La langue du monde

-...ça.

-Mais... Pourquoi ? Pourquoi Aylin était-elle là-bas ?

-Je ne sais pas.

Aylin ouvrit faiblement les yeux. Elle se trouvait dans un petit lit. En tournant la tête elle aperçu deux hommes assis sur des chaises en bois. Tout deux portaient des capes vertes. L'un était jeune, blond, avait un suricate perché sur l'épaule et le visage de quelqu'un de gentil, même si en ce moment elle exprimait surtout de l'inquiétude. James. En reconnaissant son frère, elle murmura:

-James ...?

Les deux hommes se tournèrent vers elle. James se leva et s'approcha d'elle, à la fois soulagé et inquiet. 

-Aylin ! Tu es réveillée... 

La jeune fille essaya de se redresser, mais une douleur intense dans le dos l'immobilisa. 

-Aïe ! grimaça-t-elle. 

Le deuxième homme se pencha vers elle. Ses cheveux noirs commençait à grisailler à certains endroits, mais il gardait le regard d'un homme encore assez jeune. Elle le reconnu, c'était Adrien, son mentor. 

-Fais attention. Ta blessure est encore fragile.

Sa blessure ?

Et soudain les souvenirs remontèrent à la surface. Le sang sur le sol, l'homme au hérisson et la lame qui courrait vers elle. Elle éprouva une profonde vague de tristesse et d'injustice à la pensée du cadavre dans sa mare de sang, et surtout, qu'elle n'ait pas fini comme lui. Elle aurait du y passer elle aussi, mais pour une raison qu'elle ignorait, elle se trouvait ici en compagnie de son frère et de son mentor. C'était à n'y rien comprendre. 

Mais surtout...

-Maya ! s'agita-t-elle. Où est-elle ?

James lui lança un regard surpris.

-Maya ? Qu'est-ce qu'elle fait dans cette histoire ?

La jeune fille, paniquée, essaya à nouveau de se lever, sans autres succès qu'une douleur cuisante qui lui coupa le souffle.

-Elle... Elle était là-bas ! C'est pour ça que j'y... AÏE !!!

-Aylin ! Reste calme ! Tu ne dois pas forcer, tu es encore fragile.

Fragile... Elle détestait être fragile. Pourquoi ne pouvaient-ils pas comprendre que sa soeur était en danger, si ce n'est déjà morte...?

-James !

Le jeune homme tourna sa tête vers elle.

-Oui ? dit-il calmement.

-Maya. Elle y était aussi. Alors j'y suis allée pour la chercher. Mais...

Avant qu'elle n'ai pu terminer de parler, James l'interrompit.

-Maya n'a pas quitté son lit de la nuit.

Il la regardait maintenant avec inquiétude, comme s'il avait peur que sa soeur ne soit devenue folle.

-Mais, non ! Elle était là-b... Attend. Comment tu sais qu'elle est restée dans son lit ? Tu dis ça juste pour me rassurer, en vrai tu n'en sais rien ! Tu ne peux le savoir puisqu'elle était à la ferme ! Tu es un menteur ! Et un...

Mais de quoi pouvait-elle qualifier l'homme d'autre ? En jetant un regard noir à son frère, elle remarqua qu'il souriait.

-POURQUOI TU SOURIS ? EN FAIT, TU TE FICHE DE CE QUI POURRAIS LUI ARRIVER, HEIN ! ELLE EST TA SOEUR, MAIS TU T'EN FOUS PAS MAL, N'EST-CE PAS ?! JE TE DÉTESTE, JAMES ! JE TE DÉTESTE !

-Vas-y défoule-toi sur moi. Ça ne me dérange pas. Par contre, sache que si je sourit c'est parce qu'ils sont arrivés hier.

Les propos de son frère la troublèrent au plus au point.

-De... Qui est arrivé hier ?

Il eu un nouveau sourire.

-La famille, évidemment, qui d'autre ?