Fiction du Multiverse : Terre-3

           Au moment où l'histoire commence, Olivia King était l'héritière d'une riche famille d'industriels de Starcity. Indépendante, elle avait décidé de partir en voyage à l'autre bout du monde. A peine arrivée surplace, le car dans lequel elle se trouvait avait été détourné.

           Cinq ans s'étaient écoulés là-bas avant qu'elle ait pu rentrer. Cinq ans pendant lesquels elle avait été séquestrée.

           A son arrivée à l'aéroport, les journalistes avaient envahi la piste d'atterrissage. Les questions fusèrent mais un garde du corps l'emmena directement dans une limousine. Un peu méfiante, elle se rassura quand la voiture prit la direction de l'hôpital.

           On lui fit passer un check-up complet et comme elle s'y attendait, il ne fut pas concluant. Elle avait subi de nombreux sévices et tortures. Brûlures, coupures, fractures… Sans compter les blessures psychiques.

           Elle avait compris une chose : elle n'était pas faite pour vivre en ville aux crochets de sa famille riche. Elle l'avait toujours su. Pourtant ces cinq années l'avaient épuisée. Et si les questions de ses parents et des médias l'agaceraient, au moins elle serait posée et presque sereine…

-Comment tu te sens, ma chérie ?

-Bien.

-On va faire en sorte que tu reviennes rapidement à la maison.

           Olivia sourit poliment.

           Dans l'heure, elle était rentrée.

-Tout est resté tel quel.

           Elle alla dans sa chambre et se sentit rassurée. Elle avait toujours revendiqué son indépendance mais après ce qu'elle avait traversé la vision de choses familières et sûres était la bienvenue.

-Nous avons invité les Merlyn à venir diner demain soir.

-D'accord, dit-elle en essayant de se souvenir de sa relation avec eux.

-Tu t'entendais bien avec Thomas, je crois. Il est ravi que tu sois rentrée. Si tu as envie de parler, n'hésite pas, mon cœur.

           Comment leur parler de ce qu'il s'était passé ? Olivia n'était même pas sûre de pouvoir en parler, même un peu.

           Elle dormit d'un sommeil agité, hantée par les coups de feu et les cris de douleur qu'elle avait entendu pendant les cinq dernières années. Elle revoyait le regard effrayé de Thomas Merlyn alors qu'ils étaient à genoux dans le sable avec les autres touristes.

           Certains avaient tenté de s'enfuir mais les terroristes les tuaient d'une balle dans la tête.

-On relâche les femmes, on garde les hommes.

           Thomas n'était pas en état, elle le voyait bien. Elle connaissait depuis qu'ils étaient enfants.

-Je veux rester, dit-elle d'une voix forte. J'échange ma place contre la sienne.

-D'accord ! fit l'autre amusé.

           Elle se réveilla au son de la voix de Thomas qui hurlait son nom tandis que les ravisseurs l'emmenaient au loin.

           Elle se leva et essaya de se calmer : ils étaient tous deux rentrés saufs.

           Olivia descendit dans la salle à manger. Sarah la bonne servait le petit-déjeuner à ses parents.

-Bonjour, Mademoiselle.

-Bonjour, Sarah.

-Nous avons engagé un nouveau chauffeur et garde du corps : John Diggle. Il sera chargé de ta protection.

           Il était inutile de dire qu'elle n'avait pas besoin de protection. Pour ses parents, elle serait toujours une petite fille sans défense.

           Elle déjeuna et nota soudain un silence. Elle s'aperçut alors que son bras gauche était à découvert, révélant plusieurs cicatrices et marques de séquestration. Elle réajusta sa robe de chambre et continua de manger.

           Chose faite, Olivia remonta dans sa chambre et remarqua les photos sur sa coiffeuse. Elle avait été fêtarde, très fêtarde. Thomas Merlyn l'avait à chaque fois accompagnée. Il était sur toutes les photos avec elle. Il éprouvait des sentiments pour elle. Elle reconnut également d'autres visages et se souvint qu'ils avaient été du voyage et avaient été tués.

           Le constat était amer : de leur bande de dix amis partis à l'autre bout du monde, seuls elle et Thomas avaient survécu. Comment survivre à une telle culpabilité ?

-Ma chérie… dit sa mère en approchant comme elle la voyait pleurer.

           Elle l'enlaça.

-Ils sont morts par ma faute… C'est moi qui les ai entraînés dans ce voyage.

-Non, ma chérie, tu n'y es pour rien. Vous vouliez seulement vous amuser… Toute la faute incombe à vos ravisseurs.

           Le soir même, Olivia essaya de choisir une tenue assez couvrante pour masquer ses blessures. Mais l'ancienne Olivia King n'avait quasiment que des tenues affriolantes. Beaucoup de maquillage aussi et de bijoux. Quand elle pensait qu'elle avait passé plusieurs mois dans la même tenue… Comment redevenir celle qu'elle était avant ? C'était impossible. Elle opta pour la tenue la plus couvrante possible et masqua les cicatrices visibles avec du fond de teint qui lui paraissait bien pâle maintenant qu'elle avait connu le soleil. Ce fut le seul maquillage qu'elle porta.

           Les Merlyn, mère et fils, arrivèrent à 19 heures piles.

-Olivia.

           Thomas l'enlaça.

-J'ai cru qu'ils t'avaient tuée.

-J'ai cru mourir aussi.

-Lâche-la un peu, Thomas, dit Mrs Merlyn. Tu nous as manqués, ma belle. Je ne t'avais jamais vue sans maquillage, je crois. La preuve que tu n'en as pas besoin, tu es si belle.

           Pourtant Olivia ne se sentait pas belle, elle se sentait souillée.

-Et si on allait faire un tour demain ? proposa Thomas. Je te montrerai tout ce que tu as loupé…

           Olivia eut un moment d'hésitation puis acquiesça :

-Pourquoi pas ?

-Je passerai te chercher.

           Le lendemain matin, il l'attendait devant sa Porsche flambant neuve. Elle s'assit et il démarra. Après une dizaine de minutes, il s'arrêta dans une ruelle.

-J'ai… imaginé le pire pour toi. J'ai crû qu'ils t'avaient tuée. Pourquoi tu as fait ça ?

-Tu serais mort.

-Tu n'avais aucune certitude de t'en sortir.

-Non. Je l'ai fait parce nous sommes amis.

-Les autres aussi étaient nos amis… mais il n'y a qu'une Olivia.

-Tu as… vu leurs parents ?

-Oui. Je me suis fait lynché. Ils ont trouvé intolérable que je m'en sorte et pas leurs enfants. J'ai culpabilisé, Olivia. J'aurais dû mourir là-bas moi aussi.

-Ne sois pas stupide.

           Il eut un petit rire.

-Là, je sais que tu as vraiment changé... Si nous sommes toujours amis, dis-moi ce qu'il s'est passé.

-Je…

           Une voiture les percuta côté conducteur. Le chauffeur du deuxième véhicule sortit. Olivia le reconnut aussitôt.

-Ra's-al-ghul a un message à vous transmettre, en disant cela il lui donna un rouleau de parchemin.

-Merci. Je reprendrais contact avec le prince.

           L'autre repartit. Elle vérifia que Thomas n'avait pas repris connaissance et lut le message "je tuerais qui tu voudras pour que tu reviennes à mes côtés, à nos côtés". Et il savait qui tuer, elle lui avait tout dit : sa mésentente avec ses parents, sa vie qu'elle trouvait trop clivée…

           Thomas poussa un gémissement et elle rangea le message.

-Ca va ? lui demanda t-elle.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? tu n'as rien ?

-Non, moi ça va… mais toi tu saignes.

           Elle attrapa un mouchoir et essuya la plaie sur son front.

-Ce n'est qu'une égratignure.

           Ils rentrèrent chez les parents d'Olivia.

           Dans sa chambre, celle-ci réfléchit. Est-ce qu'elle pouvait continuer à vivre de cette façon ? Sachant qu'une armée d'assassins pouvait s'en prendre à ses proches à chaque instant ? Et si… elle disparaissait ? Si elle recommençait à zéro sous un autre nom dans une autre ville ? Elle avait juste besoin de nouveaux et faux papiers. Oui, c'était la seule solution. Disparaitre. Le prince ne frapperait pas s'il ne savait pas si elle vivait.

           Olivia mit deux jours à trouver un faussaire pour qu'il fasse de faux papiers d'identité. Elle coupa ses cheveux, revêtit un sweat à capuche et un jean, fit un bagage léger et se dirigea vers la gare routière avec l'intention de partir pour Central city.

-Tous les cars sont annulés, l'informa le guichetier.

-Pourquoi ?

-Il y a eu un accident au laboratoire. Ca fait un mois que c'est comme ça. La foudre a même frappé un mec juste devant à ce qu'il parait.

-Pas très rassurant, c'est sûr…

-Si vous voulez quand même y aller, il y a un train à six heures demain matin.

           Olivia dormit à la gare. Elle commencerait sa nouvelle vie sous le nom de Sandra McCallahan.

          Elle rêva qu'elle se réveillait à Nanda Parbat, la forteresse de Ra's Al Ghul et de sa ligue d'assassins, le corps endolori. L'un des assassins disait à son maître qu'elle avait survécu dans des conditions extrêmement difficiles. On lui faisait prendre un bain et manger. On la laissait se reposer puis on lui annonçait qu'elle avait été pressentie pour être l'épouse de Ra's Al Ghul…

           Elle se réveilla alors qu'il lui semblait sentir la douleur du premier coup que lui avait porté un assassin…