Une Autre Dimension

Chapitre 1 : Eveil

1156 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 6 mois

« Ce n'est pas possible... »

Jayce pouvait encore sentir sa tête tourner, son corps tendu lui faisait mal, ses cheveux en bataille recouvraient son visage trempé de sueur et il semblait que sa poitrine était habitée par un brasier, chaque respiration le faisant souffrir. Les derniers souvenirs qu'il avait étaient le front froid de Viktor contre le sien, l'Arcane tourbillonnant autour de leur corps astral, et puis, une onde de choc qui l'avait propulsé loin, l'arrachant à leur étreinte, et puis plus rien. Le jeune scientifique avait ensuite ouvert les yeux sous les rayons d'un soleil printanier qui se glissait furtivement entre les rideaux d'une pièce qu'il avait reconnu être ses appartements au sein de l'Académie, mais tout paraissait... différent. Jayce ignorait comment il avait survécu, ni pourquoi, et plus encore, il ignorait où il se trouvait, ou du moins, dans quelle dimension il avait atterri cette fois. La dernière fois qu'il avait changé de temporalité, son esprit en avait été brisé et il avait sacrifié une jambe, et son monde, pour en sortir, alors retourner dans ce genre de scénario ne l'enchantait guère, bien que cette version de Piltover semblât tout à fait similaire à celle qu'il avait connue autrefois.

Prenant soin de ne pas trop martyriser son corps endolori, Jayce se redressa de son lit pour constater les dégâts : il était nu comme un vers, et son corps avait gardé les marques de l'Arcane, des taches violettes et luisantes parsemaient son corps, en dehors des nombreuses cicatrices qu'il avait depuis son escapade dans le Piltover apocalyptique, mais en dehors de cela, il paraissait bien vivant, et c'est bien cela qui le taraudait le plus. Comment pouvait-il être en vie, après tout ce qu'il s'était passé, et si lui avait été projeté ici... Où était Viktor ? Aurait-il pu atterrir ici lui aussi ? Où avait-il été transporté ailleurs ? Jayce tenait sa tête entre ses mains, tentant de faire taire ces questions incessantes dont il n'avait aucune réponse, lorsqu'un bruit à l'extérieur le fit se figer sur place. Encore pris dans tous ces évènements, les sens de Jayce étaient en alerte et il pivotait sa tête partout à la recherche de son marteau, mais lui aussi manquait à l'appel. Désarmé, mais prêt à se défendre, Jayce attrapa rapidement des affaires qui semblaient lui appartenir dans un dressing trop bien rangé et s'avançait prudemment vers la porte de ses appartements. Il pouvait entendre des pas venant de l'extérieur, mais il se montrait prudent, alors il se colla à la porte, les sens en alerte, prêt à agir. Un silence suivit, lourd et puissant, puis Jayce ouvrit la porte en fracas, poings devant, prêt à affronter son adversaire... Qui n'était autre que Mel Medarda, la conseillère, qu'il n'avait pas vue depuis les précédents évènements. Celle-ci, surprise par le bruit de la porte, sursauta et lança un regard noir au jeune homme, le dévisageant longuement avant de prendre la parole.


— Monsieur Talis ! ... Je vois que vous êtes debout de bonne heure, c'est appréciable, pour une fois.


Jayce restait pantois, relâchant simplement ses muscles et baissant sa garde, mais il n'osait dire un mot, étonné de voir la jeune femme vivante, toujours propre sur elle, se tenant droite, et l'avait-elle appelé par son nom d'usage ? La Mel de cet univers ne connaissait donc pas Jayce intimement ? Tout ceci ne rajoutait que de la confusion dans l'esprit torturé de l'homme qui portait une main à son front brûlant, se sentant tout d'un coup tourbillonné. La conseillère soupira longuement avant de reprendre sur un ton solennel.


— Je vous prie de ne plus débouler ainsi dans les couloirs de l'Académie, et tâchez de vous reposer, vous avez une mine à faire fuir n'importe qui.


Avant même que Jayce ne puisse s'interposer ni même poser de questions, la jeune femme reprit sa marche dans le long couloir, disparaissant au détour d'une porte en bois, laissant le jeune homme seul en proie à ses questionnements et à son mal de tête. Voir Mel en vie, saine, et surtout, toujours si formelle le déconcertait encore plus, et ce sentiment d'ignorance tendait à le rendre fou. Il fallait qu'il en apprenne plus, qu'il sache où il se trouvait, ce que cet univers avait à lui offrir de bon... comme de mauvais.


« Le laboratoire. »


Jayce n'avait qu'une idée en tête : rejoindre son lieu de travail, là où il pourrait sûrement trouver des réponses, et notamment, peut-être trouverait-il des traces de son partenaire. Il traversait donc lentement les couloirs de l'Académie, sa vision se brouillant parfois à cause de la migraine qui compressait son cerveau, mais il atteignit sans trop de mal son laboratoire, poussant la porte avec effort, pour retrouver une pièce qu'il connaissait par cœur et qui semblait être similaire à celle qu'il connaissait. Jayce avait besoin de repos, c'était indéniable, mais il ne pouvait pas dormir alors qu'il se trouvait dans un monde totalement différent, inconnu et sans Viktor, alors avec quelques efforts, il se mit à fouiller le bureau de fond en comble, consultant les parchemins, observant les schémas dessinés au tableau, feuilletant ses carnets de travail, espérant trouver une réponse. Quelques heures de recherches suffirent pour que le jeune scientifique puisse faire déjà quelques hypothèses : Tous les manuscrits et les schémas étaient faits de sa main, signés, et il pouvait tout de même reconnaitre son écriture ; ensuite, il était évident que le Jayce de cet univers, qu'il avait sûrement remplacé, travaillait sur l'Hextech, mais aucune trace de l'Arcane Sauvage, ce qui rassurait légèrement le jeune homme, qui ne pouvait laisser cet univers être détruit non plus. Mais ce qui l'inquiétait était l'absence de Viktor : aucun écrit, aucune formule, rien n'avait été laissé par son partenaire, ce qui voulait dire qu'ils ne travaillaient pas ensemble dans cette temporalité, voire que Viktor n'existait peut-être pas dans celle-ci, et cette idée terrifiait Jayce, qui ne pouvait pas continuer ainsi seul, sans la présence de son partenaire.

Malgré l'urgence de la situation, le pauvre homme n'en pouvait plus : sa tête semblait peser une tonne et son corps entier le brûlait, il avait le souffle court et, alors qu'il souhaitait atteindre une chaise non loin de là, Jayce sentit son esprit divaguer et ses forces le quitter, jusqu'à ce qu'il s'effondre de tout son poids sur le sol froid de son laboratoire. La dernière chose qu'il semblait pouvoir discerner sous ses yeux vitreux était une paire de bottes pénétrant dans la salle, se dirigeant vers lui, et une voix étouffée criant son nom, mais il n'avait ni la force de répondre, ni de reconnaitre cette voix qui l'appelait.  


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