Un squelette dans le placard

Le 31 octobre était une date très spéciale. C’était le jour préféré de Jack’O, et pas seulement parce que c’était son anniversaire, non ! On célébrait Halloween, et il ne raterait ça pour rien au monde ! Levé du bon pied, il se préparait pour être le plus effrayant possible, à commencer par enfiler sa citrouille masquant son visage.

Observant son reflet dans le grand miroir de son entrée, il se dit alors qu’il manquait quelques rehauts à son « teint ». Il se hâta d’ôter son masque, et prit ses pinceaux et sa peinture ; quelques traits par-ci, quelques traits par-là, et voilà que l’orange était le plus flamboyant et le plus horrifique des orange qui existent !

Ah ! Quel plaisir de voir ce jour tant attendu enfin arriver !

L’heure de son décollage approchait à grands pas. Attrapant son sac contenant tous les bonbons qu’il distribuerait, il se dirigea vers le placard d’entrée de sa demeure. Tirant la porte, voulant attraper sa fidèle cape qui le protégerait du froid nocturne, il sentit une résistance de sa part. Le bout de tissu ne venait pas, refusait de se libérer de son ceintre.

Il tira doucement ; peut-être s’était-il pris dans un autre vêtement ? Mais encore une fois, une force s’opposait à la sienne. Comme si quelque chose l’avait agrippé et le retenait. Comme si quelqu’un serrait dans sa main le vêtement, et voulait le garder pour lui.

« Mais enfin ! grogna-t-il en serrant les doigts autour de l’épais tissu, tirant de plus belle. Qu’est-ce qui bloque ?! »

Il ramena d’un coup sec sa cape vers lui, et l’opposition céda… pour mieux lui retomber dessus !

Un squelette lui tomba dessus. Littéralement. Il se retrouva enseveli sous une montagne d’os, du plus bel ivoire qu’il existe ! Il manqua de hurler, surpris par ce squelette caché dans le placard, et ne put s’empêcher de tomber sur son séant.

Jack’O était un petit malin, doublé d’un farceur. Si bien qu’il s’était lui-même piégé l’an passé, en dissimulant ce squelette factice dans le placard qu’il n’utilisait que pour ranger sa cape d’Halloween, et d’autres vêtements qu’il n’utilisait plus, mais qu’il gardait là tout de même.

Quel petit diable faisait-il ! Mais le fou rire qui le saisit fut tant agréable que l’effroi de l’instant fut complètement oublié, et pardonné à son lui du passé.

Bien. Il était temps de partir.

Il boutonna la cape autour de son cou, et vérifia une dernière fois qu’il avait bien les bonbons, ainsi que son billet d’avion, et quitta les lieux en fermant la porte de sa maison à double tour.

Le trajet jusqu’à l’aéroport était rapide, et le vol en hydravion l’était aussi. Le décollage et l’amerrissage étaient si doux qu’on eût cru qu’il ne se passait rien. Et voilà qu’il débarquait sur l’île Panorama, où il passerait sa soirée à échanger des bonbons avec les habitants.

« Bonsoir à tous ! s’exclama-t-il en arrivant sur la place de la mairie. Et joyeux Halloween ! »

La cloche sonna dix-sept heures. La distribution de bonbons pouvait commencer.

Octobre touchait à sa fin, se terminait en une formidable soirée d’échange et de partage – et parfois, un peu d’effroi ! – où les sourires animaient chaque visage.

Demain était un autre jour, un autre mois. Jack’O sourit toute le long des festivités, jusqu’à la conclusion de l’ultime chapitre de cette formidable et délicieuse histoire.