Un monde de glace
Chapitre 42 : Retour au pays
3442 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a 5 mois
Depuis la chute officielle du Roi Liche, le calme était revenu dans le Norfendre.
Hormis un contingent de la Croisade d'Argent chargé de surveiller le Fléau, la Couronne de Glace se vidait peu à peu de ses conquérants.
Les nains Givre-nés retournèrent dans leurs montagnes enneigées des Pics Foudroyés célèbre leur victoire tandis que les taunkas reconstruisaient avec l'aide de leurs alliés de la Horde leurs villages ravagés par les assauts du Fléau mort-vivant.
Petit à petit, la vie reprenaient son cours normal dans ces terres où la mort régnaient en maître.
Au port du Donjon de la Bravoure, dans la Toundra Boréenne, Gahahli s'apprêta à monter à bord du navire censé la rapatrier, un express pour Teldrassil. Ayant soigneusement fait ses bagages, elle comptait retourner dans sa patrie avec son Sabre-de-nuit, afin de se remettre de toutes ces émotions... et se préparer à "l'heureux" événement. Et de la préparation, elle allait en avoir besoin psychologiquement. Elle savait d'avance qu'élever un enfant n'était pas une sinécure, même en couple.
Ses compagnons d'armes l'avaient accompagné jusqu'au pont pour lui souhaiter un bon retour.
— Alors ta décision est prise ? lui demanda Harrina dont le dragonnet continuait de faire mumuse avec Jakua. Tu rentres au bercail ?
L'elfe de la nuit opina de la tête.
— C'est qu'il y a encore plein de choses à faire au Norfendre, intervient Batël. Maintenant que le Roi Liche est... Enfin, tu sais. Je ne dis pas ça pour t'influencer mais toi qui a l'aventure dans le sang, tu pourrais passer à côté de pas mal de chose. Tiens, récemment, Brann a découvert avec sa ligue des ruines dans les Pics Foudroyés qui doivent remonter à l'époque des Titans et...
— Ça ira, te fatigues pas, Batël, l'interrompit l'elfe de la nuit avec un sourire triste — le mieux qu'elle pouvait faire depuis ces dernières vingt-quatre heures. J'avoue, j'aurais aimé davantage ce continent, sa toundra, ses fjords, ses forêts, même ses montagnes... Mais je crois que j'ai eu assez d'aventures pour un petit moment. Et puis... (Elle serra son ventre de ses mains) Il faut que je prenne plus soin de main, maintenant. Et aussi... de l'être qui grandi en moi.
Et surtout, malgré la beauté de ces paysages, rester au Norfendre lui rappellerait de trop mauvais souvenirs, entre le Portail du Courroux, la mort de son père, le sacrifice de son amant et toutes les fois où elle s'était retrouvé en présence du Roi Liche, sans parler des souvenirs des crimes d'Arthas qu'elle avait expérimenté. Il était donc urgent pour elle et son moral de s'éloigner de tout cela.
Et comme elle venait de la dire, sa priorité était désormais l'enfant qu'elle portait dans son ventre et qui était tout ce que Bathris lui avait laissé.
— Je comprends, lui rassura Harrina compatissante. C'est qui fait que je dois te remettre ça, avant que tu partes... Je l'avais complétement oublié depuis le Tournoi...
Elle fouilla sa besace et sortit un coffret en bois maculé d'un substance jaunâtre et collante qu'elle tendit à l'elfe de la nuit.
— Ne fais pas attention au miel, lui dit la jaune magicienne. Les furbolgs peuvent être négligent quand on leur confit des choses...
— Qu'est-ce que c'est ? demanda l'elfe intriguée.
— Tu te souviens quand j'ai évoqué que ton père... avant de nous quitter, avait rédigé des notes pour te dire ce qu'il avait sur le cœur ? lui répondit Harrina. Que je ne parvenais pas à retrouver ? Et bien il s'est avéré que peu avant votre arrivé, ce petit cachottier les avait mis dans ce coffret et l'avait confié au chef d'une tribu de furbolgs dans les Grisonnes. Tribu qui nous devait un service.
— Il a fait ça ? demanda l'elfe amusée — et se surprit à faire un bien meilleure sourire.
— Je pense qu'il voulait éviter que des yeux indiscrets ne lisent ses notes tant qu'il n'était pas prêt, suggéra la magicienne.
Gahahli reconnaissait bien la son père : trop fier pour ouvrir son cœur en présence de n'importe qui.
— Du coup, je suis passé par leur campement qu'on m'a convoqué dans leur forêt pour régler une histoire de worgens et quand je leur ai expliqué pour ton père, leur chef a décidé de me remettre ce coffre et son contenu, reprit Harrina. Et ils n'avaient rien trouvé de mieux que leur réserve de miel pour le cacher, ces gourmets d'ours.
"Et j'ai pensé que cela te revenait. Ton père n'ayant... malheureusement l'occasion de te dire ce qu'il avait sur le cœur... Tu l'auras par écrit.
L'elfe de la nuit entrouvrit le coffret malgré les résidus du miel et y vit une pile de parchemin sur lesquels elle pouvait reconnaître l'écriture de son père.
— Au moins, ça me fera un peu de lecture, commenta l'elfe quand elle refermait le coffret et le rangea dans ses affaires. Merci beaucoup.
— Vous êtes sûre que ça va aller pour... le bébé ? se risqua de demanda Ouladre en désignant le ventre de l'elfe.
— À vrai dire, pas vraiment, répondit Gahahli. Pour tout dire, j'appréhende un peu ce qui va suivre. Mais il faudra bien que je m'y fasse. Que je le veuille ou non, je vais devenir mère et... je vais devoir assumer... Et faire de mon mieux. Certes, ça ne faisait pas parti de mes projets... Mais bon, je n'en suis plus à mon premier imprévu... Disons que ce sera ma nouvelle aventure...
— Toujours aussi optimiste, à ce que je vois ! commenta le nain avec plaisanterie.
Harrina quant à elle se contenta d'un acquiescement satisfait.
Puis Baelbo s'avança, l'air gêné.
— Hum... Lili, avant que tu t'en ailles... Je voulais te dire... On s'est montré un peu injuste avec toi, dernièrement, se confessa le gnome. Et après tout ce que t'as dû endurer, on le regrette tous autant que nous sommes. C'était... inacceptable de notre part...
— Ça va aller, Bibi, l'interrompit Gahahli en s'agenouillant pour être à la hauteur du gnome, le regard compréhensif. J'aurais dû être plus honnête avec vous dès le départ. Et puis, malgré tout, vous étiez prêt à vous jeter dans la gueule du loup pour me secourir alors que je n'étais même pas en danger. Si cela n'est pas la meilleure preuve d'amitié, je ne sais pas ce que c'est alors.
Le gnome fondit en larmes en enlaça l'elfe de la nuit, aussi fort qu'il le pouvait de ses petits bras. L'elfe lui rendit affectueusement son embrassade et s'ensuivirent le nain, la magicienne et le draeneï pour se joindre à l'accolade.
Seul Bartelo resta en retrait, l'air sombre et toujours en deuil de son ancien mentor depuis leur victoire à la Couronne de Glace.
L'elfe lui tendit la main, invitant le jeune paladin à se joindre à l'accolade mais celui la snoba et se contenta de dire avant de tourner les talents :
— Bon retour sur ton arbre !
L'attitude dédaigneuse de Bartelo jeta un froid sur le groupe et indigna notamment Batël.
Le nain s'apprêta d'interpeller et de réprimander le jeune paladin qui commençait à se retirait d'un pas traînant, mais Gahahli l'arrêta d'un geste de la main et l'interpella à sa place :
— Bartelo ! ... Je suis désolée pour ton mentor... Il a été comme un père pour toi... Et je compatis, sincèrement.
Le paladin se contenta pour toute réponse de lâcher un soupir d'exaspération et de marmonner quelque chose inaudible à l'oreille humaine mais que l'elfe avec son ouïe fine parvenait à pecevoir :
— Si c'est toi qui le dis...
Puis il reprit sa marche en direction de l'auberge — probablement pour se souler — sans demander son reste.
Gahahli se retourna vers le reste de groupe et voyant leur mine scandalisé, elle s'empressa de les rassurer :
— C'est bon, je ne lui en tiens pas rigueur. Je me doute que ça n'a pas été facile pour lui non plus et qu'il a besoin de temps. Cette maudite guerre n'aura été une partie de plaisir pour personne.
— Aucune guerre ne l'est, gamine, la reprit Batël. Pas même celles que l'on gagne. Et j'en sais quelque chose.
Pour appuyer ses propos, le nain tapota sa jambe artificielle.
Finalement, Gahahli s'empressa d'embarquer avec son Sabre-de-nuit et toutes ses affaires quand le capitaine du navire annonça qu'ils allaient bientôt lever l'ancre.
Ses compagnons, excepté Bartelo, la saluèrent depuis le quai et elle les salua en retour depuis le pont jusqu'à ce qu'ils furent hors de portée tandis que le bateau faisait lentement voile vers Kalimdor, quittant le Norfendre à travers la mer constellée d'icebergs.
— Bien, n'en déplaise aux rabats-joies, allons célébrer cette victoire à l'auberge ! proposa le nain.
— Excellente idée ! approuva le draeneï. Cela ne peut que nous changer les idées !
— Et cerise sur le gâteau, ce coup-ci, c'est ma tournée ! ajouta le nain décidément de bonne humeur !
— Et ben, il était temps ! s'exclama le gnome.
Seule Harrina demeura sur le quai avec son dragonnet, le regard mélancolique fixé sur le bateau qui rapetissait à l'horizon.
Dans un soupir, elle murmura :
— Ha... Fyrvas... Si tu pouvais voir ta fille en ce moment... Si tu voyais comme elle a grandi...
Le voyage vers Teldrassil se passa sans accroc, mais en raison de sa grossesse, Gahahli fut plus sensible au mal de mer.
De ce fait, elle passa la majeure partie du trajet sur le pont à manger du gingembre pour tenter d'empêcher les vomissement et à fixer l'horizon depuis le pont quand elle ne devait pas s'allonger au centre du bateau, avec Jakua pour lui tenir chaud.
Quand la mer était calme et le bateau stable, elle en profita pour lire les notes que son père avait laissé à son intention. Tout était écrite en darnassien, une langue essentiellement comprise des elfes de la nuit. Son écriture fut très brouillon et bourrée de rayures dans les premières pages mais devenait plus affirmée et inspirée dans les suivantes.
"Ma très chère fille,
j'ai mes raisons d'avoir fait ce que je
ce que j'ai fait c'est pour ton bien
je l'ai fait pour de bonnes raisons
je ne sais pas si un jour tu comprendras ce qui m'a amené à te tenir éloigné de cet elfe de sang, mais il faut que tu saches que tu comprennes
Tu as certainement toutes les raisons du monde de m'en vouloir, mais je tiens à ce que tu saches que peu importe ce que tu penses de moi, que même si tu me reniais pour l'éternité, je tiens énormément à toi.
Tu es ce que j'ai de plus précieux au monde. Le plus beau cadeau que la vie m'a accordé. La meilleure chose qui me soit arrivé dans ma vie depuis ma rencontre avec ta mère. Et je ne l'échangerai pour rien au monde.
Quand la Horde et la Légion Ardente ont rasé nos forêts et massacré les nôtres, quand ils nous ont pris ta mère, j'ai vraiment cru t'avoir perdu et je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie.
Ce que j'ai ressenti à ce moment-là, je te souhaite de ne jamais connaître. C'est pire que la mort.
Mais c'est bien ce qui m'a fait comprendre à quel point tu étais ce que j'ai de plus précieux.
Alors qu'elle ne fût mon soulagement de t'avoir retrouvé en vie ce jour si terrible. En larmes, couverte de terre et de cendres mais en vie.
J'aurais cependant aimé que ta mère ait eu autant de chance que toi. Ce qui lui ait arrivé, je ne pourrais jamais me le pardonner. Je devais vous protéger toutes les deux et j'ai échoué. À cause de moi, vous auriez pu mourrir toutes les deux.
C'est pourquoi, je me suis donc juré de rattraper mon échec et faire tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger.
Je l'ai juré devant Elune et sur le corps encore chaud de Cénarius.
Tout ce que je voulais c'est que tu sois en sécurité, qu'il ne t'arrive rien, que tu vives le plus longtemps possible, loin de la guerre et des démons.
J'ai pensé qu'en nous installant à Teldrassil, au large du continent, tu serais à l'abri de tout ça.
Et qu'elle ne fut mon angoisse de te voir te lancer dans l'aventure.
Sans doute que mes méthodes t'aient paru excessifs mais depuis que la Légion ait failli nous réduire à néant, il était hors de question que je te perde toi aussi, que je revives le même cauchemar.
Je ne peux m'empêcher de te voir comme une petite fille, innocente et fragile, dont les démons ne ferait qu'une bouchée. Une petite fille si joyeuse et pleine de vie avec laquelle nous passions des heures à jouer dans la forêt d'Orneval.
Peut-être est-ce pour cette raison que ta sécurité a été ma plus grande priorité. Je ne peux me défaire de cette image.
Mais force est de constater que tu as grandi, que tu es devenue plus forte et courageuse, que tu as parcouru des contrées qu'aucun elfe de la nuit n'aurait eu le courage d'explorer, fait des rencontres singulières et accompli des exploits dont ton propre père n'aurait jamais soupçonné.
Je me souviens encore de ce petit prince aux cheveux blonds qui me parlait de toi avec admiration à Hurlevent.
N'importe quel père parent serait fier pour tout ce que tu as accompli jusqu'à présent.
Mais à mesure que tu grandissais et faisais tes preuves au sein de l'Alliance, j'ai constaté que tu avais de moins en moins besoin de ma protection.
Et en écrivant ses lignes, je me dis que c'était peut-être ça qui me faisait le plus peur. Plus que de te perdre comme j'ai perdu ta mère, qu'en grandissant, tu n'aurais plus besoin de moi et que donc tu laisserai ton vieux père dans la solitude.
J'aurais donné n'importe quoi pour que tout redevienne comme avant, que tu restes la petite fille innocente que j'ai chérie toutes ces années.
Mais je dois me rendre à l'évidence, un tel souhait serait impossible à réaliser. Même avec la meilleure volonté, jamais je ne pourrais t'empêcher de grandir, pas plus que je ne pourrais faire revenir ta mère.
Et même si je le pouvais, ce serait très égoïste de ma part.
Et surtout contre-nature.
Car s'il y a une chose que j'ai appris de la vie, c'est qu'elle est faite de changements constant, qu'on le veuille ou non. Ça peut être douloureux, effrayant, triste, comme ça peut être agréablement surprenant et joyeux.
Un vieil ami à corne est venu me rappeler que la vie ne pouvait fonctionner que de cette manière.
En écrivant ces lignes, je m'aperçois que j'avais peut-être eu tort de te protéger comme je l'ai fait, que ce faisant, je t'empêcher de grandir et de vivre.
Or, ceux sont bien toutes ces expériences et ces épreuves, bonnes comme mauvaises, que la vie nous a imposé qui ont fait de toi l'elfe que tu es aujourd'hui.
Alors peut-être que tu as toutes les raisons du monde de m'en vouloir pour à avoir tenté de te priver tout ça par égoïsme. Et je ne t'en tiendrais pas rigueur.
Si ça peut rattraper mon erreur, je ne peux que t'encourager dans cette voie.
Continue de grandir. Vis.
Ne laisse personne te dicter comment vivre ta vie. Pas même moi.
Vole de tes propres ailes.
Expérimente, fais des erreurs et apprends d'elles. Car crois moi, tu auras encore beaucoup de choses à apprendre.
Et quand la vie te fera souffrir, ce qui arrivera d'une manière ou d'une autre, n'oublie jamais cette douleur. Car aussi désagréable soit elle, cette douleur est là pour te rappeler que t'es encore en vie et c'est cette douleur qui te feras aller de l'avant. Crois en mon expérience.
Et je ne peux qu'espérer qu'un jour tu trouveras la force de me pardonner pour mon égoïsme.
Mais n'oublie jamais que quoi qu'il arrive, je t'aime de tout mon cœur. Et je t'aimerai toujours, jusqu'à la fin des temps"
Gahahli fondit en larme en lisant les dernières lignes écrites par son père à son attention.
Elle ignorait cependant les circonstances dans lesquelles il les avait écrites, si c'était peu de temps avant d'affronter Morpsev ou plus tôt.
Ce dont elle était sûre en revanche c'est que si elle avait pu les lire plus tôt, cela lui aurait certainement remonté le moral et aidé à surmonter les épreuves qu'elle avait dût enduré durant la conquête de la Couronne de Glace.
Mais vieux valait tard que jamais...
— Merci, An'da, murmura-t-elle en serrant les papiers contre sa poitrine. Moi aussi je t'aime..."
Le navire atteignit enfin Teldrassil, le gigantesque Arbre-monde planté sur une île au large de la côte nord-ouest de Kalimdor, qui abritait sous sa canopée tout un écosystème rappelant la forêt d'Orneval et servant de refuge aux elfes de la nuit, dryades et furbolgs ayant comme Gahahli et son père perdu leur foyer à cause de la Légion Ardente.
La jeune elfe de la nuit se rappela amèrement qu'elle n'y était pas retourné depuis qu'ils avaient fait la connaissance d'Ouladre... et que son père fut injustement radié du Cercle cénarien par l'archidruide Fandral Forteramure. Et elle s'était retenues d'y retourner depuis son embrouille avec son père au sujet de sa relation avec Bathris.
À présent, son père avait rejoint leurs ancêtres et son amant était chargé d'empêcher le Fléau d'anéantir le monde depuis le Trône de Glace, tandis qu'elle portait son enfant.
Ce fut donc le cœur gros qu'elle y retourna malgré tout.
Toutefois, après des mois passés sur un continent aussi glacial que la mort dont il empestait, jamais elle ne fut aussi heureuse de rentrer à la maison.
Elle débarqua alors avec son Sabre-de-nuit et toutes ses affaires dans le village portuaire de Rut'theran, logé dans les racines de l'Arbre-monde qui les dominait.
De ce petit village, elle empruntait le portail qui l'amenait directement à la cité elfique de Darnassus, nichée dans la cime de l'Arbre-monde.
Elle y retrouva avec satisfaction l'air agréable et apaisant de sa forêt natale qui lui avait tant manqué, après avoir parcouru le monde jusque dans ses coins les plus reculés et inhospitaliers.
Un air qui la changeait considérablement du froid mordant et de l'odeur pestilentielle de mort du Norfendre et qui la faisait sentir si bien d'être à nouveau chez soi, notamment après une si longue absence.
Prenant le temps de savourer l'air forestier et nocturne, elle prit le chemin vers la maison de son père et salua respectueusement les résidents qu'elle croisait sur son chemin et la regardaient avec des yeux ronds, comme s'ils ne s'étaient pas attendu à son retour... ou comme si à force de vadrouiller à travers le monde et après s'être absentée pendant plus d'un an, ils avaient oublié son existence.
Elle finit enfin par atteindre la maison dans laquelle elle s'était installé avec son père, un modeste cottage situé en périphérie de la cité — Gahahli et son père ayant toujours préféré vivre au plus près de la nature qu'en ville — comprenant un puits de lune permettant aux elfes de se régénérer et de soigner la terre aux alentours.
Et force était de constater que ce fut la pagaille à l'intérieur. Les maisons des elfes de la nuit restant essentiellement ouvertes, des animaux avaient dû profiter des absences prolongés de Gahahli et de son père pour y faire leur nids. La maison étaient parsemés de terres et de résidus de boues, de feuilles mortes, de brindilles, de plumes, de poils, de coquilles d'œufs et d'ossements de petits animaux, ainsi que de matières fécales séchées.
Un grand ménage s'imposait donc.
— Au boulot ! déclara la jeune elfe de la nuit en se craquant les doigts.