Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 23 : La solitude d'un Roi

5550 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/04/2021 22:03

La solitude d'un Roi


Voilà deux jours que le forgeron du Roi a pris mes mesures pour me forger mon armure et je me questionne à son sujet. Sera-t-elle prête pour le grand départ pour Lordaeron ? Je trépigne d’impatience de la voir, mais d’un autre côté, la bataille s’approche et rien que d’y penser j’ai une boule au ventre qui me tords les entrailles de douleur. Serai-je à la hauteur de la tâche que je me suis imposée. Pour me détendre les nerfs, je décide de sortir prendre l’air dans les rues de Hurlevent. bien sûr, je suis accompagnée de Yaedrel qui est ronchon depuis notre conversation avec Anduin. J’enfile des vêtements plus apte à une sortie citadine et attrape ma broche sur la table de chevet. Le tiroir est entre-ouvert et j’aperçois le collier de Lydran. J’ai été grossière envers lui, même si cet idiot de druide le cherche. Si, par le plus grand des hasards, je le croise, je m’excuserai et j’accepterai correctement son présent. Je saisie alors l’objet et le noue autour de mon cou avant de sortir de mes appartements accompagnée d’un Yaedrel renfermé. Peu importe le nombre de fois où j’essaie d’engager la conversation, mon protecteur reste dans son mutisme. Cette situation est vraiment inconfortable. Nous nous rendons aux quartiers commerçant. J’aime me balader dans cette partie de la cité. Vu que l’entrée de Hurlevent se situe à proximité, il y a toujours de nouveaux visages, souvent des aventuriers accompagnés de leurs petits compagnons exotiques et vêtue d’armure sortie tout droit d’un roman fantastique. Les tuiles bleues qui scintillent à la lumière du soleil et les majestueux bâtiments de pierre blanche, sans oublier les multitudes de senteur : épice, savon, parfum ou encore l’odeur des pâtisseries. Le bruit des marteaux qui frappent les enclumes se mélangeant au tintamarre de la masse de villageois. Je déambule dans le marché, toute ses couleurs me ravissent. Tissus, bijoux, objets banal comme insolite. Malgré la guerre et le départ du Roi qui s’approche à grand pas, le commerce continue.

Alors que je me fraye un chemin dans la foule, des soldats font éruption criant à plein poumon de s’écarter. Les habitants commencent à se bousculer en chahutant, je me fais quelque peu malmener. Yaedrel s’impose entre eux et moi. J’entends des sabots résonner sur le sol pavé du marché et, quand je lève les yeux, j’aperçois un magnifique percheron d’un blanc immaculé caparaçonné d’une majestueuse armure d’or et de bleu. Sa crinière et sa queue sont tressées. Révérence !? Sur sa selle, son charmant cavalier, Anduin, le dos droit comme un piqué et l'air préoccupé. À ses côtés, un autre cheval à la robe sombre dont le propriétaire n’est d’autre que le vieux loup. Où vont-ils ? Sur les quais ? Anduin et son escorte me passe devant sans m’apercevoir, mais je ne peux les quitter des yeux. On dirait qu’ils prennent la direction de la prison. Mon cœur se serre dans ma poitrine, il va vraiment interroger l’assassin ?! Je me précipite alors à sa suite mais Yaedrel m’attrape le poignet avec fermeté pour m’empêcher d’aller plus loin. 

•        Je sais ce que vous avez l’attention de faire. Cessez de vouloir vous mêler des affaires de son Altesse constamment. Gronde Yaedrel.

J’essaie de m’extirper de son emprise, mais en vain. Il m’entraîne alors dans la direction du château et reste sourds à mes remontrances. Je n’avais aucune envie de mettre prématurément fin à ma promenade. Une fois la porte principale du palais traversée, on se retrouve face à l’imposante fontaine. Je donne un coup sec avec mon bras pour essayer encore une fois de me libérer.

•        Lâchez-moi, Yaedrel ! Pas question que vous m’escortiez dans mes quartiers comme une enfant qu'on veut punir pour une bêtise. Dis-je, contrariée.

Mon protecteur obéit et me lâche le poignet. Je le malaxe avec mon autre main avant de m’éclipser à l’intérieur. Je longe le long couloir jusqu’à la salle du trône. Sur le marbre se dessine les reflets des vitraux bleus et les quatre lions d’or couchés au pieds du siège royale brillent d’une lumière dorée. Je ne pousse pas les lourds portes qui conduisent aux appartements, préférant opter pour le bosquet de haie. Là-bas, je serai en paix pour m’exercer à la lumière. Je passe alors par un des chemins qui encadre le jardin extérieur qui donne un très beau panorama sur le lac. Une fois arrivée à destinations, je commence à pratiquer les exercices que Anduin et Yaedrel m’ont enseigné. J’aurai peut-être dû aller chercher mon arc… Tant pis, ce sera pour une autre fois.

Au bout d’un moment, la fatigue comme l’ennui s’emparent de moi. Je n’ai pas spécialement envie de regagner ma chambre. J’erre alors pendant des heures sans but dans le jardin et dans les couloirs du château. Le ciel commence à virer à l’orange quand je décide de véritablement rentrer. De retour dans la salle du trône, je vois Anduin sortir de la pièce de commandement suivit de ses conseillers à l’exception de Dame Jaina qui est maintenant absente depuis bien longtemps. Je me demande si elle va bien. Certains d’entre eux me fixent avec dédain, d’autre avec des sourires qui sonnent faux. Je reconnais Mathias Shaw accompagné de Grisetête qui passent à côté de moi, m’adressant un “Madame“ avec politesse. Puis la pièce finit par se vider à l’exception des gardes qui sont à leur poste. Anduin s’approche de moi, l’air soulagé comme si on l'avait délesté d’un énorme poids. Le sourire aux lèvres, il me serre dans ses bras. Prise au dépourvue, je le repousse, regardant autour de nous et jetant un coup œil aux soldats de façon nerveuse.

•        Nous avons plus besoin de nous cacher, je peux enfin vous prendre la main et vous serrez dans mes bras sans me soucier des regards indiscrets. M’informe-t-il, soudainement.

Maintenant je comprends mieux pourquoi ses conseillers me dévisageaient ainsi, Anduin a confessé notre relation sans me convier à la petite sauterie. J’avoue que ça me froisse quelque peu… Anduin se penche vers moi me susurrant quelque chose à l’oreille.

•        En qui concerne nos baisers je préfère les garder à huit clos…

Impossible de résister au charme du blondinet, ma rancune n’est que passagère. Je me mets à sourire, plongeant mon regard dans ses prunelle d’azur.

•        Attention, votre Altesse, j’ai presque envie de trouver un endroit isolé. Murmuré-je, charmeuse.

Les joues du jeune Roi se teintent légèrement en rouge tout en esquissant un sourire timide. Anduin racle sa gorge, chose qu'il fait souvent quand il est embarrassé, et me prends ensuite la main afin de me raccompagner à mes appartements. Sur le trajet, je ne peux m’empêcher de le questionner pour en savoir plus sur son entretien avec sa clique de conseillers.

•        Donc, vos conseillers ont bien encaissé la nouvelle ? Demandé-je, curieuse.

•        Eh bien, ma foi, leurs avis étaient très mitigés mais, en soit, ça s’est relativement bien déroulé. Réponds Anduin, posément.

•        Vos conseillers sont factices, j’ai vu leur regard à mon égard quand vous êtes sortie. Je connais bien les aristocrates devant leur seigneur, c’est les beaux sourires, les jolis discours, mais dans votre dos ça vous manque de respect. Renchérie-je.

•        Bien évidemment, beaucoup de gens ne réalise pas combien c’est difficile et pénible d'être un dirigeant. Vos moindres succès, échecs et même votre vie privée sont étalée sur la place publique. Rétorque Anduin, fatigué.

Pour l’avoir vécu moi-même en tant que Princesse d’un royaume influent, je sais pertinemment ce qu'Anduin ressent. Je l’embrasse sur la joue et lui lâche la main avec un sourire taquin.

•        Le dernier en haut est un Murloc ! Dis-je avant d’enjamber les marches avec hâte.

•        Lynawen, c’est dangereux de courir dans les escaliers ! Hausse-t-il le ton.

J’entends les pas précipités d’Anduin dernière moi. J’accélère, m’aidant de la rambarde pour ne pas tomber. Une fois arrivée à mon étage, je me retourne pour voir Anduin monter les dernières marches essoufflées. J’affiche un sourire de gagnante gesticulant pour imité un Murloc. Il passe sa main dans ses mèches blondes, souriant. Une fois à ma hauteur, Anduin enserre ma taille de ses bras et me soulève me faisant tournoyer, je m’agrippe a lui en riant. Lorsque mes pieds touchent à nouveau le sol, je suis prise de tournis. Ses doigts se glissent sous mon menton et ses lèvres se posent sur les miennes. Toute sourire et sur un petit nuage, on continue notre chemin jusqu’à ma porte.

•        Anduin… notre relation est officialisée, j’en suis très heureuse, mais qu’en est-il du mariage… Demandé-je, gêné.

Il se tue un instant, regardant le sol, avant de bien vouloir lever à nouveau ses yeux sur moi. Mon amant me saisit les mains avec délicatesse.

•        Je sais ce que j’ai dit, mais avec cette guerre je ne l’envisage pas encore. Je demanderai votre main le moment venu, si vous le désirez, bien entendue. En attendant, notre concubinage me comble de bonheur. Confesse Anduin avec beaucoup de tendresse dans sa voix.

J’avance d’un pas vers lui me blottissant contre son torse le serrant contre moi, le sourire aux lèvres. Cette réponse me convient amplement, notre amour tel qu’il est m’emplie également de joie et j’espère être prête le jour où il me fera sa demande.

•        Seriez-vous d’accord pour venir dîner avec moi ce soir ? Demande Anduin.

Je me redresse pour lui faire face sans rompre notre contacte physique et acquiesce à sa proposition. Son visage s’illumine, puis, il m’informe qu’il enverra son majordome me chercher quand le repas sera prêt. Mon amant m’embrasse sur la joue avant de gravir les marches qui conduise à son appartement. Impatiente de ce diner en tête à tête avec lui, j’accoure chercher ma dame de chambre pour me faire couler un bain. C’est dans ses moment-là que je regrette la baignoire de son Altesse. Ah ! Si seulement je pouvais acquérir une telle merveille de technologie, ça m’éviterai devoir cette vieille bique ronchonne au quotidien. Chose faite, je fais le chemin inverse et ouvre la porte de ma commode avec fracas. Je ne possède pas beaucoup de vêtements mais je dois bien avoir quelque chose de présentable à me mettre ! Une robe ? Non, j’ai horreur de ça… Puis Anduin va se poser des questions si je débarque avec une tenue pareille et je ne possède que la robe de bal et elle est ma foi trop habillée. Quand mes mains attrapent la tenue de mon monde, un immense chagrin s’empare de moi. Je la range en boule à la va vite dans le fond. J’ai finalement opté pour une chemise ample blanche avec une veste noire brodée de fioritures d’argent. Un pantalon de la même couleur que le haut lui aussi décoré broderie l'accompagne et, pour finir, des bottes hautes à talon, également en cuir. Une fois mon bain prêt, je ne perds pas une seconde pour m'y plonger et me nettoie avec mon savon le plus parfumé, pensant à mon tête à tête avec Anduin. Je vais en profiter le plus possible car ce moment sera hélas éphémère et s’en suivra à nouveau la guerre. Je me vêtis en vitesse et tresse ma longue chevelure ébène qui tombe sur mon épaule droite. La touche finale est ma précieuse broche en argent et en améthyste que j’accroche dans mes cheveux. Je contemple mon reflet dans la glace, cette tenue est finalement assez similaire à celle que je porte d’habitude… Devrai-je me changer ? J’ai beau parcourir ma garde-robe, je ne trouve rien de plus jolie.

Je soupire, accablée, et me laisse tomber sur mon lit, balançant mes pieds dans le vide. Le temps commence à se faire long et je finis par faire les cent pas dans la pièce lorsque qu'on frappe enfin à ma porte. Mon cœur ne fait qu’un bond dans ma poitrine, enfin ! Je reprends doucement mon calme avant d’aller ouvrir. Face à moi, le majordome d’Anduin. C'est un vieil homme, comme Grisetête, mais, contrairement à lui, son visage est ma foi bien plus amical.

•        Le Roi vous attends, madame. Dit-il sur un ton aimable.

Je sors de la pièce en prenant soin de refermer derrière moi et suit mon guide jusqu’à l’étage où se situe les quartiers privés du Roi. Nous passons la grande porte ornée de la tête de lion pour ensuite pénétrer dans le grand couloir. Lors de ma première visite, je n’avais pas pris le temps d’admirer les lieux, faute de la situation critique dans laquelle je me trouvais. Le sol est recouvert d’un long tapis à frange bleu et la tapisserie est de la même couleur mais pas de tête de lion, pour changer, des motifs de fleur l'orne à la place. On peut entrevoir entre les nombreux tableaux de paysage des boucliers et des étendards avec l’emblème de l’Alliance sans oublier de somptueux meubles aux multiples décoration : Fleurs, vases, armes, statue… Nous arrivons dans une salle à manger parfaitement impeccable, On ne devinerait jamais qu’entre ses murs il y a eu un combat qui aurait pu m’ôter la vie. Une grande cheminée dont le foyer est vide domine la pièce. La grande table est habillée d'une nappe bleue, pour innover… Les couverts son dressés mais aucune trace d’Anduin. Le Majordome me tire la chaise à droite de celle du Roi qui se trouve en bout de table. Je m’assoie avant que ce dernier ne fasse une révérence et ne se retire. En attendant Anduin, mon regard continue à se perdre dans la pièce. Ici aussi il y a des meubles avec des livres et des vieux jouets en bois et les murs sont recouvert de portraits. Tous des visages inconnus sauf deux. L’un entre eux est clairement le père d’Anduin et à ses côtés une magnifique femme gracile au long cheveux blond et yeux d’azur qui rendraient jaloux le plus majestueux des astres. Il y a aucun doute, c’est la mère du jeune Roi. Elle est vraiment d’une beauté à couper le souffle. Maintenant, je sais d’où il tient ses traits si gracieux. Je ne peux m’empêcher de sourire quand mes yeux sont attirés par le tableau d’un Anduin très jeune dont la bouille est plus que boudeuse, il est si mignon. Sur le mur du fond, un autre portrait d’Anduin. Celui-ci est récent, probablement peint peu avant mon arrivée sur Azeroth. Décidément, il a vraiment du mal à esquisser un sourire. On peut lire l’ennuie sur ses traits, charmant mais pas aussi séduisant que le vrai, pensé-je, amusée. Il en met du temps… je bascule ma tête en arrière pour regarder le plafond, mes yeux se perdent sur les scintillements des lumières sur le lustre en cristal. Je les ferme un instant. Quand je les ouvre à nouveau, son visage souriant et penché au-dessus du mien. Mes doigts viennent caresser sa joue.

•        Votre Altesse. Dis-je, charmeuse.

•        Madame. Rétorque-t-il sur le même ton avant gagner sa chaise. Vous êtes ravissante.

•        Merci. Dis-je souriante. Vous êtes également très élégant. Remarqué-je.

Anduin a abandonné ses vêtements royaux habituel pour une tenue plus décontractée. Vêtue d’une simple et courte veste brune par-dessus une chemise blanche ample aux lacet à moitié défait laissant entrevoir son torse glabre. Une ceinture de cuir fait la jonction avec un pantalon noir et des bottes ornées d’or. Ses cheveux dorés sont légèrement tirés en arrière. Apparemment, même son Altesse désire me plaire et j’avoue que cette initiative me ravie. Je suis soustraite de mes pensées lorsque deux domestiques déboulent dans la pièce les bras chargés de plats. Ils les posent avec douceur sur la table tout en retirant les cloches nous exposant les succulents mets : Cuissot de sanglier avec des tranches déjà prédécoupées, du poisson et différentes salades. Tous sentent merveilleusement bon et les quantités sont fastueuses. Sans le vouloir, je me souviens de mes repas de famille. Nos buffets de nourriture surdimensionnés où on ne mangeait jamais la totalité. Je mettais un point d'honneur à offrir le reste à nos domestiques et leurs enfants. Les serviteurs s’éclipsent sans un mot et Anduin attrape mon assiette et me sert un morceau de viande et demande quelle salade me ferait envie. Je pointe du doigts la salade de laitue et concombre et je refuse gentiment le poisson. Il pose à nouveau mon assiette devant moi avant de garnir la sienne. Nous commençons alors à manger silencieusement en nous échangeant des regards accompagné de petit sourire. Être en sa compagnie m’est très agréable, ça change de manger dans la solitude quotidienne.

•        Comment s’est passée votre journée ? Me questionne Anduin.

•        Mise à part Yaedrel qui est toujours contrarié, assez bien. Répondé-je en marquant une pause avant de reprendre. Je vous ai vu ce matin au marché avec votre escorte, prenant la direction de la prison.  

•        Oh vraiment ? Dis le Roi, surpris. Eh bien, c’est effectivement l’endroit où je me suis rendus. 

•        Le non mort a-t-il parlé ? Continué-je mon interrogatoire.

Anduin soupire en passant une main dans ses cheveux pour remettre en place ses mèches rebelles avant d’attraper son verre d’eau et d'en boire une gorgée. Ensuite, il se tourne à nouveau vers moi.

•        Sommes-nous vraiment obligés de parler d’affaire d’état ? rétorque-t-il, ennuyé. Je veux juste oublier mes tracas l’espace d’une soirée et passer un agréable moment avec la dame de mon cœur. 

En disant ceci, il fait pression avec son index entre mes deux yeux avec un sourire séduisant. Rougissante, je le chasse d’un geste de la main. J’acquiesce à sa demande. J’avoue que moi aussi j’ai juste envie d'être à ses coté. Pour cette fois, je laisse couler même si je compte bien avoir ma réponse. La quiétude s’empare des lieux et tout en savourant le plat que l'on m'avait apporté, une question me reviens à l'esprit, certes bénigne, mais j'avais envie de savoir...

•         Anduin, cette question va vous paraître sans doute stupide, mais pourquoi avez-vous arrêté de me tutoyer depuis cette histoire avec le mort-vivant ?

Anduin arrête sa fourchette alors qu'il s'apprête à la mettre en bouche. Il la dépose dans son assiette et essuie ses douces lèvres avec la serviette en soie posée à côté de lui. Déstabilisé, ses joues s’embellissent d’une légère nuance de rouge.

•        Je n’en ai aucun souvenir… Balbutie Anduin.

•        Votre réaction indique le contraire, et moi, je m’en souviens parfaitement. Voulez-vous que je vous récite vos propres mots ? Rétorqué-je, taquine.

Le blondinet devient cramoisi. Comme à son habitude, il racle sa gorge et attrape son verre pour y boire une grande gorgée qu'il avale de travers. Il se met à toussoter. Surprise qu’il se mette dans un état pareil je me lève et passe mon bras dans son dos le caressant d’un geste affectueux. Anduin me prends la main et plonge son regard azuré dans le mien.

•        C’était sur le coup de l’émotion, j’étais terrifié que vous vous perdiez dans le cercle vicieux de la haine… Vous avez un cœur si bon, je ne voulais pas qu’il s’assombrisse, je ne voulais pas vous perdre… Est-ce égoïste ?

•        Non… du tout. Répondé-je avant d’embrasser ses lèvres attirantes.

J’ai bien senti qu'Anduin veut plus qu’un simple petit bisou mais je me dégage de son emprise et recule jusqu’au seuil de l’arche avant de me tourner vers lui. 

•        Sommes-nous obligés de prendre le dessert ? Questionné-je avant d’enchaîner. Si vous me faisiez une visite de vos appartements à la place ? En commençant par votre chambre. Dis-je, espiègle.

•        Comme il vous siéra, Madame, mais dévoilé ma carte maîtresse dès le premier soir serai une erreur stratégique et, loin de moi l’idée de me vanter, vous ai-je dis que je suis un excellent stratège ? Rétorque Anduin sur le même ton.

Je me mets à rire et tends ma main à mon amant qui se relève avec hâte avant de la saisir et de glisser ses doigts entre les miens.

•        Alors où va-t-on en premier ? Demandé-je.

•        Vous savez, il n’y a rien de spécial à voir, il y a de nombreuses chambres dont la mienne et la suite royale mais je ne me sens pas d’y aller depuis la mort de mon père… Dit-il, chagriné, avant de changer de sujet rapidement. Hmm… vous avez déjà vu la salle de bain et mon bureau et je doute que les latrines vous intéressent.

•        Je passe mon tour, en effet. Rétorqué-je, rieuse.

•        Même si je clame haut et fort que c’est également une invention gnome ?

•        Anduin ! Je n’aurais jamais cru ça de vous. Faigné-je l’outrage.

•        Alors que dites-vous de la salle de vie ? Lâche-t-il finalement.

J’accepte et ensemble nous allons dans ladite pièce. Il ouvre la porte et la salle est plongée dans une lumière tamisée. J’aime l’atmosphère que ça dégage, je trouve ça très romantique. Une cheminée trône au centre, une peau d’ours recouvre le sol juste devant et deux sofas ainsi qu'un fauteuil habillé d’une couverture rouge l'encadre. Une table de chevet avec un tissu en dentelle se trouve juste côté d’un des canapés. Il y a également des étagères avec de nombreux livres et objet rangés. Une grande vitrine accueille des bouteilles qui semble être de l’alcool et des verres à pieds. Sur les murs, encore des paysages mais également le portrait d’un homme. Contrairement ceux de la salle à manger où on pouvait deviner facilement qu’ils étaient de la famille d’Anduin, l’homme représenté dessus n’a aucune caractéristique en commun avec lui. Des cheveux châtain long coupé court et une barbe ornent son visage et une armure doré avec un tabard bleu décoré du lion de l’Alliance vienne parfaire le personnage.

•        Qui-est-ce ? Demandé-je curieuse en pointant mon doigt vers le portrait.

•        C’est Bolvar Fordragon, c’était un homme remarquable. Lorsque j’étais enfant nous étions très proche… Quand mon père a disparue et que j’ai dû endosser le rôle de Roi très jeune, il était mon tuteur et régent. Il était un père pour moi, il n'est hélas plus de ce monde.

•        Je suis désolée de vous remémorer des souvenirs douloureux. Dis-je avec regret mais ma curiosité a repris le dessus. Vous avez déjà été Roi ?

•        Oui et, heureusement pour moi, mon charmant père a fini par refaire surface et j'ai récupéré mon statut de Prince. Rétorque Anduin en gonflant le torse.

•        Je me rends compte que je ne sais pas grand-chose sur vous…. Répondé-je, déconcertée.

•        Eh bien, ma douce Lynawen, vous aussi vous êtes peu bavarde sur votre passé. Peut-être peut on y remédier autour d’un verre. Propose Anduin.

Le blondinet se dirige vers la vitrine où j’avais remarqué les bouteilles et, pendant ce temps, je continue de me balader dans la pièce. Je m’approche d’une des étagères et mes doigts effleurent le dos des bouquins. J’en saisi un au hasard, accompagnée du bruit de verres qu'on dépose sur une table. Je le retourne pour voir le titre “ Nuit torride dans la Hauteville“ j’ouvre sur une page au hasard et le referme immédiatement, rougissante… Je ne me serai jamais douté qu’Anduin apprécie ce genre de lecture friponne.

•        Lynawen, vous venez ? Me demande subitement Anduin.

•        J’a..j’arrive ! Répondé-je, embarrassée.

J’essaye de remettre le livre à la va vite dans l’étagère mais, prise de maladresse, il me glisse des mains et tombe sur le sol, les yeux d’Anduin dérive dessus et les traits de son visage se déforment de gêne. Son visage devient cramoisi il détourne la tête.

•        Vous savez... certain livre était là bien avant ma naissance… Se justifie Anduin.

Je me mordille la lèvre inférieure et viens m’asseoir sur le sofa en sa compagnie, il me donne un verre et l’odeur qui s’en dégage est très reconnaissable.

•        Je ne savais pas que vous étiez amateur de cidre. Dis-je, histoire de changer de sujet et d'oublier l’incident du livre coquin.

•        Etre dirigeant demande parfois de boire et, j’avoue, le cidre est mon péché mignon.

J’en bois une gorgée, il est acide avec une arrière touche sucrée. Je lui souris. Un lourd silence s’installe, mais nos langues commencent à se délier à force de boire. Notre discutions s’attarde très tard dans la nuit. Nous discutaillons de notre enfance, de nos proches, de que nous aimons. Mes péripéties de petite Princesse n'ont rien à envier aux aventures rocambolesque de notre cher Roi. Après tout, il s'est fait enlever par un Dragon noir, rien que ça ! Certes, je n’ai pas du tout compris la nuance entre les différents gros lézards géants qui parlent, probablement parce que je suis un peu ivre. J’ai arrêtée de suivre au moment où mon blondinet m’a dit que son père avait été séparé en deux entités distincte qui ont fait de nouveau qu’un !? Sans parler que dès son jeune âge, il a défendu le château de Hurlevent armé d’un arc. Sa explique pourquoi il est aussi talentueux dans mon domaine. Il a voyagé en Azeroth, aidé des gens, s’est perdu sur un nouveau continent “la Pandarie“. J’aimerai voir un de ces pandas humanoïdes, ils doivent être vraiment trognon, gros et duveteux ! Pensé-je avec un sourire amusé…  La fenêtre attire mon attention. Le bruit de la pluie qui percute la vitre, les gouttes sur leurs passages créant des sillons humides, c'est hypnotisant.

•        Anduin ? Brisé-je la mélodie du silence en posant mon verre d’un coup sec sur la table.

Anduin bouge pour changer de position pour une plus confortable tout en passant son bras par-dessus mon épaule, il en profite pour me la caresser de ses doigts.

•        Vous devez vous sentir si seul dans ces grands appartements. Finisé-je par formuler.

•        Eh bien, de temps en temps, Grisetête et son épouse viennent dîner avec moi pour me tenir compagnie, si ce n’est pas Jaina. Rétorque-t-il avant d’enchaîner. C’est vrai, j’ai plus souvent la solitude et le silence comme ami… Beaucoup moins maintenant que vous faites partie de ma vie…

Ses mots me touchent beaucoup, je l’embrasse sur la joue avant de me blottir davantage dans ses bras.

•        Je vous envie quand même un peu…

•        Pourquoi ça ? Répond-t-il, étonné

•        Vous avez des portraits de vos parents, les traits des miens commences à s’effacer peu à peu de ma mémoire… Confessé-je, chagrinée.

Aucun son ne franchisse les lèvres de mon amant, Son autre main effleure ma joue avec tendresse il m’embrasse le haut du crâne.

•        Lynawen, je ne sais pas quoi vous dire… Je ne peux pas vous rendre ce que vous avez perdu mais je peux essayer d’embellir votre avenir. J’ignore si ça vous réconfortera, mais je vous… Il se mure quelque seconde dans le silence avant d'avoir le courage de finir sa phrase. Lynawen je… Je t’aime.

Je me redresse pour lui faire face, ne résistant pas à l’envie de l’embrasser. Haletante à l’approche de son visage, mes lèvres goûtent à nouveau au sienne. Elles ont la saveur du cidre. Alors que notre baiser passionné devient plus langoureux et que Anduin me bascule doucement en arrière pour parachever notre baiser, nous glissons du canapé dans un bruit sourd accompagné de nos rires. En contemplant son visage radieux à côté du mien, j’ai su sans hésitation que j’avais enfin trouvée ma place.  



/ Un chapitre calme et très romantique. Promis, l'action revient bientôt, héhé. En tout cas, j'espère que vous avez apprécié ce chapitre et n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire ça fais toujours très plaisir. Bonne soirée/journée à vous. /

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