés. J'ai vu vos progrès. Vous maîtrisez parfaitement le maniement des armes blanches ainsi que le combat au corps à corps. Noham a fait des merveilles en quatre ans. Je suis pressé de voir ce que vous allez donné en combat réel. Pourrez-vous tuer un homme de sang froid, Mademoiselle Brown ?
- Je ne suis pas pour tuer les gens. Je suis pour la justice. Je veux que toutes les personnes ayant pourri la ville croupissent en prison, Monsieur Fahim.
- Vous n'avez plus besoin de m'appeler ainsi mais Ra's al Ghul.
Par la fenêtre de la voiture, Oliver regardait le manoir Queen se dresser fièrement devant ses yeux. Il était de retour chez lui. Enfin. Au bout de cinq longues années d'absence. Sa mère, assise à côté de lui, avait bavardé tout le long du trajet sans vraiment faire attention au silence de son fils. Elle lui parla de tout et de rien. Des changements qu'il y avait eu depuis sa disparition. Tout le long du trajet, il avait découvert que sa ville avait effectivement bien changé. Mais pas vraiment dans le bon sens. Au final, la seule chose qui était exactement comme dans son souvenir : c'était sa maison. Moïra était déjà sur le perron lorsqu'il sortit enfin de ses pensées. Il respira un grand coup avant de descendre à son tour. Il sortit le peu d'affaires qu'il avait ainsi que sa grosse malle en bois ancien du coffre, à bout de bras. Il gravit les marches rapidement et s'arrêta à son tour sur le perron. Les portes de la maison était grande ouverte. A l'intérieur non plus rien n'avait changé. Le moindre petit détail était présent. Jusqu'à l'odeur des lieux.
- Nous avons laissé ta chambre comme tu l'avais laissé, déclara sa mère. Je n'avais pas le courage d'y pénétrer.
Un homme grand s'avança vers eux, la main tendue, un sourire avenant sur le visage. Oliver sentit Moïra se raidir un peu à son côté.
- Bienvenue Oliver, s'exclama l'homme. Tu ne dois pas te souvenir de moi. Walter Steele. Je suis un ancien ami de ton père.
Oliver lui serra la main. Des pas résonnèrent au premier étage et sa sœur apparut en haut de l'escalier. Ils restèrent un petit moment à se regarder. Elle, au bord des larmes. Lui, tout sourire. Elle descendit les marches en courant et se jeta dans ses bras.
- Tu m'as manqué, grand frère. Je n'ai jamais perdu espoir. Je savais au fond de moi que tu étais toujours vivant.
- Toi aussi tu m'as manqué petite sœur. Tu as toujours été avec moi dans mon cœur à chaque instant.
Selene sortait de l'immeuble lorsqu'elle vit la grosse berline noire s'arrêter devant elle. Une vitre teintée se baissa, laissant apparaître le visage de Noham. Il lui fit signe de monter. Elle s’exécuta sans rien dire. Il se tourna vers elle, les sourcils froncés.
- Pourquoi tu n'en fais toujours qu'à ta tête ? s'exclama-t-il. Je t'avais pourtant dit de m'attendre.
- Personne ne sait qui je suis, Noham. Je ne risque rien.
- Dans les Glades tout ce sait. Tu imagines si quelqu'un apprenait que Selene Brown se promène seule dans les ruelles...
- Je sais me défendre, Noham. Je ne suis plus la petite ado orpheline. On ne parle pas de moi dans les tabloïds. J'ai appris à passer inaperçu.
- Mais tu es toujours une Brown, soupira-t-il. Avec la fortune associée. Ce n'est pas parce que tu vis en ville que tu n'es plus une milliardaire.
- Je devais venir.
Noham démarra la voiture et jeta un œil sur le dernier étage de l'immeuble délabré. Son père se tenait à la fenêtre. Il savait que la conversation était close. Il ne voulait pas que quelque chose arrive à la jeune femme. Il avait perdu assez de personnes dans sa vie. Il savait que son père, le grand Ra's al Ghul, amenait avec lui mort et désespoir. Et il savait qu'il était très intéressé par Selene. Ses parents avaient été des amis proches et avaient fait parti de sa garde rapprochée.
- Il te l'a ramené ta fameuse lame dont tu rêvais, dit-il, en indiquant le fourreau noir.
- Oui et elle est encore plus belle que dans mes rêves les plus fous.
Elle sortit la lame de son fourreau.
- Vraiment magnifique, murmura-t-il. Mon père s'est surpassé cette fois.
- Il est surtout le meilleur pour forger un katana de cette qualité.
- Il est le meilleur dans bien des domaines. Mais ce qui me ferait plaisir c'est que tu te tiennes loin de lui.
- Ne t'inquiète pas. Il ne veut pas m'enrôler dans la ligue.
- Pour le moment. Il attend que tu fasses tes preuves avant. Crois-moi, je le connais par cœur. Il a vu ton potentiel. Tu es bien meilleure que ta mère dans le maniement d'une lame et bien meilleur que ton père dans le corps à corps. Il laissera pas une telle pépite s'échapper.
Elle ne répondit rien. Elle sortit un autre paquet et lui montra les deux couteaux gravés. Il fronça les sourcils.
- Je sais très bien ce qu'ils signifient. Mes parents en avaient aussi. Et toi également. Et cela ne change rien au fait que je ne veuille pas rejoindre la ligue. Je le lui ai expliqué et il a eu l'air de comprendre mes motivations.
Oliver laissa l'eau chaude couler sur son corps. Cinq ans à se laver à l'eau froide. Cinq ans où il avait appris à se passer de ces petits plaisirs du quotidien. Un bon café. Un repas copieux. Sortant de la salle de bains, avec une serviette autour de la taille, il croisa son reflet dans le miroir. L'image renvoyée n'était pas celle que les autres voyaient. Il n'était plus le même. Ce n'était plus le fils à papa pourri gâté jusqu'à la moelle qui était parti cinq ans plus tôt. Les cicatrices qu'ils portaient sur le dos et le torse en attestaient.
- Après cinq ans, tout ce qui m'était familier est maintenant méconnaissable. Cet homme que je vois dans le miroir est un étranger, se disait-il.
Flashback :
Le Queen's Gambit était secoué par des vagues de plus en plus violentes. Le yacht tanguait dans tous les sens. La pluie et le vent empêchaient toute visibilité. Robert regardait le petit moniteur pour voir la progression de la tempête. Ils se trouvaient au centre de l’œil du cyclone.
- Tempête de catégorie 2. Le capitaine recommande que nous fassions demi-tour sur-le-champ, Monsieur Queen.
Robert réfléchissait aux possibilités s'offrant à lui. La pluie s'abattait brutalement sur les vitres. Les vagues étaient de plus en plus virulentes. Son fils sortit de sa cabine en titubant légèrement. Il se tenait aux rampes pour avancer vers son père.
- Nous sommes en danger ? demanda-t-il.
- Seulement l'un de nous, répondit Robert.
Il lui indiqua d'un signe de tête la jeune fille, Sarah, qui était apparu en déshabillé dans le couloir. Lorsqu'elle vit Robert, elle rabattit son peignoir en soie sur son soutien-gorge noir. Oliver se retourna vers elle et lui fit signe de retourner dans la cabine.
- Fiston, je ne sais pas à quel jeu tu joues mais ça va mal se finir. Pour les filles, comme pour toi. Tu es jeune nous faisons tous des bêtises. Je veux seulement te faire comprendre que tu risques de regretter celle-là.
- Je m'amuse c'est tout.
Perdu dans ses pensées, Oliver regardait une photo de lui et de son père lorsqu'il était petit. Il enfilait une chemise lorsque la porte s'ouvrit derrière lui.
- Je te l'avais bien dit que les yachts ça craignaient. Tu m'as manqué mon pote.
Tommy Merlyn. Son ami d'enfance. Son meilleur ami. Celui avec qui il avait fait les quatre cents coups. Celui avec lequel il faisait la une des journaux régulièrement. Deux play-boy. Deux rentiers n'ayant pas besoin de travailler. Leur seule occupation dans la vie était de faire la fête. La fête. Et encore la fête. Et de changer de partenaire sexuelle chaque soir. Une vie de jeunes friqués sans intérêt.
Selene était parti courir. Les écouteurs dans les oreilles, la musique rythmait ses foulées. Elle dépassa un magasin vendant des télévision dont l'une d'elle parlait de nouveau du fait du moment. Elle retira ses écouteurs, en faisant demi-tour.
- Les dernières nouvelles de l'épopée du jeune milliardaire qui est en passe de devenir légendaire. Seul rescapé du Queen's Gambit, il aurait passé cinq ans sur une île déserte avant d'être retrouvé par des pêcheurs. Notre journaliste, Jessica, va nous dévoiler les derniers rebondissements, clama le journaliste à la télévision.
- Effectivement, lors d'une interview que Monsieur Queen a bien voulu nous accorder, il a déclaré être le seul survivant de ce naufrage. Son père, Robert Queen, et Sarah Lance ont perdu la vie. Nous vous rappelons que Sarah Lance était originaire de Starling City et amie intime d'Oliver Queen. Elle laisse sa sœur, Laurel...
Elle remit ses écouteurs et reprit son chemin. Les prostitués la saluèrent sur son passage. Les maquereaux de bas étage essayaient chaque soir d'embaucher ses services en lui disant qu'elle plairait fortement à la clientèle. Elle en doutait sérieusement. Pas qu'elle n'était pas ravissante. Loin de là d'ailleurs. De longs cheveux noirs de jais. Des yeux gris légèrement en amande. Un corps parfait qu'elle entretenait tous les jours. Jogging. Sport de combat. Sur toutes les télévisions qu'elle croisait, les journalistes continuaient de parler d'Oliver Queen. Elle allait faire une overdose de lui avant même de le rencontrer. Elle s'arrêta et revint sur ses pas. A l'écran, une photographie d'Oliver apparaissait. Celle-ci le montrait actuellement. Elle devait s'avouer qu'il était beaucoup plus séduisant aujourd'hui qu'il ne l'était par le passé. Il avait quelque chose de sombre dans le regard. De triste. De profond qui la toucha. Elle ne savait pas ce qu'il avait vécu pendant ces cinq années, mais cela l'avait profondément marqué.
- Tu oublies cet Oliver ce n'est pas un homme pour toi. Il est séduisant donc dangereux.
Pendant tout le repas, Oliver avait écouté d'une oreille distraite Tommy lui raconté les grands événements manqués lors de son absence. Ça allait des vainqueurs du Superbowl au nouveau président. Oliver ne quittait pas des yeux sa mère et Walter qui se trouvait à l'autre bout de la table. Ils riaient d'une tendre complicité qui n'avait pas échappé au jeune homme depuis son retour. Un froid fut jeté à table lorsque Thea voulut en savoir plus sur la vie de son frère sur l'île. Il mit un court instant à répondre. Et le seul mot qui passa ses lèvres fut froid. Juste froid. Rien de plus. Rien de moins. Il vit Walter prendre la main de Moïra dans la sienne qui la retira aussitôt.
- J'ignorais que tu avais couché avec ma mère, Walter.
De nouveau, un froid s'abattit sur la table. Le regard de Moïra se figea sur sa fille qui haussa les épaules. Oliver se leva et appuya ses mains sur le dossier de sa chaise, fusillant sa mère du regard.
- Je pense que nous te devons la vérité. Walter et moi sommes mariés. Je ne veux pas que tu penses que nous ayons fait quoi que se soit d'irrespectueux vis à vis de ton père.
- Je souhaiterais me rendre à l'entreprise dès que possible, déclara-t-il, sans relever les propos de sa mère.
Il ne lâcha pas sa mère du regard tout en quittant la pièce. Il devait assimiler la nouvelle. Sa mère remariée. Avec l'ami de toujours de son père. En passant dans le couloir, il regarda les photos de famille. Il les détailla les une après les autres. Aucune de ce prétendu mariage. Sa mère avait dû tout retirer pour lui présenter une maison inchangée. Une façade. Une apparence trompeuse. Même sa propre maison n'était plus la-même. Elle l'avait leurré.
Flashback :
Sarah était allongée à moitié nue sur le lit, buvant sa coupe de champagne. Elle comptait les secondes entre les éclairs. Trois secondes. L'orage était au-dessus d'eux. Oliver observait la tourmente se déchaîner sur le bateau. Les vagues frappaient durement. Sarah vint se blottir contre lui. Elle était tellement différente de sa sœur aînée, Laurel. Elle était plus exubérante, croquant la vie à pleine dent. L'inverse de sa sœur qui était plus dans la réserve. Limite coincée. Il avait eu l'envie irrépressible d'emmener avec lui Sarah pour ce voyage improvisé. Il n'avait pas regretté, un seul instant, ces moments passés avec la jeune femme si délicieuse. il repensa aux paroles de son père. Comment cela pourrait-il mal se terminer ? Laurel n'apprendrait jamais qu'il avait couché avec sa sœur. Il sentit sa compagne nerveuse.
- Ne t'inquiète pas. On ne risque absolument rien. Ce yacht est le plus sûr du monde.
Au moment où il prononçait ses mots, les coupes sur la table se fracassèrent par terre. Leurs deux corps enlacés chutèrent au sol. Sarah hurlait de terreur. Le yacht était bel et bien en train de couler. Oliver se cramponnait à la table, fixée au plancher. Le bateau s'inclinant de plus en plus, il tentait de retenir la main de la jeune fille qui glissait de la sienne. La coque se brisa. L'eau froide s'infiltra dans la cabine. Oliver vit Sarah disparaître en hurlant son nom. Il eut un instant d'hésitation avant de glisser à sa suite pour la rattraper. Il plongea plusieurs fois parmi les vagues déchaînées. Il cria son prénom dans le cas où elle aurait refait surface un peu plus loin emportée par le courant. Mais en vain. Elle avait disparu, happé vers le fond. Son père l'attrapa par le bras et tenta de le hisser sur le canot. Mais Oliver se débattait. Il devait absolument retrouver Sarah.
- Elle n'est plus là, mon fils. Elle a dû être emporté par le courant. Monte, nous la retrouverons.
Au loin, le Queen Gambit coulait sous leurs yeux. Brisé en deux.
- Oliver... Oliver, réveille toi mon chéri.
Oliver s'était endormi sur le sol devant la fenêtre ouverte. Dehors un orage éclatait. La pluie tombait à verse sur son visage et son corps à moitié dénudé. Sa mère à genoux près de lui le secoua légèrement pour le réveiller. D'un sursaut, il se retourna et la fit tomber au sol. Il appuya le tranchant de sa main sur la gorge de Moïra. Oliver sembla retrouver ses esprits et la lâcha, tout en reculant près de la fenêtre. Elle massa sa gorge endolorie, observant son fils recroquevillé dans un coin de la pièce. Il avait l'air tellement terrorisé.
- Ce n'est rien mon chéri, murmura-t-elle.
Selene se tournait et se retournait dans son lit. Elle avait fait des recherches sur Laurel Lance dont elle avait entendu le nom à la télévision. Ce qui en ressortait c'est que sa sœur, Sarah, était décédée lors du naufrage du bateau et qu'elle était l'ancienne fiancée d'Oliver Queen. Cela n'avait pas dû être évident pour elle, de découvrir l'infidélité de son ex de cette manière. Trompée avec sa propre sœur. Elle avait aussi découvert que Laurel était avocate pour le bureau d'aide juridictionnel et qu'actuellement, elle poursuivait un certain Adam Hunt. Ce qu'elle lut sur lui n'était pas très glorieux. Cet homme avait bâti une vraie fortune sur le dos des pauvres gens. Ce pourri avait lésé des centaines de familles. Les poussant à investir dans sa société fictive. Ils avaient tous fini les uns après les autres à la rue. Elle avait poussé ses recherches jusqu'à tard dans la nuit. Pas étonnant qu'elle n'arrivait pas à dormir. Elle savait contre qui elle allait devoir se battre. Le premier de la liste serait cet Adam Hunt. Elle entendait la pluie éclabousser ses vitres. Le vent grondait sauvagement. Une bonne tempête. Elle se pelotonna sous sa couette, en écoutant les éléments se déchaîner au dehors.
Oliver s'arrêta devant la chambre de sa sœur. Il l'écouta parler avec sa copine de classe, Amber. Il n'aimait pas vraiment le sujet sur lequel portait la conversation entre les deux filles. La drogue. Il ne pouvait pas croire que Thea prenne de la drogue. Il était vraiment parti trop longtemps. Et, il refusait que sa sœur suive ses traces. Elle était meilleure que lui. Il était loin d'être un exemple à suivre. Oliver entra dans la pièce en dévisageant, Amber, qui camoufla dans son dos, le petit sachet contenant la poudre blanche. Il avança tout en tendant un objet à sa sœur.
- Tu as pensé à me ramener un cadeau de ton île déserte. Oli, tu es trop mignon. Tu m'as ramené un caillou ?
- C'est un Hozen. Il représente la reconnexion dans le bouddhisme. Je l'ai gardé tout ce temps pour pouvoir te le donner en espérant me reconnecter à toi un jour.
Tommy conduisait vite sa voiture de sport, sans respecter le code de la route en vigueur. Il s'en fichait complètement des règles. Il avait toujours été au-dessus des lois. Malcolm Merlyn, son père, était un homme extrêmement puissant et craint par ses pairs. Personne n'osait s'opposer à lui. Oliver observait le paysage défilant devant ses yeux. Il avait demandé à son ami de le conduire dans les Glades.
- Il y avait énormément de monde à ton enterrement. Tu ne peux même pas t'imaginer toutes ces femmes en détresse que tu as laissé. Tu te souviens de la mannequin... La rouquine... Et bah... Elle a des penchants assez particuliers. Et bien figure-toi qu'elle est mariée et mère de famille.
Oliver se souvenait parfaitement d'elle. Ils avaient eu une aventure d'un soir. Ce n'était pas le genre de femme avec qui il aurait souhaité fonder une famille un jour. Trop perverse. A l'époque, il était loin d'être un boy-scout. Mais ce genre de déviation sexuelle n'était agréable que pour une seule nuit. Pas plus. Oliver était médusé devant le spectacle que lui offrait le quartier. Nous étions bien loin de la réalité évoquée sur le Web. Des gens vivaient à chaque coin de rue dans des taudis. Ils entassaient des cartons pour se protéger des intempéries et du froid.
- Ce quartier est devenu du grand n'importe quoi. Ton père a vendu son entreprise au bon moment avant que les Glades deviennent un tel concentré de misère humaine.
Oliver se retourna et regarda l'ancienne usine qui s'étendait devant ses yeux. Queen Industry. Il avait des projets pour l'ancienne entreprise de son père. Elle était en piteuse état, seuls les pigeons y avaient élu domicile.
- Je compte bien ramener pleins de femmes à ta soirée de retour.
- Ma quoi ?
- Tu es bel et bien vivant. Une soirée s'impose. Tu me dis où et quand. Je m'occupe du reste. Dis-moi ce qui t'a le plus manqué sur ton île ?
- Laurel.
- Tout le monde est heureux de te voir vivant et toi tu veux voir la seule personne qui ne l'est pas, soupira Tommy.
- Bonjour petit papillon, dit une voix dans son dos.
Selene sourit. Le seul qui l'appelait de cette manière était Tommy Merlin. Ils s'étaient rencontrés à de nombreuses reprises. Tommy la regardait avec son sourire carnassier habituel. Il était persuadé qu'aucune femme ne pouvait lui résister. Il était quand même milliardaire, beau et plein d'humour. Elle allait à beaucoup de soirées. Et beaucoup d'entre elles étaient organisées par Tommy. A la dernière, il lui avait fait des avances qu'elle avait très vite déclinées. Debout face à elle, il l'observait sous toutes les coutures.
- Bonjour, Tommy.
- Nous devrions aller boire un verre tous les deux un de ces soirs, dit-il.
Elle n'eut pas le temps de répondre. Laurel sortit du centre d'aide, larmoyante, et se mit à courir dans la rue. Elle tomba sur Tommy
- J'en étais sûre, hurla-t-elle. Tu vas me faire croire que ce n'est pas toi qui a amené Oliver ici. Comment tu as pu me faire ça ?
Tommy voulut lui prendre la main mais elle se dégagea brutalement, en s'enfuyant.
Oliver sortit, à son tour, et vit Tommy, adossé à la voiture, discutant avec une jeune femme. Il s'était bien douté que Laurel ne lui aurait pas sauté au cou. Et qu'elle n'était pas franchement heureuse de le revoir bel et bien vivant. Mais il devait aller la voir. Il se le devait. Elle n'avait pas du tout changé. Toujours aussi expéditive. Elle ne lui avait même pas laissé le temps de s'excuser. Au moins, il ne s'était pas pris une gifle comme il s'y attendait. Cinq ans n'avait rien altéré à sa beauté. Elle était aussi belle que le jour où il avait pris le bateau. Elle était venu lui dire au revoir sur le quai. Ils avaient échangé un long baiser pendant que Sarah était cachée dans la cabine. Il savait qu'il agissait mal à cette époque et pourtant il l'avait fait quand même. Aujourd'hui, il regrettait toutes ses erreurs du passé. Tout en avançant, il observait la jeune inconnue. Elle n'apparaissait nulle part dans ses souvenirs. Elle salua Tommy et s'éloigna sans un regard en arrière.
- Les retrouvailles n'étaient pas ce qu'elles auraient dû être ? lui demanda-t-il.
- Je ne m'attendais pas à mieux. Qui était-ce ? Je n'ai pas l'impression de la connaître.
- L'insaisissable Selene Brown. Une amie de Thea.
Une camionnette freina dans un grand bruit. Trois hommes masqués en descendirent. Ils portaient des masques avec différentes couleurs. Un bleu, un rouge et un vert. Le bleu tira sur Tommy une fléchette anesthésiante. Il tomba au sol instantanément. Oliver voulut l'esquiver mais elle le toucha à la main. Il tomba à son tour mais ne perdit pas connaissance aussi vite que son ami. Il eut le temps de voir le masque rouge se pencher vers lui. Un homme, chargé d'un énorme sac poubelle, apparut sur l'escalier métallique.
- Qu'est-ce que vous faites ? leur demanda-t-il.
Pour seule réponse, l'homme portant le masque vert le fusilla avec sa mitraillette. Oliver n'avait pas perdu une miette de ce carnage. Il serrait les poings quand il perdit enfin connaissance.
Flashback :
Sur le canot de sauvetage, Oliver, son père et son garde du corps dérivaient toujours. La pluie s'abattait moins durement sur leur petite embarcation. Les vagues avaient également baissé en intensité. La tempête se calmait enfin. Oliver, épuisé, avait hurlé le nom de Sarah sans cesse. Il avait guetté le moindre morceau du yacht qui aurait pu servir de bouée. Mais rien. Aucune trace d'elle. Il vit son père lui tendre une petite bouteille d'eau minérale. Il n'avait pas envie de boire. Il avait envie de se jeter à l'eau et de chercher encore et encore la jeune femme. Il ne pouvait pas se résoudre au fait qu'il soit vivant et qu'elle ne soit plus là. Morte par sa faute. Il n'aurait jamais dû l'inviter. Son père lui toucha l'épaule doucement.
- Bois.
- Monsieur Queen, c'est notre seule bouteille d'eau.
- Justement. Si il y en a un de nous trois qui doit s'en sortir ça sera lui.
Oliver prit la bouteille et but une gorgée.
- Oliver. Mon fils. Je ne suis pas l'homme que tu crois que je suis. Je n'ai pas bâti notre ville. Je l'ai trahi et je ne suis pas le seul à l'avoir fait.