[Nathaniel] Premier amour...
Le réveil sonne, il est 7h. Un nouveau jour dans cette vie monotone commence et je suis fatiguée avant même de me lever… Je baille à m’en décrocher la mâchoire et me cache sous ma couette quand j’entends les pas lourds de ma mère dans l’escalier ; comme d’habitude, elle entre sans frapper…
-Lève-toi Alezia, tu ne voudrais pas être en retard pour ta rentrée dans ce nouveau lycée ! dit-elle en ouvrant grand les volets et la fenêtre, laissant l’air glacé de septembre s’engouffrer.
-Je me moque de ce nouveau lycée, ça sera la même chose qu’à l’autre de toute façon : des cours à mourir d’ennui et des élèves bêtes comme leurs pieds ! je ne veux pas y aller, laisse-moi dormir Man….dis-je en m’enroulant de plus belle dans chaleur de ma couette.
Sans même se soucier de mon plaidoyer, elle tire sur la couette en laissant le froid assassin dévorer mes orteils nus : comme toujours, elle a gagné.Je sors du lit et m’habille en hâte : jean, basket, t-shirt et sweat à capuche, ce n’est pas sexy mais ça à le mérite de protéger du froid et c’est confortable. J’ai besoin d’un peu de confort pour affronter cette journée qui s’annonce moche au possible. Je balance ma trousse et un cahier dans mon sac, m’attache les cheveux en un chignon brouillon et jette un regard dans le miroir : pathétique, c’est tout ce qu’il me faut pour passer inaperçu, je suis prête.
Je dévale en speed les escaliers, attrape au vol le sandwich à la confiture que me lance ma mère et m’élance en courant vers le lycée : puisque je dois y aller, autant éviter d’arriver en retard je ne tiens pas à me faire remarquer.
J’arrive devant la grille du Lycée : Sweet amoris… drôle de nom pour un lycée, dommage que je n’ai pas pris le temps d’inspecter les lieux, je n’aime pas l’inconnu. J’entre et suis la masse compacte des étudiants vers ce qui semble être l’entrée du bâtiment principale. Un élève à qui j’ai demandé mon chemin m’indique le bureau de la directrice, je frappe à la porte.
-Entrez ! Une voix hargneuse, la journée de rêve continue…
God Save The Queen ! Pensais-je en croisant le regard d’une femme âgée, le chignon gris cendré et un welsh corgi sur les genoux.
-Et bien, au moins vous êtes ponctuelle ! Voici votre dossier, vous y trouverez votre emploi du temps ainsi qu’un plan de l’établissement. Allez à la salle des délégués, demandez Nathaniel ou Mélody, Tout deux seront vos compagnons de classe et l’un d’entre eux devrait se dévouer pour vous servir de guide, allez maintenant ! J’ai du travail !
Je sors du bureau le nez dans la paperasse, plongé dans le dossier j’avance sans vraiment faire attention et percute violement quelqu’un :
- Tu ne pourrais pas Faire attention ! Hey ! Mais regardez moi ça les filles, un nouveau thon vient de faire son apparition dans le lycée !
Je lève les yeux de mon dossier pour tomber face à face avec une fille blonde qui aurait pu être splendide si son expression dédaigneuse ne venait pas gâcher la beauté de son visage. Elle me dévisage de haut en bas, lève un sourcil délicatement dessiné comme si son examen lui déplaisait puis m’arrache mon dossier pour le jeter dans la fontaine à eau. Je reste immobile, sans un mot, je sais qu’il n’y a rien de pire que de riposter face aux brutes et j’ai raison puisqu’elle passe en me bousculant suivie de ses deux compères ricanant comme des hyènes…Comme je le pressentais, rien n’a changé, je viens à peine d’arriver et les brimades commencent déjà. En plus de ça, je n’ai plus rien pour me repérer dans ce foutu lycée. Heureusement, la salle des délégués était toute proche, j’entrebâille la porte et voie un garçon et une fille discuter. Ils semblent assez proches et s’écartent vivement l’un de l’autre en rougissant, l’air gênés.
-Excusez-moi, je ne voulais pas déranger, je recherche Nathaniel ou Mélody, on m’a dit que je pourrais les trouver ici…
-Tu les a en face de toi, me répond le garçon, je suis Nathaniel et voici Mélody. Toi tu dois être Alezia, la nouvelle, non ?
Je me sens un peu gênée de les avoir interrompus…
-Oui c’est bien moi. J’ai perdu les documents que l’on m’a donnés et la directrice m’a dit de m’adresser à vous pour trouver un guide. J’aurais aussi besoin d’une copie de l’emploi du temps si c’est possible….
-Tu as déjà tout perdu ?me demande Mélody. Son expression laissant clairement entendre que je suis la dernière des crétines ou que je ne dis pas tout, et elle n’a pas tord….
-J’ai été bousculée dans le couloir et j’ai perdue les feuilles…. (Ce n’est pas vraiment un mensonge n’est-ce-pas ?)
-Je t’accompagnerais aujourd’hui si tu veux, j’ai finis de ranger mes documents, et tu pourras recopier mon emploi du temps à la pause, mais là nous devrions aller en cours si nous ne voulons pas être en retard…
Nous nous somme dirigés ensemble vers la salle de classe. Tout les deux semblaient gênés d’avoir été surpris mais je détendais vite l’atmosphère en parlant de tout et de rien, en tachant le plus possible d’en apprendre sur le lycée. Le reste de la matinée s’est plutôt bien passée malgré cette accrochage avec cette fille, les professeurs semblent impliqués dans leur travail et aimer leur métier.
-Jamais un cours d’histoire ne m’avait autant passionné auparavant, Mme Stor sait redonner une seconde vie aux rois du passée, je me serais presque vue en train de chevaucher en compagnie de Clovis 1er !
Nous marchions Nathaniel et moi en direction du réfectoire pour la pause de midi, Ce lycée est beaucoup plus grand que je ne l’imaginais au premiers abord.
-C’est vrai que cette femme sait comment captiver son public. Je vais devoir te laisser devant le réfectoire, j’ai des documents à remplir à la salle des délégués et je mangerais là-bas.
-Tiens !
Il me tend quelques feuilles de papiers et un agenda.
-Ce sont des choses qui pourraient t’être utiles : liste des différents clubs, planning des corvées du mois en cours et mon agenda pour que tu recopie notre emploi du temps. Je te ferais une photocopie du plan de l’école pendant ma pause et je te l’échangerais contre mon agenda au cours de physique de tout à l’heure. Ca ira ?
-Ce sera parfait. Merci beaucoup pour ton aide Nathaniel, je ne voudrais pas t’embêter plus longtemps. Lui dis-je avec un grand sourire, il est tellement serviable que je ne voudrais pas abuser, d’autant plus qu’il a l’air d’avoir énormément de choses à faire.
-Ca ne m’embête pas du tout, à plus tard Alezia !
Le voilà partit, il avance dans le couloir a contre courant de la foule des élèves avec une aisance impressionnante ! Je me serais retrouvé les fesses par terre à plus d’une reprise à sa place d’autant plus que ma petite taille n’aide pas vraiment.
Je dois avouer que je suis un peu admirative, il semble tellement sure de lui, tellement adulte en quelque sorte. Si seulement je pouvais avoir son assurance…..Enfin bon, pas la peine de m’apitoyer sur moi-même, voyons ce que vaut ce self… Je pousse la porte et entre dans une grande salle ou des tables rondes sont disposés, séparées par de jolies jardinières à treillages fleuries ce qui donne une certaine intimité à chaque tablées. Le self en lui-même ne semble pas très différent des autres, mais le choix est assez conséquent.Pressée par la foule des élèves affamées, je suis le mouvement, prends un plateau et me choisie une crudité en entré, de l’hachis Parmentier avec de la salade vert et une salade de fruit en dessert puis je me dirige vers les tables. Un peu hésitante, cherchant du regard une place libre, je finie par apercevoir une jeune fille me faire un signe discret. Si ma mémoire est bonne, elle s’appelle Violette et elle se trouve dans la même classe que moi. Je me dirige donc vers elle et prends la place libre à côté.
-Tu…tu n’avais pas l’air de savoir où aller alors….comme on est dans la même classe…je me suis dit…
Cette fille semble très timide, elle a de posé près de sa chaise un porte document assez grand comme ceux qui servent à transporter des dessins. Ses yeux sont un peu fuyants comme si elle n’osait pas fixer clairement un point mais elle est plutôt mignonne et semble très gentille, je pourrais peut-être enfin me faire une amie...
-Je te remercie beaucoup, c’est vrai que je ne savais pas trop où me mettre et j’aurais finie par me faire renverser par quelqu’un à rester plantée là comme ça au milieu du passage. Je m’appelle Alezia.
-Moi c’est Violette. Ce…ce n’est pas très courant comme prénom Alézia… Dit-elle en rougissant, probablement troublée par tant d’audace à mon égard.
-En effet, ce n’est pas très courant. Mon père avait trouvé ce prénom dans un livre qu’il adorait. Tu me diras, Violette non plus n’est pas un prénom très répandu…
-Mes parents aiment les fleurs, ils sont botanistes. Tiens voilà Iris, c’est ma sœur jumelle, tu as du la voir, elle est en cours avec nous…
Une jeune fille au visage avenant, une longue tresse rousse sur le côté, s’avançait vers nous en faisant de grands gestes.
-Bien jouer Violette ! Tu as réussie à mettre la main sur la nouvelle ! Moi c’est Iris ! Enchantée et bienvenue à Sweet Amoris !
Elle prit place en face de moi, un grand sourire éclairant son visage, Violette à mes cotés rougissait de plus belle, grignotant comme une souris un petit bout de pain.Le déjeuner se déroula dans la bonne humeur, Iris et sa sœur me semblaient très sympathiques, à tel point que je leur racontais ma mésaventure de la matinée.
- Ne t’inquiètes pas, Ambre est comme ça avec tout le monde. Elle se croit tellement intéressante que c’est à peine si la terre est digne de la porter. Me dit Iris
-C’est une peste… Marmonna Violette… On a du mal à croire qu’elle et Nathaniel soit frère et sœur, ils sont tellement différents….
Ce ne sont pas les seuls à être différents alors qu’ils sont de la même famille pensais-je en regardant mes deux nouvelles amies.
-En parlant de Nathaniel, je dois recopier quelque chose sur son agenda et lui rendre. Vous ne connaitriez pas un endroit sympa pour que je m’en occupe ?
-Il y a la serre du club de jardinage… C’est plutôt tranquille… suggéra Violette
-Allons-y !décréta Iris, on pourra continuer de discuter tranquillement.
Nous avons donc quittées le réfectoire pour nous diriger vers la serre. Un endroit vraiment charmant, une sorte de mini-jardin botanique bien aménagé avec des bancs dispersés à gauche et à droite. Nous avons pris position sur l’un d’entre eux et j’ai pu recopier tranquillement l’agenda de Nathaniel en parlant de tout et de rien avec Iris pendant que Violette sortait son carnet à croquis et esquissait les contours délicats d’un magnifique camélia.
J’aperçue Nathaniel devant la salle de classe et je le rejoignais pour lui rendre son agenda, laissant Iris et Violette s’installer côte à côte pour les travaux pratiques. Tout le monde semblait avoir déjà trouvé son binôme (y compris Nathaniel qui s’était installé à côté de Melody) pour l’exercice du jour sauf un garçon assis nonchalamment au fond de la salle, les pieds posés sur la table et la chaise basculée légèrement en arrière. Ses cheveux rouges et son air arrogant ne m’inspirent pas vraiment confiance, mais je n’ai pas vraiment le choix alors je pose mes affaires à côté des siennes et m’installe en évitant le plus possible de le déranger. Il semble me fixer avec insistance, mais je l’ignore royalement. J’ai appris à faire comme si rien au monde ne pouvait m’impressionner, même si en réalité son regard me fait trembler d’effroi.
Le professeur inscrit l’expérience au tableau. Nous avons une heure pour la reproduire et obtenir le résultat escompté. Chaque binôme se verra attribué une note à la fin de l’exercice. C’est bien ma vaine… Castiel, si mes souvenirs sont bon concernant les ragots d’Iris, ne semble pas le moins du monde intéressé par le cours. Il continue de me dévisager, voir même de me jauger, pendant que j’installe les instruments de mesures. Il finit par laisser ses pieds descendre de la table puis, alors que je branchais un appareil, ce penche ver s moi et me murmure à l’oreille :
-t’a pas intérêt de te louper ma belle, je te conseil de nous avoir une bonne note ou ça finira mal pour toi…
Immobile, j’attends qu’il reprenne sa place pour continuer les exercices. Une sueur froide coule le long de mon dos, des images que j’aurais préférée oublier envahissent ma tête. La Peur est trop forte… Je prends une grande inspiration et souffle doucement pour me calmer les nerfs… Tout ira bien, je dois juste réussir l’expérience sans faire d’erreur et il me laissera tranquille…
Mes mains tremblent pendant toute la durée de l’exercice, mais j’ai tenue bon. Je suis plutôt bonne élève en général et un exercice comme ça ne me pose aucun problème. Alors que je m’acharnais à tout faire fonctionner, Castiel faisait semblant de prendre des notes, gribouillant sur une feuille des partitions de musique. Je le laissais dans son coin, bien décidée à avoir la meilleure note possible et à ne pas l’irriter davantage.
Objectif réussi : 19/20 la meilleur note de la classe, à l’approche du professeur de physique/chimie, Castiel avait planqué ses partitions sous son livre de physique et faisait semblant de s’intéresser à l’expérience et c’est avec un sourcil relevé signifiant bien qu’il n’était pas dupe que le professeur nous a donné cette note. J’attends avec impatience la fin de la correction pour m’enfuir le plus vite possible loin de ce sale type. J’ouvre la porte de mon casier pour y ranger mes affaires, le front appuyé sur la porte, je reprends peu à peu mes esprits. Lorsque je me retourne, Nathaniel est derrière moi, il me fixe des yeux intensément. Je ne m’étais pas rendue compte que nos casiers respectifs étaient côte à côte.
-Tout va bien Alezia ? Je devrais te conduire à l’infirmerie, tu n’a pas l’air bien, tu es toute pale…
-Non ça vas je te remercie, c’est la rentrée qui me stresse à chaque fois, pas de soucis….
Les mensonges coulent de mes lèvres comme l’eau sort d’une bouteille….
-Très bien. Si tu as le moindre problème, vient me voir, les délégués sont faits pour ça après tout.
Un léger sourire sur ces lèvres et le voilà repartit vers sa paperasse. Le soir est réservé aux activités extra scolaire mais comme je n’en ai pas encore choisie, je vais rentrer chez moi, cette journée m’a exténuée…. Je me retourne et m’apprête à refermer la porte de mon casier quand celle-ci se referme d’elle-même violement. Je me retourne en sursautant pour me retrouver face à face avec Castiel, son eternel sourire sadique sur les lèvres, les deux mains posés de part et d’autre de mon visage.
Je recommence à trembler, j’ai l’impression d’être la biche face au chasseur qui pointe vers elle un fusil…
-On dirait que je suis tombé sur une perle rare aujourd’hui, bien joué ma belle….
Sa voie a beau être douce comme une caresse et ses gestes sans équivoque sensuels, je suis terrifiée.
-J’ai fait ce que tu m’as demandé Castiel, laisse moi tranquille s’il te plait…
Ma voie est ferme, mais je sens les larmes monter….
-Certainement pas, je vais pas te laisser me filer entre les doigts comme ça, tu t’assoiras à côté de moi maintenant, tu continueras à faire les exercices pour nous deux et tu me feras mes devoirs en t’assurant que les profs ne sachent pas que je les tiens de toi, en échange de quoi, je te laisserai tranquille.
Il tourna le regard vers le côté un instant, moi j’étais trop apeurée pour le quitter des yeux.
-Une dernière chose !
Il se penche vers moi et me murmure à l’oreille :
-Laisse tes cheveux détachés, j’aime les filles aux cheveux longs….