Would've, Could've, Should've [Arcane]
Une simple pression sur la poignée, et la lumière s'éteint tandis que les ballons éclatent, les uns après les autres. Le grésillement des néons qui s'allument résonne depuis le poste de pilotage, suivi des applaudissements et des cris de la foule.
Lumière.
Explosion.
Couleur.
Cris.
Musique.
Et voilà pour sa grande entrée.
Powder a toujours aimé un bon spectacle, et une bonne pièce commence par une belle entrée en scène. Et ce soir, elle partageait la vedette avec Ekko, son ami d'enfance, son confident, son partenaire.
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Elle avait été perturbée par son récent comportement. Il avait grandi en un homme sérieux et mystérieux, encore plus depuis l'arrivée de son professeur, Heimerdinger, dans sa vie. Mais cette semaine, il était tellement différent. Il parlait d'un rêve où tout était différent, où ils étaient différents. Mais à quel point un rêve peut-il changer le comportement d'une personne ? Après tout, il avait bien essayé de l'assommer avec son matériel, oublié la mort de sa sœur et l'accusé de ce qui lui était arrivé.
Puis il y a eu cette machine qu'ils ont commencé à construire. Powder reconnaissait trop bien les petits fragments bleus qu'il utilisait, mais malgré tout, elle l'aida. Il était animé par une motivation qu'elle n'avait jamais vue chez lui auparavant. Un mélange de peur et d'une pression qui lui écrasait les épaules. Parfois, il lui rappelait Vi, mais qui devait-il protéger ? Et cette machine à remonter le temps qu'ils avaient construite, comment, pourquoi et où avait-il obtenu toutes ces données ?
Elle ne pouvait se sortir de la tête ce sentiment qu'il n'était pas l'Ekko qu'elle connaissait.
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Leurs regards se croisèrent au moment où elle posa le pied sur le plancher du The Last Drop. Elle s'approcha, et il se leva aussitôt. Ses yeux étaient presque illisibles, comme un livre dont elle ne connaissait pas la langue, mais dont elle devinait le contenu. Il était perturbé par elle, par sa présence. Ce n'était jamais arrivé avant. Certes, ils avaient eu des rapprochements au cours de leur jeunesse, des baisers volés et rien de plus. Pourtant, en cet instant, elle aurait juré qu'il ne voyait qu'elle dans cette salle bondée.
La musique les entraîna, il la fit tourner, dansa avec elle et ils rigolèrent. Le temps semblait avoir ralenti rien que pour eux, et leurs cœurs battaient à l'unisson.
Lorsqu'elle le conduisit sur le toit du bar, la chaleur de sa main dans la sienne lui sembla électrique.
"Quel soirée," dit-elle, pour casser le silence qui s'était installé entre eux.
"C'est magnifique," répondit-il, comme s'il voyait ce paysage pour la première fois.
"Où as-tu appris à danser comme ça?"
"Oh," chuchota-t-il, "Je n'ai fais que te suivre."
"Hmm, quel baratineur."
Il rit en se passant la main derrière le cou, avant de baisser la tête, cherchant ses mots.
"Hé. Uh... Je voulais juste te remercier. Pour tout. Je rêvais que les bas-fond puissent être comme ça. Mais quelque part, j'ai été consumé par tout ce qui les détournait de ça. J'avais abandonné. Je t'avais abandonnée."
"Je ne t'ai jamais vu abandonner quoi que ce soit, Ekko." Elle le pensait, mais lui ne semblait pas d'accord avec elle. Il semblait avoir une vision du monde différente de la sienne, et ça la troublait plus qu'elle n'osait le dire.
Elle posa sa tête sur son épaule. Elle voulait le réconforter, lui faire voir qu'il ne l'avait jamais abandonnée, et qu'elle savait qu'il ne le ferait jamais.
"Ca t'arrive de vouloir rester à un instant précis ?"
"Parfois pour aller de l'avant, il faut ... Laisser des choses derrière soi?"
"Je te promets que je ne l'oublierai jamais."
Elle sourit et se redressa, il était proche, et ce regard intense lui réchauffait le sang.
"Tu n'as pas intérêt," répondit-elle.
Ses yeux suivaient le contour de son visage familier, avant de s'attarder sur ses lèvres. Elle se rapprocha, et pendant une seconde, elle pensa qu'il allait la rejoindre dans un baiser, mais avant qu'elle ne puisse comprendre, il se recula et tourna légèrement la tête.
"Désolé, je ..." Il commença, mais elle l'interrompit.
"Non. C'est rien, je ..." Elle expira en tournant la tête. Elle se sentit terriblement stupide d'avoir imaginé qu'il puisse vouloir ce baiser autant qu'elle. Bête d'avoir pensé qu'il commençait à ressentir quelque chose pour elle.
Quelques secondes passèrent et la voix d'Ekko brisa le silence.
"Peut-on faire comme si c'était la première fois ?"
Elle tourna la tête et chercha ses yeux. Elle n'y voyait que du regret, de la tristesse et des non-dits. 'Comme si c'était la première fois ?' Oh, cela pouvait signifier tellement de choses et pourtant, elle ne voulait pas y penser, elle ne voulait penser à rien d'autre que lui. L'homme qui se tenait devant elle.
Doucement, elle leva sa main et passa ses doigts le long de sa joue. Leurs yeux se rencontrèrent une nouvelle fois, et cette fois, il ne se détourna pas. Leurs lèvres se rejoignirent dans une douce caresse. Ce baiser était différent de ceux qu'ils avaient échangés durant leur jeunesse. C'était grisant, comme embrasser un inconnu, mais doux, comme rentrer à la maison. Et lorsqu'il enroula ses bras autour d'elle, elle ne put que ressentir et se laisser enivrer par l'instant présent. Mais cet instant sembla trop court, et lorsqu'il la lâcha, ses yeux bruns semblaient chercher quelque chose dans son regard. Avant qu'elle ne puisse lui demander ce qui n'allait pas, il se releva, s'excusa brièvement et descendit, la laissant seule sur ce toit, perdue dans ses pensées.
Un vent glacé lui caressa le cou, et dans un soupir, elle rentra ses mains dans les poches de la veste que lui avait offerte Vander quelques mois plus tôt. Elle sentit sous ses doigts un papier, et le sortit pour l'examiner. Il s'agissait d'un petit paquet, à peine plus lourd qu'un écrou. Elle l'ouvrit et y découvrit un collier, avec une fleur tournant dans un cerceau. Un sourire lui monta aux lèvres tandis qu'elle fit jouer la fleur, c'est alors qu'elle le sentit.
Un changement. Une distorsion.
Elle l'avait ressenti auparavant, lorsqu'Ekko et Heimerdinger testaient la machine.
Elle savait que quelque chose était en train de se passer.
Lorsqu'elle atteignit l'entrée de sa cache, Ekko se tenait au centre d'une énorme boule blanche, distordue et lumineuse. Elle se précipita dans les escaliers, le bruit de la machine et de la boule était assourdissant. Elle distinguait à peine ce qu'il se passait dans la pièce, et lorsqu'elle arriva au bord de l'hélice, Heimerdinger avait disparu et Ekko se tenait au sol, inconscient. Elle tenta de le relever, mais il ne se réveilla pas, seul le souffle qui sortait de sa bouche lui donna la confirmation qu'il n'était pas mort.
La boule blanche attira une nouvelle fois son attention. Ekko se tenait debout, en son centre. Du moins, quelqu'un qui lui ressemblait trait pour trait, mais habillé différemment. Il portait la machine pour remonter dans le temps.
Et soudain, elle réalisa. C'était lui. Ce changement de comportement, cette obsession de créer la machine. Par un moyen qu'elle ne comprenait pas, un autre Ekko avait pris la place de son ami d'enfance.
Il leva la main vers elle une dernière fois avant de disparaître, dans une distorsion étrange.
À cet instant, son Ekko se réveilla dans ses bras.
"Powder ?"
"Huh ?"
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
Elle ne put répondre parce qu'elle-même n'était pas sûre de ce qui s'était passé. Elle était rassurée qu'il aille bien, mais d'une certaine façon, quelque chose s'était brisé. C'était comme si elle avait perdu quelque chose de précieux. Quelque chose qui avait besoin d'elle.
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Merci d'avoir lu le premier chapitre de cette histoire ! Hâte de continuer cette aventure avec vous, et nous remettre de la fin de la saison 2 d'Arcane !