Un jour spécial en décembre

Chapitre 1 : Un jour spécial en décembre

Chapitre final

4415 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/12/2020 20:06

Un jour spécial en décembre




Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum Fanfictions . fr : Houston, on a un tas de neige (décembre 2020 - janvier 2021).




Je suis heureuse que nous nous soyons rencontrées


Dans la forêt qui resplendit de la lumière du soleil filtrant à travers les feuilles



Il faisait froid, très très froid.


Jusqu’à présent, je n’en avais jamais réellement pris conscience parce que je m’étais toujours trouvée au chaud dans la boutique, mais dès l’instant où je me retrouvai le nez dehors, je compris que j’allais passer un moment peu agréable, du fait de ce temps hivernal. Et pourtant, j’étais bien emmitouflée.


Il neigeait à gros bouillons, dehors, et le vent hurlait de rage. Je n’avais guère vu de telle tempête depuis des lustres. La jeune fille – quel âge avait-elle, douze, treize ans ? – qui était avec moi, aux longues couettes blondes dorées et aux yeux aussi verts que l’émeraude, me tenait néanmoins fermement, probablement par crainte de me perdre, et je devais bien admettre que j’avais peur, moi aussi. Si on se quittait… je terminerais dehors, toute seule, oubliée de tous, et sans personne pour venir me sauver. Pas seulement à cause du climat terrible, mais également à cause de ce que les gens appelaient « Vertex[1] » : des sortes de créatures basées sur les signes du zodiaque qui attaquaient les humains, et avaient déjà dévasté une grande partie du monde, à l’exception de l’île japonaise de Shikoku, où la vie s’organisait depuis lors tant bien que mal.


Un cri. En luttant tant bien que mal contre le froid, et en essayant d’avancer dans la grande couche de poudreuse blanche, la fille avait buté contre quelque chose, m’avait lâchée, et nous nous retrouvâmes en moins de deux étalées de tout notre long dans la neige. Oh, ce que c’était froid ! J’allais mourir gelée, si l’on ne trouvait pas vite de quoi me réchauffer. Pire, il neigeait tellement que, à ce rythme, j’allais mourir enterrée sous la neige ; je pouvais d’ores et déjà sentir les flocons se poser sur ma peau, tandis que mes yeux observaient le ciel sombre et argenté. Était-ce là la dernière vision que j’aurais l’opportunité de voir, avant de rendre l’âme… ?


Une main enveloppée d’un épais gant duveteux m’attrapa doucement le bras, et un visage juvénile se pencha finalement au-dessus du mien, avec lenteur et difficulté. Celui de cette fille, encore, dont je ne connaissais pas le nom, mais qui, pour une raison ou pour une autre, paraissait particulièrement tenir à moi, sans que je ne susse le moins du monde pourquoi. Elle m’extirpa de la neige, et dénoua son écharpe en laine grise, avant de me la passer autour du cou et de m’envelopper avec.


C’était… tellement agréable.



Le vent est toujours chaud


J’ai l’impression que mon cœur va se défaire



Bien sûr, la tempête de neige était particulièrement forte, et la jeune fille luttait de toutes ses forces contre elle. Tout cela m’amena à me demander une chose, tandis que j’évoluais, moi aussi, toujours serrée contre cette demoiselle.


Pourquoi avoir mis autant d’efforts pour venir me chercher, exactement ?


Après tout, je n’étais pas spéciale, je n’avais rien de particulier, et pourtant cette fille paraissait tenir à moi comme à la prunelle de ses yeux. Nous étions au début du mois de décembre, ce ne pouvait donc pas être lié à Noël, n’est-ce pas ? Tout cela me faisait aussi peur que cette terrible tempête de neige que nous étions en train de subir de plein fouet. Entre quelles mains allais-je finir… ?


La fille approcha son visage du mien ; elle avait les yeux qui pleuraient de froid, et ses lèvres bleuissaient à vue d’œil, sans compter que son corps entier tremblait.


–       Je suis désolée. Ce n’est pas la journée à laquelle tu t’attendais, n’est-ce pas ? Ne t’inquiète pas, on arrive bientôt. Je connais quelqu’un qui prendra bien soin de toi.


Je la laissai continuer à me porter dans le blizzard glacial, priant de toutes mes forces pour que rien de dramatique n’arrivât. Que pouvais-je faire d’autre, à part espérer ? J’avais aussi intérêt à souhaiter que nous ne nous perdîmes pas, car la neige qui tombait recouvrait les traces de pas laissées par la préadolescente dans la poudreuse, et elle n’aurait aucun moyen de se repérer et de retourner en arrière.


Après ce qui me parut être une éternité, la tempête sembla quelque peu s’apaiser ; il ne neigeait plus, et, à mon grand soulagement, les lumières d’une ville scintillèrent au loin. La neige crissait agréablement à chaque mouvement de mon accompagnatrice, et il fallut compter plusieurs minutes pour gagner le centre de la cité.


Pour un peu, on se serait presque cru dans une boule à neige. Ce fut la première pensée qui me vint en voyant le décor féerique se dévoiler sous mes yeux : les lampadaires projetaient une lumière chatoyante sur les pavés, et les arbres étaient recouverts de guirlandes lumineuses multicolores ; quant aux devantures des magasins, elles avaient presque toutes été décorées par leurs propriétaires : il y avait de grands sapins de lumières, des étoiles, des rubans, des flocons et toutes sortes d’ornements à couper le souffle, plus somptueux les uns que les autres. Les gens – il y avait moins de monde que ce à quoi je m’étais attendue, dans les rues –, admiraient les illuminations et bavardaient joyeusement entre eux, un verre de vin chaud ou un paquet de sucres d’orge dans les mains. Et en fond sonore, des haut-parleurs diffusaient ce que je devinais être de la musique de Noël, au vu de la tonalité des chansons. Moi qui n’avais connu de toute ma vie que la simplicité d’une échoppe, assister à toute cette animation me comblait de joie.


Toute la magie n’avait pas complètement disparu de ce monde, finalement, et c’était une excellente chose.



Je prie pour que des jours comme ceux-là continuent à jamais


Le ciel immense déborde d’amour et d’espoir



–       C’est joli, pas vrai ? demanda la jeune fille en levant la tête pour admirer les décorations. Si Itsuki était là, je suis même sûre qu’elle se serait mise à fredonner.


Elle marqua une pause, comme perdue dans ses pensées, avant d’ajouter :


–       C’est sa vocation, de chanter, tu sais. Elle rêve d’apporter l’amour et la paix grâce à ses mélodies. J’espère que cet espoir ne la quittera jamais, même s’ils ne sont plus là…


Je vis ses lèvres trembler quelque peu, et des larmes poindre à la lisière de ses yeux. Cette petite… paraissait manifestement vivre une période difficile, mais malgré tout, j’avais le sentiment qu’elle avait la tête sur les épaules et qu’elle affronterait tous les obstacles qui se dressaient sur son chemin. Elle avait l’étoffe d’une meneuse, cela ne faisait aucun doute. De toutes les personnes que j’avais vues entrer dans la boutique, celle-ci se démarquait singulièrement de toutes les autres. Et cette Itsuki… qui était-elle ?


De nouveau, la fille me regarda, et elle sembla lire dans mes pensées, car elle passa sa main dans ses cheveux d’un air gêné.


–       Ah, désolée pour tout ça ! Je parle, je parle, mais je ne t’ai même pas présentée à elle. On n’est plus très loin, maintenant.


Un flocon atterrit sur le bout de son nez, et elle releva la tête. Il recommençait doucement à neiger, mais nettement moins violemment que la dernière fois. Sans traîner, la jeune fille resserra l’écharpe qu’elle avait passée autour de mon cou, et reprit sa marche, d’un pas non pressé mais tout de même énergique.


Moi, cela me plaisait de me balader avec elle dans cet environnement enneigé. Même s’il faisait encore un peu frais et que la chaleur et la familiarité de la boutique me manquaient quelque peu, j’étais heureuse de voir de nouveaux paysages et de nouvelles figures. La plupart des gens vivaient dans la crainte d’une attaque de ces Vertex, qui pouvaient ravager de leurs coups cette seule île de Shikoku qui tenait encore debout, envers et contre tout. Alors, forcément, Noël était une période plus que bienvenue, même si certains n’étaient pas franchement enclins à célébrer cette fête occidentale. En tous les cas, je me demandais bien ce qui m’attendait ; pourvu que ce fût la douce chaleur d’un foyer !


La jeune blonde me garda serrée contre elle et ne me quitta pas d’une semelle, comme elle l’avait fait jusqu’ici. Sans doute était-ce là une sorte d’instinct protecteur, car elle avait l’air d’être le genre de personne à veiller attentivement sur les autres et à faire passer leur bien-être avant le sien. Il existait des gens comme cela, où il suffisait de les voir juste une seule fois pour cerner leur personnalité. Et cette fille… J’étais certaine qu’elle ne pouvait qu’apporter le bonheur partout où elle passait, de la même façon que le rêve de cette Itsuki dont elle m’avait parlé était de transmettre l’amour, l’espoir et la paix à travers la musique.


Finalement, nous arrivâmes à notre destination, du moins ce fut ce que me dit d’un air complice celle qui avait été avec moi tout ce temps. Nous nous arrêtâmes devant une maison de bonne facture, au toit recouvert de neige ; l’instant d’après, j’entendis une porte qui s’ouvrait à la volée, et des bruits de pas précipités. La jeune fille me cacha derrière elle avant que je pusse voir à qui ils appartenaient, cependant.


–       Fū, grande sœur, tu es là !

–       Coucou, Itsuki ! Tu es déjà levée ? D’habitude tu dors comme une marmotte.



Je continuerai de chanter jusqu’à ce que ma voix t’atteigne


Toujours et à jamais, merci pour tout



Oh… alors le nom de mon accompagnatrice était Fū… et Itsuki était sa cadette…


Cette dernière se rua dans les bras de son aînée, toutes les deux se mettant à rire joyeusement ; j’eus alors l’opportunité de voir à quoi elle ressemblait. Hormis ses cheveux plus courts que ceux de sa grande sœur, elle en était le portrait craché : elle avait la chevelure aussi blonde qu’elle, dissimulée sous un épais bonnet de laine, et les yeux non moins verts également. Deux mèches, dont l’une ornée d’une barrette à fleurs, touchaient ses épaules. Elle s’était bien couverte, vêtue d’un épais manteau, d’une jupe avec collants et de bottes. En résumé, elle était mignonne ; cela faisait un moment que je n’avais plus vu d’enfant aussi jeune, car ils venaient de moins en moins dans la boutique. En rencontrer une qui avait la mine aussi réjouie me réchauffait le cœur.


–       Oh, viens, je voudrais te montrer quelque chose !

–       Maintenant ? demanda Fū, en ouvrant de grands yeux. C’est-à-dire…


La plus jeune lui attrapa gaiement la main et l’invita à entrer, tandis que je me retrouvais entraînée à leur suite.


L’intérieur de la maison était chaleureux, coquet et agréable, tranchant radicalement avec l’extérieur. Je n’eus pas l’occasion de faire un tour des lieux, cependant : les filles enlevèrent leurs chaussures et se dirigèrent vers ce qui me parut être la cuisine, plutôt grande et lumineuse, de ce que je pouvais en voir. Malgré le fait que je fusse cachée derrière Fū, j’entendis néanmoins la plus jeune farfouiller dans un placard à la recherche de quelque chose, qu’elle sembla manifestement trouver, vu le cri de joie qu’elle poussa, avant de poser l’objet sur la table.


–       Tadam ! Un cadre photo de papa, maman et nous ! C’était cette fois le soir du réveillon où tu avais tellement mangé de marshmallows que tu avais été malade pendant trois jours après !


Le rire cristallin d’Itsuki résonna dans la pièce. Je sentis les membres de son aînée se tendre subitement, sans que je n’en susse la raison. Une photo de famille ? J’avais bien envie de savoir à quoi ressemblaient leurs parents. Elles devaient beaucoup tenir d’eux, l’une comme l’autre.


–       C’est l’Amnistie[2] qui me l’a offert, ajouta la cadette, plus doucement. Comme c’est ma première fois depuis qu’ils ne sont plus là, je crois qu’elle a voulu faire un petit quelque chose quand même.

–       Il est… Il est magnifique, souffla Fū, qui tremblait de tous ses membres. Tu dois être… comblée.


Sa sœur ne répondit pas, mais elle semblait particulièrement sous le coup de l’émotion, elle aussi. Toutes les deux se serrèrent longuement dans les bras, pleurant presque à chaudes larmes, avant que l’aînée ne reprît la parole.


–       Bon, j’ai quelque chose à t’offrir, moi aussi !


Elle me sortit de derrière son dos, et me tendit à sa frangine. Cette dernière entrouvrit le petit sac, et m’en sortit avec fascination.


–       Ça alors ! C’est la jolie poupée que j’avais vue dans cette boutique !

–       Joyeux anniversaire, Itsuki, répondit son interlocutrice, dans un sourire radieux.


Et moi, je suis enchantée de te connaître, petite.



Depuis le jour de ma naissance


J’ai serré les rêves qui emplissaient mes mains


Le futur qui était dessiné se réalisera sûrement



Je comprenais mieux à présent. Si cette jeune fille avait mis autant d’acharnement à venir me chercher, c’était parce que j’étais le cadeau d’anniversaire de sa sœur. Son premier anniversaire sans ses parents à ses côtés. J’avais bien cru comprendre que c’était une période difficile, pour celle qui était venue m’acheter, mais je n’imaginais pas alors qu’elle était orpheline. Ces deux enfants n’avaient plus personne sur qui compter.


–       Elle est superbe ! s’enthousiasma Itsuki en me soulevant dans les airs.


Elle se retourna vers la table, avant de me poser face au cadre photo qu’elle avait sorti tout à l’heure.


–       Papa, maman ! Regardez ce que Fū m’a offert pour mon anniversaire ! Elle est vraiment belle, hein ?


Le cliché avait probablement été pris un jour d’hiver. Elle représentait un couple, assis de part et d’autre d’un canapé, et emmitouflé dans des plaids moelleux, avec leurs deux filles âgées bien sûr de quelques années de moins qu’à présent ; tous avaient un grand sourire aux lèvres. L’homme n’avait pas la quarantaine, et sa femme non plus. Clairement, les deux petites avaient hérité de leur blondeur de cheveux ; par contre, le père avait les yeux vert foncé, et leur mère les yeux bleu azur. Le mélange des deux, sûrement, avait dû donner à leurs héritières la couleur jade clair de leurs iris. C’était drôle, j’avais l’impression que les deux adultes me regardaient, mais, ce n’était pas possible, n’est-ce pas ? Il ne s’agissait que d’une image, rien de plus.


Des idéogrammes dorés gravés sur le bas du cadre en bois attirèrent soudainement mon attention : en sinogrammes étaient inscrits à la suite les prénoms « Masaru », « Fū », « Itsuki » et « Symphonie », quoique le dernier fut écrit dans d’autres symboles que les précédents, c’était sans doute les usages de la langue qui demandaient cela. Juste en dessous était écrit : « Famille » : ce devait être le nom de leur foyer. Autre fait étrange, tous les patronymes étaient suivis d’une sorte de symbole : des lauriers pour le premier, des vagues représentant un souffle d’air pour le deuxième, un arbre pour le troisième, et un violon pour le quatrième. Symphonie devait effectivement énormément aimer la musique et peut-être même la pratiquer, car elle portait sur le cliché un pendentif argenté en forme de clé de sol[3].


Était-ce d’elle qu’Itsuki tenait sa passion, dans ce cas ?


Cette dernière me souleva brusquement de table, avant de se retourner vers sa sœur et de lui faire un grand sourire. La jeune fille posa ses deux mains sur les épaules de la petite, avant de lancer :


–       Bon, j’ai encore quelque chose d’autre, pour toi, que tu devrais bien aimer !

–       Grande sœur, c’est trop… répliqua sa cadette, un peu embarrassée.

–       Mais non, ce n’est rien, tu vas voir–


Elles n’eurent pas le temps de poursuivre cette conversation, car l’on sonnait à la porte. Itsuki m’étreignit fort contre elle, suivant sa grande sœur jusqu’à la porte d’entrée…


… pour se prendre une boule de neige en plein visage.



Une seule personne est trop petite pour tout faire toute seule


Nos souhaits deviendront assurément une prière



Elle laissa échapper un cri de surprise et manqua de tomber à la renverse, et moi avec. Lorsqu’elle secoua la tête pour se débarrasser de la poudreuse, ce fut là que nous pûmes apercevoir une jeune fille âgée d’un an de plus qu’elle environ, habillée pour affronter les conditions polaires, elle aussi, et dont les cheveux rouge rosé étaient attachés vers l’arrière en une couette à l’aide d’un ruban blanc.


–       Je t’ai eue, Itsuki !

–       Yūna… ? murmura-t-elle d’un air perdu, en même temps que sa sœur.


La dénommée Yūna – je devinai qu’elle était probablement une camarade de classe des filles, ou bien au moins de la plus grande –, leva son index et son majeur en signe de V de la victoire, avant de poursuivre joyeusement :


–       C’est ton anniversaire, aujourd’hui ! Tōgō[4] et moi avons prévu un petit quelque chose, alors on est venues te proposer de te joindre à nous ! Il y aura de la luge, de la confection de biscuits de pain d’épice, et on compte faire un bonhomme de neige aussi…

–       Yūna, ne dévoile pas tout le programme, c’était censé être une surprise… soupira Fū en passant une main sur son visage.


La concernée laissa échapper un rire nerveux, tandis qu’Itsuki observait son aînée avec de grands yeux.


–       Tu étais au courant… ?

–       Eh bien oui, je me suis dis que ça te ferait du bien de sortir, annonça la jeune fille en m’ôtant délicatement des bras de sa sœur. Mais ne t’inquiète pas, je t’accompagne ! Alors mets vite tes chaussures !

–       Allez, allez ! la pressa son amie aux cheveux roses, qui patientait dehors, sous la neige.


Devant tant d’empressement, Itsuki se dépêcha de se préparer, mais je ne sus pas ce qui advint d’elle ensuite, car sa grande sœur m’emmena dans un autre endroit. Elle passa récupérer le cadre photo dans la cuisine, puis me porta jusque dans une autre grande pièce propre et lumineuse aux tons verts que je ne connaissais pas, mais qui était vraisemblablement la chambre de sa cadette. Elle me déposa avec mille précautions, moi ainsi que le cadre photo, sur l’unique bureau présent, avant d’y placer ensuite ses bras et d’approcher son visage du mien.


Elle avait des traits fins et juvéniles, pourtant déjà emprunts d’une certaine maturité, malgré un âge si jeune.


–       Sacré sept décembre, hein ? Et ça ne fait que commencer. J’ai prévu de lui donner un jeu de cartes, parce qu’elle est douée pour les lire, et un cahier de portées, où elle pourra écrire ses mélodies. J’espère que ça lui plaira.


Elle se redressa quelque peu et ferma les yeux un court instant, avant d’ajouter :


–       Quoi qu’il en soit, c’est la première fois que je la vois sourire si sincèrement, depuis que nos parents sont décédés en sauvant des citoyens durant une attaque de ces Vertex, alors je voulais te dire…



Le ciel immense déborde d’amour et d’espoir


Jusqu’à ce que ma voix t’atteigne, je continuerai à chanter


Toujours et à jamais, merci pour tout[5].



–       … Merci. Merci beaucoup. Grâce à toi, la lumière et le bonheur sont revenus dans nos cœurs. Et j’espère que ce sera le cas pendant encore longtemps.


Elle laissa échapper un rire mélodieux, puis se redressa quelque peu, avant de sortir de la pièce et probablement aller se préparer pour rejoindre sa petite sœur et ses amies ; ce fut ce que je supposai, car quelques minutes plus tard, j’entendis la porte de la maison se fermer, et ce fut un silence complet. La maison… était bien vide, sans ses deux occupantes, et cela me fit un drôle d’effet.


Mais, pour autant, je n’étais pas triste : je crois que l’on pouvait dire que j’avais réussi ma première mission, celle qui consistait à apporter de la gaieté dans ce foyer, et j’en étais fière. Pour rien au monde je n’aurais changé quoi que ce soit à la journée. Et à présent…


Masaru, Symphonie, vous pouvez être tranquilles : je veillerai sur vos filles avec attention.


Et je suis sûre qu’avec leur détermination et leurs chansons, elle apporteront la paix et la joie dans ce monde, comme vous l’avez tant souhaité autrefois.


Étrangement, le vent souffla à travers les feuilles des arbres à ce moment précis ; et il me sembla entendre des voix qui me murmuraient : merci.





***



[1] Comme indiqué, les Vertex (バーテックス, Bātekkusu) sont des monstres apparus sur Terre en l’an 2015 et responsables de la destruction d’une grande partie de la planète. Par la suite, quelques années après, le calendrier grégorien a été abandonné pour celui de « l’Ère Divine ». L’histoire se déroule sur la péninsule de Shikoku en l’an 298 de l’Ère Divine, soit environ deux ans avant le début de l’animé.


[2] L’Amnistie (大社, Taisha : grand sancturaire, puis renommée 大赦 , Taisha : amnistie) est une organisation ayant pour but de combattre les Vertex, en utilisant des jeunes filles aux capacités spéciales. Les méthodes qu’elle emploie sont souvent malhonnêtes. Ce sont ses membres qui ont annoncé le décès de leurs parents aux deux filles.


[3] Tout ce qui a trait aux parents de Fū et Itsuki sont issus de mon imagination, car ces derniers sont très peu mentionnés dans l’histoire. Chaque symbole est en rapport avec le nom qui lui est associé : Masaru (勝) signifie « victoire », d’où les lauriers, (風) signifie « vent », d’où le souffle d’air, Itsuki (樹) signifie arbre, d’où l’arbre, et pour Symphonie (シンフォニー, Shinfonī), nom issu de l’étranger, le lien avec le violon et la clé de sol coule de source. Inubōzaki s’écrit avec les kanji 犬, inu : chien, 吠, hoe : aboyer, et埼, saki : cap, promontoire.


[4] Tōgō (東郷) est en fait un nom famille. Le prénom de la jeune fille est Mimori (美森), mais pour une raison non précisée, elle préfère être appelée par son nom. En revanche, Yūna (友奈) est bien un prénom.


[5] Les paroles sont une traduction arrangée de Inori no Uta (祈りの歌 : la chanson des prieurs). Il s’agit d’une chanson écrite et composée entièrement par Itsuki, et entendue pour la première fois dans l’animé à un moment où les filles traversent une période difficile. Sachant qu’il est question de forêt resplendissante et de vent chaud, et que les prénoms d’Itsuki et Fū signifient respectivement « arbre » et « vent », cette chanson est aussi un surtout un témoignage évident de l’amour profond qu’Itsuki porte à sa sœur.

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