La voix de l'ombre - Livre I : Les murmures du passé

Chapitre 24 : Un début de réponse

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Dernière mise à jour 21/02/2024 19:29

Chapitre 24 : Un début de réponse.




  • Je tenais à vous rencontrer en personne, vous comprenez ma démarche je suppose, s'enquit le roi Terenas. Par votre entremise, je suis sûr d'obtenir les informations adéquates.
  • Vous pouvez en être sûr, votre Majesté, acquiesça le général Walmor qui s'inclina légèrement.
  • Bien, reprit Terenas, assis sur un siège de bois sculpté dans un bureau attenant à la salle du trône. J'ai reçu les rapports du chevalier Garithos, qui vous avait été envoyé, ainsi que sa troupe en renfort. Selon lui, vous avez laissé un orc gigantesque s'échapper, prétendant qu'il s'agissait de Marteau-du-destin, et que la faute incombait au chevalier, annonça le roi, fronçant les sourcils. Je ne nie pas que la mission est des plus complexe, je le conçois. En revanche, j'ai besoin d'entendre votre version.


Walmor, parfaitement préparé à tout interrogatoire, répondit avec assurance :

  • Nous avions repéré Marteau-du-destin, votre Majesté. Il semblait se diriger vers les Terres du Nord, et nous lui avons tendu une embuscade.
  • Continuez, l'invita le roi.
  • J'ai dû affronter directement la bête, qui avait déjà occis trois de mes hommes et un griffon, poursuivit Walmor, sur un ton qui relevait presque de la tragédie. Et lorsque j'ai commencé à entrevoir ses points faibles, une pluie de flèches s'est abattue sur nous, et a permis à l'orc de s'enfuir pendant que j'échappais à cet assaut.
  • Vous dites que Garithos a attenté à votre vie, sciemment ? reformula Terenas, l'air suspicieux.
  • Je ne l'accuse de rien, votre Majesté, car si tel était le cas, je n'en connaîtrais pas la raison. Je crois davantage à un excès de zèle qui parfois peut le rendre... maladroit, je dirais, se risqua le général.
  • Je vois, c'est pour cela que vous maintenez qu'il est responsable de la fuite de l'orc, confirma le roi. Et vous avez perdu sa trace depuis cet incident, c'est bien cela ?
  • C'est cela, votre Majesté, avoua Walmor. L'orc est monté sur un griffon et s'est envolé dans la direction nord. Depuis, nous essayons de couvrir le plus large périmètre possible, lui assura-t-il.
  • Très bien, j'entends votre version des faits, le rassura Terenas. Je connais vos capacités d'investigation, qui, jusqu'à présent, ont toujours été couronnées de succès, soutint le roi, l'air digne. Je vous fait confiance pour la suite, général Walmor, et je gage qu'en éloignant le chevalier Garithos de votre enquête, elle sera menée à bien dans les meilleurs délais, annonça le monarque qui durcit le ton.
  • Bien sûr, votre Majesté, assura Walmor qui comprit le message.
  • Bien, vous pouvez vous retirer, il reste fort à faire, précisa le roi.


Walmor s'inclina davantage, et prit congé du roi. Rassuré d'être enfin débarrassé de ce crétin de Garithos, il se hâta de regagner son antre et de poursuivre ses recherches.

Il allait falloir redoubler d'efforts pour accélérer les recherches. Car, bien que le roi passait pour un monarque bon et compatissant, sa patience avait ses limites, et le message avait été clair : retrouver Marteau-du-destin au plus vite.


W


De retour au manoir, Walmor fut accueilli par l'un de ses hommes qui se hâta de le rejoindre :

  • Mon général, nous l'avons retrouvé !
  • De qui parles-tu, par la Lumière ? s'impatienta Walmor. Marteau-du-destin ?
  • Le griffon, général ! Le griffon avec lequel Marteau-du-destin était parti, annonça l'agent qui reprenait son souffle.


S'il s'attendait à cela. Après les nombreux appels de son éleveur, ils l'avaient enfin retrouvé. La bête s'était sûrement libérée et enfuit, et avait probablement répondu à l'appel de son maître.


Le général se hâta de rejoindre le griffon pour l'examiner. Tout indice qui pouvait le mener à ses proies était précieux.

Le griffon ne semblait pas blessé. Il paraissait même en bonne santé, et les muscles de ses cuissots semblaient avoir forci.


  • Emmène-le jusque sa litière, et examine-le scrupuleusement Joras, ordonna Walmor à l'éleveur. Je veux savoir où il s'est rendu, et ce qu'il a transporté.
  • Bien, général, acquiesça Joras qui saisit le griffon par l'encolure.


Walmor avait toute confiance en Joras. Il devait en savoir plus rapidement. Il avait déjà remarqué la neige dans le plumage du griffon. Se pourrait-il qu'il ait été libéré d'Alterac ?

Joras installa la bête sur sa paille. Il l'ausculta, tâta ses cuisses, ses serres, son crâne, ainsi que ses ailes.


  • Que peux-tu me dire, Joras ? l'interrogea Walmor qui l'avait rejoint.
  • Il a été bien nourri, et entraîné à transporter de lourdes charges.


Walmor écoutait avec attention.

  • Il frissonnait pour se réchauffer, et son plumage est humide. Il a dû revenir rapidement trouver un congénère avec qui se nicher pour se dégeler, annonça Joras.
  • Intéressant, dit Walmor. Continue.
  • À présent, il dort, après s'être ébouriffé pour se gonfler et conserver la chaleur de son corps. Son bec et ses pattes sont froids, ce qui explique qu'il a d'abord réparti la chaleur de son corps vers ses organes vitaux. Je dirais qu'il revient des montagnes d'Alterac, général, et qu'il y a marché un moment.
  • Parfait, c'est parfait, s'exclama Walmor. Merci Joras, je te laisse avec tes oiseaux.


Quelle aubaine ! Dire qu'ils se sont rapprochés aussi près de la capitale, et surtout, si près de son nouvel ami alteraci dont l'aide lui sera indéniablement précieuse.

Il entreprit alors d'écrire à cet « ami ».


En chemin vers son bureau, Walmor croisa un soldat à l'air furibond :

  • Est-ce vous qui m'avez assigné ça ? demanda Garithos en pointant du doigt le jeune gnome qui le suivait.
  • Ça quoi, oh tu parles du jeune Theres ? dit innocemment Walmor. Une très bonne recrue.
  • Un gnome ! proféra Garithos. Non mais regardez-le, il ne devrait même pas avoir le droit d'être recrue, dit-il sans aucune gêne malgré la présence du gnome.
  • Tu es bien chevalier, ajouta Walmor qui poursuivait sa course.
  • Eh bien oui, je mérite amplement mon titre, entonna Garithos qui n'avait pas saisi l'insulte.
  • Eh bien, chevalier Garithos, sur ordres du roi Terenas, tu repars à tes occupations en Alterac, lui annonça Walmor. Je n'ai plus besoin de tes troupes.
  • Pardon ? De quel droit osez-vous me congédier ?
  • Tu n'es pas congédié, et c'est un ordre du roi, crétin ! s'impatienta Walmor. Et maintenant, retourne chasser les ogres des montagnes avant que je ne te botte le train moi-même !


Le général s'éloigna avant de mettre sa menace à exécution, voulant éviter une réprobation par la faute de cette chiure. Garithos, comme toujours, poursuivait sa diatribe, prenant pour cible sa pauvre recrue dont le calvaire ne faisait que commencer.


W


Le séjour parmi les Loup-de-givre était fort appréciable. Tous deux savouraient ces moments riches avec ce clan de chasseurs si attaché au respect et aux traditions. Leurs journées s'articulaient principalement autour de dépeçage de gibier après la chasse, de repas animés de Lok'amon, et de temps de partage autour d'un bon feu.


Le chaman du clan, gardien de l'histoire et de ses secrets, était souvent au centre de l'attention, d'autant que Keera débordait de questions, ce qui n'était pas pour déplaire à Drek'Thar. Il semblait l'apprécier, bien que peu habitué à converser avec une étrangère au clan. De plus, son affection pour leur ami Rochenoire était touchante. Il remarquait également qu'à son contact, Orgrim se montrait tendre et chaleureux, très loin du jeune Marteau-du-Destin farouche et sauvage qu'il avait connu.


La conversation en cours traitait de l'abnégation des Loup-de-givre, et de leur volonté de combattre l'injustice et le déshonneur :


  • Et vous ne craigniez pas d'être assassinés pour vous dresser ainsi face à tous les autres clans ? avait demandé la princesse.
  • Le clan Loup-de-givre était un clan respecté et puissant, dont la Horde ne pouvait se passer, en tout cas avant notre exil, souligna Drek'Thar. Et je pense que sacrifier Durotan aurait fait de lui un martyr, et donc un cri de ralliement.
  • Et celui qui l'aurait occis un orc mort, enchérit Orgrim. Si tu savais combien il a été difficile de retenir mon bras quand j'ai appris leur mort Drek'Thar, mais je savais qu'il y avait bien plus en jeu !
  • Et tu as eu raison, Orgrim, le rassura le vieux chaman. Et grâce aux éléments, j'ai pu mettre à l'abri le reste du clan qui a accepté de me suivre depuis.
  • Tu es sage, vieil orc, et tu es puissant, ajouta la princesse.
  • Toi aussi, mon enfant, la surpris Drek'Thar. Et je ne parle pas de ta force physique.


Keera fronça les sourcils tandis qu'Orgrim demanda :

  • Que veux-tu dire ?

Avec un sourire malicieux, Drek'Thar répondit :

  • Je parle de tes conversations avec les animaux, de ton écoute des éléments qui susurrent à tes oreilles, et des rayons du soleil qui te réchauffent lorsque tu le souhaites, dit-il en direction de Keera.


Puis, devant l'air sceptique d'Orgrim, il ajouta :

  • Comment connaîtrait-elle le nom d'Oreille-sage si elle n'était pas liée aux formes de vie naturelles ?
  • Par les Ancêtres, je n'avais même pas réalisé ! s'écria Orgrim, qui, à présent, se sentait bête. Alors toutes ces fois où tu as attiré un animal sauvage, ou quand je t'ai retrouvée faisant une sieste au milieu d'une meute de loups, tu es donc une chamane !
  • En réalité, rectifia Drek'Thar, je pense qu'elle n'est pas simplement une chamane. Cela doit être propre à cette Terre, mais j'ai la sensation que Keera est liée à la Terre, très étroitement. C'est déroutant, pardonnez-moi si je ne suis pas très précis.
  • Tant que tu n'insinues pas que je suis une plante, je devrais pouvoir entendre ton avis, admit Keera sur un ton ironique.
  • Alors dis-moi, as-tu déjà ressenti l'appel de la Terre, d'un arbre ou d'un être en particulier ? Les éléments t'obéissent, c'est bien ça ? demanda Drek'Thar, consciencieux dans son analyse.
  • Comment sais-tu cela ? s'étonna Keera. En fait, je ne me suis jamais vraiment posé la question, j'ai toujours communiqué avec eux, sans m'en rendre compte. Je fais aussi pousser les arbres et les plantes, ajouta-t-elle. Mais cela prend du temps.
  • Et qu'est-ce que cela signifie Drek'Thar ? s'enquit Orgrim, de plus en plus désarçonné.
  • Cela signifie qu'elle est bien plus qu'un chaman, comme je le disais, mais quoi exactement, je ne saurais le dire, s'excusa le chaman. Je ne puis vous donner meilleure explication, je le regrette mes amis.


Keera semblait déçue, tandis qu'Orgrim tentait d'intégrer les informations. Devant leur perplexité, Drek'Thar ajouta :

  • Cette Terre est peuplée de créatures et chargée de pouvoirs qui nous sont encore inconnus, à nous les orcs qui sommes originaires d'un autre monde. Je ressens un grand pouvoir en toi, Keera, un pouvoir lié à la nature, comme une énergie qui sommeillerait en toi, prête à surgir.
  • Penses-tu que ce soit cela qui accroît ma force, ou que cela soit lié à mes émotions ? l'interrogea la princesse, incertaine.
  • C'est possible oui, admit le chaman.


Ce que disait le chaman lui semblait juste. Elle avait toujours ressenti l'appel de la nature, c'est comme cela qu'elle avait dû survivre à son errance avant d'être trouvée par les soldats d'Alterac. Finalement, ils se rapprochaient peut-être d'une partie de la vérité concernant son identité, ou même ses origines. Keera s'était parfois demandé si elle ne venait pas d'un autre monde, parce qu'elle n'avait jamais rencontré d'être semblable, bien qu'elle ait toujours senti son lien avec Azeroth. Elle avait cette impression étrange d'approcher de la vérité tout en s'en éloignant. Alors qu'ils en apprenaient un peu plus sur ses capacités, le mystère s'obscurcissait.


Les conversations se succédèrent, puis tous regagnèrent leur couche à mesure que les feux s'éteignaient.

Niché sur ses peaux de bêtes, lové contre la fourrure dense d'Oreille-sage, Drek'Thar s'allongea, pensif. Il connaissait mal les autres races d'Azeroth, et leur exil forcé n'avait rien arrangé. Le vent lui avait soufflé l'existence d'elfes, des êtres plus élancés que les humains, aux traits plus fins, voire parfaits, et aux pouvoirs multiples. Beaucoup d'autres espèces peuplaient ce monde, plus ou moins primitives, et Drek'Thar se demanda si l'exploration de ce vaste monde serait un jour possible.



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