Lupa

Chapitre 5 : Puttana

Chapitre final

5297 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/07/2021 19:34

L’air frais du Montana s’infiltrait à travers les poils de la louve de Zaira. Contrairement à ce qu’elle aurait pu penser, cela ne lui déplaisait pas particulièrement. Elle était habituée aux fortes chaleurs de l’Italie, au soleil qui imprégnait tous les pores de sa peau et aux odeurs de fleurs. Le Montana sentait la neige, la pluie, le sapin et plus particulièrement les club-mousses, qui composaient la majeure partie de leur flore. Il lui avait fallut quelques minutes pour s’habituer à courir et bondir avec de la neige sous les pattes. Ses griffes lui permettaient une meilleure adhérence, mais la neige fondait sous ses coussinets, les rendant plus glissants, et ainsi ses mouvements moins précis qu’ils l’étaient généralement.


             La maison de Charles était particulièrement bien placée pour un loup-garou, ce qu’elle savait être intentionnel. Rien avec Charles n’était laissé au hasard. Des sapins entouraient sa résidence et ils n’avaient pas besoin de trottiner bien loin pour se trouver au plein centre d’une forêt. C’était donc là qu’ils étaient partis chasser. Ce n’était pas une nécessité, tous deux se nourrissaient de nourriture humaine, et lorsque celle-ci était ingérée en grande quantité, cela leur suffisait. Mais ils étaient tous deux tendus, même s’ils n’en parlaient pas. Zaira tout comme Charles était parfaitement consciente que quelque chose n’allait pas. Jamais de toute sa longue, très longue existence elle n’avait eu de tels comportements, et pourtant il lui était arrivé plein de choses, et pas que des jolies. Ils savaient tous les deux ce qu’il se passait, mais aucun d’eux ne souhaitait poser des mots dessus à voix haute. Si cela devenait réel, il n’existait aucune autre issue pour Zaira que la mort. Alors, dans l’optique de se détendre un peu, ils avaient décidé d’aller chasser.


             Laisser la louve prendre le dessus et profiter de l’extasie que procurait la chasse faisait beaucoup de bien à Zaira. Elle huma l’air frais autour d’elle à la recherche d’une proie. Charles était à une cinquantaine de mètres d’elle, un peu plus loin. Son loup la regardait, attendant qu’elle mène la danse, prêt à la suivre. Comme s’il la surveillait, pensa-t-elle. Elle n’y prêta pas plus attention et se concentra à nouveau sur ce que sa truffe lui apprenait. Il y avait un ruisseau d’eau douce à trois kilomètres de là où ils se tenaient, une meute de loups sauvages dans les montagnes à quinze kilomètres derrière elle et trois cerfs qui se désaltéraient au bord du ruisseau. Elle aurait préféré flairer un lynx, ou bien un bison, mais se contenta du cerf et parti en chasse, le loup imposant de Charles sur ses traces. Sous sa forme humaine Zaira n’était pas fan de la viande de cerf, contrairement à Charles. Elle préférait le porc, et surtout le bœuf, bien saignant, voire bleu. Mais l’odeur alléchante pour la louve lui apprit que sous forme de loup, elle l’apprécierait. Lorsqu’elle chassait parfois en Sicile, elle mangeait plutôt des renards ou bien des belettes. Elle parti donc à pleine vitesse en direction du ruisseau et ralenti lorsqu’elle les avait dans son viseur. Il y avait deux cerfs adultes et un qui était de plus petite taille, mais ses bois avaient déjà poussé. Toujours en hauteur dans la forêt qui dominait la rivière, elle avança doucement en faisant attention à ne pas trop faire craquer la neige sous son poids quand Charles grogna doucement pour qu’elle seule l’entende. Elle tourna la gueule vers lui, il lui montrait les dents. Elle conclu qu’il était excité de la chasse, et était lui aussi prêt à les attaquer. Elle lui sourit et bondit sans plus de cérémonie. Elle contrôla son atterrissage et tomba sur le plus gros cerf des trois la gueule grande ouverte. Elle eut à peine le temps de lui mordre l’épaule que le cerf se releva sur ses pattes arrière et l’envoya voler à l’opposé de lui à l’aide de ses pattes avant. Elle s’écroula dans la neige, un peu sonnée quand elle vit soudain un spectacle radicalement différent.


             L’immense loup roux qu’était Charles se lança au combat contre un ours, un ours qui saignait à l’épaule. Elle comprit alors que les trois cerfs qu’elle avait vus étaient en réalité des ours, dont un petit. Charles tournait lentement autour de l’ours qu’elle avait attaqué en grognant. L’ours blessé se tenait sur ses pattes arrière et grondait en sa direction. Soudain, il couru droit sur Charles qui le griffa sur la côte droite. L’ours eu le temps de lui donner un violent coup de patte qui envoya Charles un peu plus loin. Se rendant compte de la gravité de la situation et reprenant doucement ses esprits, Zaira rejoignit le combat et tourna autour de l’ours à une distance respectable accompagnée de Charles qui s’était remit en position. L’autre ours s’était éloigné avec le petit, le protégeant des prédateurs qu’ils étaient. Zaira décida de faire diversion et attira l’ours vers elle en se plaçant face à lui, il commença à la poursuivre rapidement alors que Charles sauta sur son dos et mordit sa gorge. L’ours se releva sur ses pattes arrière mais Charles ne lâcha pas sa prise, pendant dans son dos. Il lui donna des coups de griffe et l’animal s’écroula dans la neige qui ne tarda pas à devenir rouge. Charles courut vers Zaira, lui grogna dessus et la mordilla à l’épaule pour lui faire comprendre qu’il n’était pas content d’elle, puis il lui montra le chemin du retour et ils rentrèrent chez lui.



-         Qu’est-ce qu’il t’a pris d’attaquer des ours ?! demanda-t-il une fois qu’ils avaient tous deux retrouvé leur apparence humaine.


Zaira se mit à pleurer, ce qu’il n’attendait pas de sa part. Elle s’assit sur le canapé, nue et démunie. Il la rejoignit, s’inquiétant de l’avoir blessée en lui criant dessus. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait.


-         Je ne… je ne voyais pas des ours, finit-elle par dire alors que les larmes coulaient toujours sur ses joues.


Charles comprit instantanément. Sa respiration se bloqua quelques secondes d’appréhension avant qu’il ne trouve le courage de lui demander avec une voix bien plus douce :


-         Que voyais-tu ?


Elle le regarda dans les yeux. Ses magnifiques yeux bruns étaient embués de larmes, ses sourcils étaient froncés et le bout de son nez était rosé. Charles et Frère Loup détestèrent cette vue.


-         Des cerfs, lui apprit-elle. Je voyais des cerfs. Je les sentais aussi, ajouta-t-elle avant de pleurer de plus belle.


Les histoires sur les très vieux loups qui perdaient la tête étaient nombreuses, songea Charles. Beaucoup avaient tué des innocents dans des moments d’absence, certains avaient terrassé des villages entiers, d’autres avaient même tué leur propre famille. Bran avait donc une politique très stricte à ce sujet : lorsqu’un loup commençait à perdre la tête, il fallait le tuer. Charles savait que son père avait raison d’ailleurs, c’était la meilleure chose à faire pour le loup en question, et pour toute personne qui croisait son chemin lors des crises. Oui, beaucoup d’innocents avaient souffert de loups qui déraillaient. Mais maintenant qu’il y pensait, il n’avait jamais entendu parler de loup qui tentait de se tuer eux-mêmes dans ces moments de folie. C’était là le principe même du loup : il était un prédateur, mais il n’était pas une proie. Les loups qui perdaient la tête étaient des dangers pour les autres, ainsi que pour eux-mêmes dans le sens où ils ne pouvaient pas vivre avec la culpabilité d’avoir tué des innocents, ou pire des personnes qui leur étaient proches. Charles comprit alors que quelque chose n’allait pas. La louve à l’intérieur de Zaira était dotée d’un instinct de survie surdéveloppé. Il était plus qu’étrange que cette louve ne saute pas à la surface lors des épisodes de Zaira où elle avait failli mettre fin à ses propres jours. Et tenter de s’attaquer à trois ours rentrait dans la catégorie d’une tentative de suicide.


-         Quelque chose ne colle pas, finit par dire Charles doucement, toujours en train de réfléchir.


Zaira acquiesça alors qu’elle continuait à pleurer.


-         Je perds la tête, chuchota-t-elle entre deux sanglots.

-         Non, trancha Charles sèchement.


Il se leva du canapé sous le regard confus de Zaira et commença à arpenter la pièce, puis il s’arrêta nettement en la fixant. Il se dirigea dans sa cuisine et sorti un couteau aiguisé d’un de ses tiroirs.


-         Donne-moi ton bras, dit-il toujours dans ses pensées.

-         Charles, qu’est-ce que tu fais ? demanda Zaira qui avait cessé de pleurer, ne comprenant pas ce à quoi il pensait.

-         Les loups qui perdent la tête s’attaquent aux autres. C’est pourquoi ils ont besoin que quelqu’un d’autre les tuent, ils ne peuvent pas se suicider, leur loup l’interdit. Le loup a un instinct de survie inébranlable, et qui ne répond à aucune raison. Les conditions externes ne comptent pas, un loup ne peut tout simplement pas mettre fin à ses jours seuls, expliqua-t-il.

-         Et alors ? demanda-t-elle toujours confuse.

-         Alors à chaque fois c’est ta propre vie que tu mettais en danger. D’abord tu as failli te laisser percuter par un camion, puis tu étais prête à te tirer une balle, et enfin tu t’attaque à un ours entouré de sa famille en voyant des cerfs. Tu essayes de te suicider, conclu Charles.


Zaira sembla comprendre où il voulait en venir puisqu’elle lui tendit son poignet. Charles lui fit une petite coupure et renifla intensément le sang qui en coulait. Zaira y prêta attention aussi avant de déclarer :


-         Je ne sens rien.

-         Moi si, dit Charles gravement. C’est subtil, mais je le sens. De la magie noire.


Charles se leva alors que la plaie de Zaira se refermait déjà. Il posa le couteau sur la table et grogna avant de dire avec une voix qui appartenait à Frère Loup :


-         Je vais le tuer.

-         Qui ? demanda Zaira qui ne pleurait plus du tout.

-         Wulfe ! s’exclama le loup.


Zaira se leva à son tour et s’approcha de Charles. Elle réfléchissait elle-aussi, mais Charles savait. Tout cela avait commencé le soir-même de la visite du vampire, et il était également un sorcier doublé d’un magicien. Cela signifiait qu’il pouvait exercer sa magie à la fois sur les êtres vivants – comme un sorcier – et sur les objets inanimés – comme un magicien.


-         Non, dit Zaira en pleine réflexion. Wulfe ne me ferait pas de mal. Pas comme ça, se corrigea-t-elle.

-         Wulfe est un malade, dit Charles plutôt justement. Te jeter un maléfice signifie que tu seras obligée de retourner le voir pour qu’il l’annule. Et c’est tout ce qu’il veut, dit Charles en grognant.

-         Je te dis qu’il ne ferait pas ça, insista Zaira en croyant réellement ce qu’elle disait. Il ne prendrait pas le risque que je me blesse.


Charles songea qu’elle marquait là un point. Ce n’était pas n’importe quel sort, c’était un sort destiné à ce qu’elle se tue, et Wulfe ne lui ferait pas cela. Il avait réagi trop vite et avait laissé la rage le gagner, et obstruer ses pensées. Il prit une profonde inspiration et se força à réfléchir. Le jour où tout avait commencé Wulfe avait débarqué, mais avant cela ils avaient rendu visite au sorcier loup qui transformait les enfants. Charles songea qu’étant donné qu’ils l’avaient tué, ce ne pouvait être lui le responsable, sa magie serait morte avec lui.


-         Andrea, annonça Charles d’un ton grave.


Zaira leva vers lui des yeux enragés, et intéressés.


-         Je croyais que c’était une sorcière grise ? dit-elle avec insolence, elle, elle avait bien senti que ce n’était pas le cas et Charles ne l’avait pas écoutée.

-         C’est ce que je croyais, mais tu avais raison. Je ne sais pas comment elle a pu nous le cacher, la magie noire empeste, et j’y suis sensible.

-         De la même façon que nous ne l’avons pas senti sur mon corps j’imagine, répondit Zaira. Pourquoi ferait-elle ça ?

-         Je ne sais pas, dit Charles sans dévoiler toute la vérité. Les sorcières sont toutes folles, continua-t-il. J’ai été idiot de coucher avec elle. Elle a du décider que je lui appartenais, d’une façon ou d’une autre, et n’a pas dû apprécier de te rencontrer.


Charles parti dans leur chambre s’habiller, ce qui fit également Zaira sur ses traces.


-         Nous devons prévenir mon père avant de partir.



Le Marrok vivait à 10 minutes de course de chez Charles. Ils étaient partis immédiatement après s’être habillés, ils seraient à Chicago dans l’après-midi, si tenté que quelqu’un leur prête une voiture. Zaira avait pris le Beretta mais Charles avait tendu la main lorsqu’elle l’avait saisi, et elle avait consenti à le lui confier. Elle était soulagée de savoir qu’elle ne perdait pas la tête et qu’elle n’allait pas devoir être exécutée de sitôt. De plus, elle se frottait déjà les mains à l’idée de tuer la sorcière qui avait couché avec son compagnon.


Bran les avaient accueillis rapidement, il était en train de déjeuner avec sa femme, Leah. Charles avait dit à Zaira qu’il ne l’aimait pas beaucoup, c’était une femme désagréable et colérique qui se faisait un plaisir de rabaisser tout le monde à la moindre occasion. Mais le loup de Bran l’avait choisie.


-         Que nous vaut ce plaisir ? avait demandé le Marrok à son fils.


Charles lui avait expliqué toute l’histoire. Les épisodes de folie ainsi que leur théorie sur la sorcière soi-disant grise à qui ils allaient rendre une petite visite.


-         Et si ta louve était tout simplement folle ? avait questionné Leah.

-         Elle ne l’est pas, avait grogné Charles.

-         Non, en effet, avait conclu Bran. Si elle l’était, elle se serait attaquée aux autres, pas à elle-même, tu as bien évalué la situation Charles.


Bran leur avait prêté une des voitures de la meute jusqu’à ce qu’ils s’en achètent une nouvelle, et ils étaient partis rapidement après avoir exposé les faits à l’Alpha de la meute.


             Ils n’avaient que quelques heures de route jusqu’à Chicago, aussi furent-ils rapidement arrivés devant la charmante maison d’Andrea Robertson. Enragé, Charles sorti rapidement de la voiture et frappa violemment à la porte de la sorcière. Celle-ci les fit patienter quelques secondes avant d’ouvrir la porte avec un immense sourire sur le visage.


-         Oh, je vois, dit la belle rousse en voyant leurs deux visages colériques.


Avant qu’elle ne leur propose d’entrer Charles la poussa à l’intérieur de la maison et la claqua une fois que sa compagne fut également entrée à l’intérieur. La sorcière n’avait pas perdu son sourire.


-         Je te conseille d’annuler ton sort tout de suite si tu ne veux pas mourir maintenant, lui dit Charles avec la voix de Frère Loup.

-         Ce ne serait pas drôle si je faisais ça, mon chéri, répondit Andrea que Charles avait poussé sur son propre canapé.


Elle était excitée, constata Zaira. La louve à l’intérieur d’elle gronda.


-         Une sorcière grise, n’est-ce pas ? Quand as-tu commencé la magie noire ? questionna Zaira qui voulait savoir depuis quand son compagnon avait été berné.


La sorcière lui sourit. Elle prit le temps de croiser les jambes élégamment alors que Charles et Zaira se tenaient droit devant elle. Elle ne semblait pas intimidée du tout. 


-         Il y a environ une quatre-vingtaine d’années, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Peu après avoir goûté à ton corps en fait, dit-elle à Charles avec des yeux excités. Je n’ai plus jamais passé une nuit aussi agréable de ma vie…

-         La sorcière noire dont tu nous as parlé, c’était un mensonge ? demanda Charles en ignorant ses insinuations.

-         Non, il y en a bien eu une. Mais je l’ai tuée, dit-elle simplement. Elle s’est aventurée sur un terrain qui ne lui appartenait pas, et en voulait un bout. Cet endroit a bien assez d’une sorcière noire, et c’est moi.

-         Tu disais qu’il fallait être folle pour être une sorcière noire seule à Chicago, rappela Charles sévèrement.


Andrea lui sourit à pleines dents et retroussa les épaules comme si elle était une petite fille qui avait fait une bêtise. Elle était folle, constata Zaira.


-         Oops, dit-elle amusée.

-         Pourquoi avoir jeté un sort à ma compagne ? avait continué Charles.


La sorcière regarda la louve et soupira.


-         Je m’ennuyais, et puis tu es arrivé, dit-elle à Charles. Je me suis souvenu de notre nuit dès que je t’ai vu, et j’en voulais plus. Tu es un homme de pouvoir Charles Cornick, les femmes aiment ça. Mais elle était là, et elle ne me plaisait pas beaucoup. Je suis une vieille femme, et malgré tous mes efforts, ça commence à se voir. Et te voilà sur le bas de ma porte avec une italienne qui a l’air d’avoir une petite vingtaine d’années, le genre de femme pour lequel les hommes se damneraient. Je me suis senti insultée, dit-elle avec une petite voix enfantine.

-         Ce n’est pas un jeu, avait coupé sèchement Charles. Annule le maléfice, ordonna-t-il.

-         Tu ne comprends pas mon chéri. M’immiscer dans la tête de ta louve m’a rendu plus forte à chaque fois. Plus à même de la contrôler. Et si je l’ai à disposition, je pourrais récupérer de son pouvoir. Et de sa beauté, ajouta-t-elle en regardant Zaira avec des yeux affamés. C’est un sacré numéro, celle-ci. Je n’ai jamais vu de louve aussi dominante. Puissante, chuchota-t-elle excitée par le pouvoir.

-         Tu vas mourir, puttana, cracha Zaira.


Elle sauta en direction de la sorcière qui leva une main vers elle, immobilisant Zaira immédiatement. Elle était consciente, et voyait la main de la sorcière face à son visage, mais ne pouvait rien bouger dans son corps. Puis elle senti soudain son corps commencer à Changer contre sa volonté. C’était l’œuvre de la sorcière. Bientôt, elle se rendit compte qu’elle ne contrôlait plus son propre esprit. Elle appartenait à la sorcière. En quelques minutes très douloureuses, Zaira se retrouva sous forme de louve.


-         Maintenant nous allons rigoler, dit la sorcière. Tue-le.


Zaira retroussa les babines et grogna sur Charles qui reculait doucement en fixant Zaira. Il faisait attention à ne pas la regarder dans les yeux. Zaira sauta sur lui et le renversa par terre, grognant à quelques millimètres de son visage. De la bave coulait sur lui. Charles lui parlait, mais Zaira n’entendait rien, rien d’autre que « tue-le » en boucle dans sa tête. Elle ouvrit la gueule et s’apprêtait à le croquer quand il la repoussa fortement, mais pas violemment. Il pu néanmoins se relever. Il était appuyé sur ses jambes fléchies, prêt à contre attaquer. Zaira lui tourna autour en grognant, cherchant le meilleur angle pour l’attaquer et être certaine qu’il mourrait. Elle bondit à nouveau et il la repoussa au vol, mais elle eut l’opportunité de lui mordre l’avant-bras. Elle s’ébroua et recommença à chercher un angle d’attaque. Elle pouvait sentir l’odeur de la peur que son adversaire essayait de lui cacher. Cela l’excitait. Elle bondit une nouvelle fois et lui mordit violemment l’épaule. Il laissa un hurlement lui échapper alors que Zaira ne lâchait pas sa prise, enfonçant ses crocs plus profondément dans la peau juteuse de son adversaire. Il se laissa tomber sur le dos et c’est elle qui rencontra le sol. Elle couina du choc et se retourna rapidement alors que l’homme lui saisissait le museau et le tenait fortement fermé. Elle grogna entre ses dents alors qu’elle bougeait dans tous les sens pour se dégager de sa prise, et lui envoya un violent coup de griffe dans son épaule qui saignait déjà. Il lâcha sa gueule mais se releva encore plus rapidement qu’elle. Elle grogna à nouveau, tourna autour de lui un quart de seconde et bondit sur lui avec sa pleine puissance, mais il l’attendait. Il l’envoya valser avec une force surhumaine contre un mur et elle ne pût se relever immédiatement. Doucement, elle remit son épaule en place et son adversaire saisit cette chance pour sauter sur Andrea, qui profitait du spectacle depuis son canapé. Il lui sauta à la gorge et commença à l’étrangler, elle se releva donc et planta ses crocs dans sa jambe, le tirant avec force en sa direction. Elle le traîna jusqu’à l’opposé de la pièce et claqua ses mâchoires alors qu’elle sauta au niveau de son visage. Une nouvelle fois il la repoussa en l’envoyant valser encore plus fortement contre le mur. Elle entendit ensuite trois coups de feu puis elle perdit connaissance.


             Lorsqu’elle ouvrit les yeux à nouveau, elle était nue, humaine, son dos était particulièrement douloureux et elle était toujours sur le sol de la sorcière. Elle leva les yeux vers son homme qui se tenait accroupi face à elle, l’épaule et la jambe ensanglantée. Elle rampa vers lui et s’excusa platement. Elle leva les yeux un peu plus haut et vit la sorcière sur son canapé, le visage explosé de trois balles. Les peintures abstraites bleutées qui ornaient les murs nacrés de sa maison avaient pris une tout autre teinte. Elle sourit à cette vue et saisit le visage de Charles pour l’embrasser langoureusement.


-         Et maintenant, dit ce dernier à bout de souffle alors que son sang dégoulinait sur le sol, tu vas m’épouser.






Un avant-goût du tome 2 (oui, je n’ai pas pu m’en empêcher…) :

             Zaira se réveilla alors que le soleil perçait à travers la fenêtre de leur chambre. Elle adorait cela, se réveiller avec la lumière douce du soleil brûlant. Elle s’étira doucement dans le lit et se tourna vers son compagnon. Il la regardait déjà.


-         Bonjour, chuchota-t-il à son intention.

-         Bonjour, lui rendit-elle langoureusement.


Elle roula jusqu’à se retrouver allongée sur lui et l’embrassa tendrement.


-         Qu’avons-nous de prévu aujourd’hui ? lui demanda-t-elle.


Charles était en charge de la comptabilité de la meute de son père, le Marrok, mais il était également son exécuteur. Zaira attendait leur prochaine mission avec impatience. Elle aimait ce métier bien plus que lui. Lui, il ne le supportait pas.


-         Eh bien, chuchota-t-il alors qu’il laissait ses mains caresser les fesses nues de sa compagne, c’est aujourd’hui que tu choisis ta robe.


Les loups ne se mariaient pas comme les chrétiens. Il n’y avait pas d’église, pas de robe blanche et pas de diamant non plus. Généralement, cela se limitait à une cérémonie avec la meute, un serment de sang, et le tour était joué après un petit feu de camp. Zaira avait refusé que son mariage se passe ainsi. Elle n’avait que faire de l’église, mais elle voulait porter la robe, et elle voulait une belle fête, ainsi qu’une cérémonie qui avait du sens. Charles le lui avait cédé. Lui, tout ce qui l’importait, c’était de l’épouser. Comment, il s’en fichait. Et étant donné qu’elle allait devenir sa femme, elle obtenait tout ce qu’elle souhaitait. Elle avait d’ailleurs obtenu son gros 4x4 Range Rover, que Charles détestait.


-         C’est vrai, il faut que je m’en aille alors, dit-elle en se levant doucement.

-         Pas si vite, dit-il en plaquant ses hanches contre les siennes. Où crois-tu aller comme ça ?


Il la retourna et la plaqua sur le lit alors qu’elle riait. Il l’embrassa langoureusement alors que ses mains redécouvraient son corps nu. Elle frissonnait à chaque fois qu’il la touchait. Finalement, ils firent l’amour pendant une heure et demi avant qu’elle ne puisse se lever.


             Alors qu’elle sortait de la douche dégoulinante d’eau, elle avança jusqu’à la cuisine pour manger quelque chose. Charles rentra dans la maison avec du courrier dans les mains. Il passa chaque enveloppe en revue puis s’immobilisa au milieu du salon.


-         Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Zaira, intriguée.

-         Celle-ci est envoyée par « Le Seigneur de la Nuit », dit Charles en se forçant à demeurer calme.


Zaira se figea également pendant quelques secondes. Le Seigneur de la Nuit était Iacopo Bonarata, le vampire maître de l’Italie qui l’avait kidnappée, et que Charles avait tué. Il semblerait qu’un autre Seigneur de la Nuit s’était imposé, et qu’il avait quelque chose à leur dire. Drôle de façon d’inaugurer une guerre, songea Zaira. Charles ouvrit la lettre et Zaira se pencha dessus.


A l’intention de Zaira Milazzo et de Charles Cornick ;


Il est apparu que l’ancien Seigneur de la Nuit, Iacopo Bonarata, fut assassiné par le loup-garou réputé Charles Cornick, de la meute d’Aspen Creek, Montana, sous la direction du Marrok, Bran Cornick. Naturellement, un nouveau Seigneur de la Nuit s’est imposé au sommet de la pyramide vampirique italienne et mondiale.


Le Seigneur de la Nuit, dans sa grande générosité, vous invite, vous, l’assassin, et votre bien aimée compagne Zaira Milazzo, dans son humble demeure à Milan, Italie, dans le but de conclure la paix.


Une chasse sera organisée par le Grand Seigneur de la Nuit, dans le but de resserrer les liens, et d’enterrer la hache de guerre.

Vous êtes ainsi attendus à Milan du 20 au 23 Mars 2020 inclus.


Bien entendu, votre non présence serait interprétée pour ce qu’elle est : une déclaration de guerre.


Le Seigneur Wulfe se réjouit de cette rencontre. 




Et voilà ! J'espère que ce premier tome (oops, promis, c'était pas prévu) vous aura plu, dîtes-le-moi dans les commentaires !! Vous pouvez également voter pour ce chapitre et cette fic !

Concernant le deuxième tome, je ne prévois que trois chapitres. Dîtes moi également ce que vous pensez de ce tout petit début !


A très vite alors hihi,

Liv Stivrig


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