L'Ecrin des illusions

Chapitre 5 : Nouveau départ

3087 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/01/2024 18:34

Les dernières semaines de vacances s'étirèrent avec lenteur, dans une ambiance pesante. Mary n'adressait plus la parole à Hazel et préférait passer tout son temps libre à l'extérieur. Hazel quant à elle, avait commencé à lire les curieux manuels scolaires et avait réussi à apprivoiser sa chouette qu'elle avait prénommée Circé. L'oiseau avait été la cause du dernier conflit en date : les cris incessants de Circé avaient eu raison de la patience de Mary. Après une âpre discussion, Hazel avait obtenu la permission de laisser la chouette vagabonder à sa guise. La femme de ménage ne devait plus passer dans la chambre de Hazel où commençait à s'entasser les cadavres des rongeurs rapportés par Circé.


La nuit avant son départ, Hazel monta de bonne heure dans sa tanière. L'odeur nauséabonde ne la dérangeait même plus ... Elle ne songeait plus qu'à une chose : son départ pour Poudlard. Elle avait bouclé ses valises depuis plusieurs jours, réglé son réveil à l'aube et nettoyé la cage de sa chouette. Circé s'engouffra par la fenêtre ouverte, déposa un cadavre de souris sur l'oreiller de sa maîtresse avant de regagner son perchoir. Hazel prit l'offrande et la jeta sur le charnier caché dans son armoire.


Son regard fut alors attiré par le coffret à bijoux dissimulé sous un tas de vieux tee-shirts. Elle s'en saisit avant de retourner sur son lit. Trop occupée à parcourir ses livres, elle n'avait pas eu le temps de percer le secret du coffret. Elle sortit sa baguette, qu'elle cachait sous sa taie d'oreille, et imitant le geste de Molly Weasley, tapota l'objet. Rien ne se produisit. Elle enfonça la pointe de sa baguette dans la serrure. Rien n'arriva, mais quand elle voulut récupérer son bien, une mâchoire apparut, retenant sa baguette entre ses canines acérées. Le coffret se mit à pousser des grognements avant de s'échapper du lit. Hazel s'élança à sa suite. L'écrin poussait de petits aboiements semblables à ceux d'un petit chien acariâtre. Le coffret se faufila par la porte entrouverte et s'engagea dans le couloir en aboyant. Arrivé à l'escalier, il se tourna vers une Hazel stupéfaite avant d'entamer sa descente sautillante . Sans trop réfléchir, la jeune sorcière s'engagea sur les marches pour essayer de l'attraper. Une fois dans le hall d'entrée, le coffret s'immobilisa. Hazel en profita pour s'en saisir et le serrer contre elle. La mâchoire se desserra et la baguette tomba au sol. L'attitude de l'écrin changea brusquement : il se mit à trembler et à gémir. La jeune fille caressa le couvercle pour tenter d'apaiser l'objet apeuré.


La porte d'entrée grinça et s'ouvrit avec lenteur. La rue était plongée dans l'obscurité, tous les lampadaires étaient éteints, excepté un : celui faisant face à la maison des Evans.

« Hazel »


La jeune fille aperçut la silhouette s'étirant sous la lumière tremblante. L'ombre fit un pas vers elle. Hazel se recula, peu rassurée par cette étrange apparition. Une lueur nimbait l'inconnu d'un voile rougeoyant. Elle tenta de refermer la porte mais celle-ci offrait une résistance inattendue. Hazel vit l'inconnu plonger sa main dans sa poche et en extraire ce qu'elle devina être une baguette.


- Hazel, que fais-tu là !?

Le vestibule s'alluma, la porte se ferma. La jeune fille aperçut alors son père, la mine ensommeillée.

- Tu devrais aller te coucher, il se fait tard.

- Je...


Tenant le coffret serré contre elle, elle ouvrit la porte et constata que la rue était de nouveau éclairée et qu'il ne subsistait aucune trace de l'homme mystérieux. Son imagination lui avait-elle joué un bien mauvais tour ? Son regard se posa sur le coffret muet : ou alors, s'agissait-il d'un tour de passe-passe de sa part ?


Oliver Evans ferma la porte et s'agenouilla face à elle.

- Ecoute Hazel, si tu n'as pas envie d'aller à Poudlard, tu peux encore changer d'avis.

La jeune fille secoua la tête.

- Ce n'est rien ... Seulement un peu d'inquiétude.

Son père avisa alors le coffret qu'elle tenait contre elle.

- Tu comptes l'emmener ?

- Oui, c'est tout ce qui me reste de maman et peut-être que quelqu'un là-bas saura comment l'ouvrir.

- Cela me semble une bonne idée. A en croire Morgan, le directeur de l'école est réputé pour être un grand sorcier.

Le regard de Mr. Evans s'embua de larmes. Hazel esquissa un sourire vaillant.

- Je t'enverrai des lettres si je découvre quelque chose, c'est promis ! Je te raconterai tout...


Oliver Evans acquiesça. Il paraissait fort peu convaincu par les propos de sa fille unique. Hazel avait conscience de ce que représentait ce départ pour lui. Elle n'était pas la seule à entamer une nouvelle vie . Séparé de sa bande d'amis, loin de son petit bureau étriqué et de la bicoque de l'allée des Cerisiers, Oliver venait de démarrer un nouveau travail dans l'anonymat d'un froid immeuble de la City et bientôt privé de sa fille, il n'aurait plus personne, autre que Mary, avec qui parler ...


Il tenta de sourire, de ce sourire du « brave » dont Hazel avait hérité. C'était le premier conseil qu'il lui avait donné lorsqu'elle avait fait ses premiers pas à l'école : toujours garder la tête haute et sourire. Elle déposa un baiser sur la joue mal rasée, chuchota des paroles réconfortantes avant de regagner sa chambre.


♠♠♠


Le lendemain matin quand ils arrivèrent à King's Cross, la gare était bondée. En ce premier septembre, nombreux étaient ceux rejoignant leurs écoles. Hazel consulta une nouvelle fois son billet : pas de doute, c'était bel et bien la voie 9 3/4 qui était indiquée. Lors du petit-déjeuner, le numéro de la voie avait laissé perplexe Oliver Evans et déclenché l'hilarité de Mary avant qu'elle ne s'éclipse pour son cours de gymnastique.


Remarquant un contrôleur à la face rubiconde, Hazel et son père s'en approchèrent.

- Pardon monsieur ...

- Qu'est-ce que vous voulez ?

- Où se trouve la voie 9 3/4 ?

Le visage de l'homme s'enflamma.

- Assez avec cette plaisanterie !

Il désigna deux voies.

- Là, c'est la voie 9 ; ici, la voie 10. Cette maudite voie 9 3/4 n'existe pas !

Il tira son sifflet de sa poche et se lança à la rencontre d'une bande d'adolescents attroupés près des rails.

- Hazel ! Oliver !

Père et fille se retournèrent. Morgan surgit devant eux, trébuchant sur une paire d'escarpins pointus.

- Pardonnez mon retard, fit-elle en retirant son chapeau. J'ai eu du mal à transplaner ce matin.

Hazel et Oliver échangèrent un regard amusé. Morgan jeta un œil à l'horloge.

- Tu devrais déjà être sur le quai !

- Quel quai ? Où se trouve la voie 9 3/4 ?

Morgan esquissa un sourire malicieux et pointa son index vers le pilier séparant les deux voies.

- Juste là.


Une petite toux gênée interrompit leur conversation. Un jeune garçon appuyé sur une béquille et chargé d'une grosse valise les fixait avec appréhension. Il était accompagné par un couple tout aussi mal à l'aise que lui.

- Je vous ai entendus parler de la voie 9 3/4 et je ne sais pas comment y accéder.

- Rien de plus simple, déclara Morgan sur le ton de l'évidence.

Elle posa sa main sur l'épaule de Hazel.

- Prends une grande inspiration et fonce jusqu'au pilier. Si tu as peur, ferme les yeux. Cela risque de secouer un petit peu ...


Hazel se mit à courir et voyant le pilier arriver, ferma les yeux. Elle s'attendait à un choc brutal mais fut projetée sans encombre sur un nouveau quai. Elle ouvrit les yeux et resta bouche bée : un train rouge et noir, arborant fièrement le nom Poudlard Express, se dressait sur les rails. Des familles entières s'agglutinaient autour de la locomotive, croulant sous une montagne de sacs et de valises. Peu de temps après, Morgan, Oliver, chargé du sac du garçon, et ce dernier, la rejoignirent.


- Ça surprend toujours un peu, la première fois, chuchota Morgan.

- Pas autant que la réception de cette lettre, fit le garçon.

Morgan parut comprendre son ressenti.

- Je vois ... Tu n'es pas de notre monde. Pour Hazel aussi, ce fut un choc.

Le garçon parut se détendre et adressa un sourire amical à Hazel.

- Tu viens d'une famille sans pouvoirs toi aussi ?

- On peut dire ça comme ça, répondit Hazel.


Reconnaissant Molly Weasley et ses quatre fils, elle fit signe au petit groupe. Molly l' étreignit avec fougue avant de se tourner vers ses fils aînés :

- Bill, Charlie, rendez-vous utiles et aidez donc Hazel et son ami à porter leurs valises.

Bill attrapa la valise du garçon, Charlie prit la cage de Circé et tous les quatre montèrent dans le train, laissant Molly entamer une discussion avec Oliver et Morgan.

- Au fait, déclara le garçon en montant le marche-pieds, je m'appelle Jonathan Harker.

- Hazel Evans, fit-elle en l'aidant à entrer dans la voiture.


Bousculés de toutes parts, ils trouvèrent enfin un compartiment libre. Bill les laissa seuls, tandis que Jonathan, essoufflé, s'assit sur la banquette.

- Je vous garde les places, si vous voulez.


Hazel et Charlie le remercièrent avant de redescendre sur le quai. La jeune fille tenait à profiter de ces dernières minutes avec son père. Au cours de la discussion, Hazel fut surprise d'apprendre qu'Oliver et Molly s'étaient déjà croisés et elle comprit alors, la remarque de Mrs. Weasley lors de leur première rencontre.


Hazel se désintéressa peu à peu de la conversation et s'amusa à observer ses futurs camarades. Elle reconnut quelques visages aperçus sur le chemin de Traverse, grimaça quand elle vit les deux pestes croisées chez le glacier. Elle se serait bien passer de leur présence et espérait ne pas fréquenter la même maison qu'elles !


- Dépêche-toi, siffla une voix stridente non loin de leur petit groupe.


Hazel reconnut le grand dadais bousculé chez Ollivander. Il était accompagné d'une vieille femme très pâle, toute de noir vêtue. Hazel eut un frisson rien qu'en la regardant. La vieille femme se tourna vers eux, dardant un regard de glace sur Morgan. Hazel la vit saisir le coude du garçon et lui glisser quelques mots à l'oreille. Il leva la tête, les observa avant de hocher la tête.


- Qui est cette bonne femme ? demanda-t-elle à Charlie, tout aussi déconcerté qu'elle par l'attitude des deux sorciers.

- Je ne sais pas ... Mam' ?

Molly Weasley avait perdu de sa bonne humeur. Son teint était blanc et ses yeux brillaient de larmes mal contenues, mais son visage décomposé n'était rien à côté de celui de Morgan, ravagé par une douleur indescriptible.

- Comment Dumbledore peut-il autoriser cet enfant à franchir les portes de son école !?

Molly secoua la tête.

- Ce garçon n'est pas responsable des crimes de ses parents ...

- Qui est-ce ? répéta Hazel.

- Un personnage fort peu fréquentable, décréta Morgan. Tu dois me promettre de rester à l'écart de cet individu.

- C'est valable pour toi aussi, Charlie, déclara Mrs. Weasley avec sévérité. Les Wilde sont des personnes de bien piètre réputation : pas un pour rattraper l'autre.

- Entendu, mam' !


Hazel elle aussi, promit du bout des lèvres et la discussion prit une tournure plus amicale. Bientôt, un coup de sifflet se fit entendre. L'heure du départ était venue. Hazel se rapprocha d'Oliver et tous deux échangèrent une dernière étreinte, se donnant du courage en évoquant les vacances de Noël. Hazel se détacha avec lenteur de son père, il lui caressa la joue et appuya ses lèvres contre son front. Morgan l'embrassa à son tour avant de la laisser monter dans le train. La porte de la voiture se ferma et la machine s'ébranla. Le train prit de l'allure et la silhouette d'Oliver ne fut plus qu'une ombre vague s'estompant peu à peu ...


Hazel et Charlie se faufilèrent dans l'étroit couloir afin de rejoindre leur compartiment. Ils ouvrirent la porte et eurent la désagréable surprise d'y voir les deux brunettes et le grand dadais. Ces trois-là avaient pris place sur la banquette, entourant un Jonathan apeuré.

- Nous étions là avant vous, dit Charlie d'un ton peu aimable.

Le petite brune mit ses pieds sur la banquette, bien décidée à ne pas leur laisser un bout de son territoire nouvellement conquis.

- Notre nouvel ami Sang-de-bourbe nous a autorisés à nous asseoir ici.

Hazel vit le visage de Charlie devenir rouge.

- Comment oses-tu ...

- Cheveux roux et aspect miteux, déclara l'autre adolescente en lui jetant un regard dédaigneux, tu dois être un Weasley.

Charlie s'avança vers elle, le poing serré. Hazel retint son geste : ils devaient éviter de s'attirer des ennuis. Le pauvre Jonathan se mordillait les lèvres pour retenir ses larmes.

- Tu ferais mieux d'écouter ta copine, Westie. Pourquoi n'iriez-vous pas dans le wagon des animaux , ton pote de bourbe, ta copine et toi ?

A nouveau ce nom étrange ... Charlie se renfrogna.


La petite brune se mit à scruter Hazel avec attention et la reconnut.

- Je vois que tu as renoncé à porter l'écharpe de Serpentard. Un conseil : les personnes ayant pour ambition d'intégrer cette maison, doivent éviter de traîner avec les traîtres à leur sang et les sangs pourris.

- Je ne compte pas rejoindre Serpentard, laissa tomber Hazel d'un ton sec.


L'échalas parut s'éveiller. Il se redressa lentement, ses longs membres se mirent à craquer et Hazel put constater à quel point, il était grand. Il releva la tête et son regard, d'un vert étonnant, se posa sur les deux amis.

- Quel est ton nom ? demanda-t-il avec agressivité.

- Hazel Evans, répondit-elle sur le même ton.

Ils échangèrent un regard d'animosité. Les deux filles quant à elles parurent surprises par cette réponse :

- Evans ? Comme Lily Evans ?

- C'était la cousine de mon père, précisa Hazel sans détacher son attention du grand dadais.

Le nez de la petite brune se fronça, comme si ses narines venaient d'entrer en contact avec une odeur particulièrement pestilentielle.

- Venez, on s'en va, ordonna-t-elle en se levant d'un bond. Ce compartiment pue.


Elles sortirent en prenant un air impérial. Le garçon bouscula Charlie et Hazel d'un coup d'épaule avant de s'attacher aux talons des deux filles, telle une ombre veillant sur elles. La porte se referma et Charlie se laissa tomber sur la banquette.

- Des crétins ...

Hazel sortit un mouchoir de sa poche et le tendit au pauvre Jonathan.

- Peut-être qu'ils ont raison, chuchota-t-il en se mouchant. Je n'ai pas ma place à Poudlard. Il y a deux mois encore, je ne savais même pas que j'étais un sorcier !

- Moi de même, le consola Hazel en s'asseyant près de lui.

- De nombreux sorciers nés dans une famille de Moldus se sont révélés de grands sorciers, fit Charlie. Je n'en dirais pas tant de certains « sangs purs ».


Jonathan esquissa un sourire empli de gratitude. Charlie lui tendit la main et une fois les présentations faites, Charlie répondit aux questions de ses deux camarades sur le monde de la magie. Leur conversation fut seulement interrompue par l'arrivée d'une sorcière poussant un chariot débordant de confiseries. Jonathan et Hazel se levèrent pour s'en approcher et ne connaissant aucune des friandises présentées, achetèrent le tout. Ils les déposèrent devant un Charlie croquant un sandwich racorni.


- Sers-toi, proposèrent Hazel et Jonathan en chœur.


Charlie ne se fit pas prier davantage et ouvrit un paquet de dragées de Bertie Crochu qu'il partagea avec Jonathan, tout en le mettant en garde contre les mystérieuses friandises. Hazel ouvrit un paquet de Chocogrenouilles. La grenouille chocolatée tomba sur ses pattes et sautilla au milieu des paquets de sucreries, en poussant de joyeux croassements. Hazel, fort intéressée par la carte offerte dans le paquet, n'y prêta guère attention. La carte représentait un vieil homme portant une longue barbe et de curieuses lunettes.


- Albus Dumbledore, lut-elle avant de parcourir les informations données sur le personnage. C'est lui, le directeur de Poudlard ?

- Oui, confirma Charlie en avalant tant bien que mal, une dragée goût poisson pourri. Le plus grand et le plus fou des sorciers .de notre époque ...

Le vieil homme lui adressa un clin d'œil malicieux avant de disparaître, ce qui suscita un cri de la part de Jonathan.

- La photo ! Il n'est plus là !

- Bien sûr, répliqua Charlie en s'attaquant à un autre paquet de bonbons, il n'allait pas rester planté là toute la journée !


Hazel et Jonathan échangèrent un sourire. Tous les deux avaient encore bien des choses à découvrir et à apprendre sur la magie !


La porte du compartiment s'ouvrit à nouveau, cette fois-ci sur une jeune fille, plus grande qu'Hazel, portant un hijab noir orné de petits lions dorés. Elle se recula, gênée.

- Pardon ! Je me suis trompée de compartiment !

- Ce n'est rien, la rassura Charlie.

- Vous feriez mieux de vous habiller, leur conseilla-t-elle avec douceur. Nous arrivons bientôt à destination.

Hazel jeta un regard par la vitre et à sa grande stupeur, elle s'aperçut que le soleil déclinait déjà à l'horizon ! La jeune fille leur adressa un sourire chaleureux.

- Vous êtes nouveaux vous aussi ? Je dois dire que j'ai un peu la trouille...


Le trio s'empressa de rassurer la nouvelle venue, prénommée Sofia Mirwani, eux aussi, n'en menaient pas large., Le petit groupe se sépara pour aller se changer. Une fois vêtue de sa robe de sorcière, Hazel se pencha à la fenêtre. Elle aperçut l'impressionnant château s'élevant dans le soleil couchant. La fin de ce voyage marquait le début d'une nouvelle et angoissante aventure.


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