X-men Impulse

Chapitre 4

Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 18:01

X-men Impulse

 

Chapitre 4

 

Assis sur une pierre couverte de mousse, Julian avait un mal fou à reprendre son souffle. Lui qui n’avait jamais été un grand sportif, cette course effrénée au milieu des arbres l’avait détruit. Il avait les poumons en feu, persuadé que sa dernière heure était arrivée. En cet instant présent il se maudissait d’avoir été aussi peu assidu aux cours de sport depuis toutes ces années. Surtout quand il voyait son compagnon de cavale qui semblait avoir à peine transpiré. L’homme qui l’avait entrainé avec lui dans cette folle cavalcade était en train de scruter les environs pour être sûr que personne ne les avaient suivis, puis revint vers un Keller qui essayait de faire bonne figure malgré son visage rouge vif.

 

-Ca va petit, tu vas t’en remettre ? lui demanda le cajun avec une tape sur l’épaule. Ce à quoi Julian répondit par un hochement de tête, incapable d’émettre le moindre son.

 

-Parfait, car on va devoir repartir sous peu, ricana Lebeau qui voyait bien que son jeune protégé avait encore besoin de longues minutes de repos. Il se posa donc à son tour et prit en main l’ordinateur portable de Cooper.

 

-Bien joué d’avoir pensé à embarquer ça…voyons voir ce qu’il y a dedans, lui lança Rémy tout en ouvrant le clapet pour l’allumer. Mais Julian bondit vers lui, avec le peu de force qui lui restait, pour l’empêcher de faire cela.

 

-N…non, il ne faut surtout pas, ils pourraient nous localiser sinon, essaya d’articuler l’adolescent.

 

-Ha ok, sauf qu’il nous sert à quoi ce truc alors ?

 

-Si on rejoint une ville, on pourra acheter ce qu’il me faut pour récupérer les données sans se faire repérer.

 

-Sympa, et tu comptes payer comment ? fit remarquer Rémy en lui montrant visuellement qu’ils n’avaient pas grand-chose sur eux malgré leurs vêtements.

 

-Heu…ha oui. Je sais pas, on pourrait…voler ?lança timidement le gamin.

 

-Excuse-moi, ce n’est pas mon genre, rétorqua Lebeau, visiblement choqué par cette proposition.

 

S’ensuivit un long silence où les deux hommes essayèrent de mettre de l’ordre dans leurs idées. Maintenant qu’ils étaient fugitifs, ils n’avaient plus rien. Pas d’endroit où d’aller, pas de biens sur eux, et sûrement que tout ce qu’ils possédaient, surtout dans le cas de Lebeau, étaient sous surveillance voir bloqué. Leur vie avait basculée à une vitesse hallucinante et même ce qui avait précipité leur perte était hors de contrôle ; leurs dons.  

 

-Tu as vu quelque chose d’intéressant qui méritait que tu prennes l’ordinateur ? demanda Rémy pour briser le silence pesant.

 

-Elle regardait des fiches sur des évènements qui pourraient être en rapport avec ce qui nous arrive. Une fille a été admise à l’hôpital non loin d’ici, répondit Julian.

 

-Et donc ton idée serait de retrouver d’autres monstres en puissance ?

 

-Je sais pas…j’ai pas vraiment réfléchi, mais si il y en a d’autres comme nous, qui court les mêmes risques, on devrait pas les prévenir, se regrouper ? continua Keller qui commençait lentement à reprendre ses forces.

 

-Je ne suis pas convaincu ? Admettons que grâce à ça on en trouve d’autres, qu’est-ce qu’on va faire ? Créer une communauté hippie dans les montagnes ?

 

-Je sais pas…mais je ne peux plus rentrer chez moi, et je ne veux pas être disséqué par le gouvernement, fit fataliste le jeune homme en regardant le bout de ses pieds.

 

-C’est gai tout ça. Bon, écoute. A l’heure actuelle, on est ensemble, et le mieux c’est de le rester. La petite blonde a dit que tu étais…télékinésiste ? lança Rémy, ce qui fut accueilli par un hochement de tête affirmatif de la part de son jeune compagnon d’infortune.

 

-Une démonstration ?

 

-J’ai jamais fait exprès d’utiliser…ça. Vous faites comment vous, vous semblez bien maitrisé, répondit quasiment admiratif le natif de Los Angeles.

 

- En réalité je ne voulais pas devenir un fugitif. J’ai dû improviser quand je me suis rendu compte que j’avais transformé le van en bombe.

 

-Ha…

 

-Oui…mais au moins on sait qu’on déclenche nos trucs là…

 

-Pouvoirs ?

 

-Oui, si tu veux, on sait qu’on les déclenche sous le coup d’une certaine émotion. Je suppose qu’avec un certain entrainement on pourrait les utiliser quand on le souhaite.

 

Tout en disant ces mots, Rémy se leva et apposa ses mains sur le rocher devant lui. Il prit une longue inspiration, ferma les yeux et tenta de se concentrer sur ce qu’il touchait. Julian se leva à son tour, mais lui plutôt dans l’optique de fuir si l’autre réussissait son coup, il avait déjà bien vu ce que cela avait donné un peu plus tôt. Quelques secondes s’écoulèrent sans qu’il ne se passe quoi que ce soit. Alors qu’il était sur le point d’abandonner, le bruit si caractéristique se manifesta. Heureux, Rémy ouvrit les yeux et pu découvrir qu’il avait réussi, avant de détaler comme un lapin pour éviter de subir le contre coup de la déflagration. Caché derrière un autre rocher avec Julian, il regarda ses mains, se demandant comment il avait fini par devenir le rêve de tout fanatique adepte des explosions.

 

-Vous avez réussi M. Lebeau, lança pleins d’étoiles dans les yeux Julian.

 

-Non, de ne pas y arriver je me suis énervé et c’est ça qui a fait monter en moi le truc. Et je préfère Rémy. A toi maintenant, soulève le rocher.

 

Nettement moins enthousiaste à l’idée de s’y mettre, il obtempéra néanmoins. Il se mit face à un rocher de moindre importance et tenta de se concentrer dessus.

 

-Imagine dans ta tête la scène, imagine la pierre qui se soulève, lui lança Rémy à ses côtés.

 

-C’est comme ça que vous faites-vous ?

 

-Oui, j’essaye de me représenter la scène. Je ne sais pas si c’est la bonne solution, mais j’imagine qu’un vieux sage chinois dirait quelque chose du genre à son élève.

 

Etrangement, cela mit en confiance Julian qui continua, fermant les yeux pour se concentrer, visualiser le rocher dans son esprit, le voir se soulever de terre pour léviter. Sans s’en rendre compte, il accompagna physiquement ses pensées en tendant un bras devant lui qui suivait le mouvement  qu’il se créait mentalement. En sentant une tape sur son épaule il ouvrit les yeux, et il vit que de l’esprit à la réalité il n’y avait qu’un pas. Le rocher était dans les airs, tournoyant lentement sur lui-même. Un grand sourire apparut sur le visage de Julian en voyant ce qu’il était capable de faire, Rémy était lui plus abasourdi qu’autre chose.

 

-Ok, toi t’es carrément flippant, lui dit-il avec un clin d’œil.

 

Alors que Julian faisait mumuse avec son nouveau jouet, le cajun réfléchissait à la prochaine étape. Ils allaient être recherchés encore et encore. Ils étaient des bêtes de foire, et on ne pourrait les laisser librement circuler au vu de leurs dons destructeurs. Et de plus ils n’étaient pas les seuls, dans ce pays, dans d’autres, des individus comme eux s’étaient révélés et seraient pris à leurs tours pour cible.Au Bout d’une longue réflexion il prit une décision.

 

-Julian, tu as retenu l’endroit où se trouvait cette fille près d’ici ?

 

 

 

La route avait été très longue pour Scott Summers. Sitôt qu’il avait reçu le coup de téléphone, il avait embarqué pour parcourir l’ensemble du territoire américain et rejoindre l’Alaska, sa terre natale. Lui qui parlait peu, s’était encore plus fermé durant tout le trajet. Devoir abandonner une mission en cours était quelque chose qui l’horripilait au plus haut point mais il n’avait pas eu le choix et s’était avec appréhension qu’il engagea sa voiture de location dans la rue qui l’avait vu grandir. Quelques centaines de mètres plus loin, il stoppa devant la demeure familiale d’Anchorage. Enfin demeure était un bien grand mot lorsqu’on voyait la grande bâtisse largement  éventrée.

 

Un homme blond était assis sur les marches de l’entrée. En entendant la voiture arriver, il releva la tête et vit son frère ainé débouler. Alex Summers se leva et vint à la rencontre de son militaire de frère qui ne lui adressa même pas un salut, trop occupé à regarder l’étendue des dégâts.

 

-Alex, que s’est-il passé ? demanda Scott en faisant le tour du jardin.

 

-Je ne sais pas vraiment, ça s’est produit en pleine nuit, répondit l’autre Summers en tentant de rester dans le sillage de la boule de nerf brune.

 

-Où sont les parents ?

 

-Ils n’ont rien, ils sont à la caserne militaire, ne t’en fais pas, mais il faut qu’on parle de Gabriel.

 

Scott se tourna alors vers son frère, s’attendant au pire. Gabriel était le plus jeune des trois frères Summers. Contrairement aux deux grands, il vivait toujours chez ses parents, chose normale du haut de ses seize ans. Même si l’amour fraternel n’était qu’une vague notion dans le clan Summers, certains évènements avaient le don de rapprocher.

 

-Ne t’en fais pas, il n’a rien, coupa court Alex en voyant bien l’inquiétude naitre sur le visage de son frère, mais…quoi que ce soit qui est causé cela il semble y être lié.

 

Scott n’en croyait pas ses oreilles. Sa famille ignorait totalement sur quoi il travaillait à l’heure actuelle, sur ces phénomènes étranges ayant eu lieu au travers tout le pays, et des liens que cela pourraient avoir avec des individus. En regardant une nouvelle fois la maison, il ne reconnut que trop certaines photos qu’il avait eues devant les yeux.

 

-Où est Gabriel ? demanda Scott qui, même si il bouillait intérieurement, n’en montrait rien.

 

-Il est…à l’abri, chez un ami à moi, lui répondit son frère sur un ton tout aussi dramatique.

 

-Pourquoi n’est-il pas avec les parents Alex ? questionna l’ainé en commençant à laisser filtrer de la nervosité dans la voix.

 

-Tu crois que je suis idiot ? Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais si c’est lié à Gabriel qui sait ce que des gens comme toi pourraient lui faire, fit Alex en se détournant de son frère.

 

Les Summers étaient une famille de militaire de père en fils. Le patriarche ; Christopher était un général respecté ayant connu plusieurs fois les honneurs de la Maison Blanche, alors que Scott était un jeune officier en devenir qui faisait la fierté de tous. Alexander était perçu comme le mouton noir de la famille du fait de son refus de suivre la même voie. Même si il était un entrepreneur avisé et prospère, cela ne suffisait pas pour être vu comme un digne héritier de la dynastie des Summers. Mais lui-même se efichait de ce manque de reconnaissance, il avait choisi la vie qu’il menait, et cela lui suffisait tout simplement. Malgré l’animosité entre les deux frères sur ces choix de carrière, il avait toujours gardé sa trajectoire sans en dévier et il avait tenté d’inculquer ses valeurs à son jeune frère afin que lui-même fasse plus tard ses propres choix dans la vie, pas comme son pantin d’ainé qui se contentait de suivre les traces de leur père.

 

-Alex, tu ne sais pas de quoi tu parles. Il faut que tu me dises où se trouve Gabriel, pour son bien !

 

-Mais oui, pour son bien. Tu sais peut être ce qui s’est passé ? cracha Alex avec mépris. Mais le manque de réponse de son frère à cette dernière question et son visage fermé le fit réfléchir. Savait-il vraiment ce qui s’était passé avec leur frangin ? Ne pouvant lui faire confiance, il préféra le quitter mais Scott l’attrapa par le bras pour le faire revenir vers lui en le tirant d’un coup sec.

 

-Je suis sérieux, amène moi à lui.

 

Mais en guise de réponse il n’eut le droit qu’à un poing venant s’écraser sur son visage avec force. Il sentit l’os de son arrête nasale craquer sous la puissance du choc. Des étoiles dansèrent devant ses yeux alors qu’il lutta pour rester sur ses jambes. Son frère lui faisait face, l’air furieux, prêt à en remettre une couche. Mais il n’était pas dit qu’il se laisserait faire, et immédiatement Scott serra les phalanges de sa main et s’élança en avant visant la joue de son agresseur qui n’eut pas le temps de réagir. Après cet échange équilibré la scène se transforma en bataille de chiffonniers et les deux opposants se retrouvèrent à terre, s’échangeant maladroitement des coups qui touchèrent plus souvent le vide qu’autre chose. Au bout de quelques secondes de grand n’importe quoi, ils se relevèrent à bout de souffle en se regardant en chien de faïence.

 

-Ne m’approche plus ! lança Alex en reculant, l’index levé vers son frère, son autre main épongeant les quelques gouttelettes de sang s’écoulant de son nez.

 

-Tu vas le regretter Alex, donnes moi Gabriel, le relança Scott. Mais le Summers à la chevelure blonde lui avait tourné le dos et se dirigeait vers sa voiture. Comprenant qu’il n’arriverait jamais à convaincre ce frère qui en avait toujours fait à sa tête, l’ainé alluma son téléphone pour prendre les mesures qu’il considérait utile, en dépit de l’aspect fraternel de cette affaire.

 

 

 

 

Décidemment c’était une journée à oublier pour Valérie Cooper. Après avoir dû participer à la capture d’un adolescent doué de capacités uniques, elle avait vu celui-ci se faire la malle alors qu’il était sous sa responsabilité, et maintenant elle subissait les foudres de son patron par téléphone interposé. Comment imaginer que cela aurait tourné aussi mal. L’excitation de la première heure avait disparue, engloutie par une frustration grandissante. Alors qu’elle pensait être à l’origine d’une des plus grandes aventures de l’humanité, elle se retrouvait enlisée dans les problèmes.

 

Ses travaux au sein de la cellule d’étude du paranormal avaient toujours été décriés et sa crédibilité avait diminuée lentement mais surement. Mais l’apparition de ces phénomènes et de ces personnes douées de capacités avait été une aubaine pour elle, aussi bien scientifiquement que pour sa carrière. Mais l’euphorie avait été de courte durée. Obligée de faire équipe avec un petit soldat à l’esprit obtus, d’aller contre son éthique en s’en prenant à des personnes qui ne semblaient pas être responsables de ce qui leur arrivait, elle s’était retrouvée empêtré dans un véritable panier de crabe. Et de plus son supérieur hiérarchique la maudissait pour avoir perdue deux prisonniers et en plus s’être faite dérobée des données confidentielles. Il y avait fort à parier qu’à son retour elle n’aurait plus qu’à faire le vide dans son bureau et trouver un nouvel emploi.

 

La seule chose qu’elle pouvait faire à l’heure actuelle était de courber l’échine et de pester contre ce maudit Summers qui avait eu la bonne idée de filer au meilleur moment. Faisant les cent pas au milieu de la route, Cooper ne parlait pas, elle ne faisait qu’écouter les innombrables remontrances de son cher chef sous le regard des soldats qui étaient avec elle au moment de la perte des sujets. Tous attendaient d’être récupérés étant donné que leur moyen de locomotion finissait de brûler à quelques mètres d’eux. Non, décidemment c’était vraiment une journée à oublier.

 

 

 

Anna ne savait pas ce qui lui arrivait. En réalité, elle n’arrivait pas à réfléchir suffisamment pour même se poser la question sur ce qui l’avait amené ici. Ces dernières heures avaient été cauchemardesques pour elle. En fermant les yeux, elle tenta de recentrer son esprit, de canaliser toutes les pensées éparses qui ondulaient dans sa tête telles des vagues impossibles à saisir. Elle ressentait le calme revenir en elle au fur et à mesure que le temps s’écoulait, mais le trouble s’était installé et l’avait totalement perturbé.

 

A partir du moment où Sam l’avait touché, elle avait eu l’impression de ne plus être Anna Marie. C’était comme si son cerveau s’était brisé, fragmenté en des éclats qui se multipliaient de plus en plus. Anna existait dans un bloc bien précis, mais les autres pièces de son puzzle spirituel n’étaient là que pour se remplir, pour se vider et recommencer encore et encore dans un cercle vicieux sans fin. Sam avait rempli un de ses fragments avant de disparaitre, puis ce fut au tour de cet ambulancier de s’imbriquer dans un éclat, puis un autre, jusqu’à ce qu’ils comprennent que le problème vienne du contact avec sa peau et qu’il fallait le proscrire. Doucement le dernier fragment s’effaçait et Anna recollait les morceaux, mais le processus était douloureux et déstabilisant, bien que légèrement excitant.

 

Anna était allongée dans un lit aux draps couleur ivoire, dans une chambre d’un blanc immaculé, aseptisé. Tout contact avec l’extérieur lui était interdit. Ils arrivaient réussi à l’amener jusqu’ici après que cinq personnes aient perdues consciences en la touchant, elle représentait un risque bactériologique inconnu. Inquiète pour Sam, pour tous ceux qui étaient entrés en contact avec elle, Anna s’était renseignait sur leurs états de santé. Heureusement ceux-ci allaient maintenant bien mieux, tous réveillés après des absences plus ou moins longues. Ils ne semblaient avoir aucunes séquelles, mais tout cela restait vague pour les docteurs qui s’étaient succédé et qui se posaient une multitude de questions sur ce qui se passait avec l’épiderme de cette jeune femme. Un grand nombre d’examens avaient déjà été menés sur elle, mais on ne la tenait pas informée de ce qui pourrait être détraqué chez elle.

 

Prenant en main son pot de yaourt, Anna jetait de petits coups d’œil furtifs vers la grande baie vitrée qui lui faisait face. Une bonne dizaine de médecins étaient agglutinés à la regarder en prenant des notes. Elle se sentait tel un monstre de foire à l’heure d’influence des touristes en mal de sensation. Bon gré, mal gré, elle faisait son possible pour ne pas penser à ces yeux fixés sur sa personne, mais voir leurs lèvres bouger, s’échanger des notes, la pointer du doigt, la rendait folle. Dans un geste non contrôlé, elle lança au travers de la chambre son dessert qui vint s’écraser contre la baie vitrée, répandant le lait fermenté sur le verre.

 

-Dégagez ! cria-t-elle en désespoir de cause.

 

Mais ce geste provoqua une nouvelle salve de commentaires entre les spécialistes qui analysaient cette réaction, échangeant sur un lien possible avec sa maladie. N’en pouvant plus, la jeune femme se coucha, mettant sa tête sous les draps, plus pour les cacher à sa vue que de se cacher d’eux. Cette situation ne pouvait pas durer, ils devaient découvrir ce qu’elle avait et la guérir. Mais, que pouvait-elle avoir. Une maladie pouvait-elle être responsable d’échange de…pensées ? Anna elle-même doutait fortement d’une telle possibilité, mais pourtant c’était bien le cas, à part si elle devenait folle. Oui, c’était aussi une option à prendre en considération. Peut-être était-elle simplement en train de devenir folle, de perdre la tête. Les hypothèses farfelues germaient dans la tête d’une Anna qui ne savait plus quoi penser. Les dernières bribes du dernier individu à l’avoir touché s’effritées mais ce n’était pas pour autant qu’elle retrouvait la sérénité. A l’abri sous ses couvertures, des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux en pensant à ce repos de l’esprit qu’elle n’aurait peut-être plus jamais.

 

 

 

Quelques étages au-dessous, du côté de l’entrée des ambulanciers, deux silhouettes se faufilèrent en essayant de se faire le plus discret possible. Grâce à l’incroyable mémoire de Julian, les deux fuyards avaient trouvés l’endroit où se trouvait une autre personne comme eux. Faire la route avait été bien plus simple que ce qu’ils auraient pensé, surement grâce au charme du plus âgé des deux au moment de croiser un cabriolet conduit par une pétillante jeune femme célibataire. C’était à ce moment-là, que Rémy s’était rendu compte que son handicap au niveau des yeux pouvait facilement être effacé par un sourire enjôleur et des paroles flatteuses. Maintenant dans la place, les deux compères devaient trouver un moyen de trouver trace  de la dénommée Anna Marie. Chose qui fut en réalité assez aisée à partir du moment où Julian trouva un terminal où se connecter. Pendant que Rémy faisait le guet d’une manière plus ou moins discrète, le jeune homme farfouillait dans les dossiers des admissions jusqu’à trouver son bonheur.

 

-D’après le dossier elle est toujours là, donc ceux qui nous pourchassent ne sont pas encore arrivés, lança Julian à un Lebeau dans les facultés de discrétion n’étaient pas bien terribles.

 

-Ok, mais on ne va pas foncer tête baissée. Il me faut quelque chose pour cacher mes yeux, lui rétorqua Rémy en farfouillant dans les bureaux qui se trouvaient autour d’eux. Il trouva son bonheur en entrant dans des vestiaires. Il en ressorti une paire de lunettes de soleil qu’il « emprunta ».

 

-Si j’avais de l’argent sur moi j’en laisserais pour celui à qui je prends ces lunettes. Alors, je suis comment ? dit-il avec un grand sourire.

 

-Je ne suis pas sûr que des lunettes de soleil dans un hôpital ce soit très discret, lui répondit  un Keller pas convaincu.

 

-Moins discret que ça ? dit Rémy en les enlevant pour dévoiler cet effrayant œil noir et rouge. Pour toute réponse, il eut droit un silence gêné et à une tentative de prise de parole infructueuse de son compagnon d’infortune.

 

-Allez, on fonce !

 

-Attendez, je veux d’abord utiliser le portable du Docteur Cooper, le stoppa net Julian.

 

-C’est pas vraiment le moment, répondit Rémy en lui faisant signe qu’ils devaient se dépêcher un minimum. Ils ne savaient pas quand les autres pouvaient rappliquer et enlever leur princesse en détresse.

 

-Si je peux utiliser le réseau de l’hôpital, j’aurais une connexion sécurisée me permettant de sortir un certain nombre d’informations avant que l’on soit pisté, c’est utile non ?

 

Rémy réfléchit quelques secondes. Venir chercher cette Anna était une chose, mais il fallait commencer à réfléchir au-delà, définir leurs actions futures. Et peut-être que les informations contenues dans cette boite de conserve pourraient être d’un grand renfort.

 

-Voilà ce que l’on va faire. Je vais aller chercher cette fille, toi tu ne bouges pas et tu fais ce que tu as à faire avec cet engin, on se rejoint ici et on file.

 

-Compris, répondit avec détermination Julian avant de se mettre au travail.

 

C’est donc armé de ses lunettes de soleil que Rémy se mit à arpenter les couloirs de l’office médical. Peu à l’aise, le jeune homme rasait les murs et évitait de croiser le moindre regard. Mais rapidement il se rendit compte qu’à marcher la tête basse, on ne voyait pas son chemin, et il se retrouva perdu. Errant comme une âme en peine, il était à l’affut de panneaux d’indication. C’est alors qu’il surprit une discussion entre deux médecins attablés autour d’un café. La conversation tournait sur une patiente nouvellement arrivée ayant des symptômes tout à fait uniques. Soupçonnant que le sujet pouvait bien être la personne convoitée, Rémy resta près d’eux pour en apprendre plus. Mais les deux médecins avaient fait le plein de caféine et repartaient à leur travail. Parfait pour l’apprenti infiltré qui n’avait qu’à les filer le plus discrètement possible. Stratégie qui s’avéra payante jusqu’à ce qu’ils empruntent un ascenseur et que les rejoindre s’avère trop dangereux. Se plaçant légèrement en retrait il regarda agacé les portes se refermer. Mais fort heureusement l’affichage digital lui permettait de savoir à quel étage ils se rendaient…le dernier bien sûr. N’écoutant que son courage, Rémy emprunta l’escalier pour rejoindre le sommet de la bâtisse. Après deux étages, il montait les marches deux par deux avec la fougue de la jeunesse. A la moitié, il faisait des petites pauses en arrivant sur un palier. Et ce fut halètement, mains crispées sur les rambardes pour finalement arriver devant la dernière porte. Monter des escaliers était bien plus compliqué que de courir dans une forêt, et surtout il n’y avait pas de gamin devant qui essayer de garder sa dignité.

 

Essayant de reprendre sa contenance, il s’engagea dans le couloir. Celui-ci était étrangement vide en comparaison des autres étages. Il n’y avait pas de patients déambulant de-ci de-là, peu d’infirmiers ou médecins. Voyant cela, Lebeau trouva préférable d’avancer à pas de velours et de se faire discret quand des individus allaient d’une pièce à l’autre. Il y avait fort à parier que la nature des symptômes de celle qui semblait être l’unique patiente de l’étage était la raison de cette présence réduite. Arrivant à un nouveau croisement, il passa lentement la tête pour voir vers sa gauche. Il vit une personne équipée d’une combinaison anti contamination sortir d’une salle pour se rendre vers un vestiaire. Rémy vit là une excellente occasion de se fondre dans le paysage. Faisant attention de ne pas se faire remarquer, il se rapprocha de la porte du vestiaire et y colla son oreille. Au bout de quelques minutes, il entendit le bruit de la douche et s’aventura à entre ouvrir la porte. Personne à l’horizon, il entra, localisa une combinaison et l’enfila.

 

Dans sa chambre, Anna voyait les minutes défiler comme si c’était des heures. Elle qui détestait rester inactive, ressentait une grande frustration de devoir garder son lit sans pouvoir faire quoi que ce soit. Sa seule occupation et vision du monde était la télé accrochée au mur. Elle zappait frénétiquement, ne trouvant rien à sa convenance pour tuer le temps en attendant le prochain examen ou le prochain repas qui lui soulèverait les tripes. Contre toute attente sa prochaine distraction sera un examen vu que la personne en combinaison qui entrait dans sa chambre n’était pas munie d’un plateau. Celui-ci s’approchait d’elle d’un pas hésitant et malhabile, visiblement peu à son aise dans la combinaison trop grande pour lui. Une fois proche de son lit, il se figea et la regarda fixement. Au travers de la large visière Anna pouvait voir un détail étrange ; l’homme portait une paire de lunette de soleil.

 

-Vous êtes Marie ? demanda le type tout en tirant sur son costume blanc pour que la visière soit à la bonne place.

 

-C’est soit Anna, soit mademoiselle Marie, rétorqua la jeune femme surprise d’une telle question.

 

-Marie est votre nom ? Mince, j’avais compris de travers, continua l’étrange homme.

 

-Mais de quoi parlez-vous ? demanda Anna inquiète, se demandant qui pouvait bien être cette personne, et cherchant près du rebord de son lit  l’interrupteur appelant les infirmiers.

 

L’homme lui fit un signe de la main, lui disant d’attendre quelques instants. Puis il entreprit d’enlever le masque de sa combinaison. Anna réagit de suite en l’empêchant de faire cela.

 

-Mais qu’est-ce que vous faites ! Je suis peut être contagieuse ! lança-t-elle en bataillant ferme avec l’homme qui se retrouva à ne plus rien voir avec son masque qui avait tourné sur lui-même.  Mais finalement d’un coup sec, il enleva l’affreux porte chef de la combinaison et poussa un grand ouf de soulagement.

 

-Je suis Rémy, et je ne pense pas que vous soyez contagieuse, dit-il avec un grand sourire.

 

-Mais vous êtes qui à la fin ? questionna-t-elle de plus en plus perplexe. Pour toute réponse il enleva ses lunettes de soleil et dévoila ses yeux si particuliers. Anna eu du mal à retenir un cri de surprise et plaqua ses mains contre sa bouche.

 

-Je vous ai montré la mienne, montrez-moi la vôtre, glissa-t-il malicieusement, tout en ne négligeant pas de jeter de rapides coups d’œil en arrière pour surveiller l’arrivée d’intrus.

 

Devant le regard incrédule de la petite brunette, Rémy se dit qu’une démonstration était bien plus parlante que des paroles. Il regarda rapidement autour de lui et se saisit du dossier médical qui était accroché au pied du lit. Il le montra bien à la femme assise dans son lit, et rapidement celui-ci prit une étrange couleur et se mit à grésiller. Rémy le lança derrière lui avant qu’il n’explose dans un grondement sourd, ce qui provoqua un nouveau bond de surprise d’Anna. L’excitation de la situation dangereuse était un nouveau catalyseur trouvé par le jeune homme pour déclencher son pouvoir.

 

-Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais je sais faire ce genre de choses ; transformer ce que je touche en bombe. Et je pense que si vous êtes ici c’est que vous aussi vous avez une capacité unique. Voulez-vous me dire de quoi il s’agit.

 

-Ri…rien de comparable en tout cas. Je suis juste là car ma peau empoisonne les gens, répondit balbutiante Anna, toujours sous le coup de ce qu’elle venait de voir.

 

-Empoisonne ?

 

-Oui, les gens me touchent et…ils se sentent mal et moi…j’ai l’impression de voir dans leurs têtes, continua-t-elle avec difficulté.

 

-Je suis venu avec quelqu’un qui est télékinésiste, en gros il fait bouger tout ce qu’il veut par la pensée, sans avoir besoin d’avoir de contact physique. Moi, en me concentrant je peux créer des bombes, donc peut être que vous aussi c’est lié au cerveau, une sorte de…lecture de la mémoire par touché, imagina Rémy.

 

-Je ne suis pas sure de vous suivre, une sorte de télépathie ?

 

-Peut-être, je suis loin d’être un expert là-dedans, mais ce que je sais c’est que nous devons filer vite fait, lança Rémy en l’incitant à se lever et à se préparer à partir.

 

-Partir ? Mais je ne veux aller nulle part, je veux qu’on me soigne, objecta Anna en remontant les couvertures sur elle et en prenant un air renfrogné.

 

-De un, je ne pense pas que ce que vous avez se soigne, ce n’est pas une maladie, de deux à un moment ou un autre des personnes peu sympathiques vont venir vous chercher pour vous amener je ne sais où. Je le sais, ils ont essayé avec moi, donc je vous conseille de me suivre si vous tenez à la liberté.

 

Mais alors que la jeune femme allait rétorquer autre chose, la porte de la chambre s’ouvra à nouveau. Se retournant, Rémy vit deux personnes en combinaison entrer en trombe pour se jeter sur lui. N’ayant pas le temps de réagir Rémy se retrouva agrippé par les deux individus et projeté contre le lit de la patiente qui eut le réflexe de replier les genoux sous son menton pour éviter d’être écrasée. Chance que n’eut pas Rémy, le souffle coupé par le choc de son thorax contre le dur matelas. Mais malgré sa surprise première, il réussit à se reprendre et à utiliser ses bras pour se projeter en arrière, emportant avec lui les deux hommes qui étaient toujours sur son dos. Visiblement sa petite séance d’infiltration n’avait pas fait long feu auprès du personnel hospitalier, et il fallait qu’il se sorte rapidement de ce guêpier.

 

Profitant de sa position de force par rapport à ses agresseurs, il se releva et prit la main d’Anna pour la tirer hors du lit.

 

-Non, je ne veux pas, laissez-moi ! hurla-t-elle en lui en retournant une magistrale avec un oreiller qu’elle tenait de l’autre main, faisant voir trente-six chandelles à un Rémy qui s’attendait à tout sauf à cela.

 

-Non mais vous êtes folle ? lança-t-il en se tenant la mâchoire, bien choqué par le coup que venait de lui administrer celle qu’il était venu, à l’origine, sauver. Mais il avait d’autres problèmes sur le dos avec les deux autres qui s’étaient eux aussi remit. L’un des deux s’accrochait à la jambe de l’intrus, tandis que l’autre tentait de se lancer à son tour dans la boxe. Après la joue gauche, ce fut la droite qui encaissa le choc. Etrangement Rémy amorti le choc bien mieux que la première fois, mais cela ne lui évita pas de perdre l’équilibre et de se laisser tomber le long du lit, bien aidé par le second intervenant qui lui saisissait toujours la cheville. Les sens en retraits, il ne comprenait pas ce que disait Anna, qui tentait de le rattraper. Il tendit la main devant lui alors qu’il chutait, son masque se dérobant, mais la seule chose qu’il attrapa fut la main gantée de celui qui venait de lui dévisser la mâchoire inférieure. Il entraina l’homme avec lui dans sa chute, où plutôt le gant et toute une partie de sa combinaison qui se déchira sous la pression de la masse qui s’affala lamentablement au sol.

 

-Vous n’étiez pas obligé de faire ça, lui cria dessus Anna en donnant un violent coup dans l’épaule de l’homme qui, excédé, tenta de la renverser dans son lit. Mais elle se protégea de son avant-bras et sa peau nue à cet endroit entra en contact avec celle de la paume de la main du vil personnage. Elle poussa un cri suraigu en voyant leurs peaux entrer en contact et ce qui s’était produit avec les autres personnes avec qui elle était entrée en contact durant les dernières heures, se reproduisit.

 

En l’espace d’une seconde, elle sut tout de l’homme qui sombra dans l’inconscience. Ce n’était pas un médecin, mais un garde de sécurité qui avait reçu des consignes quant à cette patiente. Tout son étage avait été isolé du reste du bâtiment suite à une communication avec une agence gouvernementale. Il était interdit à toute personne de la toucher, elle devait rester en isolement jusqu’à ce qu’une équipe spéciale vienne sur place pour la récupérer.

 

-Qu’est-ce que vous lui avez fait ? demanda avec colère le second homme qui se releva enfin après avoir joué les serpillères.

 

Mais Anna était trop perturbée pour répondre. Même si les pensées parasites s’estompaient déjà, elle n’arrivait pas encore à se reconnecter totalement avec la réalité.  Et au milieu des brumes de son esprit qui se mélangeaient à la réalité, elle distinguait à peine l’homme menaçant qui hurlait devant son visage. Mais ce qu’elle perçut par contre au milieu de tout ce brouhaha mental et visuel, c’était les yeux rouges qui apparurent. Elle resta focalisée dessus, bloquée comme si pour elle le temps s’était arrêté. Mais dans la réalité, il fallut très peu de temps à Rémy entre le moment où il se releva et celui où il assomma l’homme d’un violent coup de plateau sur la nuque.

 

Toujours perdue dans son marasme psychique, Anna ne voyait que les deux points carmins qui dansaient devant elle, puis soudain une voix lui arriva jusqu’aux oreilles et la reconnecta au monde.

 

-Viens avec moi !

 

C’était la voix de Rémy, de cet homme qui avait fait irruption dans sa vie pour la chambouler une seconde fois. Perplexe, elle regarda la main qu’il tendait vers elle. Il avait toujours des gants et après une demi-seconde de réflexion elle posa ses doigts au creux de la main qui l’enveloppa et la tira.

 

-Attendez, il me faut des vêtements, eu-t-elle la présence d’esprit de dire. Mais ses vêtements n’étaient pas là, et il était vrai qu’elle ne pouvait se balader avec un pyjama d’hôpital. Rémy lui céda donc sa combinaison et alla faire le guet pendant qu’elle l’enfilait, mais à peine avait-il passé la tête par la porte qu’il vit trois nouveaux hommes se précipiter vers eux.

 

-Et merde, jura-t-il dans sa barbe en se disant que jamais ils n’arriveraient à se sortir de ce calvaire.  Mais c’est alors qu’il fut décoiffé par un objet volant non identifié qui vint s’écraser quelques mètres avant les hommes, et rebondit vers eux avec fracas. C’était une armoire en métal qui venait de traverser le couloir de part en part pour stopper les nouveaux venus. Anna, qui avait vu l’objet voler au travers de la grande fenêtre de sa chambre, resta interdite alors que Rémy voyait courir vers lui le deuxième membre de sa petite expédition ; Julian.

 

-C’est…c’est toi qui a fait ça ? demanda Lebeau en écarquillant les yeux vers le timide étudiant, oubliant totalement les consignes qu’il lui avait donné et qui n’avaient pas été respectés.

 

-Oui, grâce à tes conseils ! répondit un Julian très fier de lui et tout souriant.

 

-Là t’es carrément effrayant, murmura Rémy.

 

A cette remarque le jeune homme se contenta de répondre que la voie était libre par là où il était venu et qu’il avait bloqué les caméras de sécurité grâce à sa connexion au réseau interne de l’établissement. Les trois avaient donc le champ libre et ne se firent pas prier pour quitter les lieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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