Mary in Wonderland ou Une histoire de la vie
Un jour, la fillette ne sortit pas de sa chambre. Helen s'en inquiéta, mais, par respect pour sa fille, ne rentra pas dans sa chambre. Le lendemain, la même chose se produit. Le jour d'après, la pauvre femme se décida à entrer. Ce qu'elle vit la choqua à vie. Elle s'effondra au sol et fondit en larmes. La pièce était entièrement saccagée. Une armoire avait été poussée tant bien que mal contre la fenêtre, plongeant la chambre dans l'obscurité et le grand miroir accroché au mur était brisé. Des feuilles gisaient au sol, certaines portant une écriture maladroite ainsi que des dessins étranges et torturés. Les murs étaient couverts d'écritures rouges sang. Enfin, les coussins et les couvertures étaient étalés au sol, avec au milieu, la petite fille, endormie. Helen se releva enfin et s'en approcha. La petite respirait faiblement et était encore plus blanche qu'avant – si c'était possible. Les bandages qui couvraient ses yeux étaient trempés de sang. Sa mère sortit rapidement de la chambre et appela l’hôpital. Des médecins vinrent chercher Mary et l'emmenèrent immédiatement. Ils ne dirent rien mais on pouvait voir dans leurs yeux que c'était grave.
Charles et Helen Kingsley étaient en deuil. Cela faisait maintenant un mois que leur fille était dans le coma. Les docteurs assuraient qu'il ne servait à rien de la maintenir en vie, qu'elle ne se réveillerait plus jamais. On l'enterra dans une clairière où elle aimait se promener, son son chêne favori. Au moment où la dernière pelletée de terre recouvrit le petit cercueil de marbre blanc, il se mit à neiger.
Cela faisait bientôt six ans que leur première fille était décédée. Et leur petite Alice allait bientôt avoir trois ans. D'un consentement silencieux, ses parents avaient décidé de ne jamais lui parler de sa sœur. Helen retournait parfois sur la tombe de sa fille, perpétuellement recouverte de neige. Un jour, elle trouvât une rose blanche, déposée sur la neige fraîche qui recouvrait le cercueil. Elle eut un léger sourire et ne revint jamais, se consacrant entièrement à Alice. Elle avait comprit ce message, comme si elle l'avait elle-même laissé.
« Ne t'inquiète pas, je veille sur elle. »