L'homme choisit, l'esclave obéit

Chapitre 12 : Chapitre 11

Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/08/2009 01:53

 

Rapture, cinq ans et neuf mois plus tôt

Ryan porta la fleur à son nez et respira longuement. Les effluves de la rose emplirent son corps tout entier. Il aimait les fleurs en général et particulièrement les roses. Mais du fait de son train de vie surhumain, il n'avait jamais le temps de s'en occuper. Et voilà qu'un véritable champ de roses s'étendait désormais à ses pieds. Enfin, façon de parler, puisque les fleurs et lui-même étaient séparés par une grande baie vitrée. Le maître de Rapture se releva lentement et étira ses muscles fatigués. Il adressa un léger sourire à la scientifique qui se tenait derrière lui.

_Vous avez fait un travail magnifique, professeur Langford. Bravo.

Langford ne put cacher le rouge qui lui vint aux joues. Si son travail avait séduit Andrew Ryan, elle méritait amplement sa place à Rapture et parmi les grands. Elle était presque amusée de voir Ryan se mettre à quasiment batifoler auprès des fleurs et des plantes d'Arcadia.

Arcadia.

Ce nom sonnait comme un prix aux oreilles de Langford. C'était le couronnement de sa carrière scientifique et le rachat de ses fautes. Elle se souvenait encore, il n'y avait pas si longtemps Ryan l'avait chargée d'une mission. Construire un arboretum pour Rapture. Un travail qui pouvait sembler impossible : comment faire pousser des plantes au fond de l'océan ? Et pourtant, elle l'avait fait. un paradis dans le paradis. Mais Arcadia était bien plus qu'un simple jardin ou un arboretum commun. c'était un endroit vital pour tout Rapture; Pourquoi ? Rapture posait un problème simple : un des principaux besoins de l'être humain était l'oxygène. Sans air, c'était la mort assurée. Or, Rapture était calfeutrée au fin fond de l'Atlantique. Et à moins d'une évolution très rapide de l'espèce, les habitants de la ville ne pouvaient pas plonger leur tête dans l'eau pour en tirer leur oxygène. Ryan avait tout d'abord pallié ce problème en faisant construire de grands tuyaux qui remontaient jusqu'à la surface, chargés de conduire l'air de la surface jusque dans Rapture. Mais le procédé était lent et peu efficace. Et surtout, Ryan désapprouvait l'idée de dépendre de la surface, ne serait-ce que pour respirer. Alors il avait eu une idée : c'étaient les arbres qui par leur action, apportaient de l'oxygène. Alors pourquoi ne pas en faire pousser ici-même ? Le nom du projet "Arcadia" avait déplu à Langford mais elle savait faire passer les intérêts avant les goûts personnels.

Ryan porta son regard sur l'herbe verte d'Arcadia en posant la fleur sur la table de travail de Langford.

_Vraiment professeur. Vous avez au moins autant de talent lorsque il s'agit de faire pousser des plantes que de les détruire.

Langford accusa le coup sans rien dire. Ryan était au courrant pour son passé bien sûr. Il savait que durant des années, elle avait travaillé pour l'armée américaine, mettant au point les pires défoliants qu'ils soient pour combattre le Japon. Langford s'en voulait terriblement. Elle avait tué des îles. Son cerveau avait fabriqué des armes, fonctionné pour la guerre. C'était pour cela que dès 1946, elle avait émigré vers Rapture, pour trouver un endroit où sa conscience cesserait de la tourmenter. Arcadia était loin d'être finie, notamment la cascade qui posait de nombreux problèmes mais dans l'ensemble, c'était globalement satisfaisant.

Ryan rajusta sa cravate.

_Arcadia va permettre à notre peuple d'apprécier les bienfaits des plantes. Saviez-vous que certains enfants nés à Rapture n'avaient jamais vu d'arbre de leur vie ?

Langford ne répondit pas à la question rhétorique de Ryan. Le maître de Rapture lui tendit un petite note qu'il utilisait habituellement pour transmettre ses commandes.

_Monsieur Ryan. J'ai du mal à comprendre.

_Vous n'avez qu'à lire. Je veux que vous fabriquiez un défoliant. Le plus puissant jamais fait.

En entendant ce mot, Langford revit Berkeley et Iwo Jima. Elle revit les arbres se tordre et perdre leurs feuilles, se faire recouvrir d'une pellicule de pourriture et devenir poussière. Ryan venait de lui commander Arcadia alors pourquoi lui demander un moyen de la détruire ?

_Pourquoi ? demanda sèchement la scientifique.

_Vous n'avez pas à le savoir professeur.

Langford estima le combat perdu d'avance. C'est pourquoi elle courba la tête en signe de soumission :

_Parfait. Je ferais ce que vous m'avez demandé. Mais ce défoliant va vous coûter cher.

_Aucun problème, dit Andrew en haussant les épaules. Je suis un homme riche.

Et après un bref salut, il quitta le bureau de Langford. Il devait se rendre à son bureau pour recevoir les Rapturiens en audience. Il avait beau détester cet aspect de son travail, il le devait à Rapture. Le chef du Conseil devait veiller au bien-être de ses habitants et savoir ce qui les préoccupait. Par chance, le métro -le terme était utilisé pour parler des bathysphères de voyage- n'était qu'à quelques pas du lieu que Ryan venait de quitter. A l'extérieur, il se ravit de sentir l'herbe verte sous ses pieds. C'est en attendant sa bathysphère que Ryan repensa au défoliant. Il pouvait sembler curieux qu'Arcadia étant à peine finie, il voulait une arme capable de la détruire. Mais Elation était encore dans sa mémoire. Et si par un incroyable coup du sort, Arcadia lui échappait, il fallait la détruire. Mais pas par le feu comme en Oregon : un incendie dans un lieu clos comme Rapture et c'était toute la cité qui disparaissait sous l'oxyde de carbone. Non, il fallait un moyen propre et le défoliant était idéal.

Le voyage prit peu de temps pour gagner le Cœur d'Héphaïstos et de là, son bureau. Il admira rapidement son grand hall avec ses hautes colonnes et passa la lourde porte blindée qui conduisait à son office. Il salua sa secrétaire et lui dit d'introduire la première personne tandis qu'il s'installait. Il regarda sur son agenda et vit que la première personne à recevoir était le docteur Bridgette Tenenbaum. Il se grilla une cigarette en l'attendant. Le goût des coquillages le répugna un moment. Il ne s'était toujours pas fait à ces ersatz de tabac. Comme à Tenenbaum d'ailleurs.

Tenenbaum était une ancienne scientifique nazie, qui avait fait de grandes découvertes en travaillant sur ses codétenus au camp où elle était prisonnière durant la guerre. Ce passé dégoutait Ryan mais il ne pouvait rien dire : Rapture ne prônait-elle pas un mode sans éthique ni censure ?

Tenenbaum parut enfin. Une trentaine d'années, des cheveux noirs crépus et un accent à couper au couteau. Moyennement jolie selon les critères de Ryan. Mais peut-être qu'il n'aimait pas les allemandes en fin de compte. Il lui fit signe de s'assoir.

_Alors dites moi docteur, de quoi vouliez vous m'entretenir.

_Je viens de faire une découverte extraordinaire monsieur Ryan.

Ryan leva un sourcil :

_Tiens donc ?

Tenenbaum sortit de son sac un petit bocal, contenant une sorte de limace. Ryan eut une moue de dégoût. Il détestait les limaces.

_Donc votre découverte est cette...

Ryan chercha un qualificatif approprié.

_...chose.

_C'est une limace de mer. Mais ce n'est pas elle qui est incroyable, c'est ce qu'elle produit.

Ryan étouffa un bâillement. Quand est-ce que Tenenbaum allait arriver au but ?

_Il y a quelques jours, poursuivit-elle, un des dockers a été mordu à la main par une de ces limaces. Il avait une de ses mains paralysées depuis la guerre. Et le lendemain de sa morsure, il pouvait à nouveau bouger les doigts !

Ryan calma l'ardeur de Tenenbaum :

_Vous êtes en train de me dire que cet homme a retrouvé l'usage de ses mains grâce à cette bestiole ?

_Oui. J'en suis persuadée.

Ryan nota le terme employé

_Persuadée ? Vous n'avez pas vérifié ?

_Il faut un équipement de pointe et hélas, je n'ai pas les moyens de me l'offrir. Peut-être que si vous...

Ryan lui coupa la parole :

_Écoutez Tenenbaum. J'ai beaucoup de travail aujourd'hui et je n'ai pas le temps de m'occuper d'une limace guérisseuse de main. En plus, cela peut très bien être une coïncidence. Et vous connaissez mon avis personnel sur le don, je suppose. Je ne donne rien, j'investis. Et je ne le fais que si je suis sûr de gagner. Or, je ne crois pas gagner avec votre animal.

_Vous avez tort, rétorqua Tenenbaum. Cette limace aurait pu être la consécration de Rapture. Un moyen d'améliorer l'être humain.

Incapable de résister, Ryan éclata de rire.

_Docteur, vous êtes en pleine science-fiction. Quand bien même votre limace posséderait ces propriétés, je ne me lancerais pas dedans. Allez voir la communauté scientifique ou trouvez un autre mécène. Mais Ryan Industries ne mettra pas le pied dans cette chimère.

Il fit signe à Tenenbaum de partir et de remporter sa limace. En attendant le prochain rendez-vous, Ryan repensa à leur conversation. Avait-il eu tort de rejeter la scientifique et son projet insensé ? Lui-même avait fait de semblables projets qui s'étaient révélés fructueux par la suite. Mais après tout, même si cette limace donnait de bon résultats était-il obligé d'en tirer profit ? Il n'était pas la seule fortune de Rapture -Fontaine aussi était très riche-. D'autres avaient le droit de réussir aussi. Il tira une nouvelle bouffée de sa cigarette en regardant son agenda. Le suivant répondait au nom de Piotr Narishkin et il venait juste d'arriver. Un russe de plus que comprenait enfin que le communisme était mauvais. Andrew le fit introduire.

Il s'attendait à un homme jeune ou tout au plus de son âge. Mais Narishkin avait largement soixante-dix ans. Des cheveux d'un blanc terne et un visage couvert de rides. Étrangement, Ryan avait l'impression de le connaître ou du moins, de l'avoir déjà vu, bien avant Rapture.

Il l'aida à s'assoir. Narishkin parlait mal l'anglais mais en savait assez pour se faire comprendre. Ryan l'invita à parler.

_Dites-moi monsieur Narishkin, qu'est-ce qui vous amène me voir.

_Je avoir besoin de vous. Je fuir URSS rapidement, sans argent. J'ai besoin travail.

Ryan croisa lentement les mains devant son visage. Encore une fois on venait le voir lui. Avait-on besoin d'argent ? On allait voir Ryan. D'un travail ? On allait voir Ryan. C'en devenait lassant et Ryan employait un euphémisme.

_Et pourquoi venir travailler pour moi ? Il y a beaucoup d'entreprises et de postes disponibles à Rapture. Le travail est un des principaux moteurs de notre société.

_Oui. Mais j'ai entendu dire que vous être le plus généreux des patrons quand travail bien fait.

Ryan s'autorisa un infime sourire. Narishkin avait dit vrai. La générosité de Ryan n'avait pas de limites quand ses employés mettaient une vraie ardeur à la tâche. C'était déjà comme ça à la surface et cela continuait sous l'eau.

_Je suis satisfait de voir que Rapture me porte de si grands qualificatifs.

Ryan pressa de son index le bouton d'appel et parla à sa secrétaire au travers le tube de communication. Une sorte de ligne téléphonique privée, sans qu'il fut nécéssaire de passer par les opératrices. Un gain de temps louable, surtout quand au final, la personne qui recevait l'appel n'était qu'à quelques pièces de là.

_Molly, pouvez vous vérifier dans les classeurs si Ryan Entreprises ont un poste de libre en ce moment ? Merci.

Laissant sa secrétaire à sa besogne, Ryan se reconcentra sur Narishkin. Sa première impression avait été la bonne, il l'avait déjà vu. Mais quand il était jeune. Pour passer le temps, il décida d'élucider ce mystère.

_Alors monsieur Narishkin vous nous arrivez d'URSS ?

_Oui. Je fuir quand Staline mort. Pas vouloir être tué par Khrouchtchev ou les autres chefs.

A ces mots, Ryan sentit une larme de joie couler le long de sa joue. Staline était mort. Mort. L'information avait toujours un temps de retard et était toujours déformée en arrivant à Rapture. Mais le ton de ce témoin était formel. Staline, le boucher était mort. La plus belle nouvelle qu'on lui ait donnée d'entendre depuis des lustres.

_Vous pleures ? s'inquiéta Narishkin

_Non, non, dit Ryan en s'essuyant le visage avec un mouchoir de lin. Un problème médical rien de grave.

En posant le mouchoir sur le bureau, Ryan continuait de réfléchir. Puisque Narishkin avait quitté l'URSS à la mort de son leader, on pouvait sans doute parier qu'il aurait pu le faire avant. Le pays était vaste et on pouvait fort bien s'en échapper. Ryan le savait, il l'avait fait. Narishkin était donc probablement resté toute sa vie en URSS. Alors pourquoi est-ce que Ryan était sûr de le connaître ?

Soudain, un doute affreux naquit en lui. Comme une gouffre qui s'ouvrait dans son esprit. Et si ? Et si ? Non, c'était trop gros, ce n'était pas possible. Les chances devaient être de l'ordre de une sur des millions...

_Monsieur Narishkin, demanda Ryan d'une voix qu'il ne reconnaissait pas lui même. Que faisiez vous comme métier en URSS ?

_Soldat de l'Armée Rouge. Depuis toujours.

Inconsciemment, Ryan se mordilla la lèvre. C'était trop gros.

_Vous avez participé à la guerre civile ?

_Da. Répression anti-blancs.

Le gouffre finit de s'ouvrir. Ryan savait pourquoi Narishkin lui semblait si familier. C'était l'officier qui avait assassiné sa famille, trente-quatre ans auparavant. Ryan le voyait encore, affublé d'une grossière chapka et d'un uniforme, pointant un revolver sur son père agonisant. Il revoyait sa grande sœur mourir sous les balles de ses hommes. Cet homme était la raison pour laquelle Andrei Artiomovitch Rydjii n'existait plus et pour laquelle Andrew Ryan luttait si fermement chaque jour contre le communisme et ses horreurs. Cet homme était son Némésis.

Ce fut la voix de sa secrétaire qui lui parla au travers du tube qui l'arracha à la neige de la Russie de 1919 pour revenir aux profondeurs de Rapture, plus de trente ans plus tard.

_Monsieur Ryan ? Aucun poste de libre pour l'instant.

Narishkin esquissa une grimace. Ryan resta de marbre un moment. Voilà que l'assassin de sa famille se présentait à lui et voilà qu'il allait le laisser filer ? Il n'en n'était pas question. Andrew se leva d'un bond.

_Attendez. J'ai peut-être quelque chose pour vous. Suivez-moi.

Ryan marchait vite dans le Cœur d'Héphaïstos, Narishkin sur ses talons. Il avait prévenu sa secrétaire de faire patienter ses autres rendez-vous. Il n'en n'aurait que pour un moment. A chaque pas que Ryan faisait, il sentait la rage grandir en lui et s'insuffler dans chacun des pores de sa peau. Il ne voulait qu'une chose : sauter sur Narishkin et le réduire en charpie.

Mais même sur Rapture, il y avait des lois. Lois qu'il avait lui-même édicté. Et en tuant publiquement, Ryan aurait enfreint les deux dernières règles de la cité. A la surface, il aurait opté pour un procès en bonne et due forme. Mais le passé était oublié quand on venait sur Rapture. En fait, on pouvait voir Rapture comme une nouvelle naissance.

Ryan guida Narishkin au travers d'un dédale de couloirs encore en constructions, au milieu d'ouvriers travaillent à souder et à améliorer le cœur industriel de la ville et son système géothermique.

Géothermie. Rapture ne pouvait pas tirer son énergie d'ailleurs. L'électricité comme on l'entendait à la surface était impossible : où tirer les câbles ? Rapture creusait donc le fond de l'Atlantique, se rapprochait du cœur de la planète et en tirait de la lave comme source d'énergie et bien sûr de chaleur.

Ryan guida Narishkin jusqu'à une grande plate forme déserte, qui surplombait un des réservoirs principaux d'Héphaïstos, juste protégée par un garde fou. Des tonnes et des tonnes de lave en fusion sifflaient et dégageaient une odeur épouvantable à quelques mètres en dessous d'eux. Les travaux de cette zone n'avaient en fait pas encore débutés et ils étaient seuls. Seuls. L'Assassin et sa Victime. Comme autrefois mais les rôles changeaient.

Ryan fit signe à Narishkin de s'approcher. Il dut hausser la voix pour couvrir les sifflements de la lave.

_Saviez vous que cette lave est environ à mille degrés ?

_Ça être très impressionnant.

_Oui ça l'est.

Ryan fit signe à Narishkin de s'approcher et de s'appuyer contre le garde fou. Celui-ci commença par refuser puis, accepta. Il eut un mouvement de recul en voyant la lave bouillonner à quelques mètres en dessous de lui. Ryan le laissa hypnotisé par ce spectacle et chercha autour de lui pour trouver une arme.

_Lorsque vous avez fait la guerre civile, dit Ryan tout en continuant à chercher. Vous étiez chargé de trouver les blancs et de les conduire à Moscou, n'est-ce pas ?

_Oui, dit Narishkin d'une voix lointaine, toujours à fixer la lave. Moi et mes hommes se rendions à maisons blanches et arrêtaient occupants.

_Vous ne les tuiez pas ?

_Si ordres. Ou si refus d'obéir.

Ryan trouva enfin l'objet de son bonheur : une clé anglaise, sans doute oubliée là par un ouvrier distrait. Il la prit et fut étonné de son poids. Elle était vraiment lourde. Il s'approcha à petits pas de sa victime qui lui demanda.

_Mais pourquoi vous vouloir savoir tout ça ?

_Je ne me suis pas toujours nommé Andrew Ryan.

_Ah bon ? déclara Narishkin en se retournant lentement.

_Non. Avant mon nom était Rydjii. Andrei Artiomovich Rydjii, frère de Ievguenia Artiomova Rydjii, fils de Artiom Alexandrovitch Rydjii.

Ryan avait espéré que les noms diraient quelque chose à Narishkin mais il s'en fut rien. Il devait avoir tellement de morts sur la conscience, qu'il devait oublier le nom de ses victimes. Ce fut cela qui libéra la rage d'Andrew. L'assassin ne se souvenait même pas de ses victimes. C'était une nouvelle mort. C'était écœurant. Narishkin blêmit en voyant l'arme dans les mains de Ryan mais il était coincé.

_Attendre ! Que faire vous ?

_Je t'offre quelque chose que j'aurais dû te donner il y a trente-quatre ans.

Ryan brandit la clé anglaise un court instant avant de frapper avec force sur le visage de Narishkin et le pousser en même temps par dessus le garde fou. Il n'eut même pas le temps de crier avant d'être englouti par la lave. Ryan se pencha légèrement dans l'espoir de le voir se débattre. Mais il ne vit que la lave bouillonnante. Il lâcha la clé anglaise tachée de sang qui alla se fondre dans la lave.

Ryan resta encore un peu à regarder la lave puis retourna d'un pas lent vers son bureau. Il demanda à être seul un moment. Il s'assit dans son grand fauteuil et poussa un long soupir. Il venait d'assassiner un homme. Il venait de commettre un meurtre. Et pourtant, il se sentait bien. Vraiment bien. Si bien qu'il s'autorisa un de ses chers cigares cubains qu'il devait perpétuellement rationner et un verre de vodka. Tout en savourant la fumée, il se dit qu'il devait bien quelques derniers mots à Narishkin. Il leva son verre et le vida cul-sec avant de le faire passer par dessus son épaule.

_Za tebja tovaritch ! *

* Za tebja tovaritch => "A la tienne, camarade !" en russe



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