et pourtant...

Chapitre 26 : Christian va à la pêche...

Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:56

A son poste derriére le comptoir du Schneider's, Olli polissait son verre depuis cinq bonnes minutes. Le regard perdu dans le vague, il ne nota pas l'entrée de sa chére cousine, ce qui l'énerva passablement.

- Est-il possible de commander ? le harangua-t-elle.

Olli sortit de ses rêveries.

- Inutile de te demander où tu étais, ni surtout avec qui... ajouta Olivia, un sourire malicieux aux lévres.

 

Olli haussa les épaules. Il n'était pas d'humeur à plaisanter. Il était perplexe, il était perdu, plus ça avançait moins il se sentait sûr de quoique soit. Et ça commençait à le rendre particuliérement nerveux.

- Qu'est-ce que je te sers ?

- Un expresso et un verre d'eau s'il-te-plait.

Il servit la commande, toujours sans desserer les dents ni esquisser un sourire.

- Olli laisses tomber !! s'enerva Olivia.

Il haussa à nouveau les épaules. Lui redire encore une fois que c'était impossible ne servait à rien.

- Ca se passe comment ? Y a du neuf ? demanda-t-elle radoucie.

 

Olli repensa à la soirée de la veille et un léger sourire effleura ses lévres.

- On s'est revu et on a discuté hier soir. C'était bien. C'était génial ! On a réussi à se parler comme avant, ou presque... Mais je ne sais toujours pas où il en est... Ca me rend de plus en plus nerveux.

- Tu ne sais pas ou tu ne veux pas l'admettre ?

 

Il réfléchit sérieusement à la question. Il essayait justement de rassembler ses souvenirs, de visualiser objectivement si Christian disait la vérité ou pas.

- Non je ne sais vraiment pas... Il y a tellement de différence entre ce qu'il dit et ce qu'il montre... D'un autre côté... Ohh, j'en sais rien. Peut-être qu'il était vraiment juste confus...

 

Olivia opina de la tête ; ça n'avançait pas quoi !

- Tu as donné ta démission ?

- J'ai pris un mois de plus. Je verrais où on en est d'ici là et j'aviserais en fonction...

 

Olivia observa son cousin. Lui d'habitude si gaie et détendu, si souriant, était une boule de nerf. Elle détestait vraiment Christian de lui faire subir ça.

 

Devrait-elle s'en mêler ??

 

 

 

                                                                    *

 

 

Christian rentra de son entraînement.

Il avait terminé son service à 13h, avait pris un déjeuner rapide mais consistant, puis s'était entraîné pendant 3 heures. Il était donc maintenant 17h, il ne lui restait qu'une heure pour se doucher et se préparer avant l'arrivée d'Olli...

 

Il était impatient, il était fébrile, il était...

- Arrêtes de tourner dans tout l'appart, tu me rends nerveuse !

Christian s'assit sur le canapé et regarda Judith d'un air désolé. Mais il ne pouvait contenir sa nervosité et commença à bouger les jambes, ce qui l'ennerva tout autant.

- Pourquoi tu stresses autant ? A cause de quoi ??

Il soupira. Si seulement il savait... Peur de dire une connerie, de faire une connerie. Peur de ce qu'il éprouvait. Peur que ça ne se passe pas bien, ou trop bien.

- Tu restes ? demanda-t-il, un note d'espoir dans la voix.

Judith fut prise de court.

- Je pense que vous seriez mieux seuls, non ?

Christian l'implora du regard.

- Ok, je reste, au début. Si ça peut te détendre...

- Merci Judith !

 

Elle se tut un moment, perdue dans ses réflexion.

- Tu ne crois pas que ce serait plus simple, et surtout que tu serais plus heureux, si tu laissais parler ton cœur ?

Le visage de Christian se ferma.

- Je ne peux pas, dit-il d'une toute petite voix.

 

Judith soupira. Elle n'avait pas fini de sursauter dés qu'il arrivait dans une piéce...

- Et lui ? Tu sais ce qu'il ressent pour toi ?

 

Christian regretta brusquement de lui avoir demandé de rester.

- Je pense qu'il me considére comme un ami. Rien de plus.

Il ne put empêcher sa voix de se voiler.

 

Judith, elle, ne put retenir un rire ironique de fuser hors de sa bouche. Christian lui lança un regard interrogateur.

- La premiére fois que je vous ai vu, j'ai pensé que vous étiez en couple... et pas que tu étais, juste toi, amoureux de lui...

Le regard de Christian ne changea pas d'expression. Judith soupira.

- A mon avis, vu sa façon de sourire quand tu lui as souri, vu le regard qu'il a eu quand ton sourire a disparu, vu son regard tout court dés que ses yeux se portent sur toi, cela m'étonnerait qu'il ne te considére que comme un ami... Je suis assez clair là, ou ?

 

Christian hocha la tête. Son imbécile de cœur s'était remis à danser sans sa permission. Il sortit son téléphone de sa poche, chercha le texto d'Olli, et son cœur se recroquevilla dans sa poitrine à nouveau.

Puis il passa le téléphone à Judith.

 

- Bien sûr qu'on peut. On a jamais été rien d'autre... C'était juste un baiser et je te promets de me tenir correctement ! :-)

Si tu veux oublier, je m'efforcerais de le faire aussi.

 

 

- Il t'a embrassé !!? Et tu te demandes ce qu'il ressent pour toi ??

Christian sourit.

- Premiérement, c'est moi qui l'ai embrassé. Et deuxiémement, ça peut vouloir dire qu'il est intéressé, pas forcément amoureux... Mais bref, le reste est clair, non ? « On n'a jamais été autre chose »... Ca veut bien dire qu'il ne me considére que comme un ami...

- Ou qu'il pense que tu ne le considéres que comme un ami... Non mais attends. Tu l'as embrassé !? Quand ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ? Comment il a réagi ?

 

Des coups à la porte d'entrée lui évitérent de répondre. Décidement, Olli restait son sauveur en toute circonstance !

 

 

 

                                                                              *

 

 

Il ouvrit la porte, et son cœur se remit à frétiller instantanément. Il essaya de penser à son frére, il essaya de penser au texto mais rien n'y fit. Il allait devoir trouver autre chose ; mais là tout de suite son cerveau ne répondait plus.

 

- Salut. Le sourire d'Olli redoubla l'intensité des battements dans sa poitrine et le vide dans sa tête. Avait-il intentionnellement choisi cette chemise d'un vert qui réhaussait l'éclat de ses yeux ?

Ah oui... il sortait aprés, avec cet Alex.

Le frétillement s'arrêta. Ah, il avait trouvé un nouveau truc finalement.

 

Olli, toujours dans l'entrebaillement de la porte, plongea dans les yeux turquoises. Le regard de Christian à cette minute était tellement intense... Ca n'était pas possible qu'il ne ressente rien pour lui... Mais toujours pareil, pouvait-il faire confiance à ce que son instinc lui disait ? Il était tellement parti pris.

 

Judith observait la scéne depuis le canapé. Comment pouvaient-ils ne pas se rendre compte qu'ils étaient absolument fou l'un de l'autre ? Ok, la plupart du temps, ils étaient tous les deux très discret et arrivaient très bien à masquer leurs sentiments. Mais il y avait toujours des petits moments comme ça, des parenthéses en dehors du temps, où leurs masques tombaient. Elle ne put s'empécher de sourire ; ils étaient trop mignon tous les deux. Quel domage que Christian n'arrive pas à dépasser ses peurs et ses préjugés. Le véritable amour, et il était évident ici qu'il s'agissait bien de ça, était tellement rare, tellement précieux. Et Olli ne risquait-il pas de se lasser de l'attendre ? Surtout s'il ne connaissait pas les sentiments de Christian...

Mais Christian lui avait fait confiance en lui divulgant son secret. Elle n'avait absolument pas le droit, malgré l'envie qu'elle en avait, de parler à Olli. Elle pesta intérieurement.

 

- Olli ! Comment tu vas ? Viens, entres.

Christian sortit de sa contemplation, et gratifia Judith d'un sourire.

 

- Judith, ça fait plaisir de te voir ! Tu restes avec nous pour trinquer ? demanda Olli en montrant la bouteille qu'il tenait à la main.

Décidement, ils s'étaient donné le mot pour l'incruster dans le tableau.

- Juste un verre alors. J'ai.... rendez-vous avec des amis ce soir !

- Ah bon !?

Judith ne put s'empêcher de pouffer devant la réaction de Christian. On aurait dit qu'elle l'abandonnait dans un champs de chardons.

 

Olli aussi perçut l'inquiétude dans la voix de Christian. Avait-il peur de se retrouver seul avec lui ? Pourquoi ? Avait- il peur de lui, ou de ses propres réactions ? En tout cas, plus les minutes passaient, plus le doute subsistait... Il avait raison de s'accrocher.

 

 

Ils s'installérent à la table et parlérent de tout et de rien pendant quelques minutes. Une fois l'ambiance légére et détendue, Judith sentit qu'il était temps pour elle de s'éclipser. Elle fit mine de regarder sa montre.

- Mince, les garçons faut que j'y aille... Bonne soirée !

 

Elle mentait vraiment très mal, se dirent-ils chacun de leur côté.

- Je te sers encore un verre ? proposa Olli.

Christian sourit et acquiesca.

- Comment s'est passé ta journée ?

Olli soupira. Christian donnait des signes de détente.

- Bien, enfin jusqu'à ce qu'Olivia arrive...

- Qu'est-ce qu'elle a encore inventé ? demanda-t-il en riant.

- Oh, tu n'as pas envie de savoir, crois-moi ! Mais je n'étais pas d'humeur déjà à la base...

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu n'étais pas d'humeur ? Tu as des soucis ?

 

Olli essaya d'avaler la boule qui lui serrait la gorge.

- Non, rien de particulier... Il y a aussi des jours où je suis de mauvaise humeur ! tenta-t-il de plaisanter.

Christian ne releva pas, il ne voulait pas l'embarrasser. Et puis l'heure tournait, il était temps qu'il se focalise sur le sujet qui l'interessait bien malgré lui. Il inspira et se lança.

- En tout cas, tu es très élégant... Tu sors aprés c'est ça ?

Mon Dieu, quelle sortie pathétique !!

 

Olli fut pris au dépourvu.

- Euh, oui. Je te l'avais dit hier, non ?

- Oui, oui. Je n'avais pas compris que c'était un rendez-vous galant... Mais je suis content pour toi.

Double mensonge. Il s'enfonçait.

 

- Pas vraiment, en fait, enfin, oui,

Olli respira un grand coup ; il bafouillait, c'était ridicule.

- J'ai rendez-vous avec un ami, qui a été... un peu plus le temps d'une soirée. Mais je ne compte le revoir qu'en ami.

Christian sentit ses mains devenir moites.

- Pourquoi ?

 

Olli remua sur sa chaise, mal à l'aise de parler de ça avec Christian. En même temps c'était plutôt bon signe, non ? Ou pas ? C'était assez déroutant que ce soit lui qui améne le sujet en tout cas.

- Parce-que je n'éprouve pas de sentiments particulier pour lui. Et que ce genre de relation ne m'interesse plus, répondit-il sans oser le regarder.

- Pourquoi ?

La question était sortie toute seule. Christian observa Olli qui semblait se décomposer.

- Je veux dire, pourquoi il ne pourrait rien se passer de sérieux ?

- Ah... parce-que... je ne sais pas. C'est pas mon type... Je veux dire, il est beau gosse, mais il est arrogant, très sûr de lui. Et puis je ne pense pas que ce soit ce qu'il cherche. Il voyage beaucoup et ne passe qu'occasionnellement à Dusseldorf. Et puis même, le feeling n'est pas là...

En vrai, c'est parce-que je suis déjà complétement accroc à toi, mais ça je ne peux pas te le dire...

 

 

Christian sentit un immense soulagement l'envahir. Ce n'était pas juste pour Olli. Il devrait lui souhaiter de trouver quelqu'un et d'être heureux. Mais il ne pouvait supporter de le savoir, de le penser dans les bras d'un autre. C'était totalement injuste, totalement idiot, mais c'était comme ça.

 

Olli regarda l'heure. Ouf, il était temps pour lui de partir. Il ne savait pas où Christian voulait aller avec ses questions, mais cela le mettait très mal à l'aise.

- Je vais y aller... Tu vas te coucher tôt je pense ?

- Euh, oui. Oui, il faut que je sois en forme demain...

- Tu passes à quelle heure ?

- 10h30. D'ailleurs je n'ai pas de porte-clés cette fois ?

Olli lui renvoya un sourire malicieux.

- Allez, bonne soirée, et surtout bonne chance pour demain.

 

Christian le regarda s'éloigner, un léger sourire aux coins des lévres.

- Au revoir Olli.

 

 

 

 

 

 

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