Carnage au carnaval

Chapitre 3 : Banalités

1250 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/09/2019 19:29


Mon père vient de m’annoncer à la dernière minute que nous étions invités à un mariage le lendemain. Super ! Pour une fois, je pouvais faire la grasse mat’ ! Heureusement pour moi, j’ai quelques robes présentables à parer.

La rouge ou la noire ?

Je demandais conseil à Anne-Laure, une pro du stylisme selon moi.

- La noire. Prends la noire. Elle fera ressortir tes yeux.

- Oui, chef !

- Eclates-toi !

- Biz.

Je vais donc prendre la noire. Quand je pense que je ne connais même pas les mariés ! Je ne vois pas pourquoi je m’embête !


Le lendemain :


Après être restée deux heures dans la salle de bains, je fus enfin prête. Lissage, fond de tain, vernis : ok.

Mon père m’appela dix minutes plus tard. C’est parti !


Il y a du monde ! Nous sommes bien quatre cent dans l’église. Je n’aperçois personne de mon âge. Je sens que ça va être long.

Quand vient la remise des bagues, l’enfant des mariés se leva pour leur donner.

Bigre !

Leur enfant c’est… Julien ! Il n’y a pas plus gênant. Ça y est. Je me sens mal.

Je demandai à mon père la permission d’aller prendre l’air, puis sortis.


Je ne peux pas ressentir des sentiments puissant sans faire de crises. Je commence par avoir un coup de chaud, puis je tremble, et j’ai dû mal à respirer. Puis, souvent, je finis par faire un malaise. C’est horrible dans ces moments là. Je me sens impuissante de moi-même. Je n’arrive pas à me contrôler. Certains voient même ça comme une maladie. D’autres comme une folie…

Mais il n’y a que mes proches qui en connaissent l’existence. Je veux être sûre de leur faire confiance. Moi, j’ai surtout l’impression qu’une malédiction s’est abattue sur moi. Je me sens différente des autres. Trop différente. Je me fais même peur.

C’est aussi un peu dû à mon manque de sommeil. Je dors très peu. Dès que je ferme les yeux, j’ai peur du rêve que je peux faire. Je suis tellement étrange.


Après avoir réussi à me calmer (dieu merci !), je regardai autour de moi. Je suis assise dans l’herbe derrière l’église. En face de moi, il y a un cimetière. Je ne pus m’empêcher de penser à ma mère.

Bref, il va falloir que j’y retourne, cela fait une quinzaine de minutes que je suis partie, mon père va s’inquiéter.

Au moment où j’allais me relever, il arriva. Julien.

- Salut !

- Salut.

- C’est drôle que nos parents se connaissent ! On aura pas besoin de les présenter. Me dit-il, moqueur.

Je ne manque pas une seconde pour finir toute rouge.

- Ça fait longtemps que tu es là toute seule ?

- Une dizaine de minutes. Répondis-je.

- C’est sûr qu’il y a un beau paysage !

Il était mort de rire.

- T’est bête, toi ! Lui répondis-je, en lui claquant la jambe.

Il reprit son sérieux, puis :

- Je t’ai vu partir en trombe tout à l’heure. Qu’est ce que t’avais ?

- Ca ne te regarde pas.

- Ca t’a fait tant d’effet que ça, de me voir ?

Qu’il est bête !

- Je te parie que dans cinq minutes, tu me le diras.

- Pourquoi ? Lui demandais-je.

- Parce que ça …

Et il m’embrassa. J’en rêvais depuis si longtemps. Mon premier baiser. Je ne l’imaginais pas dans ce décor…


Je n’y crois toujours pas. Moi avec lui. Il est à moi ! On se revoit mercredi après-midi pour préparer la fête. Je ne fais que d’y penser. Je n’en ai pas parlé à Anne-Laure. Je n’en parlerai à personne. C’est notre secret. Il en fera de même. Qui penserait qu’une semaine avant Halloween ce serait possible…

En attendant, j’ai cours. Avec l’arrivée de l’automne, les professeurs ne sont pas de bonne humeur. Il ne font que crier ou nous surcharger de devoirs. Programme de la matinée : Anglais, Français et Espagnol. De plutôt bonnes matières.

En Anglais, nous avons une évaluation sur les cinq premières pages du cahier. Ce sont les bases de la langue. Il n’y a pas plus simple.

Au bout d’une demi-heure de cours, alors que tout se passait à merveille, le professeur commença à nous crier. Il criait tous les mots qui lui passait par la tête. Sans retenue. Nous étions ahuris de la situation. Il devait se lâcher, tout simplement. Depuis que nous le connaissons, il a toujours été calme. Très calme. Il ne protestait pas lorsque des élèves chahutaient, laissait malheureusement les élèves se moquer, rigoler pendant le cours. Il continua dans sa lancée une dizaine de minutes. Puis, il se tut, et fit comme si de rien était. Comme si il ne s’était rien passé. J’avais mal pour lui. Il avait l’air vraiment mal. Tout se déroula normalement jusqu’à la sonnerie de fin de cours. A ce moment là, il dit LA chose de trop. Il dragua une élève. Mais pas n’importe quelle élève. La populaire. Celle dont je ne prononcerai pas le nom. Celle qui fait mon malheur depuis la primaire. Mon ennemie numéro un. Je ne le plains plus du tout. Plus un soupçon de haine ni de pitié.

Comme d’habitude, je sortis la première de la classe. Je pris mon mal en patience et partis en Français. C’est ma matière préférée. Pour moi, ce n’est pas vraiment un cours. C’est plus une activité. La professeure est, bien sûr, la plus aimable du lycée. La seule chose que je n’aime pas dans cette matière, c’est l’oral. Je n’arrive pas à parler lorsque je suis entourée d’élèves. J’ai tellement peur de leur réaction, de leur critiques, que je n’y arrive pas. J’ai été habituée au mauvais regard des autres, mais je ne le supporte pas pour autant. A ce cours, nous devons présenter l’objet qui nous ressemble le plus. L’objet qu’on aime le plus. J’ai choisi ma machine à écrire. Elle est super importante pour moi, c’était celle de mon arrière grand-père. C’est aussi ma confidente, mon objet de travail. Elle me suis partout. Mais comment l’expliquer à une classe qui ne fait que rire de tout ce qu’on lui dit ? Le dire en blaguant ? En rappant ? Je ne sais pas. J’ai fait la manière simple. J’ai réalisé un diaporama. Je vais l’afficher et les laisser le lire. Ça évitera les moqueries au moins ! Tant pis si j’ai une mauvaise note, je me rattraperais à l’écrit.

A la pause, je pus souffler un coup. Après cette matinée horrible, rien ne pourra me faire flancher cet après-midi !


J’ai loupé les cours. L’après-midi. J’ai encore fait un malaise ! Après avoir aperçu Julien dans un couloir…

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