Pour ta femme, quand tu te marieras
Judy entra dans le taxi avec sa petite valise, les quelques affaires que Nick lui avait apportée pour sa sortie de l'hôpital. La voiture démarra, prenant la direction de chez son ami, qui avait insisté pour qu'elle vienne quelques jours chez lui, afin de s'assurer que tout aille au mieux quant à sa santé. Elle était en effet en arrêt pour encore un mois, ce qui était source pour elle d'une certaine frustration.
Elle songeait à l'avancement de l'enquête tandis qu'elle observait le paysage défiler derrière la vitre à sa droite.
Grâce à des indications obtenues par le chauffard, plusieurs dizaines d'animaux avaient étés sauvés d'entrepôts insalubres où ils étaient détenus, chaînes aux pattes, à tisser des poils et confectionner différents vêtements toute la journée. Leurs conditions de vie étaient précaires, la plupart d'entre eux n'avaient aucune famille pour signaler leur disparition. Leurs "œuvres" étaient revendues un peu partout, dans Zootopie et ailleurs. Même Mr Big, rangé seulement depuis la naissance de sa petite fille, n'avait eu aucun écho de ces réseaux là. En effet, ils n'étaient pas cantonnés à Zootopie, bien plus étendus, ils sortaient donc de son "business".
Cependant, aucune nouvelle de la petite louve ou de son agresseur. Les garde à vue se succédaient, mais trop d'éléments demeuraient dans l'ombre.
En tout cas, dans la ville en elle-même, le travail du duo et des autres membres du poste de Police avait permis de démanteler le plus gros du réseau - voire même sa totalité, à priori. Le reste sortait de leur juridiction.
Judy soupirait, alors qu'elle s'interrogeait sur le sort de la louve, quand elle songea à quelques mots échangés entre Nick et Mr Big le jour de leur première rencontre, avant même qu'ils ne soient coéquipiers. Mr Big reprochait à son ami de lui avoir fourni un tapis en peau de fesses de putois. Pourquoi cela ne lui était pas revenu à l'esprit plus tôt ? Elle écarquillait les yeux, observant le paysage, réalisant alors qu'ils s'éloignaient de la ville. C'est dans les montagnes qui surplombent Zootopie que le taxi s'arrêta enfin, dans un petit chemin de terre. Judy paya son dû et observa les alentours avec surprise.
Face à elle, un portail devant une jolie maison en pierre, dont le jardin était assez mal entretenu, au regard de l'allée menant à la porte d'entrée, qui était tracée par les aller-retour du propriétaire au milieu des hautes herbes. Des pissenlits et des chardons poussaient sauvagement dans les trous de la clôture qui encerclait ce terrain à l'abandon.
Le tout était planté au milieu de nombreux arbres, excepté sur la gauche de la demeure, où l'on pouvait apercevoir l'entièreté de la ville en contre bas.
Ça n'était tout de même pas là que vivait son ami ? Avec leur salaire de policiers, difficile de l'imaginer ici. Puis elle se rappela son passé de contrebandier de glaces à l'eau en soufflant un rire et alla jusqu'à la porte. En plus de son adresse, le renard lui avait laissé la clef de chez lui, sachant qu'il ne sortirait qu'assez tard du poste.
Elle s'aventura jusqu'à la porte et ouvrit. L'entrée était spacieuse et lumineuse, malgré l'heure tardive et le soleil qui déclinait à l'extérieur. Malgré un jardin totalement oublié, la maison en elle-même semblait propre et bien entretenue. Peut-être avait-il fait un grand nettoyage en sachant qu'elle viendrait.
Elle ôta son manteau et ouvrit le placard de ce hall d'entrée. Alors qu'elle replaçait le cintre et son vêtement à l'intérieur, elle remarqua une boîte éventrée dans le fond du placard, visiblement renversée. Elle la souleva pour la refermer, quand elle aperçu le tissu blanc qui y était. Souhaitant remettre le tout en place, elle s'en saisit et le sortit de la boîte où il était complètement sans dessus dessous. Se dépliant devant elle, elle comprit rapidement ce dont il s'agissait. C'était une superbe robe de mariée entièrement de dentelle, à dos nu. Alors qu'elle repliait la robe, elle aperçu au sol un petit bout de papier, probablement tombé des plis du tissu, sur lequel était inscrit "Pour ta femme quand tu te marieras". Elle rangea le tout, songeuse. Elle se doutait qu'il s'agissait là d'un présent de la mère de son ami. Ce dernier ne lui avait que très peu parlé d'elle. Elle était morte d'une maladie, quand il avait 11 ans.
Elle s'avança dans la maison, explorant un peu les lieux, l'esprit préoccupé à la fois par cette histoire de tapis en putois et par la robe qu'elle venait de découvrir.
Sur la table du salon, par ailleurs décoré avec beaucoup de goût, un petit mot était déposé. "Ta chambre est au premier étage, à droite. Ne touche à rien Carotte." Au bas de la feuille, une annotation : "Ps : Je plaisante.". Elle sourit doucement et monta les marches, son bagage à la patte.
Elle poussa la porte de sa chambre, qui était plutôt spacieuse et aussi jolie que le reste de la maison. Elle doutait fort que son ami ai décidé lui-même de la décoration. A côté de son lit, une commode sur laquelle étaient posées quelques photos. Il y avait Nick petit, ce qui ne manqua pas de la faire sourire tendrement. Il était adorable à cet âge. Mais il y avait aussi une photo de lui, près de sa mère. C'était une belle renarde, grande et fine, habillée d'une jupe crayon, très élégante !
Un bruit à la porte la fit sursauter. Puis elle émit un rire, une main sur son cœur.
- Nick ! Tu m'as surprise.
- Salut Carotte.
Elle posa la valise sur ses draps.
- Ta maison est jolie.
- Merci. La route n'a pas été trop compliqué ?
- Oh, tu sais, je suis presque entièrement remise.
- Hm...
Il l'observa un moment en souriant finement. Il était heureux de la voir en pleine santé. Une part de lui jubilait également de la voir dans sa propre maison.
- Dis moi Nick...
Il en revint à ses deux grands yeux violets qui semblaient maintenant emprunts d'une certaine inquiétude.
- Tu te souviens de notre première entrevue avec Mr Big..?
- Bien sûr. Difficile de l'oublier.
Il voulut rire, puis compris où elle voulait en venir.
- Il t'avais reproché de lui avoir apporté un tapis en peau de fesses de putois, tu te rappelle ? J'aimerais savoir si ça a un lien avec tout ça.
Il fronça les sourcils et avança d'un pas.