La voix de l'ombre - Livre I : Les murmures du passé

Chapitre 10 : Le point de non-retour.

1711 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/02/2024 19:55

Chapitre 10 : Le point de non-retour.



Les Steppes Ardentes étaient en vue. À mesure que la Horde approchait du Mont Rochenoire, la pierre s'assombrissait alentour, et l'air devenait étouffant. De la lave coulait le long des falaises qui bordaient le territoire.

Peu à peu, le Pic Rochenoire et ses fumées constituées de gaz et de cendres qui s'élevaient vers le ciel se dessinaient au loin.

Il fallut à la Horde plusieurs jours pour y parvenir depuis les terres gelées des nains, bien que les routes furent faciles à suivre.


  • Enfin, le Mont Rochenoire, marmonna le Chef de guerre. Dulash, envoie un éclaireur au camp Champs d'honneur pour les prévenir de notre arrivée.
  • Bien, Chef de guerre, répondit l'orc, un guerrier rochenoire particulièrement voûté.


L'ambiance était sinistre, et la faune presque inexistante. Seuls quelques scorpides s'aventuraient près des routes, et des crabes de lave jonchaient le sol sec et magmatique.

La troupe de guerre arriva au camp, et Orgrim fut heureux de voir qu'une bâtisse plus grande avait été édifiée au centre du camp. Les orcs Rochenoires qui y étaient resté stationnés avaient organisé des parcours d'entraînement sur le terrain, et l'atmosphère martiale qui y régnait donnait du courage aux troupes.


Les orcs du clan Rochenoire, en particulier, se sentaient comme chez eux. Ce panorama, ces pierres noires, ainsi que cette chaleur étouffante rappelaient leur terre natale, ainsi que leur quartier général, la Fonderie des Rochenoires.


  • Je n'aime pas du tout cet endroit, admit Keera qui regardait tout autour d'elle. L'atmosphère est pesante. Et je n'ai jamais compris comment une terre aussi chaude et aride pouvait se trouver aussi près des montagnes enneigées de Dun Morogh, admit-elle.
  • Nous sommes en sécurité ici, la rassura Orgrim, qui savait que sa compagne appréhendait la prochaine bataille.
  • Sais-tu seulement ce qu'abrite cette montagne ? le questionna-t-elle.
  • Rien qui ne nous fasse reculer, répondit l'orc.

Devant l'air désapprobateur de la princesse, il ajouta :

  • Ne crains rien, nous n'allons pas nous installer dans ces contrées.


La jeune femme l'observait attentivement. Elle savait qu'il ne croyait plus en leur victoire depuis qu'il s'était entretenu avec le chef du clan de l'Orbite-sanglante. Il avait espéré pouvoir compter sur leur nombre pour affronter l'Alliance et gagner. Mais il ne montrait aucun signe de peur, ni même d'appréhension. Étant le chef, il se devait de faire bonne figure en public, mais même quand ils étaient seuls, Orgrim ne montrait rien. Après tout, il était fin stratège, peut-être avait-il un plan en tête.


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Une fois la Horde bien arrivée devant le Pic Rochenoire, Orgrim donna des ordres pour que tous investissent la base du Pic et prennent possession des lieux. En effet, il avait été conclu avec les nains Sombrefer après la chute de Hurlevent que la Horde pouvait utiliser le Pic comme quartier général, et cela tant qu'aucun orc ne s'aventurait dans les profondeurs de Rochenoire.


À l'intérieur, de longs couloirs de pierre ancienne encerclaient une sorte de terre-plein central suspendu tenu par des chaînes. Chaque couloir menait à des quartiers où l'on pouvait se retrancher et observer l'extérieur par de fines ouvertures taillées dans la pierre. Un bassin de lave tapissait le sol, et des coulées de magma sortaient du plafond par des fissures. Des braseros éclairaient chaque pièce, et l'on pouvait apercevoir quelques restes des activités démonistes dans les parages. Des potions cassées et éparpillées au sol, des bouts de cadavres que l'on avait tenté de réanimer, ainsi que plusieurs instruments dont seul un démoniste pouvait tirer profit.


Orgrim chargea plusieurs grunts du ménage et de l'installation des tentes et emplacements qui pourraient servir aux guerriers dans l'attente de la prochaine bataille. Quelques combattants prirent du repos, tandis que d'autres décidèrent de s'entraîner aux pieds du Pic.

Les quartiers du Chef de guerre étaient installés près d'une corniche à l'étage supérieur qui pouvait servir de balcon, et donnait sur l'avant de la montagne. Un endroit parfait d'où Marteau-du-destin pourrait voir arriver l'armée humaine.


  • Un mot, Chef de guerre.


C'était Bazol, l'un des orcs de confiance de Marteau-du-destin.

  • Je t'écoute, répondit Orgrim qui s'éloigna de ses quartiers.
  • C'est au sujet de ta compagne, chef. Tu m'as demandé de veiller sur elle si nous perdons la guerre et de la cacher.
  • Et tu ne penses pas pouvoir t'acquitter de ta tâche ?
  • Je donnerai ma vie pour mon chef, et pour sa compagne sans hésiter, Marteau-du-destin. Mais... elle ne serait pas plus en sécurité parmi les siens si...


Orgrim admirait une telle preuve de loyauté. Malgré les ordres clairs qu'il avait reçus, il était parvenu à cette conclusion et souhaitait sincèrement mettre Keera en lieu sûr. Cependant, Bazol ne détenait pas toutes les informations.

  • J'y ai pensé, en effet, admit Marteau-du-destin. Mais, pour plusieurs raisons, je ne peux pas m'y résoudre. Je ne la renverrai pas auprès de son père en qui je n'ai aucune confiance et qui, à l'heure qu'il est, a dû être arrêté pour traîtrise. De plus, comme tu le sais, elle porte mon enfant. Et que crois-tu qu'ils feront à une traîtresse portant un bâtard orc ?


En effet, rien ne garantissait qu'elle serait davantage en sécurité parmi les siens. Orgrim pensait également au journal qu'elle avait laissé derrière elle, au moment d'évacuer le camp au pied des montagnes d'Alterac. Et si elle y avait noté ses amitiés avec Tula, ou même une preuve de son respect récent pour les orcs. Peut-être souhaitait-elle retourner auprès des siens, après tout, elle aimait beaucoup ses demi-sœurs. Il n'avait d'ailleurs pas encore abordé le sujet avec elle.

Non, il avait davantage confiance en les siens qui sauront la protéger.


Bazol reprit :

  • C'est vrai, on ne connaît pas vraiment ces humains ni ce qu'ils pensent.
  • En cas de défaite, cache-là ici, au Pic Rochenoire, le temps que les humains le désertent. Ensuite, trouve les Loup-de-givre, quitte à envoyer ton loup en reconnaissance. Dis-leur qui elle est et ils l'a prendront sous leur protection.
  • Et tu penses qu'elle m'écoutera ? Qu'elle me suivra ?
  • Elle le fera, lui assura Marteau-du-destin.


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Keera vit Orgrim revenir d'une conversation avec Bazol l'air très sérieux et presque sombre. Avait-il reçu d'autres mauvaises nouvelles ?

Orgrim la scruta, puis l'invita à s'asseoir à ses côtés, près de leur couche de peaux. Après un long soupir, il annonça :

  • Je veux ta parole que si nous perdons cette guerre, tu sauveras à tout prix ta vie.


La princesse lui lança un regard dur, comme il s'y était attendu. Il poursuivit avant qu'elle ne conteste :

  • Bazol et toi resterez cachés ici, le temps que les choses se calment. Puis il t'emmènera loin d'ici.
  • Je ne retournerai pas en Alterac, si c'est ce que tu as en tête, répliqua Keera.
  • Non, O'nosh, la rassura Orgrim qui posa l'une de ses énormes mains sur son épaule. Je préfère confier ta sécurité à un clan oublié qui n'a pas pris part à cette guerre et en qui j'ai entièrement confiance.


Keera ne cacha pas sa surprise. Un autre clan, alors que les orcs sont si proches du leur. Son visage incrédule poussa Orgrim à poursuivre :

  • Je t'ai déjà parlé de Durotan.
  • Je me souviens, ton ami orc qui venait d'un autre clan, ajouta Keera. Mais, … il est mort, compléta-t-elle.
  • Lui oui, mais pas son clan, confia Orgrim. À notre arrivée sur Azeroth, lui et son clan, les Loup-de-givre, ont été bannis par Gul'dan. Il s'agit du seul clan à n'avoir pas été corrompu par les démons.
  • Et tu leur fait confiance ? s'enquit la princesse. Leur bannissement les a peut-être changés !
  • Je crois au contraire qu'il les a libérés, pensa tout haut Marteau-du-destin. Durotan s'opposait ouvertement aux décisions de Main-noire, mon prédécesseur. Et son clan lui a toujours été loyal.


Keera resta silencieuse. Bien que tout cela était destiné à les mettre à l'abri, elle et son enfant, elle ne parvenait pas à se projeter. Pas sans lui.

Elle rassembla ses pensées, et annonça :

  • Je ne partirai pas sans toi.


Son ton était ferme. Orgrim avait prévu sa réaction, mais il entendait bien ne pas céder.

  • Tu ne peux pas te permettre de raisonner comme ça, pas si tu tiens à la vie de notre enfant !


L'affirmation lui était arrivée au visage comme s'il s'agissait d'une gifle. Évidemment qu'elle pensait à leur enfant, elle était juste incapable de concevoir l'avenir sans lui.

  • Comment peux-tu me dire ça ? s'indigna la princesse. Me crois-tu si insensible ?
  • Aie juste confiance en moi, O'nosh, dit Orgrim, le ton plus calme. Et puis, je ne me laisserai pas tuer aussi facilement, conclut-il, un sourire en coin.


Keera baissa la tête et ferma les yeux. Il n'était pas dans sa nature de faire confiance aveuglément. Pourtant, il le fallait bien.

Elle releva la tête, attrapa l'une des mains de son compagnon qu'elle serra fort. Orgrim la fixait.

  • Promets-moi de revenir, quoi qu'il advienne.


L'orc serra également sa main, élargit son sourire, et répondit :

  • Quoi qu'il advienne.


Cette nuit avait été passionnelle, enivrante, et si intense que tout deux crurent par moment que leur cœur allait lâcher. Aucun des deux ne put se résoudre à abandonner l'autre, et ils se serrèrent le reste de la nuit.


Le soleil ne s'était pas encore levé que l'armée de l'Alliance pointait à l'horizon. L'un des grunts stationné près des quartiers du Chef de guerre alerta Marteau-du-destin qui se leva sans un bruit pour ne pas réveiller sa compagne endormie.

Il vérifia par lui-même les faits depuis la corniche, et fit un signe de la tête au grunt qui comprit l'ordre donné.


L'heure était venue.


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