Mes mémoires

Chapitre 33 : Pardon

2118 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 3 mois

J’étais partie de chez Jacob en même temps que lui lorsqu’il devait aller travailler. Nous avions bu un café ensemble et parlé encore un peu plus pour nous connaître. Cependant, la discussion n’était pas aussi sérieuse que la veille, au contraire, elle se voulait joyeuse. Il m’avait aussi demandé de rentrer pour de bon chez mes parents pour les revoir et revoir aussi Vi même si ça impliquait de sûrement croiser Caitlyn. Je lui avais donc dit que je rentrerais ce soir au plus tard et que je traînerai certainement au lycée de Skook Avenue. L’établissement scolaire de la bleue. Il avait hoché de la tête, mais avant, nous avions échangé nos numéros de téléphone pour nous revoir. Pendant cette journée, j'en profitais pour traîner dans les rues, encore et toujours, au rythme de mes hallucinations visuelles et auditives. Il fallait donc que j’en parle au docteur Donovan. Oui, mais comment ? Je me sentais tellement honteuse d’être soumise à des hallucinations. Pourrait-il me comprendre ? Ne me prendrait-il pas pour une folle à enfermer ? Me prendrait-il seulement pour une camée qui a eu ce qu’elle méritait vu qu’il était au courant ? Non, comme disait ma sœur : c’était un psy, il n’était pas là pour juger, mais pour aider. Si seulement…  


Je n’avais plus confiance en personne désormais, même envers Jacob, il ne me connaissait pas et se rendrait compte bien vite que je n’en valais pas la peine. Bien qu’il dise que c’était un symptôme de la Devil’s tongue je savais que je n’étais rien d’autre qu’un boulet que je voulais qu’on traîne. Que pouvais-je faire aujourd’hui, je savais que Vi serait au lycée de Miss parfaite à partir de quinze heures. C’était toujours ainsi le mardi. J’irai sûrement la rejoindre là bas même si elle était avec sa petite amie. Je les dérangerais, ouais je le savais mais… Pour le coup j’en avais rien à foutre, au contraire, cela me montrerait leur réaction sur le moment. M’en voudrait-elle ? Je ne parle pas de Caitlyn étant donné qu’elle n’avait pas d’attache avec moi.  Mais Vi? Comment m’accueillerait-elle ? Voudrait-elle encore de moi malgré ma fugue ? Et mes parents ? Sortant du supermarché avec un pack de bière dans mon sac, j'allais dans une ruelle près du lycée de la petite amie de ma sœur. Les endroits autour de Skook Avenue était plutôt sûr alors autant me poser en attendant la fin des cours de Caitlyn et l’arrivée de ma sœur. Je savais que pour elle, la louve était toujours en avance. Encore une chose qui me faisait penser qu’elle m’avait abandonné. Preuve en était : avec moi, elle n’avait jamais été à l’heure. Pourquoi avec cette fille, oui ? La réponse était claire comme de l’eau de roche.


Enfin bref, par chance personne ne calculait cette ruelle et je m’asseyais donc sur un cageot pour commencer à boire tranquillement. L’attente allait être longue jusqu’à quinze heures. Par chance, encore une fois, j'avais un petit carnet avec moi et un crayon. Parfait pour passer son temps en dessinant. En regardant l'heure, je constatais qu’il était déjà midi. Hm, le dessin et la bière aidaient apparemment à passer le temps plus vite. Je n’avais pas faim, donc je n’avais pas mangé depuis un moment déjà, mais je commençais à comprendre que c’était certainement à cause de la pilule de merde que j’avais reprise. Mon nouvel ami, si je pouvais l’appeler ainsi, m’avait aidé et condamné à la fois ce soir-là. Je n’aurais jamais dû recommencer la drogue, mais… C’était tellement tentant et d’autant plus lorsque c’était gratuit que je n’avais pas su dire non. Où était la force de volonté que j’avais auparavant ? Je ne savais plus. 


J’eus un flash du sourire de Lizzy et fermais les yeux, frottant ma canette de bière contre mon front en soupirant. Oui, c’était sûrement depuis que je l’avais rencontrée. Comment être tombée dans le panneau alors que je savais que c’était une perverse narcissique à la base ? Peut-être qu’au fond… Je n’étais pas assez forte ? C’est vrai qu’après tout, je n’avais fait que perdre la lumière de jours en jours à cause d’elle. Du moins, c’est ce que je pensais. Il fallait bien que je me rende à l’évidence. Et puis cette drogue était sûrement bien plus dosée dans une pilule que certaines autres. Je rouvrais les yeux à moitié et buvais la fin de ma bière. Zieutant ma feuille de dessin, je m’étais rendue compte qu’elle était dans le même style que celle que j’avais faite en cours. Sombre, bizarrement, ça m’arrivait bien plus lorsque je pensais à cette salope. Je prenais une sucette à cancer de mon paquet presque vide. Merde, il faudrait que j’en achète un autre. En attendant, je sifflais en sortant ladite sucette à cancer. Lorsque je regardai ma main, je vis qu’elle était bleue. Peut-être à cause de la benne à ordure, je ne m’étais pas battue à part avec elle. Je souriais à cette pensée totalement absurde. Enfin, j’allumais mon bâtonnet toxique et commençais à aspirer de la fumée cancérigène, faisant basculer ma tête contre le mur en fermant les yeux.

Par chance, en regardant le ciel, je voyais que le temps était dégagé. Le soleil se faisait timide après l’orage d’hier, mais il faisait déjà un peu mieux et il n’y avait pas une goutte d’eau dans les airs. Un temps parfait pour une fugueuse. Je pouffais. Je savais que j’allais en prendre plein la gueule à mon retour et que personne ne comprendrait pourquoi j’ai fait ça, moi-même, je ne le savais pas entièrement. Quoique… Il ne fallait pas se leurrer, je me le répétais dans la tête encore et encore depuis que j’avais quitté l’appartement de mon père et de ma grande sœur. Il n’en avait plus rien à faire de moi. Mais s’ils m’engueulaient… Peut-être était-ce parce qu’ils tenaient à moi ? Pfff je ne savais pas, je ne savais plus. Encore une fois, Jacob m’avait prévenu que c’était un des symptômes du syndrome du spectre. Merde, j’avais vraiment cette maladie ? Comment on la soignait au juste ? Mon nouvel ami était-il soigné ? Pourquoi n’était-il pas en centre de désintoxication ? Trop de questions sans réponse pour moi, ça me donnait la migraine.


Enchaînant latte sur latte, je me disais qu'accompagner ma clope avec une cinquième bière ne pouvait pas faire de mal, enfin sauf à mon foie, et encore, c'était peu. Je n’étais pas alcoolique, preuve en était que je commençais à être pompette. Je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais déjà bu si vite. Enfin, je crois que j’avais bu vite, non ?  Seulement, je n’eus pas le temps de la finir que je voyais deux garçons, des adolescents aux couleurs de l’école de prestige, tabasser un autre ado à terre, se tenant la tête. C’était un jeune hybride apparemment et mon sang ne fit qu’un tour. Oui, ils étaient deux, oui, il y en avait un plus costaud que l’autre, mais non, je ne laisserai pas l’agressé se faire rouer de coups sans rien dire. Je courais dans leur direction et les appelais sous le joli pseudonyme « d’enfoirés », ce qui ne leur avait pas plu, étant donné qu’il avait lâché l’autre ado pour se ruer vers moi. Je savais me battre, mais… J’étais une fille, ils étaient si lâches que ça ? Je donnais bon nombre de coups, j’en prenais aussi, jusqu’à me retrouver à terre. Et c’était à mon tour d’être sauvée par une voix que je connaissais. Mais ! Il était partout ? Étions-nous réellement voués à devenir amis tous les deux ? Bizarrement, face à un homme et plus grand, les deux adolescents détalèrent comme des sprinters.


« Jinx mais sérieux! Pourquoi je te retrouve toujours avec des emmerdes?! » dit Jacob sur le ton du reproche.


Je pouffais et soulevais le haut de mon corps en utilisant mes mains. Il soupira.


« Laisse-moi t’aider… » 


Il me prit délicatement par le poignet et entourait son bras autour de ma taille.


« T’es presque aussi doux que mon petit ami… »


« Bah ton petit ami doit être inquiet, alors dis-moi où j’dois t’accompagner et où sont tes affaires. »


Je montrais mes affaires à côté du cageot. Le chemin n’était pas long, pourtant cela me parut durer une éternité. J’avais l'impression que j’allais m’évanouir tellement mes côtes me faisaient souffrir. J’aurais voulu dire à Jacob de faire attention, mais je savais qu’il le faisait déjà. Une fois au niveau du cageot, il m’y assit et je me mordais la lèvre inférieure. Malheureusement, pile à l’endroit où elle était ouverte, je gémis doucement.


« Bon, faut qu’on bouge, je t’amène à l’hosto! »


« Non, attends! Il est quelle heure ? »


« Deux heures cinquante-trois, pourquoi ? »


« Cherche bien, dans cinq minutes, y’aura une hybride louve au pelage rouge et avec une veste en cuir rouge qui va arriver. C’est ma sœur, elle s’appelle Vi, dis-lui de v’nir, elle me raccompagnera. »


Je vis Jacob partir, à l’affût, me tenant le flanc, j'entendis ensuite sa voix et ma sœur rétorquer un « ouais, tu veux quoi ». Vi en puissance. Seulement, lorsque je le vis montrer du doigt la ruelle, je la vis accourir vers moi, me caressant le visage tendrement, je lui souriais alors qu’elle se retournait vers Jacob.


« T’es qui toi? Pourquoi ma sœur est comme ça!? »


« Euh… J’m’appelle Jacob, j’suis un de ses amis… Elle s’est faite agresser parce qu’elle voulait protéger un hybride. »


« Ouais ça m'étonne pas d’elle. Bordel Jinx! On était mort d’inquiétude ! Ça fait une semaine qu’on te cherche!»


Elle me serra fort dans ses bras tout en disant ça. Devais-je la croire ? Je vis ensuite Jacob au-dessus de son épaule.


« J’te rappelle Jinx! Et arrête de te foutre dans la merde comme ça! »


C’était à Vi de se retourner et d’un ton chaleureux, comme elle le faisait peu avec des personnes qu’elle ne connaissait pas, elle prit la parole.


« Je sais pas c’que t’as fait et même si tu me la ramènes amochée… Merci de t’être occupé d’elle… »


J’entendis ensuite à ses pas qu’il partait, puis j’entendis des talons claqués. Merde, l’autre Miss Parfaite à tous les coups ! Et je n’avais pas tort, c’était bien elle, sauf que sa voix était, tout comme Vi, inquiète. Elle mit sa main devant sa bouche.


« Jinx! Comment tu t’es retrouvée comme ça!? T’es enfin là! »


Nan, mais je rêvais où elle faisait semblant d’en avoir quelque chose à foutre de moi ?


« Oh ça va Mi… »  commençai-je à grogner.


« Ptite sœur, elle m’a aidé à te chercher, on était tous morts d’inquiétude, j’te dis! » 


Ah…


« J’appelle un taxi! Hosto, Vander ou Angelina? »


« Angelina, elle bosse pas aujourd’hui. » Sur ces mots, le taxi fut appelé et nous allions chez ma mère pour me soigner. 


Une fois le taxi arrivé, nous grimpions toutes les trois dedans, le chauffeur nous regardant d’un drôle d’œil alors que Vi lui faisait un regard assassin.


« Putain ptite sœur refait jamais ça! J’suis désolée si je t’ai paru distante… Je voulais pas, mais je savais pas que t’avais autant besoin de moi… C’est la première fois que j’ai ce genre de lien familial… J’peux pas encore répondre à toutes tes attentes, j’sais, mais dis-moi clairement quand tu ressens quelque chose de si important. Que t’en aies carrément des idées de fugue!»



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