Mes mémoires

Chapitre 25 : Perte

1414 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 4 mois


C’était une journée sans cours pour moi et j’avais décidé de la passer avec ma sœur. Nous avions décidé de nous entraîner et de nous défouler par la même occasion à la salle. Et ça tombait bien que je la voyais aujourd’hui. En effet, il s'était passé une petite semaine et demie depuis notre rencontre avec Caitlyn Kiramman. J’avais bien vu qu’elle était différente depuis quelques jours. Il fallait que j’en aie le cœur net, alors je comptais bien la prendre entre quatre yeux pour lui demander.

  

Enfin arrivée, je fumais une cigarette devant la salle, elle était en retard… comme toujours. Cependant, je n’arrivais pas à lui en vouloir, c’était ma sœur après tout. Et je ne savais pas si c’était parce que j’avais trouvé une sœur de sang, moi qui en voulais tellement une, ou si c’était simplement puisqu'elle était chère à mon cœur. Qu'importe, à la fin de ma clope, je la vis arriver.


« C’est parti ? » me demanda-t-elle.


« Je t’attendais… » dis-je avec un sourire en coin, lui faisant indirectement une gentille réflexion.

  

Nous allions donc à l’intérieur et nous changions. Aujourd'hui, on allait surtout bosser les bras. Alors, pour commencer, rien de bien folichon. Des haltères et quelques dips pour finir par le sac de frappe après une bonne heure. C’était généralement ce que l’on faisait lorsqu'on s’entraînait. Mais cette fois, j'allais poser quelques questions à Vi. Ainsi, pendant que je lui tenais le sac, je pris la parole d’un ton détendu.


« Tu sais, ma sœur… Tu peux m’le dire si t’as flashé sur quelqu’un… »

  

Vi ne répondait pas et continuait de frapper. Alors, elle ne semblait pas vouloir me l’avouer ? Il fallait que je sois un peu plus cash ?


« J’veux dire… Je sais que tu as craqué pour Cait au moment où tu l’as vue. »

 

Cette fois, mes paroles firent mouche, mais je ne m’attendais pas à sa réaction qui fut de se prendre le sac de frappe dans la tête. Cela me fit sourire et je repensai à une situation qui nous était arrivée quelques mois plus tôt.


« Pourquoi tu dis ça ? » demanda-t-elle sur la défensive.


« Allez! Prends pas ce ton avec moi, tu me fais pas peur… T’as flashé sur Caitlyn avoue? » répondis-je d’un air calme en la regardant dans les yeux.


« Ouais! J’ai le béguin… Et alors ça change quoi? »


« Le béguin? Tu rigoles ou quoi? C’est un coup de foudre là! » ricanai-je.

  

La conversation dura encore quelques minutes, apprenant que le passé amoureux de ma soeur n’était pas inexistant, mais pas très cool, donc j’avais décidé d’y mettre fin. Nous récupérions nos affaires sur les bancs et allions vers les vestiaires pour prendre une douche et nous habiller en tenue de ville. Il était encore tôt et nous devions rejoindre Claggor et Ekko au parc pour y manger. On allait manger gras après du sport, ouais ouais. Une fois nos sandwichs et nos boissons en mains, nous nous dirigions en direction du Quidom. Comme prévu, ils nous attendaient sous le grand chêne centenaire où nous avions l'habitude de squatter. Cependant, cela me faisait toujours autant bizarre de ne plus voir Mylo avec nous. Enfin installée avec eux trois et ayant dit bonjour, je m’asseyais en tailleur, prenant la parole.


« Les gens… Mylo vous manque pas ? Genre… Quand on est ici ? »


Tout le monde soupira et Claggor prit la parole, sûrement pour tous.


« Ouais… Il faudrait aller le voir. Histoire qu’il ne pense pas qu’on l’oublie!


« Le week end prochain? » demanda Ekko.

 

« Ça marche, on garde ce créneau avec Jinx. On part sur samedi? » s’enquit Vi.


« Ça me va!»


  

Ekko hocha la tête tout simplement. Nous mangions tranquillement en parlant d’un peu tout et rien. J’aurais aimé leur parler de mes… Hallucinations? Si j’avais vraiment l’impression d’entendre des voix, il semblait qu'ils ne les entendaient pas. Devenais-je folle? Certainement. Devais-je en parler à monsieur Donovan ? Sûrement. Allais-je le faire ? Probablement pas… Et cela me faisait soupirer, même depuis que je ne prenais plus de pilules, les hallucinations avaient disparu. Je ne devais pas retomber dans cela…


« Qu’est c’qui s’passe p’tite sœur ? »

  

Dit ma sœur en avalant son morceau de bouffe. Je sortais de mes pensées.

 

« Rien… Je… Je pense à My’, j’espère que ça s’arrange pour lui. »

 

Et en quelque sorte, cela n’était pas un mensonge, je pensais réellement à lui, c’était juste que mon état mental me préoccupait lui aussi. Silco arriverait-il à me soigner ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais bon. Je ne pouvais m’en remettre qu’à lui, bien que j’avais mon entourage pour m’aider, après tout, c'était lui le spécialiste. Bref ! J'essayais de ne plus y penser pour ne pas me gâcher le reste de la journée qui passait bien vite d’ailleurs. Et sans que nous nous en rendions compte, la nuit était tombée et la fraîcheur était réapparue. 


C’était en ayant des frissons que je m’en rendais compte et j’en informais les autres qui acquiescèrent. Nous avions froid tous les quatre et il était temps de rentrer chacun chez soi. Nous nous étions séparés et, ma clope au bec, je me mettais de la musique dans les oreilles. Ah la musique… Mon échappatoire à bien des choses. Elle me faisait passer le temps plus vite, m’empêchait de trop sombrer. Sombrer? Oui. Je n’étais plus la même depuis que j’avais rencontré Lizzy. Il ne fallait plus se leurrer. Une partie de moi-même s’était éteinte : à peine avais-je atterri chez elle. Et malgré mes "briquets", je n’arrivais plus à la rallumer. La mèche avait disparu, totalement. Peut-être pourrait-on m’offrir une nouvelle bougie ? Je n’en savais encore rien.

 

Étant rentrée chez moi, je déposais mes affaires près de la porte et vis ma mère à la fenêtre en train de fumer. Je la rejoignais donc avec une clope que j’allumais près d’elle. Que pouvais-je lui dire ? Je n’en savais rien. J’avais juste besoin de rester avec quelqu’un. Je ne voulais pas… Avoir cette impression d’être dans le noir malgré la lumière allumée. Elle ne me faisait plus grand effet, j’avais même l’impression de la voir de moins en moins. J’expirais la fumée de mes poumons en cachant un soupir dû à mes pensées noires. Non. Encore ? Et pour la première fois depuis des semaines, je repensais à me refaire du mal. Que ce soit par la drogue ou encore les scarifications. Juste pour m’évader ? Non ! J’étais plus forte, j’étais bien plus forte que ça pour ne pas commencer à me détruire ainsi. Seulement, parfois, les prises du gouffre dans lequel je tombais ressemblaient plus à des lames qu'à autre chose alors… Je ne les attrapais pas. Voilà une chose qui avait du sens, enfin, c'était ce que je pensais du moins.

 

 « À quoi penses-tu, ma fille ? » demanda ma mère en me regardant.

 

Mes yeux étaient perdus au loin, je ne pouvais ni ne voulais me confronter au regard de ma mère.


« Tu penses qu’il faut ingérer beaucoup de devil’s tongue pour devenir accro? » pensais-je à voix haute.


« Tu as envie d’en reprendre ? » questionna-t-elle.


« Non…» dis-je platement.


La question de ma mère était faite sur un ton d’inquiétude, mais je ne pouvais pas lui répondre. Pour la simple et bonne raison que je n’en savais rien. Je jetai ma clope consumée par la fenêtre et commençais à partir dans ma chambre alors que ma mère m’implorait de revenir en disant mon prénom. Quant à moi, j’étais dos à elle et haussais les épaules.


« J’en sais rien… Je vais dormir. »


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