L'Ecrin des illusions

Chapitre 6 : Le choix du Choixpeau

4170 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/01/2024 19:00

Hazel descendit sur le quai et se rapprocha de ses camarades. Le géant, aperçu au Chaudron baveur , apparut, une lanterne à la main.

- Les premières années, par ici !

Le groupe des nouveaux élèves s'agglutinèrent autour de lui, Charlie se plaça à sa hauteur.

- Vous êtes Hagrid, le garde-chasse ?

Il abaissa sa lanterne et scruta les cheveux roux de Charlie.

- Et toi, tu dois être un Weasley.

- Oui. Bill m'a dit que vous en connaissiez un rayon sur les créatures fantastiques ! Vous avez déjà vu un dragon ?

- Et comment ! Des sacrées bestioles !

- J'adore les dragons, renchérit Charlie. Il y en a dans la forêt interdite ?

- Des... des dragons ? s'étrangla Jonathan. De vrais dragons !?

- Fais pas ta chochotte, personne n'a le droit d'avoir de dragons, répondit une voix derrière eux.


Le petit groupe se retourna. L'échalas, bras croisés sur sa poitrine, les toisait avec mépris. À ses côtés, les deux brunes ricanaient en échangeant des messes basses. Hazel leur trouva alors une ressemblance certaine avec un troll et des harpies, créatures dont elle avait croisé l'image lors de sa lecture d'un manuel scolaire. Elle ne put réprimer un sourire moqueur.


- Un problème ? s'enquit le grand dadais d'un ton menaçant.

- Aucun, l'assura Hazel d'un ton faussement sincère.

Hagrid déposa une main amicale sur l'épaule de Jonathan, manquant de peu, de le faire trébucher.

- T'inquiète pas, nul dragon à Poudlard et c'est bien dommage !


Hagrid mit fin à cette discussion et fit signe aux jeunes élèves de les suivre. Ils s'engagèrent sur un petit chemin forestier, bordé d'arbres aux feuillages touffus. Le silence des élèves permettait d'entendre des bruits quelque peu inquiétants et indéchiffrables. Jonathan, entouré de ses trois camarades, trottinait tant bien que mal en s'appuyant sur sa béquille.

- Tu as besoin d'aide ? lui chuchota Hazel.

- Pour l'instant, ça va, mais je suis pressé d'arriver à destination.


A cet instant, le hurlement d'un loup se fit entendre. Jonathan poussa un cri terrifié, lâcha sa béquille et chuta. Aidé de Hagrid, il parvint à se relever. Hazel et Charlie lancèrent un regard noir au trio ricanant. L'échalas imita à nouveau le hurlement d'un loup, sous les yeux hilares de ses deux complices.

- Ça suffit, s'écria Hagrid. Veux-tu bien te taire, ce n'est pas drôle !

Le dadais se redressa, menaçant :

- Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'un simple garde-chasse. Faudrait peut-être penser à se dépêcher.


Entraînant ses deux amies à sa suite, il prit la tête du cortège. Hagrid bougonna quelques mots indéchiffrables et jucha Jonathan sur son dos. Hazel prit la béquille de son camarade et le petit groupe reprit sa marche. Ils arrivèrent devant un lac gigantesque mais l'attention de Hazel fut attirée par tout autre chose : sur les flancs de la falaise, se dressait l'école, parée de lumière.

- Gardez cette image en tête, souffla un Hagrid plus qu'ému. C'est là, un de vos plus beaux souvenirs de Poudlard.


Les yeux rivés au château, Hazel descendit jusqu'à la berge où des barques les attendaient. Charlie monta le premier et aida Jonathan à s'asseoir à ses côtés et les deux filles purent ensuite embarquer. Une fois tous les élèves prêts pour ce nouveau voyage, les barques se mirent à glisser sur les flots. Hazel se pencha et crut distinguer une ombre serpentant dans les eaux noires.

- Il y a des sirènes et des Strangulots dans le lac noir, expliqua Sofia en frottant ses mains engourdies.

- Sans compter le calamar géant ! s'écria un Charlie plus qu'enthousiaste.

Jonathan pâlit et se recroquevilla sur lui-même. Un doux chant s'éleva du fond du lac et Hagrid, perché sur une autre barque, se tourna vers les élèves.

- Bouchez-vous les oreilles, elles sont particulièrement agressives en ce moment ...


Hazel, sentant le chant amplifier, plaqua ses mains contre ses tempes. L'ombre se divisa en plusieurs silhouettes. La barque se mit à tanguer. Jonathan retira ses doigts de ses oreilles et désigna le bord de la barque d'un index tremblant. Une main verdâtre s'y était accroché, ses ongles acérés crissaient contre le bois humide. La barque s'immobilisa, Hagrid cria aux créatures de les laisser tranquilles mais celles-ci n'écoutèrent pas l'ordre donné. Peu à peu, un bras couvert d'écailles, suivi d'un buste dissimulé par des algues, jaillit des flots. Les quatre compagnons se massèrent de l'autre côté de l'embarcation. La créature s'éleva, dévoilant un visage féminin dévoré par une longue chevelure argentée. La sirène entrouvrit la bouche, révélant une rangée de dents pointues et se mit à chuchoter un mot, un seul mot dans une langue inconnue . Elle le répéta à deux reprises avant de retourner dans les abysses. Le chant cessa et la barque reprit sa tranquille glissade.


La barque d'Hagrid s'approcha d'eux. Le géant leva sa lanterne et parut soulager de les voir simplement choqués, sans aucune blessure.

- Tout va bien ? Que voulait-elle ?

- La sirène, répondit une Sofia encore sonnée, elle ... on a eu l'impression qu'elle voulait nous parler ...

- Parler ? C'est étrange, en général, elles refusent de communiquer avec les êtres humains...


Hazel examina les griffures laissées par la créature. A qui voulait-elle s'adresser ? Une barque s'approcha de la leur, celle du troll et des deux harpies. Ils étaient accompagnés d'un quatrième compère, à l'air tout aussi amical.

- Vous devriez vous méfier, chuchota la petite brunette. Peut-être qu'un monstre s'apprête à dévorer les sangs impurs et les traîtres à leur sang.

- Cessez vos sottises ! intervint Hagrid. Il n'y a aucune raison d'être effrayés, Poudlard est un lieu sûr.

Il se redressa de toute sa hauteur, faisant basculer la barque, et s'adressa aux nouveaux élèves.

- Vous n'avez rien à craindre.

Les élèves lui décrochèrent un regard dubitatif. Hagrid, perdant un peu de sa belle assurance, toussota pour s'éclaircir la voix.

- Allons, allons, dépêchons ...


Les barques reprirent leur avancée silencieuse avant de pénétrer dans une cavité creusée dans la falaise. Les élèves mirent pied dans une cave souterraine et Hagrid, Jonathan perché sur son épaule gauche, leur indiqua un long escalier de pierres à gravir. La montée parut interminable et beaucoup achevèrent leur ascension, le souffle court et le visage rendu rouge par l'effort. Hazel posa une main sur son ventre gargouillant, regrettant de s'être autant empiffrée de sucreries et de jus de citrouille !


Hagrid ouvrit une porte et les élèves se retrouvèrent face à une sorcière vêtue d'une longue robe verte. Elle remercia Hagrid d'un air pincé et Hazel sut d'emblée que cette femme n'était pas du genre à goûter aux plaisanteries.

- Bonne chance, fit Hagrid avant de s'éclipser.

Il déposa Jonathan près de ses amis et sortit par une autre porte.


La sorcière contempla les nouveaux venus avant de s'éclaircir la voix :

- Vous allez à présent entrer dans la Grande Salle où vous allez être répartis dans les maisons qui seront les vôtres jusqu'à la fin de votre scolarité.

Elle redressa ses lunettes sur le bout de son nez pointu avant de poursuivre :

- Vous devez travailler et avoir un comportement irréprochable afin de faire honneur à votre maison. Des points vous seront donnés pour récompenser vos efforts ; ils pourront également vous être retirés en cas de manquement au règlement de l'école. À la fin de l'année, la maison ayant obtenu le plus de points gagnera une coupe.

Jonathan éternua. La sorcière pivota vers lui.

- Par Merlin, mon garçon ! Voilà une tenue fort peu convenable !


Honteux, Jonathan baissa les yeux vers le bas de sa robe couvert de terre et de feuilles mouillées. La vieille femme sortit sa baguette et tapota l'épaule du jeune homme. Sa robe fut nettoyée en un instant. Elle se tourna ensuite vers les autres élèves afin de vérifier leur tenue. Charlie fut prié de resserrer son catogan trop lâche, Hazel dut nettoyer une tache s'étalant sur sa joue et quant au grand dadais, elle le menaça d'une punition s'il ne mettait pas correctement le col de sa robe.


Une fois les élèves à son goût, elle les fit mettre en rang et ils la suivirent dans un long couloir. Ils parvinrent jusqu'à une grande porte. Celle-ci s'ouvrit sur une salle nulle pareille à d'autres : quatre longues tables étaient dressées en son centre et une cheminée gigantesque offrait une chaleur douce et bienfaisante. Sofia donna un coup de coude à Hazel, attirant son attention sur le plafond. Celui-ci donnait l'impression d'être un ciel étoilé.


- Stupéfiant, n'est-ce pas ? C'est un plafond magique, expliqua Sofia.


Hazel hocha la tête en guise de réponse. Une fois la surprise passée, elle se concentra sur les paroles de la sorcière afin d'oublier les nombreux regards curieux pointés vers le petit groupe.

- Vous prendrez vos repas dans cette salle, les informa la sorcière. Les heures consacrées à vos devoirs auront également lieu dans cette salle.


La jeune fille, tout en écoutant les informations donnés, ne put s'empêcher de jeter un regard à la cinquième table, perchée sur une estrade et occupant le fond de la salle. Hazel reconnut le professeur Dumbledore, ainsi que le professeur Rogue. Hagrid s'y tenait également. Elle tenta de mémoriser les visages de ceux qui allaient devenir ses professeurs. Un visage retint son intérêt : celui d'une femme aux longs cheveux roux, assise à côté du professeur Rogue, dont la douceur et le beau visage offraient un drôle de contraste avec l'homme renfrogné aux cheveux noirs ! Son élégance tranchait avec la sobriété des autres professeurs et son collier de pierres rouges projetait des éclats écarlates tout autour d'elle. La sorcière prit la coupe posée devant elle et y trempa ses lèvres sanguines, tout en dévisageant les nouveaux venus.


Le professeur Dumbledore se leva et le silence se fit dans la grande salle.

- Nous allons pouvoir commencer la cérémonie de répartition. Professeur McGonagall, je vous en prie.

Il se rassit. La sorcière s'adressa une nouvelle fois aux nouveaux élèves.

- Quand je vous appellerai, vous devrez vous avancer jusqu'au tabouret situé près de la table des professeurs et je placerai le Choixpeau sur votre tête afin qu'il puisse déterminer à quelle maison, vous appartiendrez. Est-ce clair ?


Ils acquiescèrent. Même le trio infernal ne fit aucun commentaire. McGonagall leur fit ses dernières recommandations avant de les placer en rang. Hazel se dressa sur la pointe des pieds et aperçut un vieux chapeau racorni posé sur le tabouret. L'objet, qui aurait eu davantage sa place dans une poubelle, n'avait rien de bien spectaculaire ou de magique ! Le bruit d'une déchirure se fit entendre et une voix grave s'éleva dans la salle :

Je suis le Choixpeau, celui décidant de ta scolarité

Pose-moi sur ta tête, me rendant maître de ta destinée.

Travailleur sans relâche ?

Dans la maison Poufsouffle, tu ne feras point tache.

Esprit curieux et brillant ?

La maison Serdaigle, les bras te tend.

Ambitieux et rusé ?

De la maison Serpentard, tu as les qualités.

Loyal et courageux ?

La maison Gryffondor te veut.


Sa chanson terminée, le chapeau se tut. Mc Gonagnall déplia le parchemin et entama sa liste :

- Abbott Jerusha.

Une grande perche maigrelette s'avança d'un pas hésitant. Elle s'assit sur le tabouret et mit le chapeau sur sa tête. La voix retentit au bout de quelques secondes :

- Gryffondor !


Elle descendit du tabouret et se rendit à la table indiquée, sous les applaudissements de ses nouveaux camarades. Bill Weasley se tourna vers le petit groupe et leur adressa un clin d'œil d'encouragement. Loin d'être apaisée, Hazel sentit l'angoisse l'étreindre : Et si le Choixpeau ne répondait rien ? Allait-elle être renvoyée chez elle ? Elle imaginait déjà la déception de Morgan et le petit sourire en coin de sa belle-mère...


Peter Barrie fut appelé. Il s'installa sur le tabouret et attendit le verdict du Choixpeau en se rongeant les ongles. Il rejoignit ensuite les Serpentard. Plus les noms défilaient, s'approchant dangereusement du sien, plus la panique montait en Hazel. Ses jambes tremblaient et elle craignait de rendre son lointain déjeuner par terre !


Quand Wendy Darling gagna la table des Poufsouffle, Hazel comprit que son tour était venu.

- Evans Hazel.


Charlie lui donna une accolade amicale et elle prit une profonde inspiration. Elle traversa la Grande Salle, luttant contre son envie de prendre ses jambes. Elle fit face quelques instants à l'assemblée des professeurs. Hagrid leva son pouce en l'air pour lui donner du courage. Dumbledore affichait un sourire poli et indifférent ; son regard croisa celui du professeur Rogue avant de sentir celui, curieux, que la mystérieuse femme rousse portait sur elle ... Hazel s'assit sur le tabouret et McGonagall déposa le Choixpeau sur son crâne.


- Hazel Evans, murmura une voix masculine.

La jeune fille croisa les doigts. Elle songeait de toutes ses forces à sa discussion avec Morgan. Elle priait pour ne pas se retrouver à Serpentard, pour ne pas subir l'héritage maternel dont elle ignorait encore bien des choses.

- Tiens donc ? Tu ne veux pas aller à Serpentard? Tous les Black, excepté un, y sont allés...

Je ne suis pas une Black répondit Hazel en pensée. Je suis la fille d'Oliver Evans. Je suis une Evans !

- Pourtant, c'est bien le sang de Dahlia Black qui coule dans tes veines ...

Et celui d'Oliver Evans, ajouta Hazel.

- Tu as raison. Tu as des qualités fort bien cachées. Serpentard pourrait t'aider à les exploiter. Quoique ... je sens d'autres désirs en toi ... Très bien, je respecterai ton choix. Gryffondor !


Le Choixpeau fut ôté de sa tête. Hazel un peu déconcertée, mit quelques secondes à retrouver ses esprits. Elle descendit du tabouret et se dirigea jusqu'à la tablée des Gryffondor où Bill Wesley l'accueillit d'une bourrade affectueuse.

- Bienvenue, Hazel !


Elle le remercia, s'installa face à lui et put enfin profiter de la cérémonie. La grande harpie, répondant au doux nom de Misty Doyle fut envoyée, sans grande surprise, à Serpentard. Jonathan et Sofia quant à eux, prirent place en compagnie des Gryffondor. La petite harpie, Rain Stoker, fut envoyée également à Serpentard. Peu à peu, la troupe des nouveaux s'amenuisait et les tables se remplissaient de nouveaux arrivants. Il ne restait à présent plus que deux élèves à répartir : Charlie et le grand dadais.


- Weasley Charles, appela McGonagall.


Hazel se mit à tapoter la table en un geste superstitieux. Charlie n'en menait pas large. La nervosité l'avait gagné et son visage avait pris une teinte verdâtre. Il se percha sur la tabouret et le Choixpeau lui effleura à peine le crâne avant de décréter :

- Gryffondor !

Charlie s'empressa d'accourir à la table, où il fut accueilli par de joyeuses acclamations. Bill lui ébouriffa les cheveux avec tendresse.

- Ça, c'est mon frangin !


Son cadet se dégagea de son étreinte avant de se tourner vers ses nouveaux camarades. Ils levèrent leurs verres et les firent s'entrechoquer. Hazel reposa son verre pour se concentrer sur le sinistre échalas.

- Wilde Seren.


A la grande stupéfaction de Hazel, le silence se fit dans la Grande Salle. Elle aperçut les sombres regards émanant des tables des Poufsouffle, des Gryffondor et des Serdaigle. Peu gêné par cette attention, il fit craquer ses doigts et s'avança d'un pas assuré vers le tabouret. Bien qu'assis, il paraissait toujours aussi grand !


- La famille Wilde trempe dans la magie noire depuis des années, chuchota Sofia à l'intention de Hazel ; et sa grand-mère maternelle, Althea Leroy, est l'une des plus grandes nécromanciennes de notre époque ...

- Nécromancienne ?

- Paraît qu'elle ne parle pas seulement aux morts, mais qu'elle les réveille aussi ...


McGonagall déposa le Choixpeau sur son crâne. Hazel s'attendait à ce que le chapeau prenne rapidement sa décision mais celui-ci parut hésiter. De longues minutes s'écoulèrent, avant que le Choixpeau ne se décide à donner son verdict, d'une voix qu'Hazel jugea manquant quelque peu de conviction :

- Serpentard.


Une fois la répartition achevée, Dumbledore se leva à nouveau et frappa dans ses mains :

- A présent, profitons d'un bon repas !


Les tables se couvrirent de mets appétissants. Hazel avala du jus de citrouille avant d'entamer la dégustation. Un spectre apparut dans un plat de chips avant de s'asseoir à côté d'un Jonathan un brin angoissé.

- Bienvenue aux nouveaux ! Je suis Sir Nicholas, pour vous servir.

Il voulut faire une révérence, mais la fraise entourant son cou glissa et sa tête retomba sur son épaule. Hazel apprit alors le surnom du fantôme lié à sa nouvelle maison : Nick-quasi-sans-tête. Tout en bavardant avec ses amis, elle surveillait la table des professeurs.

Rogue était le seul qui ne mangeait pas, bras croisés contre la poitrine, il semblait fort peu concerné par ce qui se passait dans la Grande Salle.


- Bill, qui est la professeure assise à côté de Rogue ?

- Ah, tu connais Rogue ?

- J'ai eu la « chance » de le croiser sur le Chemin de traverse.

Bill croqua un morceau de pain.

- Rogue est une vraie peau de vache, sa voisine est une nouvelle venue : Hydra Jekyll.

- On n'a jamais eu d'enseignante aussi belle, déclara un ami de Bill. Rogue est un sacré petit veinard !

- S'il t'entendait ... Rogue doit être furieux. Il convoite le poste qu'occupera Jekyll : celui de Défense contre les forces du Mal.

- Il a pourtant la tête de l'emploi, chuchota Jonathan qui suivait la conversation avec grand intérêt.

- Ouais, il en connaît un rayon sur la magie noire, renchérit Charlie.

Bill jeta un regard sévère à son cadet.

- Je te déconseille de déplaire à Rogue, si tu ne veux pas te retrouver à récurer des fonds de chaudrons. Il n'aime ni les élèves, ni les ragots sur son compte.


Rogue abaissa son regard jusqu'à eux, Hazel fit mine de s'intéresser à son verre afin d'éviter d'attirer la méfiance de son professeur. Les plats disparurent pour laisser place aux délicieuses pâtisseries. Le repas s'acheva dans la bonne humeur et en chanson, lorsque les élèves entamèrent l'hymne de l'école à tue-tête. Le ventre repu et les poches remplies de bonbons à la menthe, les nouveaux Gryffondor suivirent la préfète hors de la Grande Salle. Celle-ci les mit en garde contre la malice des escaliers avant de s'arrêter devant le portrait d'une femme grassouillette, vêtue d'une toge irisée. La dame parut quelque peu ennuyée par cette interruption.

- Que voulez-vous ? demanda-t-elle d'une voix de soprano.

- Nous voudrions entrer, répondit la préfète.

- Mot de passe ?

Apaté.


La jeune fille se retourna vers le petit groupe et leur recommanda de mémoriser le mot de passe, sous peine de se voir refuser l'accès à la salle commune et aux dortoirs. Tout d'un coup, un pet sonore retentit, suivi par un éclat de rire. Un petit homme se mit à flotter au-dessus de leurs têtes. Son air narquois n'avait rien d'amical !


- Peeves, s'emporta la préfète. Vous êtes indécent !

- Peeves, singea l'esprit frappeur, vous êtes indécent !


Il fit une cabriole, plaça sa tête entre ses jambes écartées pour mieux observer les nouveaux élèves. Il rota avant de fondre sur eux, les obligeant à s'accroupir tandis qu'il s'amusait à tirer leurs chapeaux. Il disparut dans le couloir, dans un tourbillon nauséabond.

- Méfiez-vous de lui, déclara la préfète en s'engouffrant dans le passage à présent ouvert. Peeves est un vrai démon !


Un bon feu de cheminée les accueillit. La salle commune des Gryffondor était plongée dans une douce pénombre. Charlie eut un sifflement admiratif et même Jonathan, pourtant échaudé par sa rencontre avec Peeves, esquissa un sourire ravi. Hazel s'avança, contemplant les tableaux s'animant au gré de leurs envies et les fauteuils invitant au repos et aux discussions. La pièce, aménagée aux couleurs chatoyantes de sa nouvelle maison, allait sans nul doute devenir l'un de ses refuges favoris.


La préfète leur remit leur emploi du temps avant de les envoyer aux dortoirs. Hazel eut le plaisir de voir ses valises près du lit à baldaquins. Sept robes ornées de l'écusson de sa maison, ainsi qu'une écharpe et une paire de gants, avaient été déposées sur son lit. Bill, au cours du repas, l'avait rassurée au sujet de Circé : elle avait rejoint la volière avec les autres hiboux et chouettes de ses camarades.


Hazel se changea et assise sur son lit, parcourut l'emploi du temps : elle avait un cours en commun avec les Serpentard et cela ne lui disait rien qui vaille ... Elle déposa l'emploi du temps sur sa table de chevet avant de s'asseoir sur le tapis avec ses quatre camarades de chambrée : Sofia, Alice, Jerusha et Johanne.


Les cinq filles commencèrent à papoter et à faire connaissance, tout en jouant avec le chat d'Alice. La jeune fille était issue d'une famille de sorciers tout à fait classique et avait une grande sœur qui travaillait pour Gringotts. Jerusha , qui souhaitait se faire appeler « Judy », venait du monde moldu. Elevée dans un orphelinat, elle avait reçu la visite d'un vieil homme qui lui avait dévoilé sa nature de sorcière, avant de lui remettre la lettre d'un mystérieux bienfaiteur. Cet homme anonyme avait pris en charge les frais de scolarité de la jeune demoiselle et ne demandait rien en retour, excepté des nouvelles de sa part. Par la même occasion, Judy avait appris que ses parents, tous deux sorciers, avaient péri au cours de la dernière guerre des sorciers. Johanne, à l'instar de Sofia et d'Alice, avait grandi dans le monde magique : son père était médecin à Saint-Mangouste et sa grande sœur, Margaret, était une élève de Serdaigle.


- J'ai deux autres sœurs, ajouta Johanne. Beth viendra à Poudlard dans deux ans et ma petite sœur elle, devra patienter une année en plus. Amy est déjà une sacrée peste et ferait une digne Serpentard !

Le visage de la jeune fille se voila de tristesse et pressée par ses camarades, avoua la cause de ce chagrin subit :

- Mon meilleur ami, Theodore, a été envoyé à Serpentard ... On pensait être dans la même maison.

- Vous allez pouvoir rester amis ? s'enquit Judy. Cela n'est pas interdit de fréquenter les élèves des autres maisons, non ?


Sofia s'empressa de la rassurer en lui disant que leur appartenance à deux maisons différentes ne pourraient pas entacher leur amitié ; Hazel ne fit aucun commentaire, mais elle craignait que cette amitié ne finisse pas se briser : la plupart des Serpentard ne lui inspirait aucune confiance ! Sofia présenta sa famille, bien ordinaire, selon elle. Ses parents et sa sœur aînée travaillaient tous au Ministère de la Magie. Hazel évoqua brièvement son père et sa belle-mère, mais elle remarqua que Johanne et Alice désiraient en savoir plus sur sa mère ... Hazel se contenta de dire qu'elle l'avait très peu connue et qu'elle n'avait aucun souvenir d'elle. Cela mit fin à toute tentative de questions indiscrètes.


Petit à petit, la fatigue commença à gagner la partie. Sofia fut la première à gagner son lit, bientôt suivie de Judy, Alice et Johanne. Hazel resta quelque temps éveillée dans son lit, les yeux rivés au plafond. La lumière était éteinte depuis un petit moment déjà mais elle ne parvenait pas à trouver le sommeil : tant de questions se bousculaient dans son esprit. Elle tourna la tête vers la table de chevet. Elle avait rangé le coffret dans le tiroir fermé à clef. Elle se jura de découvrir son secret et sur cette promesse, elle parvint enfin à s'endormir.

Laisser un commentaire ?