♠ ♦ Alice in Wonderland ♥ ♣
Chapitre 15 : ♠ ♦ Juste un coup de pinceau ! ♥ ♣
2409 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 19/01/2017 18:16
De retour sur le terrain de croquet, nous sommes tous les cinq quelque peu pensifs... Enfin, surtout moi... Pourquoi Kuro serait-il le souffre-douleur du Royaume de Cœur ? Pourquoi lui et pas quelqu'un d'autre ? Et même... qu'est-ce-qui leur fait dire une chose pareille ? Sans le savoir, j'allais bientôt avoir la réponse à toutes ces questions.
À plusieurs mètres de là, Kuro arrive en courant vers Kotaro, qui l'attendait les bras croisés en tapant du pied impatiemment. Je me rapproche d'un air interrogateur, suivie des quatre autres Rebelz.
« -C'est bon ? Tu as ce qu'il faut ? Demande Kotaro en toisant Kuro.
-Oui Votre Majesté, répond Kuro avec un regard noir, tenant un petit sachet en papier.
-Qu'est-ce-que c'est ? Demande L à Kuro en mordillant l'ongle de son index, retroussant sa lèvre inférieure avec son doigt.
-C'est des graines de roses pour... Explique Kuro, mais le Roi lui coupa la parole.
-C'est ma commande ! Lance Kotaro en se retournant avec une exagération théâtrale ridicule. De la plus haute importance ! Il désigne le terrain en ouvrant les bras en grand. Ce jardin manque cruellement de fleurs !
-Tout comme le crâne de Sa Majesté manque cruellement d'un cerveau... Chuchote Marshall avec lenteur, de l'air le plus sérieux du monde. »
Bien évidemment, Edge, Hiruma et moi avons éclaté de rire. Kotaro, dans l'incompréhension la plus totale, nous regarde avec de l'exaspération dans les yeux. Marshall, lui, fait un effort surhumain pour éviter d'esquisser un infime sourire. Il est vraiment très doué, ce con. L, les yeux perdus dans le vide, nous dit par télépathie :
« Restez sérieux, je vous prie... Mais je dois avouer que ce fut très bien placé, Marshall... »
C'est là et seulement là que l'homme-lièvre laisse un sourire se dessiner au coin de ses lèvres, ce genre de sourire qui étouffe un éclat de rire violent.
« Plante-les maintenant ! » Ordonne Kotaro en montrant Kuro du doigt, son autre main tenant un peigne près de sa mèche. L'homme-lapin s’exécute, après avoir insolemment tiré la langue au Roi de Cœur quand ce dernier a le dos tourné. Il s'accroupit, creuse un petit trou dans la terre avec sa main, y dépose les quelques graines et recouvre le tout.
Il arrose ensuite à l'aide d'une drôle de potion rose. « C'est du sirop provenant du gâteau qui fait grandir... » murmure L avec l'entrain d'un paresseux dans le coma.
Et là, en seulement cinq petites secondes, les rosiers ce sont mis à pousser ! Il sont vraiment magnifiques. Les feuillages d'un vert brillant, les roses d'un éclatant...
« BLANC ?!!! »
Nous nous retournons tous vers Kotaro, qui traverse le terrain avec rapidité et hargne, les poings crispés, prêt à s'en prendre brutalement à Kuro. « Pourquoi sont-elles blanches ?! »
Kuro tombe violemment au sol, sa lèvre de nouveau ouverte alors que le sang de sa précédente blessure avait séché. Kotaro vient de lui foutre un immense coup de pied au visage. Frissonnante, je ne sais pas si je dois l'aider ou pas. Edge serre les poings.
« Putain ! C'est pas moi ! Ose se rebeller Kuro en essuyant le coin de sa bouche d'un revers de main. C'est le jardinier de la frontière qui m'a donné les mauvaises graines ! J'lui ai dis que c'était pour le Roi...
-Ce jardinier est con comme un manche à balais... Lâche Togano Heartace avec un mauvais sourire, surgissant de nulle-part. Tout dépend la manière dont tu l'as payé...
-Avec des pièces, trou du cul... Lance Kuro avec une immense haine dans ses yeux rouges.
-D'or ou d'argent... ? Insiste Togano, son détestable sourire s'accentuant .
-D'argent... je n'avais que ça sur moi... Dit Kuro en baissant lentement ses oreilles. »
Kotaro s'approche de lui et le saisit par le col :
« Comment espérais-tu, pauvre con, recevoir des roses rouges alors que tu l'as payé avec de l'argent ?! Il n'y a que l'or qui compte au Royaume de Cœur !
-Et vous, comment espériez-vous que j'ai de l'or sur moi si vous ne m'en fournissez pas ! Je suis le Valet de Pique ! »
C'est ce que Kuro a hurlé, avec une telle colère qu'il semble cracher son statut de Valet à la figure de Kotaro. Fou de rage lui aussi, le Roi de Cœur lève sa main qui ne tient pas Kuro, s'apprêtant à lui mettre un violent coup de poing.
« Non ! »
Me voici entre Kuro et Kotaro, tenant fermement le poignet relevé de ce dernier, les yeux fermés sous la peur de m'en prendre une, mais serrant fièrement la mâchoire. Il me regarde de haut, en lâchant un « Tsss » hautain et en repoussant sa mèche d'un geste de nuque. Kuro, quant à lui, me regarde tendrement, ses yeux rubis semblant me remercier. Il faut dire que je me suis jetée au sol comme une merde pour éviter qu'il ne reçoive un énième coup. Même L semble sur le cul, ses yeux cernés grands ouverts, ce qui le rend presque effrayant.
Calmement, je me lève, époussette ma robe et tends une main courtoise et bienveillante à Kotaro. Il la regarde en retroussant sa lèvre supérieure avec dégoût, hésite à la saisir mais finit par me laisser l'aider à se relever. Il hoche la tête pour me remercier, avec une expression hargneuse qui prouve que ça lui arrache le cœur d'être poli avec moi. Je lui rends un léger sourire aucunement sincère et me retourne vers Kuro pour l'aider également.
« De quel droit te postes-tu entre nous ? Demande Kotaro en levant la voix.
-Ce n'est pas de sa faute ! Je ne vous laisserai pas faire du mal à mes amis injustement...
-Mais il a ruiné mon jardin !
-Non, c'est le jardinier de Trèfle qui n'a pas pris en compte sa requête. J'inspire un grand coup. Il y a une solution à tout, Votre Majesté, et la violence n'en est pas une.
-Alors, mademoiselle, murmure-t-il en se rapprochant de moi d'un air menaçant, que me proposes-tu pour réparer les dégâts de ton ami à grandes oreilles blanches ? »
Son regard me scie en deux mais je ne sourcille pas, je plonge mes yeux dans les siens, déterminée à lui montrer que je ne suis pas inférieure à lui. Sous les regards enjoués des Rebelz, qui semblent avoir entièrement confiance en moi pour je ne sais quelle raison, je lâche presque malgré moi : « Bah, on n'a qu'à peindre les roses en rouge... »
Kotaro hausse un sourcil, complètement ahuri. Il murmure, les yeux écarquillés :
« Peindre les roses en rouge... ? Il lève soudainement les yeux au ciel. Tss, c'qu'il faut pas entendre, j'vous jure...
-Laissez-la se justifier je vous prie, Votre Majesté. Lance Togano poliment.
-Pardon ?!
-Je vous demande de bien vouloir l'écouter. Le Valet de Cœur me désigne en relevant son menton. Cette Alice est aussi folle que le Wonderland : une idée folle a sa place ici. »
Je tourne lentement ma tête vers Togano, choquée qu'il me défende alors qu'il est dans le camp adverse. Kuro aussi le regarde, la rage et l'incompréhension étant mêlées dans ses yeux de sang. Togano ne me regarde même pas, il a un petit sourire au coin des lèvres, un sourire qui me semble honnête, et qui me perturbe donc. Kotaro le regarde d'un air étonné, puis finit par se retourner vers moi avec mépris :
« Penses-tu que peindre les roses en rouge serait efficace ?
-Bien évidemment, dis-je sûre de moi avec un sourire malicieux.
-Très bien. Il montre le rosier du doigt. Toi et tes amis les Rebelz avez une heure pour peindre les 100 roses blanches que voici.
-Y en a 100 ?! Hurle Hiruma en grimaçant de surprise.
-Si Monsieur Kuroki a bien fait son travail, oui.
-Je... j'en ai demandé 150... Dit Kuro en baissant les yeux.
-Mais t'es malade, bah-bah-bah ! S'exclame Edge encore plus fort.
-Roh ta gueule hein, c'était pour ce trou du c... pour Votre Majesté, s'écrit Kuro insolemment ! J'pensais faire bien moi !
-Effectivement, tu m'en vois ravi, p'tit con de lapin, lâche Kotaro entre ses dents avec un sourire psychotique. Qu'on leur apporte de quoi peindre ! »
À peine a-t-il ordonné ceci que des serviteurs apportent de gros pots de peinture et des pinceaux fins, pour ne lésiner aucun pétale. L'odeur métallique de la substance rouge me fait douter de sa véritable nature...
« Maintenant, au travail ! » Crie Kotaro en s'éloignant, faisant valser sa cape de daim rouge.
Trois quarts d'heure. Selon les dires d'un serviteur de Cœur qui passe par là, cela fait trois quarts d'heure que l'on peint. J'ai l'impression que cela fait dix minutes à peine. Pourtant, je peux vous assurer que je ne m'amuse pas le moins du monde. C'est juste qu'ici, le temps semble jouer de mauvais tours. Alors que je finis tout juste de peindre ma 22ème rose, je me retourne fièrement vers les autres Rebelz, satisfaite d'être presque arrivée à 25, le nombre que l'on s'est équitablement réparti. Un peu de calcul, même quand je ne suis pas à Cloverjack's School, si c'est pas dégueulasse ça...
Je fais une petite pause, très légère, ne sentant plus mon poignet. De toute façon, j'ai l'impression d'être l'une des plus rapides à peindre. Je m'approche de Edge, qui en est à sa 17ème rose. Il râle entre ses dents : « Putain, ça me gave ce truc ! » Je lui tapote affectueusement l'épaule pour l'apaiser. Marshall en est à sa 20ème et sature aussi un peu... bon, d'accord, un peu beaucoup : je le surprends en train de discuter avec une cuillère à café qu'il tient dans sa main gauche, peignant de la main droite. Oui... à une cuillère à café. Voyant mon air surpris vis-à-vis de l'homme-lièvre, Hiruma (qui, soit dit en passant, a déjà peint ses 25 roses en rouge et est en lévitation au-dessus du rosier au lieu d'aider ceux qui n'ont pas fini) me dit dans un sourire : « T'es choquée ?
-Je ne m'attendais juste pas à un tel degré de folie, dis-je en riant.
-Et bah accroche-toi : nous sommes tous fous ici ! »
Il disparaît et se résigne enfin à aider L, ce dernier s'étant littéralement endormi debout, le dos courbé, la tête baissée, sa main tenant toujours le pinceau du bout des doigts sur les pétales d'une fleur. Je passe derrière lui et lui frotte le dos : « Réveille-toi L, tu as presque fini, courage ! » Il ouvre ses grands yeux noirs, baille en s'étirant et secoue doucement la tête.
« Désolé, c'est plus fort que moi, Alice. » Et il reprend tranquillement mais sûrement.
« Mais, au fait Alice... murmure Kuro, en peignant sa 25ème rose, d'où te vient cette idée plutôt louche de peindre les roses en rouge ?
-Ma foi, dis-je en trempant mon pinceau dans le pot et en reprenant, c'est un de vous qui me l'a enseigné...
-Heeein ?!!! Hurle-t-il en jetant son pinceau dans le pot, ayant enfin terminé sa part du travail. Perso', j't'ai jamais appris un truc pareil.
-Ah moi non plus ! Dit Edge en se dépêchant, ayant de la peinture sur le bout du nez.
-Jamais de la vie ! Grince Hiruma en essuyant le nez de Edge en ricanant.
-Ça m'étonnerait... lance Marshall en regardant soudainement sa cuillère avec un étrange sourire. Cuillère ! »
Après un léger temps de silence passé à fixer Marshall dans l'incompréhension la plus totale, L finit par murmurer :
« Si c'est vraiment l'un d'entre nous qui t'a appris ça lors de ta première visite, comment se fait-il que tu t'en souviennes alors que tu as bu de la potion d'Oubli ? »
Il marque un point. Pour ma défense, j'entre dans de périlleuses explications :
« Comme vous le savez, ou du moins comme vous l'affirmez, à cause de cette maudite potion, j'ai l'impression que le Pays des Merveilles n'est qu'un songe, auquel je rêve chaque nuit. Et une fois, j'ai rêvé qu'un Rebelz m'apprenait à peindre des roses blanches en rouge. Du moins, une rose. Une rose qui m'était destinée, parce que malgré tout bah... j'aime cette couleur, surtout pour une rose.
-Hérétique... Chuchote Kuro entre ses grosses lèvres, pour se moquer gentiment.
-Et puis y a cette mystérieuse rose rouge qui est apparue dans ma chambre d'internat, quand j'avais dix ans, sur ma table de chevet. Surprise de la voir là alors que je n'en avais cueilli aucune, je me suis dis que mes amis Monta, Sena et Ciel y étaient pour quelque chose. Curieuse que je suis, j'ai effleuré la rose, pour la rapprocher de moi et la sentir. Et à ma grande surprise, mes doigts furent couverts de peinture rouge, et la rose avait des traces blanches où mes doigts étaient posés. Si c'que vous me dites est vrai et que tout ça n'est pas un rêve, un membre des Rebelz m'a bel et bien offert cette rose en la peignant. »
Après ce long discours, les garçons se regardent tous un à un, se questionnant du regard, comme pour se demander « C'est toi qui a fait ça ? » et se répondre « Non et toi ? ». Je chuchote malgré moi : « Je n'invente pas. J'suis folle, mais pas menteuse...
-Ne t'en fais pas Alice, nous te croyons, dit L avec un sourire bienveillant. Maintenant, continuons de peindre au plus vite, on éclairera la vérité sur le ''peintre de roses'' plus tard. »